Catégorie : Maroc

  • Maroc : campagne contre l’ambassade d’Israël

    Les réseaux sociaux au Maroc sont actuellement le cadre d’une campagne hostile à l’ambassadeur d’Israël au Maroc, David Guvrin, entré en fonction au mois de janvier dernier. L’Opération « Gardiens des Murailles » et les émeutes arabes ont attisé l’antisémitisme qui sévit dans certains milieux islamiques au Maroc qui appellent le gouvernement marocain à expulser l’ambassadeur du pays.

    Cela va si loin que l’ambassadeur est actuellement obligé de séjourner dans un hôtel dont le nom a été gardé secret avec son personnel, des habitants refusant de leur louer des logements et des bureaux. Les médias marocains ont relevé que l’ambassadeur a du mal à trouer un logement ainsi que des bureaux du fait de l’hostilité à son égard.

    Poussant à l’hystérie, des internautes tentent de repérer les endroits où se rend le diplomates et s’y rendant ensuite pour « désinfecter » les lieux, en répandant des produits désinfectants et accrochants des drapeaux de l’OLP.

    L’ambassadeur serait également retourné discrètement en Israël pendant l’Opération « Gardiens des Murailles ».

    LPH, 10 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Israël, normalisation, David Guvrin, l’ambassadeur d’Israël au Maroc,

  • Le PE votera demain une résolution très dur pour le Maroc

    Le Parlement rejette l’utilisation de mineurs par le Maroc pour faire pression sur l’Espagne

    Strasbourg (France), 8 juin (EFE) – Les quatre principaux groupes du Parlement européen (PE) ont convenu aujourd’hui que la résolution que la plénière votera demain, jeudi, sur l’utilisation de mineurs par le Maroc dans la récente crise migratoire condamne « l’utilisation des contrôles aux frontières, de la migration et des mineurs non accompagnés » comme « pression politique » contre un pays européen, en référence à l’Espagne.

    Le texte, qui a été approuvé par les partis populaires, socialistes, libéraux et verts, déplore « la participation d’enfants, de mineurs non accompagnés et de familles » à l’entrée massive du Maroc à Ceuta, mettant « leur vie et leur sécurité en danger » et regrette en même temps la crise politique et diplomatique entre le pays nord-africain et l’Espagne.

    Cette crise, soulignent-ils, ne doit pas remettre en cause les relations « stratégiques, multidimensionnelles et privilégiées » entre le Maroc et l’Union européenne ni la coopération dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et d’êtres humains ou la migration.

    La résolution, promue par Ciudadanos et qui sera votée demain, jeudi, après un débat sur la question, demande que les « désaccords bilatéraux » entre l’Espagne et le Maroc soient traités par le biais du dialogue diplomatique.

    Il exhorte également le Maroc à respecter son engagement en faveur d’une coopération renforcée en matière de gestion des frontières et de mobilité migratoire « dans un esprit de dialogue ».

    Les députés demanderont également à l’Espagne et au Maroc de travailler ensemble pour permettre le rapatriement des mineurs vers leurs familles, après que des milliers de personnes soient entrées de manière inattendue sur le territoire espagnol en mai dernier.

    Les députés soulignent également que Ceuta « est une frontière extérieure de l’Union dont la protection et la sécurité concernent l’ensemble de l’Union », applaudissent la réaction de Frontex qui a offert des ressources à l’Espagne pour gérer la crise et demandent à la Commission européenne de fournir au gouvernement un financement d’urgence supplémentaire pour faire face à la crise, en augmentant la capacité d’hébergement des mineurs non accompagnés.

    Le Parlement européen « exprime également sa pleine solidarité avec les citoyens de Ceuta » et apprécie le professionnalisme et l’efficacité dont ils ont fait preuve avec les forces de l’ordre espagnoles et les ONG sur le terrain pour « faire face aux crises et contribuer à sauver de nombreuses vies ».

    Six des sept groupes politiques représentés au Parlement européen avaient déposé des propositions de résolution avant le débat de demain, avec un vocabulaire différent pour évoquer la crise migratoire à Ceuta, mais ce sont finalement les Populaires, les Socialistes, les Libéraux et les Verts qui se sont mis d’accord sur un texte qui devrait recevoir le soutien de l’ensemble de l’Assemblée.

    Mercredi, le ministre marocain des affaires étrangères, Naser Burita, a déclaré que le gouvernement espagnol « tente d’européaniser une crise qui est bilatérale » entre le Maroc et l’Espagne et qui « n’a pas pris fin le 1er juin » avec le départ du territoire espagnol du chef du Front Polisario, Brahim Ghali.

    « La crise est là parce que ses causes profondes perdurent », a poursuivi M. Burita, qui estime que « l’européanisation de cette crise est une fuite en avant, une façon de détourner l’attention ». EFE

    Swissinfo, 09 juin 2021

  • Le Maroc rouvre ses frontières aux voyageurs internationaux

    A partir du 15 juin 2021, les vols internationaux vers le Maroc reprendront et les voyageurs en provenance des principaux marchés sources touristiques auront accès au territoire marocain s’ils disposent d’un certificat de vaccination et/ou d’un test PCR négatif au moins 48 heures avant la date d’entrée sur le territoire marocain.

    Les pays concernés sont tous les pays de l’Union européenne (à l’exception de la Lituanie), le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, la Russie, la Chine et tout pays membre de l’ONU qui ne figure pas sur la liste B du ministère marocain de la santé (liste B disponible sur demande).

