Catégorie : Algérie

  • La Révolution algérienne a donné au monde une leçon de moralité

    Algérie, guerre de libération, Guerre d’Algérie, France, colonisation, Afrique,

    Chikhi : la Révolution algérienne « a donné au monde une leçon de moralité et dans la pensée révolutionnaire de libération »

    Le rôle actif de l’Algérie dans le soutien aux mouvements de libération et de décolonisation en Afrique et dans le monde a été mis en avant lors d’une conférence organisée, mardi, au siège des Archives nationales à Alger.

    A ce propos, le Conseiller du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationale et Directeur général des archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, a indiqué que « pour les mouvements de libération en Afrique, l’Algérie est devenue, à une certaine époque, après le recouvrement de la souveraineté nationale, l’une des citadelles des hommes libres, des révolutionnaires et des militants africains pour la liberté et l’affranchissement des chaînes du colonialisme ».

    Juste après son indépendance, l’Algérie « a joué un rôle important et pionnier, à travers sa solidarité avec les mouvements de libération dans le monde, devenant ainsi la Mecque des révolutionnaires africains qui ont décidé de marcher sur ses traces pour libérer leurs pays », a affirmé M. Chikhi lors de cette conférence à laquelle ont assisté le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane et un nombre de représentants du corps diplomatique.

    Insistant sur le fait que la position de l’Algérie vis-à-vis des causes de libération dans le monde « n’était dès le début que l’expression de sa fidélité à ses principes immuables et non pour être au service d’une quelconque partie ». M. Chikhi a relevé que cette position « est celle de tous les Algériens sans aucune hésitation, partant du principe que ce qui est pris par la force ne peut être repris que par la force ».

    Le même responsable a souligné que la Révolution algérienne « a donné au monde entier une leçon de moralité et dans la pensée révolutionnaire de libération, ce qui lui a valu d’être qualifiée d’unique en son genre ».

    A cette occasion, un documentaire a été projeté retraçant des faits historiques sur le rôle de l’Algérie dans le soutien et l’accompagnement des mouvements de libération dans les pays africains pour arracher leur indépendance, outre l’aide matérielle, morale et diplomatique apportée à ces pays.

    De son côté, le Moudjahid Mohamed Tahar Abdeslam a apporté son témoignage sur le rôle de l’Algérie et de sa diplomatie après l’indépendance dans le soutien aux mouvements de libération en Afrique, en accueillant notamment leurs révolutionnaires dont Nelson Mandela, Desmond Tutu, Joshua Nkomo, Robert Mugabe et Samora Machel.

    Lors de cette conférence, qui s’inscrit dans le cadre des festivités célébrant le soixantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, le siège des Archives nationales a abrité une exposition de photos et de documents, qui met en avant le rôle de l’Algérie et de sa diplomatie au service des causes justes dans le monde.

    L’Evénement, 26/07/2022

    #Algérie #Afrique #Colonisation #Guerre_de_libération

  • Le gaz algérien courtisé par l’Europe

    Algérie, Union Européenne, Gaz, Russie,

    Le pays, vu comme stable et déjà doté de gazoducs vers l’Europe, voit défiler les dirigeants européens en quête de sources de gaz nouvelles. Mais l’augmentation des exportations est limitée par la forte consommation intérieure.

    Depuis le début de la guerre en Ukraine et les menaces qui planent sur les livraisons de gaz russe, l’Europe se tourne vers d’autres pays producteurs d’énergie pour sécuriser ses approvisionnements. Avec la visite du chancelier allemand Scholz en février, celles du président du Conseil des ministres italien Mario Draghi en avril puis en juillet et celle annoncée prochainement d’Emmanuel Macron, Alger est devenue le centre de toutes les convoitises.

    Le 19 juillet, un contrat pétrolier et gazier de quatre milliards de dollars sur vingt-cinq ans était signé entre la société nationale algérienne Sonatrach, le français Total Energie, l’italien l’ENI et l’américain Continental Petroleum. Cet accord porte sur le périmètre de 102 395 kilomètres carrés des blocs 404 et 208 de l’exploitation de Berkine, au sud-est de l’Algérie. Lors de la conférence de presse qui a suivi la ratification de ce contrat crucial pour l’avenir énergétique de l’Europe, Toufik Hakkar, PDG de Sonatrach, la société nationale algérienne des hydrocarbures, a annoncé que d’autres contrats pourraient être conclus avant la fin 2022.

    Bloqué depuis près de vingt ans par les prix attractifs du gaz russe et une législation nationale rigide compliquant les investissements étrangers, le secteur de l’énergie algérien semble…

    Lire la suite depuis la source Libération (abonnés)

    #Algérie #Gaz #Union_Européenne #UE #Russie

  • Abdelkader et la France

    Algérie, France, colonisation, Emir Abdelkader,

    Par Dr A. Mellah

    La conquête de l’Algérie par l’armée Française en 1830 et la résistance acharnée qui s’en est suivie de 1832 à 1847, a projeté sur la scène publique algérienne un chef militaire algérien hors norme. Proclamé émir à l’âge de 24 ans, ce jeune homme voué aux études et la dévotion n’a jamais pensé un jour diriger une lutte armée, c’est à son corps défendant qu’on l’a chargé de mener cette lutte rude et implacable. De prime abord, on a du mal à croire qu’un fils de Zaouïa, élevé dans la pure tradition mystique, puisse être à la hauteur d’une tâche aussi lourde. Mais une fois sur le terrain, Abdelkader se révéla être un dirigeant militaire hors pair. En un laps de temps très court, il réalisa un travail phénoménal. C’est à partir d’une foule de gens pauvres et désœuvrés qu’il constitua une armée de volontaires inconstants et volatiles mais capables de faire subir de lourdes pertes aux troupes ennemies. Son franc-parler et son charisme réveilla très vite le sentiment de la nation algérienne libre, et dans une ambiance souveraine qui rappelle le recouvrement de la personnalité algérienne, il jeta les fondements de l’Etat algérien moderne. C’est avec ce travail éminemment réfléchi qu’Abdelkader fit une entorse à l’histoire coloniale -du moins pour un temps- en empêchant les troupes françaises de s’installer librement sur le sol d’Algérie et de décider de son destin politique. Sa stratégie combattive déstabilisa l’ennemi, elle laissa plus d’un général français sur sa soif. Tous les chefs militaires qui l’ont combattu reconnaissent en lui cette qualité imparable qui leur a donné le tournis. Pendant quinze longues années, Abdelkader demeura le chef militaire implacable, ouvert sur les initiatives de paix, mais intransigeant sur les principes et la parole donnée. Invaincu sur le terrain des opérations, Abdelkader resta ce chef militaire insaisissable. Dans l’incapacité de le réduire par les armes, les français ont alors eu recours à la ruse et aux fausses promesses qui ont vite fait de gagner sa confiance et augmenter sa foi en la France. C’est cette foi honnête en la France et ces idéaux de paix et de fraternité qui a conduit certains historiens de la colonisation à traiter Abdelkader de renégat : «Satisfait et tricolore tout proche du reniement» (1)

    Ces historiens peu soucieux de l’objectivité scientifique, ont fait montre d’une vision très courte ; soutenir des thèses aussi plates et décousues, c’est préjuger sur une personnalité dont on connait très mal les contours. Etre accommodant et affable ne signifie nullement reniement au vu du traitement humiliant réservé à Abdelkader après la soi-disant «reddition», toute autre personne de sa stature, aurait non seulement pris en aversion les français, mais les aurait honnis pour la vie.

    Procédé lâche et humiliant

    Les faits attestant de cette humiliation sont présents à l’esprit. Ils se focalisent sur l’épisode le plus triste de notre histoire où l’émir, auréolé d’honneur et de prestige, fut honteusement déchu et réduit au rang de prisonnier. Aucune explication ne fut donnée à cette incarcération brutale que l’intrigue et la manigance. On imagine le degré de déshonneur subi par l’émir devant sa famille et ses compagnons d’armes, tous unanimes à placer leur confiance en lui. Autre conséquence de la perfidie française, quand la parole d’honneur d’un grand homme comme Abdelkader fut délibérément piétinée par des calculs politiciens bas, sans le moindre égard pour sa personne et son rang, les répercussions morales de cette déconvenue furent certainement très pénibles pour une âme aussi scrupuleuse que celle d’Abdelkader.

