Catégorie : Maroc

  • Maroc: Manifestations contre le pass sanitaire

    Maroc: Manifestations contre le pass sanitaire. Petites escarmouches avec les forces de l’ordre

    RABAT, Maroc (AP) – Des manifestants sont descendus dans les rues des villes du Maroc mercredi, certains se sont heurtés à la police pour dénoncer la décision du pays d’exiger des laissez-passer de vaccination contre le coronavirus pour être autorisé à travailler et à entrer dans les lieux publics.

    La décision est entrée en vigueur le 21 octobre et stipule que les Marocains doivent fournir une preuve de vaccination pour pouvoir entrer sur leur lieu de travail. Dans une déclaration, le gouvernement a indiqué que les employeurs ont la « responsabilité juridique directe » d’appliquer la décision.

    Le laissez-passer est également nécessaire pour accéder aux services intérieurs tels que les restaurants et les banques, ainsi que pour les voyages nationaux et internationaux.

    Le royaume nord-africain de 36 millions d’habitants a le taux de vaccination le plus élevé d’Afrique, avec plus de 50 % de la population entièrement vaccinée. Au début du mois, le gouvernement a également commencé à administrer des injections de rappel.

    Mais les exigences abruptes et inhabituellement étendues en matière de vaccination ont également suscité de l’opposition, et ont conduit à de grandes foules dans les centres de vaccination, les gens se précipitant pour se faire vacciner.

    Dans la capitale, Rabat, des manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment du parlement et ont scandé des slogans contre la règle, affirmant qu’elle va à l’encontre des droits de l’homme fondamentaux et des libertés civiles. La police a formé une ligne pour empêcher les manifestants en colère de pénétrer à l’intérieur du corps législatif.

    Quelques manifestants ont affronté la police alors qu’ils étaient repoussés le long de l’avenue Mohammed V qui mène au bâtiment du Parlement.

    Parmi les manifestants figurait Nabila Mounib, membre du Parlement et secrétaire générale du Parti socialiste unifié (opposition). Elle a rejoint la manifestation après s’être vu interdire l’accès au bâtiment du Parlement pour s’être présentée sans carnet de vaccination.

    Des scènes similaires se sont déroulées dans d’autres villes marocaines. Des dizaines de manifestants sont descendus dans les rues de Casablanca, la ville la plus peuplée du pays, ainsi que dans les hauts lieux touristiques de Marrakech et d’Agadir. Ils ont crié « Unis contre le col ! » tandis que la police poussait et donnait des coups de matraque à certains des manifestants pour tenter de les disperser.

  • Migration: Les plans de l’UE pour le Maroc, la Libye…

    Migration: Les plans de l’UE pour le Maroc, la Libye…. La CE souhaite renforcer les relations avec les pays dits « partenaires », dans le cadre de son pacte sur les migrations et l’asile.

    La Commission européenne travaille sur des plans visant à renforcer les relations avec les pays dits « partenaires », dans le cadre de son pacte sur les migrations et l’asile.

    Des documents de la Commission ayant fait l’objet d’une fuite au début du mois présentent des projets de propositions concernant l’Afghanistan, la Bosnie-et-Herzégovine, la Libye, le Maroc et la Tunisie, qui peuvent tous être téléchargés ci-dessous.

    Le document sur l’Afghanistan propose des plans immédiats et à court terme, notamment l’envoi d’un éventuel agent de l’UE chargé de la surveillance des frontières (Frontex) au Pakistan voisin pour s’occuper de ce pays déchiré par la guerre.

    « Frontex ne met actuellement pas en œuvre d’activités liées aux frontières en Afghanistan », est-il indiqué, notant que des négociations sur un accord de travail avec le pays ne sont pas prévues.

    Des discussions sont également en cours pour allouer environ 1 milliard d’euros à l’Afghanistan dans le cadre de la nouvelle enveloppe de 79,5 milliards d’euros de l’UE, connue sous le nom d’instrument de coopération au développement et de voisinage.

    Mais le rapport indique également que « les travaux visant à faire avancer ce dossier dans le cadre du programme indicatif pluriannuel 2021-2027 du pays sont désormais suspendus ».

    Un autre montant de 79 millions d’euros est également prévu pour 2022 afin de traiter la « dimension régionale du déplacement des Afghans », indique le document.

    En ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, l’UE prévoit de discuter de sa politique migratoire et des perspectives d’élargissement en novembre et décembre, avec en tête d’éventuelles mesures de financement.

    « La Bosnie-et-Herzégovine est invitée à adopter des stratégies sectorielles à l’échelle du pays dont la mise en œuvre pourrait bénéficier d’un soutien financier de l’UE », note le document.