    L’Office national marocain du tourisme (ONTM) souhaite vivement que le pays figure sur la liste des voyages verts du Royaume-Uni, en raison des faibles taux de covidés et du succès du programme de vaccination qui a permis à plus de 9 millions de personnes de recevoir au moins un vaccin sur une population cible de 25 millions. Actuellement, le Maroc ne compte que 2500 cas actifs après l’extension des campagnes de vaccination dans le pays et le programme de vaccination est le meilleur d’Afrique.

    Jamal Kilito, directeur de MNTO pour le Royaume-Uni et l’Irlande, a déclaré : « Alors que nous sortons de la pandémie, nous sommes impatients d’accueillir les voyageurs au Royaume du Maroc, où ils pourront vivre une expérience touristique exceptionnelle en toute sérénité. Avec des mesures de santé et de sécurité sûres en place, nous sommes convaincus que nous pouvons reconstruire notre industrie du tourisme et fournir aux voyageurs le chaleureux accueil marocain qu’ils ont toujours apprécié et nous encourageons autant de visiteurs que possible à redécouvrir cette magnifique destination cet été. »

    Le Maroc offre authenticité et diversité, et donne aux voyageurs l’occasion de découvrir une culture chargée d’histoire. Outre les destinations populaires de Marrakech, Agadir et Fès, le pays offre aux visiteurs des expériences accessibles dans le désert, des randonnées dans les montagnes de l’Atlas, de nombreuses plages et des sports nautiques, ainsi que la détente et des paysages pittoresques, le tout sur fond des meilleures normes sanitaires.

    Travel Daily Media, 09 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, ouverture des fronitères, tourisme, vacances, loisirs, confinement, vaccination, test PCR,

  • Le Maroc utilise la justice pour contrôler la politique (Wikileaks)

    Maroc, Wikileaks, Justice, répression, #Maroc, #Wikileaks,

    « D’autres pays utilisent l’armée ou la police pour contrôler la politique, mais au Maroc, nous utilisons le système judiciaire.

    La justice au Maroc n’est pas indépendante et les magistrats sont souvent incompétents. Le mauvais fonctionnement du troisième pouvoir est une « entrave au développement du pays ». « L’utilisation systématique de l’appareil judiciaire pour atteindre des objectifs politiques sape également les efforts louables visant à promouvoir la réforme judiciaire et la transparence ».

    Après avoir consulté plusieurs personnalités et experts, dont certains juges et procureurs en activité, l’ambassade des Etats-Unis à Rabat a fait, fin août de l’année dernière, une description peu relouisante du fonctionnement de la Justice au Maroc. Abelaziz Nouyidi, avocat et défenseur des droits de l’homme, résume une opinion largement répandue : « Quand il s’agit de quelque chose de politique, l’indépendance [du pouvoir judiciaire] est nulle. Quand il s’agit de quelque chose en rapport avec la presse, l’indépendance est égale à zéro. Dans d’autres cas, il y a un peu plus de place pour l’indépendance, mais pas beaucoup non plus.

    Nouyidi se souvient qu’il se trouvait dans le cabinet d’un juge lorsqu’il a reçu un appel du ministère de l’intérieur. Le magistrat a expliqué au téléphone qu’il s’était exécuté : « La peine était celle que vous vouliez ». Plus crûment, un procureur a avoué à l’ambassade américaine : « D’autres pays utilisent l’armée ou la police pour contrôler la politique, mais au Maroc, nous utilisons le système judiciaire.

    Arrêté après avoir gagné aux urnes

    De nombreux exemples le prouvent. Said Yabou, du parti de l’Istiqlal dirigé par le Premier ministre, a été élu maire de Youssoufia, une banlieue de Rabat, en 2009 par les conseillers municipaux contre un candidat du parti Authenticité et Modernité fondé par Fouad Ali el Himma, un proche du roi Mohammed VI. Immédiatement après avoir remporté le vote, Yabou « a été arrêté, en violation de la procédure judiciaire, et accusé de fraude ». « Il a rapidement été reconnu coupable, condamné à deux ans de prison et a perdu » le poste de maire. Ce qui s’est passé « illustre comment l’appareil judiciaire peut être utilisé pour atteindre des objectifs politiques », selon le rapport de l’ambassade.

    Pour convaincre les juges de suivre les instructions du ministère de la Justice, « il n’est pas nécessaire de déranger » l’équivalent marocain du Conseil général du pouvoir judiciaire en Espagne. « Si le ministère veut punir un juge pour avoir été trop indépendant (…) il suffit de le nommer à un poste indésirable, quelque part dans le désert, et de ne pas lui permettre de gravir les échelons », explique un magistrat.

    « La capacité du ministère de la Justice à promouvoir ou à transférer les juges rend difficile pour eux de contredire les instructions de l’autorité, même lorsque la sentence qu’ils s’apprêtaient à promulguer était conforme à la loi », écrit le chargé d’affaires. Le ministre de la Justice, Mohamed Taieb Naciri, est également un ministre dit « de souveraineté », c’est-à-dire directement nommé par le roi Mohamed VI.

    Le ministère de la justice n’est pas le seul à avoir une influence sur les juges, mais aussi la Cour suprême et ceux qui « ont accès ou sont amis avec le palais royal », affirme l’avocat Abelaziz Nouyidi. Le degré de perversion de la justice est tel que « lorsque les juges ne reçoivent pas d’instructions explicites sur une affaire donnée, ils agissent généralement en fonction de ce qu’ils pensent être les préférences du ministère », explique M. Nouyidi.

    Des juges dociles

    Ce n’est pas seulement le poids décisif du ministère qui porte atteinte à l’indépendance des juges. Filali Meknassi, de la branche marocaine de Transparency International, « souligne que la propension croissante à la corruption a rendu les juges dociles et peu complaisants lorsqu’ils reçoivent des instructions d’en haut. À la fin de sa carrière, un juge peut gagner 3 050 euros par mois, mais ce salaire n’est pas à la hauteur du style de vie somptueux dont jouissent de nombreux magistrats, indique M. Meknassi de Transparency International.

