Catégorie : Algérie

  • Albares en Algérie dans un contexte de tension régionale

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    Alger, 30 sept. (EFE) – Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, effectue aujourd’hui une visite officielle à Alger, à un moment où la tension politique augmente en Afrique du Nord et au milieu d’un âpre conflit politique entre l’Algérie et le Maroc, deux partenaires stratégiques pour l’Espagne et l’Union européenne.

    Un conflit qui n’a cessé de s’aggraver depuis qu’Alger a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août, et qui a eu l’effet le plus rapide et le plus visible sur le secteur de l’énergie, et en particulier sur l’approvisionnement de l’Europe en gaz algérien par le gazoduc que les deux pays partageaient.

    Cette rupture, qui place l’Espagne dans une situation difficile vis-à-vis de deux partenaires essentiels, a également signifié la fin des négociations pour le renouvellement de l’accord d’exploitation du gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui part du gisement algérien de Hassi R’Mel et aboutit dans le sud de l’Espagne après avoir traversé le Maroc.

    La question de savoir comment compenser la fermeture de cette « autoroute du gaz », d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes de gaz par an, domine l’agenda d’Albares, qui voyage accompagné des présidents de Naturgy, Francisco Reynés, et d’Enagás, Antoni Llardén, à la recherche d’alternatives.

    Le 24 août, le ministre algérien de l’énergie, Mohamed Arkab, a annoncé qu’Alger ne renouvellerait pas les contrats d’approvisionnement avec Naturgy et le portugais Galp, qui expirent le 31 octobre, et qui laissent également le Maroc dans une situation compliquée, qui a demandé la médiation de l’Espagne.

    L’Algérie insiste toutefois sur le fait que le niveau d’approvisionnement de l’Europe sera maintenu grâce à l’augmentation de la capacité de l’autre grand gazoduc reliant le cœur du désert à l’Espagne via la Méditerranée, mais Madrid et les autorités européennes nourrissent de sérieux doutes quant à l’avenir.

    PROBLÈME DE MIGRATION

    Toutefois, l’agenda du ministre espagnol à Alger comprend également un deuxième sujet de grande préoccupation : l’augmentation de l’arrivée de bateaux en provenance de la côte algérienne, qui est devenue le premier point de départ de la migration irrégulière le long de la route de la Méditerranée occidentale.

    Cette route commence sur les plages de l’ouest de l’Algérie et se termine à Almeria, Murcie, Alicante et aux Baléares. Depuis le début de l’année, plus de cent personnes ont perdu la vie le long de cette route, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence des Nations unies.

    La dégradation croissante de l’économie algérienne, dépendante du pétrole et du gaz et plongée dans une grave crise depuis la chute du prix des hydrocarbures en 2014, et l’amélioration de l’organisation des mafias algériennes sont les deux principales raisons de l’augmentation de cette route, déjà plus active que celle des Canaries.

    Bien que l’Espagne et l’Algérie aient des accords en la matière, comme pour la collaboration dans la lutte contre le djihadisme, des sources diplomatiques assurent à Efe que le moment est peut-être venu de les revoir et de les renforcer.

    LA QUESTION SAHRAOUIE

    Le troisième volet de la visite d’Albares en Algérie est la question du Sahara occidental, qui a pris un tournant ces dernières semaines après que le Maroc a accepté la nomination d’un nouvel envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, après deux ans de refus et d’obstacles constants.

    Et la décision mercredi du Tribunal de l’UE d’annuler les accords de pêche et d’agriculture entre l’UE et le Maroc qui incluaient des exploitations agricoles dans le territoire du Sahara occidental, que le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtam Lamamra, a qualifié de « victoire retentissante » pour le peuple sahraoui.

    Dans une déclaration, Lamamra a souligné que « cette réalisation historique ouvre également une nouvelle étape dans la lutte du peuple du Sahara occidental pour l’exercice de son droit inaliénable et non négociable à l’autodétermination, dans le sens où elle constitue un point de référence fondamental pour les instances internationales concernées » et a averti l’ONU qu’elle marque la voie à suivre pour résoudre la question de l’ancienne colonie espagnole.

    L’Algérie est le principal soutien politique, économique et militaire du Front Polisario qui, depuis un an, harcèle militairement le Maroc au niveau du mur de séparation érigé par Rabat dans le désert et demande la renégociation du cessez-le-feu obtenu par l’ONU en 1991, qui inclut la convocation d’un référendum d’autodétermination.

    Sur le même plan, la controverse sur l’entrée en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, qui a été transféré d’Algérie dans un avion médicalisé et qui, une fois remis du Covid-19, est rentré à Alger, où il a reçu un accueil chaleureux du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et de la direction militaire. EFE

    Swissinfo, 30/09/2021

  • Algérie: Le livre de la jungle…scolaire

    Algérie: Le livre de la jungle…scolaire

    Algérie, rentrée scolaire, manuels scolaires, #Algérie,

    Une semaine après la rentrée scolaire 2021- 2022, le secteur se tape sa première crise : celle des manuels scolaires. Les livres, qui jusque là se vendaient chaque début d’année scolaire au sein des établissements, sont externalisés et attribués aux libraires.

