Rachid M’Barki reconnaît avoir été « manipulé » avec de l’argent

La direction de BFMTV reproche particulièrement à Rachid M’Barki la diffusion d’un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l’Espagne organisé en juin 2022, et dans lequel le présentateur défendait les thèses du Makhzen concernant le Sahara occidental.

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L’ex-journaliste de BFMTV, Rachid M’Barki, mis en examen en décembre 2023 dans le cadre d’une enquête pour ingérence étrangère dans son travail au profit du Maroc, a admis en garde à vue les faits de « corruption passive » et reconnu avoir touché de l’argent en contrepartie de la diffusion de séquences téléguidées, rapportent samedi les médias français.

Accusé de servir la propagande du Makhzen en diffusant des informations biaisées, orientées et non validées, le présentateur franco-marocain de 54 ans a été suspendu le 11 janvier 2023 par la direction de la chaîne française et licencié le 22 février, suite à une alerte donnée par un journaliste de Radio France qui travaillait sur la vaste enquête « Story Killers » coordonnée par le consortium Forbidden Stories.

L’homme avait finalement été mis en examen le 8 décembre, aux côtés du lobbyiste Jean-Pierre Duthion, pour « corruption passive » et « abus de confiance » dans le cadre d’une enquête plus large relative à ces soupçons d’ingérence.

Selon plusieurs médias français dont Le Parisien, Le Monde et Libération, Rachid M’Barki a finalement reconnu partiellement les faits. « Il m’est arrivé de recevoir des sommes d’argent…Oui je reconnais les faits de corruption passive », a-t-il déclaré en garde à vue à la brigade de répression de la délinquance économique.

Au départ, l’enquête interne de BFMTV avait permis de révéler au moins treize sujets problématiques diffusés dans son journal. Plusieurs d’entre eux ont été orientés pour servir les intérêts de pays comme le Maroc, mais aussi certains intérêts privés. Ces sujets n’auraient « aucun rapport avec la ligne éditoriale de la chaîne », selon BFMTV, et auraient été introduits en contournant « les processus de validation interne ».

Par la suite, Rachid M’Barki a reconnu que ses informations provenaient d’un lobbyiste, mais a assuré avoir choisi de diffuser ces sujets, qu’il avait validés. « Des échanges confidentiels entre les deux hommes montreraient, au contraire, que le lobbyiste fournissait des sujets clés en main pour le présentateur, relisait ses scripts, et aurait été à l’origine de modifications sur ces derniers », a-t-on fait savoir.

Une influence dont s’est défendu le présentateur, avant d’admettre, en sixième audition, avoir bien reçu entre 6.000 et 8.000 euros du lobbyiste Jean-Pierre Duthion en remerciement. Le journaliste a aussi affirmé avoir été « complètement manipulé ».

Par ailleurs, l’ex-présentateur pourrait être accusé de parjure, puisqu’il avait assuré, sous serment en commission d’enquête parlementaire en mars 2023, n’avoir jamais perçu d’argent pour diffuser des sujets, rapportent les médias.

Les aveux de Rachid M’Barki auprès de la brigade de répression de la délinquance économique mettent également à mal les déclarations de Jean-Pierre Duthion lui-même, qui, devant cette même commission, assurait, au mois d’avril : « Je n’ai jamais rémunéré de journaliste et je n’ai jamais corrompu qui que ce soit ».

Pour rappel, la direction de BFMTV reproche particulièrement à Rachid M’Barki la diffusion d’un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l’Espagne organisé en juin 2022, et dans lequel le présentateur défendait les thèses du Makhzen concernant le Sahara occidental.

Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, Rachid M’Barki avait évoqué la tenue de ce forum dans la ville occupée de Dakhla qu’il avait présentée comme « relevant du territoire marocain ».

APS

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