Catégorie : Algérie

  • Novembre ou le message de Jugurtha

    Novembre ou le message de Jugurtha – Hier comme aujourd’hui, c’est l’Histoire que l’on convoque pour interpréter les faits actuels. On la manipule aussi, on l’instrumentalise à rebours de ce qu’elle nous apprend quand on est résolu à chercher ou à approcher sa vérité.

    Hier comme aujourd’hui, c’est l’Histoire que l’on convoque pour interpréter les faits actuels. On la manipule aussi, on l’instrumentalise à rebours de ce qu’elle nous apprend quand on est résolu à chercher ou à approcher sa vérité.

    L’Histoire est une suite d’évènements sans fin. Elle est le témoin de la vie des nations, de leur grandeur, mais aussi des faiblesses qui précèdent leur disparition. On ne peut changer le cours du passé, mais l’avenir de l’humanité appartient à tous ceux qui savent tirer les enseignements et fonder de nouveaux rapports à l’Histoire que nous écrivons.
    La civilisation européenne a largement utilisé les apports de la civilisation musulmane, née aux confins du Maghreb musulman, ayant duré près de huit siècles.
    Son point d’aboutissement coïncide avec la renaissance de l’Europe occidentale et de sa pire créature : le colonialisme. En moins d’un siècle, les pays européens étendront leur domination sur l’ensemble du monde et, en particulier, sur les pays musulmans.
    Au cours de cette période, alors que les dessous de cartes de la Méditerranée sont peu à peu discernés, les stratèges militaires européens, de façon générale, les Espagnols, en particulier, ne sous-estiment pas l’émergence des Turcs-Ottomans qui, tel un mouvement de balancier, ont pris du poids à l’autre bout de l’Europe, dans les Balkans (la Grèce, la Serbie, la Bulgarie actuelles). Un peuple avec lequel nous, Maghrébins, allons partager plus de trois siècles d’existence, sous sa domination (ou sa tutelle).

    Revenons à ce qui nous touche de plus près
    Les princes d’Alger, de Tlemcen, de Béjaïa et de Tunis ont pris conscience de l’état de délabrement avancé de leurs territoires, de la posture hypothétique de leurs pouvoirs. Ils ont examiné, au cours de leurs longs conciliabules, les dangers de l’expansion chrétienne et de la politique inquisitrice, menée sans rapport avec les enseignements religieux qu’elle prétend étendre…
    Arroudj prend Alger et Kheir-Eddine, à sa suite, lance un programme d’équipement à travers toutes les villes. Alger bénéficie d’une attention particulière que ses successeurs poursuivent jusqu’au dey Hussein, le dernier de la lignée des sultans turcs en Algérie.
    La présence turque a permis de délivrer le pays des Espagnols, accrochés aux villes côtières, Alger de 1509 à 1518, Béjaïa de 1510 à 1545 et Oran de 1509 à 1709.
    Cette présence ne se manifeste pas par une politique coloniale au sens de peuplement et d’accaparement des terres, mais sa politique fiscale ingrate, ajoutée à l’arbitraire comme mode opératoire de la collecte d’impôts, détruit la cohésion sociale, menace ou hypothèque le champ vivrier. Le règlement d’un contentieux judiciaire devient aléatoire. Cette situation, les Maghrébins l’ont déjà vécue au cours de leur longue histoire.
    La politique suivie par les Turcs-Ottomans a souvent été méprisante ; elle a véhiculé des ressentiments que les populations assimilent à la détestation du régime colonialiste. L’amertume se développe, la résistance à l’oppression aussi.
    Le Maghreb découvre le statut de vassal à l’intérieur de son sol historique. Il va découvrir, bientôt, la sous-traitance pour le compte de l’Empire ottoman et permettre à celui-ci de tenir un rôle dans le concert européen, en s’engageant avec François 1er, roi de France(1) (1515-1547). Et voilà que les Maghrébins, Algériens et Tunisiens, constituent «un second front» contre l’Empire hispano-allemand, assailli, par ailleurs, en Europe centrale et en Méditerranée.
    Le temps s’écoule et Kheir-Eddine passera bientôt le flambeau. Disons encore ce mot sur ce souverain : les qualités d’homme d’État et de fondateur d’Alger (sur les restes de la ville de Bologuine ibn Ziri) lui sont reconnues et son souvenir est honoré dans les pages turco-ottomanes d’histoire de notre pays.

    Les relents d’un régime colonialiste
    La Régence, État national militaire, traîne comme un boulet un pays pour lequel elle n’a conçu ni réforme structurelle, ni stratégie économique, ni encore, tant s’en faut, de politiques sociale et culturelle ou encore moins un développement de la connaissance, de la production intellectuelle ou artistique. Les Turcs sont davantage attachés à leurs commerces, essentiellement orientés vers la course et la piraterie. Ils ne peuvent imaginer engendrer un quelconque profit d’une activité intellectuelle.
    Les autochtones cherchent à survivre dans un climat souvent de terreur qui ne facilite guère l’accès à la science ou aux arts. Sécheresse culturelle quasi totale qui sera compensée par l’apprentissage du Coran dans les confréries religieuses (zaouïas). Certaines de ces dernières dispensent un enseignement de haute teneur intellectuelle.
    À cette époque-là, la France, de son nom adopté sous Philipe Auguste au XIIe siècle, était encore sous le régime de Royaume de droit divin dans lequel le roi dispose d’un pouvoir absolu. C’est la Révolution française, en 1789, qui mit un terme à ce régime et c’est « le 17 juin 1789, que se constitue, par le serment du Jeu de paume, la première unité politique se réclamant du peuple français : c’est l’acte de naissance de l’État actuel».(2)
    À cette époque, aussi, Béjaïa, la capitale berbère, hafside, ouvrit ses portes au célèbre mathématicien italien Leonardo Fibonacci, venu acquérir les sciences auprès d’un des illustres enseignants de la ville, un savoir qui a permis le décollage de l’Europe

    Que nous réserve l’avenir ?
    Qu’avons-nous fait depuis 1962 pour déconstruire l’œuvre culturelle coloniale et prouver qu’elle s’inscrivait dans un long processus d’aliénation historique et d’annihilation de notre propre anthropologie culturelle et linguistique ?
    La célébration du 1er Novembre 1954, date de l’unification de toutes les forces du pays depuis la défaite du roi Jugurtha, mort en 104 av. J.-C., à Rome, après huit années de résistance, et celle de l’Émir Abdelkader qui a vainement tenté d’unifier les États régionaux de l’ensemble du territoire, est une date qui nous invite à une introspection historique pour capitaliser sur les leçons de notre propre histoire et celles d’autres pays.