    La raison ? Les intendants d’établissements estiment que la vente des livres leur occasionne des dépenses, et que pour cette opération, ils ne sont pas rétribués. Alors que les libraires se tapent 8% de marge bénéficiaire sur chaque manuel scolaire.

    En tous cas , s’il n’existait pas de crise dans le secteur , il fallait la créer.

    Aux quatre coins du pays , le spectacle est affligeant : des files d’attentes impressionnantes aux abords des points de vente.

    Manquait plus que ça , disent les parents désabusés par cette nouvelle galère, qui vient se greffer sur les autres problèmes de l’école, tels que les salaires des enseignants, la rareté des profs dans les matières essentielles comme les maths, le français, l’anglais.

    L’année 2021, année de la queue leu leu… dit un parent devant une librairie, et faisant ironiquement allusion aux queux leu leu de l’huile , du lait , du pain etc.

    Ah l’école algérienne ! Quelle tragédie sans nom ! Ou plutôt si : l’école du bac à 9 de moyenne !

    Cette crise du livre scolaire pourrait aussi s’intituler : le livre de la jungle…scolaire !

    Jungle des cours de « sous- tiens » via des profs oublieux de l’éthique, jungle des classes surchargées , des préaux d’un autre âge, et des élèves laissés sur la route par un transport scolaire désorganisé.

    Sans oublier la violence, presque quotidienne sur les enseignants, et titrée : Le créateur dévoré par sa créature !

    Une enseignante se plaignit , il y’a quelques temps devant un Wali… en lui déclarant que le mobilier des salles de classes datait de la colonisation. Mal lui en pris, car elle fut «mangée» par le dit wali.

    Oui et c’est une réalité, les élèves prennent leurs cours au milieu de nulle part. Dans des bâtiments désaffectés , et des préaux délabrés.

    Aussi, dans ce fatras désolé et dans ces ruines, la crise du livre scolaire ne vient que s’ajouter aux genres et aux nombres des problèmes d’une école irrémédiablement sinistrée .

    Madjid Khelassi

    La Nation, 30/09/2021

  • Algérie: Manœuvre navale près de la frontière avec le Maroc

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    – Avec la participation de sous-marins simulant un véritable combat contre un ennemi dans les profondeurs de la mer, selon un communiqué du ministère algérien de la Défense.

    AA/Algérie

    L’armée algérienne a effectué, mercredi, une manœuvre navale avec la participation de sous-marins dans une zone proche de la frontière de son pays avec le Maroc.

    La télévision algérienne a diffusé des images de la manœuvre qui s’est déroulée à la base navale de Mers El-Kébir (ouest), sous la supervision du Général de Corps d’Armée, Saïd Chanegriha, chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP), et du général-major Mahfoud Benmedah, Commandant des Forces navales.

    « Mers El-Kébir » est la plus grande base navale algérienne située sur la côte de la ville d’Oran, également appelée la Façade maritime Ouest, car elle couvre les côtes frontalières avec le Maroc.

    Selon un communiqué du ministère algérien de la Défense, l’exercice tactique s’intitule « Dissuasion Compound 2021 », et s’est déroulé « avec la participation de sous-marins qui simulent une véritable bataille contre l’ennemi dans les profondeurs de la mer ».

    Le site Global Fire Power, spécialisé dans la classification des armées dans le monde, a confirmé dans un rapport pour l’année 2021, que l’Algérie possède 8 sous-marins, dont la plupart sont de fabrication russe, et qu’elle occupe la 15e place mondiale et la première en Afrique et dans le monde arabe dans ce domaine.

    Cette manœuvre s’inscrit dans le cadre de l’entraînement des forces navales à des opérations de combat proches de la réalité et de l’évaluation de la maitrise du système d’armement moderne, selon le communiqué du ministère.

    Selon la même source, lors de la manœuvre, « des missiles et des torpilles ont été lancés à partir du sous-marin « Djurdjura » contre des objectifs maritimes (…) les cibles en question ont été détruites avec succès ».

    La manœuvre intervient dans un contexte marqué par une escalade de la crise entre l’Algérie et le Maroc, quelques jours après que l’Algérie avait décidé de fermer son espace aérien à tous les avions civils et militaires ainsi qu’à ceux immatriculés au Maroc.

    Le 24 août, l’Algérie avait rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc compte tenu « des actes hostiles incessants perpétrés par Rabat à son égard», tandis que les autorités marocaines avaient rejeté « les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui sous-tendent la décision d’Alger ».

    Anadolou, 30 sept 2021

  • Lecture du redéploiement stratégique de l’Algérie dans la région

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    La révision constitutionnelle de novembre 2020 établit les conditions d’une intervention extérieure de l’Armée nationale populaire, rompant avec une tradition de non-ingérence. Un changement doctrinal nécessaire pour Alger, qui traduit sa volonté de revenir au premier plan diplomatique
    Le 24 août 2021, le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra annonçait la rupture des relations diplomatiques avec le royaume du Maroc.

