Catégorie : Algérie

  • El Mundo: Bouteflika, le président qui voulait réveiller l’Algérie

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    Décès d’Abdelaziz Bouteflika, le président qui voulait réveiller l’Algérie

    Il avait 84 ans et était victime d’une longue maladie, qui depuis 2013 le maintenait inapte, incapable de parler et sans mouvement.

    Abdelaziz Bouteflika a personnifié dans ses derniers jours la relation amour-haine schizophrénique que ressentent les Algériens pour leur ancienne métropole, la France. Il se souvenait encore et encore des excès de la colonisation française, mais au moindre symptôme il se précipitait à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce pour un traitement dans le plus grand secret. Il souffrait d’un cancer de l’estomac.

    Une de ses dernières visites médicales a suscité une vive polémique dans la société gauloise. En avril 2006, il avait dénoncé le « génocide de l’identité algérienne » provoqué par la colonisation française. La France a occupé l’Algérie pendant 132 ans et a annulé l’identité culturelle locale avec des politiques telles que l’interdiction d’enseigner en arabe, en dehors des exactions commises par Paris pendant la guerre d’indépendance (1954-1962).

    Ce n’était pas la première fois que Bouteflika rappelait le passé noir de la France en Algérie. Mais, à cette occasion, il a eu la malchance de subir une rechute de sa maladie, pour laquelle il a dû être hospitalisé en métropole. Le leader de l’extrême droite, Jean Marie Le Pen, l’a pris d’une manière très ironique : « Je ne comprends pas très bien que ce monsieur vienne se faire soigner chez les abominables colonialistes que nous sommes».

    Au milieu, l’impasse dans laquelle s’est installée la signature du traité d’amitié entre les deux pays, initialement prévue pour 2005, mais retardée sans date par la loi controversée que la France a approuvée en février de la même année, affirmant « le rôle positif de la présence française dans leurs anciennes colonies. Bouteflika a ensuite marqué sa position : Paris doit « reconnaître qu’il a torturé, assassiné et exterminé » en Algérie lors de sa colonisation.

    Bouteflika ne restera donc pas dans l’histoire comme un président qui a contribué à l’amélioration des relations franco-algériennes, bien qu’il ait été le deuxième président de l’Algérie indépendante à visiter ce pays. Sa visite officielle en juin 2000 était la première d’un dirigeant de l’ancienne colonie gauloise depuis 17 ans, mais il n’a jamais cessé de faire la guerre à la France.

    Abdelaziz Bouteflika est né le 2 mars 1937 à Tlemcen (Algérie). Et comme tout patriote algérien qui se respecte, il a aussi un passé de combattant pour la libération de son pays du joug colonial. Quand il était encore très jeune, il a participé au clan dit Oujda, un groupe composé de nationalistes algériens qui se sont concentrés dans cette ville marocaine pendant la guerre d’indépendance algérienne. Ils étaient les partisans du colonel Houari Bumediène, alors chef d’état-major de l’Armée de libération nationale (ALN). À tout juste 19 ans, il rejoint les rangs de l’ALN, la branche militaire du Front de libération nationale (le seul parti jusqu’en 1989), où il montera au grade de commandant sous le nom de guerre Abdelkader Mali.

    Fidèle à Ahmed Ben Bella, le premier président du pays, sa fidélité sera récompensée lorsqu’il sera nommé ministre des Affaires étrangères en 1963. Auparavant, il avait été en charge du portefeuille plus modeste de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme.

    Boumediène a renversé Ben Bella en 1965, mais Bouteflika a été sauvé du crible et a continué à la tête de la diplomatie algérienne jusqu’en 1979. C’était aussi les premières années du conflit entre le Maroc et le Front Polisario et Bouteflika a dirigé la position algérienne en soutien aux Sahraouis, près la signature des accords tripartites de Madrid, par lesquels l’Espagne a abandonné son ancienne colonie du Sahara occidental et le Maroc et la Mauritanie en ont profité pour occuper la région.

    Plus tard, après la mort de Boumediène en 1978, Bouteflika était sur le point de lui succéder, bien que la direction militaire ait préféré le colonel Chadli Benyadid. Il est toujours resté à flot en tant que ministre conseiller de Benyadid, mais un an plus tard, il est exclu du gouvernement et progressivement déchu de ses fonctions politiques au FLN, lors des purges présidentielles.