    Autre intrigue et autre déshonneur, quand le gouvernement provisoire de la république de 1848 demanda à Abdelkader la rédaction d’un serment dans lequel il déclarerait ne jamais retourner en Algérie. Cette initiative, quoique contraignante, fut reçue avec beaucoup de tact et de répondant. Mais quand le document fut élaboré et signé de sa main, il reçut en guise de réponse une suite lâche et évasive : «La république ne se considérait liée par aucune obligation envers Abdelkader, et qu’elle le prenait comme le précédent gouvernement l’avait laissé en prisonnier».

    D’emblée, on peut considérer cette dérobade comme une énième trahison de la part de la France. Exiger d’une grande personnalité comme Abdelkader un serment écrit, puis se dérober et ne pas honorer ses engagements est un acte qui ne peut-être expliqué que par la lâcheté et la fourberie. Ainsi, sans qu’elle soit préparée à ces intrigues, la personnalité d’Abdelkader subissait les contrecoups d’hommes politiques malhonnêtes et perfides.

    L’émir peut-il être fidèle à un pays qui l’a traité avec tant de mépris et de dénégation ? Si on ajoutait à cela un environnement social et culturel très différent, des conditions de détention insupportables, on a du mal à imaginer les souffrances morales que cet illustre captif a enduré. Mais en dépit de toutes ces contraintes, Abdelkader demeura affable et parfaitement accommodant. Ecoutons le général Daumas le décrire à monseigneur Dupuch : «Vous allez voir l’illustre prisonnier du château de Pau, lui dit-il, Oh ! Vous ne regretterez certainement pas votre voyage. Vous avez connu Abdelkader au temps de sa prospérité, au moment où toute l’Algérie pour ainsi dire, reconnaissait son autorité. Eh bien, vous le trouverez encore plus grand et plus extraordinaire dans l’adversité que dans la prospérité. Comme toujours, il domine de sa grandeur les perspectives de sa position. Vous le trouverez affable, simple, affectionné, modeste, résigné et ne se plaignant jamais, excusant ses ennemis-mêmes ceux qui peuvent encore le faire souffrir- et ne permettant jamais qu’on dise du mal d’eux en sa présence. Qu’ils soient musulmans ou chrétiens, aussi justifiées que pourraient être ses plaintes à leur sujet, tous ont trouvé son pardon.»(2)

    Noblesse d’esprit et charisme

    La personnalité d’Abdelkader est d’une dimension surhumaine, son héroïsme et sa bravoure, sa piété et son extrême dévotion incarnent la parfaite symbiose du héros et du saint. Pour un esprit empêtré dans les bas appétits de la vie terrestre, il lui est difficile de comprendre cette personnalité hors norme, c’est pour cela qu’il faut user de beaucoup de circonspection et de tact quand il s’agit de juger une personnalité de la stature d’Abdelkader. Son respect immodéré de la vie humaine, son incroyable détachement vis-à-vis des biens terrestres prêtent à de sérieux équivoques qu’ils ne manquent pas le cas échéant, de conduire à une réelle méprise sur sa personne.

    En effet, pour comprendre Abdelkader, il est impérieux de faire d’abord la différence entre la personnalité accommodante et la personnalité intransigeante. Si la première peut s’accommoder des situations qui peuvent intervenir, la seconde est en revanche inflexible sur les grands principes qui font la grandeur et la noblesse de l’être humain.

    Abdelkader est accommodant quand il s’agit de promouvoir les hautes valeurs humaines, comme le respect, le pardon, la bienveillance, la générosité et autres égards qui élèvent l’homme au degré suprême de l’humanité. Les sentiments d’amour et de fraternité ne sont-ils pas faits pour cimenter et restaurer les relations humaines ? De ce côté-là, Abdelkader est le modèle d’homme qui, sa vie durant, n’a cessé de multiplier conseils et gestes pour raffermir la noblesse des sentiments humains.

    Pour lui, l’homme en tant qu’entité ennoblie par l’esprit et l’intelligence morale représente le modèle suprême de valeur. La preuve en est que Dieu tout-puissant, dès la création d’Adam, a ordonné aux anges de lui faire acte de soumission en se prosternant devant lui. C’est la raison pour laquelle l’homme revêt une importance capitale, puisque Dieu l’a non seulement créé dans la plus parfaite posture, mais l’a aussi élu son vicaire sur terre. (3)

    En revanche, l’émir est intransigeant quand il s’agit de principes fondamentaux qui règlent la conduite à tenir. Sur ces principes l’émir est resté inflexible. Il s’agit d’impératif qui ne se discutent pas mais exigent application et rigueur. Tel est son engagement solennel devant le peuple qui l’a élu émir. Il s’est engagé à lutter sans merci contre l’ennemi, à combattre sans relâche les traitres et les renégats, à établir la justice et la sécurité pour tous, à garantir à chaque personne le respect de ses droits. Ces engagements furent respectés à un point tel qu’Abdelkader apparut comme l’homme providentiel. En effet, l’histoire, bien qu’elle soit parfois implacable avec ceux qui la bâtissent, montre que durant la courte période de son règne, Abdelkader a rempli avec talent son devoir de chef. Quant aux traités et conventions qu’il a faits avec l’ennemi, il a veillé strictement à leur application en respectant à la lettre les clauses et les conditions.

    En effet, respecter un traité ce n’est pas seulement respecter l’autre partie, mais surtout élever sa parole au rang de valeur sacrée. Le traité Desmichels aussi bien que celui de la Tafna, bien qu’ils fussent à l’origine une proposition française, furent, en dépit des graves problèmes qu’ils ont créés, respectés jusqu’à la dernière minute par Abdelkader.

    Sur un autre plan, l’affaire du massacre des soldats de Sidi Brahim en avril 1846 est un épisode dramatique qui interpelle notre mémoire et invite les historiens honnêtes à faire justice à Abdelkader en confrontant deux réalités distinctes. D’une part, les intrigues et les rumeurs perfides qui furent à l’origine du massacre et, d’autre part, le respect quasi-religieux que l’émir avait pour les prisonniers. Peut-on faire la part des choses entre des intentions basses conçues dans le seul but de nuire et l’élévation morale sincère et désintéressée ? Quand on sait que derrière le grand respect que vouait Abdelkader aux prisonniers, il y a toute une philosophie de l’amour, on comprend alors la difficulté de la tâche. Dans un monde violent et injuste, où les hommes les plus forts sont livrés aux appétits les plus bas, il est quasi-impossible de leur faire entendre raison. Leur parler de détachement et autre élévation d’esprit, c’est tomber dans le ridicule le plus grotesque.

    Autre attitude intransigeante d’Abdelkader, en 1860, lors des évènements tragiques de Damas, c’est au péril de sa vie qu’il a pris la défense des chrétiens. Pour les musulmans de l’époque, l’attitude d’Abdelkader parut incompréhensible : comment un chef musulman réputé avoir combattu pendant quinze années des chrétiens mécréants prend-il aujourd’hui leur défense contre la volonté de ses frères de religion ? Certes, cela peut sembler étrange, mais quand on sait que le Coran condamne fermement la gratuité du crime, on comprend vite l’héroïsme intransigeant d’Abdelkader. Le droit à la vie passe au-dessus de l’appartenance religieuse, pour rétablir ce droit il n’hésita pas à donner de sa personne pour d’abord, restaurer la valeur de l’homme menacée de dérive fanatique obscure et aveugle, ensuite, honorer le principe coranique qui invite à protéger les faibles et les innocents, quelles que soient leur origine, leur confession ou leur race.

    Devant la noblesse de cet esprit et les actes hautement significatifs pour la promotion des valeurs humaines entre les hommes, les autorités françaises sont restées muettes, indifférentes aux sollicitations de cet homme pourtant très sincère dans ses paroles et dans ses actes. Obnubilées par leur prétendue supériorité matérielle, offusquées par l’arrogance et le mépris séculaire envers le musulman, les dirigeants français considéraient comme nulle toute initiative venant de leur part, même celle émanant d’une personnalité de la stature d’Abdelkader ! Ce n’est pas que les français ne comprenaient pas ces gestes mais leur culture imbue de préjugés et d’à priori haineux les poussait à honnir le musulman considéré dans l’inconscient collectif français comme «fanatique et barbare».