    Cet épisode n’est que le dernier en date d’un processus de redéploiement politique régional de l’Algérie, après plusieurs années d’effacement. Les derniers temps du règne d’un Abdelaziz Bouteflika malade et diminué avaient été synonymes d’une action diplomatique anémique pour un pays traditionnellement réputé pour son activisme international, notamment dans un rôle de médiateur éprouvé.

    Ce retour au premier plan a été acté par la Constitution adoptée par référendum populaire le 1er novembre 2020, qui a opéré une rupture radicale avec le non-interventionnisme en vigueur jusqu’alors, un principe qui constituait un des piliers fondamentaux de la politique algérienne depuis son indépendance.

    L’armée n’avait pas l’interdiction légale de franchir ses frontières mais les Constitutions de 1989 et 1996 insistaient sur une dimension territoriale du recours à la force.

    L’Armée nationale populaire (ANP) s’est déjà engagée sur des théâtres extérieurs dans son histoire – notamment à l’occasion de la guerre des Sables contre le Maroc en 1963 ou des guerres israélo-arabes de 1967 et 1973 –, mais l’Algérie s’est, en règle générale, conformée à cette volonté de non-ingérence.

    Désormais, le président Abdelmadjid Tebboune peut autoriser l’armée à participer à des missions hors des frontières du pays après l’approbation des deux tiers du Parlement, notamment dans le cadre des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes (articles 31 et 91 de la Constitution).

    Certes, la constitutionnalisation des conditions d’intervention à l’étranger offre une « protection » pour l’armée, selon les déclarations d’un membre de l’état-major de l’ANP, mais elle officialise surtout un changement doctrinal qui vise à faire face aux défis régionaux et internes.

    Instabilité en Tunisie et en Libye
    Le pays fait face à un contexte sécuritaire dégradé sans précédent à ses frontières.

    Dans les années 1990, la principale préoccupation dans ce domaine était interne, avec la lutte contre le terrorisme qui a en partie structuré la pensée sécuritaire étatique.

    Aujourd’hui, l’Algérie est bordée d’un arc de crises touchant la quasi-intégralité de ses 7 000 kilomètres de frontières terrestres, qu’elle partage avec sept pays, si l’on inclut la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

    Comme l’explique Smail Djourhi, chercheur à l’université d’Alger 3, « cette situation inédite à travers l’histoire [de l’Algérie] suppose une adaptation de l’appareil militaro-sécuritaire et le dépassement des paradigmes de sécurité traditionnels adoptés depuis l’indépendance ».

    À l’est, même la Tunisie, dont la révolution de 2011 fait pourtant figure d’exception pour son dénouement relativement pacifique, présente des facteurs d’instabilité. Aux crises politiques successives s’ajoutent une fragilité économique exacerbée par la crise du COVID-19 et la persistance de la menace terroriste.

    Victime de plusieurs attaques meurtrières entre 2011 et 2016, la Tunisie a constitué le premier contingent de combattants étrangers dans les rangs du groupe État islamique (EI) en Syrie.

    En Libye, une sortie de crise est esquissée avec la formation en mars 2021 d’un Gouvernement d’union nationalesous l’égide de l’ONU, mais l’ingérence de puissances étrangères et les affrontements entre milices maintiennent un niveau de risque élevé.

    De plus, l’Algérie est en situation d’hostilité affichée avec l’un des principaux acteurs de la guerre civile libyenne, le maréchal Haftar, qui multiplie les provocations.

    La guerre civile libyenne a, par ailleurs, été un des facteurs déstabilisateurs au Sahel, où l’afflux d’armes en provenance de l’arsenal de Mouammar Kadhafi a contribué à la formation de groupes armés.

    La diplomatie algérienne a participé activement au règlement du conflit entre Bamako et les rebelles indépendantistes touarègues de la Coordination des mouvements de l’Azawad avec l’accord d’Alger de 2015, mais est depuis en retrait alors que l’insurrection, désormais menée par divers groupes extrémistes armés, se poursuit dans plusieurs pays de la zone.

    Le Mali, le Tchad et la Mauritanie – voisins directs –, mais aussi le Burkina Faso, voire le Nigéria, ne semblent pas en mesure de lutter efficacement contre le terrorisme et d’enrayer la spirale de violence au sein même de leurs populations.

    À l’ouest, les antagonismes entre Maroc et Algérie ne sont pas résolus, nourris notamment par la question sahraouie.

    Les récentes évolutions, entre normalisation des relations du Maroc avec Israël en décembre 2020, révélations des pratiques d’espionnage marocaines à grande échelle grâce au logiciel israélien Pegasus, et accusations à l’encontre du Maroc pour son soutien supposé au Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé « terroriste » par les Algériens, ont fait monter la tension jusqu’à la rupture des relations diplomatiques.

    Rééquilibrages politiques internes
    Ainsi, cette révision constitutionnelle permet à l’Algérie d’opérer, selon Smail Djourhi, « la migration d’une doctrine réactive à une doctrine préemptive » et de faire une distinction « entre frontières géographiques et frontières sécuritaires qui autorise, si la situation l’exige, l’exécution d’opérations […] en dehors du territoire ».

    En effet, ceinturée par des États défaillants ou hostiles, l’Algérie semble en partie contrainte par les événements d’adopter une nouvelle posture. Néanmoins, le contexte politique interne a pu également être favorable à cette prise de décision.