    Sa disgrâce définitive a lieu en décembre 1981. Accusé d’avoir détourné 1 180 000 francs suisses du Trésor algérien, il est exclu du Comité central du parti unique. L’accusation n’a jamais été prouvée, mais Bouteflika s’est exilé en Europe et n’est revenu à Alger qu’en 1987, date à laquelle il a réintégré le corps du FLN d’où il a été exclu. Il l’a fait à temps pour voir son pays sombrer dans une décennie de violence et de guerre sale, après le coup d’État qui a conduit l’armée à dissoudre le Front islamique du salut, un parti qui devait se proclamer vainqueur des élections législatives de 1992.

    Buteflika a choisi de se cacher dans les coulisses pendant la crise et n’a pas pris la parole. Pas même lorsque, début 1994, le haut commandement de l’armée lui a demandé d’assumer la présidence du pays. Il n’accepterait le poste qu’« avec tout le pouvoir et toutes les conséquences », a-t-il soutenu. Le contexte était le pire des scénarios pour cela : la direction militaire avait contraint Benjedid à démissionner et son successeur, Mohamed Boudiaf, a été assassiné six mois après son accession à la présidence. Les généraux n’étaient prêts à accepter qu’un président fantoche. Le rôle a été parfaitement rempli par Liamin Zerouale.

    Buteflika n’a de nouveau fait son apparition sur la scène politique qu’en 1999, lors de la tenue des élections présidentielles. Et cette fois, il a triomphé dans sa longue lutte pour le pouvoir. Il est devenu le premier président civil de l’Algérie, bien qu’avec le soutien des généraux. Il a obtenu 73,79 % des voix, malgré le fait qu’il était populairement connu comme « l’homme qui parle mais ne fait rien ». Les élections, en Algérie, se cuisent encore dans les caves de l’Etat-Major.

    Bouteflika a hérité d’un pays terriblement fracturé par une décennie de guerre civile, choqué par ses atrocités et attristé par les plus de 150 000 morts et les quelque 20 000 disparus que le conflit a balayés. Il consacra alors ses discours à ce qu’il appelait avec une franchise surprenante la « médiocrité » des Algériens. Vous avez tous participé à cet effondrement. Je ne suis pas là pour vous supplier de voter, mais pour vous demander de vous réveiller », a-t-il déclaré.

    Ses descriptions de l’Algérie après sa dérive islamiste étaient sombres : « En Algérie on travaille la terre… un peu. Ensuite, nous allons à l’ombre, fumons une cigarette, jouons aux dominos, faisons une sieste, buvons du thé avec des amis, et si quelqu’un nous dérange, nous rentrons à la maison et battons la femme ».

    La grave crise économique, le terrorisme islamiste et la division de la direction militaire ont été les grands défis auxquels Bouteflika a dû faire face. Dans les rues de la campagne, les jeunes regardaient la vie adossée aux murs. Il s’agissait des hittistes, un mélange de mots français et arabe désignant les « gens du mur », les hommes dont le travail consiste à « tenir le mur », selon l’humour local aigre. Sept Algériens sur 10 ont moins de 30 ans et le chômage parmi eux dépasse les 60%.

    Face à ces dilemmes, l’ancien guérillero a opté pour la politique de réconciliation nationale, dont il a été le drapeau durant ses deux mandats. Il a agi rapidement pour mener à bien la commission pour institutionnaliser le retour au calme d’une nation blessée. Les années 1997 et 98 ont été les plus sanglantes mais aussi celles du début de la fin du djihad organisé en Algérie. En juin 1999, Buteflika a introduit une loi sur la concorde nationale, qui prévoyait le pardon pour les islamistes qui déposaient les armes. La réponse a été immédiate et l’Armée islamique du salut (EIS, la branche militaire du FIS) a abandonné la lutte violente. Il a rapidement gagné le soutien du leader du FIS, Abasi Madani. Et il soumet la loi à un référendum, obtenant le soutien de 98% de la population, à la fin de la même année.

