Catégorie : Algérie

  • Algérie. La bataille du recouvrement de la confiance du peuple

    Algérie. La bataille du recouvrement de la confiance du peuple

    Algérie, Abderrachid Tabi, justice – Algérie. La bataille du recouvrement de la confiance du peuple

    Pour Ibn Khaldoun, la confiance entre gouvernants et gouvernés est la base, le socle et le principe premier de l’État. Elle découle de la justice et abouti à la constitution d’un bloc monolithique, indispensable, dit-il dans ses Prolégomènes, « lors des crises que traverse un pays ».

    C’est à peu près à cette conclusion qu’est arrivé, hier, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, qui a affirmé, à Alger, « la détermination de son secteur à recouvrer la confiance du citoyen en les institutions judiciaires et à améliorer « l’image négative » qui a été véhiculée en raison des précédents cumuls. Comprendre les injustices qui se sont entassées depuis longtemps.

    Tabi, qui était invité de la Radio nationale, a déclaré en outre : « Nous disposons aujourd’hui de tous les moyens nécessaires pour mener une bataille visant à recouvrer la confiance du citoyen en les institutions de l’État, notamment judiciaires », attribuant « cette confiance ébranlée entre le citoyen et la justice à des cumuls précédents qui ont amené le citoyen à avoir une image négative sur les institutions de son État ».

    « L’Algérie jouit d’une indépendance judiciaire selon les normes internationales », a indiqué le ministre, ajoutant que les contours de cette indépendance « se manifestent clairement dans divers domaines, dont la séparation des pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire et la composante du Conseil supérieur de la magistrature, en sus de l’atmosphère favorable dans laquelle travaille la corporation de la justice, notamment les magistrats, et ce pour leur permettre de s’acquitter de leurs tâches et de jouer leur rôle constitutionnel ».

    Tabi a relevé, par ailleurs, la nécessité pour « le citoyen de s’impliquer dans cette indépendance qui se veut une revendication sociale car étant le garant des libertés et des droits », ajoutant que « la mise en place des mécanismes et la promulgation des lois consacrant l’indépendance de la justice ne saurait suffire sans l’implication du citoyen dans ce processus ».

    Dans le même sillage, il a souligné la poursuite de la réduction « du nombre d’affaires en souffrance devant la Cour suprême et le Conseil d’Etat, en révisant certaines procédures relatives à la justiciabilité et au recours » ; ce problème, at-t-il dit, « est du à l’absence de confiance du citoyen en le jugement rendu à son encontre, lequel fait l’objet souvent d’un pourvoi en cassation au niveau de la Cour suprême ou du Conseil d’Etat ».

    Aussi, pour y remédier, « il est procédé actuellement à la révision de certaines procédures liées à la juridiction et au pourvoi pour trouver des dispositions alternatives telles que le règlement et la médiation et ce à l’occasion de l’ouverture d’ateliers d’amendement des lois comme les codes de procédure civile et pénale », a-t-il expliqué.

    L’Express, 16/11/2021

    #Algérie # # Abderrachid_Tabi #Justice

  • Algérie. Le ministre du bonheur

    Algérie. Le ministre du bonheur

    Tags : Algérie, Djamel Belmadi, football – Algérie. Le ministre du bonheur

    On prétend que les entraîneurs de foot ne pensent qu’avec leurs crampons. Mais Djamel Belmadi alias «le ministre du bonheur» , droit d’auteur la vox-populi, échappe à la règle.

    Depuis plus de 2 ans à la tête de la sélection algérienne , coach Belmadi , détonnant mélange de Mario Zagalo et de Stefan Kovacs , s’ingénie à varier ses curiosités tactiques avec nos plaisirs lobés. Mais pas que…Car le bonhomme, gueule de gendre poli et culot d’enfer, est un vif argent qui réagit au quart de tour. Et n’allez pas essayer de lui faire prendre des vessies (du ballon) pour des lanternes car ça ne prendra pas.

    Juste après le match face à Djibouti, il vira sa cuti sur les envoyés de la télé nationale.

    «Vous êtes des Haggarine» a tonné Belmadi. Mécontent sûrement, des interminables avanies qui bordent le périmètre de ses plates-bandes, il n’hésite jamais à remettre les pendules à l’heure exacte des dépassements.

    Quand il prit les rênes de l’équipe nationale algérienne, personne ne misa un kopeck sur ce footeux ayant sillonné l’Europe et les émirats qui posa sa valise dans l’Algérie malade de son foot.

    Vint la CAN égyptienne et Belmadi tricota la 2e étoile sur le maillot des Fennecs ,avec un panache qui avait une similitude avec l’épopée espagnole, sinon plus.

    Menant sa troupe avec brio dans les éliminatoires de la coupe du monde 2022, il clame que ce qui l’intéresse c’est de faire « quelque chose » au Qatar.

    Sûr de sa troupe , son objectif n’a subi aucune érosion. Et l’EN bien partie pour égaler, voire battre le record du monde d’invincibilité au niveau des équipes nationales.

    Offensive et percutante, son équipe emprunte les règles de la séduction dans une rigueur tactique digne des Hélenio Herrera ou Ernest Happel.

    Quand Zetchi fut contraint à jeter le tablier, Belmadi fut sincèrement touché. car fidèle en amitié et féru d’histoires entre hommes de bonne volonté.

    On le pria en haut lieu de continuer. Et il continua. Et rouspéta, là où d’autres auraient avalé des couleuvres. Pelouse du stade Tchaker, puérilité des questions en zone mixte etc.

    Bon vent coach. Rien ne peut t’arriver. Sinon le meilleur. Car tu es déjà arrivé à nous toucher en plein cœur.

    Madjid Khelassi

    La Nation, 16/11/2021

    #Algérie #Football #Djamel_Belmadi

  • « Le Maroc est un poste avancé du sionisme » (Bâadji)

    Tags : Maroc, Algérie, Israël, sionisme – « Le Maroc est un poste avancé du sionisme » (Bâadji)

    C’est en ces termes que le secrétaire général du FLN a qualifié l’escalade meurtrière du Makhzen contre l’Algérie. Invité du forum d’El Moudjahid, Abou El Fadl Baâdji a estimé que «la crise diplomatique avec le Maroc et la France illustre, de façon parfaite, cet état de fait… L’Algérie est en train de payer ses choix stratégiques, son retour en force à la diplomatie continentale et internationale et ses orientations économiques, pour se défaire des lobbies français, qui avaient la mainmise sur l’économie nationale…», dira-t-il.

    Pour le numéro un du FLN, «l’Algérie est prise à partie par les lobbies franco- sionistes, à cause de sa nouvelle politique économique, de la constance de ses positions de soutien des causes justes et légitimes comme celles la Palestine, la question sahraouie, etc.», s’exclamera-t-il avant d’étayer, avec des exemples, «la nouvelle politique énergétique, les projets que l’Algérie est en train de lancer dans le Sud algérien, comme celui de Bechar, à Ghar Djebilet où les gisements de fer et de phosphates sont importants, le développement de l’axe Alger-Nouakchott, qui dérange également le royaume et ses appuis, surtout avec cette perspective d’ouverture d’axes routiers reliant les deux pays, avec les échanges commerciaux…

    Pour Baâdji, «l’agression de personnes innocentes dans l’attaque au drone, n’est pas un acte isolé… C’est un acte de représailles contre l’Algérie, qui a été derrière cette nouvelle prise de conscience de l’Afrique, vis-à-vis de ses pilleurs et exploitants…Revenant sur le rôle diplomatique de sa formation, suite à une question de L’Expression, il annoncera qu’un cycle de rencontres avec plus de 20 ambassadeurs avait été lancé, il y a quelque temps, mais a été stoppé par la crise sanitaire.

    Sur un autre chapitre, commentant l’actualité de sa formation, pour ce qui est de la course aux locales, Baâdji s’est montré optimiste. Sourire aux lèvres, il martèlera: «Nous aurons encore la majorité durant ces élections…». Cependant, il a estimé qu’il est impératif de revoir les Codes communal et de la wilaya. Baâdji ne manquera pas de charger l’Autorité nationale indépendante des élections, qu’il accuse d’être à l’origine de l’annulation de listes entières de son parti. «Je n’accuse pas l’Anie en tant qu’institution…

    Seulement, certains de ses délégués et représentants ont commis des actes graves à notre encontre. Citant ses propres militants, ceux à l’origine de l’intrusion par la force des locaux centraux du siège du parti à Hydra, il dira en substance: «Nous avons des preuves que des personnes poursuivies par la justice, sous le coup de mesures coercitives, notamment des mises sous contrôle judiciaire ont vu leurs candidatures validées».

