Catégorie : Algérie

  • 10 quintaux de hachich saisis près des frontières avec le Maroc

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    Algérie – Une “énorme” quantité de kif traité s’élevant à plus de (10) quintaux a été saisie, mercredi, par un détachement combiné de l’Armée nationale populaire (ANP) près des frontières avec le Maroc, a annoncé jeudi le ministère de la Défense nationale (MDN).

    “Dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée et en continuité des efforts intenses visant à contrecarrer le phénomène du narcotrafic dans notre pays, un détachement combiné de l’Armée nationale populaire a saisi, le 06 octobre 2021, au niveau du territoire de la 3e Région militaire près des frontières avec le Maroc, une énorme quantité de kif traité s’élevant à plus de (10) quintaux”, a-t-il indiqué dans un communiqué.

    “Ces résultats de qualité viennent s’ajouter aux multiples opérations menées quotidiennement par les détachements de l’Armée nationale populaire et les services de sécurité, ayant permis de mettre en échec l’introduction de ces poisons, que les bandes criminelles activant depuis les frontières marocaines, tentent de propager dans notre pays”, a ajouté la même source.

    Ennahar Online, 07/10/2021

  • Jusqu’où peut aller l’escalade diplomatique entre la Paris et Alger?

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    Alors que l’Algérie s’apprête à célébrer le soixantième anniversaire de son indépendance, les tensions avec la France sont à leur paroxysme. Samedi, Alger a rappelé son ambassadeur en France pour « consultation » et fermé son espace aérien aux avions militaires français. Décisions suite à la publication d’un article dans le Monde relatant les propos d’Emmanuel Macron particulièrement critiques à l’égard du gouvernement algérien.

    Avant cela, l’Algérie avait déjà convoqué l’ambassadeur de France à Alger après que la France a décidé de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens. L’escalade diplomatique peut-elle se poursuivre entre les deux nations ? 20 minutes font le point.

    DE QUOI L’ALGÉRIE REPROCHE-T-ELLE À LA FRANCE ?

    Tout d’abord, il y avait cette histoire de visa. Accusant la Tunisie, le Maroc et l’Algérie de ne pas accueillir leurs ressortissants à leur retour de France, le gouvernement français a décidé il y a une semaine de durcir l’octroi de visas pour les personnes venant de ces trois pays du Maghreb. La question du grand nombre d’Algériens traversant la frontière n’est pas quelque chose qui enchante le pouvoir algérien « car elle reflète l’échec du projet économique et social du gouvernement », explique Hasni Abidi, directeur du centre d’études. de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) en Suisse. «Mais Alger accuse la France de gérer seule la question migratoire, sans consulter les autorités algériennes.»

    Le ton est vraiment monté d’un cran côté algérien samedi après la publication d’un article dans Le Monde relayant les propos d’Emmanuel Macron. Lors de sa rencontre avec la troisième génération d’enfants de harkis, le président de la République aurait affirmé que l’Algérie, après son indépendance en 1962, s’était construite sur « une rente mémorielle », entretenue par « le système politique. militaire « . Le chef de l’Etat aurait évoqué « une histoire officielle », selon lui, « complètement réécrite », qui « n’est pas fondée sur des vérités » mais sur « un discours qui repose sur une haine de la France ». Enfin, il aurait remis en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française.

    LES SANCTIONS PRISES PAR L’ALGÉRIE SONT-ELLES INQUIÉTANTES POUR LA FRANCE À CE STADE ?

    Dans l’affaire des visas, le gouvernement algérien a convoqué François Gouyette, l’ambassadeur de France à Alger, pour lui notifier « une protestation formelle ». Une décision qui n’a pas semblé affoler Paris. « Cela veut dire que les choses bougent, que le dialogue s’ouvre et qu’on va enfin pouvoir ouvrir cette émission de laissez-passer consulaires », a même lancé, optimiste, Marlène Schiappa, interrogée sur BFMTV.

    Concernant les décisions d’Alger de samedi, c’est une autre histoire. « Le rappel d’un ambassadeur n’est pas une rupture des relations diplomatiques, mais une manière de signifier un désaccord », tempère Hasni Abidi. Le politologue estime en revanche que la fermeture de son espace aérien aux militaires français est « une décision aux conséquences plus graves » pour la France. « Cela entrave la stratégie française au Sahel et constitue un handicap pour la politique étrangère de la France. « 

    DANS QUEL CONTEXTE SE DÉROULENT LES RÉACTIONS ALGÉRIENNES ?

    Pour comprendre la réaction du gouvernement algérien, il faut aussi la situer dans le contexte géopolitique actuel. « L’Algérie a récemment subi de nombreuses provocations, analyse un politologue spécialiste du Maghreb, préférant garder l’anonymat. Il y a eu celles lancées par l’ambassadeur du Maroc aux Nations unies pour réclamer l’autonomie de la Kabylie.