    Le message de Jugurtha et les hommes de Novembre
    Novembre 1954 n’est pas si loin, et ses innombrables leçons sont, sans aucun doute, bien apprises ! L’une de ces leçons dont se sont nourris les hommes de Novembre se résume dans le message de Jugurtha, à savoir «Résistance, liberté et unité contre le colonialisme, injuste et oppresseur». «L’Émir Abdelkader, lui aussi, avait combattu le colonisateur français, pendant une quinzaine d’années. C’est dire son héroïsme et son courage. Cependant, il a fini par connaître le même sort que Jugurtha, puisque, lui aussi, il fut trahi par les Français en croyant à leur ‘’loyauté’’.»(3)
    Le message de Jugurtha, livré par toutes les péripéties de son combat pour la liberté, est dramatiquement d’actualité pour nous. Il est triple. Il est, d’abord, un vibrant appel à la résistance contre tout occupant étranger. Car toute occupation étrangère se traduit, partout, par les mêmes effets destructeurs des structures politiques, économiques et culturelles du pays occupé pour finir par porter atteinte jusqu’aux fondements de son identité.
    Une résistance aussi longue que nécessaire et par tous les moyens est le seul moyen à opposer à l’ennemi. Jugurtha, lui-même, durement imprégné de cette réalité, mena une résistance contre l’occupation romaine jusqu’à sa capture, après 8 ans de guérilla, et sa mort dans les prisons de Rome dans d’affreuses souffrances.
    Il est, ensuite, un fier appel au recouvrement de la pleine souveraineté du pays sur ses richesses et contre toute forme d’exploitation étrangère, reprenant de la sorte la fameuse devise de son grand-père, Massinissa : «L’Afrique aux Africains.» Rome, en effet, disposait à sa guise du pays de Jugurtha, d’abord, de ses produits agricoles (ne disait-on pas que ce pays est «le grenier de Rome»), ensuite, de ses hommes qu’elle enrôlait dans ses légions pour les envoyer, comme chair à canon, guerroyer à travers l’Empire.
    Cet appel retentira dans l’Histoire pour devenir, au XXe siècle, le leitmotiv de tous les pays sous domination étrangère : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
    Il est, enfin, un douloureux appel à l’unité des rangs dans le combat commun pour éviter de donner à l’ennemi l’occasion de mettre en application la devise bien connue de toujours, car toujours efficace : «Diviser pour régner.» Jugurtha vécut dans sa chair le résultat tragique de la désunion à travers la trahison du roi berbère voisin, Bocchus, (Boukechouche, son beau-père), qui l’invita chez lui pour ensuite le livrer aux Romains.
    Tous les résistants algériens, plus particulièrement ceux de Novembre 1954, ont visiblement entendu et compris ce message pour le porter par des sacrifices suprêmes jusqu’ à l’indépendance. Aujourd’hui, nous devons nous-mêmes ne pas faire la sourde oreille à ce message sous peine de vivre les dangers contre lesquels il nous met bien en garde, car l’occupation étrangère est sous nos yeux en mesure de se renouveler dans ses formes sans changer dans ses effets.

    L’Algérie de demain
    En 1954, le continent africain demeure colonisé par les puissances européennes, mais en novembre de cette année, sur le sol d’Algérie, éclate une Révolution qui contribuera largement à changer, non seulement, le cours de notre histoire nationale, mais aussi l’évolution du monde. Nous ne sommes pas isolés dans le monde et notre soulèvement entraînera l’émancipation de l’Afrique entière. Il fallait de l’intelligence aux combattants de ce temps-là pour anticiper la redistribution des cartes qui allait se produire six ans plus tard à l’échelle continentale ; il fallait de l’ambition pour donner au peuple algérien un destin qui ne dépende que de ses propres choix ; il fallait une culture, largement partagée, pour puiser, dans les leçons de l’Histoire, la conviction que l’Algérie était un rêve qui avait habité les hommes et les femmes de ce pays, surtout lorsque la liberté leur était confisquée.
    Et si, pour célébrer l’événement de cette date de renaissance, nous repartions vers nos origines, vers les grands noms qui attestent de notre existence en tant que nation dans l’acception moderne du terme ? Si nous redécouvrions les souffrances de celles et de ceux qui nous ont précédés sur notre terre ? Si nous refaisions un parcours dans notre antériorité pour que notre mémoire se rafraîchisse de ce qui nous est arrivé et de ce que nous avons appris comme leçons ?
    Depuis l’épopée des héros de l’opposition à l’Empire romain tels que Massinissa et Jugurtha par exemple, jusqu’aux glorieux militants du mouvement de libération nationale, il se trouva à chacune des pages de notre histoire des hommes et des femmes qui nous ont poussés vers la liberté. C’est qu’ils avaient découvert l’identité de notre pays, ils avaient développé sa culture, ils avaient contribué à construire sa civilisation.
    Cet écrit est une contribution à la célébration de cette date mémorable. Comme toute contribution, elle est appelée à prendre place dans les réflexions que les Algériennes et les Algériens ne manqueront pas d’alimenter à l’heure où le destin se forge dans le rougeoiement des incendies, sous les nuages noirs des menaces, mais aussi sur une terre, au milieu d’un peuple riche de possibilités encore insoupçonnées, mais que l’Histoire révèle à qui sait la lire.
    K. Y.

    1) En conflit ouvert avec Charles Quint
    2) Jeu de paume reste l’un des moments forts de la Révolution française et un acte fondateur de la République.
    3) Rédha Malek : Mohand Cherif Sahli est le précurseur de la critique historique.