    Une parole sans faille

    Tout le monde connait la droiture d’Abdelkader, le respect quasi-religieux qu’il avait pour la parole donnée, l’honneur et la considération pour les hommes de haut rang, sa sincérité, sa franchise, sa probité ont fait de lui une victime potentielle de la duperie. Car, en face de lui, tous les hommes, dirigeants ou subalternes, ont usé de malhonnêteté. Le caractère perfide de leur démarche n’a pas tardé à se révéler au grand jour. Prenons l’exemple de ce que les historiens colonialistes appellent avec fierté «reddition» alors qu’en réalité, Abdelkader n’a jamais eu l’intention de remettre les armes. Devant la traitrise manifeste de ses «amis» et à leur tête le sultan Abderrahmane, l’émir a préféré abdiquer, abdication ne veut nullement dire reddition. C’est le chef militaire de la province d’Oran, en l’occurrence le général Lamoricière qui est le premier à avoir remis les armes en envoyant son épée et son sceau à Abdelkader. Sur ce détail important, les historiens sont peu bavards, l’honneur français se doit d’être préservé, et ce n’est pas un détail aussi infime qui va l’entacher.

    En faisant le choix d’arrêter le combat, Abdelkader a non seulement honoré la France en lui sauvant l’honneur d’être le vainqueur, mais par cet acte chevaleresque, il lui a signifié clairement l’incapacité de ses armées à le soumettre par les armes, ou du moins à le neutraliser malgré les immenses moyens dont disposait ces armées.

    Autre détail très important, en lui accordant cet honneur, Abdelkader a lancé un autre message à la France dont le contenu subtile et fin n’a pas été entendu et encore moins compris : «Qu’en dépit des sentiments de haine et de mépris que les conditions de guerre ont créées entre nous, et par-delà les différences de race, de coutumes et de religion qui nous séparent, j’ai élevé le sentiment de fraternité humaine au-dessus de nos différences temporelles et appelé la France à s’impliquer entièrement dans la réalisation de cet idéal, afin que ce grand sentiment humain triomphe et s’accomplit dans l’universel».

    La réponse, tout le monde la connait, c’est l’emprisonnement. Ce n’est ni la dignité ni l’honneur chevaleresque et encore moins la considération qui ont prévalu vis-à-vis de ce grand homme, mais la fourberie et le mépris caractéristique des autorités françaises de l’époque. En d’autres termes, peut-on traiter un homme de la stature d’Abdelkader avec tant de mépris ? Quand on sait que malgré les coups bas, la perfidie et la manigance pour le réduire, Abdelkader s’est élevé au-dessus de ces pratiques et a placé sa confiance en la France, autrement dit aux valeurs universelles comme la paix, la fraternité, la justice dont la France se défend ostensiblement d’être le champion invétéré.

    Quant aux sentiments qu’Abdelkader éprouva à l’égard de la France, ils sont l’émanation de sa grande foi aux valeurs humaines. Abdelkader savait que les autorités françaises lui faisaient du tort, mais il refusait de répondre à l’offense par de l’offense, éludant par sa grandeur de tomber dans le piège sordide de l’imitation. Répondre à un adversaire qui plus est sournois et perfide, par une attitude similaire, c’est tomber très bas dans l’échelle des valeurs. Au contraire, il œuvrait à résorber le mal par la patience et le pardon. C’est fort de cette foi qu’Abdelkader s’est placé au-dessus des humeurs changeantes en veillant constamment à la promotion et la grandeur des nobles sentiments. En revanche, si la France a matériellement triomphé d’Abdelkader par le feu et le sabre, Abdelkader a quant à lui allègrement triomphé de cette nation par la ferveur, la hauteur d’esprit et le pardon. Dans ses rapports avec la France, Abdelkader a toujours manifesté une volonté d’ouverture, sur le plan individuel, ou sur le plan officiel, on sait que cette volonté s’est le plus souvent terminée par une amère déception, et quoique déçu, Abdelkader ne s’en est jamais pris à ceux qui l’ont trahi. Au contraire, il a toujours prêché l’amour et la modération et prié afin que les hommes, fascinés par leur puissance éphémère, prennent conscience de leur égarement et regardent le monde sous une autre dimension.

    Abdelkader voulait tant exprimer son avis aux français qui n’ont pas tenus compte de sa parole et l’ont emprisonné sans aucune explication. Il voulait leur dire leur erreur, leur obstination à ne reconnaitre que leur «vérité». Leur violation délibérée de la parole donnée, leur manquement au respect de l’autre, leur mépris inqualifiable, leur prétendue supériorité. Une suprême occasion lui fut donnée lorsque la société asiatique par l’entremise de son président, lui demanda une contribution écrite, il rédigea alors sa fameuse «Lettre aux Français» (4). La lettre est certes adressée aux français, mais elle vise plus particulièrement les responsables politiques et militaires, ceux avec qui l’émir a négocié et établi des traités et qui par conséquent n’ont jamais été respectés par ces derniers.

    Le français, un esprit prétentieux et fier

    A ces messieurs, il leur adressa la lettre dont le choix du titre n’est pas fortuit, «Dh’ikra el’aaqil wa tenbih el ghaffil», littéralement cela se traduit par : «Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent». Le rappel est significatif du message cinglant qu’Abdelkader voulut adresser aux dirigeants français. «L’intelligent», c’est ce français prétentieux et fier qui pense avoir atteint un niveau de culture qui le prémunit de l’erreur et le prédispose à connaitre la vérité. A cet «intelligent», Abdelkader lui rappelle ses erreurs en lui signifiant son ignorance : «Sachez que l’homme intelligent doit considérer la parole et non la personne qui l’a dite», écrit-il avec un ton impératif, puis il ajoute par l’affirmative : «L’intelligent connait les hommes par la vérité, non la vérité par les hommes». (5)

    Il est certain que la chose qui a le plus fait souffrir Abdelkader, n’est pas seulement le séjour en prison, mais le peu de crédit accordé à sa parole. Il ne manque pas de revenir sur la question en utilisant un ton et un langage qui montre combien cette question lui tenait à cœur. Alors, à ces dirigeants qui ont sous-estimé sa parole, il leur reproche leur étourderie en leur disant : «L’intelligent considère la parole non la personne qui la dite», cela sous-entend en fait que l’intelligent -ce qui n’est pas le cas des dirigeants français- analyse la parole en l’examinant dans sa forme puis dans son fond et surtout dans sa portée, et ce n’est qu’à partir de cette analyse qu’il comprendra la valeur de la personne selon l’échelle de sa grandeur ou de sa petitesse.

    Mais cet «intelligent» français est têtu, il ne tient compte que de son opinion, cette opinion truffée de préjugés et d’à priori fustige le musulman et le considère comme foncièrement abominable. Il est donc tout à fait clair que l’erreur n’est pas dans la parole d’Abdelkader mais dans les jugements à priori que les dirigeants français ont des musulmans, tous les musulmans sans exception, y compris Abdelkader, tous des fanatiques cruels et barbares.

    On tient à le répéter, dans la préface, Abdelkader adresse sa critique aux dirigeants français qui n’ont pas cru à sa parole. Une critique somme toute virulente où se profile l’amère déception de n’avoir pas été pris au sérieux. Abdelkader tente de cerner l’esprit de cet «intelligent» en visant son profil psychologique. Pour lui, la démarche de cet «intelligent» est semblable en tout à celle du vulgaire parce qu’il procède par ouï-dire. «Il accepte la parole de quelqu’un en qui il a une bonne opinion même si sa parole est fausse, il rejette par contre la parole d’une personne en qui il a une mauvaise opinion même si sa parole est vraie». Ce procédé, Abdelkader le qualifie comme «le pire de l’ignorance et du mal». (6)

    Dans ce passage, Abdelkader tente d’expliquer l’attitude des dirigeants français à son égard par ce qu’il appelle opinion. Mais ce qu’il ne peut admettre en revanche, c’est le fait que ces dirigeants qui prétendent être savants n’arrivent pas à se défaire de cette opinion. C’est pourquoi il dirige sa critique contre ces français qui se disent savants en leur disant : «Le savant est celui qui saisit facilement la différence entre sincérité et mensonge dans les paroles, entre la vérité et la fausseté dans les croyances, entre le bon et le mauvais dans les actions, celui-là n’est pas savant pour lequel la vérité est cachée sous la fausseté, la sincérité sous le mensonge et le bon sous le mauvais et qui s’asservissent à un autre, adopte sa croyance et ses paroles, c’est là le propre des ignorants» (7).