    A cela s’ajoute la déclaration du ministre israélien des Affaires étrangères, qui a précisé qu’à la demande du Maroc, Israël interviendrait militairement en Algérie. Enfin, la situation intérieure algérienne est aujourd’hui très difficile après la crise sanitaire et les incendies de masse dans le nord du pays, dont certains ont été qualifiés de criminogènes. Les derniers mots d’Emmanuel Macron sont la goutte d’eau qui a fait sortir l’Algérie de son silence.

    C’est aussi la fierté du gouvernement qui est touchée dans cette affaire. « Le président Abdelmadjid Tebboune a fait preuve d’une certaine proximité avec Emmanuel Macron. Il a parlé avec enthousiasme de lui, notamment pour dire qu’il était le seul président à être allé aussi loin dans le mémorial entre les deux pays, souligne Hasni Abidi. Il y a donc une déception de la part de la présidence. Cependant, le gouvernement algérien est très sensible à son image. Pour l’expert, ne pas réagir aux propos du président français aurait été perçu comme un acte de faiblesse par son opinion publique.

    POURQUOI LE MAROC ET LA TUNISIE SONT-ILS RESTÉS PLUS EN RETRAIT DANS L’AFFAIRE DES VISAS ?

    Le Maroc a qualifié la décision de la France d’ »injustifiée ». La Tunisie, en pleine crise politique, n’a pas réagi officiellement. Les relations de la France avec les deux autres pays du Maghreb ne sont pas toujours au beau fixe mais elles n’ont globalement rien à voir avec les difficultés diplomatiques – plus ou moins importantes selon les moments – avec l’Algérie. A Alger, la question des relations avec la France reste un enjeu de politique intérieure.

    « La réaction algérienne est plus musclée que celle des pays voisins car le pays considère qu’il n’a aucune responsabilité. L’Algérie dispose également de plusieurs leviers de pression. Le pays n’est donc pas dans l’attente ou la modération des pays voisins », argumente Hasni Abidi.

    L’ALGÉRIE A-T-ELLE LES MOYENS D’ALLER PLUS LOIN ?

    En l’occurrence, l’Algérie n’a pas encore joué toutes ses cartes. Parmi ses principaux leviers de pression : ses exportations de gaz et de pétrole. « Une dégradation des relations entre les deux pays pourrait avoir un impact sur le renouvellement de certains accords économiques entre la France et l’Algérie. Ce serait malheureux pour Paris, car Alger pourrait décider de réduire les importations françaises et la présence d’entreprises françaises sur le sol algérien », estime Hasni Abidi. « Il ne faut pas oublier non plus la diaspora algérienne en France qui a le droit de vote et pourrait sanctionner certains partis lors des élections », ajoute anonymement le spécialiste du Maghreb.

    ALLONS-NOUS VERS UNE ESCALADE DIPLOMATIQUE ?

    A priori non, selon Hasni Abidi qui estime toujours que l’Algérie « ne peut pas se passer d’un partenaire économique aussi important que la France ». Les deux pays devraient donc opter pour une accalmie. « Pas une amélioration, ni un retour à la situation d’avant cette crise, mais vers un gel des relations », estime l’expert.
    En effet, il semble peu probable qu’Alger revienne sur sa décision sans un geste fort de Paris.

    Pourtant, « il semble difficile pour le président Macron de revenir sur ses déclarations en pleine campagne électorale », juge le directeur du CERMAM. Un mea culpa de sa part serait dénoncé par les partis de droite, mais s’il continue d’alimenter cette tension, une partie de la population française pourrait aussi se dire que depuis qu’il est au pouvoir, il a multiplié les conflits après le Turquie, Mali, Australie ou États-Unis ».

    Paris beacon, 05/10/2021

  • Algérie : Reprise des activités du métro d’Alger sans la RATP

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    À l’arrêt depuis 18 mois, le métro d’Alger, unique moyen du transport du genre en Algérie, reprend du service à partir de ce jeudi, 7 octobre. La reprise du trafic a eu lieu en présence des responsables de l’entreprise du Métro d’Alger (EMA) et du ministère du Transport. Mais sans les représentants du groupe français, RATP , absents pour la première fois depuis le lancement, en 2011, de l’activité de ce métro.

    Et pour cause, le groupe français, qui avait décroché, à cette époque, le contrat de gestion de ce service, avec des clauses portant sur la formation du personnel algérien, a été contraint de quitter Alger à l’expiration de ce bail en octobre 2020.

    S’agit-il d’une sanction des autorités Algériennes infligée au groupe français ? En tout cas, la polémique autour de l’arrêt prolongé de l’entreprise avait pris de l’ampleur.

