Maroc : Le Manifeste des 490 dans le sens de l’Histoire

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Mohamed Bentahar

« La culture du mensonge et de l’hypocrisie sociale génère la violence, l’arbitraire, l’intolérance. Ces lois, liberticides et inapplicables, sont devenues des outils de vengeance politique ou personnelle », déclarent-t-elles sous forme de pétition ouverte aux hommes.

Dans une tribune publiée lundi, des centaines de Marocaines proclament avoir déjà violé les lois de leur pays sur les mœurs et l’avortement. Elles entendent ainsi soutenir Hajar Raissouni, journaliste jugée pour « avortement illégal » et « débauche ».

La tribune, qui constitue une rare démarche de cette ampleur, est également publiée dans le quotidien français Le Monde, qui en fait la une de son édition du mardi 24 septembre.

« Nous sommes hors la loi. Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n’ont plus lieu d’être. Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d’un avortement », affirment les signataires dans une rare démarche de cette ampleur.

« La culture du mensonge et de l’hypocrisie sociale génère la violence, l’arbitraire, l’intolérance. Ces lois, liberticides et inapplicables, sont devenues des outils de vengeance politique ou personnelle », déclarent-t-elles sous forme de pétition ouverte aux hommes.

En interaction avec le très cher Younes Benkirane, ce texte précisant le pourquoi je signe le Manifeste des 490 (article du code marocain, devenu celui des 3600 signataires et plus..)

Je suis solidaire de tous les combats pour les droits humains, à savoir les droits politiques, les droits culturels, les droits économiques, les droits sociaux, les droits à la pensée, les droits à la croyance, les droits à la paroles….etc.

L’histoire s’écrit de deux manières :

Par les dominants et elle emerge comme un ettoufoir de ce conglomérat, assemblage informe de composants de droits hétéroclites mais néanmoins formant un tout solidaire représentant le droit à la vie, en instaurant un modèle de privilèges, de clientélisme, de la compromission des âmes, ou le profit substantiel,

Ou par les dominés, souvent dépourvus d’armes de résistances mais déterminés. Et dans ce cas, le récit se transforme en guerre de positions et de consolidation des acquis.

Que des stars et autres personnalités médiatiques, médiatisées ou de faire valoir « se réveillent d’un coup et répètent ce que vous disiez depuis 20 ans en se posant en précurseurs. Alors que bien souvent les mêmes ont refusé de vous défendre et de vous protéger lorsque vous en aviez besoin, » ne devrait pas être relevé outre mesure ». […] (Simone Bitton)

Savoir le dépasser est un acte positif symbolisant une réussite parfois modeste dans la bataille de l’opinion mainstream, aux codes latents.

La comparaison entre ce manifeste et celui des 343 est certes quelque peu forcée de point de vue historique et tant mieux. Car sinon elle s’apparenterait à une répétition de l’histoire, et dire répétition c’est mettre la farce au milieu du village.

Ce manifeste est d’abord une réponse à une coagulation sociale aux sensibilités laïques fortes.

Rien donc d’étrange de la voir émerger de l’extérieur car le sujet du droit à l’avortement n’est pas clairement consensuel dans une société islamisée et politiquement obscurantiste.

Opérer par effritement atomique de ce conglomérat obscurantiste opposé à toute émancipation de la femme, elle même au cœur de toute émancipation, devient et la stratégie et la tactique.

Les promoteurs de cette démarche importent peu puisqu’un « écrémage purificateur des âmes » n’aura lieu avec toutes les méfiances d’usage, s’il en a l’occasion historique, que dans des phases avancées de la réalisation du projet supposé révolutionnaire.

Les âmes dites corrompues aujourd’hui par la cause makhzenienne ont leur pendant dans nos mouvements et aspirations connotées transfirmatrice. Nul n’est épargné. Le Peuple c’est un tout non homogène et ceux qui l’homogénisent l’eugénisent.

Aux choix de prestige et de confort des uns s’oppose parfois un sectarisme manifeste des autres et nous ne réussirons rien avec ces troupes.

À partir de ces constatations, tirons le tapis sous les pieds des opportunistes de jadis ou primo arrivants sur le péron de la pensée makhzenienne. Soyons attaquants pas que sur la défensive de par cette métaphore sportive. Nous n’avons pas grand chose à perdre. Ils perdront sûrement plus que ce nous, collectif et rassembleur pour ma bonne cause.

Le RIF en sera autant fier que quand ses enfants relèvent le défi de la bataille contre la domination. Ils en sont capables.

Source : Médiapart, 24 sept 2014

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