    Revenant à l’absence du parti, pour la première fois de son histoire et celle des élections dans le pays, dans plus de 104 APC, pour ces élections, il expliquera que «des défaillances techniques de la part de l’Anie, mais aussi de la part de certains de nos encadreurs, sur le plan local, sont à l’origine de ces absences de listes… Nous avons présenté des candidatures partout dans le pays, mais la non-maîtrise des logiciels technologiques a fait que l’Anie nous a lésés».

    Mohamed OUANEZAR

    L’Expression, 16/11/2021

    #Algérie #Maroc #Camionneurs_algériens #Israël

  • Algérie.- Une rue, une histoire

    Tags : Algérie, Rue de l’Emir Abdelkader – Algérie.- Une rue, une histoire

    Après l’indépendance, la rue Carnot située entre la rue d’Isly et le boulevard Abdelhamid Benbadis change de nom et devient rue de l’Emir Abdelkader, en hommage au précurseur de la résistance algérienne et en remplacement du militaire et homme politique français Lazare Carnot. C’est une grande artère qui donnait accès, sur le côté-ouest de la ville, à l’ex-hôpital et la vieille mairie d’El-Asnam, et à l’opposé, du côté- est, à la cité administrative et la gare ferroviaire.

    C’est une rue très animée, débordante de vie ; chaque mètre de route raconte l’histoire des hommes qui ont foulé ses larges trottoirs ombragés jalonnés de ficus impeccablement alignés. Avant le tremblement de terre, la rue desservait le quartier et l’entrée des groupes scolaires des sœurs Bedj, de Benbadis et El-Khawarizmi ; elle était animée par le souffle des âmes qui résidaient dans les modestes maisons et les HLM et par les nombreux lieux de commerces qui faisaient la prospérité de la ville. La rue rappelle aussi l’histoire inoubliable des douloureux événements de la guerre d’Algérie. En 1961 eut lieu un accrochage inégal sur ces lieux, engagé par les soldats français lourdement armés pour déloger deux valeureux moudjahidine El-Hadj M’Hamed et Si Allal, deux héros qui tomberont au champ d’honneur, les armes à la main. L’échange de tirs a duré toute une journée. Une stèle est érigée aujourd’hui en leur mémoire, tout près des lieux où ils ont succombé honorablement.

    Rue mémorable, plus que centenaire qui a vu, lors du dernier tremblement de terre, plusieurs de ses bâtisses s’effondrer, emportant avec elles des dizaines d’innocentes victimes.
    par Hamid Dahmani

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    Sedrata : l’«Atlantide» et la «Pompéi» du Sahara

    Par sa position, son étendue, sa matérialité et ses symboliques multiples, le site archéologique de Sedrata (Wilaya de Ouargla) est significatif d’une construction historique qui remonte aussi loin que les royaumes médiévaux rostémide (VIIIe-XIXe siècles), ziride (Xe siècle), hammadite (XIe-XIIe siècles) et abdalwadide (XIIIe-XIVe siècles).

    Cette construction participe de la compréhension du mode de structuration et d’administration de l’espace réticulaire algérien, fondé sur le commerce caravanier transsaharien. Une organisation en réseau autour des axes et points stratégiques, dans une logique de transferts et d’échanges.

    Sedrata faisait partie du réseau des cités relais, qui liaient les grandes routes méridiennes, entre l’Afrique sahélienne et les pôles commerciaux du Nord du Maghreb (Sidjilmassa – Touat – Ouargla – Ghadamès). Elle fut l’un des grands pôles économiques, un interface entre l’Afrique sahélienne et les pôles commerciaux méditerranéens.

    Au commerce des esclaves, de l’or et du sel, qui garantissait le maintien et le développement de ces pôles d’échanges, s’est ajouté l’institution du pèlerinage, l’une des obligations de l’Islam, qui impulsa une nouvelle dynamique au commerce caravanier, donnant naissance à des recompositions à caractères religieux et culturel : le Touat-Gourara dominait le transect reliant Sijilmassa, Fès et Tlemcen à Gao et Tombouctou, et le M’zab et l’Oued Righ dominaient le reste du territoire, sous les influences successives Hammadides, Ibadites, Almohades et Hafsides.

    Aux temps des royaumes médiévaux, c’est la trame réticulaire qui déterminait la structure géométrique du territoire algérien, au sens même de l’écosystème et qui maintenait en vie le flux commercial transsaharien, par un métabolisme ingénieux créé autour du dromadaire, du palmier et du savoir-faire de l’eau.

    L’affaiblissement puis la ruine de ce métabolisme par le déplacement des itinéraires commerciaux transsahariens va démailler, de proche en proche, ces fils de tissu en réseau. Le changement orbitaire va enlever au Sahara sa fonction de centre de gravité et d’interface, pour lui conférer, désormais, la fonction de marge et d’extrémité.

    L’historiographie médiévale du Maghreb-Sahara est dominée par les récits des premiers grands voyageurs arabes. El-Bakri (1040-1090), dans son «livre des routes et des royaumes», dessina les itinéraires commerciaux, qui aboutirent au Niger et à Blad es Soudan, en décrivant les us et coutumes des populations traversées. Il est le premier à avoir parlé des hommes voilés, dans un sentiment d’étonnement et d’effarement, nourrissant, des siècles plus tard, l’imaginaire occidental, en quête d’exotisme. Ibn Hawqal (943-988) parla avec émerveillement de Sidjilmassa et d’Aoudaghost, dans «la configuration de la terre». Il est le premier à avoir accédé au lac Tchad, pour atteindre le Fezzan. Il emprunta, depuis Ghadames, l’itinéraire transsaharien entre le Fezzan et le Hoggar, traversant l’Adrar des Ifoghas, pour rejoindre Gao et le fleuve Niger. Cette route était déjà tracée, depuis la préhistoire, alors que le Sahara était encore humide.

    Ibn Battuta (1304-1377) est le géographe arabe qui a réalisé le plus long périple (24 ans), parcourant tout le Sahara, pour parvenir à La Mecque et au-delà jusqu’à l’Asie. C’est dans ses récits «Voyages» et «Divertissement de celui qui désire parcourir le monde» que sont portés les premiers jugements sur les us et coutumes des populations sahariennes. Léon l’Africain (1483-1552), (278) Al Idrissi (1100-1166) et Ibn Khaldoun (1342-1406) complétèrent ce corpus de données et informations, que les Occidentaux découvrirent des siècles plus tard, pour en extraire les substances, en déformer parfois et le plus souvent même le sens et la portée.

    En quoi le site archéologique de Sedrata est déterminant dans la reconstitution de l’espace réticulaire médiéval et comment il a constitué un problème pour la France coloniale, dans sa théorie du «vide saharien» ?

    Sedrata est le lieu d’une centralité, qui réalisa la jonction entre un versant méditerranéen et un versant sahélien ; une configuration géo-historique qui assurait la continuité nord-sud. Ce lieu de centralité est antithétique de la construction historique coloniale, qui a fait de la «pénétration saharienne» son œuvre exclusive, de parachèvement de l’ «œuvre romaine», d’où la nécessité d’un vide et d’un hiatus de justification et de légitimation.

    Voici ce que déclarait, en 1961, l’un des négociateurs d’Evian, Mr Roland Cadet, à propos de la question sur le Sahara : «L’Algérie n’a jamais étendu sa souveraineté sur les territoires du Sahara. Ses occupants ou ses conquérants ne s’y sont jamais installés, qu’il s’agisse des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Turcs. Les deux territoires [Algérie-Sahara] n’ont été réunis sous la même souveraineté qu’au moment où la France a occupé le Sahara. Il était alors une terre sans maître et aucun lien historique n’existait entre l’Algérie et le Sahara» (Sixième séance du mercredi 31 mai 1961, consacrée au Sahara (1961, p.106).