    Pour célébrer cet évènement, le ministre des Transports Aissa Bekkai et le directeur général de l’Entreprise du Métro d’Alger Ali Arezki ont vanté « la capacité des Algériens à gérer ce métro et à le faire fonctionner » nécessitant une parfaite maîtrise de la technologie.

    Officiellement cette longue fermeture est expliquée par la persistance de la crise sanitaire due à la propagation de la Covid-19, qui a fait son apparition en Algérie en février de l’année dernière.
    Cette explication est justifiée en partie. Car, depuis le début de l’année 2021, les autres moyens de transport, dont le tramway, ont été autorisés à reprendre leurs activités avec le respect des mesures sanitaires.

    Interrogations

    Après le passage de la troisième vague de Covid-19 pendant l’été dernier, le métro d’Alger est resté l’un des rares espaces publics à ne pas rouvrir. Même les vols internationaux ont été de nouveaux autorisés, ainsi que tous les autres types de transport. Ce fait n’a pas manqué de susciter des interrogations.
    On a d’abord tenté d’expliquer la longue fermeture par le souci des autorités de priver les manifestants du Hirak de rejoindre le centre d’Alger les mardis et vendredis. Mais les marches n’ont plus lieu depuis le printemps dernier et le métro n’a pas repris.

    Il faut remonter jusqu’au mois d’octobre 2020 pour trouver une explication à cette situation. A l’époque, l’ancien ministre des Transports, Lazhar Hani, avait annoncé le non renouvellement du contrat avec la RATP qui s’occupait de la gestion du métro depuis sa mise en service.

    « Au départ de l’exploitation de ce projet, on avait fait appel à une société étrangère dans le cadre de l’assistance technique, et à partir du 1er novembre, c’est une société 100 % algérienne qui va prendre la suite, avec des cadres algériens qui ont des compétences et qui ont appris durant ce partenariat avec les étrangers. Aujourd’hui, on peut être fier de cette évolution », avait-il indiqué.

    Depuis cette date, plusieurs rumeurs concernant le maintien de la fermeture du métro ont circulé. Certaines vont jusqu’à à affirmer que la RATP « est partie avec le logiciel nécessaire au fonctionnement du métro ». D’autres avancent l’incapacité du personnel algérien à prendre le relais des Français.

    Des rumeurs démenties par des sources proches de l’entreprise du métro d’Alger. « Nous avons fait le transfert de compétence », assure-t-on.
    Le directeur général de l’EMA, Ali Arezki, s’est exprimé à la veille de la réouverture du métro et réitéré que si le métro d’Alger s’est arrêté pendant plus de 18 mois, c’est pour « des raisons sanitaires, à cause de la pandémie ».
    S’agissant du contrat avec la RATP, le responsable explique que « c’est un contrat ferme, qui ne pouvait donc pas être renouvelé ». Mais ce dernier élude le contentieux financier de plusieurs dizaines de millions d’euros entre la RATP et l’EMA.
    « Une année avant l’expiration du contrat, nous avons vu avec les hautes autorités, nous avons réfléchi et fait une évaluation et nous sommes arrivés à la conclusion que nous pouvons être autonomes. Nous avons fait le transfert de compétence, des jeunes ont été formés. Depuis le 1er novembre 2020, nous travaillons sans assistance étrangère et le métro a fonctionné normalement », assure-t-il.
    Ali Rezki rassure les usagers que les équipes en place relèveront le défi, appelant à « ne pas douter des compétences nationales ». « Nous avons fait le transfert de compétence. Ça n’a pas été facile, mais pendant les années de travail avec le partenaire étranger, nous avons pu former nos personnels », insiste-t-il.

    Agence Andolou, 07/10/2021

  • Une affaire franco-française

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    Commençons par une première mise au point. Les Algériennes et les Algériens connaissent la nature du pouvoir qui dirige leur pays. Ils n’ont pas attendu qu’Emmanuel Macron, frappé peut-être par un soudain accès de lucidité, s’exprime de manière non-diplomatique à son sujet. Les banderoles et les slogans du Hirak n’ont jamais cessé de le montrer. Alors, certes, il est parmi nous quelques flagorneurs et plumitifs caudataires qui disent ici ou ailleurs le contraire et prétendent que tout va bien dans le meilleur des pays mais soyons sérieux : l’affaire est entendue depuis longtemps. L’Algérie a besoin de renouveau et son régime politique doit absolument changer. «Le slogan «YatnahawGaâ» exprime une volonté de rupture avec les institutions actuelles, dans leur composante, leur performance, leurs pratiques et leurs conséquences» déclarait il y a près d’un an l’initiative de concertation autonome «Nida 22». C’est un constat qui demeure valide.

