La réussite du 31e Sommet de la Ligue arabe ne fait aucun doute. Le consensus recherché depuis l’ouverture des réunions préparatoires est de mise. Et pour ce faire, l’Algérie n’a pas été en reste. Sa diplomatie a œuvré de manière à atteindre cet objectif.
Une réussite qui n’est pas du goût de tous. Pour autant, faut-il reprocher à l’Algérie son ambition, assumée au demeurant, de refonder les relations qui sont censées régir le monde arabe et de vouloir le remettre sur les agendas régionaux et internationaux ?Est-ce aussi un tort que d’œuvrer à faire du 31e Sommet de l’organisation panarabe un moment fort et historique à partir duquel cette région du monde amorcera ce nouveau départ tant attendu par les peuples de la région ?
Les moyens réunis et les efforts déployés depuis des mois pour assurer le succès, qui se dessine clairement, de cette rencontre sont ainsi récompensés. Ils dénotent aussi clairement une détermination à la hauteur de la conviction de l’Algérie que le monde arabe, dont elle est partie intégrante, ne pourra relever les nombreux défis auxquels il fait face que s’il est uni et parle d’une seule voix dans les fora. Aussi, est-il difficile de croire que l’on pouvait être réticent à souscrire à cette vision et faire sienne l’approche qui en découle d’autant qu’au final, elle ne vise que la défense et la préservation des intérêts de la Oumma juste parce qu’elle émane de l’Algérie. La question qui n’avait pas lieu d’être se pose néanmoins dès lors que certaines parties tentent de chahuter cet important évènement par des allégations fallacieuses.
A l’ouverture des travaux de la réunion préparatoire des chefs de la diplomatie de la Ligue arabe au Sommet des 1eret 2 novembre, Lamamra n’avait pourtant pas manqué de faire appel à la «contribution de tout un chacun» présent à ce Sommet «pour amorcer un nouveau départ à l’action arabe commune suivant une démarche qui puisse transcender les approches traditionnelles pour répondre aux exigences du présent».
Convaincu des intentions d’Alger, le secrétaire général de la Ligue arabe a tenu à souligner le degré de «dévouement» et «d’impartialité» qui anime les organisateurs «pour faire du Sommet arabe un évènement exceptionnel et un rendez-vous en mesure de tracer à l’action arabe commune la voie pour la prochaine étape.
Les résultats consensuels auxquels sont parvenus les ministres des Affaires étrangères au bout de leurs concertations à huis clos, deux jours durant, ne peuvent que conforter les observateurs quant à l’existence d’une volonté partagée de concrétiser le sursaut espéré.
Pour preuve, il est annoncé que tous les projets de dossiers examinés lors de leurs conciliabules ont été adoptés dans un esprit constructif. Ils seront soumis demain aux souverains et présidents arabes. A charge pour nos dirigeants de retenir dans la Déclaration qui couronnera leur 31e Sommet de retenir les mécanismes de la mise en œuvre de la feuille de route, dont les contours ont été tracés à Alger. Et quoique l’on dira ou que l’on écrira après le 2 novembre 2022, nul ne pourra contester ou remettre en cause l’apport, patiemment construit, de l’Algérie au monde arabe.
1. Titre : Les relations algéro-américaines : Les défis au Maghreb et au Sahel Organisé par le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS)
Participants : S.E. Ramtane Lamamra : Ministre des Affaires étrangères, la République d’Algérie Jon Alterman : Modérateur : Vice-président senior, Chaire Zbigniew Brzezinski sur la sécurité mondiale et Directeur du programme Moyen-Orient, CSIS.
2. Vue d’ensemble
Le ministre des Affaires étrangères Lamamra a discuté des relations entre les États-Unis et l’Algérie et du rôle de l’Algérie au Maghreb et au Sahel, en mettant l’accent sur les questions de sécurité. Il a abordé en détail les conflits au Mali et en Libye, ainsi que la menace terroriste plus large dans la région. Le ministre Lamamra a utilisé la plate-forme pour souligner les contributions de l’Algérie à la sécurité et à la stabilité de la région MENA.
3. Résumé
Le ministre Lamamra a commencé par déclarer qu’il souhaitait recadrer le sujet d’une manière qui reflète davantage ce qu’il voulait aborder – le rôle de l’Algérie dans les régions du Maghreb et du Sahel en tant que pays fournisseur de sécurité. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il a brièvement évoqué les relations entre les États-Unis et l’Algérie, notant que l’Algérie et les États-Unis partagent les mêmes valeurs d’indépendance et d’autodétermination. Il a donné plusieurs exemples de collaboration entre les deux pays, faisant référence au rôle de l’Algérie dans la fin de la crise des otages de Téhéran et aux déclarations de JFK sur l’indépendance de l’Algérie. Le ministre Lamamra a également souligné que l’Algérie et les États-Unis partagent des intérêts stratégiques, comme en témoigne leur partenariat de dialogue stratégique pour aborder les questions internationales et régionales, telles que la coopération efficace en matière de lutte contre le terrorisme.
Revenant sur le leadership de l’Algérie en tant que pays fournisseur de sécurité, le ministre Lamamra a noté que ce leadership était fondé sur les attributs géographiques, historiques et culturels du pays. Géographiquement, l’Algérie est située au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Europe occidentale. Elle possède le plus grand territoire du continent africain et du monde arabe. Le pays est habité par 38 millions de personnes et est doté d’énormes ressources énergétiques, minérales et autres ressources naturelles.
Il a également déclaré que l’Algérie et ses habitants sont un peuple pacifique, profondément attaché à son identité, qui est arabe, berbère et musulmane. Il a déclaré que l’Algérie est une nation modérée qui suit un enseignement islamique sunnite modéré et que l’Algérie a résolument adopté et pratiqué une diplomatie de bon voisinage avec tous ses voisins, y compris l’Europe. En conséquence, l’Algérie a joué un rôle de premier plan dans la médiation pacifique des conflits et des crises internationales et a offert son expertise pour faire face aux défis sécuritaires. Le ministre Lamamra a suggéré que l’Algérie a réfuté le terrorisme en développant une démocratie dynamique et multipartite en dehors des phénomènes dits du printemps arabe. Il a reconnu que l’Algérie dispose d’un leadership de qualité, expérimenté, modéré et tourné vers l’avenir, et a félicité le président Bouteflika pour sa vaste expérience en matière de politique étrangère, qui a aidé l’Algérie dans ses efforts régionaux.
Le ministre Lamamra a souligné le rôle particulier de l’Algérie dans le Sahel, notant que l’Algérie est une nation sahélienne et n’a pas de problèmes bilatéraux avec ses voisins. Il a noté : « Nos relations avec tous nos voisins sahariens sont tout simplement excellentes. Nous partageons avec eux des actions similaires ; nous reconnaissons la proximité des personnes entre les frontières, y compris les populations nomades, de même origine ethnique et culturelle. » Grâce à cette solidarité, l’Algérie a travaillé avec ses voisins pour lutter contre la sécheresse, l’insécurité, le crime organisé et le terrorisme. Le principe primordial de la diplomatie algérienne est néanmoins celui de la non-ingérence et de la non-intervention dans les affaires intérieures des pays voisins. Il a toutefois précisé que ce principe ne peut se traduire par une indifférence aux problèmes internes des pays voisins.
Décrivant l’Algérie comme un acteur régional clé au Sahel, le ministre Lamamra a souligné la contribution de l’Algérie à la paix et à la sécurité par le biais du processus de Nouakchott de l’Union africaine, qui vise à permettre aux pays de la région de prendre en charge leur propre sécurité. Il a également déclaré que l’Algérie est actuellement le principal médiateur dans la recherche de la paix au Mali et que ses efforts ont été couronnés de succès. Selon le ministre, il existe désormais une feuille de route pour la paix, un calendrier et une déclaration de cessez-le-feu. Le ministre a indiqué qu’il était optimiste quant à la résolution de la tâche difficile qu’est la paix.
Après avoir conclu ses remarques sur le Sahel, le ministre des affaires étrangères a évoqué le « rôle clé » de l’Algérie au Maghreb. Elle est le centre de la région et est le seul pays d’Afrique du Nord à avoir des frontières avec tous les autres pays du Maghreb. M. Lamamra a déclaré que l’Algérie « fait preuve d’une forte solidarité et d’un grand respect pour tous les peuples de la région », mais il a reconnu que les pays voisins ont des points de vue différents sur des questions importantes et des intérêts conflictuels. Il a toutefois fait valoir que « ces divergences ne devraient pas et ne peuvent pas conduire à des actions unilatérales » ou à des « sauts dans l’inconnu ». Il a déclaré qu’au contraire, la région doit coopérer afin de résoudre les problèmes entre voisins. L’Union du Maghreb arabe est l’un de ces outils d’intégration régionale, mais M. Lamamra a noté qu’elle n’a pas réalisé son potentiel. Selon Lamamra, l’UMA a vu peu de choses se concrétiser sur le terrain et pour les populations de la région, et il a déclaré que l’une des principales raisons de son échec est le conflit au Sahara occidental.