    Abdelkrim Dekhakhena, chercheur à l’Université 8 Mai 1945 Guelma, justifie également ce changement de doctrine par les avantages que comporte la participation aux missions internationales de maintien de la paix : en matière de réputation, politique, influence et, surtout, sur le plan financier.

    La rémunération offerte aux pays contributeurs de ces missions pourrait constituer pour l’Algérie une rentrée de devises bienvenue alors que les réserves de change s’amenuisent.

    D’un point de vue plus politique, l’adoption d’une nouvelle Constitution devait marquer pour le pouvoir algérien la fin du processus enclenché par le hirak « béni », ainsi que le président Tebboune a décrit le mouvement déclenché en février 2019 en contestation du cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika et qui a amené à son renoncement.

    Aux premiers temps du mouvement, le discours développé par les autorités lui rendait hommage : salutaires pour le pays, le départ voire l’emprisonnement de nombreux cadres de l’ère Bouteflika et l’élection présidentielle de décembre 2019 auraient dû, selon les gouvernants, suffire à satisfaire les exigences des protestataires.

    Toutefois, les contestations demandant la fin du « système » n’ont pas cessé et sont depuis désavouées par le pouvoir.

    Il peut donc paraître cohérent que le pouvoir politico-militaire se repositionne en s’investissant sur la politique extérieure, point fort traditionnel du pays, afin de donner le change face à une situation interne difficile.

    Les accusations portées contre le Maroc pour son implication dans les incendies de Kabylie sont un exemple de l’utilisation de cette dialectique entre scènes nationale et internationale.

    De plus, le hirak a constitué l’élément déclencheur d’une modification des rapports de force au sein des cercles du pouvoir, plus propices à une politique étrangère musclée.

    Au cours de l’ère Bouteflika (1999-2019), le pouvoir a été en partie « retiré des mains de l’armée pour passer à celles des civils », comme l’explique le spécialiste des questions militaro-sécuritaires au Maghreb Flavien Bourrat. Sa mise à l’écart en mars 2019 a permis une purge des proches de l’ancien président, effectuée sous la supervision du chef d’état-major des armées, le général Gaïd Salah.

    Le responsable militaire et le président Tebboune, élu en décembre 2019, avaient alors initié ce changement de politique régionale, ce dernier déclarant notamment vouloir « donner un nouvel élan au rôle de l’Algérie au niveau international […] en particulier sur les dossiers libyen et malien ».

    Après la mort soudaine de Gaïd Salah d’une crise cardiaque en décembre 2019, son remplacement par le général-major Saïd Chengriha a intensifié cette reprise en main de l’armée.

    Chengriha a participé à la guerre d’octobre 1973 contre Israël et dirigé la troisième région militaire de Béchar, l’une des plus sensibles pour sa position stratégique, face au Maroc et contiguë au Sahara occidental. Il soutient une position ferme dans ces dossiers.

    Considéré comme un faucon en matière de politique étrangère, il dénonçait en août les complots visant l’Algérie « que l’armée saura contrecarrer ».

    Il s’est imposé comme le nouvel homme fort du pays et sous son autorité, c’est cette fois-ci les responsables nommés par Gaïd Salah qui ont subi une vague de limogeages et d’arrestations. Les règlements de comptes claniques ne sont pas chose nouvelle en Algérie, mais les nouveaux équilibres internes ont indéniablement contribué au regain d’énergie diplomatique du pays.

    Offensive diplomatique
    L’évolution des (dés)équilibres régionaux appelaient à une adaptation de la politique étrangère et sécuritaire algérienne.

    Les rapports de forces nationaux, ainsi que la manœuvrabilité sur la scène internationale procurée par les missions de maintien de la paix, ont pu également contribuer à cette rupture. Surtout, les effets s’en sont fait ressentir dans l’approche adoptée sur plusieurs dossiers diplomatiques.

    En Tunisie, avec qui les Algériens entretiennent traditionnellement de bons rapports, l’Algérie se pose en « pays frère », et y assure son influence. Elle a envoyé du matériel médical, des doses de vaccins et des camions d’oxygène au plus fort de la vague épidémique de COVID-19 qui frappait le pays du jasmin en juin et juillet derniers, alors même que ses propres réserves ne lui ont pas permis de faire face au pic de contaminations qui l’a frappée par la suite.

    Sur le plan politique, la diplomatie algérienne a fait preuve d’une grande réactivité au coup de force institutionnel du président tunisien le 25 juillet, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra se rendant trois fois en Tunisie le mois suivant pour exprimer le soutien de l’Algérie à Kais Saied. Cette relation de plus en plus étroite se traduit également par l’arrestation et l’expulsion d’opposants politiques respectifs.

    Concernant la Libye, l’Algérie, qui avait progressivement été marginalisée sur ce dossier pourtant capital, tente depuis le départ de Bouteflika de jouer un rôle plus actif et durcit le ton.

    Lors de l’offensive de Haftar dans le nord-est libyen, Tebboune avait qualifié en janvier 2020 Tripoli « de ligne rouge à ne pas franchir ». En juin dernier, il a même révélé que l’Algérie avait envisagé une intervention militaire.