    Venons-en maintenant au caquetage macronien à propos de la nation algérienne qui, selon lui, n’aurait pas existé avant 1830. Un dérapage (voulu ?) qui a fait l’unanimité contre lui en Algérie et qui fera peut-être comprendre au président français qu’être opposé au régime ne signifie pas que l’on adhère à ce révisionnisme ambiant concernant l’histoire de notre pays. Autant le préciser tout de suite : cette chronique n’entend pas argumenter en réponse à cette provocation. Des historiens algériens, dont Hosni Kitouni, se sont exprimés là-dessus (1) et, de toutes les façons, cela ne changera rien au problème. De plus, comme le dit la désormais fameuse «loi» de Brandolini, «la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter les idioties est largement supérieure à celle nécessaire pour les produire.» Ce «principe d’asymétrie des idioties» implique donc que l’on soit économe de ses efforts et que l’on ne cherche pas à convaincre celui qui refusera de l’être.

    De fait, osons ici une petite remarque. Comme nombre d’élites françaises, qu’elles soient politiques, universitaires ou intellectuelles, Emmanuel Macron ne peut s’empêcher d’expliquer aux Algériens ce qu’ils sont ou ce qu’ils ont été. Après plusieurs décennies de pratique du métier de journalisme, je n’ai jamais vu ça ailleurs qu’en France, pays où l’on vous explique d’un ton docte votre propre histoire, votre propre sociologie tout en balayant d’un geste, entendu ou agacé, vos remarques ou réserves. C’est ainsi. Chercher à changer cet état de fait risque d’être épuisant.

    Ce qu’il y a d’intéressant concernant cette sortie présidentielle sur la nation algérienne, c’est qu’elle reprend le discours colonialiste de la Terra nullius, locution latine qui signifie «territoire sans maître.» Comprendre que la France avait le «droit» de coloniser l’Algérie puisqu’elle était sans maître ni… nation. Mais attention, il ne faut surtout pas croire que cette pensée est majoritaire. Nombre de Français n’ont aucune sympathie pour la période coloniale et savent à quoi s’en tenir. Mais l’air du temps est ce qu’il est et les lignes bougent. Il n’échappe à personne que la conjoncture est marquée par la forte résurgence du plaidoyer pro-colonial lequel s’impose dans la campagne électorale pour la prochaine élection présidentielle.

    Hasard du calendrier, cette dernière coïncidera avec le soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’indépendance avec son lot de commémorations : les tueries du 17 octobre 1961, les morts du métro Charonne à Paris, le 8 février 1962, les négociations d’Evian, le cessez-le-feu du 19 mars 1962 sans oublier les attentats, en Algérie comme en France, de l’Organisation armée secrète (OAS). A chaque fois, ce n’est pas d’Algérie que viendra la «surenchère mémorielle» mais bien de France où l’on est tenu – même si l’on professe un discours critique à l’égard de la colonisation et de ce que fut la guerre d’Algérie – de mettre systématiquement les indépendantistes algériens en accusation. Cinq minutes pour les enfumés du Dahra, et cinq minutes pour Pélissier. Cinq minutes pour les victimes d’Aussarès et de Papon, cinq minutes pour les «exactions» du FLN. C’est la règle qui s’impose désormais. Tendez-bien l’oreille ou lisez bien la majorité de ce qui se publiera, le message sera toujours de la même teneur. Dans le meilleur des cas, ce sera : les Algériens avaient raison de vouloir être indépendants mais, le FLN a tout de même…

    A quoi tient cette mise à distance égale ? La réponse est simple. La colonisation est encore un poids à expier. Parce que le rapport fantasmé au passé, la nostalgie pour la puissance de l’empire et, certainement, la mauvaise conscience et la culpabilité, empêchent l’expiation et donc la délivrance définitive. Ce à quoi s’ajoutent les considérations de politique intérieure qui rendent impossibles une reconnaissance définitive des torts et la présentation d’excuses au peuple algérien. Personne ne niera que les déclarations françaises à propos de l’Algérie sont toujours du pain béni pour le régime d’Alger car cela offre de belles occasions pour faire diversion et appeler à resserrer les rangs. Mais il faut revenir au point de départ. J’affirme ici que c’est en France que l’obsession du passé algérien est la plus prenante et c’est d’autant plus complexe que cela n’est pas assumé. Pourtant, n’importe quel politicien français le confirmera. S’exprimer à propos de l’Algérie, c’est d’abord prendre des risques sur le plan de la politique intérieure. C’est fâcher des électeurs. C’est prendre le risque de se mettre à dos les uns ou les autres ou même tout le monde : rapatriés, enfants de rapatriés, harkis et leurs enfants, français issus de l’immigration maghrébine, anciens appelés du contingent, ressortissants originaires des protectorats maghrébins ou des colonies d’Afrique subsaharienne, etc.