Au sujet du Sahara, M. Lamamra a déclaré : « C’est un conflit qui peut être oublié par certains, mais c’est une question très sensible. C’est aussi un test pour la crédibilité de l’ONU, et quand nous disons ONU, je fais référence aux cinq membres du Conseil de sécurité également. C’est un test de crédibilité pour la doctrine de l’ONU sur la décolonisation et les droits de l’homme. » Il a poursuivi : « En ce qui concerne l’Algérie, il est bien connu que nous avons soutenu l’autodétermination depuis l’époque où le territoire était sous domination espagnole. Nous n’avons pas changé de position à ce sujet, la position de principe, et aussi d’un point de vue humanitaire, puisque l’Algérie abrite également 165.000 réfugiés sahraouis. Comme vous le savez, de nombreux hommes d’État et diplomates américains ont été envoyés à l’ONU, notamment James Baker et l’ambassadeur Christopher Ross. Il bénéficie d’un fort soutien de mon pays ».
Lamamra a abordé le reste des pays du Maghreb, notant brièvement que l’Algérie a une forte « solidarité fraternelle » avec la Tunisie et qu’elle a travaillé en étroite collaboration avec les autorités tunisiennes sur les mesures antiterroristes. Il a déclaré que l’Algérie entretenait d’excellentes relations avec la Mauritanie et a terminé par des remarques détaillées sur la Libye. Il a déclaré que la Libye et l’Algérie sont très proches et que l’Algérie s’intéresse fortement à l’avenir politique de la Libye. Il a souligné qu’il ne pensait pas que la Libye puisse être qualifiée de pays en faillite : « C’est un pays qui connaît d’énormes problèmes, mais certainement pas un pays en faillite. Il a des acteurs dynamiques, il a un grand potentiel de redressement, et nous pensons qu’il vaut la peine de croire et d’aider les Libyens à atteindre leur plein potentiel. »
M. Lamamra a déclaré que le « problème de la Libye devrait être résolu par les dirigeants eux-mêmes par le biais d’un dialogue politique inclusif », mais que, bien entendu, certains groupes seraient exclus s’ils partagent un lien avec des organisations terroristes internationales. Pour lui, l’objectif du dialogue est de promouvoir la réconciliation nationale et le processus d’élaboration de la constitution. Il croit fermement que cela est possible. Lamamra a également précisé que l’Algérie est contre l’intervention en Libye. Selon M. Lamamra, « la démocratie, la légalité et la légitimité doivent être les clés » de la reconstruction de la Libye et non les actions militaires. En conclusion, M. Lamamra a évoqué le rôle de l’Algérie dans la médiation de la crise, notant qu’il lui a été demandé d’offrir ses bons offices pour accueillir un processus de réconciliation pour le pays – « L’Algérie, avec les pays limitrophes de la Libye, a élaboré un plan d’action pour aider et assister les Libyens à trouver un rythme et une stabilité pour leur pays ». Il a mentionné la réunion entre le gouvernement de transition libyen et le groupe 5+5 qui a eu lieu récemment et a déclaré qu’elle a été utile pour créer des principes directeurs et des objectifs clés pour aider à résoudre le problème. Il a indiqué que la prochaine Assemblée générale à New York offrait des opportunités supplémentaires pour discuter de la crise. Il a déclaré qu’en ce qui concerne l’Algérie, elle fera tout pour rassembler les Libyens afin qu’ils rejettent la violence et le terrorisme et acceptent la démocratie et le pluralisme. La clé sera le partage du pouvoir et des richesses, et la sécurité immédiate pour tous les Libyens.
4. Q&R
Q : (Jon Alterman) Vous avez mentionné, en passant, la relation avec le Maroc, qui, du point de vue des États-Unis, est frustrante car elle n’a pas été meilleure. Les ministres des affaires étrangères, d’après mon expérience, sont formés pour être optimistes, alors si vous pouviez nous dire ce qui se passe réellement bien dans cette relation, la relation maroco-algérienne, parce que les gens ne le savent pas souvent. Quelle est la bonne nouvelle dans cette relation ?
R : Nous sommes le même peuple. Les Marocains, les Algériens sont les mêmes. Nous partageons tout. Je crois qu’ils sont assez matures pour savoir que des différences existent et qu’elles peuvent être résolues pacifiquement, de manière civilisée, que nous pouvons développer des plans d’action et de résolution que nous pouvons mettre ensemble. Mais je ne pense pas que ce serait juste par rapport à la vision du problème bilatéral, de l’incapacité de deux pays voisins qui sont là, qui ont été là ensemble pendant des âges pour vivre ensemble afin de partager une vision de l’avenir. L’Algérie n’a aucun lien sur cette question, elle est impartiale. Je pense qu’il y a une différence, un aspect très important des relations internationales, c’est une question juridique, c’est une question morale, c’est aussi une question stratégique qui touche à la sécurité dans la région. Maintenant, y a-t-il des solutions ? Il n’y a pas de problème qui n’ait pas de solution. C’est juste une question de volonté politique. Les dirigeants du Polisario ont montré leur volonté de s’asseoir et d’examiner la question dans le cadre du droit international. Je ne pense pas non plus que tout doive être gelé en attendant une solution pour le Sahara. Nous pouvons relancer l’UMA et les relations bilatérales, car l’Algérie n’a pas de rôle à jouer au Sahara.
Q : (Charles Dahan) Pourquoi la frontière est-elle fermée ? Que peut-on faire pour atténuer les tensions puisque, comme vous l’avez dit, les Marocains et les Algériens sont le même peuple ?
R : Je pourrais m’asseoir ici et vous raconter l’histoire et le côté algérien de la crise, qui est assez convaincant, mais nous devons vraiment parler de l’avenir. Il y a des groupes de travail techniques qui travaillent sur ce sujet et au niveau des frontières, le commerce se poursuit – le commerce du Maroc avec l’Algérie est plus élevé qu’avec la plupart des pays africains. La vie continue. Si les groupes de travail sont autorisés à faire des recommandations et que le gouvernement les accepte, il y aura une solution. La frontière sera ouverte à l’avenir, mais je ne peux pas encore voir cet avenir car le travail n’a pas été fait.
Q : (Haim Malka, CSIS) Nous avons vu des rapports sur les Nord-Africains qui ont rejoint ISIL. Avez-vous des chiffres sur le nombre d’Algériens ? Quel est l’impact sur l’Algérie et le Maghreb du retour des combattants ?
R : La question palestinienne est à l’origine d’une partie de cet extrémisme et elle doit être résolue. L’extrémisme est un phénomène dont les causes sont profondément ancrées et nous devons nous attaquer aux causes sous-jacentes. La question des rapatriés est très sérieuse. Une partie de ce qui s’est passé dans le passé en Algérie était le résultat de retours d’Afghanistan. Quant aux combattants algériens, les Algériens commencent à réaliser que le terrorisme n’a pas d’avenir. Le nombre d’Algériens combattant pour ISIL se compte en centaines – peut-être 300-400. Nous avons les mêmes préoccupations que les non-Arabes en ce qui concerne les recrues. C’est un problème pour tout le monde maintenant. J’aurais également dû préciser dès le début que le terrorisme n’est pas inhérent à une religion. Il résulte de la marginalisation, d’un manque d’éducation et d’un manque d’opportunités.
Q : (Alterman) Qu’en est-il des Algériens en Libye ? Ou des zones frontalières algériennes qui servent de refuge aux militants libyens ?
R : Il me semble que les Algériens sont francophones et opèrent principalement dans le Sahel. Mais oui, également en Libye. Les zones frontalières sont difficiles – elles ne sont pas tranquilles et dans le Sahel, elles sont difficiles à contrôler. L’Algérie a mobilisé d’innombrables ressources pour s’occuper des frontières – elle veut être un fournisseur de sécurité et de stabilité dans la région. Cette lutte contre le terrorisme est une priorité et nous sommes encouragés par les résultats obtenus chez nous. Nous pensons que nos voisins peuvent également obtenir des résultats similaires.