    Réélu en avril 2004, il persiste dans sa politique de réconciliation et l’approfondit en présentant un projet de loi d’amnistie controversé pour les terroristes qui ont rendu leurs armes. Il a également exempté les militaires des abus et exactions commis pendant la guerre dite sale. Le projet a été approuvé, au milieu des critiques des associations de défense des droits humains et des familles des victimes des deux côtés. Buteflika ne les a pas écoutés et a bâillonné la presse, qui a attaqué à plusieurs reprises sa direction.

    A l’étranger, ses réalisations ressortaient plus que ses erreurs : il avait marqué l’objectif de vaincre le terrorisme islamique, dans un monde polarisé et obsédé par la lutte contre le djihadisme depuis le 11 septembre. L’Algérie s’est échappée de l’orbite soviétique et s’est tournée vers les États-Unis, devenant un allié important au Maghreb.

    La stratégie était d’oublier d’aller de l’avant, mais sans direction marquée et au prix d’une réduction des libertés. L’Algérie de Butef serait amnésique. Comme pour réinventer un pays qui n’existe pas encore, qui peine encore à connaître son identité perdue. Comme il l’a dit lui-même : « Nous, Algériens, ne savons plus si nous sommes Amazighs [Berbères], Arabes, Européens ou Français. Après Buteflika, les Algériens devront continuer à chercher.

    El Mundo, 18/09/2021

  • Algérie: Retrouver les vertus du travail

    Algérie: Retrouver les vertus du travail

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    Comme attendu, le plan d’action du gouvernement a été adopté ce jeudi par l’Assemblée populaire nationale. Une adoption à la majorité et non à l’unanimité, car 65 députés ont voté contre ce plan, alors que 318 ont voté oui.

    Un vote qui vient après de longues heures de débat, qui si elles ne laissaient pas un grand doute sur l’issue finale qui sera réservé à ce plan, a eu néanmoins le mérite de mettre en lumière deux grandes faiblesses ou insuffisances de ce plan, à savoir l’absence de délais mais aussi de chiffres. Sinon, la grande majorité des interventions ont été axées sur ce souci de mettre en haut des préoccupations le volet social et la nécessité de revoir à la hausse les salaires, à commencer par le smig, pour faire face à la montée toujours inquiétante des prix.

    Un appel donc pour renforcer le pouvoir d’achat des Algériens. Mais le problème est peut être à voir ailleurs qu’une simple course-poursuite entre salaires et prix, mais plutôt à une maîtrise de l’inflation qui commence à peser sur cette histoire de pouvoir d’achat, un peu plus qu’auparavant.

    Car pour revenir au plan d’action, il est surtout axé sur des réformes structurelles dont l’objectif est de relancer l’économie nationale et moderniser le système bancaire et financier, ceci à côté du renforcement de la politique sociale.

    Dans ses réponses aux interrogations des députés, le Premier ministre n’a pas éludé les deux centrales d’entre elles, à savoir les délais et les chiffres, affirmant que ce plan, «n’a rien d’un mirage, mais il s’agit plutôt d’un plan élaboré de manière méthodique, et qui sera appliqué selon des mécanismes de suivi stricts, qui ne laisseront aucune place à l’improvisation», rappelant la détermination du gouvernement à assurer «la stricte et effective mise en œuvre» de ce plan.

    L’objectif suprême de ce nouveau départ et de ces nouvelles orientations est, pour reprendre les déclarations du Premier ministre, que ce plan «devra permettre à l’Algérie d’arriver à bon port et de réaliser un rebond économique et social à tous les niveaux».

    En attendant le passage du plan devant le sénat, le gouvernement est appelé à jouer collectif et surtout de manière disciplinée pour pouvoir mettre concrètement ce plan en musique sur le terrain, car les objectifs sont très ambitieux pour un pays qui a de tout temps vécu de la rente des hydrocarbures et qui a grandement besoin de redécouvrir les vertus du travail.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 18/09/2021

  • Algérie: Décès de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika

    Algérie: Décès de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika

    Algérie, Abdelaziz Bouteflika, #Algérie,

    L’ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika, est décédé vendredi 17 septembre à l’âge de 84 ans, a annoncé la présidence de la république dans un communiqué.

    Depuis sa chute spectaculaire en avril 2019 sous la pression de l’armée et de la rue, celui que les Algériens appelaient familièrement « Boutef » était resté retranché dans la solitude dans sa résidence médicalisée de Zeralda, à l’ouest d’Alger.

