Alain Finkielkraut défend Roman Polanski (vidéo)

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Alain Finkielraut s’exprime sur l’affaire Polansky

Q: Alain Finkielraut s’exprime sur l’affaire Polansky?

R : Depuis le déclenchement de cette affaire infernale, je vis dans l’épouvante. La France est en proie à une véritable fureur de la persécution. Il n’y a pas que la France, c’est toute la planète Internet qui est devenue une immense foule lyncheuse. Alors, soyons clairs, je pense que tout le monde aujourd’hui est d’accord que l’enfance est sacrée, qu’on ne touche pas aux enfants. Mais, précisément parce que ce crime est grave on ne doit pas accuser à tort et à travers.

Q: C’est le cas ?

Bien sûr, c’est le cas. L’inhumanité commence, nous devrions qu’en même finir de le savoir, quand, au nom de l’humanité souffrante, on cesse de faire des distinctions, on fait des amalgames. L’amalgame c’est la figure par excellence, l’amalgame c’est le péché capital, alors distinguons, au lieu de parler de soutien maladroit à Polanski. Polanski n’est pas le violeur de l’Esonne, Polanski n’est pas pédophile. Sa victime, la plaignante, quia retiré sa plainte,qui n’a jamais voulu de procès public, qui a obtenu réparation, n’était pas une fillette, une petite fille, une enfant au moment des faits…

Q: 13 ans

R: C’était une adolescente qui posait nue, dénudée pour Vogue Hommes. Vogue Hommes n’est pas un journal pédophile. C’est qu’en même une chose à prendre en considération. Polanski a toujours, il faut aussi s’en souvenir, niait le viol. Il reconnaît des relations sexuelles illicites avec une mineure et je ne réclame pas, moi, une quelconque impunité pour un artiste. Mais il faut quand même comprendre que sa qualité d’artiste, depuis le début de l’histoire, n’est pas pour Polanski un privilège, c’est un handicap. C’est parce qu’il est un artiste que les juges mégalomanes américains refusent de lâcher l’affaire et c’est parce que c’est un artiste que la foule des internautes se déchaînent contre lui. Dans une société démocratique, l’art est comme un outrage à l’égalité, alors on adore voir les artistes tomber et c’est exactement ce qui se passe avec Polansi aujourd’hui.

Q: Pourquoi l’amalgame, Alain Fik¡nkielkraut, d’après vous, pour reprendre votre terme, eh bien vous comprendre ?

R: Pourquoi l’amalgame ? Moi, je ne sais rien. Je pense que cette fureur de la persécution, c’est une tentation constante aujourd’hui aggravée aussi par l’immédiateté d’Internet et, sans doute, parce que le sentiment de pitié pour une victime qui demande une seule chose : qu’on la laisse tranquille, n’est, en fait, que l’alibi d’un immense ressentiment démocratique. Vous savez que certains internautes vous expliquent aujourd’hui que les mêmes artistes qui veulent mettre en prison des enfants qui téléchargent illégalement les viols ou sont les complices des violeurs. Voilà la réalité. Pourquoi l’amalgame ? C’est l’œuvre du ressentiment. Le ressentiment c’est le mauvais visage de la démocratie.

Q: On a compris que vous apportez un soutient plein et entier à Roman Polanski.

R: Oui, je soutiens, dans cette affaire, Roman Polanski, qui vit un cauchemar parce qu’il est, 30 ans après, retrouvé par une bureaucratie cruelle et les suisses tout de même, qui relâchent le fils barbare de Kadhafi et qui maintiennent aujourd’hui Polanski en prison. C’est cela qui devrait susciter le scandale. Outre cette bureaucratie, il y a contre lui aussi la foule lyncheuse. Il ne faut se leurrer, s’il est extradé, il peut aller finir ses jours en prison car le procureur américain que la peine qu’il allait requérir était très sévère. Il a des électeurs, c’est ça aussi la justice en Amérique. En plus, on a dépensé des sommes considérables depuis le début de cette affaire, alors on va pas, après tout cet argent, déboucher sur un non lieu. Voilà ce qui l’attend et j’ai peur que, demain, les lyncheurs, dessaoulent, mais ce sera trop tard.

Q: Vous apportes également votre soutien plein et entier à Frédérique Mitterand, ministre de la culture ? Car il l’a dit lui-même hier, l’affaire Polanski est devenue l’affaire Mittérand.

R: L’affaire Polanski n’est pas devenue l’affaire Mittérand. L’affaire Polanski demeure et on ne doit pas l’oublier. L’affaire Polanski a été victime d’un procédé totalitaire. On prend un texte, on change le registre, on prélève des citations, on les tronque et on lui demande de se justifier. Mais ce qui est terrible c’est de voir tant de journalistes bien pensants, tant de responsables politiques prétendument respectables prendre maintenant le train conduit à toute vitesse par Marine Le Pen. Je ne croyais pas de mon vivant, assister à cet événement exceptionnel, l’étreinte sauvage du politique correct et du Front National. Voir des socialistes, si vous voulez, céder à cette tentation, c’est terrible. Faute d’idées, ils sombrent dans la démagogie. Face à la crise, on avait besoin d’une gauche mondaiciste. Manque de pot, on a une gauche lyncheuse et ordurière. Mais j’ajoute aussi que la droite est en très mauvais état aussi.

