Catégorie : Algérie

  • Tunisie-Algérie: Une visite et des attentes

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    Attendue prochainement en Tunisie, la visite du Président Tebboune chez le voisin de l’Est intervient dans un contexte politique très particulier. De prime abord, la visite porte un message clair, le soutien et la solidarité du peuple et du gouvernement algériens avec la Tunisie, «particulièrement en cette étape délicate», comme l’a souligné le président Tebboune lors du dernier entretien accordé à des médias locaux.

    Aussi, cela permettra de casser l’isolement et les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie, qui aura l’occasion grandeur nature, d’une visite d’Etat, de montrer au monde que le pays est en voie de retrouver sa stabilité politique avec la formation d’un gouvernement dirigé pour la première fois de l’histoire par une femme, en l’occurrence la Première ministre Najla Bouden. Mais, on n’en restera certainement pas au stade des messages et de la parade médiatique lors de cette visite. Car, la Tunisie a bien besoin de soutiens concrets après les pressions dont elle fait l’objet de la part de la France, des Etats-Unis et du Canada, notamment, en tant que puissances qui peuvent avoir une influence directe sur la Tunisie par le biais de différents mécanismes financiers et diplomatiques.

    Le Président Kaïs Saïed a récemment exprimé à l’ambassadeur américain en Tunisie le mécontentement de son pays après l’inscription de l’état de la démocratie en Tunisie à l’ordre du jour des travaux de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des Etats-Unis (Congrès), mais cela ne suffit pas à faire changer d’opinion aux membres de la Commission des Affaires étrangères du Congrès US.

    Certains y voient même un «droit de regard» de la politique extérieure US que de disséquer la situation au niveau des pays qui bénéficient de l’aide financière américaine. Voilà où se situe la problématique, la Tunisie bénéficie depuis presque une décennie d’un soutien financier et technique très important de la part des Etats-Unis, visant essentiellement le renforcement de la démocratie et la croissance économique, et les membres de la Commission étrangère du Congrès US estiment qu’ils ont le plein droit d’inscrire la question de l’état de la démocratie en Tunisie à l’ordre du jour de leurs travaux pour décider, justement, du maintien ou le retrait de leur aide financière. Pour eux, donc, il ne s’agit nullement d’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie.

    Dans ce sens, la prochaine visite du Président Tebboune devrait conforter l’image d’une Tunisie qui avance avec des pas sûrs vers un retour à la normale démocratique.

    Quant à la position de la France, le président français a lourdement influé sur la décision du report du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie, qui devait se tenir à l’île de Djerba au mois de novembre prochain et qui a été reporté d’une année, en raison de la situation politique interne en Tunisie, noircie par les opposants tunisiens, eux-mêmes.

    Sous l’influence d’une partie de la diaspora tunisienne, de l’ex-président Moncef El Marzouki, qui ne se cache pas d’avoir contribué au report du sommet en question, la France qui a une influence morale et financière sur l’événement qui regroupe près de 88 chefs d’Etat, a poussé à ce report, alors que certains pays membres ont milité pour remplacer la Tunisie et organiser le sommet le mois prochain.

    La Tunisie en butte à de sérieux problèmes politiques et économiques subit les contrecoups d’une hostilité occidentale qui n’est pas vraiment naturelle. Que peut faire l’Algérie pour aider la Tunisie à dépasser tous les antagonismes ? C’est à cette question que devrait répondre la prochaine rencontre entre les présidents Tebboune et Saïed.

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le Quotidien d’Oran, 16/10/2021

  • Macron, prêt à une dégradation des relations avec l’Algérie

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    POUR CONFORTER SA POSITION DANS LA COURSE À LA PRÉSIDENTIELLE : « Macron est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie »

    L’historien et politologue français, Olivier Le Cour Grandmaison estime que le président Emmanuel Macron « est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie » si cela lui permet, a-t-il affirmé, dans un entretien à l’APS, «de conforter sa position de leader dans la compétition électorale en cours », pour la présidentielle française prévue dans six mois. À une question sur l’impact des déclarations du locataire de l’Élysée contre l’Algérie, au lendemain de sa réception d’une délégation de Harkis et dans un contexte politico-médiatique rythmant la campagne de la présidentielle française sur des dossiers chèrs à l’extrême droite et la droite en France, l’historien Le Cour Grandmaison affirme que « Macron, en bon opportuniste se plie au sinistre air du temps politique qui est celui de la France ». L’auteur du livre « La République impériale : politique et racisme d’État » publié en 2009, après avoir relevé, que nul ne lui échappe l’ entrée en course du président Macron dans la campagne présidentielle française, il précise que « Emmanuel Macron est en campagne pour sa réélection dans un contexte de radicalisation des droites de gouvernement qui cèdent toutes aux violents discours racistes, xénophobes et islamophobes d’Eric Zemmour, sans oublier le Rassemblement national » affirme le politologue, Olivier Le Cour Grandmaison.

    Des observateurs de la scène française relevant que l’enjeu principal de la future présidentielle, étant l’ombre de l’abstention qui n’a cessé de prendre de l’espace et planer sur les élections en général en France, soulignent que les conditions socio-économiques difficiles des Français, aggravées avec plus de deux ans de pandémie sanitaire ont animé le sentiment de rejet de la classe politique française, qui vacille, selon eux entre le discours de droite et de l’extrême-droite, éviter le débat politique sur les raisons de cette faillite et les questions fondamentales , liées, à la retraite, les pertes d’emplois, le chômage, le recul voire l’abandon de services publics, de la santé, de l’Éducation ect..