    Sa chute était devenue inéluctable après des semaines de manifestations massives lancées le 22 février 2019 contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat, après 20 ans au pouvoir, malgré sa maladie.

    Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) Bouteflika s’est engagé dans les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) pendant la guerre de libération contre le colonialisme francais. Il était chargé des approvisionnement en armes à l’Ouest notamment à partir du Mali ce qui lui a valu le nom de “Abdelkader El Mali”.

    A l’Independence, il est élu député de Tlemcen en 1962, puis devient ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme dans le premier gouvernement Ahmed Ben Bella, de 1962 à 1963. Il occupe ensuite les fonctions de ministre des Affaires étrangères de 1963 à 1979. Après la mort de Boumédiène en décembre 1978, il est de 1979 à 1980 ministre conseiller du président de la République Chadli Bendjedid puis il est forcé à l’exil en 1981.

    Rentré au pays en 1999, il restera au pouvoir près de 20 ans, après avoir effectué 4 mandats consécutifs.

    Victime en 2013 d’un grave accident vasculaire cérébral (AVC), il voit son état de santé se dégrader, sa mobilité est réduite et il n’effectue que de rares apparitions.

    La date de son enterrement n’a pas été précisée.

    Le Jeune Indépendant, 17/09/2021

  • Demande d’adhésion à la Cedeao: Le Maroc attend depuis 4 ans

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    En 2017, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie formulaient respectivement une demande d’adhésion a la Cedeao, avec le statut d’observateur et de membre associé. Quatre ans après, la situation reste floue. Explications.

    « Le Maroc n’est pas pressé », ont l’habitude de dire les officiels. Mais quatre ans après la demande d’adhésion formulée par le royaume auprès de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cedeao], toujours aucune réponse a l’horizon.

    Quant a l’étude d’impact engagée par le groupe des cinq Etats membres chargés du dossier a la Cedeao, rien de nouveau non plus. Comme si la demande marocaine était restée lettre morte.

    Contactés par Jeune Afrique, ni le ministère marocain des Affaires étrangères, ni les responsables de la communication au sein de la Cedeao n’ont souhaité s’exprimer sur les évolutions de cette demande formulée le 24 février 2017.Situation confuse

    « Il y a une véritable omerta, aucune information ne circule sur ce projet. Le Maroc a été échaudé par les réactions négatives de certaines parties prenantes au sein de la Cedeao. Néanmoins, des discussions bilatérales sont toujours en cours », avance l’économiste Larabi Jaïdi, Senior Fellow au Policy Center for the New South et membre de la Commission pour le nouveau modèle de développement.

    En 2017, dans la foulée du Maroc, la Tunisie et la Mauritanie avaient respectivement demandé l’obtention d’un statut d’observateur et de membre associé au sein de l’institution ouest-africaine.

    La Tunisie a certes été admise, « mais on ne sait pas a quoi donne droit ce statut d’observateur. S’agit-il simplement d’assister aux réunions de la Cedeao ? » s’interroge Larabi Jaïdi.

    Quant a la Mauritanie, elle a multiplié les allers-retours. Membre de la Cedeao jusqu’en 2000, elle en a claqué la porte pour rejoindre l’Union du Maghreb arabe (UMA), un projet mort-né essentiellement a cause des divergences sur le « dossier Sahara ».

    Echourouk online, 17/09/2021

  • Algérie: Des commentaires émouvants sur le Moujahid Bouteflika

    Algérie: Des commentaires émouvants sur le Moujahid Bouteflika

    Algérie, Abdelaziz Bouteflika, #Algérie,

    En faisant le tour de la toile, nous avons retenu les commentaires suivants suite au décès de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika :

    -Nous retiendrons de lui l’image de l’homme qui depuis son très jeune âge, aura su honorablement représenter l’Algérie sur la scène internationale, notamment durant les années d’or de sa diplomatie.

    -Il restera vivant par ses idées, par la paix et la sécurité dont jouit l’Algérien, par le statut diplomatique qu’il a restitué à l’Algérie, par ses mots et surtout par l’armée qu’il a bâti en 20 ans . L’histoire se souviendra de cet homme et lui rendra justice.