    Par Karim Younes

    Le Soir d’Algérie, 31/10/2021

  • Amiral français reconnait la puissance de la marine algérienne

    Amiral français reconnait la puissance de la marine algérienne – L’amiral Pierre Vandier, n’a pas tari d’éloges les Forces navales algériennes qu’il considère de puissantes eu égard à plusieurs indicateurs

    Dans un récent entretien accordé au quotidien Le Télégramme, le chef d’Etat-major de la marine française l’amiral Pierre Vandier, n’a pas tari d’éloges les Forces navales algériennes qu’il considère de puissantes eu égard à plusieurs indicateurs. D’emblée, l’amiral français cite l’exemple des sous-marins de classe Kilo acquis par l’Algérie auprès de la Russie, ou encore corvettes chinoises et les radars Thales.

    En tout cas et pour preuve immédiate au constat du militaire français, l’exercice naval de l’Armée nationale populaire, opéré fin septembre au niveau de Façade maritime Ouest, à Oran, consistant en des tirs de missiles et de torpilles depuis le sous-marin « Djurdjura » de classe Kilo 877 EKM. Une démonstration de forces qui a dû donner une idée au chef de la marine française sur les capacités de frappe des Forces navales de l’ANP.

    Egalement, le fait que la marine algérienne se classe 14e à l’échelle mondiale et troisième dans le bassin méditerranéen a poussé Pierre Vandier à « baisser pavillon » sachant que l’Algérie surclasse la France (17e mondial) dans ce domaine, selon le classement 2021 du site américain spécialisé en défense « Global Fire Power ». « L’Algérie possède désormais six sous-marins russes de type Kilo équipés des missiles de croisière navale Kalibr. Cela change la donne. Elle dispose de corvettes chinoises et de radars fabriqués par Thales que nous n’avons pas encore », a ainsi reconnu le chef d’Etat-major de la marine française à « Télégramme ».

    A s’y méprendre, c’est la première fois, sinon un fait rare, où un chef militaire en poste dans la marine français évoque l’armée algérienne d’autant plus que pour louer le statut de puissance. C’est d’autant en plus que le timing ne s’y prête pas que l’Algérie est en crise diplomatique avec la France à cause des tensions provoqués par les hautes autorités de l’ancienne puissance coloniale. Sur ce, et allusion aux dernières manœuvres des Forces navales algériennes au larges des côtes oranaises, intervenant dans un contexte tendu avec le voisin de l’ouest, l’amiral Vandier, évoque une sorte de course à l’armement dans ce domaine. « Nous sommes entrés dans une ère carnivore sur le plan naval, où la démonstration de force et l’affrontement font partie de la feuille de route des dirigeants de ces puissances navales. Ils se donnent les moyens de changer les règles », a-t-il indiqué non sans faire comprendre qu’il vise l’Algérie par ses propos.

    En tout état de cause, des facteurs d’actualité ont dû pousser l’amiral français pierre vandier à reconnaitre la puissance des Forces navales de l’Armée nationale populaire. D’abord, le fait de démontrer, dans le bassin méditerranéen où l’Algérie dispose de 1200 kilomètres de côtes, ses capacités de frappe dans le domaine de la marine. A noter enfin le dernier classement de GFP qui place l’Algérie deuxième force navale en Afrique, derrière l’Egypte et troisième en méditerranée après l’Egypte et l’Italie.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 31/10/2021

  • La France doit reconnaître tous les crimes de la colonisation

    La France doit reconnaître tous les crimes de la colonisation – Tourner la page de la colonisation, ne signifie en aucun cas la déchirer.

    Il est indéniable que le président Emanuel Macron est, de tous les chefs d’Etat français sous la Vème République, celui qui a fait le plus de pas symboliques sur la voie de la reconnaissance des crimes de la colonisation. Mais il est tout aussi incontestable qu’il est celui qui aura le plus appliqué la devise de « un pas en avant, un pas en arrière ».

    Candidat à l’Elysée en déplacement à Alger en 2017, il avait en effet qualifié les crimes de la colonisation de « crime contre l’humanité », pour mieux rétropédaler une fois revenu en France où il s’est senti contraint de rassurer les différents lobbys de la mémoire et de ménager les électorats de droite et d’extrême-droite qui voient en la colonisation une œuvre de « civilisation » et mettent généralement sur le même pied d’égalité les crimes de la colonisation et la violence anticolonialiste utilisée par les Algériens pour leur indépendance.

    Ensuite, à la faveur du rapport controversé du respectable historien de la colonisation Benjamin Stora, rapport commandé par le président Macron, ce dernier a reconnu un crime symbolique, celui de l’avocat nationaliste Ali Boumedjel. Puis, dans un remarquable exercice de funambulisme mémoriel et de gymnastique électoraliste, il a reconnu les crimes de masse du 17 octobre 1961 pour mieux les attribuer à l’initiative individuelle et isolée d’un simple haut fonctionnaire, et déresponsabiliser ainsi l’Etat français. Un pas en avant, un pas en arrière, devise macronienne par excellence.

    Il semble qu’il conçoit ainsi la meilleure manière de tourner la page douloureuse de la colonisation, dans une sorte d’opération de solde de tout compte où l’Etat français serait globalement exonéré de toute reconnaissance officielle de l’ensemble des crimes de la colonisation et de toutes excuses ad hoc à ce sujet. Mais tourner la page de la colonisation, ne signifie en aucun cas la déchirer.

    Cette vérité intangible avait été rappelée au président Valery Giscard d’Estaing par le président Houari Boumediene, à Alger, en 1975.

    En 2017, ce fut au tour du président Abdelaziz Bouteflika de la rappeler au jeune président Emanuel Macron. A l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’Indépendance, le prédécesseur de M. Abdelmadjid Tebboune lui avait donc affirmé que l’Algérie, lorsqu’elle exerce son devoir de mémoire, elle le fait sans haine à l’égard de la France d’aujourd’hui, malgré le poids des mémoires antagoniques, et en dépit des incompréhensions et des écarts de langage de part et d’autre.
    Une France qui a cependant l’obligation de reconnaître les souffrances incommensurables infligées par la colonisation au peuple algérien durant 132 ans d’occupation. Le «partenariat d’exception» que la France et l’Algérie s’évertuaient tant bien que mal à construire, «gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire», avait alors souligné le président Abdelaziz Bouteflika.