    Enfin, l’incompétence des juges est un autre obstacle à leur indépendance. Un magistrat a admis devant des diplomates américains qu’ »un nombre étonnamment élevé de juges ne connaissent pas suffisamment la loi pour l’appliquer correctement (…) ». Ils s’appuient sur les conseils du ministère de la justice comme une « béquille » pour compenser leurs lacunes.

    En 1998, alors que 80 % du contrat est achevé, le ministère marocain des travaux publics met en doute la stabilité des quais – ce que FCC dément -, arrête les travaux et confisque le matériel. La société espagnole a poursuivi l’autorité portuaire pour rupture de contrat devant le tribunal administratif d’Agadir et a été condamnée à une amende de 11 millions d’euros en 2001. Le verdict a fait fuir les entreprises de construction espagnoles.

    Bien que le rapport ne le rappelle pas, l’absence pendant de nombreuses années d’entreprises de construction espagnoles au Maroc trouve son origine dans une sentence judiciaire. En 1996, l’Autorité portuaire marocaine a attribué à FCC la construction d’un quai à Agadir, l’extension d’un autre quai et un contre-quai pour un montant de 20 millions d’euros financé par un prêt bonifié espagnol.

    L’ambassade américaine reproche également au ministère de la Justice de s’être adapté, entre 2003 et 2008, à « la présence croissante de salafistes [islamistes radicaux] dans les prisons en leur accordant de plus en plus de privilèges », selon un rapport exhaustif de mai 2009. L’évasion, en avril 2008, de neuf prisonniers islamistes de premier plan de la prison de Kenitra a incité le roi à transférer l’administration pénitentiaire du ministère de la Justice à la présidence du gouvernement, la rendant ainsi encore plus dépendante du palais, et à placer à sa tête un ancien directeur de la police, Moulay Hafid Benhachem.

    Le racket en prison

    Il a « mis fin à la politique d’apaisement avec les prisonniers salafistes – concentrés à Tétouan, Salé et Casablanca – qui avaient obtenu des privilèges sans précédent », rappelle le rapport. Malgré cela, « ils ont toujours un accès facile aux téléphones portables » et profitent des transactions de la prison. « Avec le soutien de Mohamed VI et un budget plus généreux, Benhacem a amélioré la sécurité, augmenté les rations alimentaires et lancé un ambitieux programme de construction, mais les problèmes persistent », a déclaré l’ambassade.

    Quels sont les problèmes ? Dans les 59 prisons du Maroc, il y avait 60 000 prisonniers il y a un an – les islamistes en comptent environ 1 000 – qui disposaient de 1,6 mètre carré par personne, bien que l’objectif soit de porter ce chiffre à trois mètres. Les normes internationales prévoient neuf mètres par prisonnier. L’État marocain dépensait 0,75 centime d’euro par jour pour chaque prisonnier. Près de la moitié des prisonniers étaient en détention provisoire. D’où la surpopulation, qui n’est soulagée que par les grâces massives accordées par Mohamed VI à l’occasion des grandes fêtes religieuses.

    Source : Marocleaks, 06 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, justice, développement, Wikileaks, Abelaziz Nouyidi,

  • Crise entre le Maroc et l’Allemagne : Du partenariat à l’ère glaciaire

    Le Maroc et l’Union européenne se chamaillent sur la question du Sahara occidental. L’Allemagne ne soutenant pas les revendications marocaines sur le territoire, un conflit massif a éclaté entre les deux pays. La crise germano-marocaine devient coûteuse – pour les deux parties, comme le rapporte Hans-Christian Rößler.

    Brahim Ghali est parti, mais la crise est toujours là. Dans la nuit de mercredi à jeudi (02.06.), le chef du Front Polisario de libération du Sahara occidental a quitté l’Espagne. Mais son retour en Algérie ne signifie pas un apaisement des tensions entre le Maroc et l’Espagne – ou avec le reste de l’Union européenne. Avant même que Ghali ne quitte l’hôpital espagnol où il était traité pour une infection au covid, le gouvernement de Rabat avait clairement fait savoir que l’enquête contre Ghali n’était pas au centre du mécontentement.

    La question est la reconnaissance européenne des revendications marocaines sur le Sahara occidental. La déclaration était accompagnée de deux menaces qui sont également susceptibles de susciter l’inquiétude à Berlin : elle rappelle explicitement l’importance du Maroc en tant que partenaire dans la lutte contre le terrorisme djihadiste et la migration illégale ; « 82 actes terroristes ont été neutralisés » grâce à cela. Il y a un peu plus de deux semaines, les forces de sécurité marocaines avaient montré à Ceuta ce qui se passe lorsqu’elles interrompent leur travail aux frontières. Près de 10 000 Marocains étaient alors arrivés dans l’exclave espagnole.

    La coopération en matière de sécurité est suspendue

    Le Maroc a cessé sa coopération en matière de sécurité avec l’Espagne, selon Rabat. L’Allemagne a été touchée plus tôt. « La coopération sécuritaire germano-marocaine dans le secteur de la police a été temporairement suspendue », a déclaré un porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur au Frankfurter Allgemeine Zeitung de Berlin. Les forces de sécurité marocaines s’étaient vantées par le passé que leurs informations auraient pu empêcher l’attaque terroriste de décembre 2016 sur le marché de Noël de Breitscheidplatz à Berlin. Les Marocains et les Tunisiens constituaient récemment la majorité des terroristes en Europe.