    Donc, on se tait, on élude, on tergiverse, on n’ose pas réagir quand l’extrême-droite fait dans la surenchère ou bien alors on l’accompagne. Mieux, on la devance. Bref, tout cela est d’abord une affaire franco-française qui pourrait même passer inaperçue en Algérie si nous avions les moyens d’avoir nos propres débats, si nos éditeurs étaient aidés et encouragés par l’Etat à publier et faire œuvre de mémoire, si la liberté de parole était consacrée au lieu d’être entravée et si, enfin, nos historiens avaient un droit d’accès à toutes les archives nationales. Au lieu de cela, nous sommes toujours en position défensive et nous nous engageons dans des polémiques mémorielles qui, en réalité et pour l’essentiel, sont une affaire hexagonale. Ce qui se joue en France n’est rien d’autre qu’un réveil puissant de mémoires algériennes difficilement réconciliables. Cela concerne les Algériens. Mais de loin. Et il sera vain d’espérer un apaisement mémoriel entre Alger et Paris tant que la France n’aura pas trouvé un consensus majoritaire sur son passé algérien.

    (1) «Macron sous-estime la mémoire blessée des Algériens»,

    par Paris : Akram Belkaïd

    El-Watan, 4 octobre 2021.

  • Le Président français maintient ses propos

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    Emmanuel Macron s’est de nouveau exprimé, hier, sur les sujets qui ont suscité la colère d’Alger sans revenir sur ses déclarations.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Lorsque la journaliste de France Inter qui l’interviewait ce mardi lui demande s’il maintient ses propos rapportés par le journal Le Monde, le chef de l’État français ne marque pas d’hésitation avant de répondre. Les mots prononcés alors sont plus soutenus mais ne changent rien au fond de ses premières déclarations. Pas de démenti, pas de regrets, « nous sommes, dit-il, dans une crispation que nous avons déjà connue au printemps 2020. L’Algérie avait déjà rappelé son ambassadeur suite à un reportage audiovisuel du même journaliste qui avait décrit ce qui se passait.» « J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le Président Tebboune », ajoute Macron sans toutefois revenir sur les propos ciblant les dirigeants algériens. La journaliste à laquelle il fait face les lui rappelle pourtant et les qualifie d’extrêmement durs : « un système fatigué », « un système qui s’est bâti sur une rente mémorielle basée sur la haine » et cette question « existait-il une nation algérienne avant la colonisation française ? ».

    Le Président français ne rebondit pas et axe son intervention sur le «travail de mémoire» entrepris. Ces mots sonnent comme un reproche sans lien cette fois avec le dossier de l’immigration évoqué quelques jours plus tôt comme étant le nœud des tensions. « Nous avons enclenché un travail, le rapport demandé à Benjamin Stora, la commission que nous avons installée sur la base de ce travail, on se dit des choses qui ne sont pas agréables avec nous-mêmes, j’ai été le plus franc possible avec la question des harkis et je continuerai ce travail, dit-il.

    Quand la question m’a été posée sur l’accueil du rapport de Bemjamin Stora en Algérie j’ai été obligé de répondre, de dire la vérité, on en a parlé avec le Président Tebboune, c’est quelqu’un en qui j’ai confiance. Il a eu des mots amicaux et proportionnés mais Benjamin Stora a eu des mots extrêmement durs, beaucoup de gens l’ont insulté, il a même été menacé, on ne peut pas faire comme si ce n’était rien.»

    Il poursuit : « Mon souhait est qu’il y ait un apaisement, je pense que c’est mieux de se parler pour avancer, il y a sans doute des désaccords, nous avons trop de compatriotes dont la vie est mêlée à l’Algérie pour faire comme si de rien n’était, il y a trop de Françaises et de Français qui sont les petits-enfants de harkis, pieds-noirs, d’appelés pour ne pas embrasser cette histoire et en quelque sorte reconnaître ces mémoires et de leur permettre de cohabiter, il y aura immanquablement d’autres tensions, mais je pense que mon devoir est de faire cheminer ce travail.»
    L’intervention est close. Même prononcés en termes plus diplomatiques que ceux qui avaient caractérisé sa rencontre avec de jeunes binationaux jeudi dernier à l’Élysée, ils semblent loin de s’inscrire dans une volonté d’apaisement sincère.

    Emmanuel Macron maintient ses propos, ses critiques et prévoit, au contraire, d’autres tensions. Il devra aussi les assumer, à en croire la réaction d’Alger qui a déjà fermé son espace aérien aux avions militaires français qui participent, entre autres, à l’opération Barkhane au Mali.