    En ce qui concerne la Libye, le document indique qu’elle souhaite mettre en place un système de migration et d’asile fondé sur les droits.

    Le pays a déjà bénéficié de quelque 455 millions d’euros de fonds européens. Plus de la moitié a été consacrée à la protection des migrants et un tiers à la « stabilisation des communautés » et à la gestion des frontières, indique la Commission.

    L’UE souhaite désormais fournir à la Libye « une source de financement flexible pour répondre à l’évolution des besoins et des itinéraires ».

    Il s’agit notamment de renforcer, avant la fin de l’année, le groupe de travail UA-UE-ONU, créé pour secourir les migrants et les réfugiés bloqués en Libye.

    Elle souhaite également organiser un dialogue sur les migrations avec la Libye après les élections présidentielles de la mi-décembre.

    En ce qui concerne le Maroc, elle souhaite que Rabat renforce les contrôles aux frontières, les opérations de recherche et de sauvetage, et démantèle les réseaux de passeurs.

    Des plans sont également en cours pour une « coopération structurée » avec Frontex et les autorités marocaines. Un accord de travail avec l’agence de police de l’UE, Europol, est également envisagé.

    En ce qui concerne l’argent, la Commission indique qu’un projet de budget pour 2021-27 est en cours d’élaboration et qu’il devrait notamment porter sur les causes profondes de la migration. Elle note également que le Maroc pourra faire appel à un autre fonds, mis en place pour d’autres pays voisins, pour freiner les migrations.

    En ce qui concerne la Tunisie, le rapport note que quelque 30 millions d’euros de fonds européens ont été consacrés au renforcement de ses garde-côtes. « Un complément de 10 millions d’euros est en cours de finalisation », note le rapport.

    L’objectif, selon le rapport, est de s’assurer que la stratégie migratoire et la loi sur l’asile tunisiennes sont finalisées et approuvées.

    « Frontex ne met actuellement pas en œuvre d’activités liées aux frontières en Tunisie et les autorités tunisiennes sont réticentes à coopérer avec elle », précise-t-elle.

    Points forts internes de l’UE
    Ils précisent également les initiatives bilatérales entre les États de l’UE.

    Parmi les points forts :

    Sur la Tunisie, l’Autriche, la Belgique et l’Allemagne souhaitent une meilleure coopération lorsqu’il s’agit de renvoyer les Tunisiens indésirables chez eux.

    « L’Autriche n’est généralement pas satisfaite de la coopération avec la Tunisie, en raison de problèmes liés à l’identification.

    En ce qui concerne la Libye, la République tchèque apporte son soutien aux garde-côtes libyens, mais n’entre pas dans les détails.

    Mais avec les pays du groupe de Visegrad 4 (Pologne, Hongrie, Slovaquie, République tchèque), ils prévoient maintenant un soutien financier plus important pour la gestion des frontières libyennes.

    L’Italie indique qu’elle livrera deux bateaux pneumatiques « d’occasion » aux garde-côtes libyens et à la sécurité portuaire, tandis que Malte étudie la possibilité de fournir une expertise sur les installations d’accueil.

    « Une équipe technique s’est déjà rendue à Tripoli pour évaluer les navires dont disposent les garde-côtes libyens », indique Malte.

    Au Maroc, l’Allemagne forme les autorités à la détection de la fraude documentaire et à la sécurité aérienne.

    L’Espagne procède à des « réformes des infrastructures » dans ses enclaves nord-marocaines de Ceuta et Melilla, notamment en matière de surveillance.

    Madrid renforce également l’échange d’informations et la collaboration policière avec le Maroc pour lutter contre le trafic de migrants.

    En ce qui concerne l’Afghanistan, la Bulgarie a contribué à la formation de policiers irakiens et afghans dans le but de démanteler le trafic de migrants.

    Le Danemark a financé des programmes de retour et de réintégration. L’Estonie a suspendu tous les projets bilatéraux en Afghanistan, compte tenu de la crise actuelle.

    L’Italie a réalisé un projet de 900 000 euros pour aider les réfugiés afghans en Iran.

    La Slovénie indique qu’elle a actuellement deux Afghans boursiers qui étudient le génie civil.

    Elle a également déployé un officier de police en Afghanistan pendant six mois pour former et éduquer la police locale, dit-elle.

    Par NIKOLAJ NIELSEN

    EU Observer, 28/10/2021

  • Maroc: Hausse du budget de la défense

    Maroc: Hausse du budget de la défense. Il a augmenté de 4,77% par rapport au budget de la défense de 2021

    Le projet de budget 2022 du Maroc a été présenté à la Commission des finances et du développement économique du pays le 25 octobre, le budget de la défense augmentant de 4,77% par rapport au budget de la défense de 2021.

