L’Algérie impose au Canada des peines de prison pour un chercheur et un journaliste

Raouf Farrah, 36 ans, et Mustapha Bendjama, 32 ans, ont été reconnus coupables d'avoir publié des informations classifiées

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Un tribunal algérien a condamné mardi un chercheur algéro-canadien ainsi qu’un journaliste algérien à deux ans de prison chacun, a indiqué l’un de leurs avocats.

Raouf Farrah, 36 ans, et Mustapha Bendjama, 32 ans, ont été reconnus coupables d’avoir publié des informations classifiées par le tribunal de la ville de Constantine, dans l’est du pays, a déclaré Kouceila Zerguine, qui représente Farrah.

Farrah a également été reconnue coupable d’avoir reçu des fonds « avec l’intention de commettre des actes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public », a indiqué l’avocat sur Facebook.

« Ils ont tous deux été condamnés à deux ans de prison », a indiqué Zerguine, soulignant qu’ils étaient déjà derrière les barreaux depuis plus de six mois.

Zerguine a ensuite déclaré à l’AFP qu’un appel avait été interjeté contre cette condamnation, exprimant l’espoir que Farrah et son père, également accusé, seront « acquittés en appel ».

Farrah, analyste de recherche pour l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC), a été arrêté le 14 février au domicile de ses parents à Annaba, une ville portuaire de l’est du pays.

GI-TOC a lancé une campagne internationale pour sa libération, en publiant la photo de Farrah et le décompte des jours et des heures où il a été emprisonné sur son site Internet.

Mark Micallef, directeur de l’Observatoire Afrique du Nord et Sahel du GI-TOC, s’est dit mardi « consterné » par le verdict.

« Nous avons évidemment suivi l’affaire de très près et sommes d’avis que l’accusation n’a pas réussi à présenter le moindre fondement pour étayer les accusations », a-t-il déclaré à l’AFP.

Le directeur adjoint de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord s’est prononcé mardi contre cette condamnation, suggérant qu’elle était politiquement motivée.

« Cela témoigne une fois de plus de la répression tous azimuts menée par les autorités sous de faux prétextes et à travers l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire », a écrit Eric Goldstein sur X, ancien Twitter.

Le chercheur est marié à une Canadienne et a une fille de quatre ans.

Bendjama est le rédacteur en chef du Provincial, un journal privé basé à Annaba.

Il a été mis en cause dans plusieurs affaires depuis son implication dans le mouvement pro-démocratie Hirak en 2019.

Le journaliste a été arrêté le 8 février dans son journal et accusé d’avoir aidé la militante politique franco-algérienne Amira Bouraoui à quitter l’Algérie via la Tunisie deux jours plus tôt, alors qu’elle lui était interdite de quitter le pays.

L’affaire Bouraoui, qualifiée par le gouvernement algérien d’« exfiltration illégale », a entraîné une résurgence des tensions diplomatiques avec la France, désormais résolues.

Le procès de Bendjama et des autres personnes accusées d’avoir aidé le militant se tiendra séparément à une date encore à déterminer.

Plusieurs journalistes et militants sont emprisonnés en Algérie, classée 136e sur 180 pays et territoires au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

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