Q : (Gare Smith, Foley Hoag (ne s’est pas identifié comme lobbyiste algérien) L’Algérie a montré un leadership significatif au Mali, dans la promotion des droits de l’homme pour le peuple sahraoui, et en Libye. Quel est le rôle le plus constructif que les États-Unis peuvent jouer pour soutenir les efforts de l’Algérie au Mali, en Libye et pour l’autodétermination du peuple sahraoui ? Quels conseils donneriez-vous à Kerry sur la manière dont les Etats-Unis peuvent soutenir ces efforts ?
R : En fait, j’ai déjà rencontré le Secrétaire Kerry hier soir, donc si vous avez des conseils, je serais heureux de les entendre lorsque je lui parlerai à New York. Notre partenariat avec les États-Unis est global. Grâce au dialogue stratégique, nous discutons – le ciel est la limite. Actuellement, l’accent est mis sur les crises en Libye et au Mali, où nous poussons les parties à être plus flexibles. Nous sommes également engagés sur la Palestine – nous apprécions les efforts du secrétaire Kerry et regrettons qu’ils n’aient pas abouti. Le secrétaire Kerry et moi-même avons eu une conversation franche sur la vision de la région dans son ensemble. Et sur la Syrie, je crois qu’une transition pacifique est possible.
Q : (Alterman) Avez-vous des conseils à donner à Obama sur la façon dont il gère l’ISIL ? Il a été critiqué pour sa façon de construire une coalition. En tant qu’ami et dirigeant, avez-vous des conseils à donner à l’administration en matière de leadership ? R : Écoutez-nous.
5. Observation
Environ 60 personnes ont assisté à l’événement, notamment des membres du corps diplomatique, des universitaires et des experts de l’Afrique du Nord. Le discours du Ministre Lamamra a offert peu de substance et s’est plutôt concentré sur le message de l’Algérie sur son « rôle clé de leadership dans la promotion de la sécurité et de la stabilité au Maghreb et au Sahel ». Cela a même été souligné à l’occasion des questions-réponses, lorsqu’il ne répondait pas vraiment à certaines questions. Cela dit, il a eu un bon comportement tout au long de l’événement, faisant plusieurs blagues et s’engageant avec le public. Dans ses remarques préparées, il n’a même pas mentionné le Maroc en commentant l’UMA.
Sur la question du Sahara et des relations avec le Maroc, le ministre Lamamra a surtout tourné autour du pot – faisant de vagues références aux « différences dans la région » et à l’engagement de l’Algérie envers le principe d’autodétermination – la même politique qu’elle maintient depuis que le Sahara est sous domination espagnole. En ce qui concerne les questions de Gare Smith, il était assez intéressant de noter que Smith n’était pas au courant du moment où le Secrétaire Kerry a rencontré le Ministre Lamamra. Il est également intéressant que le ministre Lamamra n’a pas répondu à la question de Smith quant à ses discussions avec Kerry sur les droits de l’homme au Sahara. De cet événement – et d’autres développements au Congrès au cours de l’année écoulée – il semble évident que l’Algérie est heureuse de s’engager dans un lobbying de bas niveau sur le Sahara pour garder la question vivante et maintenir sa position contre le Maroc, mais qu’elle n’a pas donné la priorité à la question du Sahara dans sa politique étrangère.
Source : Moroccan American Center, 19 septembre 2014
La croissance de l’Algérie ralentira en 2023 alors que la production d’hydrocarbures culmine
Chez Fitch Solutions, nous prévoyons que l’économie algérienne connaîtra une croissance de 3,6 % en 2022, malgré un début d’année faible lorsque la croissance du PIB a atteint 1,6 % en glissement annuel au T122, alors que la production d’hydrocarbures reprend sur le reste de l’année.
Cependant, une contraction de la production d’hydrocarbures pèsera sur la croissance en 2023, que nous prévoyons à 2,5 %.
Cela dit, la forte consommation publique et le ralentissement de l’inflation soutiendront l’activité économique en 2023.
Chez Fitch Solutions, nous pensons que l’activité économique reprendra sur le reste de l’année après que les données du PIB du T122 aient montré une croissance modérée de 1,6 % en glissement annuel. Cela s’explique par une contraction de 2,3 % en glissement annuel de la production d’hydrocarbures, qui a fortement pesé sur l’activité économique. Cela dit, l’économie hors hydrocarbures a progressé de 2,9 % en glissement annuel, contre 2,0 % en glissement annuel au T421. Nous attendons une reprise de la production d’hydrocarbures après le T122 pour compléter la croissance soutenue de l’économie hors hydrocarbures, entraînant une reprise de la croissance de l’activité totale. En effet, les données sur la production pétrolière ont montré une accélération de la croissance de la production au T222 et au T322 (voir graphique ci-dessous), qui, selon nous, se matérialisera par une augmentation de la croissance du PIB.
L’accélération de la production pétrolière soutiendra la croissance du PIB Algérie – Production de pétrole brut, % annuel
Source : OPEP, Fitch Solutions
Cela dit, nous prévoyons que l’activité économique ralentira en 2023 à mesure que la production d’hydrocarbures se contractera. Nous prévoyons que l’économie algérienne connaîtra une croissance de 2,6 % en 2023, marquant une décélération par rapport à un taux de croissance de 3,6 % en 2022, ce qui placerait la croissance du PIB de l’Algérie en 2023 légèrement en dessous de la moyenne pré-Covid-19 de 2,7 %.
Croissance du PIB en 2023 inférieure à la tendance Algérie – Croissance du PIB réel, % & Contributions, pp
f = prévisions de Fitch Solutions. Source : ONU, ONS, Fitch Solutions
Une contraction de la production d’hydrocarbures sera le principal frein à la croissance en 2023, entraînant une contribution négative des exportations nettes à la croissance. Notre équipe Pétrole et gaz prévoit que la production d’hydrocarbures se contractera de 1,6 % en 2023 en raison des pics de production dus à la maturation des actifs. Nous prévoyons que cela conduira à une contraction du volume des exportations avec une hausse des exportations hors hydrocarbures insuffisante pour compenser l’impact négatif sur la production d’hydrocarbures. Une levée des restrictions à l’importation de voitures pèsera davantage sur la contribution des exportations nettes à l’activité économique en 2023. Tout compte fait, les exportations nettes soustrairont 1,3 point de pourcentage (pp) à la croissance, contre 0,5 pp positif en 2022. Cela marque le contribution la plus négative des exportations nettes au PIB depuis 2015.
La baisse de la production d’hydrocarbures pèsera sur le PIB en 2023 Algérie – Production d’hydrocarbures, bep
f = prévisions de Fitch Solutions. Source : EIA, Fitch Solutions
Cela dit, une politique budgétaire expansionniste soutiendra l’activité économique en soutenant la consommation publique. Le nouveau budget pour 2023, s’il est adopté, prévoit une augmentation de 26,9 % des dépenses courantes, ce qui, selon nous, compensera une partie de l’impact négatif d’une baisse de la production d’hydrocarbures. L’augmentation des dépenses sera orientée vers le renforcement des filets de sécurité sociale, ainsi que les dépenses sur un large éventail de subventions. Nous prévoyons que la consommation publique ajoutera 1,3 pp à la croissance du PIB en 2023, contre 1,0 pp en 2022.
Nous prévoyons également que la baisse de l’inflation soutiendra la consommation privée en 2023. Nous prévoyons une forte baisse de l’inflation de 9,0 % en 2022 à 4,4 % en 2023. Cela sera principalement dû à des effets de base positifs et à la décision des autorités de soutenir le dinar. En effet, nous prévoyons que le dinar s’appréciera de 5,6 % en 2023 alors que les autorités continuent de soutenir la devise dans un contexte de prix de l’énergie élevés et que le dollar commencera à baisser au S223. Ceci, combiné à une augmentation des salaires, des retraites et des allocations de chômage promise par le président Abdelmadjid Tebboune, soutiendra le pouvoir d’achat des ménages, ce qui conduira à une accélération de la croissance de la consommation privée. Nous prévoyons que la consommation privée ajoutera 1,3 pp au PIB en 2023, marquant une augmentation par rapport à 1,1 pp en 2022.
La baisse de l’inflation soutiendra la consommation privée Algérie – Inflation, % annuel
Source : ONS, Fitch Solutions
L’investissement connaîtra une hausse avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’investissement. Les autorités algériennes ont suivi l’adoption de la nouvelle loi sur l’investissement en juillet 2022 avec les textes prévoyant la mise en œuvre de la loi en septembre 2022. Cette nouvelle loi offre aux entreprises algériennes des incitations à renforcer l’économie hors hydrocarbures en éliminant les formalités administratives excessives. L’objectif est également d’ouvrir le pays à davantage d’investissements étrangers dans le secteur hors hydrocarbures, où nous prévoyons une augmentation en 2023. Ceci, combiné à des prix de l’énergie élevés, améliorera le sentiment des investisseurs et entraînera une augmentation de la contribution à la croissance de l’investissement dans le PIB de 0,8 pp en 2022 à 1,1 pp en 2023.