    Ce que vise Abdelkader par cette critique, c’est ce qu’on appelle suivisme et imitation aveugle. Il a du mal à croire que l’esprit français, qui plus est cartésien, imprégné qu’il est d’objectivité et d’analyse critique, se laisse emporter par l’opinion et le ouï-dire. Cette influence provient selon lui de l’héritage culturel que l’habitude et les coutumes ont fini par incruster dans les esprits. L’allusion est très nette à ce sujet quand il dit : «Imitant leur père, leur aïeul, leurs ancêtres dans ce qu’ils croyaient et trouvaient bon, renonçant à l’esprit d’examen, ils invitent les hommes à les suivre aveuglément, mais l’aveugle est-il fait pour guider les aveugles» ? (8)

    Une culture de la haine et du mépris

    Il est vrai que l’influence de la culture sur les hommes est capitale. L’exemple de la culture française est assez édifiant. On sait que sur le plan spirituel, la culture française se revendique de la culture gréco-romaine et du rite judéo-chrétien, elle a de ce fait joué un rôle de premier plan dans la sauvegarde de cette culture. Elle a lutté contre les invasions arabes et nourri le sentiment que les musulmans sont des barbares, ennemis jurés de la culture et de la liberté. Ce sentiment s’est accru avec l’avènement des idéaux de liberté et de progrès, il a été transmis aux générations futures par le travail de grands écrivains comme Montesquieu, Voltaire et, plus près de nous, Alexis de Tocqueville et autre Renan. La colonisation n’a fait que raffermir ce sentiment de haine et de mépris. Dans la foulée de cette littérature du mépris, il est peut-être utile de signaler l’exaltation de Victor Hugo qui déclarait à Bugeaud, la veille de son départ pour l’Algérie en février 1841 : «C’est la civilisation qui marche sur la barbarie, c’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit».

    Il y a donc une bonne raison pour l’émir de dire : «Imitant leur père, leur aïeul, leurs ancêtres», il vise justement cet héritage culturel qui couve dans l’inconscient collectif français et qui se réveille au contact du musulman avec un déchainement de haine et de mépris toujours plus grand.

    La réplique d’Abdelkader à l’égard de cette rancœur le mène à rappeler à ces français leur cruauté. Il ne manque pas de souligner le caractère ambivalent de leur discours qui d’une part, se dit civilisé et d’autre part agit à l’encontre de l’esprit civilisé. Les massacres collectifs perpétrés par le système de Barres si cher aux Bugeaud, Cavaignac, Pélissier et saint Arnaud, sont si présents dans la mémoire des algériens que l’on ressent un choc rien que d’y penser. Par euphémisme, l’émir évite d’en parler, mais en fait subtilement allusion. Il ne veut pas parler des idéaux de liberté, égalité, fraternité si fièrement scandés et outrageusement violentés par la sauvagerie des généraux d’Afrique. Car sitôt née, cette malheureuse devise fut brutalement enterrée dans les grottes du Dahra et les cruelles razzias du général Lamoricière. Que dire de plus si ce n’est l’orgueil frémissant qui peine à voiler ces horribles tueries par de douteux vocables de prospérité qui promettent beaucoup mais ne produisent rien de concret.

    Dans son discours, l’émir ne cesse d’accabler les autorités françaises en les mettant face à elles-mêmes. Vous vous vantez «d’être savants et civilisés», leur dit-il, mais un savant se doit d’être respectueux et affable même envers ses ennemis. Si vous entendez par «civilisé» le progrès matériel, vous vous trompez foncièrement, car le vrai civilisé se caractérise par l’affermissement du progrès moral, ce qui n’est guère le cas chez vous, les vocables de barbares, de fanatiques, de sanguinaires, dont vous affublez les musulmans sont le produit d’un esprit bas et foncièrement vulgaire.

    Ecoutons le discours de ce député qui déclare en 1846 devant l’assemblée nationale : «Vous avez affaire à des barbares qui ne font pas de prisonniers… Fanatiques et sanguinaires, ils procèdent par le meurtre et la mutilation».

    Après «l’intelligent», c’est au tour de l’indifférent qu’Abdelkader s’adresse, c’est ce français orgueilleux qui compte sur les seules facultés de la raison et se déclare libre et émancipé vis-à-vis de la religion. En d’autres termes, cet indifférent est le français laïc qui rejette les valeurs religieuses et les considère comme rétrogrades puisque génératrices de régression. C’est cette foi absolue en la raison qui fait croire à ces hommes leur supériorité et les fait sombrer dans le mépris et le rejet de l’autre. Le drame de ces hommes est qu’ils sont embués par leur prétention et leur suffisance qu’ils ne peuvent hélas s’apercevoir de leurs erreurs puisqu’ils persistent dans leur délire moral d’être les meilleurs et de ne croire qu’aux richesses matérielles les plus basses, alors que les valeurs religieuses qui l’invite à aimer les autres, à les soutenir, à leur venir en aide lui paraissent comme ridicules et grotesques.

    Il arrive très souvent que ce français orgueilleux se pare de religion et revendique son appartenance chrétienne en évoquant Jésus dans des calculs bas et emprunts d’opportunisme. Mais quand l’impératif religieux lui rappelle ses devoirs, ce même individu se dérobe et revendique son statut de civilisé oubliant par-là que Jésus, dans le sermon sur la montagne, a enseigné à ses fidèles les valeurs qui feront d’eux des hommes civilisés. «Aimez vos ennemis ! Leur dit-il, Bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent, afin que vous soyez enfant de votre père qui est dans les cieux… Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ?… Soyez donc parfaits, comme votre père qui est dans les cieux est parfait.»

    Dans ces allusions allégoriques, Abdelkader laisse entendre une véritable leçon de morale à l’adresse de ces français «civilisés» qui ont pratiqués les pires cruautés sur le peuple d’Algérie. Devant ces crimes odieux qui vont à l’encontre du bon sens et la raison, Abdelkader qui n’est pas à proprement parler chrétien, mais musulman, a agi contrairement à eux, et en conformité avec le sermon sur la montagne. Il a fait du bien à ceux qui le haïssaient, il a pardonné à ceux qui l’ont trahi et persécuté, il a prié pour ceux qui étaient dans le doute et l’égarement, il a donné à ceux qui l’ont privé, de ce côté-là, il a été le digne enfant du «père». Autrement dit, il a été parfait comme le père qui est dans les cieux est parfait.

    A. M.

    *Professeur de philosophie

    Documents :

    La vie d’Abdelkader, introduction de Michel Habart p.34

    La vie d’Abdelkader p.284

    C’est fort inspiré du verset coranique conférant à Adam sa prééminence sur les anges, qu’Abdelkader voue un respect religieux à l’homme en tant qu’entité pensante. Dans le verset 31 sourate 2, Dieu ordonne aux anges de se prosterner devant Adam, et c’est dans cette prosternation qu’apparait la valeur accordée à l’homme par son créateur.

    Lettre aux français est la traduction récente du livre d’Abdelkader faite par Michel Habart à son intitulé arabe ذكرى العاقل وتنبيه الغافل La première traduction de ce livre a été faite en 1852 par l’Orientaliste Gustave Dugat et intitulé « Rappel à l’intelligent avis à l’indifférent ».

    Le livre d’Abdelkader p.7 et 8

    Idem p.7-8-9

    Idem p.9

    Idem p.9-10

    Source : Le Chélif

    #Algérie #France #Colonisation #Abdelkader #Emir_Abdelkader

  • Le Liban veut du pétrole et du gaz algériens

    Algérie, Liban, gaz, pétrole, fuel frelaté, électricité,

    Le ministre de l’Énergie par intérim, Walid Fayad, a rencontré l’ambassadeur d’Algérie au Liban, Abdelkarim Rakaibi, dans l’espoir d’obtenir des quantités de pétrole et de gaz du pays, que le Liban a accusé il y a deux ans d’envoyer du fuel frelaté à la société publique Electricité Liban, rapporte l’Orient Le Jour.