    Abla Chérif

    Le Soir d’Algérie, 06/10/2021

  • Macron et les canards sauvages

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    Toute honte bue, face à un candidat lambda, voilà Emmanuel Macron qui n’hésite plus à étaler un vocabulaire qui ne relève pas de son bagage ordinaire. Il cherche, ainsi, à séduire un électorat radicalisé, avec tromperie sur la marchandise. Or, les électeurs reconnaîtront leur vraie chapelle, et l’original plutôt que la copie, surtout pompeuse. Certains disent qu’il a sombré dans le ridicule, mais le ridicule ne tue pas.

    Son but est, d’une part, de laver plus blanc que l’extrême droite et l’épouvantail zemmourien, et, d’autre part, de relativiser l’échec d’une France sur le champ africain et australien, notamment. Au Sahel, le Mali ne cache plus sa volonté de s’affranchir du carcan Barkhane pour sortir du bourbier du terrorisme. En Australie, le choix des sous-marins nucléaires américains, au lieu des sous-marins conventionnels français, jugés inadéquats pour le bras de fer avec la Chine, a fait perdre à la France quelque 50 milliards de dollars, de quoi s’enflammer, malgré la nécessité de la mesure, face aux Etats-Unis.

    Ainsi parlent les politiciens de France, sur leur paquebot politique, et Macron n’ a rien fait d’autre que d’adhérer à leur fantasme. Il s’est donc lâché sur le sujet, frappant à tour de bras, l’histoire et la mémoire, le réel et l’imaginaire, et la colère l’a submergé, rien qu’en pensant à tous les privilèges dont la France a bénéficié, durant les décennies bouteflikiennes (sauvetage d’Alstom pour les beaux yeux de Sarkozy, contrats juteux pour ADP, Suez, la Lyonnaise des eaux etc).

    C’est qu’avec le Hirak et la remise en ordre de la maison Algérie, au pas de charge par feu Gaïd Salah, toute une clientèle de l’ancienne puissance coloniale est passée à la trappe. Pendant quelques mois, mais quelques mois seulement, le président Macron a cru que les choses allaient «rentrer dans l’ordre» et que les «acquis» seraient, en fin de compte, préservés. Il semble qu’il n’en est rien.

    Aussi, n’a-t-il pas d’autre alternative que de régler son pas sur le pas de Sarkozy, balayant les déclarations antérieures sur le «crime contre l’humanité» et remettant au goût du jour la sucette des «bienfaits de la colonisation». De là à brandir une nouvelle loi, pour bien marquer sa différence, il n’y a qu’un pas mais celui-là se jouera à pile ou face, en avril 2022. «Il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages», a, pourtant, prévenu Charles de Gaulle.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression, 07/10/2021

  • Algérie.- La solution n’est pas que dans le pétrole

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    En caracolant au-dessus de la barre psychologique des 80 dollars et en se rapprochant de l’autre barre tout autant psychologique des 100 dollars, le pétrole donne, ces dernières semaines, du baume au cœur aux Algériens. Ils sont plus que soulagés de constater cette hausse miraculeuse qui évite un nouvel endettement extérieur, rétablit les équilibres budgétaires et la balance des paiements. Le pays est sérieusement sorti de la zone rouge et le gouvernement peut souffler. Les problèmes de liquidité dans les agences postales, les chantiers à l’arrêts et autres restrictions sur les importations de certains produits nécessaires ne poseront désormais plus de problème.

    L’exécutif peut donc se pencher sur les véritables chantiers des réformes sans avoir à gérer les pénuries.

    Il y a là autant de motifs de satisfaction pour les Algériens. Il reste que l’empressement de voir le bout du tunnel amène des citoyens à afficher leur mécontentement et les petites frictions au sein de la société témoignent d’une fracture sociale provoquée par les sept années de disette. En effet, il est parmi les citoyen qui s’estiment lésés et accusent le gouvernement de mal redistribuer l’argent du pétrole. La flambée des prix, qui usent certains au moment où d’autres roulent carrosses et construisent des villas luxueuses, a donné du pays l’image d’une société coupée en deux. Mais les récentes décisions du président de la République qui consistent d’un côté, à sévir contre les spéculateurs et de l’autre à relever sensiblement le pouvoir d’achat des ménages sont de nature à apaiser le front social.

    En fait, l’on a beau crier à l’injustice ou au scandale, il demeure que le bonheur de tout Algérien, quel que soit son statut, est intimement lié à la rente pétrolière. L’on comprend donc aisément qu’un baril à plus de 82 dollars nous permet d’envisager une solution à moyen terme aux problèmes qui peuvent survenir, sans avoir à gérer un quelconque conflit social. Il nous permet aussi de consommer notre semoule et notre lait aux mêmes prix quoi qu’il arrive au plan international… Bref, le pétrole nous offre l’occasion de continuer à nous critiquer les uns les autres, à nous poser des questions sur la justice sociale, tout en poursuivant dans notre entêtement à ne pas voir les choses en face, telles qu’elles sont : nous ne créons pas assez de richesses, nous n’apportons pas suffisamment de produits de nos champs ou nos usines.