La supermajor pétrolière et gazière, Eni, a commencé la production de deux gisements de gaz naturel liés à son contrat Berkine Sud en Algérie. Exploités par Eni et le producteur national algérien de pétrole et de gaz, Sonatrach, les nouveaux volumes seront ajoutés au contrat de Berkine Nord et à d’autres activités régionales exploitées dans le pays d’Afrique du Nord.
La production des deux gisements de gaz dans le cadre du contrat Berkine Sud s’élève actuellement à un million de mètres cubes standard de gaz par jour et à environ 4 000 barils de liquides associés par jour.
La capacité de production du contrat devrait atteindre environ deux millions de mètres cubes par jour avant la fin de l’année, contribuant à stimuler les exportations de gaz de l’Algérie, à satisfaire la demande des marchés européens tout en aidant le complexe Menzel Ledjmet Nord du pays à atteindre une capacité de production de 11 millions de mètres cubes par jour.
Le contrat de Berkine Sud, qui a été attribué en développement accéléré en avril de cette année, est le premier contrat signé en vertu de la loi algérienne sur les hydrocarbures 19-13 de 2019, qui modifie le cadre juridique du pays pour le secteur des hydrocarbures.
Présente en Algérie depuis 1981 et actuellement la principale société internationale d’énergie opérant dans le pays, l’exploitation et le développement du bassin de Berkine devraient porter la production d’Eni en Algérie à plus de 120 000 barils d’équivalent pétrole par jour en 2023.
En septembre de cette année, Eni a annoncé avoir conclu un accord sur l’acquisition de la multinationale pétrolière et gazière, l’opération algérienne de bp, à savoir les champs de gaz naturel d’In Amenas et d’In Salah, démontrant l’engagement de l’entreprise à fournir une énergie sûre et durable à ses clients.
Tags : Algérie, Vatican, Mgr Paul Richard Gallagher,
Gallagher en Algérie pour 50 ans de relations diplomatiques avec le Saint-Siège Le secrétaire aux relations avec les États et les organisations internationales, Mgr Paul Richard Gallagher, est en visite en Algérie, où il rencontre des responsables civils et religieux et visite le Mémorial des martyrs de la guerre de libération et le monastère de Tibhirine.
Par Vatican News
L’archevêque Paul Richard Gallagher, secrétaire du Vatican pour les relations avec les États et les organisations internationales, est en visite en Algérie à l’occasion du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques du Saint-Siège avec ce pays d’Afrique du Nord. Sa visite a débuté mardi.
Selon l’émission diffusée sur le compte Twitter officiel de la Secrétairerie d’Etat (@TerzaLoggia), Mgr Gallagher débute son voyage en Algérie par une visite au Monument des Martyrs à Alger. Le mémorial commémore les victimes de la guerre de libération.
Plus tard, il tient des réunions avec le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad ; et le ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmehdi.
L’Archevêque rencontre ensuite le Recteur de la Grande Mosquée d’Alger, Mohamed Mamoune El Kacimi El Hassini. La première journée de sa visite se conclut par un entretien avec le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune.
Le mercredi 26 octobre, Mgr Gallagher commence la journée par une visite au monastère de Tibhirine, la maison d’un groupe de moines trappistes qui ont été martyrisés en 1996.
Les moines ont été béatifiés en 2018 à Oran, en Algérie, avec 12 autres personnes martyrisées dans le pays entre 1994 et 1996.
Suite à la visite au monastère, Mgr Gallagher rencontre des membres du corps diplomatique et des autorités civiles, suivie d’une rencontre avec des membres de l’Église locale avant son retour à Rome.
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Le rapport suivant provient de sources ouvertes et fermées. Aucune des informations n’a été corroborée par des tiers.
RAPPORT MENSUEL SUR LA SITUATION EN ALGERIE
Résumé exécutif Tendances politiques
– Le Général Ahmed Kherfi a été remplacé à la tête de la DSI, la branche de sécurité intérieure du DRS, par le Général Bachir Tartag, qui a une réputation de brutalité dans la lutte contre la subversion islamiste.
– Les élections parlementaires qui doivent se tenir dans la première quinzaine de mai semblent devoir être beaucoup plus transparentes que les scrutins précédents, et il est fort probable que les partis islamistes s’en sortent particulièrement bien.
– Le régime semble se préparer à une transition soigneusement gérée vers un gouvernement de coalition dominé par les islamistes, même si cela risque de déstabiliser les « laïques-modernistes » au sein du régime lui-même.
– Dans ce qui semble être un mouvement tactique avant les élections, le gouvernement a commencé à légaliser de nouveaux partis politiques, afin de s’assurer qu’aucun parti ne puisse obtenir une majorité absolue. Relations extérieures
– La visite du ministre marocain des Affaires étrangères, S. Othmani, en Algérie – son premier voyage à l’étranger depuis sa prise de fonction – a été considérée comme un signe que le rapprochement entre Rabat et Alger progresse.
– Othmani, comme ses collègues du nouveau gouvernement islamiste, n’a cependant pas les mains totalement libres, et ceux qui détiennent réellement le pouvoir à Rabat et à Alger semblent toujours réticents à faire des compromis sur les questions clés qui les divisent : la frontière et le Sahara occidental.
– Le Maroc a été invité à participer à la deuxième conférence ministérielle sur la sécurité dans la région du Sahara et du Sahel, qui se tiendra à Bamako en février, en grande partie parce qu’Alger reconnaît désormais qu’une coopération internationale plus large est nécessaire pour relever le défi de la dissémination des armes de la Libye dans la région.
– Une source à la présidence algérienne a parlé de manière désobligeante de la capacité du Polisario à contribuer à l’effort de lutte contre le terrorisme au Sahara. Sécurité
– Après une accalmie, le niveau d’activité d’AQMI a repris fin décembre et en janvier. La plupart des incidents étaient comme d’habitude concentrés en Kabylie.
– Dans la région d’Alger, les forces de sécurité ont affronté les djihadistes juste au sud de l’aéroport Houari Boumedienne.
– Le gouverneur de la province d’Illizi, dans le sud-est, a été enlevé et retenu pendant un certain temps en territoire libyen avant d’être libéré par une milice libyenne.
– La branche sahélienne d’AQMI et le groupe dissident qui a enlevé trois travailleurs humanitaires occidentaux dans les camps du Polisario à Tindouf l’automne dernier ont publié des communiqués menaçant la France.
Tendances politiques
Alors que le régime algérien négocie avec précaution les changements provoqués par le « printemps arabe », un changement est intervenu à la tête de la cruciale Direction de la sécurité intérieure (DSI) au sein du service de renseignement et de sécurité du DRS. Le 22 décembre, le général Abdelkader « Ahmed » Kherfi, qui dirigeait la DSI depuis un peu plus de deux ans, a été remplacé par le général Bachir « Athmane » Tartag, un officier de carrière du DRS réputé pour sa ligne dure[1], qui a apparemment été rappelé de sa retraite pour l’occasion.
Ce changement – officiellement rendu nécessaire par les problèmes de santé non précisés de Kherfi – a suscité un nombre inhabituellement élevé de commentaires dans les médias, la plupart spéculatifs (et peut-être encouragés par l’establishment militaire et sécuritaire lui-même), avec diverses explications avancées pour le changement à la tête de cette importante institution. El Watan affirme que Kherfi a été démis de ses fonctions en raison des « nombreux revers subis par les services de sécurité dans la lutte contre AQMI » ; la tâche de Tartag, affirme le journal, est « d’éradiquer les derniers foyers d’AQMI qui existent encore dans le nord du pays et de prévenir une éventuelle prolifération du terrorisme aux frontières avec la Libye, le Niger et le Mali, en particulier à la suite des grands bouleversements géopolitiques en Afrique du Nord ». Le Matin estime lui aussi que Kherfi a été écarté en raison de ses lacunes en matière de lutte contre le terrorisme, notamment à cause de l’enlèvement de travailleurs humanitaires européens dans le camp Rabouni du Polisario en octobre. La nomination de Tartag est « synonyme d’un changement stratégique dans les strates du pouvoir », affirme Le Matin. Le portail d’information spécialisé Kalima DZ note que le général Kherfi « n’a pas su, ou n’a pas pu, empêcher la propagation des émeutes, des grèves, des rassemblements et des médias et le retour de l’opposition radicale » et suggère que le général Tartag réagira plus rapidement, et plus durement, à des événements tels que les émeutes liées aux prix des denrées alimentaires qui ont secoué les villes algériennes il y a un an ; ainsi, « les généraux algériens ont décidé de lever un barrage contre la marée de l’histoire ». Un autre site spécialisé, Maghreb Intelligence, place quant à lui le changement à la tête de la DSI dans le contexte d’une lutte pour le poste de général de corps d’armée. Mohamed « Tewfik » Médiène à la tête du DRS lui-même, suggérant que Tartag est le dauphin préféré de Tewfik.