    C’est au regard de cette théorie du vide que nous avons voulu revisiter le site archéologique de Sedrata, pour y saisir les mécanismes subtils de sa déconstruction et son déplacement, au fur et à mesure, de l’orbite du réel vers celui du mythe et de la légende des cités englouties : l’«Atlantide» et la «Pompei» du Sahara.

    C’est également pour rendre un hommage à une grande dame d’origine suisse, Marguerite Van Berchem qui, au plus fort de la domination coloniale, avait milité avec vigueur pour la patrimonialisation du site archéologique de Sedrata, à travers sa protection et l’intégration de son mobilier dans les collections muséographiques algériennes.

    Comment la France coloniale a tenté, sans y parvenir, à en réduire et à réorienter la portée de la découverte, dans son obstination à ancrer le concept du «vide saharien», qui justifierait et légitimerait la «pénétration française» du Sahara, ce que ni les Puniques, ni les Romains, ni les Byzantins, ni les Turcs n’ont pu réaliser ?

    Le site archéologique de Sedrata a été révélé, en 1860, par Eugène Daumas, un lieutenant-colonel, nommé à la tête de la direction des affaires arabes par le maréchal Bugeaud. Il parlera de «débris d’une grande ville abandonnée que l’on nomme Sedrata…» (Pouillon, 2008).

    En 1862, le commandant Colomieu, qui conduisait la colonne militaire sur la ville d’Ouargla, avait fait un constat de désolation de celle-ci : «délabrement de la ville», «abandon de nombreux puits» et «misère des populations». Il attribua le déclin de cette ville, «jadis prospère», à «l’oisiveté» et «l’indolence» de ses habitants (Colomieu, 1863). Avant lui, en 1860, l’explorateur Henri Duveyrier reconnaissait le rôle joué par cette dernière, en s’appuyant surtout sur les écrits d’Ibn Khaldoun, en expliquant son déclin par le détournement de la voie commerciale Agadez-Ouargla au profit des routes plus au sud par Kano et Katsina et au nord par Ghât, Ghadamès et El Oued.

    Il concluait ainsi : «Aujourd’hui, Ouarglâ est une ville morte, et nul ne la ressuscitera…», suggérant qu’on «pourra en faire une excellente halte pour les caravanes» (Duveyrier, 1864). Ce désintérêt et ce renoncement seront vite rattrapés par les idées saint-simoniennes de «fécondation du désert», en faisant sortir les oasis du sable, pour élargir le «cercle de l’humanité».

    En arrière fond de cette idée «généreuse» c’est le paradigme du «rail» qui est mis en oeuvre. Le rail fera, en effet, de Ouargla une station phare de l’itinéraire transsaharien. La mission saharienne de Duveyrier s’inscrivait, en effet, dans les grands projets saint-simoniens. L’Algerie était un lieu d’essai de grandes œuvres industrielles, portées essentiellement par des banquiers au service des Rothschild.

    Le site archéologique de Sedrata se trouvait à une dizaine de km au sud d’Ouargla. Sa découverte allait servir un nouveau mythe, celui de la «cité perdue», l’«Atlantide» et la «Pompéi» du désert. Un mythe qui sera enveloppé dans une construction dichotomique arabo-berbère : «Ce pays était riche et ses habitants vivaient en paix. Puis les Arabes sont venus et il a été transformé en désert… Les musulmans ont tout détruit au nom du Dieu clément et miséricordieux, de même qu’en Amérique tout fut détruit plus tard par les chrétiens au nom du Dieu de paix et de charité». Un «Eldorado préislamique détruit par le zèle religieux, mais que l’effort civilisateur de la Métropole, détentrice des lumières de la raison positive, pourra faire revivre» (Victor Largeau, 1879).

    Partant de cette imagerie dichotomique «arabe-berbère», le champ fut ouvert à des investigations tous azimuts, sur «Isedraten», la cité engloutie dans le sable, entre Ouargla, au Nord et la Gara Krima au Sud. Une course aux manuscrits et un travail laborieux d’enquêtes (sources orales) furent entrepris. Dans sa description du site, Victor Largeau a pu distinguer un site d’occupation humaine, perché sur les garas, qu’il attribua au «peuple des garas», il remonterait aux temps préhistoriques, et un autre lieu d’occupation, au fond de la vallée, où se situent les ruines de Sedrata : «Ceddrata, ville berbère détruite lors de l’invasion des Arabes nomades» (Largeau, 1879). Une légende rapporte à trois cent vingt-cinq (325) le nombre de «villages» établis le long de la vallée de l’oued Mya.

    En 1881, Harold Tarry, inspecteur des Finances, avait envisagé de développer la culture du palmier dans la vallée «que les traditions nous représentent comme ayant été d’une fertilité merveilleuse, et que le génie dévastateur des Arabes a converti en un désert aride et brûlant». Il entreprit une fouille du site de Sedrata dans l’espoir de retrouver les sources qui avaient irrigué jadis tout cet espace. Il exhuma une mosquée, un «palais», neuf maisons, des éléments décors, ainsi que des structures hydrauliques. Il ne put poursuivre ses travaux, l’autorisation lui ayant été refusée par les bureaux arabes, qui le feront rappeler à Alger, suite à des plaintes déposées par les populations «indigènes» pour leurs droits historiques sur ce lieu, considéré comme sacré.

    En 1898, un jeune érudit, Paul Blanchet, est dépêché par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres et la Société de Géographie, pour examiner les éventuelles ressemblances du site de Sedrata avec celui de la Qal‘a des Banî $ammâd de M’sila. Il s’intéressa, tout particulièrement, aux édifices religieux, le «palais» et la mosquée étaient déjà fouillés par H. Tarry. Il ajouta aux découvertes une maison «ornée d’arceaux et de colonnes».

    Décédé prématurément, il ne laissera à la postérité que quelques articles et notices. Selon van Berchem, l’essentiel de ses documents aurait été égaré (1951). Son mérite est d’avoir inscrit le site de Sedrata dans l’Agenda du monde académique. Dans le «Manuel d’art musulman», l’architecte Henri Saladin avait placé Sedrata au même niveau que «Madînat al-Zahrâ», capitale califale de Baghdad (Saladin, 1907).

    En 1926, Georges Marçais, alors Directeur du Musée des Antiquités algériennes et de l’Art musulman d’Alger, depuis 1920, avait repris la description des décors des salles du «palais» de Sedrata. Il plaça cet art entre les périodes Aghlabide et Fatimide, autour du Xe siècle (Album de pierre, plâtre et bois sculpté). Le jeune P. Blanchet avait déjà annoncé les couleurs, en liant les décors de Sedrata à l’art byzantin d’Afrique du Nord, durant l’antiquité tardive. Il niera toute relation avec l’art de l’Orient musulman (Blanchet, 1898).

    C’est dans les arts berbères du textile et du bois, puisés d’anciens registres chrétiens, que les racines et les origines de Sedrata ont été recherchées (Saladin, 1907 ; Marçais, 1909-1926). Marçais poussera encore plus loin la comparaison, en trouvant des similitudes avec l’Égypte copte, l’Ifriqiya aghlabide et l’Iraq abbasside. Un mélange d’influences qui n’autoriserait pas l’originalité.

    Entre 1942 et 1945, Louis Leschi, alors Directeur des Antiquités et des Beaux-Arts, particulièrement intéressé par le site de Sedrata, dépêcha une mission de fouille, qu’il confiera à un architecte, Maurice Faucher, qui alla au-delà de l’étude des édifices religieux, pour s’étendre aux zones à fonctions diverses (carrières, cimetières, jardins, autres structures construites). Interrompus par «manque de moyens», ses travaux ne donnèrent lieu à aucune publication.

    En 1946, un personnage assez singulier va associer son nom à l’histoire du site de Sedrata, c’est Marguerite Van Berchem, la fille du célèbre épigraphiste et historien suisse, Max van Berchem, fondateur de l’épigraphie arabe, connu par ses principales œuvres le Corpus Inscriptionum Arabicarum, le Voen Syrie et des articles publiés dans les deux tomes d’Opera Minora.

