Le Parti des travailleurs (PT) a estimé hier que le fort taux d’abstention au scrutin législatif du 12 juin est la résultante “du mépris et de la hogra du pouvoir” qui cherche à se maintenir en maintenant un “statu quo mortel”, soulignant que “l’écrasante majorité du peuple algérien vient, une fois de plus, à travers une abstention sans précédent, d’exprimer une défiance claire à l’égard de toute opération politique visant à sauver le système honni hérité du modèle de parti unique contre lequel s’est soulevé le peuple en février 2019”, lit-on dans un communiqué rendu public à l’issue de la réunion hebdomadaire de son bureau politique.
“Par-delà les conditions dans lesquelles se sont déroulés la campagne électorale puis le scrutin, par-delà les résultats finals qui seront annoncés quant à la composante politique et humaine de la future APN”, explique le parti de Louisa Hanoune, qui a boycotté cette élection. “Ce rejet massif, traduit sur le terrain électoral, l’indignation de la majorité devant la régression sans précédent sur le terrain des libertés démocratiques, la fermeture des champs politique et médiatique, la répression des marches et rassemblements, la criminalisation/judiciarisation/diabolisation de l’action politique, de la profession de journaliste, de la fonction d’avocat, de la liberté d’opinion, de conscience, et y compris de recherche académique, de l’exercice des libertés syndicales, l’indignation devant les milliers d’interpellations, les centaines de détenus politiques et d’opinion…”, ajoute le communiqué.
Membre du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) qui regroupe des partis et des organisations progressistes de la société civile, le Parti des travailleurs pense que le taux de participation n’a pas dépassé les 15% à l’échelle nationale et les 5% à l’étranger, où le scrutin a été également boudé par les ressortissants algériens qui continuent de manifester tous les dimanches depuis maintenant deux ans. “Le secrétariat du bureau politique considère que les résultats annoncés par l’Anie en fin de journée faisant état d’un taux de participation de 14,7% nationalement et moins de 5% à l’étranger, correspondaient, effectivement, à la fin de l’opération de vote”, ajoute le communiqué du PT, qui ne manque pas de rappeler les effets de cette crise politique sur le plan social, ce qui explique aussi, selon ce parti, la forte désaffection massive de l’électorat.
En effet, pour le PT, à travers l’abstention, le peuple algérien a exprimé, dans la continuité d’une révolution pacifique qui dure depuis le 22 Février 2019, sa “colère contre les décisions antiéconomiques et antisociales que le gouvernement a mis en œuvre sous le couvert du confinement sanitaire et qui ont engendré un désastre effrayant” sur tous les plans. Aussi, “cette colère est la continuation des mobilisations ouvrières, populaires et de jeunes, des couches moyennes laminées, c’est la continuation des grèves des travailleurs et des fonctionnaires, dans tous les secteurs”, insiste le PT, qui pense que “le processus révolutionnaire est bel et bien vivant”, malgré les tentatives du pouvoir “visant à le dénaturer ou à le confisquer”, en s’appuyant sur “l’instrumentalisation de la menace étrangère”, “la propagande officielle”, “le matraquage des médias publics et des médias privés au service du régime”.
Lyès Menacer
Liberté, 15 juin 2021
Etiquettes : Algérie, élections législatives, taux d’abstention, taux de participation,
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