Q:Pourquoi la droite ?

Je ne sais pas ! En tout cas, on sent qu’à l’UMP on a qu’un désir, c’est se débarrasser de ce ministre de l’ouverture et les députés UMP n’étaient pas en reste dans la condamnation d’un Polanski dont tout le monde, en plus, savait qu’il avait dû fuir l’Amérique en 1998 pour une affaire de détournement de mineurs. Il n’y a rien de nouveau et tout d’un coup on veut sa peau.

Q: Mais qu’est-ce que ça dit, d’après vous, sur l’état du débat public ou du débat politique en France?

R: Vous dites soutien maladroit…

Q:  Frédérique Mitterand le reconnaît lui-même…

R: Oui, il a dit aussi que cette Amérique me fait peur. Moi, c’est la France qui me fait peur aussi. Le soutien n’était pas maladroit. Il y avait quelque chose d’évident. Tout le monde savait que Polanski avait été accusé de détournement de mineurs, il est incarcéré en Suisse, les français disent « ça suffit, on ne fait pas ça». Et que se passe-t-il ? Les internautes protestent et à ce moment-là tout le monde a peur et on va faire la chasse aux électeurs. On va faire la chasse parce qu’on veut rester proches du peuple, même quand le peuple montre ce visage absolument effrayant et tout le monde fait fi, avec une cruauté extrême, une cruauté épidémique, de l’histoire de Roman Polanski. Souvenons-nous quand même de ce qu’il a vécu. Il est un enfants du ghetto de Cracovie, sa mère a été déportée et assassinée par les nazis, il a vécu le cauchemar du communisme, il a vécu le cauchemar de la tragédie américaine, l’assassinat de Sharon Tate. Donc, il a lui-même à répondre auprès d’une presse à scandales qui disant qu’il avait inspiré avec son film « Rose Marie’s babies ». Il a traversé ça et tout le monde s’en fiche… mais dans quel monde vit-on ? Cette planète me fait peur.

Q: Vous pensez que quelque chose a basculé vraiment en France ces 15 derniers jours?

Peut-être pas, nous verrons bien. Si vous voulez, c’est un phénomène de contagion magnétique. Peut-être, les gens finiront-ils par se réveiller, peut-être au contraire. Vais-je, moi-même à mon tour, pour ce que je dis, être lynché, à mon petit niveau, comme les deux personnes dont nous parlons.

Depuis le déclenchement de cette affaire infernale, je vis dans l’épouvante. La France est en proie à une véritable fureur de la persécution. Il n’y a pas que la France, c’est toute la planète Internet qui est devenue une immense foule lyncheuse. Alors, soyons clairs, je pense que tout le monde aujourd’hui est d’accord que l’enfance est sacrée, qu’on ne touche pas aux enfants. Mais, précisément parce que ce crime est grave on ne doit pas accuser à tort et à travers.

Q: C’est le cas ?

Bien sûr, c’est le cas. L’inhumanité commence, nous devrions qu’en même finir de le savoir, quand, au nom de l’humanité souffrante, on cesse de faire des distinctions, on fait des amalgames. L’amalgame c’est la figure par excellence, l’amalgame c’est le péché capital, alors distinguons, au lieu de parler de soutien maladroit à Polanski. Polanski n’est pas le violeur de l’Esonne, Polanski n’est pas pédophile. Sa victime, la plaignante, quia retiré sa plainte,qui n’a jamais voulu de procès public, qui a obtenu réparation, n’était pas une fillette, une petite fille, une enfant au moment des faits…

– 13 ans

C’était une adolescente qui posait nue, dénudée pour Vogue Hommes. Vogue Hommes n’est pas un journal pédophile. C’est qu’en même une chose à prendre en considération. Polanski a toujours, il faut aussi s’en souvenir, niait le viol. Il reconnaît des relations sexuelles illicites avec une mineure et je ne réclame pas, moi, une quelconque impunité pour un artiste. Mais il faut quand même comprendre que sa qualité d’artiste, depuis le début de l’histoire, n’est pas pour Polanski un privilège, c’est un handicap. C’est parce qu’il est un artiste que les juges mégalomanes américains refusent de lâcher l’affaire et c’est parce que c’est un artiste que la foule des internautes se déchaînent contre lui. Dans une société démocratique, l’art est comme un outrage à l’égalité, alors on adore voir les artistes tomber et c’est exactement ce qui se passe avec Polansi aujourd’hui.

Q: Pourquoi l’amalgame, Alain Fik¡nkielkraut, d’après vous, pour reprendre votre terme, eh bien vous comprendre ?