    On l’appelait la «Dame de Sedrata» ou «l’icône et la pasionaria de Sedrata», M. van Berchem était décrite sous le portrait d’un érudit orientaliste, un penchant qui aurait déteint sur son approche académique. Son ouvrage de synthèse «Sedrata, un chapitre nouveau de l’histoire de l’art musulman. Missions d’étude et campagnes de fouilles au Sahara, 1950-1956» ne sera jamais publié. Georges Marçais l’avait refusé en 1958, le considérant «trop onéreux». De ce qui est connu des travaux de la «Dame de Sedrata» est tiré des seuls articles, notices et carnets dont des inédits, conservés dans les archives personnelles de M. van Berchem à la Fondation van Berchem.

    Ce qui retint, en premier lieu, l’attention de M. van Berchem, à la vue des fragments de stucs de Sedrata, déposés au Musée Stéphane Gsell d’Alger, en 1946, c’est leur ressemblance avec ce qu’elle connaissait déjà des stucs de la cité médiévale de Samarra en Irak (van Berchem, 1946). Elle consulta, d’abord, les travaux de G. Marçais (1909) et ses conclusions sur les analogies des stucs de Sedrata avec les motifs des premiers monuments chrétiens d’Afrique du Nord et les ornements sculptés sur les objets de bois de Kabylie. Encouragée par Louis Leschi, elle effectua sa première campagne de fouilles entre novembre 1950 et mars 1951, en mobilisant de gros moyens, puis une seconde campagne entre novembre 1951 et février 1952. Bien que finançant en grande partie sa mission, elle eut un grand soutien de l’Armée et tout particulièrement le bénéfice de deux campagnes de photographies aériennes, qui lui permirent d’avoir une vue d’ensemble du site archéologique.

    Un mécène, Pierre Averseng, viticulteur, industriel féru de la photographie aérienne, lui finança la réalisation des clichés verticaux, pris à bord d’un «aviophote». Les ingénieurs du Service de la colonisation et de l’hydraulique s’y intéressèrent pour y retrouver le système de canalisation fossilisé par les sables.

    Sans préjuger des raisons véritables de la non publication de son ouvrage de synthèse (1950-1956), M. van Berchem était suisse, sur un terrain de colonisation française, fermé au regard extérieur. Elle en était consciente et avait sa propre idée sur la colonisation française : «un petit royaume de polichinelle», disait-elle, «dans ce grand monde arabe qui gronde et se réveille» (van Berchem, 1951). C’est dans cette prédisposition mentale qu’elle reprendra le sujet de Sedrata, en le déplaçant sur l’orbite du patrimoine culturel et de la muséalisation, au moment même où se dessinaient, dans les laboratoires colonistes, les premières esquisses d’une nationalisation du Sahara et de sa séparation de l’Algérie.

    En effet, par le corpus des connaissances et des documents qu’elle a compilés, elle s’érigea en défenseur du droit historique des populations ibadites sur le site de Sedrata. Bien introduite au milieu des notables d’Ouargla et du Mzab, qui lui livrèrent des informations sur leur passé et la relation filiale avec Tiaret, au travers de textes manuscrits et de témoignages oraux, elle emprunta la voie médiatique pour porter au loin les échos de la découverte (conférences, expositions et publications). Elle se déploiera dans plusieurs capitales méditerranéennes, tout particulièrement Alger (Documents algériens), Londres (The Illustrated London News) et Genève (la Tribune de Genève).

    En 1953, à l’occasion d’une exposition à Ghardaïa, elle obtint des populations mozabites, «une donation de 47.500 francs», comme frais de participation au gardiennage et à la protection des vestiges de Sedrata (van Berchem, 1953). Ce sera le premier acte d’origine indigène, de protection, de conservation et de valorisation du patrimoine culturel.

    Mesurant la portée politique de cet acte, le Gouvernement Général d’Algérie a procédé, le 24 septembre 1954, au classement des ruines de la ville antique de Sedrata parmi les monuments historiques, dans la formulation suivante : «Sont classés parmi les monuments historiques, les ruines de la ville antique de Sedrata et ses annexes, sises sur des terrains domaniaux des tribus des Mekhadma et des Béni-Thour de l’Annexe d’Ouargla, à proximité de l’oasis d’Ouargla, et s’étendant sur une superficie de 420 ha…» (Arrêté de classement, septembre 1954). L’entreprise de van Berchem est remarquable voire impressionnante par le volume des objets en stuc qu’elle avait extrait des fouilles, mis en caisse et transféré au musée Stéphane Gsell d’Alger. A la mort de Louis Leschi, en janvier 1954, les objets de Serdrata devinrent encombrants; ils furent, pour l’essentiel, transférés à la Villa Laloé, devenue plus tard le musée de l’Enfant.

    En mars 1955, van Berchem avait écrit au Directeur de l’Intérieur et des Beaux-Arts, M. Louis Berton, une lettre dans laquelle elle lui fit part de l’état de santé des stucs de Sedrata, dont voici un extrait : «Avant de quitter l’Algérie, à la fin de mars 1954… j’avais confié au Musée Stéphane Gsell deux caisses et quatre cartons contenant ce qu’il était le plus important de mettre en lieu sûr, c’est-à-dire les fragments d’inscriptions et les caractères coufiques détachés, qui n’avaient pu être encore inventoriés ni déchiffrés… Ainsi qu’il en avait été convenu avec Monsieur Marçais, ces caisses devaient rester en dépôt au Musée jusqu’à mon retour à Alger. À mon arrivée, ici, en janvier dernier, j’eus le regret de constater qu’elles avaient disparu…

    Le même fait s’est reproduit à nouveau cette année où les caisses emballées par les Latapie et qui devaient être transportées après le départ de ceux-ci au Musée Stéphane Gsell sont restées abandonnées dans cette même cour jusqu’à mon arrivée, c’est-à-dire qu’elles ont été pendant plus de huit mois exposées à la pluie… Il semble donc que j’eusse été en droit d’attendre qu’un sort meilleur soit réservé à mes découvertes, non seulement à cause des six années d’efforts immenses qu’elles m’ont coûté, mais plus encore parce qu’elles font partie d’un patrimoine national qui aurait dû être respecté.».

    Plus forts étaient ses propos prononcés lors d’une conférence, publiée dans la Tribune de Genève du 09 décembre 1961 : «On ne peut que regretter que le fruit de ce travail acharné – en tout 60 caisses de reliefs ornant les chambres des demeures – ait disparu sans presque laisser de trace. Il est clair que dans l’Algérie actuelle, il y a trop de personnes qui ont intérêt à passer sous silence l’apport culturel des habitants qu’ils ont colonisés. Cette politique ridicule de l’autruche se solde une fois de plus par l’anéantissement pur et simple de richesses qui devraient appartenir au patrimoine de l’humanité.».

    Il faut attendre l’indépendance de l’Algérie pour voir les «plâtres sculptés» de Sedrata, de la collection M. van Berchem, exposés dans les salles d’art islamique du Musée national des Antiquités. En 1967, des panneaux de plâtres sculptés de Sedrata étaient accrochés aux murs de la Villa Laloé, qui deviendra Musée de l’Enfance. Une partie de ces plâtres, transférés au Louvre, devaient rejoindre ce Musée. En 1967, un timbre est dédié aux découvertes de Van Berchem, intitulé «fouilles de Sedrata». Il est dessiné par le célèbre miniaturiste algérien Mohammed Racim. En 1995, une autre série a célèbré les décors de stuc de Sedrata.

    Le site de Sedrata et les nombreuses significations qu’il a introduites, ébranla tout l’édifice conceptuel fondé sur le «vide saharien», en apportant les réponses historiques et patrimoniales d’un ancrage méridien, qui exprime fortement la filiation d’une Algérie-Sahara.