    Le gouvernement allemand se dit déterminé à « reprendre la coopération en temps voulu. » Mais on en est encore loin puisque le gouvernement marocain a cessé ses contacts avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat et que l’ambassadeur du Maroc a quitté Berlin. À Madrid, le blocus, qui a commencé pour l’Allemagne en mars et qui devient peu à peu coûteux pour les deux parties, devrait durer longtemps.

    Les deux pays sont en fait liés par une coopération au développement de longue date et fructueuse. L’année dernière, le pays d’Afrique du Nord a reçu des promesses allemandes de 420 millions d’euros, principalement sous forme de prêts. En raison de la crise de Corona, des prêts supplémentaires de 717 millions d’euros ont été ajoutés, selon le ministère allemand du développement (BMZ). « En raison de la crise diplomatique déclenchée par le Maroc, les activités de projet dans le domaine de la coopération au développement gouvernementale et non gouvernementale ont dû être interrompues depuis mars 2021 », indique un porte-parole.

    Cela concerne en particulier l’alliance germano-marocaine pour l’hydrogène, qui prévoit la construction de la première « usine de référence à grande échelle » pour l’hydrogène vert en Afrique. Son coût devrait s’élever à 325 millions d’euros, dont une grande partie sera financée par des prêts et des subventions accordés par la banque de développement KfW au nom du gouvernement allemand. « Actuellement, les activités des projets en cours sont reportées », déclare diplomatiquement le porte-parole du BMZ.

    Projets de coopération au développement en attente

    Au Maroc, l’âge de glace est fortement ressenti non seulement par les fondations politiques mais aussi par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Elle est active au Maroc pour le compte du gouvernement allemand depuis 1975. Mais les ministères et les autorités marocaines ont également cessé leurs contacts avec la GIZ en mars. « Le manque d’échanges avec les partenaires marocains fait que le travail dans la cinquantaine de projets que la GIZ met en œuvre au Maroc ne peut être réalisé que de manière limitée », explique une porte-parole de la GIZ. En termes de personnel, cela n’a pas eu de conséquences jusqu’à présent : Les quelque 300 membres du personnel national et détaché de la GIZ « sont toujours sur le terrain » – même s’ils n’ont actuellement pas grand-chose à faire.

    Depuis plus d’un quart d’année, le Maroc est privé d’importants fonds publics et privés en provenance d’Allemagne. Il n’est pas possible de transférer simplement des sommes importantes de l’argent des contribuables à des agences gouvernementales sur place, qui ne sont alors plus accessibles pour le suivi. Après l’Afrique du Sud, le Maroc est également le deuxième site d’investissement le plus important pour les entreprises allemandes en Afrique. Avec près de 80 entreprises allemandes, 30 000 employés y réalisent un chiffre d’affaires de près de deux milliards d’euros. « Cela affecte les entreprises qui travaillent avec des partenaires étatiques dans des domaines tels que la santé et l’énergie, qui n’ont désormais plus aucun contact avec eux », déclare le directeur général de l’Association africaine des entreprises allemandes, Christoph Kannengießer.

    Cela a également des conséquences pour les nouveaux investisseurs. À l’origine, l’Association Afrique voulait se rendre au Maroc avec des entrepreneurs allemands pour les informer sur les projets relatifs à l’hydrogène. Mais le pays d’Afrique du Nord ne dépend pas des Allemands ou des Espagnols. « Il y a toujours des alternatives pour les deux parties. La Chine, la Russie, la Turquie et les États du Golfe s’efforcent d’étendre leur influence au Maroc et au Maghreb », déclare Christoph Kannengießer.

    Dispute sur la Libye

    Le Maroc lui-même a également des ambitions politiques en Afrique du Nord. Cela vaut surtout pour une solution au conflit libyen, dans lequel le gouvernement de Rabat se voit exclu et entravé par l’Allemagne. C’est au moins l’une des raisons de la suspension diplomatique du contact, qui ne peut toutefois pas être comprise au Foreign Office : Deux semaines à peine avant le rappel de l’ambassadeur marocain et la publication du communiqué correspondant le 6 mai, le Maroc avait participé à une réunion en Libye présidée par le ministre des affaires étrangères Heiko Maas.

    Peu avant, le Maroc avait été invité à la deuxième conférence de Berlin sur la Libye, fin juin. L’accusation marocaine selon laquelle l’Allemagne souhaitait que le Maroc ne joue aucun rôle dans les efforts de paix n’avait aucun fondement, selon le ministère allemand des affaires étrangères. C’est une raison aussi incompréhensible pour suspendre la coopération que pour aggraver la crise en rappelant l’ambassadeur.

    Hans-Christian Rößler

    © Frankfurter Allgemeine Zeitung 2021

    Qantara.de, 07 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental, Union Européenne, UE,

  • Le Maroc rouvre ses frontières aux Belges

    À partir de la semaine prochaine, le Maroc rouvre ses aéroports aux vols étrangers. Les personnes originaires de Belgique souhaitant se rendre au Maroc devront présenter un certificat de vaccination ou des tests PCR négatifs effectués dans les dernières 48 heures.

    À l’instar d’autres pays de l’UE, la Belgique figurera sur la liste A du Maroc des pays dont les indicateurs corona sont positifs. À partir du 15 juin, les ressortissants marocains et étrangers devront présenter le certificat de vaccination ou un test PCR négatif récent pour entrer dans le pays.

    Se rendre au Maroc par bateau redevient également possible. Les voyageurs devront présenter un test négatif avant le départ et devront en effectuer un second en cours de route.

    Les voyages au Maroc à partir de la Belgique sont interdits depuis le début du mois de mars en raison de la situation épidémiologique dans le pays.

