Smaïl ROUHA
Les législatives anticipées du 12 juin prochain seront confrontées à une série de défis et de challenges. Outre le danger des islamistes, l’augmentation du nombre de candidats indépendants et de listes de candidats, indépendants, la campagne électorale sera dominée par la nécessité de convaincre les Algériens de participer au scrutin à même de dépasser les faibles taux de participation enregistrés ces dernières années. Premières élections depuis le dernier amendement constitutionnel, sanctionné par la nouvelle loi électorale en 2020, le rendez-vous électoral se caractérise, outre le contexte politique dans lequel elles se tiennent, par le recul des partis traditionnels et l’émergence de la société civile et des listes de candidats indépendants composées de jeunes universitaires et d’une certaine élite professionnelle en manque d’expérience politique.
En effet, pour la première fois le nombre de candidats indépendants est plus élevé que ceux des partis politiques, notamment depuis que la mouvance dite «démocrate» ou «progressiste» a choisi de sortir du jeu électoral, estimant que les conditions idoines pour des élections transparentes n’étaient pas garanties. Selon le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), Mohamed Charfi, le tirage au sort d’octroi des numéros d’identification pour les partis politiques et les listes des candidats indépendants, a permis d’octroyer les numéros d’identification à 28 partis politiques et à plus de 800 listes électorales d’indépendants à travers les 58 wilayas.
Cette nouvelle donne, l’émergence de listes d’indépendants dans la course électorale, semble faire écho à l’appel lancé aux jeunes par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les invitant à participer à la vie politique et à adhérer au processus d’édification de nouvelles institutions crédibles et dignes de confiance, d’autant que les amendements de la loi électorale donnent un coup de pouce aux jeunes et aux indépendants, en matière financière et logistique, comme l’accès gratuit aux salles pour la campagne électorale. Ainsi, le nombre élevé de listes d’indépendants en lice pour les élections législatives du 12 juin 2021, par rapport aux listes partisanes, laisse entrevoir un paysage politique qui ne sera plus dominé par les partis, comme ce fut le cas des années durant, mais par de nouveaux acteurs, les formations politiques ayant perdu de leur crédit auprès de la base populaire, selon des politiques. Sur les 28 partis en lice, la moitié est d’obédience islamiste.
De ce fait, les électeurs risquent d’assister à un duel inédit dans leur conquête du palais Zighout Youcef. Dans cette élection au contexte déjà assez particulier, on devrait assister à un duel inédit où la fougue juvénile fera face à la ruse islamiste, même si, contrairement aux partis politiques, les listes d’indépendants, à quelques rares exceptions, ne proposent aucun projet politique sur la base duquel elles seront élues, les indépendants pourront toujours compter sur les divergences apparues au sein des partis islamistes. Même si ces derniers aspirent à réaliser ce qu’ils n’ont jamais réussi à accomplir par le passé, à savoir dominer les pouvoirs législatif et exécutif, ils ont préféré, pour le moment, tergiverser pour toute alliance, question de leadership. Une situation dont devraient profiter les indépendants qui ont fait le choix de se lancer dans la course électorale loin de toute affiliation partisane.
L’Expression, 17 mai 2021
Etiquettes : Algérie, élections législatives, candidatures, partis islamistes, indépendants, listes électorales,
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