    À six mois de la présidentielle alors que les Français sont plongés dans les inquiétudes de la baisse du pouvoir d’achat et qu’aucune perspective de réponses rassurantes en matière d’amélioration de la vie socio-économique, de la majorité des français, le parti du président Emmanuel Macron, se préoccupe des échos et des impacts des propos et de la propagande d’Eric Zemmour. Des médias français rapportent dans ce cadre que le parti de la République en Marche « se réjouit de la montée d’Eric Zemmour, car, plus il affaiblit Le Pen, plus il favorise Macron ». Hier, le spécialiste du train de vie de l’État français, René Dosière, président de l’Observatoire de l’éthique publique a annoncé que « 160 millions d’euros par an, c’est ce que coûterait chaque année la quarantaine de cabinets ministériels du gouvernement de Jean Castex » et de préciser que « cela en ferait le gouvernement le plus coûteux de la Ve République » selon René Dosière, l’ex-député PS et de noter qu’ «qu’il s’agit d’un des gouvernements les plus nombreux : plus de ministres, de collaborateurs, avec des rémunérations toujours élevées mais qui ont tendance à diminuer ces dernières années ».

    Emmanuel Macron et des acteurs politiques reprennent les thèmes de l’extrême-droite en les recyclant dans « un verbiage républicain jugé plus présentable »

    La mise en avant sur la scène médiatique française de voix porteuses de discours de haine et de racisme, notamment à travers celui qui a été le produit final de cercles politico-médiatiques, d’un processus entamé, depuis la fin des années 80, vise le maintien de la surmédiatisation de l’orientation du gouvernail du débat politique de la présidentielle, sur les questions fondamentales de l’extrême-droite, portée depuis les années 80, par Jean Marie Le Pen et son mouvement, avant de les céder en héritage, à sa fille, chef de file du RN, Marine Le Pen. Celle-ci qui tente sa dernière chance d’une présidentielle française, que son père avant elle n’a pas réussi certes à gagner mais dont les campagnes électorales leur ont permis de diffuser leur idéologie d’extrême-droite vient de se voir bousculer par un nouveau son, celui d’Eric Zemmour, mais non une nouvelle voix en faveur de l’extrémisme et la haine et contre la diversité de la société française, pointe le danger de tout ce qui n’est pas français de souche.

    Un contexte qui ne pouvait échapper à celui qui propulsé par les milieux de la finance et du Capital, lors de sa première campagne électorale présidentielle, en s’appuyant sur l’éclatement du parti socialiste PS et les turbulences du centre droit et de la droite, le locataire de l’Elysée semble bien profiter des sorties politico-médiatiques de Zemmour pour s’alimenter et alimenter le débat de la présidentielle et lui donner une orientation, sur des questions en direction exclusivement des électeurs de la droite et l’extrême droite. Pour Le Cour Grandmaison qui a publié en 2005, « Coloniser, exterminer : Sur la guerre et l’État colonial », les déclarations irresponsables et agressives du président de la France sur l’Algérie et son peuple, ce sont « des propos liés à cette conjoncture et à sa volonté de courtiser un électorat de droite dont il a absolument besoin », estimant que le président français « est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie si cela lui permet de conforter sa position de leader dans la compétition électorale en cours ».

    Poursuivant , l’historien et politologue La Cour Grandmaison, indique que « pour lui (le président Macron) , comme pour beaucoup d’autres, lutter contre les extrême-droites consiste désormais, depuis longtemps hélas , à reprendre certains de leurs thèmes en les recyclant dans un verbiage républicain jugé plus présentable », relevant que « l’ensemble est maintenant désigné par un vocable très en vogue, celui de –régalien- qui inclut évidemment les questions sécuritaires ».

    Les acteurs politiques en France, notamment ceux et celles mis sous les projecteurs des médias, loin d’être dans le cadre de la liberté de la presse et d’opinion, dans un espace médiatique ou la part des grandes marques pèse lourdement. En 2019, les groupes des Arnault, Bolloré, Bouygues, Lagardère, Drahi, Pinault, Niel, Pigasse, Dassault et Baylet ont engrangé plus de la moitié des aides publiques à la presse (61%), soit un peu plus de 54 millions d’euros, dont 13 millions pour le seul groupe de Bernard Arnault, révèle récemment une campagne autour d’ appels à agir pour aider le journalisme indépendant, au service du public, relayé, par Mediapart.

    Des groupes économiques puissants qui sont confortés dans des débats ou les questions de fond préoccupant de larges couches de la société française, de divers horizons, sont absentes, telles le modèle socio-économique, les choix économiques, l’écologie, les changements climatiques ect.. Pour cet universitaire, « ce vocable truffe les discours de ceux qui soutiennent la majorité présidentielle et qui cherchent à passer pour sérieux, responsables et à l’écoute des Français, comme ils disent ». « C’est ainsi que ces thèmes se trouvent aujourd’hui au plus haut de l’agenda politique de nombreux candidats à l’élection présidentielle », a-t-il conclu.
    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 16/10/2021

  • Algérie-France : la chanson douce du déni

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    Les propos d’Emmanuel Macron continuent de faire des vagues. Et non des moindres. Cette fois c’est sur la langue française que le ton monte.

    Ton présent…chaque fois que les relations algéro-françaises sont secouées par le « je t’aime moi non plus ».

    Et c’est dans cette foulée, que le directeur de l’enseignement supérieur au ministère du même nom, a annoncé mercredi passé, que l’essentiel du programme pédagogique des deux écoles supérieures de mathématiques et d’intelligence artificielle, nouvellement créés, sera en anglais.

    Mesure populiste ou rythme ternaire habituel des brouilles et qui se tassera comme d’hab ?

    Sous les fâcheries, le pluriel des discordes et le singulier du butin de guerre, comme disait Kateb Yacine ?

    Mais la vraie question est : a-t-on les moyens, tous les moyens, humains, pédagogiques, techniques pour amorcer un virage à 360°, et troquer l’anglais pour le français dans les plus hauts paliers de notre enseignement supérieur ?

    La réponse envoie paître la langue de Shakespeare avec La Chèvre de Mr Seguin. Et la question paraît aussi improbable que la dissipation du « Fog » dans les hauts du Hurlevent.