    L’analyse par Janes du budget marocain de l’administration de la défense nationale et des Forces armées royales marocaines (RMAF) montre que le budget de base de la défense du Maroc augmente de 6,07 %, passant de 47,44 milliards de dirhams (5,17 milliards USD) à 50,32 milliards de dirhams, en grande partie grâce aux dépenses de personnel qui augmentent de 7,77 % pour atteindre 37,76 milliards de dirhams.

    Des investissements supplémentaires dans l’armée provenant d’autres sources portent le total des dépenses de défense à 63,04 milliards de dirhams, soit une augmentation de 4,77 % par rapport au budget de 2021. Les dépenses globales devraient représenter 17,62% des dépenses publiques en 2022, en baisse par rapport à 18,15%.

    L’article 34 du Projet de Loi De Finances 76-21 Pour L’annee Budgetaire 2022 a également augmenté le plafond maximum pour l’acquisition d’équipements pour la RMAF de 4,15% à 115,55 milliards de dirhams. L’article note que l’augmentation du budget plafond est en prévision d’achats supplémentaires en 2023. Bien que l’autorisation d’achat soit nettement plus élevée que le budget de la défense, il est entendu que ce dispositif n’a jamais été tiré à son maximum et qu’il fonctionne comme un plafond d’urgence en cas de besoin soudain de dépenses militaires.

    Charles Forrester

    Janes, 28/10/2021

  • Maroc : Découverte des plus anciens bijoux à Essaouira

    Maroc : Découverte des plus anciens bijoux à Essaouira. Ils datent de 150000 ans.

    La découverte archéologique d’un ensemble de bijoux vieux de 150 000 ans – en fait le plus ancien au monde connu à ce jour – à Essaouira, une ville de la côte atlantique du Maroc, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, suscite un grand enthousiasme.

    Commentant l’événement, le journaliste, économiste et conseiller du Roi, André Azoulay, a déclaré que « Essaouira a vécu aujourd’hui (hier) l’un des moments les plus passionnants et les plus émouvants de sa longue histoire » avec la découverte de la parure antique dans la grotte de Bizmoune, près de la ville.

    Cet ensemble d’ornements anciens, « le plus ancien au monde connu à ce jour, incarne à sa manière les valeurs auxquelles Essaouira a choisi d’identifier sa renaissance depuis une trentaine d’années », a ajouté M. Azoulay, qui s’exprimait depuis Dar Souiri, dans le centre historique d’Essaouira, commentant cette découverte lors d’une journée de sensibilisation organisée par le ministère de la Culture et deux associations locales. « Ce sont les premières indications de l’humanité montrant l’existence de relations structurées entre les membres d’un même groupe ou de groupes différents. Cet ornement illustre pour la première fois et à sa manière l’existence d’une forme de langage, voire d’une langue, à l’époque de l’Homo-Sapiens ».

    Soulignant la place du Maroc après Essaouira dans la « formidable histoire de la Terre et de l’Humanité », le Conseiller d iMohammed VI a ajouté : « Les astres se sont alignés pour révéler au monde, depuis Essaouira, qu’il y a 150.000 ans, des objets, en l’occurrence des bijoux Bizmoune, ont incarné pour la première fois la centralité de la place de la femme dans les sociétés homo-sapiens ».

    S’adressant à l’équipe marocaine et internationale de chercheurs et de scientifiques à l’origine de cette découverte, M. Azoulay a rendu un hommage appuyé au professeur Abdeljalil Bouzouggar, professeur d’archéologie préhistorique à l’Insap (Rabat), « une figure militante, engagée et emblématique » d’un groupe qui réunit des chercheurs des universités d’Aix-en-Provence, d’Arizona, d’Allemagne et d’Espagne.

    Le directeur du patrimoine culturel au ministère de la culture, Youssef Khiara, a insisté sur la portée et l’importance de cette découverte et a expliqué que les responsables du ministère de la culture examinaient les procédures à suivre pour déposer une demande d’inscription du site de Bizmoune, ainsi que d’autres sites préhistoriques du Royaume, sur l’une des listes de l’UNESCO.

    Africa Rivista, 27/10/2021

  • Les porteadoras, le drame des ouvrières oubliées

    Les porteadoras, le drame des ouvrières oubliées. Entretien avec Cristina Fuentes Lara, experte en politique migratoire et militante de l’APDHA

    Le 8 octobre 2019, le Maroc a préparé un blocus unilatéral de ce qui est cyniquement appelé « commerce atypique ». Les porteadoras de Ceuta et Melilla [1], qui risquent leur vie depuis des années en transportant jusqu’à 90 kilos de marchandises sur leurs épaules pour moins de 10 euros, faisaient peu parler d’eux auparavant, mais on en parle encore moins aujourd’hui.