    Cela pour dire que la hausse des cours de ces derniers temps est la bienvenue, mais ce n’est absolument pas la solution aux problèmes de développement du pays…

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 07/10/2021

  • L’Algérie réaffirme son ferme engagement à soutenir le Mali

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    ALGER – Le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra a réaffirmé, mardi, lors d’une visite à la République du Mali, en sa qualité d’envoyé spécial du président de la République, la solidarité inconditionnelle de l’Algérie et son ferme engagement à soutenir le Mali, notamment à la lumière des défis actuels.

    M. Ramtane Lamamra arrivé, mardi, à Bamako a été reçu par le président de l’Etat du Mali, M. Assimi Goita, en sa qualité d’envoyé spécial du président de la République à qui il a transmis « les sincères salutations et un message oral de son frère le président Abdelmadjid Tebboune, dans lequel il lui a réitéré la solidarité inconditionnelle de l’Algérie et son ferme engagement à soutenir le Mali notamment à la lumière des défis actuels, mue par son attachement à ses valeurs et principes de liberté ».

    La rencontre a été une occasion d’échanger les vues autour de certains aspects des relations internationales des deux pays et de passer en revue les développements de la situation sécuritaire et politique prévalant dans la région, en sus des derniers développements enregistrés dans le processus de paix et de réconciliation nationale au Mali, issu du processus d’Alger.

    A cet effet, M. Lamamra a affirmé « la solidarité de l’Algérie et son engagement à poursuivre ses efforts à la tête du comité de suivi de l’application de l’accord de paix et de réconciliation pour accompagner les parties maliennes à aboutir à des compromis pour accélérer le rythme de réalisation de ses clauses sur le terrain », ajoute le communiqué.

    Le Président malien a pour sa part exprimé « sa profonde considération du soutien multiforme que l’Algérie n’a eu de cesse d’apporter au Mali sur le plan bilatéral, exprimant son aspiration à rencontrer son frère le Président Abdelmadjid Tebboune lors de sa visite prévue en Algérie ».

    Le président Goïta a salué les efforts constants de l’Algérie visant à permettre à la République malienne de surmonter les défis dictés par la période de transition actuelle, en sus de la menace terroriste croissante au nord et au centre du pays », ajoute la même source.

    Lors de sa visite M. Lamamra a été reçu par le Premier ministre, chef du Gouvernement de la République du Mali, M. Choguel Maïga. A cet effet, les deux parties ont évoqué la coopération entre les deux pays dans divers domaines et les moyens de renforcer les échanges dans les domaines, économique et commercial, en sus des préparatifs des prochaines échéances bilatérales.

    Lors de la rencontre M. Lamamra a été informé des efforts consentis par les différents établissements de l’Etat malien sous la supervision du Premier ministre, chef du Gouvernement pour la gestion de la période de transition, le rétablissement de la sécurité et de la stabilité et l’échange de vues au sujet de certains aspects des relations internationales entre les deux pays.

    APS

  • Le Pen-Zemmour-Macron: Même discours raciste et même rhétorique

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    « La France officielle a besoin de décoloniser sa »propre histoire », afin de réparer, en urgence, la faillite mémorielle qui est malheureusement intergénérationnelle chez certains nombres d’acteurs de la vie politique française parfois aux niveaux les plus élevés », a indiqué mardi le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra depuis Bamako.

    Ces propos résument à eux, seuls, le désarroi dans lequel se débat la France officielle qui n’arrive plus ni à gérer son présent ni à se départir de la tare de son passé colonial. La crise des sous-marins a montré que le statut de la France, dans le camp des pays occidentaux est celui du comparse tout juste bon à applaudir la prestation du chef et à vivoter sous son ombre. Le quai d’Orsay et l’Elysée avaient bien tenté de ruer dans les brancards, agitant même la menace de se retirer de l’Otan. Il avait suffi d’un entretien Macron- Biden, pour voir Paris se soumettre à la loi du plus fort, faisant profil bas face aux USA et ses alliés de l’Otan.

    Et pour comprendre la gêne de la France devant la puissance des USA et ses alliés, il faut revenir aux propos, menaçants selon certains analystes, du secrétaire général du « pacte Atlantique », qui a mis en garde les Européens contre la tentation de créer une alliance parallèle à l’Otan.

    Jens Stoltenberg, a critiqué mardi à Washington les pays désireux de renforcer la défense européenne, soulignant que créer des structures concurrentes de l’Otan risquait d’affaiblir et de diviser l’Alliance atlantique. Au moment où l’Union européenne se réunissait en Slovénie. C’est là un sérieux rappel à l’ordre de la France qui n’avait pas hésité, après le déclenchement de la crise des sous-marins de menacer de se retirer de l’Otan et de créer une alliance européenne en mesure de le supplanter. Et ces échecs de la France sur le plan international ont poussé les personnalités politiques, aussi bien de la droite que la gauche, à remuer leur passé colonial pour trouver les ingrédients pour épicer leur pré-campagne électorale.