    En réalité , pour réaliser la prouesse de congédier le français , il faudrait s’y mettre dès les premières initiations du primaire, après avoir formé pendant des années, les instits, les profs, les S.G, les proviseurs et changer de but en blanc tous les outils pédagogiques en anglais. Ce qui n’est pas une sinécure.

    Butin de guerre a dit Kateb…Alors utilisons le, ce butin.

    Et disons à Macron que ses sonnets et ses alexandrins, récités à des gosses qualifiés de petits enfants de la guerre d’Algérie, sentent la chanson douce du déni que pérore Zemmour et qui lui met l’eau à la bouche.

    Et affrontons le dans sa langue, en lui donnant le la, et lui rappeler que la mémoire ne peut être une rente, car elle est marquée par tant de saloperies coloniales que même Prévert ne pourrait inventorier. Et qui vont de l’enfumade au napalm , du pillage au saccage , de la torture à la corvée de bois.

    Macron voulant à tout prix se faire réélire à l’Elysée ? Il le peut aisément mais sans marcher sur le cadavre encore fumant…d’une mémoire saccagée par 132 ans de génie civilisateur français.

    Madjid Khelassi

    La Nation, 10/10/2021

  • Algérie: Polémique à cause d’une chanson de Fayrouz

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    Des sources au sein de la direction nationale de radio nationale ont démenti ce vendredi 15 octobre l’information sur « le licenciement » du directeur de la radio locale de Constantine après la diffusion d’une chanson de la diva libanaise Fayrouz glorifiant “Jésus Christ” , précisant que le directeur de la radio a effectivement été écarté mais n’a pas été licencié et ce pour « des considérations liées à la gestion de la station et non comme rapporté par les médias après la diffusion d’une chanson de Fayrouz».

    En effet, plusieurs sources médiatiques ont annoncé mercredi que la diffusion par la radio locale de Constantine, Cirta FM, d’une chanson de la diva libanaise Fayrouz glorifiant le Christ a couté son poste au directeur de la chaine radiophonique, Mourad Boukerzaza, une information qui a suscité incompréhensions et interrogations au sein d’une partie de la population de la capitale de l’Est et même au-delà.

    Une polémique qui n’a pas laissé aussi indifférents plusieurs médias occidentaux diffusant en langue arabe notamment, à l’image de la chaine anglaise BBC-arabic. Le présentateur d’une émission s’est interrogé en effet sur l’intérêt de telles mesures après la « diffusion d’une simple chanson de la diva libanaise, dont le riche répertoire dépasse les 2 500 tubes ». Ou encore la chaine d’information européenne diffusant en continue, Euronews. Un long article a été publié sur le site du média où il a aussi été question de mettre en valeur des réactions sur leurs pages Facebook de journalistes algériens comme Fadhila El-Farouk ou encore Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme.

    Les mêmes sources précisent qu’une animatrice « collaboratrice » à l’origine de la programmation de la chanson « Ya Yasou’a el hayat noadhimak » (Ô Jésus christ la vie nous te glorifions) de Fayrouz, lors de la diffusion d’une émission «Aghani ezzamene el-djamil » (les Chansons de la belle époque) a été remerciée.

    « Cette chanson aurait été considérée comme non diffusable à l’antenne d’une radio algérienne en raison de son aspect glorificateur d’une religion qui n’est pas celle de l’Etat algérien », explique la même source.

    Cette affaire n’est pas la première. En avril 2021, un groupe d’avocats avait saisi par écrit le président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav), Mohamed Louber, pour protester contre « la glorification » du christianisme à la radio publique algérienne, la chaine3 en l’occurrence, après la diffusion par cette dernière de cantiques et de chants liturgiques chrétiens lors de cérémonies chrétiennes à l’occasion de fêtes religieuses.

    Les signataires avaient considéré ces diffusions comme « une atteinte aux sentiments des musulmans » et une violation de la Constitution « qui dans son article 2 considère l’islam comme une religion d’Etat ». Ils avaient demandé au président de l’ARAV de prendre toutes les mesures pour « arrêter la diffusion de tels programmes » qualifiés d’offensants et de « sanctionner les responsables ».

    La même source précise qu’une réponse leur ait été donné précisant que la chaîne 3 de la radio nationale qui diffuse en langue française est autorisée depuis des années à diffuser des cérémonies religieuses notamment des messes et prières à l’occasion de fêtes religieuses chrétiennes afin que la minorité chrétienne présente en Algérie puisse trouver un espace à la radio algérienne.

    Le Jeune Indépendant, 16/10/2021

  • Une « sanglante répression » contre des Algériens à Paris

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    Il y a 60 ans, le 17 octobre 1961, 30.000 Algériens, venus manifester pacifiquement à Paris subissent une violente répression. Bilan officiel : trois morts et une soixantaine de blessés, très loin de la réalité selon les historiens. Nous sommes six mois avant que les accords d’Evian ne scellent l’indépendance de l’Algérie, encore française. Les « Français musulmans d’Algérie » affluent depuis leurs bidonvilles en banlieue ou les quartiers populaires parisiens où ils vivent.

    A l’appel de la branche du Front de libération nationale (FLN) installée en France, les manifestants ont bravé l’interdiction décrétée par le préfet de police, Maurice Papon (qui sera plus tard condamné pour complicité de crimes contre l’humanité, dans les années 1990, pour son rôle dans la déportation des Juifs de France pendant la Seconde Guerre mondiale). Ces manifestants vont subir la répression la plus meurtrière en Europe de l’Ouest depuis 1945, selon l’historien Emmanuel Blanchard. Quelque 12.000 manifestants sont raflés ce jour-là par la police. Des cadavres criblés de balles ou marqués par les coups seront repêchés dans la Seine les jours suivants. Bien plus que le bilan officiel. En 1988, Constantin Melnik, conseiller au cabinet du Premier ministre Michel Debré pendant la guerre d’Algérie, estimera que les « exactions » de la police ont fait une centaine de morts, tandis qu’un rapport au gouvernement en 1998 en comptabilisera 48.