    Selon un communiqué publié vendredi par le ministère de l’Énergie à l’issue de la rencontre, l’ambassadeur algérien « a exprimé tout son désir de coopérer, promettant de transmettre le procès-verbal de la rencontre aux parties concernées en Algérie », selon le même média.

    Le Liban avait l’habitude d’importer du carburant d’Algérie jusqu’en 2020, lorsque Sonatrach a été accusée par les autorités libanaises d’envoyer du fuel frelaté, une affirmation démentie par l’Algérie. Suite au scandale, Sonatrach avait annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son contrat avec l’État libanais.

    Dans une lettre envoyée vendredi à son homologue algérien, le ministre de l’Energie et des Mines Mohamed Arkab, Fayad a souligné l’importance de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays frères afin de surmonter les obstacles qui empêchent la reprise de l’approvisionnement en carburants pour la nécessité de la production d’électricité au Liban, explique la même source.

    M. Fayad a déclaré plus tôt ce mois-ci que l’Irak fournissait au Liban 80000 tonnes de carburant par mois, mais au cours de cette période, la quantité était moindre en raison de l’augmentation du prix du carburant, « la quantité a donc diminué à 40.000 tonnes, nous fournissant deux heures de [puissance] au lieu de quatre heures.

    Algeria Invest, 24 juillet 2022

    #Algérie #Gaz #Pétrole #Liban

  • Pourquoi la France n’arrive pas à faire son deuil de l’Algérie

    Algérie, France, Guerre de libération, FLN, Etats-Unis, JFK, colonisation, décolonisation,

    Pourquoi la France ne peut pas contourner sa perte de l’Algérie. La décolonisation comme bourbier 60 ans plus tard

    Albert Camus, lauréat du prix Nobel de littérature, est né et a grandi dans l’Algérie coloniale. Il est largement considéré dans l’Algérie indépendante comme le porte-parole des colons blancs, peut-être même la fierté d’une classe sociale plus connue sous le nom de  » pieds noirs  » , descendants de colons blancs ou colons qui se sont installés après la conquête de l’Algérie en 1830. Ils ont acquis la terre fertile à une fraction du prix suite à la décimation des tribus arabes et aux politiques ruineuses qui ont conduit à la dépossession des habitants restants de leurs terres communales. Les premiers colons sont qualifiés de pionniers. Ils travaillaient la terre et la rendaient extrêmement productive.

    Au cours des années 1930, les colons disaient que si l’Amérique est fière de la Californie, la France est fière d’Orléansville, aujourd’hui la province de Chlef. Certes, ces colons étaient industrieux mais notoirement connus pour exploiter les Algériens dépossédés. Les condamnés russes, qui ont vécu sous le règne du dernier tsar et purgeaient des peines de prison à Bône, ont été choqués de constater que les colons traitaient les Algériens pire que des moutons . Avec la fin du régime militaire dans les années 1880, les colons étaient responsables – par des pratiques d’exclusion – d’avoir littéralement envoyé les Algériens derrière le soleil. Naturellement, au moment où la Révolution algérienne a éclaté en novembre 1954, tout ce que les colons ont combattu et défendu était en jeu. La plupart d’entre eux à ce moment-là pouvaient retracer leur lignée au moins 100 ans ou plus.

    Pour donner aux lecteurs non algériens et non français un avant-goût de la déchirure ou des malheurs de ces colons provoqués par l’indépendance de l’Algérie en 1962, considérons cette analogie. En Afrique du Sud, Nelson Mandella a reçu le prix Nobel de la paix simplement parce qu’il n’a pas répété le bourbier algérien. Mandella n’a pas lancé de politique ni propagé un processus menant à leur éventuelle expulsion ou dépossession. Les libéraux blancs et leurs médias adorent Mandella pour ne pas avoir fait ce que le FLN (Front de libération nationale) est censé avoir fait avec les colons blancs.

    Ici entre la rhétorique conciliante de Camus pendant la guerre d’indépendance d’Algérie. Camus est connu pour avoir adopté le point de vue de sa mère au détriment de la justice. Parce que je suis originaire des mêmes personnes envoyées derrière le soleil par les ancêtres de Camus, je trouve tout engagement avec cette discussion «justice contre mère» un cheval mort. Comment? Le terrorisme auquel Camus fait référence dans la citation n’était pas du terrorisme ; c’étaient des actions délibérées d’émancipation de certains, pour rentrer dans l’histoire. Ainsi, les festivités euphoriques rapportées dans des chansons populaires telles que « يا محمد مبروك عليك الجزائر رجعت ليك » Le lyrisme de Camus ne commence même pas à se rapprocher des nécessités historiques. Lire Camus peut rendre plus sensible à certaines complexités, mais en fin de compte, faire avancer cette position, j’en suis conscient, risque de porter une atteinte majeure aux sensibilités libérales puisque Camus a été le chouchou de cette classe. Mais Camus n’est pas issu de ces classes ; il avait été acculturé, non sans son approbation tacite cependant. Avec la classe comme matrice pour une analyse significative, la ligne méthodologique est tracée pour ce qui suit.

    De même, il convient de rappeler qu’avec la conclusion des accords d’Evian, les colons sont devenus des personas non grata , indésirables dans un pays qu’ils appelaient chez eux. Une grande partie d’entre eux ne connaissaient pas d’autre pays pour s’établir que l’Algérie. Les Algériens d’aujourd’hui comprennent parfaitement et même compatissent à leur malheur. Étrangement, les accords d’Evian garantissaient le droit de séjour des colons. Mais ce sont eux qui ont scellé leur sort en réclamant et en agissant pour que l’Algérie reste française.

    S’ils étaient restés, moi et les miens (pratiquement des fils de paysans pauvres) n’aurions jamais eu la chance d’aller au-delà de l’école primaire. Nous aurions été condamnés à des positions subalternes. Il n’est pas exagéré qu’en asservissant littéralement les Algériens, pas un petit nombre de colons aient vécu comme des rois. D’où le contexte de la nostalgie et la rumination d’une Algérie française dans la France contemporaine. Sachant qu’à l’origine ces colons étaient issus de milieux paysans et ouvriers, on comprend ce qu’ils ont gagné et perdu. Camus est une icône pour tout ce à quoi ils aspirent, le modèle entrepreneurial autodidacte.

    Maintenant, concernant la façon dont l’Algérie indépendante s’en est sortie sans colons, c’est moins important pour les colons et plus attrayant pour les capitalistes. Des volumes peuvent être écrits sur les dysfonctionnements ainsi que sur la corruption imaginaire ou réelle. Mais par souci d’équité, chaque Algérien a droit à l’éducation gratuite, à l’assurance maladie, à un logement digne, etc. Pourtant, la lutte des classes reste l’arbitrage parfait pour toute mesure de succès ou d’échec.

    Le discours nationaliste dominant après l’indépendance ne cherche qu’à asphyxier la lutte des classes. À travers plusieurs slogans, Le hirak (soulèvement pacifique) de février 2019 articulait cette dimension de classe. Mais le récit triomphal a tenté et réussi à le dépeindre comme une simple exaspération avec Bouteflika et ses acolytes. En effet, le hirak exprime une insurrection incendiaire contre toute la configuration de l’ordre postcolonial.

    Cela laisse les subalternes algériens sans haine contre la France ou du moins ils ne haïssent pas la France hors de l’espace et du temps. Les algériens ne résistent pas aux marques françaises. Pour la plupart des Algériens qui mènent pratiquement leur vie quotidienne, on ne peut pas rester assis à pleurer sur du lait renversé. Toujours, par souci d’exactitude historique : les colons ont maintenu les Algériens hors du temps. Ce n’est pas un nationaliste qui rumine sur les atrocités coloniales pour couvrir les lacunes postcoloniales !