    Si la situation a évolué avec la formation en mars 2021 d’un Gouvernement d’union nationale dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, elle n’est pas encore apaisée : Haftar a même prétendu en juin 2021 s’être emparé d’un poste-frontière à la frontière algéro-libyenne.

    La récente nomination au poste de ministre des Affaires étrangères de Lamamra s’inscrit dans cette volonté de reprise en main de la question libyenne.

    Ce diplomate chevronné a notamment brillé dans ces mêmes fonctions dans le passé (2013-2017) par son action dans le Fezzan libyen (limitrophe de l’Algérie), et aurait pu occuper les fonctions d’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye si les États-Unis n’avaient pas bloqué sa nomination.

    Preuve du retour diplomatique algérien, le pays a organisé le 31 août une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays voisins de la Libye (Algérie, Tunisie, Égypte, Niger, Tchad, Soudan et République du Congo), qui ont appelé notamment « à la mise en application de l’accord quadripartite entre la Libye et les pays du voisinage pour la sécurisation des frontières communes ».

    Le retour de Lamamra constitue également un signal positif pour les pays du Sahel, en proie aux insurrections d’extrémistes islamistes. Sa prise de poste coïncide à quelques jours près avec l’annonce par la France de la transformation prochaine de l’opération Barkhane au profit d’un dispositif resserré.

    De plus, le Tchad, autre force militaire d’envergure, traverse une période d’incertitude après le décès au combat de son chef d’État Idriss Déby en avril, et a décidé du retrait de 600 militaires de la force du G5 Sahel.

    Cette diminution de l’engagement de ces deux acteurs majeurs (la France et le Tchad) en matière de sécurité régionale pourrait amener l’Algérie à jouer un rôle plus actif dans la crise sahélienne, alors qu’elle conserve une forte influence dans le nord malien.

    Le Mali, une solution « à 90 % algérienne »
    Le président Tebboune a déclaré à ce sujet que la solution malienne était « à 90 % algérienne » et que son pays se tenait prêt à « aider Bamako ». L’Algérie a réactivé le CEMOC (Comité d’état-major militaire opérationnel conjoint regroupant l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, longtemps resté coquille vide), qui s’est réuni en février 2021 à Bamako.

    Le 10 août, c’est à Alger que s’est tenue une « conférence sur la sécurité au Sahel » sous l’égide du ministère des Affaires étrangères. Y ont été conviés des responsables politiques et sécuritaires des cinq pays subsahariens, des Nations unies et de l’Union africaine.

    Lamamra s’est rendu peu après au Mali pour réaffirmer l’engagement algérien auprès des autorité de Bamako, annonçant que son pays pourrait financer la reconstitution de l’armée malienne.

    Enfin, ce dynamisme diplomatique s’est exprimé de façon spectaculaire à l’annonce de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.

    Si les propos du Maroc à l’ONU exprimant le droit à l’autodétermination de la Kabylie ont été vécus comme un affront, les dernières victoires diplomatiques marocaines – réintégration de l’Union africaine en janvier 2017, reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental par les États-Unis – plaidaient déjà en Algérie pour une reprise de l’initiative.

    Plus inquiétant, les deux pays semblent avoir fait leur choix face au dilemme de sécurité : entre 2016 et 2020, le Maroc et l’Algérie ont importé 70 % des armes présentes en Afrique (hors Égypte) selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui classe l’Algérie au sixième rang mondial des importateurs d’armes.

    Cette rupture diplomatique intervient également quelques mois après la reprise des hostilités au Sahara occidental entre Front Polisario et le Maroc, une première depuis le cessez-le-feu de 1991.

    L’Armée nationale populaire algérienne a par ailleurs conduit en janvier 2021 d’importants exercices militaires à sa frontière avec le Maroc, le chef d’état-major Chengriha évoquant à cette occasion la menace constituée par des « ennemis d’hier et d’aujourd’hui ». Coutumier du fait, il avait précédemment exhorté les soldats de l’ANP à se tenir prêts pour « la défense de nos frontières […] même contre un ennemi classique ».

    Ce dynamisme diplomatique s’observe au-delà de son environnement immédiat, comme en témoigne l’initiative algérienne pour résoudre le litige autour du barrage éthiopien de la Renaissance.

    Abdelmadjid Tebboune a également entrepris fin août un mouvement d’ampleur au sein du réseau diplomatique algérien, qui a donné lieu à la nomination de sept envoyés spéciaux consacrés à des axes stratégiques pour le pays.

    Cette offensive diplomatique devrait s’inscrire dans la durée, les défis régionaux étant nombreux et compliqués. Toutefois, Alger doit prendre garde à conserver son image d’arbitre qui se projette au-dessus de la mêlée.

    Ses capacités de médiation étaient réputées dans le monde entier, matérialisées par exemple par la résolution de la crise des otages de l’ambassade des États-Unis en Iran en 1979, et constituent un point fort à préserver.

    Surtout, les autorités algériennes auront à trouver un équilibre entre l’énergie allouée à la gestion des dossiers diplomatiques et celle dédiée à la situation interne, tandis que la répression contre des journalistes ou des opposants se poursuit et que la crédibilité de l’État a sévèrement été mise en cause cet été par la gestion du pic épidémique de COVID-19 et des terribles incendies qui ont ravagé la Kabylie.