Pourquoi l’amalgame ? Moi, je ne sais rien. Je pense que cette fureur de la persécution, c’est une tentation constante aujourd’hui aggravée aussi par l’immédiateté d’Internet et, sans doute, parce que le sentiment de pitié pour une victime qui demande une seule chose : qu’on la laisse tranquille, n’est, en fait, que l’alibi d’un immense ressentiment démocratique. Vous savez que certains internautes vous expliquent aujourd’hui que les mêmes artistes qui veulent mettre en prison des enfants qui téléchargent illégalement les viols ou sont les complices des violeurs. Voilà la réalité. Pourquoi l’amalgame ? C’est l’œuvre du ressentiment. Le ressentiment c’est le mauvais visage de la démocratie.

Q: On a compris que vous apportez un soutient plein et entier à Roman Polanski.

Oui, je soutiens, dans cette affaire, Roman Polanski, qui vit un cauchemar parce qu’il est, 30 ans après, retrouvé par une bureaucratie cruelle et les suisses tout de même, qui relâchent le fils barbare de Kadhafi et qui maintiennent aujourd’hui Polanski en prison. C’est cela qui devrait susciter le scandale. Outre cette bureaucratie, il y a contre lui aussi la foule lyncheuse. Il ne faut se leurrer, s’il est extradé, il peut aller finir ses jours en prison car le procureur américain que la peine qu’il allait requérir était très sévère. Il a des électeurs, c’est ça aussi la justice en Amérique. En plus, on a dépensé des sommes considérables depuis le début de cette affaire, alors on va pas, après tout cet argent, déboucher sur un non lieu. Voilà ce qui l’attend et j’ai peur que, demain, les lyncheurs, dessaoulent, mais ce sera trop tard.

Q: Vous apportes également votre soutien plein et entier à Frédérique Mitterand, ministre de la culture ? Car il l’a dit lui-même hier, l’affaire Polanski est devenue l’affaire Mittérand.

L’affaire Polanski n’est pas devenue l’affaire Mittérand. L’affaire Polanski demeure et on ne doit pas l’oublier. L’affaire Polanski a été victime d’un procédé totalitaire. On prend un texte, on change le registre, on prélève des citations, on les tronque et on lui demande de se justifier. Mais ce qui est terrible c’est de voir tant de journalistes bien pensants, tant de responsables politiques prétendument respectables prendre maintenant le train conduit à toute vitesse par Marine Le Pen. Je ne croyais pas de mon vivant, assister à cet événement exceptionnel, l’étreinte sauvage du politique correct et du Front National. Voir des socialistes, si vous voulez, céder à cette tentation, c’est terrible. Faute d’idées, ils sombrent dans la démagogie. Face à la crise, on avait besoin d’une gauche mondaiciste. Manque de pot, on a une gauche lyncheuse et ordurière. Mais j’ajoute aussi que la droite est en très mauvais état aussi.

Q: Pourquoi la droite ?

Je ne sais pas ! En tout cas, on sent qu’à l’UMP on a qu’un désir, c’est se débarrasser de ce ministre de l’ouverture et les députés UMP n’étaient pas en reste dans la condamnation d’un Polanski dont tout le monde, en plus, savait qu’il avait dû fuir l’Amérique en 1998 pour une affaire de détournement de mineurs. Il n’y a rien de nouveau et tout d’un coup on veut sa peau.

Q: Mais qu’est-ce que ça dit, d’après vous, sur l’état du débat public ou du débat politique en France?
A dit des choses terribles. Vous dites soutien maladroit…

– Frédérique Mitterand le reconnaît lui-même…

Oui, il a dit aussi que cette Amérique me fait peur. Moi, c’est la France qui me fait peur aussi. Le soutien n’était pas maladroit. Il y avait quelque chose d’évident. Tout le monde savait que Polanski avait été accusé de détournement de mineurs, il est incarcéré en Suisse, les français disent « ça suffit, on ne fait pas ça». Et que se passe-t-il ? Les internautes protestent et à ce moment-là tout le monde a peur et on va faire la chasse aux électeurs. On va faire la chasse parce qu’on veut rester proches du peuple, même quand le peuple montre ce visage absolument effrayant et tout le monde fait fi, avec une cruauté extrême, une cruauté épidémique, de l’histoire de Roman Polanski. Souvenons-nous quand même de ce qu’il a vécu. Il est un enfants du ghetto de Cracovie, sa mère a été déportée et assassinée par les nazis, il a vécu le cauchemar du communisme, il a vécu le cauchemar de la tragédie américaine, l’assassinat de Sharon Tate. Donc, il a lui-même à répondre auprès d’une presse à scandales qui disant qu’il avait inspiré avec son film « Rose Marie’s babies ». Il a traversé ça et tout le monde s’en fiche… mais dans quel monde vit-on ? Cette planète me fait peur.

– Vous pensez que quelque chose a basculé vraiment en France ces 15 derniers jours?

Peut-être pas, nous verrons bien. Si vous voulez, c’est un phénomène de contagion magnétique. Peut-être, les gens finiront-ils par se réveiller, peut-être au contraire. Vais-je, moi-même à mon tour, pour ce que je dis, être lynché, à mon petit niveau, comme les deux personnes dont nous parlons.

Tags : France, Roman Polanski, pédophilie, viol, sexe, mineurs, Alain Finkielkraut,

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