    Rappeler l’importance de ce site et la trame géoéconomique médiévale, au-delà de sa dimension historique et patrimoniale, invite aujourd’hui à repenser la fonction d’interface et le mode réticulaire de structuration du territoire algérien, qui a été d’abord effacé par un beylicat turc, fondé sur la «rente» de la course maritime et le contrôle de la navigation en Méditerranée, ensuite déstructuré par la colonisation française, qui s’est établie sur le territoire beylical, en plaçant le Sahara dans un régime spécial, celui des «Territoires du Sud». Un réexamen du Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) devant interroger cette dimension réticulaire d’organisation du territoire pour déterminer les véritables centralités.

    par Dr Mourad Betrouni

    Le Quotidien d’Oran, 16/11/2021

    #Algérie #Oran #Bvd_Emir_Abdelkader

  • La vengeance du Maroc et d’Israël sur l’Algérie

    Tags: Maroc, Israël, Algérie, Sahara Occidental, Palestine – La vengeance du Maroc et d’Israël sur l’Algérie

    Grâce à son allégeance à Israël, sa loyauté impérialo-sioniste, le Maroc a permis depuis bien longtemps à l’entité sioniste de s’assurer une base régionale hautement stratégique, épine plantée au cœur du Maghreb et de l’Afrique en général surtout avec cette poussée diplomatique marocaine de frayer à l’Etat hébreu un siège d’observateur à l’Union africaine (UA). Une présence qui sert bien les intérêts stratégiques de Tel-Aviv et sa vision de déstabilisation du continent africain, voire même l’implosion de l’organisation panafricaine et son éclatement à brève échéance et pour certains Etas africains leur écartement progressif du principe du non-alignement.

    Les grandes lignes tracées par cet agenda concocté par l’axe Rabat-Tel-Aviv visent comme point de mire l’Algérie dans le but de la débarrasser de son label constant d’antisionisme. En effet, la position de l’Algérie en tant que pays pivot œuvrant pour la paix et la coopération, suit avec beaucoup de préoccupations les développements intervenus aux niveaux régional et international en réitérant à chaque occasion sa position constante en faveur de la promotion de solutions pacifiques et politiques aux conflits et crises, loin de toute ingérence étrangère, dont la validité et l’importance sont constamment confirmées sur le terrain.

    Dans cet esprit constant, l’Algérie continuera à défendre les causes justes des peuples qui luttent pour le recouvrement de leurs droits fondamentaux, y compris leur droit inaliénable à l’autodétermination, notamment en Palestine et au Sahara occidental. Un engagement permanent aux cotés de la cause palestinienne caractérisé par la condamnation de la persistance des pratiques répressives de l’occupation israélienne contre le peuple palestinien et son déni total du processus de paix et des résolutions pertinentes des Nations unies et de la légalité internationale.

    Avec la même détermination, l’Algérie réaffirme son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, l’organisation d’un référendum libre et équitable permettant au peuple sahraoui de déterminer son destin et décider de son avenir politique.

    Pour l’Algérie, le peuple du Sahara occidental ne peut demeurer à jamais l’otage de l’intransigeance d’un Etat occupant qui a failli à plusieurs reprises à ses obligations internationales.

    L’engagement ouvert sans équivoque de l’Algérie envers le peuple palestinien et sahraoui dérange et fait paniquer Israël et le Maroc qui voient en cela un obstacle à leur aventure criminelle. Face à cette position ferme de l’Algérie et de son peuple à défendre les droits des peuples palestinien et sahraoui, colonialisme et sionisme se sont associés pour comploter contre notre pays et surtout à diviser la société algérienne en soutenant le  » MAK  » dans ses idées séparatistes et terroristes. Pauvres apprentis sorciers, ils se mirent à jouer avec les mots, surenchères et toute une propagande comme s’il se fût agi d’objets et d’un corps inerte.

    L’échec subi par leurs complots contre l’Algérie les a renvoyés à leur propre point de départ. Aventuriers perdus, ils cherchent leur chemin dans une forêt de signes indéchiffrables.

    L’aggravation de la crise au Sahel, en Palestine et au Sahara occidental, à plus ou moins brève échéance, les soutiens du Maroc et d’Israël risquent d’assister, impuissants, à l’affaiblissement de cet Etat colonial et cet Etat sioniste. Le Maroc en particulier miné de l’intérieur pose à ses soutiens externes occidentaux et africains, avec de plus en plus d’acuité, le problème d’une révision efficace de leur proximité avec Rabat.
    B. C.

    Lemaghreb.dz, 16/11/2021

    #Algérie #Maroc #Israël #Sahara_Occidental #Palestine #Union_Africaine

  • Le ministre de l’agriculture n’a pas la nationalité française

    Tags: Algérie, nationalité française, Mohammed Abdelhafid Henni – Le ministre de l’agriculture n’a pas la nationalité française

    Aussitôt nommé à la tête d’un secteur aussi stratégique que l’Agriculture, dans le but, justement étant de relever le défi de la sécurité alimentaire du pays, le tout nouveau ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohammed Abdelhafid Henni, a été la cible d’une campagne d’intox, le présentant comme titulaire d’une nationalité étrangère, notamment française de surcroit, en pleine crise diplomatique avec le pays d’Emmanuel Macron.

    Ainsi, une source autorisée reprise hier par l’APS, dément des rumeurs infondées et dénuées de sens émanant de parties, apparemment dérangées, par le fait que cet enfant de la maison prenne les gouvernes du département de l’Agriculture. En réaction aux rumeurs, selon lesquelles le ministre Mohammed Abdelhafid Henni détiendrait « la nationalité française », la même source a assuré à l’APS qu’ »il ne détient aucune nationalité autre que la nationalité algérienne d’origine et il n’a jamais détenu une nationalité étrangère par le passé ».

    Ces rumeurs « loin d’être innocentes » sont des « fake news » répandues par « certains milieux qui veulent perturber les programmes et les réformes pertinentes que le gouvernement est déterminé à concrétiser sur le terrain.

    Des milieux qui ne voient pas d’un bon œil les efforts de relance du développement dans ce secteur vital et sensible et la consécration d’une gestion transparente obéissant aux réglementations et aux lois », a estimé cette source.

    F. B.

    Le Courrier d’Algérie, 16/11/2021

    #Algérie #Nationalité_française

  • Algérie.- Oran : Sur les traces des enfants de la colle

    Algérie.- Oran : Sur les traces des enfants de la colle

    Tags: Algérie, Oran, colle, enfance – Algérie.- Oran : Sur les traces des enfants de la colle

    Selon une enquête de la DAS, quelque 5.000 personnes, dont 85% ont moins de 17 ans, s’adonnent à Oran, à la snif. Non pas cette snif habituelle, mais celle de la colle, «el colla», comme on dit ici. Cette pratique touche à toutes les couches de la société, une société laminée par les dures contingences de l’économie de marché. Des gamins, shootés à mort, au Pattex et autres colles de cordonniers, se transforment ainsi, en de véritables dangers pour eux-mêmes et pour la population. Notre reporter a parcouru les rues d’El Bahia…

    Jeudi. Rue Khemisti à Oran. Il est un peu moins de quatorze heures. Le temps lourd et pluvieux et un fort taux d’humidité écrasent les artères et incommodent les passants. Malgré cela, une foule grouillante emplit, de ses pas et de ses gesticulations tapageuses et désordonnés, la rue. Les voitures semblent presque se pousser à la queue leu leu, tellement la circulation est dense, compacte. Devant le porche d’un vieil immeuble, en face d’un vendeur de chiche kebab, très tendance désormais, cinq gamins, en haillons, les mines hirsutes, les yeux globuleux et rougis, ont les nez plongés dans des sachets en plastique. Non, ils ne boivent pas du lait. Et leur extrême excitation dit suffisamment leur factice et dangereuse occupation: ce sont des sniffeurs de colle Pattex. Des marginaux, comme en connaît tant El Bahia, qui jouent leur vie et leur santé contre un court instant d’évasion. D’oubli. Une lourde plongée dans les profondeurs de l’ailleurs pour s’extraire à la douleur intense qui habite invariablement leurs jours ordinaires. L’un d’eux, à peine 15 ans, apostrophe les passants, l’air abruti et un sourire dévasté sur le visage bouffi: «Ammi, a’tini mitine dourous…».