    Je reconnais , j’avoue

    La reconnaissance du long martyre du peuple algérien est plus que jamais une condition politique nécessaire à toute normalisation et à toute forte impulsion des relations bilatérales. Cela pourrait signifier que ce partenariat ne sera jamais d’exception tant que les souffrances endurées par le peuple algérien pendant la nuit coloniale ne seraient pas officiellement reconnues en bloc par l’Etat français. Mais que demandait au juste le chef de l’Etat algérien ? Tout simplement, une reconnaissance des crimes de la colonisation et du confiteor ad hoc (le fameux «je reconnais, j’avoue» chrétien). Il ne s’agit donc pas de repentance qui est mêlée au regret douloureux que l’on a de ses péchés, de ses fautes, et du désir de se racheter, commun aux religions monothéistes.

    Les pays colonisés, dont l’Algérie qui a pâti le plus de la colonisation française, ne se sont pas inscrits franchement dans une approche foncièrement culpabilisante de l’ex-puissance coloniale. Les anciennes colonies de confession musulmane, elles, peuvent même exciper de l’argument religieux qui veut qu’«aucune âme ne portera le fardeau d’autrui, et qu’en vérité l’homme n’obtient que le fruit de ses efforts» (sourate 62 de l’Etoile, versets 37, 38). En tout cas, il n’a jamais été envisagé de demander à la France d’aller à Canossa. D’exiger d’elle une dure pénitence, une douloureuse flagellation.

    Personne ne lui demande donc d’être tondue, en robe de bure, et de s’agenouiller pour demander, assez contrite, le pardon.

    D’ailleurs, ni les Algériens, ni les autres peuples qui ont subi eux aussi le joug de la colonisation française ne veulent l’amener à se couvrir la tête de cendres. Les excuses attendues de la France officielle d’aujourd’hui ne serait en rien une repentance à connotation religieuse et pénitentielle. Elle est juste une simple reconnaissance, c’est-à-dire officielle, des souffrances subies par les peuples qu’elle a colonisés. Et cette reconnaissance ne doit en aucun cas se borner à juste souligner «le caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial», comme l’a fait le président Jacques Chirac en 2005. Ou encore de défoncer une porte ouverte en admettant que la colonisation en Algérie fut «une tragédie inacceptable», comme l’avait fait l’ancien ambassadeur à Alger Bernard Bajolet. Ou, enfin, de dire, banalement il est vrai, comme d’ailleurs le président Nicolas Sarkozy, en 2007, à Constantine, que «le système colonial a été profondément injuste ». Et comme l’ont fait ensuite les présidents François Hollande et Emanuel Macron qui sont restés finalement au stade de la reconnaissance évidente, purement pudique et symbolique, de certains crimes de la colonisation mais pas de l’ensemble des crimes de toute l’ère coloniale.

    L’anti-reconnaissance
    A la réflexion, ce qui est demandé à la France, ce n’est pas tant une reconnaissance officielle globale et des excuses subséquentes, qui seraient cantonnés au seul domaine franco-algérien. C’est un devoir de vérité et de reconnaissance pour toutes les victimes de la colonisation française, quelles que soient leurs origines. En fin de compte, ce n’est pas verser dans le délire mémoriel, encore moins attiser la guerre des mémoires que d’accepter que les anciens peuples colonisés reçoivent comme juste réparation une collective reconnaissance expiatoire qui dénonce, de manière officielle, solennelle et symbolique, le fait colonial.

    Ce n’est pas la mémoire sereinement assumée, c’est évident, qui dresse les murs de l’incompréhension et nourrit la haine de l’Autre. C’est l’anti-reconnaissance, entreprise d’auto-exonération par excellence, qui cependant empêche l’Algérie et la France d’édifier ce « partenariat d’exception » tant vanté en leur temps respectifs par les présidents Jacques Chirac et François Hollande. Ne jamais perdre de vue que le devoir de mémoire est un devoir de vérité, une obligation de reconnaissance. C’est un impératif catégorique de la loi morale envers les vivants qui portent le poids d’un passé toujours lourdement et douloureusement vivace.

    « La honte est dans l’offense et non dans l’excuse », disait au 17ème siècle le Français Pierre-Claude Nivelle, auteur notamment de la pièce théâtrale « La Fausse antipathie ».

    Par Nadji Azouz

    Le Jeune Indépendant, 31/10/2021

  • Medgaz, l’atout maître

    Medgaz, l’atout maître – Dans un contexte exceptionnel, l’Algérie ne passera plus, à compter d’aujourd’hui par le Maroc pour exporter son gaz en Espagne.

    La flambée des prix de l’énergie touche l’Europe de plein fouet. Le prix du gaz a été multiplié par quatre en à peine 6 mois. La hausse a été particulièrement spectaculaire dans certains pays. Les factures d’électricité ont explosé de plus de 35% en un an en Espagne, alors que l’Italie a augmenté ses tarifs pour le gaz de 30% et de 40% pour l’électricité, d’un semestre sur l’autre. En Belgique, où les prix de l’énergie sont les plus élevés d’Europe, ces hausses inquiètent et préoccupent particulièrement les ménages : 20% des ménages belges sont déjà en précarité énergétique avant l’arrivée de l’hiver, une proportion qui atteint un record de 25% en Wallonie. La France n’échappe pas à cette inflation des prix, particulièrement sur le gaz : après une augmentation de tarif de 57% depuis le 1er janvier 2021, c’est une nouvelle hausse des prix du gaz de 12,6 % à partir du 1er octobre.

    Des experts estiment que les tensions sur les prix et l’instabilité des marchés du gaz naturel sont des facteurs qui expliquent la hausse actuelle des prix de l’énergie. Et cette hausse du prix du gaz en Europe est liée à la hausse dans le reste du monde et en particulier en Asie. La moitié des importations européennes provient donc de la Russie, une autre partie de l’Algérie et de Libye. Mais un tiers des importations européennes provient du marché mondial. Ce tiers consiste en du gaz naturel liquéfié, il faut donc le regazéifier pour le mettre dans les tuyaux européens.

    C’est dans ce contexte exceptionnel, à tout point de vue, que l’Algérie ne passera plus, à compter d’aujourd’hui par le Maroc pour exporter son gaz en Espagne. Alger a décidé que les livraisons de gaz à l’Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz. Le contrat d’exploitation, prend fin aujourd’hui et ne sera pas renouvelé. Toutefois, la poursuite des livraisons à l’Espagne se fera sans problème, selon le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, qui affirmait récemment que «L’Algérie, à travers la compagnie Sonatrach, honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires».