    Ces femmes se déplacent aussi souvent qu’elles le peuvent entre les frontières dans le cadre d’une « nouvelle forme d’esclavage », qui est répandue à Ceuta et Melilla depuis près d’un demi-siècle. Beaucoup d’entre eux sont écrasés à mort dans les foules qui se forment aux passages étroits de la frontière et sont également victimes de diverses formes de violence, mais tout le monde semble détourner le regard, car ni en Espagne, ni au Maroc, ni même en Europe, ils ne sont considérés comme des travailleurs.

    Cristina Fuentes, spécialiste des phénomènes migratoires et maître de conférences à l’Université Rey Juan Carlos de Madrid – prix national pour la lutte contre la violence de genre en 2018 – étudie ce phénomène dramatique depuis des années et, grâce à sa collaboration avec l’Association andalouse des droits de l’homme, elle dénonce les violations que subissent ces femmes.

    Selon le dossier publié par cette association en 2016 – un nouveau rapport a été rendu public cette année [2] – plus de 7 000 femmes  » subissent quotidiennement des harcèlements, des abus, des traitements dégradants et les plus jeunes sont également victimes de harcèlement sexuel « . Les porteadoras portent entre 60 et 90 kilos sur leurs épaules pendant des heures et « sont insultés, harcelés et méprisés, obligés de faire la queue pendant des heures et battus s’ils ne le font pas, le tout pour moins de 10 euros par jour ».
    Ils font la queue pendant des heures au soleil sur la plage de Tarajal, sans abri à l’ombre ni accès à l’eau potable ou aux toilettes publiques.

    Une étude de l’Université de Grenade intitulée « Enquête sur le régime économique et fiscal de Ceuta » souligne qu’ »environ la moitié des exportations quittent Ceuta sur les épaules des femmes porteadoras, il s’agit d’une activité illégale estimée à plus de 400 millions d’euros », et signale également que « ces bénéfices sont basés sur la violation des droits de l’homme à l’encontre de ces femmes, qui ont besoin d’un emploi pour soutenir leurs familles ».

    Cristina, nous avons l’habitude d’entendre parler de commerce atypique, de problèmes liés à la situation frontalière ou au chaos de Tarajal… mais nous savons très peu de choses sur les porteadoras, qui sont ces femmes ?

    Il s’agit de femmes marocaines qui traversent chaque jour la frontière espagnole (depuis Ceuta ou Melilla) en transportant des marchandises. Ils vivent dans des villages proches de la frontière et ont entre 40 et 55 ans. Certaines sont mariées, d’autres veuves ou divorcées, mais quel que soit leur statut marital, ce sont elles qui assurent la subsistance économique de leur famille, car leurs maris sont au chômage depuis longtemps ou sont incapables de travailler. En outre, ces femmes ont en moyenne 3 à 5 enfants à charge.

    Comment se déroule leur quotidien ?

    Eh bien, leur journée commence vers 3 heures du matin. Ils se lèvent, préparent le petit-déjeuner pour leur famille et prennent un taxi collectif jusqu’à la frontière. Puis ils font la queue au poste frontière jusqu’à ce qu’ils puissent passer du côté espagnol. Ils se dirigent ensuite vers les porte-conteneurs (dans le cas de Ceuta) et les camions (dans le cas de Melilla). Là, ils récupèrent les colis contenant les marchandises et les transportent de l’autre côté de la frontière, où l’acheteur des marchandises attend son colis. En échange de leur travail, ils sont payés entre 10 et 25 euros.
    Parmi les risques de leur travail figurent la confiscation des marchandises par la police, l’interdiction de franchir la frontière avec des colis et l’obligation de passer la nuit dans les villes autonomes, ainsi que les violences policières qu’ils subissent souvent et les attroupements.

    Certains d’entre eux ont perdu la vie…

    Oui, au moins 10 porteadoras sont morts dans l’exercice de leur métier, presque tous à Ceuta et à cause de la foule qui se forme lorsqu’ils doivent aller chercher un colis ou des marchandises.

    D’après ce que ces femmes vous ont dit, qu’en pensent-elles ?

    Ils pensent que c’est leur travail, qu’ils n’ont pas d’autre choix pour faire vivre leur famille. Bien sûr, ils pensent qu’il s’agit d’une situation temporaire, d’un travail qu’ils doivent faire en attendant que leur situation économique s’améliore. Au Maroc, ce travail a un très faible prestige social et c’est pourquoi ces femmes mentent souvent à leur famille sur le travail qu’elles font, se faisant passer pour des femmes de ménage à Ceuta ou Melilla.

    Pourquoi est-il dans l’intérêt des deux parties que les porteadoras continuent à être largement oubliés ?