    Ce jeu, aux relents nauséabonds tant il est teinté de crimes contre l’humanité, a été utilisé par le président Macron qui s’est brûlé les doigts et par les prétendants à sa succession que sont les deux nostalgiques du passé colonial de la France Eric Zemmour et Marine Le Pen.

    Fidèle à la pensée de son géniteur, ancien officier tortionnaire du contingent français en Algérie, Marine Le pen qu’elle soit sous la bannière du Front national, ou du rassemblement national, excelle dans l’art de remuer dans la nostalgie de la France coloniale. Il faut reconnaitre à Eric Zemmour, l’art d’avoir su réveiller les vieux démons, chez ceux qui affirmaient que la France, creuset de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, a su dépasser les blessures de son passé colonial mais qui rêvent toujours de garder sous leur botte les peuples de leurs anciennes colonies.

    Le Pen, Macron, Zemmour, Dupont Aignan ou encore Guillaume Bigot ou encore toute la cohorte d’intellectuels encore coincés à l’heure de la France de Papa doivent tous comprendre que leur rêve de grandeur et de puissance est révolu. Ils doivent comprendre une fois pour toutes que l’Afrique n’est plus leur chasse gardée et que l’Algérie a gagné son indépendance au prix d’un lourd tribut.

    La France officielle, qu’elle soit de droite ou d’extrême droite ne doit plus se fier aux résultats des sondages. Les Français, du moins ceux des générations post indépendance d’Algérie, ont d‘autres besoins et d ‘autres aspirations. Leur agiter le passé colonial de leur pays, ne les fera pas changer d’intention de vote. Macron risque de vivre l’affront qu’avait subi Sarkozy qui avait échoué dans sa tentative de se faire réélire. Il doit trouver d’autres atouts et d’autres arguments pour gagner cette bataille au lieu de tenter de faire grossir les rangs de l’extrême droite par un discours à la limite raciste.

    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 07/10/2021

  • La métaphysique de l’intestin

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    Le président de la république Abdelmajid Tebboune, a chargé le ministre de la justice d’élaborer un projet de loi de lutte contre la spéculation, à présenter au plus tard à la prochaine réunion du conseil des ministres, et contenant des peines allant jusqu’à 30 ans de prison contre les spéculateurs.

    Ah le commerce de la ripaille chez nous…et ses oisivetés spéculatives ! Presque une métaphysique de l’intestin!

    Ramadan, fêtes de l’Aid, de l’Achoura : les prix voltigent dans un esprit sacristain, et les porte-feuilles ploient sous la vertu de la «Hassana» et du « Adjr». Dépensez sans compter, Dieu vous le rendra.

    Chorba frik, pruneaux, puis mouton d’Ibrahim, et Rechta du Moharrem. Bien manger est le commencement du bonheur, dit le proverbe.

    Sauf que…ce n’est plus tenable et ça vire au bouillon maudit sans saveur ni odeur.

    Le panier vide dérègle tous les sens. Et supprime d’un trait de dinars, les paysages olfactifs de presque toutes les cuisines et chaumières d’Algérie.

    Exit les cordons bleus, les fines bouches, les fines gueules, l’exclamation des papilles.

    Désormais on se shootera à la soupe à l’oignon dans un silence qui fait ressembler la cuisine à une cellule.

    Dehors, on se sustentera à la tranche de pizza au fromage douteux, et à la Karantita pétaradante à 15 dinars.

    Cela pourrait s’intituler : il était une fois le gueuleton. Festin entre viande et poulet, et moments de grâce dans la quiétude d’une marmite pleine aujourd’hui disparus.

    Par un glissement presque tectonique, la boustifaille a dérivé, pour presque devenir impossible et se voit lorgner sur des légumes qui se ratatinent et des fruits qui pourrissent.

    Le président a ordonné que l’on prépare un projet de loi contenant des peines allant jusqu’à 30 ans de prisons contre les spéculateurs. Et si on agissait sur les causes et pas sur les conséquences?

    A commencer par créer des Halles dans chaque ville, comme ailleurs.

    Halles où le lait, le fromage, les viandes, les poissons, les fruits, les légumes…viendraient chaque matin crépiter dans la souche des prix et la multiplication de la concurrence.

    Depuis Les Halles de l’ex Belcourt et leur disparition dans les années 70, la ripaille est plus politique que gastronomique. Et la bouffe dégage un relent bureaucratique rotant. À la vôtre!

    Madjid Khelassi