Exclusif : Fiche sur le lobbying marocain aux Etats-Unis

Tags : Lobbying, Etats-Unis, Qatargate, Parlement européen, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, Eva Kaili, corruption, Moroccogate, Maroc, DGED, Yassine Mansouri, Mohammed Bellahrach,

Le recours aux services des lobbyistes est une pratique courante aux Etats Unis d’Amérique notamment auprès du Congrès, au vu du rôle incontournable que joue cette institution dans la vie politique américaine. A l’instar de nombreux pays, le Royaume du Maroc avait depuis les années 1990s fait appel aux services de groupes de Consultants et lobbyistes pour accompagner et renforcer l’action de sa représentation officielle, à savoir l’Ambassade du Royaume du Maroc à Washington.

Les structures contractées par le Maroc sont les suivantes :

Moroccan American Center (MAC)

Compte tenu de son ancienneté et expérience sur le terrain, le Moroccan American Center (MAC), dirigé par Ed Gabriel, est un atout dans le renforcement de l’action du Maroc auprès du Congrès.

MAC est en effet une plateforme composée de trois Centre : Moroccan American Center for Policy (MACP), Moroccan American Trade and Investment Center (MATIC) et le Moroccan American Cultural Center (MACC).

Il compte également un nombre assez important de consultants et facilitateurs dont notamment : « Vision Americas », « Gray Loeffler », « Beckerman Public Relations ».

Vision Americas : Boite de consulting et de lobbying dirigée par l’Ambassadeur et ancien Secrétaire d’état adjoint sous l’Administration George W. Bush, M. Roger Noriega. Ce dernier a été contracté par MAC depuis plusieurs années. Son apport se limite à effectuer des prises de contacts ponctuelles avec certains Congressmen et Sénateurs Républicains, dont l’intérêt est porté sur les questions sécuritaires (narco-terrorisme, etc…). En général, le contact qu’entretient ce lobbyiste avec le Congrès se limite au niveau de « staffer ».

Gray Loeffler : Boite spécialisée dans le lobbysme au profit de grandes compagnies américaines (General Motors, Universal Studios, Comcast, etc…) et quelques pays tels que l’Arabie Saoudite. L’atout majeur de ce lobbyiste puisait dans la notoriété de son ancien dirigeant, le défunt Congressman Bill Gray, figure emblématique de la lutte pour les droits civiques américains, avant de devenir membre influent du groupe des élus afro-américains « Congressional Black Caucus (CBC) ». Apres son décès en juillet 2013, son fils, Justin Gray, dirige maintenant cette boite de Lobbysme, quoi qu’il n’a pas la stature de son défunt père, il n’en demeure pas moins qu’il peut capitaliser contacts au sein du Congrès et sur la notoriété de son père. Le dossier « Maroc » est géré par M. Ralph Nurnberger qui est un professeur universitaire est ancien lobbyiste de l’AIPAC, le plus grand lobby juif aux Etats-Unis.

Doté d’un important carnet d’adresses, les contacts de ces lobbyistes se faisaient du temps défunt Congressman Bill Gray beaucoup plus au niveau des Congressmen et Sénateurs plutôt qu’avec les staffers.

Beckerman Public Relations : Boite spécialisée dans la Communication et la gestion des crises et litiges, elle est dirigée par Keith Zakheim, le fils de Dov Zakheim, ancien haut responsable américain ayant occupé des postes de responsabilité au Département de la Défense et dans le secteur privé. Le compte « Maroc » est dirigé par Mme. Naomi Decter. Elle a été éditorialiste du « Washington Times ». Malgré sa connaissance confirmée des milieux journalistiques de Washington, elle ne paraît pas avoir mis à profit ses contacts de manière optimale pour assurer la publication d’articles avec la fréquence souhaitée dans les grands journaux américains.

-The Moffett Group

Dirigé par l’ancien Congressman Démocrate, M. Toby Moffett, cette boite de lobbying a été au service du Maroc depuis plusieurs années. Jusqu’en 2012, MAC versait $60.000 de la totalité du contrat que ce groupe avait avec notre pays. Depuis, la DGED a pris le relais et prend en charge les $60.000 du contrat total passé entre M. Moffett et notre pays (à travers le MAEC).

L’apport de ce lobbyiste est d’une grande utilité, non seulement auprès du Congrès compte tenu de son relationnel notamment avec les Congressmen et les Sénateurs démocrates, mais également pour ses services de consulting et ses contacts avec certaines personnalités bien placées dans l’Administration Obama, notamment M. Tony Blinken, Collaborateur du Président Obama et Adjoint du Conseiller du Président pour la Sécurité (M. Blinken entretient une relation professionnelle et personnelle avec la fille de M. Toby Moffett).