    Difficiles à établir précisément, les bilans avancés au fil des ans par les historiens vont d’une trentaine à plus de 200 morts. Aujourd’hui, ils s’accordent sur « au moins plusieurs dizaines de morts » du fait de la police le 17 octobre, selon M. Blanchard.

    Une gigantesque rafle planifiée

    En 1961, la Guerre d’Algérie dure depuis sept ans et les « Français musulmans d’Algérie », qui vivent depuis des mois les rafles et contrôles intempestifs de la police ou les « ratonnades » meurtrières d’escadrons clandestins favorables à l’Algérie française, sont soumis depuis le 5 octobre à un couvre-feu à Paris. Le 17 octobre, les manifestants veulent à la fois protester massivement contre ce couvre-feu et témoigner en nombre leur solidarité aux Algériens qui se battent au pays pour l’indépendance. Depuis le début de l’année, plusieurs policiers ont de leur côté trouvé la mort dans des attentats isolés attribués au FLN en région parisienne, « au moins cinq au cours du mois de septembre et début octobre », selon M. Blanchard. Pour le Premier ministre Michel Debré, le couvre-feu vient opportunément empêcher le FLN de collecter le soir des fonds destinés à son combat. Dès le matin du 17, la préfecture de police a réquisitionné le Parc des expositions de Paris, ce qui montre qu’elle ne se plaçait pas dans une logique de « maintien de l’ordre », mais qu’elle « préparait une rafle gigantesque », explique M. Blanchard.

    En quelques heures, des milliers d’Algériens sont brutalement entassés dans des cars de police ou des bus réquisitionnés et rassemblés dans plusieurs lieux de Paris ou de la proche banlieue où leur identité va être vérifiée. Mais avant, les coups pleuvront. Jacques Simonnet, alors étudiant, a raconté en 1999 devant la justice ce qu’il avait lui-même vu au Palais des sports: « Les Algériens étaient sortis à coups de poing des cars, ils se ramassaient par terre et là, passaient entre une haie de policiers qui les recevaient à coups de pieds, de poings, de bâtons, de bottes. La violence est arrivée à un point que je n’arrivais pas à imaginer ». La majorité des blessés ne sont pas dirigés vers des hôpitaux. Une fois identifiés, certains sont expulsés vers l’Algérie, d’autres internés dans des camps et les derniers, renvoyés chez eux.

    « Répression coloniale »

    Dès les premiers manifestants engagés sur le pont de Neuilly, à l’ouest de Paris, des coups de feu mortels sont tirés par des membres de la Force de police auxiliaire (FPA), mais aussi par des gardiens de la paix, sur une foule calme, endimanchée et parfois venue en famille, et surtout non armée, rappelle M. Blanchard.

    La violence des policiers se déchaîne à l’écoute de messages radio mensongers de la police annonçant à tort la mort par balles de collègues. Tirs et charges ont lieu aussi dans plusieurs lieux de la capitale, comme sur les Grands boulevards, où un badaud aura les cervicales brisées par des coups de matraques.

    « De nombreuses victimes sont mortes sous les coups de bidules (matraques, NDLR) portés par les agents, des dizaines d’autres furent jetés dans la Seine, plusieurs périrent par étouffement après avoir été jetés à terre et recouverts par des amas de corps », détaille le Musée de l’Histoire de l’immigration sur son site internet.

    « Ce que les historiens montrent aujourd’hui, c’est que la violence de la répression le 17 octobre dépasse les techniques de maintien de l’ordre classique et qu’elle est à mettre en regard avec les techniques de répression coloniale qui ont cours dans l’Empire », explique-t-il. Il faudra attendre 2012 pour qu’un président, François Hollande, rende « hommage aux victimes » d’une « sanglante répression » qui s’abattit sur ces hommes manifestant pour « le droit à l’indépendance ».

    L’Est Républicain, 15/10/2021

  • Conséquences du silence de la France sur les crimes coloniaux

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    Alors que le silence de la France sur son rôle colonial en Algérie peut fonctionner au niveau national, l’avenir des relations européennes et nord-africaines est étroitement influencé par le silence de Paris.
    Les relations algéro-françaises sont embourbées dans la controverse après que la question persistante de la responsabilité des crimes coloniaux a refait surface.

    La querelle diplomatique en cours intervient après que des commentaires négatifs attribués au président français Emmanuel Macron concernant l’Algérie ont été publiés dans un article du Monde le 2 octobre. La controverse ne montre aucun signe d’apaisement, le gouvernement algérien accusant la France de « génocide » le 2 octobre, avant d’interdire aux avions militaires français de survoler son espace aérien un jour plus tard. Macron a exprimé des souhaits d’ »apaisement », mais peu ou pas de mesures ont été prises de part et d’autre pour remédier à la crise franco-algérienne. La Turquie a également critiqué la déclaration française , en particulier sa description de 300 ans de régime ottoman-algérien comme du colonialisme, suggérant que cette « approche bon marché » n’aiderait pas Macron avant les élections françaises d’avril 2022.

    « L’Algérie est pleinement consciente des opinions françaises de droite envers les Arabes. Musulmans comme algériens. Il s’agit d’une escalade inacceptable de la rhétorique et de la politique, avec de fausses critiques adressées au mouvement algérien du Hirak et à l’histoire algérienne, note un attaché diplomatique algérien basé dans le Golfe arabe qui s’est entretenu avec TRT World, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.

    « Il n’est pas déraisonnable de s’attendre à des regrets et à des réparations pour la mort de millions de personnes, et il est parfaitement raisonnable de s’attendre à ce que la mort de plus d’un million d’Algériens ne soit pas utilisée comme une puce pour les prochaines élections. J’ajoute, si la France peut présenter des excuses aux Polynésiens, pourquoi pas aux Algériens ? Sommes-nous moins humains ou jouissons-nous de droits différents ? », s’interroge l’attaché algérien.