    VRT NWS, 07 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Belgique, voyages, tourisme, ouverture des frontières, conditions d’entrée,

  • Le Maroc s’apprête à ouvrir ses frontières au monde

    Le Maroc s’apprête à ouvrir ses frontières aux arrivées internationales

    Le Maroc rouvre ses frontières aux vols internationaux et aux voyageurs en provenance des principaux marchés touristiques à partir de la semaine prochaine.

    Les arrivées à partir du 15 juin nécessiteront un certificat de vaccination et/ou un test PCR négatif au moins 48 heures avant la date d’entrée.

    L’assouplissement des contrôles aux frontières concerne le Royaume-Uni, tous les pays de l’Union européenne sauf la Lituanie, les États-Unis, le Canada, la Russie et la Chine.

    Les vols entre le Maroc et le Royaume-Uni ont été suspendus avant Noël et le pays figure désormais sur la liste orange du Royaume-Uni, qui exige une quarantaine de dix jours au retour.

    L’Office national marocain du tourisme souhaite vivement que le pays figure sur la liste verte du Royaume-Uni, en raison des faibles taux de covidie et d’un programme de vaccination qui a permis à plus de 9 millions de personnes de recevoir au moins un vaccin sur une population cible de 25 millions.

    Le Maroc compte 2500 cas actifs après l’extension du programme de vaccination dans le pays, revendiqué comme le meilleur d’Afrique.

    Jamal Kilito, directeur de MNTO Royaume-Uni et Irlande, a déclaré : « Alors que nous sortons de la pandémie, nous sommes impatients d’accueillir les voyageurs au Royaume du Maroc, où ils pourront vivre une expérience touristique exceptionnelle en toute tranquillité d’esprit ».

    « Avec des mesures de santé et de sécurité sécurisées en place, nous sommes confiants dans notre capacité à reconstruire notre industrie du tourisme et à fournir aux voyageurs le chaleureux accueil marocain qu’ils ont toujours apprécié et nous encourageons autant de visiteurs que possible à redécouvrir cette magnifique destination cet été. »

    Travel Weekly, 07 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, ouverture des frontières, covid 19, pandémie, voyages, tourisme,

  • Maroc : Benyaich, la « sœur espagnole » de Mohamed VI.

    L’ambassadrice Karima Benyaich Millán, la « sœur espagnole » de Mohamed VI.

    Avec une mère originaire de Grenade et un père marocain doué pour le chant flamenco, le diplomate a été au cœur de la crise avec Rabat.

    Son père avait duende. Marocain mais avec une voix pour le cante jondo digne d’accompagner le grand José Menese. Sa mère, de Grenade, de l’Albaicín. Fadel Beyaich et Carmen Millán se sont rencontrés dans la ville de l’Alhambra. Le Marocain fréquentait la Peña la Platería et étudiait la médecine. Fadel et Carmen tombent amoureux et luttent contre les reproches de sa famille très traditionnelle. À Tetuan, ils se sont mariés. Karima Benyaich Millán, ambassadrice du Maroc en Espagne en ce moment critique pour les relations entre les deux pays, est la sœur espagnole de Mohamed VI.

    Sa phrase, « il y a des actes qui ont des conséquences et il faut les assumer », en relation avec l’accueil temporaire en Espagne pour assister le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, pour cause de maladie, rend claire la tension entre Rabat et Madrid. Benyaich a été convoqué pour des consultations le 18 mai et se trouve toujours au Maroc, sans date de retour imminente. Le leader sahraoui est à Alger depuis la nuit du 1er juin.

    L’actuel roi du Maroc et les deux enfants de Fadel Benyaich et Carmen Millan ont grandi ensemble. Un malheur a marqué la vie du couple hispano-marocain. Le 10 juillet 1971, la vie de Karima Beyaich Millán a été bouleversée.

    C’était le 50e anniversaire de la tentative de coup d’État contre Hassan II. Le roi a survécu à la tentative, qui a eu lieu le jour de son 42e anniversaire. Mais le père de Karima, Fadel, le médecin du roi, est mort. Karima avait alors 10 ans. Son jeune frère Fadel Mohamed avait neuf ans.

    « Malheureusement, j’avais dix ans quand mon père est mort. Il avait beaucoup de rêves pour sa ville, Tétouan, où il avait passé toute sa vie. Je suis heureuse de contribuer un peu maintenant », disait-elle en 2011 lors de sa venue dans sa ville natale pour un festival Women’s Voices.

    Le roi avait organisé une grande fête dans un hôtel de luxe à Sijrat. Des militaires ont pris d’assaut le lieu mais le roi lui a sauvé la vie. Il a pu se cacher dans les toilettes. Le père de Karima et de Fadel est tombé lors de la fusillade sur la plage. Après cette tentative de coup d’État, Hassan II punit d’une main de fer toute velléité de dissidence.

    Les Benyaichs à la cour de Hassan II

    Après la mort du patriarche, Carmen Millán, l’épouse de Fadel, originaire de Grenade, et ses enfants, dont Karima, font partie de la cour. Les relations avec Hassan II et ses enfants sont devenues aussi étroites que si elles étaient familiales. Karima est une amie proche des sœurs du roi Mohammed VI, notamment de Lalla Hana. Karima et son frère Fadel ont fait leurs études au Royal College. Ils font partie de la cour.

    Preuve du traitement dont bénéficient les Benyaich, leur frère Fadel Mohamed a d’abord été ambassadeur en Espagne, puis Karima lui a succédé, après presque une décennie comme ambassadeur à Lisbonne. Karima est la première femme à représenter le Royaume du Maroc en Espagne.