    -Pendant ses 16 années à la tête de la diplomatie du pays, Bouteflika a été une figure du « tiers-mondisme ». Tout au long des années 1960-70, l’Algérie a abrité et accueilli plusieurs mouvements de libération ce qui a valu le surnom de « Mecque des révolutionnaires » à Alger.

    – Malgré ses dernières années de mandat où il n’était que l’ombre de lui même, Bouteflika restera un président avec un charisme exceptionnel, un homme qui a tant donné à l’Algérie durant toute sa vie politique notamment à travers la diplomatie.

    – À 26 ans, le plus jeune ministre des affaires étrangères.

    – A fait rayonner la diplomatie de la jeune Algérie dans le monde.

    – A fait d’Alger, la Mecque des révolutionnaires.

  • Algérie-Elections : la marge étroite du RCD

    Algérie-Elections : la marge étroite du RCD

    Entre le boycott et la participation aux élections locales, ses militants hésitent : RCD, la marge étroite

    Le RCD va trancher demain la question de participer ou pas aux élections locales à l’occasion de la réunion de son Conseil national. Privilégiera-t-il la logique de parti et décider de prendra part à cette joute électorale ou optera-t-il pour le boycott sur la base d’un contexte défavorable à tout engagement dans la bataille électorale ?

    PAR NAZIM B.

    C’est la question que devront trancher les membres du Conseil national du RCD au moment où la base du parti notamment en Kabylie semble favorable à l’option du boycott.

    Radicalement opposé aux options du pouvoir en place notamment depuis l’avènement du mouvement populaire qu’il a accompagné à travers ses dirigeants et militant, le RCD tournera-t-il le dos à ce scrutin pour «ne pas s’insérer dans l’agenda» du pouvoir où jugera-t-il qu’une participation aux locales n’est point contradictoire avec la posture de l’opposition qui est la sienne ? «Dans les milieux du RCD, c’est l’option du boycott qui domine», selon des militants du parti, lequel n’exclut pas «la possibilité de voir le parti opter pour la participation pour demeurer présent dans les assemblées communales et de wilayas particulièrement dans les circonscriptions du centre du pays où le parti compte un nombre important d’élus».

    A l’évidence, si l’on doit s’en tenir au discours radical du RCD, ce dernier serait très proche du boycott que de la participation pour une formation politique qui n’a pas cessé de dénoncer «les multiples passages en force du régime à travers les précédentes farces électorales…».

    Cependant, les motivations de la participation ne sont pas nulles. «Le Rassemblement reste attaché au fonctionnement constitutionnel des institutions et à l’application des seuls instruments prévus par la législation», avait indiqué récemment le parti dans ce qui peut être considéré comme une disponibilité du parti de Mohcine Bellabas à se lancer dans le jeu électoral. D’autant plus qu’il avait plaidé «… l’apaisement par la libération des détenus d’opinion et l’arrêt de la répression et de l’instrumentalisation de la justice, du respect des libertés fondamentales et la promotion du dialogue».

    Le fait que le RCD ait paraphé le dernier communiqué du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD) est-il un indice que le parti ne participera pas à ces élections locales ?

    «Non, cette position ne signifie pas la non-participation dont seul le conseil national est habilité à trancher», selon un militant du RCD pour qui «la participation du FFS à cette échéance peut être prise en considération par les membres du Conseil national».

    Le RCD, pour rappel, reste sur deux positions de boycott, à l’occasion du référendum sur la constitution le 1er novembre 2020 et lors des législatives de juin dernier, considérant que ces «farces électorales continuent d’approfondir le fossé entre le pouvoir et le peuple».

    A propos du dernier vote, le RCD a considéré, dans la même logique, que la «farce électorale des législatives est désormais symptomatique d’une inconscience des dirigeants sur l’impact hasardeux de leur politique sur la nation».

    Pour le RCD, «le gonflement et les triturations éhontés des taux de participation confirment que la fraude électorale est le moyen privilégié de la cooptation et du maintien au pouvoir de la clientèle du régime». On sera fixé vendredi.