    Qui s’est opposé à la politique progressiste de la France métropolitaine, qui depuis la fin du régime militaire dans les années 1880 a recherché le bien-être des Algériens ? Aucun mais les colons. En 1962, ces colons ont obtenu ce qu’ils méritaient historiquement en tant que classe. Exposer cela ne rend pas les Algériens aveugles au fait que plusieurs colons ont ouvertement soutenu la décolonisation. La violence pendant la révolution a réglé les comptes; cette violence comme Frantz Fanon (1925-1961) le dit avec brio dans Les Damnés de la Terre a eu des effets purificateurs en ce sens qu’elle permet l’émergence de l’être humain chez le colonisé. Rappelons que chez Fanon comme chez le savant franco-tunisien Albert Memmi (1920-2020), le colonisé est une étrange combinaison de difformités. Le colonisé devait tuer le colonisé en lui pour rejoindre le royaume de l’humain. La violence, telle qu’elle a eu lieu pendant la guerre révolutionnaire d’Algérie (1954-1962) a été, pour Fanon, une manœuvre malheureuse mais nécessaire pour permettre à l’homme du colonisé de naître.

    Quant aux relations franco-algériennes actuelles, elles aussi ne peuvent être décontextualisées. Toutes les critiques que l’on lit dans les médias français ne sont pas exactes ou innocentes. Quelques observateurs sont même prêts à admettre qu’il existe une corruption dans le signalement de la corruption en Algérie. Les premiers à attirer l’attention du public sur la surtarification de l’autoroute de 1200 km en 2006 sont les médias français. Pourquoi? Des entreprises françaises, comme américaines, japonaises et sud-coréennes ont fait leur offre. Mais le projet a été contracté par trois grands géants de la construction chinois appartenant à l’État. Comment? Simplement parce que les bureaucrates algériens ont confié le projet au moins disant.

    Comme partout dans le monde, le fonds initial destiné à couvrir la construction n’a pas suffi et les entreprises sous-traitantes ont demandé ce qui leur revenait légalement. L’autoroute n’est pas l’autoroute allemande mais son coût est raisonnable. Et l’infrastructure livrée n’est pas mauvaise comme on le rapporte souvent. De même, les médias français sont devenus furieux lorsque les autorités ont confié le contrat de construction du plus grand barrage du Maghreb, celui de Beni Haroun en 2001, aux Chinois. Le contrat donne l’eau à la bouche et bientôt les habituelles dénonciations médiatiques commencent. Le mandat de Bouteflika n’a pas été à court d’objections, mais il reste un devoir d’être juste.

    Les grands contrats de construction d’infrastructures clés comme celui décrit ci-dessus sont quelques exemples des raisons pour lesquelles les tensions ont toujours gouverné les relations entre l’Algérie indépendante et la France. L’explication culturelle telle que proposée par l’establishment algérien vise souvent à justifier, et rarement à expliquer. La tension a des racines profondes dans l’histoire matérielle et le sens de l’accumulation primitive. C’est la baisse tendancielle du taux de profit [telle que précisée par Karl Marx dans le volume trois du Capital] qui obligent les entreprises françaises à concurrencer des entreprises américaines plus dynamiques pour des parts sur les marchés algériens qui dictent la tension. La corruption dans les discussions porteuses de corruption cherche à couvrir le fait que la mauvaise gestion des actifs par les agents publics ne peut pas expliquer de manière significative les contradictions qui sous-tendent la mondialisation. Cette dernière ne précipite aucune préférence contractuelle pour un seul capital national – une situation qui reste pleine d’obstacles et génère des tensions entre les capitalismes concurrents qui marquent la mondialisation. A titre d’illustration, la décision de l’Algérie de nationaliser son secteur de l’énergie en février 1971 a donné un effet de levier aux entreprises américaines au détriment des entreprises françaises.

    Cela explique que si l’on vise à aborder les forces souterraines qui façonnent les relations franco-algériennes, alors il faut lire et considérer la thèse sous-jacente proposée par Gregory D. Cleva dans JFK Algeria Speech (2022). Ce n’est pas comme si nous voulions seulement lire le livre, mais nous devons le faire. L’essentiel du volume de Cleva précise qu’à la suite de ce discours, un modèle a été établi pour la relation non seulement entre les États-Unis et l’Algérie ou les États-Unis et la France, mais entre les établissements algériens et français. Sortir de l’éphémère (ce que les médias français jugent digne d’intérêt) et embrasser l’essentiel, le discours de JFK Algérie est la voie à suivre. Le réseau complexe de connexions est à peine mis en évidence, et encore moins suffisamment abordé, ni par les nationalistes algériens convaincus, ni par les journalistes et universitaires français largement nostalgiques.

    Pour une grande partie des Algériens ordinaires, le FLN a finalement gagné parce qu’il a forcé Charles de Gaulle à accepter des négociations. Sous le tapis, cependant, se cache le fait qu’au moment où JFK a prononcé son discours, la révolution algérienne a été militairement vaincu. Souvenez-vous, c’était dans le contexte peu après la bataille d’Alger en 1957 et lorsque les cerveaux révolutionnaires ont été décimés. La stratégie des généraux français pour vaincre l’insurrection a commencé à porter ses fruits. Et pourtant, la révolution, en dernière analyse, a obtenu ce qu’elle voulait ! Étrange, n’est-ce pas ? Certaines autres forces travaillaient contre les décideurs politiques français de l’époque et en faveur du FLN, pas nécessairement en faveur du peuple algérien ou des révolutionnaires. Nous lisons dans le récit de Cleva que les consuls généraux américains à Alger, en poste de 1942 à la fin des années 1950, ont joué un rôle clé en signalant les pièges de la politique coloniale française. En tant que membre de la commission de politique étrangère du Sénat et donc candidat probable à la présidence, JFK officialise ce que l’establishment américain, jusque-là, a toujours voulu.

    Les États-Unis ne sont pas sortis victorieux de la Seconde Guerre mondiale comme ça. Le monde se souvient encore de la réaction de l’ancien président Donald Trump en novembre 2018 face à l’allusion du président français Emmanuel Macron à la nécessité de créer une armée européenne indépendante, un cadre hors OTAN. Trump a répondu avec colère : « Sans l’aide des États-Unis dans les deux guerres mondiales, les Parisiens d’aujourd’hui parleraient allemand. » Le point ici est que si les généraux français ont massivement réussi à réprimer l’insurrection en Algérie, les politiciens français n’ont pas pu capitaliser sur ce succès parce que Washington voulait le contraire. Ce dernier s’est lancé dans une politique de décolonisation et même la Grande-Bretagne n’était pas à l’abri. L’Inde, joyau de l’empire, a conquis son indépendance !

    Avec son retour au pouvoir en 1958, de Gaulle a fait de son mieux pour sécuriser l’Algérie en tant que Française, mais finalement, il savait que ses manœuvres équivaudraient à un peu de mise en scène. Les intérêts géostratégiques américains voulaient la fin de la colonisation, de peur que les bouleversements et les insurrections dans les colonies ne brisent le nouvel ordre fragile. La décolonisation en tant que politique était censée contenir les colonisés, peu importe comment, en surface, elle leur offrait de meilleures conditions (pas les meilleures) pour négocier leurs futures émancipations. Pour les Indiens comme pour les Algériens ou les Kényans, les mouvements d’indépendance se sont largement décidés ailleurs, bien qu’il soit irrespectueux de présumer que les champs de bataille n’avaient pas d’importance.

    Naturellement, cela nous laisse une image précise de la façon dont l’establishment français perçoit l’Algérie aujourd’hui. Peut-être moins quand il s’agit de la façon dont la Grande-Bretagne perçoit l’Inde, la France voit l’Algérie comme un partenaire volage qui a simplement décidé d’échanger des partenaires et de coucher avec Washington. Toutes les autres approximations de ces relations sont destinées à justifier, jamais à expliquer ce que l’establishment français ne peut à ce jour surmonter ce qu’il considère comme la perte impossible ! Mais c’est précisément ici que les Algériens préfèrent ignorer le rôle américain et attribuer la victoire exclusivement aux sacrifices de leurs ancêtres.

    International Policy digest, 24/07/2022

    #Algérie #France #Guerre_de_libération #JFK #Etats_Unis #Colonisation #Décolonisation

  • Medgaz : Perturbations des livraisons après un incident

    Algérie, Espagne, gaz, Medgaz, panne, gazoduc,

    Par Feriel Nourine

    Perturbations, hier, dans les livraisons de gaz algérien pour l’Espagne. En effet, un incident s’est produit en fin de matinée au niveau du Medgaz, du côté espagnol, provoquant «une rupture momentanée de l’approvisionnement en gaz de l’Espagne», a annoncé Sonatrach dans un communiqué.