    Parce qu’ils représentent le maillon faible du commerce atypique. Ils travaillent et sont rendus invisibles. Deux autres facteurs influencent également cette situation : d’une part, le fait que leur travail ne jouit d’aucun prestige social au Maroc, et d’autre part, le fait que, étant donné qu’il est considéré comme illégal au Maroc, ils font de la contrebande et ne peuvent donc agir d’aucune manière.

    Quels sont les risques encourus par ces femmes si ce transport de marchandises devient illégal ?

    Selon la perspective marocaine, l’activité professionnelle des femmes porteadoras est considérée comme illégale alors qu’en Espagne, elle n’est pas réglementée. L’interdiction du transport de marchandises est liée à un changement dans la gestion politique marocaine, plutôt qu’à un changement dans la gestion marocaine de la frontière.
    Depuis octobre 2019, la frontière est fermée au trafic de marchandises et ils survivent grâce au mutualisme de voisinage et au réseau d’assistance.

    En collaboration avec l’Association en faveur des droits de l’homme d’Andalousie, vous avez élaboré un dossier sur cette question, quels en sont les points essentiels ?

    Elles sont toutes rassemblées dans le décalogue des mesures du dossier 2016. En général, nous proposons la réduction du poids maximum des bagages à 20 kg ; la fermeture immédiate du passage de Biutz, car il ne répond pas aux normes minimales de sécurité ; le respect de la dignité des personnes ; l’ouverture du passage de Tarajal II, avec des aires de repos et des services tels que des toilettes publiques, des sources d’eau et des zones ombragées ; et que les coursiers féminins soient considérés comme des travailleurs ; l’amélioration de l’infrastructure de la frontière de Tarajal, aujourd’hui obsolète ; la délimitation des compétences des différents organes de sécurité des deux côtés de la frontière ; la création de protocoles d’intervention sur la sortie des marchandises ; l’ouverture d’une douane commerciale entre Ceuta et le Maroc qui permette une activité commerciale légale et digne.

    Ce même dossier souligne qu’en 2014, cette activité commerciale représentait 1 400 millions d’euros par an, soit un tiers de l’économie des deux villes autonomes espagnoles. Y a-t-il eu des améliorations dans les conditions de travail de ces travailleuses ?

    Aucun. Rien n’a changé en ce qui concerne leur situation : ni en Espagne, ni au Maroc, ni en Europe, ils ne sont considérés comme des travailleurs.

    Le transport de marchandises repose-t-il sur une structure patriarcale ?

    Oui, en effet, si nous analysons en détail le système dans lequel travaillent les porteadoras, nous pouvons constater que les acheteurs de la marchandise, les commerçants et les policiers sont tous des hommes, et que seules les personnes qui effectuent le travail le plus dénigré dans la plupart des cas sont des femmes.

    Y a-t-il une conscience au sein de la société marocaine de ce qui se passe à la frontière ?

    Absolument, tout le monde dans le contexte frontalier est conscient de la violation des droits humains de ces femmes.

    Et en Europe ?

    L’indifférence. L’Association des droits de l’homme d’Andalousie a exposé la situation des femmes coursiers au Parlement européen, qui a répondu par le silence. Ils sont conscients de la situation, mais ne font rien.

    À votre avis, que réserve l’avenir aux femmes coursières ?
    Ainsi, beaucoup d’entre eux travailleront à l’avenir comme employés de maison, dans le secteur des soins ou dans la vente au détail dans les médinas de leurs villes.

    Notes
    [1] Villes autonomes espagnoles sur le territoire marocain.

    [2] Télécharger le rapport « Porteadoras : La feminización de la pobreza en la Frontera Sur », APDHA – 8 mars 2021

    Melting Pot Europa, Octobre 2021

  • Gazoduc GME: le Maroc aurait sollicité l’aide de l’Espagne

    Gazoduc GME: le Maroc aurait sollicité l’aide de l’Espagne afin de trouver une solution au blocage intervenu dans ce dossier.

    Suite à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, l’Algérie cessera d’approvisionner le Maroc en gaz naturel via le gazoduc GME, à compter du 1 novembre prochain.

    Mais selon le journal espagnol El Pais, le Maroc n’aurait toujours pas abdiqué et aurait sollicité l’Espagne afin de trouver une solution au blocage intervenu dans ce dossier, du fait de la crise diplomatique entre les deux pays voisins. A cet effet, le quotidien espagnol rapporte que la troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, se rend ce mercredi à Alger pour rencontrer les autorités algériennes et rechercher une solution à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe.