    Reporters, 16/09/2021

  • Algérie: En attendant l’épreuve du terrain

    Algérie: En attendant l’épreuve du terrain

    Algérie, APN, plan d’action du gouvernement, #Algérie,

    Le Plan d’action du gouvernement, autour duquel tournent les débats à l’Assemblée populaire nationale (APN), semble au-dessus de tout reproche.

    Sur papier, le plan en question est presque irréprochable, exception faite de quelques zones d’ombre à clarifier, laissant ainsi peu d’espace aux critiques des députés, qui ont axé leurs interventions sur des généralités, portant sur la santé, l’éducation, l’enseignement supérieur, l’habitat, l’emploi ou encore l’inévitable épineuse question de la chute du pouvoir d’achat.

    Quand on ne cède pas aux louanges pour en dire tout le bien qu’il véhicule, pour l’avenir du pays, on se place sur le chapitre du populisme qui, du reste, provoque des effets contraires à ceux recherchés par les concernés. L’un n’a pas manqué de soulever les problèmes dont pâtissent les zones d’ombre, notamment l’absence de routes, la pénurie d’eau et l’absence d’éclairage public, alors que le dossier en question est défendu avec une détermination sans égale mesure par le président de la République en personne !

    Des députés, qui n’auraient rien perçu dans ce plan en matière de lutte contre le dénuement social qui frappe de larges couches de la population, ont appelé à la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour éradiquer la pauvreté et lutter contre l’envolée vertigineuse des prix. Sans aller dans le fond de la question, soit le ciblage des causes qui ont engendré les maux et le remède proposé.

    Ou compte-t-on sur la mise en place de mesures sociales aléatoires qui viseraient à calmer les ventres, beaucoup plus du ressort du mouvement associatif ? Quand tout passe par l’investissement et la création d’emploi, ou encore l’arrêt de la dévaluation du dinar et la révision de cette politique qui a bloqué l’importation, avec des conséquences inévitables sur les prix de certains produits, il serait vain de se laisser aller au verbiage inutile.

    Et il y en a des députés qui ont appelé à la création d’une commission d’inspection ministérielle chargée du suivi de la mise en œuvre du Plan d’action du gouvernement (PAG) afin d’éviter le laisser-aller et l’arrêt des projets à l’origine de la perte de la confiance du citoyen. Quel serait alors le rôle des députés de l’Assemblée si ce n’est le contrôle de l’action du gouvernement et le suivi de l’exécution de son programme ? Et si on devait procéder à la création d’une commission ministérielle pour ce faire, comment pourrait-elle arriver à contrôler sa propre action ?!

    D’autres interventions sur les moyens de récupération de l’argent public volé, la distribution du logement social, ou encore le cafouillage des députés autour de la hausse des salaires, restent d’un niveau très en deçà des espoirs.

    Mais loin de ce débat, députés et gouvernement ne doivent pas ignorer qu’il y a le peuple qui regarde et qui attend des solutions à ses problèmes.

    Les députés peuvent bien approuver ce plan d’action du gouvernement, il resterait encore à convaincre les citoyens de son efficacité sur le terrain. Car, aucune éloquence du verbe ne peut se mesurer aux résultats concrets.

    Abdelkrim Zerzouri

    Le Quotidien d’Oran, 16/09/2021

  • Algérie: Des chiffres et des maux

    Algérie, APN, plan d’action du gouvernement, #Algérie,

    Comme il fallait bien s’y attendre, les débats à l’assemblée populaire nationale (APN) entamés lundi sur le Plan d’action du gouvernement, présenté par le Premier ministre, Aïmen Benabderrahmane, ont sombré dans un fastidieux ronron qui n’éclaire pas vraiment sur les projections économiques et sociales du gouvernement.

    Pour cause, le document-programme de 89 pages du Premier ministre s’apparente à une enfilade de promesses et d’ambitions théoriques certes bonnes à entendre mais qui ne vont pas être forcément tenues. Et pour certaines, on ne connait même pas les délais de concrétisation.

    Il est connu de par le monde, qu’un programme de gouvernement est censé être accompagné d’un chiffrage plus au moins exhaustif et naturellement de délais que celui ci se donne pour réaliser ses projets. Or, une lecture sommaire du Plan de Aïmene Benabderrahmane renseigne sur le fait qu’il pèche par un manque criant de chiffres, de données et de délais.