    Alain Leroy

    Middle East Eye, 29/09/2021

  • Algérie : Qu’est-ce qui fait courir le chef de l’Africom?

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    Le chef d’Africom a été reçu par le président Tebboune: Qu’est-ce qui fait courir le général Stephen Townsend ?

    Le général Stephen Townsend, chef d’Africom est arrivé hier, à Alger. C’est la deuxième fois que le patron de l’ « United States Africa Command » pose pied en Algérie et s’entretient avec le président de la République.

    Un communiqué de la Présidence indiquait que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu, hier, le Général Stephen Townsend, chef du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), qui effectue une visite de travail en Algérie en compagnie d’une importante délégation. Aussi, la rencontre a permis « d’examiner les moyens de promouvoir les relations de coopération dans divers domaines liés à l’activité de l’Africom et de passer en revue les développements enregistrés dans la région, en particulier la sécurité au Sahel et les moyens de renforcer les capacités des pays de la région, notamment en matière de lutte contre le terrorisme », ajoute le communiqué.

    La rencontre s’est déroulée « en présence du Général de Corps d’Armée, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Saïd Chanegriha, et du directeur de Cabinet à la présidence de la République, Abdelaziz Khellaf », conclut le communiqué.

    Il y a exactement une année, le 23 septembre 2020, il était à Alger ; il s’était notamment exprimé sur le partenariat américain avec l’Algérie en termes très laudatifs, qualifiant l’Algérie de « partenaire fiable et très fort », qui peut jouer « un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région ».

    Très attentifs aux développements sécuritaires périlleux dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne (et dont ils sont aussi comptables, notamment concernant la reconnaissance par Trump de la pseudo-marocanité des territoires sahraouis occupés), les Américains sont autant sensibles à la percée sino-russe dans la région et semble avoir grand besoin de l’Algérie dans une guerre économique de haute intensité contre Beijing, et qui semble leur échapper.

    Il est certain que cette visite s’inscrit dans le cadre de cette volonté américaine d’en savoir plus sur les événements qui marquent la région et de connaitre le fond de la pensée des uns et des autres.

  • Emission ARTE: Toute l’Algérie du monde -Video-

    Algérie, décennie noire, Hirak, Arte, #Arte,

    De la « décennie noire » du terrorisme jusqu’à la chute de Bouteflika, en passant par le 11-Septembre et les révolutions arabes, retour sur trois décennies de politique étrangère de l’Algérie, colosse aux pieds d’argile, en quête de reconnaissance internationale.

    Plus grand pays du monde arabe et grande productrice d’hydrocarbures, l’Algérie a tout pour peser sur la scène internationale. Mais la deuxième puissance militaire d’Afrique semble être à l’écart du monde et des enjeux géopolitiques, repliée sur elle-même et minée par ses problèmes internes. Alors que le régime de Bouteflika est tombé et que le mouvement populaire du « hirak » a montré que le peuple est prêt à entrer dans une ère plus moderne et démocratique, le pays apparaît comme un colosse aux pieds d’argile, qui n’a pas su faire fructifier son indépendance. Comment en est-il arrivé à cet isolement ? De la « décennie noire » du terrorisme jusqu’à la chute de Bouteflika, en passant par le 11-Septembre ou les révolutions arabes, ce documentaire éclaire la politique étrangère algérienne des dernières décennies, tout en décryptant la stratégie des puissances occidentales à son égard.

    Pouvoir confisqué


    Soucieux d’offrir une grande diversité de points de vue, le film donne la parole à de nombreux intervenants à l’expérience éprouvée au plus près du pouvoir : ministres et ambassadeurs algériens, tels que Lakhdar Brahimi, Abdelaziz Rahabi ou Abdelkader Tafar, décédé en novembre 2020, chefs d’État (François Hollande, Moncef Marzouki), experts financiers, conseillers américains… Tous racontent la confiscation des leviers du pouvoir par Bouteflika, la polémique sur la concordance nationale après la décennie noire, l’opacité des oligarques qui ont privatisé l’État, l’intérêt de l’Europe à ce que rien ne change… Une introspection salutaire et une découverte des dessous de la diplomatie, à un moment où la jeunesse algérienne se révèle plus politisée que jamais…

  • Industrie pharmaceutique : Saidal nourrit des ambitions africaines

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    On attendait Spoutnik V, le russe, en septembre, mais c’est finalement le CoronaVac, le chinois, qui s’est imposé. Le démarrage de la production dès demain nourrit les ambitions du secteur qui se voit déjà en puissance régionale en matière de vaccination.

    L’Algérie rejoint les pays africains qui ont décidé d’assurer leur « souveraineté pharmaceutique et médicale » en annonçant la fabrication, localement et dès demain, de son vaccin anti-covid-19 en partenariat avec le Chinois Sinovac.

    C’est Le groupe public Saidal qui se chargera de produire le CoronaVac, nom commercial du remède, dont il espère devenir un fournisseur régional.