Ce groupe est également d’une grande utilité dans le volet communication notamment les rapports avec les media et organes de presse. Il a apporté une contribution considérable à la publication de plusieurs de nos éditoriaux, notamment dans le Washington Post et le Washington Times.

-Just Consulting

Sur le registre des droits de l’homme et en particulier la question de la liberté de culte, le Maroc a fait appel aux services de M. Joseph Grieboski, de « Just Consulting », dans l’objectif de pallier aux aléas de l’épisode des évangélistes. Ami du Maroc depuis de longue date M. Grieboski est un militant des droits de l’homme dont la crédibilité et l’autorité pourrait faire la différence auprès des décideurs politiques américains. Le contrat avec « Just Consulting » a pris fin en septembre 2013.

Le Maroc a également fait appel aux services de certaines personnes marocaines (et autres). L’objectif étant de collaborer avec ces personnes sur des actions ciblées.

-PRM Consulting

Sur requête de l’ancien Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Saad Dine El Otmani, le MAEC a loué les services de M. Ali Amar, Directeur Général de « PRM Consulting » et ce, pour une durée déterminée pour la réalisation de 4 tables rondes. Selon le texte du contrat, l’objectif étant de promouvoir le plan d’autonomie marocain.

-Appréciations et Recommandations

Au moment où nos relations avec les Etats-Unis prennent une nouvelle dimension, suite à l’échange de lettres et l’entretien téléphonique entre Sa Majesté Le Roi, Que Dieu L’Assiste, et le Président Obama et compte tenu du franc succès enregistré par la Visite de Sa Majesté le Roi à Washington et la réunion au sommet entre les deux Chefs d’Etat, les actions suivantes peuvent être envisagées en relation avec l’apport de nos consultants :

-Entamer une évaluation, en interne et regroupant les hauts responsables marocains en charge du dossier « Etats-Unis », visant à formuler une stratégie diplomatique multidimensionnelle à même de traduire dans les faits les objectifs escomptés énoncés dans le communiqué conjoint publié à l’issue de l’entretien de Sa Majesté Le Roi, Que Dieu L’Assiste, et le Président Obama.

-Inclure, lorsqu’il s’agit de discuter de la stratégie diplomatique à Washington, l’Ambassadeur de Sa Majesté Le Roi, ainsi que le MAC dans les réunions de coordination tenues à Rabat.

-Recentrer, dans l’objectif d’atteindre une complémentarité optimale avec l’ambassade et pour éviter le double-emploi, les actions de nos lobbyistes et consultants exclusivement sur le Congrès afin de maximiser leur rôle et rationaliser leur travail de manière efficiente et efficace. Il s’agit toutefois de recentrer leur activité sur cette institution et éviter la dispersion qui existait jusqu’ici à travers des activités dans les domaines économique et culturel qui non seulement relèvent des prérogatives de l’ambassade mais avaient un caractère plutôt superficiel pour ne pas dire cosmétique. MACC et MATIC sont deux sections de MAC qui sont couteuses et qui effectuent des taches déjà exécutées efficacement par l’Ambassade.

-Il est extrêmement important, compte tenu de l’image plutôt fade des lobbyistes dans la culture politique américaine et l’attitude plutôt méfiante à leur égard, particulièrement de la part de l’Administration démocrate, de préserver le caractère officieux quant à l’action de MAC et des autres consultants.

-Revoir la stratégie des Consultants en mettant l’accent sur la nécessité de procéder à des actions ciblées dans le cadre d’une stratégie à court et moyen terme destinées à influencer directement ou indirectement l’élaboration de mesures législatives dans le sens de favoriser le plan d’autonomie et la position, déjà exprimée par l’Administration par le Congrès, de soutien envers les intérêts suprêmes du Royaume.

-La nécessité de trouver un équilibre entre les actions menées auprès du Congrès et des actions menées auprès de l’Administration. Le rôle de la branche législative dans l’élaboration et la mise en oeuvre de la politique étrangère américaine est extrêmement crucial, d’où la nécessité de recentrer l’action des consultants et lobbyistes dans ce sens.

-Faire appel à une boite de relations publiques de renom et/ou contracté les services, à plein temps, d’une personnalité ayant déjà servi dans l’administration comme par exemple, M. P. J. Crowley, ancien porte-parole du Département d’Etat et actuellement expert affilié à plusieurs centres de réflexion de renom à Washington.

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