    La menotte sale et insistante du gamin est presque agressive. Pour soutirer «mitine dourous», vingt dinars, il est prêt à tenter le diable. Ce qu’il fait, d’ailleurs, plus que souvent. Mais les passants…passent. Comme si ces restes d’humanité, comme si ces jeunes, censés être loups, mais réduits à l’état de loques, n’existaient pas. Ou seulement dans un rêve frelaté que bien des passants chassent d’un revers de main gêné, pressé. Les passants continuent de passer, plongés dans leurs soucis. Et les gamins continuent de se tuer à petit feu, le nez plongé dans les sachets de lait pour inhaler une part morbide d’un paradis factice. La promenade ne revêt plus ce goût de villégiature, tellement le vécu de ces gamins livrés aux multiples dangers de la colle, tellement ces intoxiqués au Pattex, interpellent la conscience.
    Boulevard de la Soummam, boulevard des épaves…-

    Trois pâtés d’immeubles plus bas, le Boulevard de la Soummam. Une artère chic. Des palmiers. Des banques. Des bistrots huppés. Le fameux hôtel Royal de Djillali Mehri…La netteté du boulevard est comme agressée par d’autres gamins, entre 13 et 17 ans, qui s’entassent les uns sur les autres afin d’humer l’air de leurs sachets en plastique emplis de coton fortement imbibés de colle. Qui respirent leur existence par son plus mauvais bout. Ce boulevard est, depuis quelques temps, surtout à la tombée de la nuit, le refuge d’une bonne partie des déclassés d’Oran et un vrai coupe gorge dû à la forte agressivité de gamins surtout, chassés du domicile familial par toutes les contingences de la vie qui sont, désormais, le lot presque existentiel de la grande majorité des Algériens.

    Il ne sert à rien d’essayer de soustraire quelque confidence à ces gamins abrutis par El Colla. Ils ne peuvent rien dire, ou seulement vous embarquer dans des histoires inventées, souvent, de bout en bout, pour vous soutirer les trente à soixante dinars nécessaires à l’achat de leur tube de colle, à leur enfer quotidien. Les divorces qui sont très dans l’air du temps, les abandons de familles, les lourdes et indélébiles séquelles de la décennie terroriste, la paupérisation massive du peuple, la promiscuité des bidonvilles, la prostitution des mères, l’exclusion des écoles…autant de douloureux et insolubles phénomènes qui poussent ces gamins à se réfugier dans la rue. Et à se jeter, presque goulûment, dans les bras de la snif. Souvent, ils en savent les dangers, mais ils s’en foutent comme de la première vraie chemise qu’ils n’ont jamais eue. Quand ils n’arrivent pas à avoir l’argent nécessaire à leur dose quotidienne, ces gamins deviennent fou furieux. De vrais loups affamés dans cette jungle humaine. Ils agressent les femmes, attaquent aux armes blanches tout ce qui bougent, peuvent même tuer si leur «rêve d’évasion» venait à vouloir s’éloigner, par faute d’argent.

    En manque ou «remplis», ces gamins se transforment, souvent, en de vrais dangers pour la population. La sécurité des passants, surtout des retardataires et des noceurs nocturnes, est souvent menacée. Faut-il, pour autant, leur jeter l’opprobre?

    5.000 accros à el colla hantent El Bahia

    Selon des spécialistes rencontrés au niveau des centres de désintoxication relevant de l’hôpital de Sidi Chahmi ou du CHU, il existerait à Oran, quelque 5.000 personnes qui s’adonnent à el colla… Chaque mois ce chiffre augmenterait d’une dizaine de cas. Ce sont, très souvent, des gamins dont l’âge varie entre 15 et 17 ans. Dans tous les cas, 85% de ces consommateurs de poison ont moins de 18 ans. Le reste, ne dépassant pas les 23 ans. Un vrai fléau qui étale ses morbides ailes sur une ville qui n’en peut plus. Malgré tous les efforts consentis, de jour comme de nuit, par les différents services chargés de l’enfance en difficulté (DAS, cellules des mineurs de la Gendarmerie et de la sûreté, centres de désintoxication ou d’hébergement), des mineurs s’en viennent chaque jour que Dieu fait, s’entasser dans les rues d’Oran pour consumer leur vie en la brûlant par les deux bouts de chandelle. Il ya quelques années, quatre gamins, ne dépassant pas les seize printemps, ont été retrouvés complètement laminés dans les rues de la ville. Transportés à l’hôpital, on n’a rien pu faire d’autre que de constater leur mort due à une overdose de Pattex.

    Ils étaient originaires des quartiers les plus pauvres de la ville ou de sa périphérie: Aïn Beida, Sidi El Bachir, St Pierre…Ces gamins, livrés aux différentes précarités de la rue et aux dangers de la snif, avaient les poumons surchargés de colle, les veines et les artères bouchées. En dépit de tous les efforts consentis par les différents services concernés, la colle continue de tuer. Cette forme de suicide qui n’est même pas punie par la loi est-elle le lot «normal» des mineurs déclassés? La réalité algérienne semble dire oui puisque le phénomène est vécu par toutes nos métropoles qui n’arrivent ni à s’adapter aux exigences des temps modernes ni aux effets de la mondialisation et de l’économie de marché.

    Faut-il interdire la vente des différentes colles?

    Faut-il interdire la vente des différentes colles qui peuplent nos marchés pour éviter à des gamins de se shooter à mort? Non, puisqu’il restera toujours, aux plus hardis ou aux plus écorchés vifs, d’autres alternatives. Comme l’alcool pharmaceutique ou la prostitution ou agresser, encore et plus, pour prétendre aux autres euphorisants comme le vin, le bière, la drogue et les psychotropes… Même les experts et les psychologues que nous avons contactés ne semblent disposer d’aucune solution. Il ne s’agit pas, nous diront-ils tous de concert, de traiter les effets, mais d’aller vers les causes. Et le traitement des causes, tout le monde le sait, ne relève pas de la compétence des services des hôpitaux ou des centres de prise en charge psychologique. Il s’agira de le chercher du côté des départements politiques et économiques.

    Une famille, dont le père a été compressé et qui ne peut donc plus subvenir aux besoins les plus élémentaires de ses enfants, est fatalement vouée à l’éclatement. Le père peut devenir démissionnaire, la mère chercher les habituelles solutions de facilités pour survivre et c’est, dans 9 cas sur dix, le divorce. Et ce sont, alors et inévitablement, les enfants qui paient l’addition en cherchant dans la rue et ses tentations le bonheur qu’ils n’ont plus chez-eux. Faut-il, alors, condamner la société qui est devenue de plus en plus dure pour ses marginaux? Là, non plus, n’est pas la solution car les choses de la vie sont devenues si exigeantes que chacun ne s’occupe plus que de son propre périmètre. Et qu’il éprouve, souvent, d’énormes difficultés pour le délimiter.

    Alors que reste-t-il à faire pour éviter à nos enfants de ne pas se suicider à petit feu devant nos yeux? La réponse devrait interpeller la conscience de tout l’Etat et exiger de lui d’installer de véritables filets sociaux pour atténuer les différentes chutes induites par l’économie de marché et les séquelles de la décennie rouge. Tout ce qui se fait actuellement par les services sociaux ou de sécurité ne relève que du palliatif.

    Reportage réalisé par Amar Abbas

    Horizons, 16/11/2021

    #Algérie #Oran #Colle #Enfance

  • Algérie. Le rebond de croissance

    Algérie. Le rebond de croissance

    Tags : Algérie, économie, pandémie, croissance – Algérie. Le rebond de croissance

    Ouvrir grands les corridors de l’investissement. Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmen Benabderrahmane, l’a annoncé hier. «La loi sur l’investissement représente l’un des principaux éléments des réformes structurelles en passe d’exécution». Relancer l’investissement productif, c’est maintenant, maintenant que la conjoncture s’y prête. Et le chiffre de croissance de l’ONS le confirme. L’économie algérienne, qui a subi de plein fouet les conséquences désastreuses de la pandémie de Covid-19, connaissant un recul en 2020, enregistre un rebond appréciable. Exit les effets néfastes du confinement sanitaire, la sécheresse… qui ont pesé sur les revenus du secteur agricole, réduisant la demande intérieure. Les perturbations des chaînes de valeur mondiales et le ralentissement soudain de la demande des principaux partenaires commerciaux de l’Algérie avaient comprimé les exportations algériennes, qui ont chuté au cours de l’année 2020.