    Karima Benyaich Millán (Tetuán, 1961), de nationalité espagnole, est encore ambassadrice du Royaume du Maroc dans notre pays, bien que l’on ne sache pas si elle y retournera. La récente crise, qui s’est concentrée à Ceuta, a laissé les relations entre Rabat et Madrid en mauvais état.

    « Les conséquences » auxquelles l’ambassadeur a fait allusion ont conduit à l’arrivée de quelque 8 000 migrants à Ceuta en un seul jour, lorsque le Maroc a ouvert ses portes du jour au lendemain. Tous sont maintenant rentrés, sauf les mineurs, qui ne peuvent être expulsés.

    Après ce jour où les Marocains et les Subsahariens ont gagné Ceuta à la nage, l’ambassadeur Benyaich a dû se rendre d’urgence au Palais de Santa Cruz. Elle y a rencontré la ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha González Laya. Ce n’était pas la première fois. En 2020, elle a déjà dû comparaître devant Laya pour des déclarations dans lesquelles elle soutenait que Ceuta et Melilla étaient aussi marocaines que le Sahara.

    C’est d’ailleurs ce que soutient son frère, le roi Mohammed VI. Il est rare que Karima Benyaich dise quelque chose qui exprime la volonté du palais, car elle fait partie de la cour du roi actuel. L’héritier, Moulay Hassan, penche cependant pour sa mère, Lalla Salma, séparée du monarque, mais qui possède encore une grande ascendance grâce à son premier-né. Il vient d’avoir 18 ans.

    Cette tension actuelle entre le gouvernement des socialistes et de Podemos et le royaume alaouite contraste avec les premiers jours du gouvernement Sanchez, où l’on commémorait les vingt ans de l’accession au trône de Mohammed VI.

    Lors de la fête à l’ambassade, Karima Benyaich Millán a reçu avec une grande hospitalité les ministres encore en exercice, Fernando Grande-Marlaska, de l’Intérieur, Dolores Delgado, alors à la tête de la Justice, la vice-présidente Carmen Calvo, ou encore Josep Borrell, actuel Haut représentant pour la politique étrangère et la sécurité de l’UE, accompagné de son épouse, la sénatrice Cristina Narbona.

    « Ces photos ont beaucoup d’importance car elles indiquent qui sont les favoris du régime. C’étaient les amis du Maroc. Lorsque le PP était au pouvoir, ils étaient les socialistes », déclare le journaliste marocain Ali Lmrabet. Parmi les politiciens populaires qui étaient également présents, on peut citer Ana Pastor, par exemple.

    De sa vie avant son rôle diplomatique en Espagne, on sait qu’après avoir fait ses études à l’étranger (il a obtenu une maîtrise en économie à Montréal), puis approfondi ses études en commerce et finances internationales, sa thèse portait sur « l’impact de l’intégration de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté européenne sur l’économie marocaine ».

    À son retour au Maroc, il a occupé plusieurs postes liés à la coopération culturelle et scientifique au ministère des affaires étrangères. Il a représenté le Maroc au Conseil permanent de la Francophonie. Lorsque le Comité Averroès a été créé, à la fin du mandat de Felipe Gonzalez, en 1996, Karima Benyaich était présente.

    Au sein du Comité Averroès, Karima Benyaich était la voix du régime. Elle était aussi le censeur en chef. » ALI LMRABET, JOURNALISTE

    « Elle était la voix du régime dans ce comité. L’objectif était de renforcer les relations entre les deux pays. Mais elle était aussi le censeur en chef », explique Ali Lrmabet, qui a été diplomate avant de devenir journaliste. Et il fait allusion à la façon dont il a empêché que son cas soit traité. En mai 2003, Lrmabet a été condamné pour ses articles sur le roi. Après une sévère grève de la faim, il a été gracié.

    Dans le Comité Averroès, Karima Benyaich a coïncidé avec l’arabisant Bernabé Lopez. « Il a dirigé la partie marocaine du Comité Averroès. Aznar a dû l’appliquer après l’accord entre Gonzalez et Hassan II. Il craignait que ce soit un cadeau empoisonné, mais dans un premier temps, il a bien fonctionné. L’objectif était d’améliorer les relations culturelles. Après Perejil, tout s’est écroulé. Et dans la deuxième étape, avec Zapatero et Moratinos, l’expérience que j’ai est négative. S’il y avait des problèmes, ils étaient évités ».

    Origine espagnole, tendance française

    Ceux qui la connaissent notent qu’elle ne parle pas l’espagnol avec un accent andalou, mais avec un léger accent français. On dit même qu’elle est actuellement en couple avec un homme d’affaires français. Elle était mariée à l’homme d’affaires Nasser Bouzza, mais ils sont séparés.

    Bernabé López, originaire de Grenade, se souvient que le père de Karima « chantait comme un ange ». Il a eu la chance de l’écouter avec José Menese en 1965, mais il ne connaissait pas alors sa position à la cour du Maroc.

    Avec les frères Benyaich, qui sont la voix de leur maître, il n’y a pas eu le moindre rapprochement sur le plan culturel ». BERNABÉ LÓPEZ, ARABISTE

    L’arabisant ne cache pas sa frustration à l’égard des fils de l’elfe médecin marocain. « Avec les frères Benyaich, qui sont la voix de leur maître, il n’y a pas eu le moindre rapprochement sur le plan culturel, ce qu’il y avait dans les étapes précédentes. Le meilleur ambassadeur était Omar Azziman, qui était à Madrid entre 2004 et 2010. Maintenant, il est conseiller du roi. A son époque, il y a eu un rapprochement des cultures. Un des éléments qui échoue dans la relation avec le Maroc est l’imaginaire, cette vaseline intellectuelle que fournit la culture ».