    «Toutes les livraisons se feront à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz», a précisé le ministre. Il s’agit, d’une possible extension de la capacité de Medgaz et un accroissement des exportations de gaz naturel liquéfié par la voie maritime.

    Il convient de rappeler que la capacité du gazoduc Medgaz est inférieure à celle du GME : il achemine environ 8 milliards de mètres cubes par an, alors que la capacité du gazoduc GME elle est de 10 milliards. Il opérait déjà au maximum de sa capacité en fournissant un quart du gaz naturel utilisé par l’Espagne. L’Algérie s’est engagée à augmenter la capacité du Medgaz, à 10 milliards de mètres cubes par an.

    Pour couvrir les 4 milliards dont aurait encore besoin l’Espagne, le rythme des exportations de gaz naturel liquéfié par voie maritime de l’Algérie vers l’Espagne pourrait aussi augmenter. Pour ce qui est du Maroc, un arrangement avec l’Espagne pour acheminer du gaz sur le territoire est incertain et pourrait buter sur la clause de destination. Le Maroc doit par ailleurs supporter une perte de revenus engendrés par le passage du gaz algérien sur son territoire, estimés entre 50 et 200 millions d’euros par an.

    Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie, à propos de la possibilité de vente de gaz algérien de l’Espagne au Maroc : Risque de se confronter à la «clause de destination»

    Peut-on parler désormais de rupture définitive ? Oui. L’Algérie officialise sa décision de ne plus livrer du gaz naturel au Maroc, via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), en service depuis 1996. Le contrat de vente de gaz algérien au Maroc ainsi que celui de transit de gaz algérien via le Royaume expirent aujourd’hui. Sollicité par nos soins, le Dr Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie, précise, d’emblée, que parmi «l’Algérie, l’Espagne et le Maroc, c’est ce dernier qui est le grand, sinon le seul perdant».

    Durant 25 ans, explique-t-il, le Maroc «piquait» un peu moins de un milliard de m3/an de gaz algérien pour produire une partie de son électricité à bas prix et engrangeait jusqu’à 200 millions de dollars par an comme droit de passage du GME sur son territoire. «Dès le 1er novembre 2021, le Maroc doit oublier ces avantages, voire ces privilèges, accordés «fraternellement» par l’Algérie un quart de siècle durant, et chercher des solutions de rechange certainement contraignantes tant sur le plan technique qu’économique du moins à court et moyen termes sachant que le marché gazier mondial est en pleine crise».

    Dos au mur, le Maroc envisage d’y remédier par l’utilisation de son tronçon pour recevoir du gaz à partir de l’Espagne. Une option, argumente M. Beghoul, qui suppose que «l’Espagne doit s’approvisionner plus que nécessitent ses besoins et évacuer le surplus vers le Maroc qui doit prendre en charge, financièrement, l’opération d’achat et de transit du gaz depuis la source jusqu’à destination (Maroc)». Autrement dit, «l’Espagne ne pourra pas revendre du gaz algérien au Maroc au risque d’être confrontée à la «clause de destination»». Techniquement incertaine pour la partie espagnole, sinon très onéreuse pour le Maroc, ce scénario ressemble à une quadrature du cercle.

    Côté Algérie, la décision semble sans impact sur l’économie nationale. L’expert en énergie indique que l’Algérie dispose de deux autres gazoducs vers l’Europe-Enrico Mattei vers l’Italie et Medgaz vers l’Espagne-totalisant une capacité opérationnelle d’au moins une trentaine de milliards de m3 et de trois complexes GNL pouvant produire, aujourd’hui, l’équivalent de pas moins de 13 milliards de m3 de gaz. C’est dire que «les capacités algériennes en matière d’exportation, bien qu’ayant chuté, restent en mesure de répondre aux besoins de l’Espagne, quitte à opter pour une route non classique pour son approvisionnement total». Dans cette optique, l’Algérie s’est montrée rassurante avec son partenaire espagnol. Le ministre de l’Energie ne pouvait être plus clair. A travers la compagnie Sonatrach, le pays «honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires». Et d’ajouter : «Nous nous sommes engagés également à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz».

    Avec cette suspension, comment l’Algérie pourra-t-elle maintenir le rythme de ses exportations gazières vers l’Espagne si les volumes prévus dans le Medgaz s’avèrent insuffisants ? Tout compte fait, explique Mohamed Saïd Beghoul, sur le plan pipelinier, «il manquerait environ jusqu’à deux ou trois milliards de m3 pour satisfaire totalement les Espagnols et si ces derniers ne trouveront pas d’autres sources pour faire le plein, l’Algérie a toujours un moyen de les rajouter, soit en équivalent GNL, soit par gazoduc Italie-Espagne si ce lien physique existe dans le cadre du réseau interconnecté européen».

    Sonatrach confirme

    Contrairement à certaines assertions marocaines concernant la possibilité pour le Maroc de s’approvisionner en gaz naturel algérien via l’Espagne, une source de la compagnie Sonatrach affirme que dans le contrat liant l’Algérie et l’Espagne, il existe bel et bien une «clause de destination». La clause de territorialité, dite aussi «clause de destination», accompagne tous les contrats gaziers de Sonatrach empêchant ses clients d’écouler le gaz algérien importé hors de leurs frontières.

    El Moudjahid, 31/10/2021

  • Fin de contrat pour le GME : Passage de relais au Medgaz

    Fin de contrat pour le GME : Passage de relais au Medgaz – Le contrat régissant le GME qui expire juridiquement, à cette échéance, ne sera pas renouvelé

    Le gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui assurait l’alimentation de la péninsule ibérique et le Portugal en gaz naturel algérien via le Maroc, durant vingt-cinq longues années, cessera officiellement de fonctionner, aujourd’hui à minuit, pour passer le relais au Medgaz

    Le contrat régissant le GME qui expire juridiquement, à cette échéance, ne sera pas renouvelé. Le président de la République avait officiellement tranché la question, au début de mois d’octobre, lors d’une rencontre avec les médias nationaux, en affirmant que, les autorités algériennes ont, en effet, convenu avec les Espagnols de les approvisionner en gaz naturel via le pipeline Medgaz, et d’assurer, qu’en cas d’imprévus, l’approvisionnement se fera par navires algériens sous forme de gaz liquéfié.