    L’Algérie a rappelé son ambassadeur de France, son retour étant conditionné au « respect total de l’Etat algérien », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune.

    Traumatisme générationnel

    En Algérie, les effets du colonialisme français persistent encore dans la mémoire collective. En aucun cas un concept nouveau, le psychanalyste français Franz Fanon a été le premier à documenter l’étendue du traumatisme colonial dans son livre Les damnés de la terre (1963).

    Fort de son expérience clinique en Algérie, Fanon lie la violence coloniale à la montée de multiples comportements pathologiques.

    La psychanalyste algérienne contemporaine Karima Lazali fait également un cas similaire dans son livre The Colonial Trauma (2018), et un déballage plus récent de ses impacts dans un autre livre publié en 2021 .

    Lazali soutient que la violence coloniale a suscité un malaise constant, une suspicion persistante, une automutilation, une perte de la figure paternelle et même une « pulsion de mort » collective, tout en permettant « l’inertie sociale » et « l’abandon de l’être ».

    Elle note que si de nombreux Français se sentent accablés par leur conscience d’une histoire coloniale qu’ils n’ont jamais connue, les Algériens luttent toujours contre les effets des générations plus tard . Cela inclut le traumatisme des politiques coloniales françaises qui ont imposé de nouveaux noms aux personnes et à la terre, brisant les familles et les groupes.

    Lazali souligne également les politiques coloniales françaises intentionnelles visant à rompre les liens entre les Algériens et leur culture, tradition, religion, communauté, histoire, langue et généalogie, donnant lieu à des sentiments de perte, d’injustice et d’abandon.

    Un os à cueillir

    Alors que la position de Macron semble être en corrélation avec la montée de l’extrême droite au sein de la République française et la prévalence croissante de l’islamophobie systémique et sociétale, il existe des différends plus profonds entre les deux nations.

    D’une part, les administrations françaises ont historiquement évité de reconnaître le rôle de la France dans la colonisation de l’Algérie, entraînant la mort d’au moins 1 million d’Algériens au cours de sa seule guerre d’indépendance, de 1954 à 1962.

    Alors que Macron a précédemment décrit le colonialisme comme un « crime contre l’humanité », reconnaissant l’utilisation de la torture par la France, les Algériens estiment que les déclarations sont loin d’être un véritable regret ou une action.

    Plus de cinq millions d’Algériens sont morts aux mains des colonialistes français en l’espace d’un siècle et quart, selon le président algérien Abdelmajid Tebboune. La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme en chiffre cependant le nombre à 10 millions dans un rapport qu’elle a publié en 2017.

    « Nous savons tous qu’un discours n’est pas contraignant et ne signifie pas politique. Être honnête. Parlez à votre peuple des centaines de milliers d’Algériens torturés au nom de « l’ordre public » et de la « contre-insurrection ». Parlez-leur de la déshumanisation des Arabes « barbares », des décharges électriques sur les organes génitaux. Qu’en est-il du viol, de l’enterrement de vieillards vivants, des guillotines, des pendaisons, du waterboarding, de la privation de sommeil et des incendies ? », a déclaré Ahmed Soufianne, un récent diplômé en droit de l’Université algérienne de Guelma qui a parlé à TRT World.

    En 132 ans de colonisation française, au moins cinq millions d’Algériens ont perdu la vie. L’historien algérien Mohammed al-Amin estime que le nombre de morts pourrait atteindre 10 millions , en contraste frappant avec les 400 000 morts admis par les historiens français.

    Tout comme les autres colonies britanniques ou françaises, les Algériens ont été contraints de servir de soldats consomptibles dans les guerres de France, dès 1830. Ils ont combattu dans la guerre franco-prussienne (1870) et la Première Guerre mondiale qui a vu près de 100 000 Algériens mourir en combattant l’Impériale Armée allemande.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, près de 233 000 Algériens se sont battus pour la libération du sud de la France du régime de Vichy en 1944, y compris des campagnes en Italie et en Allemagne de 1944 à 1945.

    Lors d’une récente conférence tenue à l’université Emir Abdelkader, Constantine a estimé que la France a également pillé près de 180 milliards de dollars de trésors, d’or et d’argent tout au long de sa colonisation de l’Algérie.

    De plus, alors que la France ne fait que commencer à s’engager dans son histoire de 193 essais nucléaires menés en trois décennies dans son ancienne colonie la Polynésie française, elle doit encore reconnaître ou admettre ses essais nucléaires en Algérie.

    Les Algériens font face à des incidences plus élevées de mutations congénitales, de cancer et de troubles thyroïdiens à ce jour. En mars 2021, une ONG française a sonné l’alarme sur des niveaux élevés de poussières radioactives atteignant la frontière franco-suisse, portées par les vents du sud « Sirocco » du désert algérien.

    Le 21 janvier, Macron a répondu à un rapport de 145 pages de l’historien français Benjamin Stora en déclarant qu’il n’y aurait pas d’excuses pour la colonisation française.

    L’une des recommandations formulées par le rapport était le retour de l’épée de l’émir Abdelkader, qui reste en France, y compris l’aveu d’assassinats et d’enlèvements d’Algériens notables.

    Commandé au cœur de la crise des gilets jaunes pour apaiser les électeurs de gauche, le rapport omet néanmoins de mentionner les atrocités commises pendant la guerre de conquête de la France en Algérie, notamment le recours à la politique de la terre brûlée. Le rapport est également accusé de prendre une position anti-décoloniale sur les crimes de guerre.

    Un responsable du gouvernement Macron a été sans équivoque qu’il n’y a « pas question de repentir. La repentance est vanité », a déclaré l’un d’eux.