    Selon la même source, Teresa Ribera a été chargée de diriger les négociations avec l’Algérie et le Maroc, auxquelles participe également le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares. « Les contacts, qui se sont intensifiés à l’approche de l’échéance du 31 octobre, ont été menés dans la plus grande discrétion. Récemment, Albares a rendu visite au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en compagnie des secrétaires d’État aux Affaires étrangères, Ángeles Moreno, et de l’Énergie, Sara Aagesen. » Détaille le journal madrilène.

    Par ailleurs, le média explique que l’Espagne s’inquièterait quant aux capacités réelles de l’Algérie l’approvisionner en quantités suffisantes, via le Medgaz, l’autre pipeline qui ne passe pas par le Maroc. El Pais déclare en effet que désormais, « le problème pour l’Espagne est désormais de s’assurer que la même quantité de gaz que le GME a transporté à travers le Maroc continuera à atteindre la péninsule, ce qui représente un tiers de l’électricité consommée par le pays. »

    En jeu, quelque quatre millions de mètres cubes dont l’Espagne aurait encore besoin pour couvrir la demande actuelle. Cette quantité de gaz pourrait être fournie sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL), au moyen de méthaniers. « 48 navires sont nécessaires pour transporter les quatre millions de mètres cubes de gaz », selon El Pais.

    Pour rappel, le Medgaz, détenu conjointement par Sonatrach et Natyrgy (51/49) permet la distribution de gaz naturel de l’Algérie vers l’Espagne sur 540 kilomètres qui parcourent le territoire marocain. Le gazoduc qui traverse le Maroc a la capacité de transporter jusqu’à 13 500 millions de mètres cubes de gaz naturel par an chaque année. Le gaz qui arrive directement à Almería a la capacité de transporter 8000 millions de mètres cubes, mais des travaux sont en cours pour les porter à 10 milliards de mètres cubes à partir de janvier.

    D’autre part, l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe peut causer des dommages non seulement au Maroc, mais aussi à l’Espagne. « Rabat obtient entre 50 et 200 millions d’euros par an de « droits de passage », un chiffre qui est fonction du montant qu’elle transporte. Et, en plus, il garde 800 millions de mètres cubes par an de gaz d’Algérie à un prix stable. Ce gaz est utilisé pour alimenter les centrales à cycle combiné de Tahaddart (dans la région de Tanger) et d’Ain Beni Mathar (à Oujda, dans l’est du pays). Tous deux couvrent environ 10 % de la production électrique marocaine et sont gérés par les sociétés espagnoles Endesa (qui détient 20 % de Tahaddart) et Abengoa, respectivement. » Explique El Pais.

    Quelles sont les alternatives pour le Maroc ?

    Pris en tenaille, le Maroc tente de trouver une échappatoire à ce dilemme, qui risque d’affaiblir ses capacités à assurer sa sécurité énergétique. Selon le média espagnol, une source ayant requis l’anonymat a révélé que le Maroc pourrait « demander à l’Espagne d’envoyer du gaz par le gazoduc GME dans le sens inverse. Mais nous ne savons pas comment l’Algérie réagira si l’Espagne est d’accord ».

    Maghreb Emergent, 27/10/2021

  • Maroc : le passe sanitaire à coups de matraque

    Maroc : le passe sanitaire à coups de matraque. La mesure a des conséquences graves pour de nombreux travailleurs, en particulier les plus pauvres.

    Depuis jeudi 21 octobre, le passe sanitaire est obligatoire au Maroc. La mesure a des conséquences graves pour de nombreux travailleurs, en particulier les plus pauvres, qui sont aussi les moins vaccinés.

    Le passe sanitaire n’est fourni que si l’on est vacciné, et pas sur simple présentation d’un test négatif ou d’un certificat de rétablissement après Covid. Il est provisoire après la première et la deuxième dose, et peut être invalidé si l’on ne fait pas la troisième injection dans les six mois suivant la deuxième. La campagne pour la deuxième dose ayant commencé en mars 2021, la plupart des Marocains déjà vaccinés doivent se faire injecter la troisième dose en urgence pour garder leur passe sanitaire.

    Tous les espaces publics, hammams, restaurants, cafés, commerces, établissements hôteliers et touristiques sont interdits à ceux qui n’ont pas de passe sanitaire. Il concerne les clients de ces établissements, mais aussi leurs salariés, à qui on interdit l’accès à leur lieu de travail et le moyen de gagner leur vie. Cette mesure n’a été annoncée que trois jours avant son entrée en vigueur

    L’entrée dans les administrations publiques est aussi soumise au passe sanitaire, de même que les déplacements entre préfectures et provinces du pays. Il devient très difficile de se procurer un document administratif ou de se déplacer entre deux villes sans le passe, les contrôles de police se multiplient dans les cafés, les rues, les transports. L’amende est de 300 dirhams (environ 10 % du smic marocain) en cas d’infraction.