    «Les équipes techniques espagnoles sont à pied œuvre pour effectuer les réparations nécessaires et rétablir l’approvisionnement de l’Espagne en gaz dans les plus brefs délais», précise la même source.

    Le débit a cependant repris peu de temps après l’incident, a rapporté El Pais, citant des sources d’Enagas, gestionnaire du système gazier espagnol.

    «Le problème a été résolu et les flux sont en cours de récupération pour les maintenir stables. Du côté espagnol, il n’y a eu aucun effet sur la sécurité d’approvisionnement», a-t-on souligné.

    Cette nouvelle a sans doute été très mal accueillie en Espagne dont la consommation en gaz naturel dépend grandement des importations effectuées par ce pays chez l’Algérie. Celles-ci passent exclusivement par le Medgaz depuis la fermeture, l’automne dernier, du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui traverse le territoire marocain.

    Entré en service en 2011, le gazoduc sous-marin Medgaz est aujourd’hui géré en partenariat par Sonatrach (51%) et son l’Espagnol Naturgy (49%). Il relie les installations algériennes de Béni Saf jusqu’au port d’Almería en Espagne en passant sous la mer Méditerranée, et permet d’acheminer un volume annuel de 8 milliards m3, extensibles à 16 milliards m3 sur le moyen terme.

    Une première extension devait d’ailleurs avoir lieu après la fermeture du GME, mais cette opération n’a pu se réaliser après le revirement du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dans la question sahraouie, et la crise provoquée entre les deux pays par le rangement de M. Sanchez aux côtés du Maroc.

    Une crise qui a vu les avantages dont bénéficiait l’Espagne en sa qualité de gros client de gaz auprès de l’Algérie se perdre, cédant le terrain à de fortes préoccupations chez les autorités espagnoles face au risque d’une rupture d’approvisionnement.

    La situation n’a finalement pas évolué dans ce sens, et en dépit des mesures diplomatiques et économiques qu’elle a prises à l’encontre du gouvernement espagnol, Algérie n’a pas failli à ses engagements contenus dans son contrat énergétique avec Madrid. «L’Algérie ne renoncera pas à son engagement d’approvisionner l’Espagne en gaz, quelles que soient les circonstances», avait déclaré Abdelamadjid Tebboune, avant que ses assurances ne soient réitérées par les autorités algériennes après la décision algérienne de suspendre le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne, semant la panique au sein des responsables du gouvernement de ce pays.

    Entre-temps, les négociations entre Sonatrach et Naturgy ont emprunté la voie des prix, à travers la renégociation du contrat pour la période de janvier 2022 à décembre 2024.

    Par ailleurs, les livraisons de gaz algériens pour l’Espagne ont connu une baisse ces derniers mois. En juin, elles ont été réduites à 21,6% des importations espagnoles, selon les chiffres d’Enagas.

    Du coup, le premier fournisseur de pays qu’était l’Algérie s’est retrouvé en troisième position sur ce registre, cédant la première place aux Etats-Unis avec 29,6% de parts, alors que la Russie s’est hissée à la seconde place, avec 24,4% du gaz importé par l’Espagne, a souligné Enagas.

    Si la baisse des exportations de gaz algérien vers l’Espagne sont une source d’inquiétudes dans ce pays, la hausse des ventes russes y provoquent le même sentiment, sachant que cette évolution se produit, alors que les pays de l’Union européenne sont en quête d’alternatives aux énergies produites en Russie.
    Il y a quelques jours, le gouvernement espagnol a de nouveau appelé les groupes énergétiques du pays à «réduire au maximum» leurs importations de gaz russe. «Il serait bon» que les entreprises commercialisant du gaz «cherchent à réduire au maximum» leurs importations de Russie, a déclaré la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera à l’issue du conseil des ministres.
    Une réduction qui ne pourrait assurément être opérée sans garantie d’approvisionnement maximum en provenance de l’Algérie via le Medgaz.

    Reporters, 25 July 2022181

    #Algérie #Espagne #Gaz #Medgaz

  • Algérie. Des craintes multiples

    Algérie, covid 19, variole du singe, pandémie, coronavirus, Organisation Mondiale de la Santé, OMS,

    L’humanité n’est pas sortie de l’auberge. Alors que le virus du Covid -19 fait un retour remarqué, voilà qu’un autre virus, celui de la variole du singe, s’invite avec force faisant craindre le pire dans un monde déjà instable et traversé par des tensions très déstabilisatrices pour l’avenir d’une planète qui s’écrit en pointillés.
    Ce samedi, l’Organisation Mondiale de la Santé a rappelé, à travers son directeur général, que la menace est montée d’un cran et qu’il s’agit de prendre très au sérieux la variole du singe.

    Dans un point de presse,Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que l’épidémie actuelle de variole du singe constitue une urgence sanitaire mondiale, qui nécessite ainsi une réaction internationale coordonnée, son financement et une collaboration internationale sur le partage des vaccins et des traitements. Une réaction qui n’est pas sans rappeler les premières réactions arrêtées au tout début de l’apparition de l’épidémie du coronavirus.

    Et si à ce stade de l’épidémie, la région la plus touchée reste l’Europe, les expériences nous ont enseigné que tout peut aller très vite, et que la propagation du virus peut connaître à tout moment une accélération qui toucherait de manière conséquente l’ensemble des pays du monde. Et même si on sait qu’un vaccin est déjà mis en place et opérationnel, il n’en demeure pas moins que le risque est grand de voir la situation se compliquer et échapper au contrôle.

    Et la complexité de la situation vient du fait que nous sommes face à deux virus très virulents et difficiles à circonscrire. La covid conjuguée au variole du singe n’annoncent rien de bon, et les jours à venir seront bien difficiles à vivre dans plusieurs régions du monde. Difficiles au moment où les nouveaux variants du covid ne cessent de muter et de rendre les vaccins limités, n’arrivant à ce jour qu’à éviter les cas graves, mais bien loin de pouvoir éradiquer cette pandémie, avec laquelle nous devons désormais vivre, selon les experts et les spécialistes. Des discours peu rassurants, il faut l’admettre, car les mutations du virus sont multiples et certains peuvent être très virulents et résistants aux vaccins existants.

    La sortie du tunnel, avec la propagation de la variole du singe, paraît s’éloigner un peu plus, alors que l’espoir d’une sortie de crise semblait assez proche depuis quelques mois. Mais force est de reconnaître que cet espoir semble reculer ces dernières semaines, et personne ne peut savoir de manière définitive comment toute cette situation sanitaire va se développer dans les semaines et les mois à venir.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 25/07/2022

    #Algérie #Coronavirus #Covid19 #Pandémie #Variole_du_singe

  • Algérie-Espagne : Suspension « momentanée des livraisons de gaz »

    Algérie, Espagne, gaz, Medgaz,

    Le groupe pétrolier algérien Sonatrach a annoncé, ce dimanche, que la livraison de gaz algérien vers l’Espagne via le gazoduc sous-marin Medgaz était « momentanément suspendue en raison d’un incident côté espagnol ».

    « Un incident s’est produit du côté espagnol, dimanche en fin de matinée, sur le gazoduc Medgaz, reliant l’Algérie à l’Espagne, provoquant une rupture momentanée de l’approvisionnement en gaz de l’Espagne », a précisé la Sonatrach dans un communiqué.

    Le groupe algérien a indiqué que « les équipes techniques espagnoles sont à pied d’œuvre pour effectuer les réparations nécessaires et rétablir l’approvisionnement de l’Espagne en gaz dans les plus brefs délais ». De son côté, le gestionnaire du réseau gazier espagnol, Enagas, a affirmé dans un communiqué « qu’à aucun moment le flux de gaz arrivant en Espagne depuis l »Algérie par Medgaz n’avait cessé aujourd’hui », mais simplement « diminué ».

    « A la mi-journée, selon une information provenant de Medgaz, une interruption temporaire – qui a duré deux heures – des flux partant de l’usine en Algérie a provoqué une diminution – mais pas une interruption – dans les débits d’entrée en Espagne », a expliqué le groupe, qui précise que « le flux le plus bas a été de 704.000 Nm/h ».