    L’année dernière, la France a rendu 24 crânes d’hommes morts en combattant l’occupation française, après avoir été exposés dans un musée parisien à Paris, avec peu d’excuses ou de reconnaissance, et seulement après des années de campagne et d’activisme.

    Des ramifications géopolitiques

    Dans une déclaration de suivi de la controverse, Macron a souligné que Tebboune était « piégé dans un système qui est très dur ».

    Alors que le Hiraak en cours a perdu de son élan en Algérie au milieu de la pandémie de Covid-19, le gouvernement algérien au pouvoir est de plus en plus prudent vis-à-vis d’une population plus autonome et plus bruyante.

    Le président Tebboune, qui est déjà perçu comme un leader indésirable par une grande partie de l’opposition, pourrait difficilement se permettre d’éviter la confrontation face aux propos de Macron.

    Alors que le mouvement algérien Hirak fait campagne depuis plus d’un an sur la nécessité de restaurer la dignité, de renforcer la responsabilité et de lancer des réformes, les commentaires de Macron à visée nationale semblent avoir négligé une nouvelle Algérie, par rapport à il y a seulement quelques années.

    « Nos partenaires étrangers doivent décoloniser leur propre histoire », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra lors d’un voyage au Mali.

    « Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente mue par la mission revendiquée de l’Occident d’apporter la civilisation », a-t-il ajouté.

    Les récentes escalades pourraient être révélatrices d’une scène géopolitique en mutation alors qu’une Algérie en mutation s’engage de plus en plus dans la région.

    Ce changement est marqué par des développements internes, notamment la formation d’une Agence algérienne de coopération internationale (AACI) en avril 2020, dirigée par l’ancien colonel senior du renseignement, le Dr Mohamed Chafik Mesbah, titulaire d’un doctorat en sciences politiques et relations internationales.

    Cette nomination intervient alors que Tebboune chercherait à ramener les problèmes antérieurs dominés par l’armée à une présidence dirigée par des civils, en mettant l’accent sur la politique étrangère africaine qui a connu un déclin majeur sous l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.

    Le pivot pourrait conduire à de nouvelles tensions régionales, en particulier si la politique étrangère algérienne avait un impact sur l’hégémonie française en Afrique occidentale ou subsaharienne.

    Développement régional

    La pandémie mondiale de Covid-19 a posé de graves défis économiques à l’État algérien, qui connaît un déclin constant depuis 2018.

    « N’oubliez pas que la France craint également que les récents développements ne voient l’Algérie s’enfoncer davantage dans les camps chinois et russe. La plupart des achats de sous-marins et d’avions de combat proviennent de Russie », note l’attaché diplomatique algérien basé dans le Golfe.

    « La marine algérienne se modernise et se développe à une vitesse incroyablement rapide même si elle est restée jusqu’à présent à l’écart de tous les différends méditerranéens, et c’est une priorité interne depuis 1993. Bien qu’elle soit loin de la France, elle vise la suprématie navale en Afrique du Nord à le moins », ajoute-t-il

    Les marchés de la défense algérienne montrent également des liens plus étroits avec la Chine , suite à l’achat d’un certain nombre de frégates, de missiles antichars et de drones CH-4. Le Maroc a depuis investi dans des drones turcs TB2 , en plus d’ une commande plus récente de drones kamikazes israéliens .

    L’Algérie est le plus ancien partenaire de la Chine dans la région, ce qui suggère que les tensions nord-africaines pourraient rapidement prendre une nature par procuration entre les grandes puissances.

    La croissance navale algérienne est présentée au niveau national comme une mesure nécessaire contre l’homme, ses 1440 kilomètres de côtes, la plus longue côte de tous les pays africains.

    Son importante tradition navale historique est souvent laissée sous silence, car elle a vu l’Algérie dominer la Méditerranée occidentale entre le XVIe et le XVIIIe siècle, jusqu’à ce qu’une série désastreuse de guerres navales avec les États-Unis et le Portugal naissants réduise définitivement son influence navale.

    Des capacités plus récentes telles que des missiles de croisière à moyenne portée lancés par des sous-marins , ainsi que des exercices d’entraînement avec la flotte russe de la mer Noire et les groupes maritimes de l’OTAN indiquent une empreinte navale croissante dans la région qui a traditionnellement été dominée par les intérêts navals britanniques et français.

    Clash inévitable

    Les tensions entre la France et l’Algérie deviennent de plus en plus insolubles, la France évitant de s’engager directement sur les questions de violence coloniale passée et de réparations.

    « C’est un lit de clous pour tout président français, considéré comme un bagage des administrations précédentes, en fait une forme de suicide politique pour tout homme politique français de parler d’excuses ou de réparations », explique Mark Jefferson, analyste pour Stratton Consulting Group.

    « Les politiques français ne sont pas dans le déni. Il est juste profondément impopulaire de s’y attaquer de front étant donné le polarisme actuel de la politique intérieure française. Jusqu’à ce qu’il soit résolu, il continuera à jouer dans d’autres arènes », ajoute Jefferson.

    La politique intérieure en France a conduit à la fermeture de près de 30 mosquées en moins d’un an grâce aux pouvoirs offerts par sa « loi anti-séparatisme », surnommée un projet de loi « anti-islam » , avec 6 autres mosquées devant être fermées pour prétendument logement des « extrémistes ».

    Avec plus de 50 milliards de dollars d’échanges commerciaux entre l’Algérie et l’UE, et une présence algérienne énergétique, navale et politique de plus en plus visible dans la région, les tensions avec l’Algérie ont un coût économique et politique qui s’étend désormais au-delà des relations bilatérales directes.

    Pour la plupart des Algériens, les actions françaises récentes évitent non seulement de reconnaître les méfaits du passé, mais reflètent également une rhétorique et une politique islamophobes et xénophobes croissantes à l’approche des prochaines élections françaises ; lui-même le résultat du racisme systémique historique et moderne en France.