    Cette nouvelle attaque contre les classes populaires intervient dans un contexte de crise dramatique. L’économie ne s’est pas remise de son arrêt pendant plusieurs mois de confinement, le secteur touristique est toujours exsangue. L’inflation s’accélère : les prix des produits de base, l’huile, les lentilles, la semoule et bien d’autres, ont augmenté de 25 à 50 % depuis septembre.

    Dimanche 24 octobre, des manifestations spontanées, sans appel de partis ou de syndicats, ont éclaté dans plusieurs villes du Maroc contre le passe sanitaire : à Casablanca, Rabat, Marrakech, Safi, Agadir, Tetouan… Les forces de répression n’ont eu qu’une réponse, les coups de matraques et les arrestations. Le nouveau Premier ministre, le milliardaire Aziz Akhannouch, avait déclaré, après sa nomination le 7 octobre, qu’il allait mettre de l’ordre dans la maison et rééduquer les Marocains. Cette volonté de mettre au pas la population laborieuse commence par l’instauration du passe sanitaire.

    Lutte ouvrière, 27/10/2021

  • Maroc : La BAD débourse 114 millions d’euros

    Maroc : La BAD débourse 114 millions d’euros pour soutenir une agriculture plus résiliente et plus inclusive

    Le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a approuvé, mercredi à Abidjan, un prêt de plus de 114 millions d’euros en faveur du Maroc pour financer le Programme d’appui au développement inclusif et durable des zones agricoles et rurales (PADIDZAR).

    Ce nouveau projet d’adaptation climatique, qui constitue le premier financement axé sur les résultats dans le secteur agricole en Afrique du Nord, contribuera à renforcer la résilience de l’agriculture marocaine face aux effets du changement climatique afin d’améliorer les conditions de vie des populations rurales.

    Le programme déploiera une approche de développement plus durable et plus inclusive et favorisera l’émergence d’une classe moyenne, notamment par la création d’emplois en milieu rural et l’appui aux jeunes et femmes entrepreneurs agricoles.

    Afin de renforcer la résilience climatique de l’agriculture marocaine, en particulier pour les petits producteurs, le programme soutiendra une utilisation plus efficiente des ressources en eau avec une meilleure valorisation de l’eau d’irrigation et introduira de nouvelles techniques de conversion du sol. Il permettra également de renforcer les capacités des acteurs, notamment les associations des usagers des eaux agricoles et les coopératives agricoles.

    « Une agriculture plus durable, plus résiliente et plus inclusive, c’est notre priorité avec cette opération, qui soutient la nouvelle vision stratégique du secteur agricole « Génération Green 2020-2030 », a affirmé Mohamed El Azizi, directeur général de la Banque africaine de développement pour l’Afrique du Nord. Notre appui consolide les précédentes réalisations qui, sur plus d’une décennie, ont permis de passer d’une logique de production à une logique de transformation avec une plus grande valeur ajoutée, au bénéfice des populations rurales. »

    Le programme appuiera ainsi le développement de systèmes de production plus efficients, plus résilients et plus durables. Il œuvrera à l’amélioration des chaînes de valeur toujours plus inclusives, plus performantes et plus pérennes. Il soutiendra également le renforcement des capacités institutionnelles pour faciliter la mise en œuvre des réformes et l’exécution des investissements.

    « Premier financement axé sur les résultats dans le secteur agricole en Afrique du Nord, il porte en lui l’exigence, encore plus forte, d’inclusion, de performance et de durabilité, a souligné Achraf Hassan Tarsim, le responsable-pays de la Banque pour le Maroc. L’amélioration de l’efficience et de la résilience climatique des périmètres irrigués, la promotion des femmes, l’appui aux jeunes entrepreneurs et la formation des producteurs ouvriront, entre autres, le champ des possibles dans ce secteur, en particulier pour les petites et moyennes exploitations. Nous aiderons ainsi à créer de nouveaux emplois pour améliorer durablement les conditions de vie des populations rurales. »

    Le programme est aligné sur les cinq priorités stratégiques de la Banque, les « High 5 » en particulier la réalisation des objectifs « nourrir l’Afrique » et « améliorer la qualité de vie des populations africaines ». Il soutient également la nouvelle stratégie agricole du Royaume du Maroc, intitulée « Génération Green 2020-2030 », et le Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027.

    L’engagement de la Banque africaine de développement au Maroc, depuis un demi-siècle, s’élève à plus de dix milliards d’euros. Les financements couvrent les secteurs de la santé, de l’énergie, de l’eau, des transports, du développement humain, de l’agriculture et du secteur financier.