    Des propos censés rassurer le partenaire espagnol d’autant plus que l’Algérie est le premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, et que ses exportations représentent, à elles seules, près de la moitié du volume de la consommation annuelle de gaz de l’Espagne. La décision des autorités algériennes de ne pas renouveler le contrat d’exploitation du GME, en dépit de l’insistance du palais royal pour son maintien, est intervenue, pour rappel, en guise de réaction aux «actes hostiles», et «provocations» du Maroc à l’endroit de notre pays. Cette démarche, est-il utile de le souligner, a suivi la rupture des relations diplomatique, entre les deux pays, depuis le 24 août dernier, à l’initiative de l’Algérie après que les tensions entre les deux pays aient atteint leur paroxysme.

    Ainsi, à partir du 1er Novembre, le gaz algérien ne transitera plus par le voisin de l’ouest qui tirait du GME près d’un milliard de m3 destinés à la production de 10% de ses besoins en électricité, en plus du bénéfice des revenus générés par les droits de passage du gazoduc sur son territoire qui lui rapportaient entre 50 et 200 millions de dollars par an, suivant l’évolution des prix du gaz sur le marché international.

    Opérationnel depuis 1996, le gazoduc GME, principale source d’approvisionnement de l’Espagne, d’une capacité de transport de 13,5 milliards de mètres cube de gaz, assure le tiers des approvisionnements en gaz naturel algérien de l’Espagne à partir de Hassi R’mel sur une distance de 1400 km dont 540 km traversant le Maroc. Ce passage du GME au Medgaz, gazoduc sous-marin, inauguré en 2004, reliant directement l’Algérie à l’Espagne en passant par Béni-saf (Ain Témouchent) n’affectera en rien les capacités d’approvisionnement de l’Algérie qui est à la hauteur de ses engagements contractuels, a rassuré le ministre de l’Energie et des Mines.

    Mohamed Arkab a annoncé, à ce propos, que les capacités de chargements du gaz naturel de Medgaz, actuellement estimées à 8 milliards de m3/an seront augmentées à 10,5 milliards m3 vers la fin de l’année, en plus du recours au potentiel du pays en gaz liquéfié pour satisfaire la demande espagnole en cas de besoins supplémentaires. Le ministre de l’Energie et des Mines a assuré, à ce titre que, «l’Algérie, à travers la compagnie Sonatrach honorera ses engagements avec l’Espagne, relatifs à l’approvisionnement en gaz naturel» et qu’elle reste disposée «à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires».

    Dans le même contexte, Mohamed Arkab a affirmé que la partie algérienne également «à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations en trouvant, en Algérie, via le gazoduc Medgaz, et les complexes de conversion de gaz». Ainsi, l’Algérie aura apaisé les appréhensions du partenaire espagnol qui s’est déclaré rassuré à ce sujet, lors des discussions, récemment à Alger, entre le ministre algérien de l’Energie et des Mines et, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera. Cette dernière a, en effet, déclaré avoir été informée des «dispositions prises pour continuer à assurer, de la meilleure manière, les livraisons gazières à travers le Medgaz, selon un calendrier bien déterminé».

    D. Akila

    El Moudjahid, 31/10/2021

  • Algérie. La force d’une grande histoire

    Algérie. La force d’une grande histoire – les Algériens trouveront dans leur passé révolutionnaire et dans leur longue lutte contre la France coloniale, cette union qui leur a permis de dépasser et vaincre toutes les difficultés.

    Les Algériens célèbrent lundi le 67ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse guerre de libération nationale. Un premier novembre qui coïncide avec une conjoncture particulière où les ennemis de la nation redoublent de manipulations et de provocations face à un peuple qui continue de pas ferme sa glorieuse marche vers le développement avec la même jalousie pour sa souveraineté et la même foi inébranlable dans sa force.
    Une force puisée des convictions de ces hommes, qui tout au long de la période coloniale, n’ont jamais abdiqué ou renoncé malgré la terrible barbarie exercée pendant plus de 132 ans par un colonisateur qui a eu recours à toutes les horreurs pour faire plier le peuple algérien, qui a toujours trouvé la force et les ressources pour se relever et se défendre à travers les résistances populaires aux quatre coins du pays jusqu’au déclenchement de la guerre de libération en ce jour béni du 1er novembre 1954.

    Aujourd’hui que les sales campagnes se multiplient contre nos pays, fomentées par le colonisateur d’hier et un makhzen haineux qui est allé jusqu’à s’allier avec l’ennemi juré de la nation arabe et musulmane qu’est l’entité sioniste, les Algériens trouveront dans leur passé révolutionnaire et dans leur longue lutte contre la France coloniale, cette union qui leur a permis de dépasser et vaincre toutes les difficultés.

    La France, le Maroc et son allié sioniste trouveront à qui parler s’ils jamais ils oseront tenter une quelconque action contre notre pays, comme l’a clairement signifié le président Abdelmadjid Tebboune dans sa rencontre avec les représentants de la presse nationale le 9 octobre dernier « Certes, avait déclaré le chef de l’État, il n’est pas facile d’aller vers un affrontement direct, mais l’Algérie ira vers cette éventualité en cas d’extrême nécessité. Qui nous cherche nous trouve» a asséné le président Tebboune, qui rappellera à la même occasion à la France que «le temps de la colonie est révolu, la France doit changer d’approche, elle doit savoir que l’Algérie n’abdique à personne, elle est fidèle au serment de ses valeureux martyrs».

    Des mots qui résonnent avec force et ravivent la fierté légendaire de tout un peuple, en cette veille de commémoration d’un premier novembre bien particulier pour l’Algérie et les Algériens convaincus de leur destin commun et de leur force face à toutes les épreuves. Notre histoire est là pour le rappeler à tous nos ennemis.

    Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 30/10/2021

  • Corruption: Nouvelles révélations sur l’affaire SNC-Lavalin

    Corruption: Nouvelles révélations sur l’affaire SNC-Lavalin – La Société canadienne a eu recours aux services du conseiller financier Hugh Thurston pour payer des pots-de-vin en Algérie»

    «Il y a une vingtaine d’années», la Société canadienne «SNC-Lavalin a eu recours aux services du conseiller financier personnel de l’ancienne Première ministre britannique Margaret Thatcher pour payer des pots-de-vin en Algérie», selon le quotidien québécois ‘La Presse’, citant une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

    Les nouvelles révélations concernent le projet du Complexe gazier de Rhourde Nouss, gigantesque installation construite dans la région d’Ouargla. «Il a été développé en partie par SNC-Lavalin pour la Société d’État algérienne Sonatrach, à partir de la fin des années 1990», écrit ‘La Presse’ dans un article intitulé «L’Algérie revient hanter SNC-Lavalin» publié jeudi dernier.

    Selon la même source, l’enquête «affirme clairement que des pots-de-vin ont été versés» via un «nouveau canal» qui «impliquerait un lien très ancien entre un cadre de l’entreprise et un acteur important dans le monde de la Finance offshore», précisant que ces «allégations» concernent des «personnes qui ne travaillent plus pour la multinationale» et «ne sont accusées de rien à ce stade».

    Le journal rapporte qu’une «perquisition pour aller chercher des documents additionnels au siège social de SNC-Lavalin» menée en février 2020, concernant un contrat de construction d’un pont routier ‘Jacques-Cartier’ (à Montréal, ndlr), «attribué au consortium de SNC-Lavalin, le 12 octobre 2000», a permis le «dépôt d’accusations de fraude contre l’entreprise et deux ex-cadres, le mois dernier (le fonctionnaire corrompu mis en cause dans cette affaire avait déjà été condamné en 2017 après avoir admis les faits)».

    Ainsi, «un cadre de l’entreprise montréalaise aurait contacté un mystérieux conseiller financier installé dans le paradis fiscal de Jersey» avant de lui envoyer une «ébauche de contrat qui devait permettre de faire transiter des paiements de près de 2 millions de dollars, à travers une société-écran» détenue par Hugh Thurston ancien «conseiller financier personnel de l’ancienne Première ministre britannique Margaret Thatcher», ajoute la même source.

    «Selon la GRC, le mystérieux financier de Jersey avait déjà aidé la firme par le passé par l’entremise de son entreprise personnelle, qui agissait comme «représentant» de SNC-Lavalin en Algérie», précise-t-on. «Cette compagnie de représentant a été utilisée par SNC-Lavalin International pour des paiements de pots-de-vin à certains individus en relation au projet Rhourde Nouss en Algérie», ajoute ‘La Presse’, citant l’enquête de la GRC.

    Si, finalement, l’opération de faire transiter des paiements de près de 2 millions de dollars, dans le cadre du contrat du pont ‘Jacques-Cartier’, n’a pas transité par la société écran de Hugh Thurston, elle a été réalisée via une autre «société de consultants établie au Liban». «Les comptes en Suisse de cette société auraient ensuite servi à transférer discrètement 2,2 millions de dollars au P-DG de la Société des ponts fédéraux qui avait truqué l’appel d’offres pour les travaux du pont Jacques-Cartier», lit-on dans l’article, qui précise que «la dépense aurait faussement été imputée dans les comptes de l’entreprise à des frais de représentation pour des projets en Algérie et en Libye». Invité à réagir, «un porte-parole de SNC-Lavalin affirme que l’entreprise n’a jamais eu vent que le versement allégué de pots-de-vin liés au projet gazier de Rhourde Nouss avait fait l’objet d’une enquête policière, ce qui laisse entendre que le dossier n’a peut-être pas été plus loin», écrit ‘La Presse’. L’enquête canadienne estime qu’un «troisième cadre s’était rendu coupable de fraude». Il s’agit de «Michael Novak, ancien président de la division SNC-Lavalin International, qui a quitté l’entreprise en 2013» qui, selon des «documents judiciaires», «a signé des conventions destinées à autoriser les paiements faussement attribués aux projets en Libye et en Algérie, alors que l’argent était en fait destiné à un fonctionnaire canadien corrompu». Selon l’article, «l’ambassade d’Algérie à Ottawa n’a pas donné suite» à la «demande de commentaire» du journal.

    par M. Mehdi

    Le Quotidien d’Oran, 30/10/2021

  • Algérie. Hanoune (re) monte au front

    Algérie. Hanoune (re) monte au front – Depuis sa sortie de prison, en février dernier, Mme Hanoune s’est quelque peu occupée du recouvrement de sa santé et son mental en observant un silence assourdissant

    La secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Mme Louisa Hanoune, disparue des radars depuis quelques temps, vient brusquement de remonter au front de la bataille politique en envoyant ses premiers obus en direction du gouvernement Benabderrahmane. Profitant de la réunion du secrétariat politique de son parti hier à Alger, la pasionnaria s’en est violemment pris au gouvernement l’accusant de vouloir attiser la tension à travers son projet de loi de finances.

    En effet, la patronne du PT a sèchement pointé la volonté du gouvernement s’appauvrir davantage de larges catégories de la population à travers la surpression des transferts sociaux et leur remplacement par une indemnité destinée aux familles dites « nécessiteuses ». Pour Louisa Hanoune, cette mesure s’apparente à une « déclaration de guerre économique et sociale à la majorité de la population ». Le ton est extrêmement fort.

    Depuis sa sortie de prison, en février dernier, Mme Hanoune s’est quelque peu occupée du recouvrement de sa santé et son mental en observant un silence assourdissant, elle qui a la réputation d’être souvent en embuscade pour bombarder les gouvernements successifs qu’elle accusait de visées ultra libérales.

    Et cette fois encore, elle n’a pas raté l’occasion pour briser le silence ambiant en assénant rudement ses « vérités » sur le projet de loi de finances porteur d’après elle, de potentiels dangers sur le pouvoir d’achat des Algériens. Elle en veut pour preuve, que la surpression des transferts sociaux va précipiter « 80 % » de la population dans la précarité.

    Et de se demander si le gouvernement est « conscient qu’il est en train de rallumer lui-même la mèche de la seconde de vague de la révolution populaire ? ». Pis encore, Louisa Hanoune accuse l’exécutif de vouloir contenter les appétits des parties étrangères » au marché algérien à travers l’article 50 du projet qui met fin aux transferts sociaux.