    Alors que la politique française envers le colonialisme est inévitablement affectée par ses pressions et priorités de politique intérieure, une chose reste certaine ; éviter un passé sombre qui continue d’avoir un impact sur la vie quotidienne des Algériens n’est pas durable, et peut avoir un impact irréparable sur les liens.

    « Les priorités nationales changent à chaque cycle électoral, et les politiciens français doivent non seulement s’attaquer aux conséquences de leur héritage, mais aussi se demander quel genre de pays ils pensent être. Le devancer pourrait atténuer les dommages. L’alternative est de suivre une voie plus sombre et non démocratique avec des lois antireligieuses, des citoyens de seconde zone et un racisme systémique », note Jefferson, analyste.

    Indépendamment de qui a été au pouvoir, les Algériens ont toujours demandé la reconnaissance de leurs expériences douloureuses sous la domination française, soutenues depuis par un nombre croissant d’études sociologiques, psychologiques, historiques et ethnographiques détaillant la vie sous la colonisation. Au moins, ils attendent du respect.

    Alors que les présidents français ont évité le sujet en raison des pressions internes, une résolution est peu susceptible d’apparaître dans un proche avenir, rendant la confrontation continue entre l’Algérie et la France sur la question presque inévitable.

    TRT World, 14/10/2021

  • Algérie-France: Témoignages et vérités

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    En ces temps de vives tensions entre l’Algérie et la France, dues aux propos de certains dirigeants français en mal d’électoralisme, il convient de séparer le bon grain de l’ivraie. S’il existe un bon nombre (bon est, ici, un terme impropre) de Français qui nourrissent une haine viscérale envers l’Algérie pour des raisons évidentes, il existe, aussi, un plus grand nombre de Français qui n’ont aucun a priori vis-à-vis du peuple algérien. Et pour cause, combien n’ont-ils pas hésité, au prix de leur carrière, et même de leur vie, à soutenir la cause de l’indépendance et à contribuer à son triomphe! Qu’ils soient éternellement remerciés pour cet engagement dont témoignent l’«Appel des 100», les «porteurs de valise» du réseau Francis Jeanson, Robert Barat dont l’épouse Denise a subsisté grâce au soutien de l’Amicale des Algériens en Europe (AAE) et de Témoignage Chrétien, les contributions méconnues de personnalités comme Yves Montand, Simone Signoret, Serge Reggiani, Picasso, et bien d’autres.

    Pour avoir vécu en France plus de deux décennies, je peux témoigner du fait que la majorité des Français porte une amitié, sinon une sympathie, authentiques envers notre peuple et notre pays. Tel n’est pas le cas de la classe dirigeante? Là aussi, il faut relativiser.

    J’ai connu certains comme Daniel Junqua (red-chef au Monde, puis directeur du CFPJ), Claude Angeli (red-chef du Canard enchaîné, que j’eus bien du mal à consoler, après une charge terrible de mon regretté ami et père spirituel, Me Mourad Oussedik, contre les Lambertistes du PS, lors d’un procès intenté par l’Algérie), Françoise Gaspard, députée PS d’Eure et Loir, Paul Quilès, député-maire PS du XIIIème arrdt de Paris, puis ministre des Transports, de l’Intérieur, etc, dans le gouvernement Rocard – que j’ai, tous deux, interviewés pour le compte d’Algérie – Actualités, Jean-Pierre Goetzinger, maire PR du XIème arrdt de Paris, et son épouse Jeannie, dont j’étais l’invité du dimanche pendant de nombreuses années, et tant d’autres, anonymes, comme Félix et Nicole Szempruch, Michel et Chantal Poillot. En les côtoyant, j’ai eu la chance de vérifier, maintes fois, que tout n’est pas blanc ou noir, au pays de Voltaire.

    Tous savaient que j’étais un cadre de l’AAE, héritière de la Fédération de France du FLN, dont le travail et la vigilance, au sein de notre communauté, ont donné à notre pays une jeunesse flamboyante qui fait, actuellement, le bonheur des Fennecs. Cette casquette ne les gênait nullement et je ne manquerai pas de dire que beaucoup, inoubliables dans mon coeur et dans mon esprit, ont fortifié ces certitudes.

    Alors, de grâce, pas plus que le peuple marocain n’est responsable des turpitudes du Makhzen, ne cédons pas à l’amalgame et à la vindicte aveugle, et souvenons-nous que nous avons, toujours, en France, des amis sincères et exemplaires, à bien des égards. Gardons-nous de la confusion des genres dans laquelle se noient, avec allégresse, certains politiques qui en font leur fonds de commerce et dont la principale vertu est d’imiter les girouettes.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression, 14/10/2021

  • Algérie.- La tartufferie musicale

    Algérie, radio régionale de Constantine, Fairouz, Noël, musique, #Algérie, #Radio_Constantine, #Fairouz,

    Le directeur de la radio nationale a limogé le directeur en charge de la radio régionale de Constantine, et l’animatrice d’une émission, ex journaliste à la retraite de cette radio. Le motif: la diffusion d’une chanson de la diva libanaise Fairouz, chanson invoquant le christianisme sur un air connu, en l’occurrence une chanson dédiée à Noël. On se pince pour voir si on ne rêve pas !

    Componction inutile et zèle dégoulinant pour quelques refrains d’une chanson dont la chanteuse (Fairouz ) est elle-même chrétienne ? Les dièses virent aux bémols. Dans ces conditions, il faut carrément supprimer la chaîne3, qui diffuse à longueur de journées et d’années, des chansons qui ont des connotations religieuses plus prononcées, telles que les chansons des Beatles, des Pink Floyd, des Beach Boys, de Jimmy Hendrix, d’Aretha Franklin et autres chanteurs du gospel, genre d’essence fondamentalement évangéliste.

    Fairouz chante El Qods, et chante la vie, l’amour, la guerre. Farid El Atrache d’origine druze habita pendant longtemps les ondes de nos chaînes radios. Joan Baez icône du folk chante les hippies avec des chorus très alléluia. Tout ça est audible sur la chaîne 3.