    BAD, 27/10/2021

  • Maroc: le tatouage berbère traditionnel en passe de disparaître

    Maroc: le tatouage berbère traditionnel en passe de disparaître. Depuis les années 60, les tatouages berbères disparaissent lentement.

    La ville marocaine de Khémisset est surtout connue pour ces tapis, riches de motifs berbères, tout comme le sont les tatouages traditionnels que portent encore certaines femmes.

    Depuis les années 60, les tatouages berbères disparaissent pourtant lentement. Ighoudane et Fatima font partie d’une minorité de femmes qui conservent sur la peau ces dessins symboles de l’histoire et de la culture berbère.

    « À l’époque, il y avait plusieurs modèles de tatouage et chacun choisissait ce qu’il voulait. Les tatoueurs piquaient la peau avec une aiguille et plaçaient du charbon noir dans les orifices avant de refermer. C’était très douloureux. J’ai attendu une semaine qu’une croûte se forme sur mon visage. Je l’ai ensuite enlevée et c’est à ce moment-là que j’ai pu voir le résultat final et le tatouage », raconte Ighoudane Taguelmane, 86 ans, habitante de Khémisset.

    « Le tatouage berbère était totalement différent de ce que nous voyons aujourd’hui. Il avait plusieurs significations et différents motifs ayant chacun leur propre symbolique. Mais de nos jours, les tatouages modernes ne ressemblent plus à ça. Ils viennent d’autres pays et les jeunes les préfèrent », ajoute son amie Fatima Masoudi,89 ans.

    Les Berbères sont un groupe ethnique autochtone d’Afrique du Nord. Ils habitaient le plus souvent dans les zones montagneuses ou désertiques. Plus qu’ornemental, le tatouage avait alors une fonction sociale et identitaire puisque spécifique à une tribu dont la plupart des symboles caractéristiques se retrouvaient aussi sur d’autres supports.

    « Les Berbères utilisent de nombreux symboles, sur les tapis, les parures pour les femmes, ainsi que pour les tatouages. Les signes sont multiples, il y a par exemple les triangles et les demi-cercles. On les retrouve sur les boucles d’oreilles, les bracelets, les chaînes de cheville. Nous voyons aussi ces symboles sur de nombreuses robes et sur les costumes berbères, que ce soit pour les femmes ou les hommes », détaille l’historien Mohamed Es-Semmar.

    De tout temps, le tatouage a été une coutume chez les femmes berbères, mais la tradition se perd, effacée doucement par la modernité et la disparition des tribus berbères, mais aussi les interdictions et préceptes religieux.

    Africanews, 27/10/2021

  • Maroc-procès de Raïssouni: RSF appelle au respect des délais

    Maroc-procès de Raïssouni: RSF appelle au respect des délais. Respecter les standards internationaux en matière de délai raisonnable de la procédure » liée au procès du journaliste Souleiman Raissouni

    L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé, mercredi, la justice marocaine à respecter les délais raisonnables pour le procès du journaliste Souleiman Raissouni, en prison depuis plusieurs mois, et dont la phase de jugement en appel a commencé.

    Sur sa page Twitter, l’organisation RSF a appelé la justice marocaine à « respecter les standards internationaux en matière de délai raisonnable de la procédure » liée au procès du journaliste Souleiman Raissouni. Auparavant, la cour d’appel de Casablanca a reporté l’audience du journaliste Souleiman Raissouni, pour la deuxième fois consécutive, au 3 novembre.

    La défense a de nouveau déposé une demande de mise en liberté provisoire de son client. Plusieurs organisations de défense des droits humains et acteurs civils et politiques au Maroc et à l’étranger avaient précédemment appelé à la libération de Raissouni et de tous les détenus politiques au Maroc.

    Le rédacteur en chef du quotidien Akhbar al Yaoum (interdit de parution depuis mars 2021), a été condamné en première instance le 10 juillet dernier, à cinq ans de prison ferme après un procès entaché d’ »irrégularités manifestes », selon des juristes et des organisations, Souleiman Raissouni ayant toujours contesté les faits qui lui sont reprochés (séquestration et viol).

    L’été dernier, il avait observé une grève de la faim pendant 122 jours pour protester contre la prolongation de sa détention provisoire pendant plus d’un an. Son action lui a laissé d’importantes séquelles. Les juristes considèrent que l’accusation contre Raissouni est de nature politique, en raison de ses articles critiques envers le pouvoir. Deux autres journalistes marocains sont également dans le collimateur du régime marocain.

    Le journaliste Omar Radi a été condamné à six ans de prison ferme pour « viol » et « espionnage ». Le fondateur du quotidien Akhbar al Yaoum Taoufik Bouachrine a lui aussi été condamné à 15 ans de prison pour des violences sexuelles qu’il a toujours niées.