    De nombreux députés dont une bonne partie soutient pourtant le programme du président Tebboune, n’ont pas manqué de souligner justement l’absence de chiffres dans le plan du Premier ministre. Pis encore, certains reproches même au gouvernement de ne pas avoir donné suffisamment de temps aux élus pour mieux examiner le document.

    Du coup, ce qui était censé être un débat d’idées fructueux sur la pertinence du plan du Premier ministre s’est transformé en une longue séance d’intervention sans relief où les préoccupations du douar ont pris le dessus sur le programme du gouvernement.

    La majorité des députés de différents partis, faute de pouvoir souligner les « imperfections » du plan de Benabderrahmane, qu’ils n’ont visiblement pas lu, se sont rabattus sur des questions d’intérêt local, histoire d’honorer avec effet rétroactif les voix de ceux qui les ont élus.

    En résumé, hier lors de la plénière de l’APN, au palais Zighoud, on a parlé des chiffres, ou plus exactement de l’absence de chiffres et des maux.

    De la gestion de la pandémie du Covid-19, à la pénurie d’eau en passant par les logements et la hausse des prix, les députés ont hélas zappé le plan du Premier ministre qui sera tout de même, mis en application une fois adopté, on s’en doute, à l’écrasante majorité. Précisément, mis à part les députés du MSP qui ont fait de la résistance bien malgré eux, tous les autres donnaient la nette impression qu’ils ne vont pas s’opposer à l’adoption du projet.

    L’APN, même humainement renouvelée, reste une chambre d’enregistrement où l’exécutif dicte ses lois.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 15/09/2021

  • L’Algérie est éternelle, pas le pétrole

    Algérie, pétrole, prix, dette, déficit commercial, #Algérie,

    Avec un prix du pétrole à plus de 74 dollars, hier, l’Algérie consolide ses agrégats macroéconomique et entrevoit pour la fin de l’année en cours la fin du déficit commercial qui donnait des signes d’endémie, en raison justement du choc pétrolier de 2014. Si la situation actuelle persiste, il sera même possible de s’attaquer à la dette interne et améliorer le niveau des réserves de changes.

    C’est ce que les Algériens souhaitent. Et pour cause, cela permettrait de mener les réformes structurelles annoncées par le gouvernement dans un climat apaisé. Cela est le côté jardin. Il se trouve néanmoins qu’il existe un côté cour à cette situation.

    Contre toute attente ou pour des raisons qui ne se manifestent pas encore, les prix de l’or noir pourraient connaître une variation à la baisse. Il est clair qu’une pareille perspective est de nature à inquiéter les sphères dirigeantes du pays. Cependant, cette inquiétude doit être nuancée.

    De prime abord, il n’y a pas de quoi paniquer. Totalement désendetté, avec en prime des réserves à un niveau encore satisfaisant, le pays est à l’abri d’un « traumatisme financier à plus ou moins court terme. Mais cette assurance n’est que relative en réalité. La raison tient de la trop grande importance qu’a le pétrole dans la structure des recettes nationales.

    Dans le court et moyen terme, il est humainement impossible de redresser la situation avec les seules potentialités du pays. Nos décideurs n’ont d’autres choix que de croiser les doigts et espérer que les machines économiques chinoise, européenne et américaine confirment leurs reprises pour tirer vers le haut les prix de l’or noir, actuellement principale, voire seule, ressource du pays.

    Même si les exportations hors hydrocarbures ont fait un saut historique avec un doublement de leur valeur, elles restent, avec les 5 milliards de dollars attendus pour 2021, un acteur minoritaire dans la création de la richesse.

    Cela nous amène à déduire que dans le combat émancipateur de l’économie nationale, il y a quelques réflexes que tout Algérien doit acquérir.

    Le responsable politique, l’opérateur économique et le simple citoyen doivent absolument intégrer dans leur schéma de pensée que les richesses d’une société est prioritairement le produit de son travail et non pas son sous-sol ou encore les exemptions fiscales.