    Dans la musique classique, les scherzos de Chopin ou la 40e de Mozart renvoient vers la religion.

    Les Beatles, chantent Hey Jude et Let it Be. Combien de fois les a-t-on écouté sur la chaîne 3 ?

    Madonna chante Like Pryer , chanson aux relents cabalistiques, mais la star américaine n’est pas pour autant interdite sur nos ondes.

    Fairouz remue les entrailles quand elle entonne El Qods…la diffusion de cette chanson donne la trouille à Israël plus que toutes les « intifada » réunies.

    La splendide tartufferie musicale du directeur limogeur, chante ici un abus de pouvoir à capella.

    Et son diapason autoritaire ,émettant un faux La, lui fait perdre la clé de Sol qui fait les patrons de radios où ne les fait pas.

    Kafka se mettant au solfège n’aurait pas réagi comme moudir El Idaa.

    La musique adoucit les mœurs…dit le proverbe. Ici elle amplifie les heurts.

    Heurts qui consacrent définitivement l’homme qu’il ne faut pas, dans un poste qui mérite mieux.

    Madjid Khelassi

    La Nation, 15/10/2021

  • Algérie-France : « L’accès aux archives est nécessaire »

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    Selon Slimane Benaïssa, les récents propos du président français, Emmanuel Macron, rentrent dans le cadre d’un vieux problème profondément ancré. Dans des propos relayés par le quotidien algérien Horizons, Benaïssa a déclaré qu’en France, la guerre a été gérée par les socialistes et elle a été conclue par la droite de Charles de Gaulle. Pendant toute l’alternance, aucun des deux partis ne pouvait entamer une politique d’apaisement sans que l’autre ait à lui reprocher quelque chose. C’est en partie la raison pour laquelle notre Révolution a été mise sous une chape de plomb en France.

    Ajoutons à cela les actions engagées plus tard par l’Algérie indépendante pour asseoir sa souveraineté telle que la nationalisation du pétrole et des ressources naturelles, qui n’ont pas amélioré le climat avec la France.

    Aujourd’hui, c’est évident, il faut aller vers un solde tout compte de cette guerre. La question est: quelle mémoire a été construite en 60 ans depuis l’indépendance, d’un côté comme de l’autre?

    «Aujourd’hui, pour moi, le problème n’est pas le combat libérateur en tant que telle, c’est est le problème des historiens qu’on le veuille ou non».

    «Une bonne partie des documents est archivée en France. L’urgence et la véritable nécessité résident dans l’accès à toutes les archives afin que l’Algérie puisse comprendre et éclairer ses contradictions.»

  • Tebboune a instauré les règles de la réciprocité

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    Le Président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, « a instauré de nouvelles règles pour les relations algéro-françaises, basées sur la réciprocité, l’égalité et le respect de la souveraineté et de la décision de l’Etat et du peuple algériens », a estimé le rédacteur en chef du quotidien tunisien « Al-Chourouk », Abdelhamid Riahi.

    Dans un éditorial paru mercredi sous le titre « L’Algérie des Libres…l’Algérie des valeurs et des principes », le journaliste a salué « l’Intifada » du président Tebboune en réaction aux déclarations récentes du président français, Emmanuel Macron, à l’encontre de l’Algérie et ses institutions.

    « Cette +Intifada+ a posé de nouvelles règles pour les relations algéro-françaises, basées sur la réciprocité, l’égalité et le respect de la souveraineté et de la décision nationales de l’Etat et du peuple algériens, et ce, en remettant les descendants de Jules Ferry +théoricien de la colonisation+ dans la réalité des choses et dans leur véritable dimension », a-t-il écrit.

    « Au-delà du président et de l’Etat français, +l’Intifada de l’Algérie+ est un message à toutes les forces de l’arrogance dans le monde, qui se croient au-dessus du droit international (…) et qui se permettent de faire fi des règles de bienséance et des us des relations internationales ».

    Soulignant que l’Algérie « a de tout temps été une grande Nation, un Etat de principes et un peuple épris de justice, de bravoure, de fierté et d’altruisme », l’auteur de cet éditorial affirme que « ces valeurs ont été pour le colonisateur français une leçon de lutte et de défense de la patrie, et pour les peuples du Tiers-monde un modus opérandi du sacrifice pour la terre et pour l’honneur ».

    « Ces valeurs de l’Algérie et la dignité et la fierté de son peuple se sont illustrées récemment face à la résurgence de la nostalgie coloniale (…) chez le président français », a-t-il relevé mettant en avant le rôle de l’Algérie au sein de l’ONU, depuis son indépendance, en faveur des pays du Tiers monde et du Mouvement des non-alignés.

    « Sa voix est demeurée pesante dans les fora internationaux pour la défense des opprimés et le triomphe des causes justes pour la liberté et l’émancipation », a-t-il ajouté.

    Evoquant « l’élan » de solidarité de l’Algérie, sous la conduite du président Tebboune, avec la Tunisie « face aux mêmes forces de l’arrogance qui tentent de faire pression sur notre pays », le journaliste tunisien a indiqué que le président algérien « a été clair et audacieux en affirmant que quiconque serait tenté de menacer la sécurité de la Tunisie, devra compter avec l’Algérie et en conseillant aux adeptes de l’ingérence dans les affaires internes, de la Tunisie ou de l’Algérie, de balayer plutôt devant leurs portes et de s’abstenir de donner des leçons (…) ».

    En conclusion, il a exhorté « ceux qui, parmi les Tunisiens, ont vendu leur conscience en faisant appel aux appuis étrangers contre leur pays à écouter la voix de l’Algérie, la voix de la sagesse et du courage (…) et à y puiser, ne serait ce que peu, de ses valeurs de patriotisme sincère, de fierté et de dignité ».

    Horizons, 15/10/2021