    Dans un premier temps, la société algérienne se limitera au fill and finish (répartition aseptique) du bulk dans des flacons ». Autrement dit, le remplissage et la finition des flacons de vaccin ainsi que l’emballage du médicament et sa distribution. Le « full process (production complète du vaccin) » n’interviendra que des mois plus tard. Il faut d’abord passer par l’étape des « lots de validation », des quantités qui seront contrôlés sur la totalité des paramètres et se verront attribuer une durée de validité et d’étude de stabilité plafonnée à trois mois, avant l’obtention du quitus de mise sur le marché, selon les explications du Dr. Bouabdallah.

    Saidal aura ainsi le privilège d’être l’un des premiers fabricants de vaccins anti-covid sur le continent. Elle sera, cela dit, en concurrence avec, notamment, l’Egyptian Holding Company for Biological Products and Vaccines (Vacsera) qui l’a devancé sur ce terrain en signant avec Sinovac en décembre 2020 et en commençant sa production en juin dernier.

    Cette compétition n’a, cependant, pas entamé l’enthousiasme du ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed.

    Celui-ci a affirmé, hier, sur les ondes de la radio nationale que l’Algérie « va se projeter dans l’exportation du CoronaVac dans le cadre de l’initiative « Africa-Vac » en vue de répondre aux besoins des pays africains »

    Plateforme africaine de fil and finish

    Il a précisé que son secteur a » les possibilités d’être une plateforme africaine de fil and finish avec une capacité de production de 200 millions de doses par an ». Il a avancé que « le groupe Saidal est le seul producteur africain à avoir obtenu la licence de production du CoronaVac ».

    « Il ne s’agit pas d’un générique, a-t-il tenu à souligner. La société chinoise Sinovac a donné son nom au groupe Saidal pour l’utiliser. L’Algérie fait partie désormais du club des pays producteurs du vaccin anti-Covid. C’est une première, sachant que ce vaccin n’a qu’une année d’existence ».

    Benbahmed a indiqué que la seule ligne de fabrication dont dispose Saidal au niveau de l’usine de Constantine est en mesure d’assurer les besoins du pays et de répondre à ceux des pays africains.

    Lui qui avait prévu en avril le lancement, ce mois de septembre, de la fabrication, sous licence russe, du Spoutnik V a assuré que les négociations sont « toujours en cours » et que que « le projet n’est pas abandonné ».

    Pourquoi le vaccin chinois ?

    Selon Nadia Bouabdallah, le choix du CoronaVac a été motivé par le fait qu’il s’agit d’un « vaccin classique avec un virus inactivé » ; une technologie que les Algériens connaissent et « dont l’efficacité est connue, reconnue et prouvée ».

    Quant à la réticence de certains citoyens par rapport à son efficacité et sa non homologation par l’Agence européenne de médicament, la responsable a prédit que le sérum « sera certainement homologué en Europe, pour des considérations touristiques et politiques qui imposent son acceptation ».

    Neuf pays de l’Union européenne l’ont agréé pour l’instant, y compris la France qui a publié, la semaine dernière, un décret autorisant son utilisation sur son territoire.

    Mourad Fergad

    La Nation

  • L’Algérie ouvre ses frontières avec le Maroc pour une expulsion

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    Selon African Manager, l’Algérie va procéder à l’ouverture de son poste frontalier avec le Maroc aujourd’hui, mardi 28 Septembre 2021, pour expulser environ 45 jeunes Marocains qui étaient détenus au point de passage frontalier « Jara Charkia » au Royaume.

    Citant une « source bien informée », le site tunisien indique que la discussion porte sur le poste frontalier portant le nom de «Jog Baghal» du côté marocain et « Centre du colonel Lotfi » pour les Algériens.

    En effet, les personnes concernées par ce processus étaient des candidats à l’immigration irrégulière en Espagne en provenance des côtes algériennes, mais qu’elles étaient bloquées dans le pays depuis un an et demi.

    « La même source indique qu’ils étaient maintenus sans aucune action en justice ni décision judiciaire, tandis que leurs familles exigeaient leur expulsion vers le territoire marocain », conclue-t-il.

  • AFRICOM : L’Algérie campe sur son indépendance décisionnelle

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    «L’Algérie est un partenaire fiable et très fort, et si je suis ici, c’est que nous sommes convaincus que l’Algérie peut jouer un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région», a précisé le général d’armée Stephen Townsend, chef du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), à l’issue de sa rencontre avec le président de la République. 

    L a coopération militaire entre les deux parties se limite, aujourd’hui, à la formation et à l’échange de données techniques. Les Etats-Unis n’ont pas réussi à convaincre l’Algérie de déplacer le siège d’«Africom» de Stuttgart, en Allemagne, vers l’Afrique. Les pouvoirs publics avaient à maintes reprises exprimé leur refus quant à une présence militaire américaine dans la région, en dépit des assurances de Washington qui parle d’une activité purement logistique pour faire face aux menaces des groupes terroristes.