    Sur la même période, la baisse de la production intérieure et de la demande des consommateurs a réduit les importations. Pour l’année 2021, elle renoue de plus en plus avec la croissance pour atteindre 6,4% au deuxième trimestre 2021, par rapport à la même période de l’année dernière, selon l’Office national des statistiques (ONS). La croissance économique est repartie après plus d’une année de contraction, avec ses effets indéniables sur plusieurs secteurs ainsi que sur les indicateurs macroéconomiques et sociaux. La logique générale de la trame de cette évolution veut que la demande intérieure, de façon générale, soit concernée par cette reprise. Rappelons que les prévisions de croissance annoncées par des institutions nationales et internationales auguraient déjà d’une année meilleure. Cette croissance positive touche pratiquement tous les secteurs d’activité économique.

    La hausse du PIB a été tirée principalement par l’accroissement de la valeur ajoutée du secteur des hydrocarbures, contre une forte baisse à la même période de 2020. Cette performance s’est réalisée dans un contexte de hausse remarquable des prix sur le marché pétrolier et du gaz. Les augmentations des prix des hydrocarbures ont conduit à une hausse du déflateur de la valeur ajoutée des hydrocarbures. Hors hydrocarbures, la croissance est également au rendez-vous, avec un PIB qui a enregistré un accroissement appréciable. Elle est tirée essentiellement par la croissance de l’industrie et celles des secteurs du BTPH (y compris services et travaux publics pétroliers) et des services non marchands qui connaissent des taux d’accroissement à la hausse.

    Ce rebond peut également s’expliquer par l’investissement qui progresse. Une augmentation de l’activité agricole, bien que ce secteur a fait face à des conditions climatiques exceptionnellement sévères et à un «stress hydrique important» qui ont impacté ses performances. La croissance économique dépend des précipitations qui affectent le secteur agricole. La valeur ajoutée globale du secteur de l’industrie a conduit à une croissance tirée essentiellement par les industries agro-alimentaires, les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques et électriques et des matériaux de construction.

    Ce rebond s’explique également par le recul du volume des importations de biens et services. Les exportations ont rebondi et devraient se renforcer davantage à court terme avec l’augmentation de la demande mondiale. Tout compte fait, à mesure que l’économie se remettra d’une importante récession et que l’agriculture retrouvera une bonne croissance, cela compensera probablement la morosité des secteurs qui enregistrent des baisses de croissance comme le tourisme. Par conséquent, le déficit de la balance courante et le déficit budgétaire devraient se resserrer, et les pressions inflationnistes devraient rester modérées.

    Néanmoins, le pays est confronté à d’importantes inégalités sociales, à des disparités régionales en matière de développement économique ainsi qu’au chômage des jeunes. Aussi, le modèle de développement adopté par l’actuel gouvernement devrait favoriser une croissance inclusive. C’est la mission qui lui est assignée.

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    Après la récession au temps de la covid-19 : L’Algérie affiche une forte croissance économique

    La croissance économique de l’Algérie a atteint 6,4% au  2e trimestre 2021 par rapport à la même période de l’année dernière, selon l’Office national des statistiques (ONS).

    Joint par nos soins, Brahim Guendouzi, professeur d’économie à l’Université Mouloud-Mammeri à Tizi-Ouzou, explique cette bonne performance par deux facteurs essentiels. D’une part, dit-il, une reprise économique dans nombre de secteurs, notamment agricole, industriel et celui des services, suite à l’allègement des restrictions liées au Covid-19. D’autre part, l’universitaire relève une «conjoncture pétrolière favorable et qui le demeure», avec à la clé un prix du baril se situant à des niveaux relativement élevés et des performances du groupe pétrolier Sonatrach qui a développé ses activités à l’export. Contacté également par El Moudjahid, Mustapha Mekidèche, économiste, évoque un «effet de reprise immédiat». Explicite, il indique que l’économie nationale était «très impactée par la pandémie, et part de très bas avec nombre d’activités qui étaient à l’arrêt, notamment le Btph et les services». Enchaînant, il souligne qu’ «avec la reprise, la croissance monte plus rapidement».

    L’autre explication fournie par l’économiste est inhérente aux performances du secteur agricole qui, «en dépit de la sécheresse et autres inconvénients, a maintenu sa croissance».
    Dans le même ordre d’idées, M. Mekidèche met également en avant «les résultats enregistrés par les industries manufacturières et celle des hydrocarbures», et affirme s’attendre à ce que des secteurs, comme celui du BTPH, sortent la tête de l’eau et redémarrent sur de bonnes bases, à la condition qu’il y ait un accompagnement nécessaire par le financement. Par ailleurs, il convient de préciser que pour ladite période, à savoir le second trimestre 2021, l’ONS explique aussi cette «croissance soutenue» par une «forte reprise» des activités économiques dans les secteurs des hydrocarbures avec 11%, l’industrie (9,3%), le bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH), y compris les services et travaux publics pétroliers (STPP) (13,7%) et les services marchands (10,2%). Quant au taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures, il a été de 6,1%, alors que le taux du PIB hors agriculture a affiché une hausse de 7,5% durant le second trimestre 2021 et par rapport à la même période de l’année dernière, a détaillé l’Office des statistiques. En valeurs courantes, le PIB du deuxième trimestre 2021 a enregistré une croissance de 27,3%, contre une baisse de 17% durant la même période de l’année précédente.

    La même source a relevé, par ailleurs, que la demande finale totale est en hausse de 5,9% du fait, notamment, de l’augmentation du volume des exportations de biens et services de 10,2% et de la consommation finale des ménages qui a affiché une croissance «remarquable» de 7,1%. Rappelons que l’économie algérienne a commencé à renouer avec la croissance au premier trimestre 2021 avec un bond du PIB de 2,3% sur un an. Après quatre trimestres de contraction en raison des impacts directs et indirects de la pandémie de Covid-19, ce premier trimestre a été marqué, en effet, par des «croissances positives» de tous les secteurs d’activité économique.

    En janvier dernier, le ministère de la Prospective, dans son premier rapport pour 2020-2024, précisait que trois nouveaux leviers de la croissance économique devaient être actionnés à moyen terme, incluant l’entrepreneuriat, le développement industriel et les investissements directs étrangers (IDE). Pour l’entrepreneuriat, il s’agit de la création d’un écosystème plus large d’instruments aptes à favoriser la création d’entreprises innovantes, tout en renforçant le système d’innovation. Quant aux investissements, le rapport préconisait de les orienter vers les secteurs productifs à fort effet d’entraînement. A propos des IDE, il s’agit de tirer profit de la relocalisation qui représente des opportunités, notamment pour l’Algérie.

    El Moudjahid, 16/11/2021

    #Algérie #Economie #Croissance #Pandémie

  • Finances publiques : le serrage de ceinture se poursuit

    Finances publiques : le serrage de ceinture se poursuit

    Tags : Algérie, finances, budget – Finances publiques : le serrage de ceinture se poursuit

    Même si les cours du pétrole et du gaz flambent sur les marchés internationaux, le gouvernement reste prudent, pour ne pas dire pessimiste, sur l’amélioration de la santé financière du pays. Il préfère attendre l’arrivée de vents plus favorables avant de mettre la main à la poche.

    Le gouvernement a décidé d’adopter une attitude attentiste et extrêmement prudente en matière de dépenses et s’achemine même à serrer un peu plus les cordons de la bourse sur certaines d’entre elles. L’adoption d’un prix de référence de 45 dollars le baril de pétrole par le Projet de loi de finances 2020 alors que son cours est à 85 dollars sur le marché fait partie de cette démarche. Aïmene Abderrahmane l’a expliqué par la nécessité de faire preuve de prudence vis-à-vis d’un marché pétrolier instable, souvent sujet à la spéculation.

    Ainsi, en plus d’avoir déprécié plusieurs fois sa monnaie en quelques années, l’Algérie s’appauvrit volontairement en estimant qu’elle gagne près de deux fois moins qu’en réalité. L’exécutif espère de cette façon regarnir son bas de laine, fortement sollicité durant la période de vaches maigres qu’elle traverse depuis 2014.

    Il ne faut donc pas s’attendre à une prodigalité outrancière de la part de l’Etat ni de signature de chèques à tour de bras pour relancer l’investissement en multipliant les commandes publiques. Non, c’est apparemment une phase de serrage de ceinture qui s’annonce. Celle-ci peut aller jusqu’à la suppression des subventions à certains besoins de base.