    Bernabé López regrette que dans la récente crise « toute la misère de l’autre » ait été mise en lumière. L’ignorance et les préjugés règnent des deux côtés.

    El Independiente, 05 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Karima Benyaich, Makhzen, Hassan II, Mohammed VI,

  • Maroc : Chantage à l’émigration pour de l’argent (NYT)

    Sahara occidental: Le Maroc utilise la question migratoire pour faire pression sur l’Espagne


    Le Maroc utilisait la question migratoire pour faire pression sur l’Espagne pour qu’elle prenne son parti dans le conflit au Sahara occidental et recherchait, par ce procédé, plus de transferts d’argent en guise d’aide financière visant à contenir les migrants illégaux, selon le New York Times (NYT).

    Dans un long reportage sur la crise de Ceuta, paru dans son édition du 2 juin, le quotidien new-yorkais a souligné que « la crise a mis à nu le point de pression que le Maroc a sur l’Espagne en matière de migration ». Les reporters, co-signataires du reportage, ont rappelé que des responsables du gouvernement espagnol et d’autres experts affirment que « le Maroc considère de plus en plus les migrants comme une sorte de monnaie et tire parti de son contrôle sur eux pour extraire des prix financiers et politiques de l’Espagne ». Les reporters ont révélé que quelques heures après que les migrants ont commencé à affluer à Ceuta, l’Espagne a approuvé 30 millions d’euros, soit environ 37 millions de dollars, d’aide pour la police des frontières au Maroc. Il a été constaté, par ailleurs, que les tensions entre les deux pays à propos des migrants se sont aggravées pendant la pandémie de Covid-19, qui « a paralysé les économies des deux côtés de la frontière ».

    Le Maroc a déjà reçu environ 13 milliards d’euros de fonds de développement de l’Union européenne (UE) depuis 2007 en échange de contrôles stricts aux frontières, selon le média. Selon le NYT, les experts disent que le régime marocain, « recherche plus de transferts d’argent cette année ». En s’appuyant sur les déclarations de hauts responsables espagnols, les auteurs ont conclu que « les intérêts du Maroc et ses tensions avec l’Espagne vont cependant au-delà du financement ». « Il n’est pas acceptable qu’un gouvernement autorise des attaques à ses frontières » en raison de désaccords sur la politique étrangère, a déclaré lundi Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, cité par le NYT.

    José Ignacio Torreblanca, professeur de politique à l’Université nationale d’enseignement à distance de Madrid, cité également par le journal, a déclaré que « le Maroc utilisait désormais son contrôle sur les migrants à la frontière pour faire pression sur l’Espagne pour qu’elle prenne son parti dans le conflit du Sahara occidental à l’instar de l’ex président américain Donald Trump », qui, l’année dernière, a reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En deux jours, jusqu’à 12 000 migrants ont traversé la frontière de l’enclave espagnole de Ceuta, engloutissant la ville de 80 000 habitants, ont rappelé les auteurs du reportage du New York Times.

    Depuis le 17 mai, des milliers de candidats à l’émigration, dont de nombreux jeunes, ont afflué illégalement dans l’enclave espagnole les garde-frontières marocains les ayant laissé passer. La plupart ont été refoulés mais plus de 1000 mineurs marocains sont restés à Ceuta, dont beaucoup errent dans les rues. Les autorités de Ceuta s’activent pour tenter de retrouver leurs parents afin d’assurer leur retour, une tâche ardue. Selon Madrid, parmi les migrants, 1.500 étaient des mineurs, tandis que l’association humanitaire Amnesty International a cité le chiffre de 2.000. Les autorités de Ceuta ont accusé le Maroc d’avoir manipulé les mineurs pour les encourager à franchir la frontière afin d’exercer une pression sur Madrid dans le contexte de la crise diplomatique entre les deux pays en raison de la présence sur le territoire espagnol du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins.

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, New York Times,

  • Maroc : un journaliste entre la vie et la mort

    Soulaimane Raissouni : un journaliste entre la vie et la mort

    L’ancien rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar al Yaoum, incarcéré depuis un an sans jugement, poursuit depuis deux mois une grève de la faim qui met ses jours en danger. Ce flamboyant éditorialiste, sans complaisance pour la monarchie, nie en bloc les accusations d’« attentat à la pudeur » et de « séquestration », dont il est l’objet. Retour sur cette affaire, par l’Humanité et Mediapart.

    On ne compte plus, depuis un an, ses comparutions, d’audiences renvoyées en demandes de remise en « liberté provisoire » refusées. Il est apparu sur le banc des accusés, ce jeudi 3 juin, méconnaissable, au 57 e jour d’une grève de la faim qui menace aujourd’hui sa vie : la peau sur les os, les traits émaciés, prostré sur sa chaise, incapable de se tenir debout, la tête dodelinante, entouré comme le plus dangereux des criminels par des haut gradés de la police. Soulaimane Raissouni, éditorialiste à la plume libre et acérée, d’une éloquence impitoyable, le dernier, au Maroc, à oser critiquer de front la monarchie, sa corruption, ses penchants tyranniques, l’injustice sociale sur laquelle elle est assise, se débat aujourd’hui dans l’arbitraire, entre la vie et la mort. Le rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar al Yaoum, asphyxié par le régime, contraint de baisser le rideau voilà trois mois, n’est plus que l’ombre de lui-même.