    Dans la perspective toujours de rassurer sur ses intentions, un responsable américain avait estimé à 9 milliards de dollars l’aide des Etats-Unis dans le cadre de l’Africom à l’Afrique. Mhand Berkouk, analyste spécialiste des questions géopolitiques, revient, dans ce cadre, sur cette visite qui relève, dit-il, «de la qualité des relations entre les deux pays qui entretiennent depuis 2005 un dialogue stratégique assez conséquent. Cette coopération souveraine entre deux Etats reflète le respect des Etats-Unis vis-à-vis du rôle que joue l’Algérie dans la consolidation de la paix et de la sécurité dans la sous-région, Afrique du Nord et Sahel, et dans le continent d’une manière générale». 

    Pour lui, «l’expertise algérienne en matière de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme constitue un cas d’école pour les pays qui font face à cette menace transnationale».  Sur la position immuable des autorités algériennes qui refusent totalement l’idée de l’installation de bases militaires étrangères sur son sol, il explique que «de par sa doctrine, l’Algérie a une politique étrangère souveraine basée sur une indépendance décisionnelle devenue presque sacro-sainte. C’est pourquoi elle refuse toute présence étrangère sur son sol et préfère prendre en charge elle-même ses besoins de sécurité nationale».

    PRÉSERVER NOTRE SOUVERAINETÉ À TOUT PRIX

    Evoquant la coopération militaire entre les deux pays et l’Africom qui avait appelé, en 2010, l’Algérie à développer une stratégie militaire aérienne conjointe, Berkouk affirme qu’«au vu de certaines analyses américaines notamment celle publiée récemment dans Military Watch Magazine spécialisé dans les études militaires et stratégiques, l’armée algérienne est la première puissance aérienne dans la région, dépassant de loin les pays du Maghreb», soulignant que «ses capacités de défense nationales sont, néanmoins, définies par une doctrine défensive liée à une lecture objective et reflétant des principes fondateurs de notre politique étrangère, à savoir le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays».

    Selon le géo-politologue, «les choix opérationnels ou stratégiques du pays sont essentiellement définis par des évaluations actuelles et prospectives des risques et menaces. Toutes les décisions sont ainsi étroitement liées au souci de préserver la souveraineté nationale». A la question de savoir quel est le rôle réel de l’Africom dans le Sahel, sachant que l’Algérie est chargée de coordonner la position du Commandement militaire conjoint des Etats de la région (Algérie, Niger, Mali et Mauritanie), il dira que «toute coopération est définie par des échanges de bonne pratique sécuritaire en matière notamment de lutte contre le terrorisme et le partage d’un savoirfaire opérationnel».

    Et de poursuivre  : «Le Sahel est considéré, cependant, comme une extension même de notre sécurité nationale. C’est pourquoi les autorités demeurent soucieuses de la préservation de cette souveraineté et de l’évolution des cas d’insécurité et de dynamique crisogène dans ces pays.» De l’avis de Mhand Berkouk, «la position algérienne est de principe même si nos besoins sont toujours en évolution au vu de la complexification de l’insécurité dans la région du Sahel et en Libye et la fragilité de la Tunisie».

    Sur l’impact que pourrait avoir la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc sur la coopération algérienne avec l’Africom, il estime que «notre pays est en position de pivot dans cette région au regard de nos capacités nationales endogènes et souveraines». «Nous défendons notre indépendance décisionnelle, contrairement au Maroc qui est dans une position de servitude stratégique au profit de l’Occident et du projet du sionisme mondial», précise-t-il.

    Et de conclure  : «Les Etats-Unis ont toujours essayé d’avoir des relations multi-variables avec l’Algérie en raison du rôle important des deux Etats et de l’identité militaire et sécuritaire des deux pays.»

    Assia Boucetta

    Horizons, 29/09/2021

  • ANP : Chanegriha reçoit le Commandant de l’AFRICOM

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    Le Général de corps d’Armée Saïd Chanegriha, chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP) a reçu en audience, ce lundi au siège de l’Etat-major de l’ANP, le Général d’armée Stephen J. Townsend, Commandant de l’AFRICOM, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

    « Après la cérémonie d’accueil et le salut de l’emblème national, les deux parties ont évoqué durant cette rencontre à laquelle ont pris part le secrétaire général du ministère de la Défense nationale, les Commandants de Forces et de la Gendarmerie nationale, des chefs de départements et des Directeurs centraux au ministère de la Défense nationale et de l’Etat-major de l’ANP ainsi que les membres de la délégation américaine, la volonté des deux armées à consolider les relations bilatérales et ont échangé leurs points de vue sur les questions d’intérêt commun », précise la même source.

    « Cette visite reflète l’intérêt porté par l’AFRICOM aux questions sécuritaires qui concernent la sous-région et les défis qui en découlent, se rapportant notamment à la stabilité et au développement durable », ajoute le communiqué du MDN.

    Par ailleurs, « Monsieur le général de Corps d’Armée, chef d’Etat-Major de l’ANP, a saisi cette occasion pour exprimer ses marques de gratitude à la partie américaine pour les aides médicales fournies à l’ANP dans un contexte particulier caractérisé par la crise sanitaire de la Covid-19 », relève la même source.

    A l’issue de la rencontre, « le Général d’Armée Stephen J. Townsend a signé le Livre d’or de l’Etat-major de l’Armée populaire nationale ».