    Première victime, le sucre. Benabderrahmane a déjà annoncé qu’il prévoit annuler l’exonération sur les ventes de cette matière (raffinée ou brute) dont la Taxe sur la valeur ajoutée était réduite de 9%. Il a justifié cette décision par sa volonté de préserver la santé du consommateur et réduire la facture d’importation.

    Le Premier ministre a, en revanche, insisté sur la nécessité d’orienter les dépenses de l’Etat plutôt vers l’importation des céréales et à l’appui de la production locale de cette denrée vitale et à la sécurité alimentaire en général. Il considère, par ailleurs, que le prix actuel d’achat des céréales auprès des agriculteurs est « en-deçà de celui que l’Etat débourse en matière d’importation des céréales de l’étranger ». Concernant l’instauration d’une taxe à laquelle sera soumis le secteur agricole, il a précisé que le Projet de loi de finances 2022 intervient pour « fixer et simplifier » cet impôt et « ne vise pas à alourdir la charge sur les agriculteurs ».

    Sur un autre registre, Benaderrahmane exclut tout recours à l’endettement extérieur pour le financement de l’économie. Le déficit budgétaire, a-t-il déclaré, sera financé par le recours au marché intérieur qui, selon lui, compte « d’énormes moyens financiers en attente de mobilisation ». Ce gisement inclut également, les banques et le Fonds de régulation des recettes. Toutefois, ces prévisions impliquent un redressement des cours de pétrole d’où le prix référentiel de 45 dollars le baril (au lieu de 85) pour « atténuer la pression sur le budget de l’Etat »

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 15/11/2021

    #Algérie #Finances #Budget

  • La place de l’Algérie dans le développement en Afrique

    La place de l’Algérie dans le développement en Afrique

    Tags : Algérie, Afrique, développement – La place de l’Algérie dans le développement en Afrique

    L’Algérie est en mesure de jouer un rôle important en Afrique, et elle a tout à gagner si elle s’engage davantage dans la perspective de développement, tant économique que commercial dans le continent. Ainsi, la Confédération Générale des Finances, présidée par Me Karim Mahmoudi, organise aujourd’hui (14 juillet 2021), la 17ème édition de son colloque annuel, sous la thématique: «Quelle place économique et commerciale pour l’Algérie dans le continent Africain?», pour essayer d’apporter des réponses à cette problématique, avec la présence d’ambassadeurs africains et d’experts économistes Algériens.

    Le colloque qui se veut une occasion de mettre en évidence l’opportunité d’investir en Afrique, présente trois marchés attractifs dans le continent africain, l’un francophone, l’autre anglophone et le troisième lusophone, selon Me Mahmoudi qui note que l’objectif est de mettre en évidence «les avantages et les possibilités d’avoir des parts du marché et d’investissements pour les entreprises africaines», dans un marché en plein essor.

    Ainsi, des communications seront données conjointement par, respectivement, les représentants diplomatiques de trois pays africains en Algérie, à savoir Serine Dieye, ambassadeur du Sénégal, Mohammed Abdullahi Mabdul, ambassadeur du Nigeria et Toko Diakenga Serao, ambassadeur de l’Angola. Le débat qui sera modéré par Lyazid Khaber, directeur de la publication du quotidien Eco Times, sera focalisé sur les opportunités d’investissement que présente chacun des pays représentés.

    Dans le même cadre, des experts auront à intervenir sur des thématiques précises, à savoir notamment celle inhérente aux«capacités de production et la qualité des services des entreprises algériennes pour pouvoir exporteret faire face à la concurrence sur le terrain», une thématique qui sera développée notamment par Yacine Ould Moussa, membre du directoire de GRFI filahainnov, économiste, Algérie, et Fayçal Senator, Président de New Deal, ancien cadre supérieur à la banque d’Algérie.

    Accompagner les entreprises Algériennes désireuses d’investir en Afrique

    A cette occasion il sera également question de débattre de l’opportunité d’adapter la réglementation bancaire, des changes, douanière et du Commerce extérieur aux réalités du terrain, de l’apport de l’innovation et de la modernisation pour rendre la production plus attractive, et de la mise en place d’un réseau bancaire, d’assurances, de transport, de logistique, de conseils et d’assistance multiples pour accompagner les entreprises Algériennes désireuses d’investir en Afrique.

    Autre problématique posée : «Les entreprises algériennes ont-elles besoin d’un réseau d’experts financiers, et commerciaux, d’avocats d’affaires, de l’ouverture de shows room, de l’ouverture d’agences bancaires, de nouvelles rotations aériennes, maritimes, pour prendre des parts du marché face à une forte concurrence, avec le soutien actif de notre diplomatie localement?, ou d’une agence de coopération et d’un schéma sécuritaire à l’ancien système?» A ce sujet, Nasr Eddine Lezzar, Avocat d’affaires, expert en arbitrage commercial, Brahim Guendouzi, Professeur en sciences économiques à l’université de Tizi ouzou, Mokhtar Djouad, PDG de l’institut el Qalam, Annaba, et MeKarim Mahmoudi, avocat d’affaires, président de l’africain holding Investment à Dakar, auront à abordé les questions techniques inhérentes à cette problématique, tout en traitant d’autres questions d’actualité, à savoir : «La zone de libre-échange continentale Africaine (Zlecaf), quelle stratégie pour l’Algérie?, et «l’interculturel et le spirituel, quel rôle pour la diplomatie économique algérienne? Cas de la zaouïa Tijania».

    Enfin, il est prévu à la fin des travaux de ce colloque qui coïncide avec la célébration du trente-deuxième anniversaire de la Confédération générale des finances, la remise du prix professionnel, feu Docteur Ahmed Francis.

    Des opportunités oui, mais…

    Les opportunités d’affaires, les investissements et les échanges commerciaux entre les différents pays du continent africain, étaient au menu d’un débat de fond, hier à Alger, organisé sous la bannière de la Confédération générale des finances (CGA), et à laquelle plusieurs diplomates, hommes d’affaires et expert économistes ont pris part.

    Abordant les différents aspects du développement économique en Afrique, dans une conjoncture particulière marquée par la pandémie de la Covid-19, les participants à la 17ème édition du colloque annuel de la CGA, tenue hier, au niveau du club de Tennis de Ben Aknoun (Alger), ont tour à tour évoqué tant les opportunités d’affaires offertes que les difficultés rencontrées sur le terrain.

    Les ambassadeurs du Nigéria et du Sénégal, MM. Mohammed AbdullahiMabdul et Serine Dieye, qui ont animé le premier panel, ont tous les deux exposé les possibilités d’investissement tant dans leurs pays respectifs que dans d’autres pays de la région. Louant les énormes potentialités du continent africain, ainsi que les facilités accordées aux investisseurs étrangers, ils n’ont pas manqué d’inviter les Algériens à s’y investir.

    Il est évident que des difficultés subsistent encore, notamment au niveau des moyens de communication, les services financiers ou encore en matière de juridiction, mais les intervenants estimaient qu’avec l’entrée en vigueur de l’accord sur la Zlecaf, un développement substantiel est attendus à l’avenir.

    Les experts ayant eu à intervenir par la suite se sont attelé à présenter les possibilités offertes à travers l’ensemble du continent africain, estimant au passage que beaucoup reste toutefois à faire pour l’Algérie qui «doit revoir sa réglementation et miser sur les privés qui doivent désormais constituer la locomotive des investissements à l’étranger et particulièrement en Afrique».

    En ce sens, Me Karim Mahmoudi, président de la CGF, estime que contrairement aux ressortissants d’autres pays comme le Maroc, la Tunisie ou encore l’Egypte, les Algériens sont moins présents dans le continent africain.

    A cette occasion, des expériences pratique et des analyses ont été exposée aux présent, notamment par Fayçal Senator, président de New Dealet ancien cadre supérieur à la banque d’Algérie ; Nasr Eddine Lezzar, Avocat d’affaires et expert en arbitrage commercial, Algérie, ainsi que Brahim Guendouzi, professeur en sciences économiques à l’université de Tizi Ouzou. Les trois intervenants ont, chacun de son côté, présenté des cas pratiques et proposé des solutions qui permettraient à l’Algérie d’occuper une bonne place dans l’investissement en Afrique. «Une perspective possible, à condition que les conditions soient réunies», s’accordent-ils à dire.

    Ecotimes

    #Algérie #Afrique #Développement #Economie #Commerce