    Elle le soupçonne également de préparer la privatisation des entreprises et les services publics au prétexte d’attirer l’investissement. C’est dire que Louisa Hanoune a repris ses batailles de prédilection dont le social et l’économique constituent un carburant aussi inépuisable qu’inflammable.

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 30/10/2021

  • Algérie : TF1 joue les trublions

    Algérie : TF1 joue les trublions – La demande d’accréditation de TF1 soumise récemment à l’Algérie en vue, dit-elle, de réaliser une série de sujets sur notre pays sent l’avant-goût d’une mission médiatique belliqueuse.

    Laquelle, comme les précédentes, vise un seul objectif : ternir l’image de l’Algérie sur la tribune internationale, le tout sur fond du vieux cliché usé et abusé selon lequel le régime et les hautes autorités en place en sont « responsables ». Derrière, il n’y a qu’à rappeler une entreprise malsaine impliquant le groupe Bouygues- propriétaire de TF1- en Algérie pour comprendre mieux les intentions de cette chaîne de télévision. Après le reportage subversif et truffé de mensonges sur le phénomène de l’immigration clandestine à travers lequel la très officielle Agence française de presse a ouvert une brèche pour diffamer les autorités algériennes et dire le mal de ses institutions, la première chaîne de télévision publique française prend le relais de cette énième attaque d’une rare violence par laquelle ces médias veulent semer le trouble en Algérie. En effet, selon des sources sûres, TF1 a, tout récemment, déposé auprès des autorités algériennes une demande d’accréditation pour la réalisation d’une série de sujets sur notre pays.

    La chaine française inféodée à l’Elysée, à l’establishment français et vouant un attachement sans faille aux thèses sarkozistes s’affaire, ainsi, « à pied d’œuvre » cette fois-ci, à une autre mission commanditée en haut lieu qui vise à déstabiliser l’Algérie. Une demande qui, en temps normal, aurait, peut-être, été perçue comme un exercice médiatique courant. Sauf que, le timing prête à toutes les interrogations. Et pour cause, la dernière campagne française contre l’Algérie entamée et dirigée par le président Macron lui-même, et à l’origine d’ailleurs des tensions et de la brouille diplomatique entre Paris et Alger, fait toujours sentir ses relents et est toujours d’actualité. C’est ainsi qu’à l’occasion de la célébration par l’Algérie de sa révolution triomphale du 1er novembre 54, TF1 veut agiter le spectre de la mémoire coloniale, en falsifier les faits selon le bon vouloir de l’Elysée, et de-là attaquer l’Algérie, ses institutions, son Président et son Armée comme classique.

    Tapis derrière l’écran de cette chaîne de télévision, les propriétaires, à savoir le groupe Bouygues, vouent une haine particulière envers l’ancien ministre de l’Habitat, sinon l’actuel président de la République. Et pour cause, le nom de la filiale construction du groupe français n’a pas été retenu pour la réalisation du projet de la Grande mosquée d’Alger. Lequel projet a été confié à la compagnie publique chinoise « CSCEC ».

    On s’en rappelle toujours des déclarations tenues alors par l’ancien ministre Tebboune. « Bouygues pensait qu’il allait obtenir le projet. Comme s’il était dans la maison de papa. Il n’a pas eu la mosquée et ne l’obtiendra pas ». Fort à parier donc que Bouygues, du reste très introduit au Maroc et fort lié au Makhzen, veut utiliser son groupe audivisuel pour s’attaquer au chef d’État algérien.

    Début octobre, le locataire de l’Elysée a tracé la voie et le ton donné aux affidés et aux nostalgiques de « l’Algérie française » a été des plus provocateurs. Car, poser des doutes sur l’existence de la Nation algérienne 67 ans après le déclenchement de sa lutte armée, qui a eu raison de l’une des plus puissantes armées coloniales de l’époque, relève d’une agression caractérisée assumée par l’Etat français. Le temps du tutorat sur l’Algérie est révolu depuis 54 déjà et davantage aujourd’hui. le 10 octobre, le président Tebboune a été clair à ce sujet, autrement que la France doit « oublier » que l’Algérie a été une colonie française.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 30/10/2021

  • La marine algérienne rivalise avec les grandes puissances

    La marine algérienne rivalise avec les grandes puissances – Selon l’amiral français Pierre Vandier, l’Algérie possède désormais six sousmarins russes de type Kilo équipés de missiles croisière navale Kalibr, cela change la donne.

    Les forces militaires françaises ont reconnu officiellement la puissance des forces navales algériennes qui se sont développées de manière extraordinaire au cours de ces dernières années, en se dotant notamment de sousmarins susceptibles de changer la donne et lui permettant de rivaliser avec les grandes puissances.

    C’est ce qu’a avoué l’amiral français Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine française dans un entretien a Télégramme: «L’Algérie possède désormais six sousmarins russes de type Kilo équipés de missiles croisière navale Kalibr», «Cela change la donne».

    «Je dis a mes troupes, ajoute l’amiral français: “nous sommes dans une ère carnivore sur le plan naval….”».

    A propos toujours des forces navales algériennes, l’officier français a fait savoir également qu’ «Elle [Algérie] dispose de corvettes chinoises et de radars fabriqués par Thalès que nous n’avons pas encore».

    «Je dis a mes troupes: “nous sommes dans une ère carnivore sur le plan naval, où la démonstration de force et l’affrontement font partie de la feuille de route des dirigeants de ces puissances navales”», a souligné l’amiral Vandier, avant de constater: «Ils se donnent les moyens de changer les règles».

    Un site d’information français a également publié un rapport dédié aux forces navales algériennes -qui deviennent l’une des grandes puissances en Méditerranée- en se référant au rapport de “Menadefense” évoquant la réception par la réception de l’Algérie de son 5e sousmarin russe de type “Kilo 636”.

    Le 29 septembre dernier a Oran, dans l’ouest de l’Algérie, la Marine algérienne a testé, pour la deuxième fois dans des manœuvres avec munitions réelles, ses deux derniers sous-marins de classe Kilo 636 acquis auprès de la Russie, a indiqué un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

    Echourouk online, 30/10/2021