    Reclus à l’isolement depuis plus d’un an, dans sa geôle de la prison d’Oukacha, à Casablanca, il a perdu près de 40 kilos. Sa vie ne tient plus qu’à un fil et sa jeune épouse, Kholoud, prépare déjà son deuil. Dans un geste désespéré, un cri de révolte contre l’indifférence, elle a posté sur les réseaux sociaux, la semaine dernière, l’image du linceul blanc qu’elle destine à son époux. Soulaimane Raissouni n’aura pas vu grandir leur fils, aujourd’hui âgé de 18 mois. La vie de ce talentueux journaliste a basculé le 22 mai 2020, lorsqu’une escouade de policiers en tenue civile l’ont brutalement appréhendé à l’aube, à son domicile de Casablanca. Sans convocation officielle, ni mandat, sous l’œil de caméras, prévenues pour l’occasion. Il a dû attendre plusieurs jours avant que lui soient notifiées les charges pesant sur lui : attentat à la pudeur et séquestration. Quelques jours plus tôt, la justice s’était saisie des accusations lancées le 14 mai sur le réseau social Facebook par un militant des droits des personnes LGBT. Ce dernier, qui s’exprimait sous le pseudonyme d’Adam Muhammed, affirmait avoir subi « une tentative de viol en 2018 » au domicile du journaliste, sans le nommer. Soulaimane Raissouni nie en bloc ces accusations. Un témoin corrobore sa version : l’employée de maison, présente ce jour-là.

    Les avocats de la défense ont maintes fois demandé au juge d’instruction de l’auditionner. Refus catégorique. Le jeune militant LGBT n’a déposé plainte qu’après l’interpellation du journaliste, annoncée en amont à coups de clairon, selon un procédé bien rodé, par les auxiliaires médiatiques du régime. Dès le 20 mai, le site Barlamane, relais des services de renseignements, annonçait « un scandale honteux », exigeant que le journaliste, qualifié de « déséquilibré » soit traduit en justice. « On se demande ce que vous attendez pour ouvrir une enquête », lisait-on dans ses colonnes, à l’attention du ministère public. « Petite Soulaiminette, c’est l’avant-dernier avertissement avant de te détruire ! », menaçait, trois jours auparavant, le site Internet Chouf TV, véritable organe du régime et de ses basses œuvres, en promettant le « sacrifice » de l’éditorialiste pour l’Aïd el-Fitr, la grande fête de fin du ramadan qui avait lieu, cette année-là, le 24 mai. Promesse tenue… Ces médias connus pour manier la diffamation sur ordre vilipendaient Raissouni depuis des mois. En cause ? Ses éditoriaux au vitriol, n’épargnant ni le roi, ni sa garde rapprochée, ni le tout-puissant chef des services de sécurité, Abdellatif Hammouchi, visé en France par des plaintes pour torture, et dont la convocation par la justice française lors de l’un de ses séjours parisiens avait déclenché, en 2014, une tempête diplomatique entre Paris et Rabat. En cause, encore, ses prises de position en faveur du journaliste Omar Radi, poursuivi pour « espionnage » et « atteinte à la sûreté de l’État » après le scandale suscité par les révélations d’Amnesty international sur l’usage par les autorités marocaines du logiciel espion israélien Pégasus pour le surveiller – plus tard accusé de viol à son tour ( lire notre enquête sur l’affaire Omar Radi).

    En cause, enfin, son soutien sans faille à sa nièce, Hajar Raissouni, 29 ans, elle-même talentueuse journaliste d’ Akhbar al Youm. La jeune femme avait été condamnée, le 30 septembre 2019, sur la base de rapports médicaux truqués, à un an de prison ferme pour « avortement illégal, relations sexuelles illégales, débauche », après son interpellation à la sortie d’une consultation de gynécologie. Devant le tollé suscité au Maroc et à l’étranger par cette incarcération, Hajar Raissouni avait finalement été libérée le 16 octobre, en vertu d’une grâce royale. Cette « stratégie sexuelle » pour démolir les opposants, des journalistes et réduire au silence les voix critiques avait déjà fait tomber une figure d’ Akhbar al Yaoum, son directeur, Taoufik Bouachrine, condamné un an plus tôt à douze ans de prison, au terme d’un procès jugé « inéquitable » par le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, pour « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ». Peine alourdie en appel à quinze ans de prison ferme. Dans le dossier Bouachrine, sur les quinze plaignantes initialement recensées par la presse marocaine, huit avaient finalement manifesté le refus de témoigner contre lui, ou s’étaient ouvertement rétractées. L’une d’entre elles, Afaf Bernani, avait même été condamnée pour cela : « falsification de procès-verbal », six mois de prison ferme.

    Depuis son exil, elle exhorte aujourd’hui le régime marocain à « cesser d’utiliser les allégations d’agression sexuelle pour réduire au silence les opposants ». Lors du procès à huis clos, qui s’était étiré sur plusieurs mois, d’autres témoins, revenus sur leurs déclarations, avaient fini derrière les barreaux. Des mandats d’amener avaient dû être délivrés pour contraindre certaines plaignantes à se présenter à la barre. Une femme présentée comme une « victime » de Bouachrine, refusant de se présenter au tribunal, avait été retrouvée cachée, terrorisée, dans la voiture d’un témoin… Dans l’affaire Raissouni, les enquêteurs n’ont pas ménagé leur peine pour tenter de collecter d’autres plaintes et mettre en scène une accumulation propre à transformer l’éditorialiste en prédateur sexuel. En vain. Le plaignant lui-même, devant le calvaire du journaliste, répète aujourd’hui être attaché au « droit à la vie » et ses avocats ne s’opposent pas à ce que Raissouni comparaisse libre. Lors de l’audience du jeudi 3 juin, le juge est resté sourd à ces appels : il a estimé que l’incarcération de Raissouni, « en bonne santé » selon lui, pouvait se prolonger. L’expertise médicale demandée par la défense a été rejetée.

    La Patrie News, 07 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Soulaiman, Raïssouni, répression, grève de la faim, presse, journalistes,