Une source proche de Tewfik à qui nous avons parlé met le retrait de Kherfi sur le compte d’un « conflit commercial quelconque » et insiste sur le fait que le changement n’a rien à voir avec la succession de Tewfik – malgré les spéculations occasionnelles de la presse sur sa santé, le chef du DRS « ne va nulle part » dans un avenir prévisible, insiste la source. Malgré tout, le choix d’une figure aussi controversée que Tartag – qui serait certainement la cible de poursuites judiciaires de la part de groupes d’opposition algériens en exil pour des violations passées des droits de l’homme s’il devait un jour se rendre en Europe – n’est en aucun cas anodin et mérite une certaine réflexion.
Le changement à la tête de la branche sécurité intérieure du DRS intervient à un moment sensible. Bien que l’on puisse avoir le sentiment que le régime algérien a réussi à surmonter le pire des turbulences du printemps arabe, les prochaines élections législatives – qui doivent se tenir dans la première quinzaine de mai – risquent d’être un moment délicat. Les conditions ne sont peut-être pas réunies pour que les élections soient totalement libres et équitables (entre autres, les listes électorales, profondément défectueuses, n’ont pas été révisées, ce qui laisse la porte ouverte à des cas de vote multiple et à d’autres abus), mais les signes qui se dégagent jusqu’à présent indiquent que le régime se prépare à un scrutin qui sera considérablement plus transparent que les élections précédentes, au cours desquelles les truquages ont parfois été flagrants – un nombre important d’observateurs internationaux seront invités cette fois-ci, semble-t-il, et des urnes en plexiglas transparent sont censées remplacer les réceptacles éminemment bourrables utilisés par le passé. Les partis islamistes – qui bénéficient d’un soutien considérable au sein de la société algérienne dans son ensemble, et qui sont portés par les victoires électorales des islamistes au Maroc, en Tunisie et en Égypte – sont susceptibles de s’en sortir le mieux dans toute élection raisonnablement libre, et en effet, une majorité parlementaire islamiste ne pourrait en aucun cas être exclue. C’est d’ailleurs en prévision de cette éventualité que le MSP, islamiste « formé à l’interne », a annoncé le 1er janvier qu’il quittait l’Alliance présidentielle, dans laquelle il était associé au FLN et au RND depuis huit ans, pour voler de ses propres ailes (sans toutefois renoncer à ses portefeuilles ministériels pour le moment). Une « alternance à la marocaine » – un transfert soigneusement préparé et géré vers un gouvernement de coalition dominé par les islamistes – semble être la voie choisie par le régime, ou du moins une option qu’il est prêt à envisager. Objectivement, un gouvernement d’orientation islamiste n’est nullement incompatible avec les intérêts des principales parties prenantes du régime, pour autant que des garanties soient données quant à leur pouvoir et à leurs privilèges (immunité de poursuites pour les violations des droits de l’homme, respect des droits de propriété, y compris pour ceux dont la richesse a été acquise grâce à leur proximité avec l’appareil d’État, etc. ) – après tout, les gouvernements successifs de l’Alliance présidentielle, sous l’influence du MSP et de l’aile « islamo-conservatrice » du FLN dirigée par Abdelaziz Belkhadem, ont déjà fait beaucoup pour la réislamisation des mœurs sociales et, sans doute, de la loi. Mais subjectivement, le régime est encombré par l’héritage de la guerre civile des années 1990 et 2000, au cours de laquelle il s’est fortement appuyé sur le discours anti-islamiste, exposé de manière cohérente et persistante par les laïcs-modernistes non seulement dans les médias et la classe politique, mais aussi dans les propres rangs du régime, y compris dans l’armée et les services de sécurité. Ces éléments laïcs-modernistes seront certainement alarmés par le glissement vers un gouvernement ouvertement islamiste, ce qui pourrait provoquer des tensions au sein des propres organes du régime. Dans ce contexte, la nomination d’un officier ayant la réputation d’être un ennemi inflexible, voire brutal, des islamistes à la tête de la DSI pourrait avoir pour but d’apaiser ces craintes.
Entre-temps, en préparant sa tactique pour les prochaines élections, le gouvernement semble faire tout son possible pour balkaniser le paysage politique, afin qu’aucune force politique ne puisse obtenir la majorité. Dans un renversement apparent des pratiques passées, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a donné le feu vert à au moins dix nouveaux partis pour tenir leurs assemblées constitutives et a laissé entendre que l’autorisation complète de fonctionner pourrait être délivrée dans un délai d’un mois seulement – bien avant les élections parlementaires. Parmi ceux-ci figurent au moins trois partis islamistes : Le Front National pour le Changement d’Abdelmajid Menasra (une scission du MSP), le Front pour la Justice et le Développement d’Ahmed Djaballah et le Parti pour la Liberté et la Justice de Mohamed Saïd. Si l’expérience marocaine suggère qu’une telle tactique peut être très efficace, il convient de considérer que la multiplication des groupes politiques est susceptible d’accroître la charge de travail du DRS, et plus particulièrement de la DSI, qui s’est historiquement fait un devoir non seulement de surveiller toutes les formations politiques mais aussi de maintenir des agents d’influence en leur sein. Que ce soit par accident ou à dessein, la stratégie et la tactique actuellement adoptées par le régime algérien semblent être garanties pour renforcer encore davantage le poids spécifique du DRS en général, et du DSI en particulier.
Relations extérieures
Il y a plusieurs mois, on s’en souvient, des sources algériennes ont commencé à suggérer que, les anciennes certitudes régionales s’effritant autour d’eux, les dirigeants algériens pourraient envisager de rétablir les ponts avec le Maroc, dans l’espoir d’assurer au moins une relation stable avec un pays voisin. Plus récemment, peu après les élections parlementaires marocaines de novembre dernier, au cours desquelles le PJD, parti islamiste modéré, est devenu le plus grand parti, l’un des principaux dirigeants du parti nous a laissé entendre que l’un des points centraux de son programme de gouvernement était un « réexamen » des relations du Maroc avec l’Algérie et une remise en question créative de tous les différends entre les deux pays (voir AMSR #109). Avec la visite à Alger, cette semaine, du nouveau ministre marocain des Affaires étrangères, Saadedine El Othmani (l’un des principaux dirigeants du PJD), ces tendances au rapprochement semblent enfin se rejoindre – une impression d’autant plus forte que les médias algériens ont annoncé que le Maroc participerait désormais aux réunions du groupe dit « pays du champ »[2] consacré à la sécurité dans la région du Sahara et du Sahel, dont il était jusqu’à présent ostensiblement exclu.
El Othmani a tenu à choisir Alger comme destination pour son tout premier voyage à l’étranger en tant que ministre des Affaires étrangères, mais il serait sans doute erroné d’y voir une révolution dans les relations entre les deux pays, ou même le début d’une telle révolution. Le PJD peut être sincèrement engagé à réorienter la politique étrangère marocaine vers des liens avec les pays arabes et musulmans, en commençant par mettre les choses au clair avec l’Algérie, mais dans ce domaine comme dans d’autres, ses mains ne sont pas entièrement libres. Le gouvernement élu, dominé par le PJD, est effectivement suivi par ce qui s’apparente à un gouvernement parallèle de conseillers royaux au Palais – parmi lesquels le prédécesseur d’El Othmani, Taïeb Fassi-Fihri, ami et associé de longue date du Roi, qui s’est vu attribuer un poste dans l’équipe du Palais dès qu’il a cédé le ministère des affaires étrangères – et il n’y a que peu ou pas de chance réaliste qu’El Othmani et ses collègues dépassent les limites fixées par le Palais.
