Visa : La France envisage de réviser statut préférentiel des algériens

"Nous avons des demandes et le gouvernement algérien en a également. C'est donc effectivement à l'ordre du jour", a déclaré Mme Borne au journal français Le Figaro.

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Elisabeth Borne, la première ministre, indique que cette mesure est à l’ordre du jour, alors que les législateurs conservateurs poussent pour mettre fin au « droit d’immigration automatique ».

La France envisage de réviser un traité de 1968 accordant aux Algériens un statut préférentiel pour vivre et travailler dans le pays, a confirmé jeudi sa première ministre, Elisabeth Borne.

Elle a déclaré avoir discuté de la renégociation de l’accord signé par Charles de Gaulle à la suite de la guerre d’indépendance de l’Algérie avec son homologue algérien.

« Nous avons des demandes et le gouvernement algérien en a également. C’est donc effectivement à l’ordre du jour », a déclaré Mme Borne au journal français Le Figaro.

Signé le 27 décembre 1968, lorsque la France accueillait un afflux de travailleurs étrangers pour stimuler son économie, l’accord bilatéral a créé un statut spécial pour les ressortissants algériens en matière de déplacement, de résidence et d’emploi.

Depuis lors, les Algériens en France n’ont plus besoin de permis pour rester dans le pays et se voient plutôt remettre des « certificats de résidence algériens », dont 600000 ont été délivrés en 2022.

Cela leur accorde le droit presque automatique de rester pendant 10 ans.

L’immigration est un sujet brûlant en France à l’approche des élections au Parlement européen en juin prochain, que le parti d’extrême droite de Marine Le Pen, le Rassemblement national, semble sur le point de remporter.

Dans une nouvelle impulsion pour son parti, un sondage jeudi a montré pour la première fois que moins de personnes le considèrent comme une menace pour la démocratie que l’inverse, et plus le voient comme un parti au pouvoir que comme un groupe de protestation.

Un autre sondage suggère que 66 % des Français estiment qu’il y a trop d’étrangers dans le pays.

Les déclarations de Mme Borne interviennent alors que le gouvernement d’Emmanuel Macron peine à obtenir le soutien d’un projet de loi clé sur l’immigration qui atteindra le Parlement la semaine prochaine, où il ne dispose pas d’une majorité absolue.

Accusé d' »hypocrisie » par Macron

Il a besoin du soutien du parti conservateur Les Républicains, qui a accusé le leader centriste d' »hypocrisie » sur la question.

Un exemple en est que le camp Macron a refusé de soutenir une résolution parlementaire qu’ils ont présentée jeudi pour « dénoncer » unilatéralement le traité de 1968.

« Nous voulons mettre fin à cette exception légale, qui facilite l’immigration des ressortissants algériens dans notre pays », ont-ils écrit. C’était en effet un « droit d’immigration automatique », ont argumenté les législateurs.

‘Inutile d’irriter nos amis algériens’

Alors que la résolution était soutenue par le Rassemblement national, le parti Renaissance de Macron a voté contre, arguant que cela attiserait les tensions avec l’Algérie à un moment où les relations avec son ancienne colonie se réchauffent.

Mathieu Lefèvre, député de la Renaissance, a déclaré que bien qu’il soit d’accord que l’accord soit « totalement obsolète », il était « inutile d’irriter nos amis algériens et la diplomatie ne se fait pas au Parlement à la place du président ».

Cependant, dans une gêne pour Macron, Horizons, un groupe de centre-droit dans l’alliance parlementaire du président dirigé par Edouard Philippe, son ancien Premier ministre, a soutenu la résolution.

« Maintenir un tel système avec un pays avec lequel nous avons des relations compliquées ne me semble plus justifié », a déclaré M. Philippe au magazine d’information français L’Express en juin.

Exerçant une pression supplémentaire sur Macron, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a déclaré : « Aucune politique migratoire cohérente n’est possible sans dénoncer l’accord franco-algérien ».

‘Les décideurs politiques sont pétrifiés’

Les Algériens constituent le plus grand groupe d’immigrants en France, avec près de 900 000 vivant dans le pays en 2022.

« Nos décideurs politiques sont pétrifiés dès que vous mentionnez l’Algérie parce que l’Algérie pour la France est à la fois une question de politique étrangère et de politique intérieure. Comme Israël », a déclaré M. Driencourt au journal L’Opinion.

La relation de la France avec l’Algérie a longtemps été tendue.

Macron a essayé de lever le voile sur le ressentiment latent en qualifiant la colonisation française de « crime contre l’humanité » en 2017. Il a ensuite créé une commission pour examiner les abus présumés commis par les occupants français et a publiquement reconnu la torture et le meurtre d’Ali Boumendjel, un nationaliste, pendant la guerre.

‘La haine envers la France’

Cependant, les liens se sont détériorés lorsque Macron a remis en question l’existence de l’Algérie en tant que nation avant l’occupation française et a accusé le gouvernement de fomenter « la haine envers la France ».

En septembre 2021, les tensions ont encore augmenté lorsque Paris a réduit de moitié les quotas de visas pour l’Algérie et le Maroc dans le but de faire pression sur les pays pour qu’ils reprennent les immigrants illégaux.

Un an plus tard, il a rétabli les taux de visa pour les trois pays, dont la Tunisie, qui avait connu une baisse de 30 %.

Le projet de loi sur l’immigration de Macron sera débattu au Parlement français à partir de lundi.

Mais les gauchistes ont déjà rejeté la mesure visant à expulser davantage de personnes et à durcir les conditions pour les migrants irréguliers, tandis que les conservateurs ont critiqué les dispositions visant à offrir une résidence légale aux travailleurs sans papiers dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre.

Si Macron ne parvient pas à obtenir un soutien suffisant de la droite, il pourrait contourner un vote parlementaire, ce qui serait controversé compte tenu de l’importance du projet de loi.

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