    Selon l’entreprise espagnole, le « système de sécurité n’a pas été affecté et il n’y a eu aucune raison technique pour qu’une telle situation se produise ». « Le problème a été réglé et les flux sont en train de revenir à la normale », a poursuivi la même source.

    Les importations de gaz algérien par l’Espagne seraient fortement baissées ces derniers mois, dans un contexte de tensions entre Alger et Madrid. Auparavant, l’Espagne importait la majeure partie de son gaz d’Algérie, notamment via le Medgaz, qui relie la péninsule ibérique aux gisements gaziers exploités par Sonatrach

    Selon Enagas, 24,4% du gaz importé par l’Espagne est venu de Russie en juin, contre 29,6% des Etats-Unis. Le 17 juillet dernier, le nouveau directeur général de la compagnie espagnole Enagas, Arturo Gonzalo, a affirmé, dans une interview accordée au quotidien El Pais, que l’Algérie a toujours honoré son contrat avec l’Espagne pour l’approvisionnement en gaz.

    Selon lui, la baisse des flux de gaz en provenance d’Algérie « est ordinaire durant la période estivale ». « Il est habituel qu’en été on utilise moins de gaz [algérien] que durant les autres périodes de l’année. Nous recevons 100% de ce qui est prévu selon les prévisions, les contrats et le calendrier. L’Algérie a gagné notre confiance », a-t-il déclaré.

    Selon lui, l’Algérie « a honoré ses contrats et a déclaré à maintes reprises qu’il continuerait à le faire ». « Elle s’y est toujours conformée : toujours, en toutes circonstances, depuis 1996 et jusqu’à ce jour. Je n’ai aucun doute ou inquiétude à ce sujet », a-t-il soutenu, précisant que « l’Espagne passera l’hiver sans problème et qu’elle ne connaîtra pas une éventuelle crise d’approvisionnement en gaz ».

    Pour rappel, l’Algérie et l’Espagne traversent, depuis le mois de mars dernier, une crise diplomatique en raison du revirement du gouvernement espagnol sur la question du Sahara Occidental. En réaction au soutien du premier ministre espagnol au plan marocain de « l’autonomie du Sahara Occidental », l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Madrid.

    Mais face à la campagne de justification de cette décision par les autorités espagnoles, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune avait décidé de suspendre immédiatement le traité d’amitié de bon voisinage conclu avec l’Espagne depuis 2002.

    Anadolou

  • ABEF: La suspension des opérations avec l’Espagne n’est pas rétroactive

    Algérie, ABEF, Association professionnelle des banques et établissements financiers, Espagne, commerce,

    Alger, 24 juil (EFE) – L’Association professionnelle des banques et établissements financiers (ABEF), un organisme bancaire clé en Algérie, a déclaré que la suspension des opérations de commerce extérieur de biens et services vers et depuis l’Espagne n’affecte pas les biens domiciliés ou expédiés avant le 9 juin 2022, date à laquelle elle a ordonné la suspension des prélèvements automatiques.

    Dans sa lettre, datée de samedi, l’ABEF indique que la mesure « ne concerne pas les opérations d’importation ou d’exportation de biens et de services en provenance d’Espagne ou d’origine espagnole domiciliées avant le 9 juin et dont les mouvements de biens ou de services ont été effectués après cette date ».

    La mesure ne concerne pas non plus « les marchandises en provenance d’Espagne ou d’origine espagnole, expédiées avant le 9 juin, qu’elles soient domiciliées ou non, en prenant le document de transport ».

    Dans sa note, la source indique que « ces marchandises exemptées de la mesure de gel doivent être conformes aux exigences de la législation et de la réglementation en vigueur ».

    L’Abef a ordonné le gel, à partir du 9 juin, des « débits directs liés aux opérations de commerce extérieur de produits et de services à destination et en provenance d’Espagne », en raison de la suspension du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération.

    Cette mesure a entraîné un blocage total des échanges entre les deux pays, à l’exception des exportations de gaz de l’Algérie, qui n’ont pas été affectées par la mesure de l’Abef.

    Quelques jours plus tard – le 23 juin – les services douaniers du port d’Alger ont demandé aux autorités de clarifier la relation commerciale avec l’Espagne, et ont fait état de « difficultés » rencontrées « concernant l’interprétation et l’application » de cet arrêté.

    L’Espagne et l’Algérie sont au cœur d’une crise diplomatique sans précédent en raison de la volte-face du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental en mars, lorsqu’il a soutenu la proposition d’autonomie au sein du Maroc.

    La crise s’est détériorée jusqu’à ce que, le 8 juin, l’Algérie suspende le traité d’amitié et annonce la première mesure économique de rétorsion en bloquant le commerce extérieur. EFE

    Swissinfo, 24 juillet 2022

  • Corruption dans le sport : deux affaires devant la justice

    Algérie, sport, corruption, Tribunal de Chéraga,

    Le juge d’instruction près le Tribunal de Chéraga (Cour de Tipasa) a déféré deux affaires de corruption dans le sport à la chambre correctionnelle près le même tribunal pour procès le 21 septembre prochain, dont une affaire qui concerne la société sportive par actions (SPA) « Le Doyen Mouloudia Club d’Alger (MCA) », précise un communiqué rendu public, jeudi, par le procureur de la République près ledit Tribunal.

    « En application des dispositions de l’article 11 du code de procédure pénale et dans le cadre de la lutte contre la corruption dans le sport, le parquet de la République près le tribunal de Chéraga informe l’opinion publique des affaires qui lui ont été soumises à ce propos, lesquelles ont été déférées à la chambre correctionnelle dudit Tribunal pour procès le 21 septembre prochain, dont une affaire a été ajournée », ajoute le communiqué.

    Il s’agit d’une affaire liée à la corruption dans le sport impliquant la SPA « Le Doyen Mouloudia Club d’Alger (MCA) », le juge d’instruction près le même Tribunal a ordonné de déférer l’affaire à la chambre correctionnelle, sur la base de la décision de la chambre d’accusation pour organiser le procès à la date du 21 septembre 2022″, précise le communiqué.

    La même source a fait état de l’implication de cinq individus, à savoir « O. Gh. », ex-directeur général de la SPA « Le Doyen Mouloudia Club d’Alger (MCA) », « H. M. », commissaire aux comptes au sein de la même société, « H.B.M.R. », cadre supérieur à Sonatrach et ancien président du Conseil d’administration de la société du MCA, « I.Y. » chef de département des Finances et « F. Ch. I. O. », chef de service des Moyens généraux au sein de la même société.

    Les investigations de la brigade économique et financière relevant de la Police judiciaire ont fait ressortir des détournement de deniers publics, et en vertu d’une requête introductive devant le juge d’Instruction, l’accusé (H.B.M.R) est poursuivi pour « dilapidation de deniers publics, tandis que « I.Y. » et « F.Ch.A.O » sont poursuivis pour « dilapidation de deniers publics, usage de sceaux à des fins frauduleuses, établissement de témoignages matériellement incorrects » des deux mis en cause « A. Y. » et « F. Ch. A. O ».

    Le mis en cause « O. Gh. » est poursuivi pour « participation à la dilapidation de deniers publics », tandis que « H.M » est, lui, poursuivi pour écriture de « témoignages matériellement incorrects et participation à la dilapidation de deniers publics », note le communiqué.

    La deuxième affaire a été déclenchée suite à une plainte déposée par le ministère de la Jeunesse et des Sports, dans laquelle est poursuivi le président de la fédération algérienne de handball, répondant aux initiales « L.H », sur la base d’une requête introductive pour « faux en écritures publiques, dilapidation des deniers publics et abus de fonction », et ce conformément à l’article 222 du code pénal ainsi que les articles 20 et 29 de la loi portant lutte contre la corruption, selon la même source.

    Le juge d’instruction près le tribunal de Chéraga a ordonné le transfert du mis en cause devant la chambre correctionnelle pour le procès qui a été reporté au 21 septembre, précise le communiqué du Procureur de la République près le tribunal de Chéraga.

    Times Algeria, 22/07/2022

    #Algérie #sport #corruption