Bien sûr, en tant que ministre des Affaires étrangères, M. Fassi-Fihri avait lui-même, au cours des mois précédents, fait des déclarations positives sur la normalisation des relations avec l’Algérie (voir AMSR #109). Mais il ne peut y avoir aucune perspective de changement qualitatif dans les relations entre les deux pays tant que chacun continue à insister sur la capitulation totale de l’autre sur les deux principales pommes de discorde entre eux, à savoir la question de la frontière et le sort du Sahara occidental, et il n’y a encore aucun signe qu’Alger ou Rabat soit vraiment prêt à saisir ces orties[3]. En effet, El Othmani n’a pu discuter ni de la frontière ni de la question du Sahara occidental pendant son séjour à Alger. El Othmani et son homologue algérien Mourad Medelci se sont certes promis de se rencontrer pour des « discussions politiques » tous les six mois, et il a été annoncé qu’une Haute Commission Mixte Algéro-Marocaine se réunira à Rabat le 17 février, mais ces démarches s’inscrivent dans la continuité de la politique suivie par Fassi-Fihri. L’innovation la plus marquante du voyage d’El Othmani à Alger a sans doute été sa rencontre en tête-à-tête avec Boudjerra Soltani – le leader du MSP islamiste modéré, qui n’occupe aucune fonction gouvernementale – au siège du MSP le 24 janvier, à l’issue de sa visite officielle de deux jours.
Le lendemain du départ d’El Othmani d’Alger, le porte-parole du ministère algérien des affaires étrangères, Amar Belani, a jeté un froid sur les informations selon lesquelles le Maroc serait invité à rejoindre le pays du champ. Le Maroc ne serait pas intronisé dans le groupe dirigé par l’Algérie, a-t-il expliqué, mais simplement invité, avec de nombreux autres pays, à participer à une réunion beaucoup plus large sur la lutte contre le terrorisme au Sahara, qui se tiendra dans la capitale malienne, Bamako, en février. « Le noyau central restera exclusivement limité à quatre pays – l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie – avec l’ajout probable de la Libye, lorsque les Libyens en feront la demande », a déclaré M. Belani au portail d’information TSA, alors que le Maroc est « un partenaire extra-régional qui n’est pas concerné par les réunions du pays du champ, comme celle qui vient de se tenir à Nouakchott. » En d’autres termes, ce à quoi le Maroc est invité est le suivi de la Conférence ministérielle sur la sécurité au Sahel qui s’est tenue à Alger en septembre dernier (avec la participation des États-Unis, d’autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies et des pays de l’Union européenne).
On est loin d’une véritable coopération en matière de sécurité. Mais l’invitation faite au Maroc de participer à la deuxième conférence ministérielle est une sorte de percée – malgré la pression de la France, Alger aurait refusé d’inviter les Marocains à la première édition en septembre dernier (voir AMSR #107). Un membre du personnel de la présidence algérienne nous dit que la décision d’inviter le Maroc – ainsi que la Libye, la Tunisie[4] et l’Égypte – cette fois-ci est dictée par une simple nécessité : la nécessité de faire quelque chose contre la prolifération des armes libyennes dans la région du Sahara et du Sahel, y compris au Maroc, où les autorités ont saisi des armes importées clandestinement de Libye[5]. Une source politique mauritanienne, que l’on croit proche du président Ould Abdelaziz[6], va plus loin en affirmant qu’Alger a été « obligée de revoir sa stratégie » en matière de coopération antiterroriste, en grande partie parce qu’elle est « véritablement terrifiée par la possibilité de prolifération des armes libyennes » sur son propre territoire. Les Algériens ont été poussés dans cette direction par un certain nombre de signaux d’alarme, selon la source mauritanienne : la reprise de l’insurrection touareg dans le nord du Mali (où l’Algérie était censée être le garant de la paix et de la réconciliation nationale), menée par des combattants touaregs revenus de Libye avec d’abondantes réserves d’armes[7] ; une présence de plus en plus active dans le sud de l’Algérie d’unités d’AQMI répondant aux chefs sahéliens de l’organisation, Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zeid ; et des renseignements fournis, selon la source, par les services de sécurité mauritaniens concernant un plan présumé d’AQMI pour la déstabilisation du sud de l’Algérie. Ces facteurs, combinés aux pressions exercées par les États-Unis, la France et (selon la source) la Mauritanie, auraient incité Alger à commencer à s’éloigner de la « conception rigide de la souveraineté » qui sous-tend sa doctrine en matière de sécurité et qui a constitué un obstacle à une coopération efficace dans la lutte contre le terrorisme transnational.
Selon la source politique mauritanienne, la tâche la plus difficile à laquelle les Mauritaniens ont été confrontés pour persuader les Algériens d’être plus accommodants a été de les convaincre que l’implication du Maroc dans la lutte contre le terrorisme transnational ne devait en aucun cas affecter la situation du Polisario. Pour sa part, la source à la présidence algérienne n’a fait que les plus brèves allusions au Polisario, notant que des questions avaient été soulevées dans les milieux politiques algériens quant aux raisons pour lesquelles la République arabe sahraouie démocratique n’avait pas été invitée à la conférence ministérielle de Bamako et affirmant que, bien que le Polisario soit bien sûr concerné par la lutte contre le terrorisme, il « ne dispose pas des moyens nécessaires pour y participer efficacement ». Cette évaluation plutôt laconique peut refléter un certain degré d’insatisfaction et de frustration de la part des dirigeants algériens face à l’attitude maladroite du Polisario à la suite de l’enlèvement des travailleurs humanitaires occidentaux du camp de Rabouni, près de Tindouf, que nous avons commenté dans notre dernier rapport.
Sécurité
Après une période exceptionnellement calme au cours des trois premières semaines de décembre 2011 (voir le rapport précédent), Aqmi a intensifié son activité dans les derniers jours de 2011[8]. Le mois de janvier a connu une nouvelle accélération, avec 23 opérations enregistrées jusqu’au 26 janvier.
Comme à l’accoutumée, la grande majorité des opérations d’Aqmi se sont déroulées en Kabylie (sur 34 incidents recensés pour la période du 20 décembre au 26 janvier, 18 étaient à l’initiative d’AQMI, et parmi eux, pas moins de 14, pour la plupart des bombes en bord de route, ont eu lieu en Kabylie). Dans la région d’Alger, les forces de sécurité ont tendu une embuscade à deux djihadistes et les ont abattus le 8 janvier sur la route de Khemis el-Khechna à Hammadi, entre les wilayas de Boumerdès et d’Alger, à environ 10 km au sud de l’aéroport international Houari Boumedienne. Un soldat a été blessé et est décédé à l’hôpital quatre jours plus tard.
Ailleurs, l’incident le plus remarquable s’est produit le 16 janvier lorsqu’un groupe d’hommes armés a enlevé le gouverneur d’Illizi, Mohamed Laïd Khelfi, près de Deb Deb, et lui a fait traverser la frontière libyenne. Libéré par des combattants libyens le lendemain, il est rentré en Algérie le 18 janvier, souffrant d’une épaule cassée. Les trois ravisseurs étaient des habitants de la région qui protestaient contre les lourdes peines de prison infligées à leurs proches dans une affaire liée au terrorisme au début du mois de janvier[9]. La ville de Deb Deb avait été le théâtre de plusieurs manifestations et sit-in la semaine précédente, ce qui a incité le gouverneur à se rendre dans la ville dans l’espoir de calmer la situation, mais il a été enlevé sur le chemin du retour. Aqmi a publié une déclaration datée du 18 janvier « saluant l’intifada de notre peuple à Deb Deb » et déclarant son soutien à la « lutte pour la justice » des habitants. Elle a également mis en garde les nouvelles autorités libyennes contre la remise des ravisseurs à l’Algérie. Malgré son dénouement rapide, cette affaire est profondément embarrassante pour le gouvernement algérien. Le fait qu’un gouverneur régional ait été enlevé[10] aussi facilement par des « amateurs » dans ce qui devrait être une zone de haute sécurité près de la frontière libyenne entame sérieusement la crédibilité des services de sécurité algériens à un moment où la situation aux frontières de l’Algérie reste dangereusement volatile.
À l’est, la Libye reste chaotique. Outre la contrebande d’armes, les autorités algériennes doivent désormais faire face à la menace d’incursions régulières de combattants libyens indisciplinés. En janvier, à deux reprises au moins, des combattants libyens ont arrêté des citoyens algériens qui, selon eux, étaient entrés en territoire libyen. Il n’est pas exclu que de telles incursions puissent conduire à des affrontements isolés entre les milices libyennes et les forces algériennes.