    Bref, à moins d’une année du soixantième anniversaire de l’indépendance, les Algériens doivent mener une révolution sur eux-mêmes.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 16/09/2021

  • Cherté de la vie : le bulldozer de l’inflation menace les Algériens

    Algérie, cherté, inflation, #Algérie,

    Les prix des produits alimentaires flambent. Le pouvoir d’achat dégringole. Le quotidien des Algériens devient de plus en plus difficile. Beaucoup d’entre eux se sentent glisser vers le bas tandis que les mesures prises par le gouvernement peinent à contrôler la situation.

    L’humour noir est souvent révélateur du degré de l’impuissance parfois du désespoir qui s’empare à certains moments de la société. Ainsi, l’une des boutades en vogue en Algérie affirme que les Algériens forment le seul peuple capable d’habiter sur la planète Mars puisqu’ils peuvent vivre sans eau, sans oxygène et bientôt sans nourriture vue la cherté des produits.

    C’est évidemment exagéré comme toutes les histoires pour rire. Les ménages ne sont pas au bord de la famine. On peut encore remplir raisonnablement un couffin avec un salaire moyen. Toutefois, la récente flambée des prix de plusieurs produits alimentaires de base a créé une angoisse paralysante chez les petites bourses.

    Des légumes secs dont le coût passe du simple au double, le café qui augmente, des légumes qui s’apprécient, les hausses soudaines qui coïncident avec la rentrée scolaire, une autre occasion de dépenses importantes pour les familles, n’augure rien de bon.

    L’appauvrissement de la population commençait à être ostensible depuis des mois. Les restrictions imposées par la crise sanitaire ont considérablement réduit l’activité dans plusieurs secteurs, particulièrement dans l’informel où beaucoup de pauvres trouvaient leur subsistance. Les licenciements du personnel dans les petites entreprises faute de plan de charge et l’arrêt du recrutement dans pratiquement l’ensemble de la sphère économique ont accru le nombre d’indigents, même si les chiffres officiels ne mentionnent pas une aggravation de la situation.

    Tous ces facteurs combinés à la hausse des produits alimentaires sur le marché mondial ainsi que les frais du transport ont tari la source du dinar. Un dinar qui connaît depuis des années dévaluation sur dévaluation et perd, par conséquent, une grande partie de son pouvoir d’achat.

    Résultat, l’inflation gonfle à vue d’œil. Selon l’Office national des statistiques, son taux a atteint 4,1% entre juin 2020 et juin 2021. Une performance appelée à prendre plus de poids durant le prochain exercice.

    Pendant ce temps, le ministre du Commerce qui, au début de son mandat, investissait par surprise les marchés et faisait des discours enflammés en défense des intérêts des consommateurs semble soudain tétanisé par la tournure que prennent les événements. Lors du dernier Conseil du gouvernement, il a certes présenté un projet de décret exécutif pour fixer des prix et des marges plafonds à quelques denrées importées ou produites localement mais, stratégiquement, son département semble subir la vague plutôt que de la maîtriser.

    Par ailleurs, le gouvernement a autorisé les agriculteurs à écouler directement leurs récoltes au client final, sans passer par des mandataires. Une permission temporaire qui a pour objectif d’éviter l’emballement du marché alors que les Algériens désargentés sont de plus en plus nombreux.

    Sentant le danger du mécontentement populaire grossir, des députés de l’Assemblée populaire nationale ont mis en exergue la nécessité d’un « plan d’urgence pour éradiquer la pauvreté et lutter contre l’envolée vertigineuse des prix ».

    Cela passe par l’instauration d’un système « transparent » capable de réguler les prix, comme l’a préconisé hier l’agroéconomiste, Ali Daoudi, sur les ondes de la Radio nationale. Pour ce faire, « les autorités devraient contribuer à produire des données et instaurer des règles de jeux claires « , a estimé l’expert.

    Pour lui, « la divulgation des informations précises sur les coûts de production, les prix des matières premières importées, les besoins du marché, ainsi que le niveau du pouvoir d’achat du consommateur donneraient plus de visibilité aux opérateurs économiques pour mieux réguler leur production et afin d’éviter de travailler à perte ».

    Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, prévient le proverbe. Le marché des produits de large consommation est perclus d’informel. La facturation est presque un mot obscène aux oreilles des commerçants, des grossistes et des importateurs. Impossible, dans ce cas, de mettre de l’ordre dans cette caverne d’Ali Baba où les intermédiaires et les trafiquants imposent leur loi.

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 14/09/2021