Algérie : Idée sans levain

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» L’Etat, qui dépense des milliards de dollars pour ses subventions, en effet, ne donne pas plus de quelques dinars à chaque citoyen, qui ne peut quand même pas manger plus d’une baguette de pain par jour, ou boire un litre de lait durant ce même laps de temps « .

Par Mohamed Abdoun

Aussi loin que je me souvienne, les Algériens ont toujours été friands de pain. Grand consommateur de ce produit bon marché, mais qui vous cale bien l’estomac. Avec ce produit, qui ne mange pas de pain « , serais-je tenté de dire, n’importe qui peut en quelque sorte manger à sa faim sans (presque) rien dépenser. Et, comme les Algériens sont très prévoyants, et que les années de disettes – surtout du temps de la France coloniale- sont encore gravés dans les mémoires, il n’est pas rare que chaque foyer achète presque le double de ses besoins en consommation quotidienne.

Cela provoque, comme de juste, un gaspillage énorme. On parle carrément de millions de de baguettes jetées au quotidien. L’un dans l’autre, cela peut donner lieu à des quantités astronomiques de farine, achetée en devise, que l’on jette ainsi par les fenêtres. Scandaleuse attitude ! Inacceptable gâchis !

Le président Tebboune a donc totalement raison de s’indigner de la sorte, et de s’écrier, en marge de sa tournée à la foire de la production locale, que cette terrible situation ne peut franchement pas durer plus longtemps. Or, il n’en demeure pas moins vrai que le plus gros de ce gâchis, de ce pillage systématique de nos richesses, a trait surtout à la contrebande, et non pas aux baguettes de pain que l’on jette chaque matin, parfois même en les laissant carrément inentamées.

Un rapport très détaillé sur la question, consécutif aux émeutes dites de l’huile et du sucre, daté donc de presque une dizaine d’années, avait clairement touché du doigt cette problématique, sans jamais être pris en ligne de compte. Je m’explique. Revenir à la réalité des prix, cesser ces subventions sociales qui ruinent le trésor public, mettrait automatiquement un terme à ces pratiques mafieuses.

La contrebande, en effet, se base sur cela pour proliférer. Celle-ci alimente aussi de facto le trafic de drogue, le grand banditisme et même le terrorisme. Le patron de Cevital, par exemple, avait reconnu dans ce rapport avoir racheté trois plus d’huile non raffinée -mais subventionnée- qu’il ne lui est nécessaire pour l’année.

Je laisse les lecteurs deviner où va ce surplus. Il ne va de même pour le blé, le lait en poudre… le seul moyen d’y mettre un terme, donc, est d’aller vers des subventions directes et cibles, couplées au retour vers la réalité des prix. L’Etat, qui dépense des milliards de dollars pour ses subventions, en effet, ne donne pas plus de quelques dinars à chaque citoyen, qui ne peut quand même pas manger plus d’une baguette de pain par jour, ou boire un litre de lait durant ce même laps de temps. Les transformateurs et industriels, eux, en consomment par milliers de tonnes, sur le dos du trésor public.

Aller vers ces subventions ciblées, donc, mettrait également un terme immédiat à ce gaspillage puisque le citoyen prendrait enfin conscience de la valeur financière réelle de cette baguette de pain qu’il paie, aujourd’hui, contre une… bouchée de pain ! L’Etat économisait sans doute plus de la moitié de ses subventions sociales. Mais à charge pour lui de trouver la formule idoine pour l’attribution de ces subventions ciblées, sans qu’il y ait abus, ou détournement des fonds alloués. Il est donc plus que temps de passer à l’acte, et de ne plus s’en tenir aux simples déclarations d’intention.

M. A.

La Tribune des lecteurs, 23 déc 2019

Tags : Algérie, contrabande, Abdelmajid Tebboune, subventions, produits alimentaires,

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