De l’autre côté des frontières méridionales de l’Algérie, alors que la renaissance de la rébellion touareg dans le nord du Mali (voir ci-dessus) ajoute une autre dimension aux difficultés d’Alger, Aqmi elle-même a été relativement calme[11]. Le 12 janvier, cependant, Aqmi a envoyé une déclaration à une agence de presse mauritanienne affirmant disposer d’ »informations fiables » selon lesquelles la France, « avec le soutien de l’Algérie et de la Mauritanie », prépare une opération militaire pour libérer les otages occidentaux détenus par le groupe. Le communiqué avertit ensuite les pays européens qu’une telle action « signifierait que vous signez l’arrêt de mort de vos citoyens ». La France a également été la cible de menaces de la part de Jamat Tawhid wal Jihad fi Gharbi Afriqqiya (Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest), le groupe jusqu’alors inconnu qui a revendiqué le 10 décembre l’enlèvement de travailleurs humanitaires occidentaux au camp de Rabouni, près de Tindouf (voir AMSR n°108). Le 3 janvier, le groupe, qui décrit ses membres comme des dissidents d’Aqmi, a envoyé à l’AFP un communiqué « déclarant la guerre à la France, ennemie de l’Islam », accompagné d’une vidéo des trois otages capturés à Rabouni en octobre. FIN
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[1] De 1990 à 2001 – une décennie qui comprend les pires années de la « sale guerre » algérienne – Tartag, alors colonel, a dirigé le Centre Principal Militaire d’Investigation de Ben Aknoun, à Alger, une unité du DRS qui avait une sombre réputation de centre de torture et de base arrière pour les escadrons de la mort.
[2] « Pays du champ ». A ce jour, l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, qui, sur le papier du moins, participent au commandement militaire conjoint (CEMOC) pour le Sahara formellement établi lors d’un sommet à Alger en 2010.
[3] Le site d’information algérien TSA a, il est vrai, rapporté que la police algérienne entreprend des « préparatifs techniques » pour l’ouverture de la frontière terrestre, suggérant que la frontière pourrait être ouverte au trafic dès le début du mois de mai, mais cette affirmation – qui n’est pas sans précédent – reste pour l’instant non confirmée.
La date exacte de la deuxième conférence ministérielle n’a pas encore été fixée, semble-t-il, en partie parce que les organisateurs attendent toujours que la Libye et la Tunisie confirment qu’elles enverront des représentants[5].
[5] Ceci est cohérent avec ce que nous avions entendu de sources marocaines à l’automne dernier. Une source non gouvernementale nous a dit à la mi-novembre : « Les forces de sécurité – police, garde-frontières, gendarmerie et forces auxiliaires – sont en état d’alerte maximum, avec des instructions spécifiques pour prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les cargaisons d’armes, qui sont censées être en route depuis la Libye, d’atteindre le territoire marocain. Les zones frontalières adjacentes à l’Algérie et à la Mauritanie font l’objet de mesures de surveillance exceptionnelles. … Au cours des dernières semaines, des véhicules transportant des étrangers ont [également] été arrêtés et contrôlés dans la zone située au nord de Laayoune, ainsi qu’aux points d’entrée de chaque ville et village sahraoui. La police admet librement qu’elle recherche des armes en provenance de Libye. »
[6] Qui s’est rendu à Alger pour des entretiens sur la sécurité avec le président Bouteflika à la mi-décembre, on s’en souvient.
[7] Les 16 et 17 janvier, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, un nouveau groupe issu de la fusion de factions rebelles touaregs maliennes, a lancé une offensive en attaquant les villes de Menaka, près de la frontière avec le Niger, d’Aguelhok et de Tessalit, près de la frontière avec l’Algérie. Un certain nombre de soldats algériens auraient été évacués de Tessalit. Le 26 janvier, les rebelles auraient pris le contrôle de la ville d’Aguelhoc, près de la frontière avec le Niger, et d’un camp abandonné de l’armée malienne à Léré, près de la frontière avec la Mauritanie. Un communiqué du gouvernement malien affirme que des « combattants d’AQMI » ont pris part aux raids aux côtés de combattants du MNLA, mais cela semble peu probable dans la mesure où l’une des plaintes des rebelles touaregs contre le gouvernement central est que celui-ci a effectivement donné carte blanche à AQMI pour établir un refuge dans les terres touaregs du nord du Mali.
[Par conséquent, le niveau d’activité des djihadistes en décembre était, dans l’ensemble, comparable à celui des mois précédents (21 opérations en tout, contre 23 en novembre et 22 en octobre).
Le 2 janvier, un tribunal d’Alger a condamné Abdelhamid Abou-Zeid, l’un des chefs d’Aqmi au Sahel et originaire de Deb Deb, à la prison à vie et cinq membres de sa famille à dix ans de prison chacun pour « formation d’un groupe armé international »[10].
[10] C’est la première fois qu’un gouverneur régional est enlevé depuis le début des troubles.
[La seule action signalée du groupe est l’enlèvement d’un gendarme mauritanien le 20 décembre, à la suite duquel il a publié un communiqué demandant au « régime mauritanien » de libérer deux de ses prisonniers en échange de la libération du soldat.
Toutes les conditions sont réunies pour garantir la tenue du Sommet arabe à Alger, dont les décisions et les recommandations sont attendues avec beaucoup d’espoir en faveur d’une action arabe commune et de la nécessité de faire front uni face aux défis de l’heure.
Alger ne cache pas son ambition d’en faire une étape emblématique, sur le chemin de la réconciliation, de la volonté d’en finir avec les discordes, les affrontements et les vieux démons de la dispersion.
Rien n’est laissé au hasard pour accueillir les chefs d’Etat et les rois ainsi que les délégations qui les accompagnent. L’organisation est réglée comme du papier à musique. Ce dont se félicitent tous les observateurs et les analystes politiques.
A ce propos, le Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, a salué les efforts déployés par l’Algérie et les moyens qu’elle a mobilisés, exprimant ses remerciements au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour son haut parrainage, mettant en exergue la capacité de l’Algérie à répondre aux multiples demandes pour la tenue du 1er Sommet de la Ligue arabe digitalisé à 100%.
Côté présence médiatique, les autorités s’attendent à une très forte participation des journalistes chargés de couvrir l’événement politique international le plus attendu dans le monde arabe.
Pas moins de 500 journalistes, toutes nationalités confondues, seront présents dans la capitale pour être les témoins d’un rendez-vous des dirigeants arabes. Pour l’Algérie, c’est un acquis qui bat en brèche toutes sortes de supputations malintentionnées.
Le ton a été déjà donné, hier, avec le début des travaux du Conseil de la Ligue des Etats arabes au niveau des délégués permanents et des hauts responsables pour préparer la réunion des ministres des Affaires étrangères en prévision de la 31e session du Sommet d’Alger.
A cette occasion, l’ambassadeur Nadir Larbaoui, représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations-Unies, a pris la présidence de cette session.
« Nous aspirons à un Sommet qui puisse tirer les enseignements du passé et envisager l’avenir avec une vision stratégique globale, afin de renforcer la sécurité et la stabilité, à travers l’établissement des ponts d’une coopération positive avec notre monde islamique et africain », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur l’impérative adoption d’une approche renouvelée, en vue d’examiner un ordre du jour riche en questions politiques et soumettre des projets de décisions et des recommandations pertinentes, pratiques et constructives aux ministres des Affaires étrangères lors de leur réunion préparatoire.
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Aux prises avec une crise énergétique chez lui, et en perte de vitesse sur le continent africain, les choix diplomatiques de Macron au Maghreb semblent réduits à deux options : équilibre invraisemblable ou allégeance risquée.
Construire des ponts avec Alger sans brûler ceux établis avec Rabat est devenu la mission diplomatique du président français Emmanuel Macron impossible.
Depuis sa première victoire électorale en 2017, les relations avec les deux ennemis nord-africains ont jeté une ombre sur la diplomatie de Macron dans la région, les plaies ouvertes coloniales , les intérêts économiques et les ego des politiciens jouant un rôle clé dans la formation de cette relation tripartite controversée.
Aujourd’hui, aux prises avec une crise nationale du gaz chez lui et en perte de vitesse sur le continent africain, les choix diplomatiques de Macron au Maghreb restent limités.
« Pour saisir la diplomatie marocaine, nous devons être conscients que les relations individuelles informelles du roi sont souvent plus importantes que les relations entre les institutions formelles », a expliqué l’analyste sociopolitique basé en France Wassim Ouameur dans une interview avec The New Arab.
« Les relations avec les deux ennemis maghrébins ont jeté une ombre sur la diplomatie de Macron dans la région »
En effet, l’apogée des relations franco-marocaines se situe sous le mandat de Jacques Chirac sous la tristement célèbre « diplomatie Mamounia » , méthode de relations diplomatiques informelles et personnelles.
Cette diplomatie unique en son genre est morte sous l’administration socialiste de François Hollande et Macron a montré peu d’intérêt à la faire revivre.
« Macron et Mohamed VI ont montré une certaine froideur dans leur relation », a ajouté Ouameur.
Leurs relations avaient cependant commencé sur une bonne note en 2017. Macron nouvellement élu a rompu la tradition présidentielle de longue date consistant à commencer le mandat par une visite officielle en Algérie. Il s’est plutôt rendu à Rabat et a séjourné au palais du roi dans le cadre de ce que les médias ont qualifié de « visite amicale ».
Depuis lors, Macron s’est rendu à plusieurs reprises au Maroc, principalement pour inaugurer des projets parrainés par la France dans le royaume d’Afrique du Nord.
Bien que spéculatifs, les premiers signes de froideur ont commencé à apparaître juste après le scandale Pegasus .
En 2021, le quotidien Le Monde a déclaré que les téléphones portables du président français Emmanuel Macron et de quinze membres du gouvernement français pourraient avoir été parmi les cibles potentielles en 2019 de la surveillance par des logiciels espions du groupe NSO basé en Israël. Le roi du Maroc faisait également partie des cibles.
Selon le journal français, le client était un service de sécurité marocain non identifié. Macron a déclaré avoir demandé des éclaircissements au Maroc et à Israël. Rabat a nié toutes les allégations.
Depuis, la communication entre les deux dirigeants, Macron et Mohammed VI, se serait interrompue, malgré leur proximité géographique.
Ces deux dernières années, le roi du Maroc a passé quelque temps dans sa résidence du 7e arrondissement de Paris, à deux pas de l’Élysée, selon le magazine panafricain Jeune Africain .
En août, Macron s’est rendu en Algérie pour tenter de soigner les blessures de l’époque coloniale qu’il avait rouvertes avec ses déclarations en 2021, lorsqu’il a rejeté l’histoire de l’Algérie et déclaré que le passé du pays « avait été réécrit pour semer la haine contre la France ».
Dans une vidéo avec ses partisans au début de l’été, le dirigeant français a déclaré qu’une visite au Maroc pourrait avoir lieu en octobre.
Mais avec le mois qui touche à sa fin, Macron n’a pas encore tenu sa promesse.
« Macron essaiera très probablement de s’en tenir à la neutralité sur le différend [du Sahara occidental] – une option peu plausible car les deux pays poussent leurs alliés à choisir leur camp dans le conflit géopolitique »
Au lieu de cela, la Première ministre française Elisabeth Borne, accompagnée de quinze ministres, s’est rendue à Alger en septembre pour « raccommoder l’amitié », affirmant que « le gaz n’est pas sur la table ».
Abdessalam Jaldi, spécialiste marocain des relations internationales, soutient que les relations franco-algériennes ne se réduisent pas à la question du gaz, même si Paris s’efforce clairement d’obtenir un accord énergétique avec le pays.
« Il est important de comprendre que pour des raisons historiques (les 132 ans de colonisation française de l’Algérie), démographiques (le poids de la diaspora algérienne et des pieds-noirs en France), et géographiques (les 1 200 km d’espace maritime algérien directement bordant la côte méditerranéenne française), l’Algérie occupera longtemps, aux yeux de la France, une place de première importance que ni le Maroc ni la Tunisie ne pourront remplacer », a déclaré Abdessalled Jlaidi, politologue marocain, au New Arab.
Néanmoins, la ruée diplomatique française est bel et bien stimulée par la colère sociale qui secoue la France face aux pénuries de gaz après l’arrêt de son partenariat avec la Russie lors de l’invasion de l’Ukraine.
« Les troubles sociaux intérieurs français concernant l’achat de l’énergie et les prix du carburant vont encore hâter le gouvernement français à conclure un accord avec l’Algérie », affirme l’analyste sociopolitique Wassim Ouameur.
Chez lui, Macron fait face à un mécontentement face aux pénuries dans les stations-service, ainsi qu’à des grèves et à une opposition féroce au Parlement, qui pourrait tenter de faire tomber son gouvernement ce mois-ci à cause d’un projet de loi budgétaire contesté.
Bénéficiant d’une réserve de gaz de 4 504 milliards de mètres cubes, l’Algérie a le pouvoir stratégique de négocier des accords et des amitiés à ses propres conditions alors que les puissances mondiales ont soif d’approvisionnement en gaz au milieu de la crise énergétique mondiale.
Ouameur s’attend à ce que le différend sur le Sahara occidental soit au cœur de ces termes, alors que Rabat et Alger poursuivent des stratagèmes tactiques pour se mater dans le différend qui dure depuis une décennie.
« Mais à quel prix [l’Algérie acceptera-t-elle d’approvisionner la France en gaz] ? La reconnaissance de la RASD sahraouie [État autoproclamé revendiquant l’autorité sur le territoire contesté du Sahara Occidental] ? Probablement pas, cela aurait des conséquences irréversibles avec le Maroc », a ajouté Ouameur.
L’expert basé en France affirme que Macron essaiera très probablement de s’en tenir à la neutralité dans le différend – une option peu plausible car les deux pays poussent leurs alliés à choisir leur camp dans le conflit géopolitique.
« Construire des ponts avec Alger sans brûler ceux établis avec Rabat est devenu la mission diplomatique du président français Emmanuel Macron impossible »
Laisser Rabat hors des visites officielles françaises dans la région a fait douter que Paris ait déjà fait son choix entre des partenaires maghrébins.
Aujourd’hui, Paris et Rabat n’ont pas d’envoyés diplomatiques officiels, et les journaux appartenant à l’État et influencés par l’État publient des articles anti-France. La dernière décision de Rabat de remplacer le français par l’anglais comme première langue étrangère dans les écoles a été largement interprétée comme enterrant le dernier souvenir de son ancien colonisateur.
Mais Paris est de loin le principal investisseur étranger, le principal partenaire commercial et le principal créancier de Rabat.
Ouameur soutient qu’il est peu probable que l’adoption d’une position « nette » sur la discorde nord-africaine se produise, du moins pendant le mandat de Macron.
« Le président français se considère comme une sorte d’ »élu » qui saura résoudre ce que personne n’a pu résoudre avant lui, qu’il s’agisse de problèmes internes ou externes », a déclaré Ouameur.
« La France va essayer de jouer les équilibristes, la vraie question est de savoir si le Maroc ou l’Algérie vont, cette fois, accepter cette attitude », a ajouté Ouameur.
Basma El Atti est la correspondante de The New Arab au Maroc.
La ministre française de l’Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna affirme ne pas méconnaître l’enjeu des délais de traitement des demandes de visa dans nombre des consulats.
« Ils sont effectivement parfois trop longs – nous l’entendons de tous côtés –, mais c’est parce que nous sortons de deux années contraintes par la pandémie de covid-19. Mon ministère est mobilisé pour les réduire »,a-t-elle répondu a la question de la députée Hélène Conway-Mouret, pour le groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain.
La cheffe de la diplomatie française affirme notamment avoir envoyé des renforts dans les pays qui en ont le plus besoin : « Nous créerons rapidement un centre de soutien spécifique dédié a ces missions ».
L’international algérien Islam Slimani a été victime cet après-midi des propos racistes lors du match ayant opposé le Stade Brestois à Clermont Foot. Reste à savoir maintenant si ce dernier sera sanctionné ou non, tout dépend du rapport du commissaire au match.
Le Stade Brestois a disputé cet aprèsmidi le match de la 12e journée de la Ligue 1 Uber Eats qui l‘a opposé à Clermont Foot. «Si les Brestois ont bien savouré le brillant succès décroché en dehors de la maison, ça n‘a pas été le cas pour l‘international algérien Islam Slimani qui a passé,» faut-t-il le dire, un sale après-midi.
En effet, le meilleur buteur de l‘histoire de la sélection nationale a été victime des propos racistes au stade Gabriel Montpied de Clermont-Ferrand, comme on peut le voir sur la vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Cette dernière montre le joueur se diriger droit vers le commissaire au match pour lui dire : « Ils m‘ont dis sale Arabe, ils m‘ont dis sale Arabe, Ok ». Une façon par laquelle « SuperSlim » voulait lui demander de mentionner sur sa feuille les propos racistes dont il a été victime. Chose qui aurait été faite par le commissaire au match.
L‘affaire devrait être traitée par la commission de discipline de la ligue du football français. Ca reste envisageable pour que Clermont Foot écope des sanctions à la suite de l‘attitude de ses supporters envers Slimani.