Catégorie : Maroc

  • Quand le Maroc s’égare… 1

    par Maâmar Farah

    À lire sans me prêter cet antimarocanisme primaire qui est à la mode chez certains. Avez-vous remarqué le changement notable dans la politique extérieure du royaume qui a trouvé d’autres «Algérie» à boxer ?

    Cette animosité, cette volonté de «punir» l’Espagne pour avoir soigné un «malade» — avant d’être le chef d’État de la RASD —, le conflit diplomatique avec l’Allemagne et, enfin, cet épisode du passage en force vers l’enclave espagnole de Ceuta, rappellent trop l’arrogance et le bellicisme israéliens pour qu’on puisse les prendre pour des décisions purement marocaines.

    Mais le Maroc n’est pas Israël. Il risque gros en jouant à la grenouille qui se prend pour un bœuf !
    M. F.

    Le Soir d’Algérie, 23 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Brahim Ghali, Front Polisario,

  • Maroc : Appels au boycott des produits espagnols

    Appels lancés par des milliers de personnes, dont des journalistes, sur les médias sociaux avec des comptes en langues arabe, française et espagnole

    Des activistes marocains ont appelé, samedi, au boycott des produits espagnols après une escalade des tensions entre Rabat et Madrid suite à l’accueil en Espagne du chef du front Polisario (mouvement séparatiste illégal).

    Les appels au boycott ont été lancés par des milliers de personnes, dont des journalistes, sur les médias sociaux avec des comptes en langues arabe, française et espagnole.

    Au Maroc, où opèrent plus de 800 entreprises espagnoles, l’Espagne est perçue comme un partenaire commercial depuis 2012.

    Les tensions ont débuté fin avril lorsque le gouvernement de Madrid a accueilli Brahim Ghali en Espagne, où il devait se faire soigner pour un cas grave de coronavirus.

    Les autorités espagnoles n’ont pas informé le gouvernement marocain de cette démarche.

    L’Espagne affirme que c’était à des fins humanitaires, mais les responsables marocains l’ont qualifié de « provocation inacceptable » et ont évoqué des conséquences.

    Après des réunions diplomatiques de haut niveau tenues mardi, les tensions sont légèrement retombées. Les autorités marocaines ont repris le contrôle de la région frontalière, tandis que la Haute Cour espagnole a convoqué Ghali le 1er juin pour une audience préliminaire dans le cadre d’une affaire de crimes de guerre le concernant.

    Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a exprimé son ferme attachement à la protection des frontières de l’Espagne mais n’a pas directement critiqué le Maroc.

    AA

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, boycott, Brahim Ghali, Front Polisario,

  • Le Maroc veut une enquête «transparente» sur l’entrée en Espagne du chef du Polisario

    Le Maroc souhaite une enquête «transparente» sur l’entrée «frauduleuse» en Espagne de Brahim Ghali, chef du Front Polisario dont l’hospitalisation a provoqué une crise diplomatique entre les deux pays, suivie cette semaine par un afflux inédit de migrants marocains dans l’enclave espagnole de Ceuta.

    Le chef du mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par Alger a voyagé «avec des documents falsifiés et une identité usurpée», a affirmé samedi Fouad Yazourh, un haut responsable du ministère des Affaires étrangères au cours d’un point de presse à Rabat. «Une enquête que nous espérons transparente devrait être menée pour jeter toute la lumière sur cette affaire», a-t-il ajouté.

    Selon ce responsable, le Maroc, qui a «révélé dès le 19 avril» sa présence en Espagne, dispose d’informations sur les «complicités» dont M. Ghali a bénéficié avant son départ et compte «dévoiler plus d’éléments en temps opportun». La justice espagnole a rouvert cette semaine un dossier contre M. Ghali pour «crimes contre l’humanité» après une plainte ancienne déposée par l’Association sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme, l’accusant de «violations des droits humains» sur des dissidents des camps de Tindouf (ouest de l’Algérie).

    Vers une crise migratoire

    M. Ghali a été hospitalisé en avril dans un établissement de Logroño (nord) après avoir contracté le Covid-19 et son état de santé est en «constante amélioration», selon le Polisario. Sa présence en Espagne a suscité «l’exaspération» du Maroc qui le considère comme «un »criminel de guerre«. Madrid a justifié son transfert par »des raisons strictement humanitaires«. L’affaire a dégénéré en crise quand les forces marocaines ont laissé passer des milliers de migrants vers Ceuta, enclave espagnole située au nord du royaume.

    Le Polisario milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée dans sa majeure partie par le Maroc, qui propose une autonomie sous sa souveraineté. Après presque 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités ont repris mi-novembre après le déploiement de troupes marocaines dans une zone tampon de l’extrême sud du territoire, pour déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route vers l’Afrique de l’Ouest, selon eux illégale.

    Le Figaro, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, crise migratoire, conflit, Sahara Occidental, Brahim Ghali,

  • Le calme est revenu à Ceuta, pas entre le Maroc et l’Espagne

    Après une nuit agitée, les rues de la ville Fnideq, où avaient afflué des flots de jeunes, se sont vidées. Les évacuations se poursuivent, le Maroc et l’Espagne se renvoient la responsabilité

    La zone frontalière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta a retrouvé son calme jeudi, après un déferlement sans précédent de Marocains candidats à l’exil, mais les tensions diplomatiques entre Rabat et Madrid restent fortes.

    L’Espagne a encore haussé le ton jeudi en accusant le Maroc d’«agression» et de «chantage», tandis que son partenaire traditionnel dans la lutte contre la migration illégale dénonçait «double langage» et «intimidations».

    Les deux pays se renvoient aussi la balle sur le traitement des mineurs: Madrid reproche qu’on les ait laissés passer, Rabat affirme que les moyens employés pour les refouler étaient disproportionnés. Amnesty International a renvoyé dos à dos les deux pays: «Les demandeurs d’asile et les migrants sont utilisés comme les pions d’un jeu politique entre le Maroc et l’Espagne», a déclaré l’ONG en ajoutant qu’«environ 2000 enfants non accompagnés» avaient rallié l’enclave. Il en restait jeudi 800 sur «quelque 1500» arrivés, selon la préfecture de Ceuta.

    Un accord pour l’organisation des retours

    Sur place, le flot des arrivées s’est tari mais la police espagnole a repêché dans l’après-midi le corps sans vie d’un homme qui avait tenté la traversée, sans que l’on sache à quand remontait le drame. Il s’agit de la seconde noyade depuis le début de cette crise migratoire.

    Après une nuit agitée, les rues de la ville marocaine de Fnideq, où avaient afflué un grand nombre de jeunes en quête d’un avenir meilleur, se sont vidées. Et plus aucun candidat à l’exil ne tentait d’approcher la plage de Ceuta.

    Depuis lundi, quelque 8000 migrants ont rejoint Ceuta par la plage ou par la mer, profitant d’un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain. Parmi eux, 6000 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon les autorités espagnoles. Des norias de bus affrétés par les autorités marocaines ont ramassé toute la journée des migrants expulsés ainsi que ceux qui espéraient franchir à leur tour la frontière, pour les ramener dans leurs villes d’origine, a constaté l’Agence France Presse (AFP).

    Des sources policières ont confirmé que «l’Espagne et le Maroc avaient conclu un accord pour officialiser ce qu’il se passe déjà en pratique», avec l’organisation de retours par groupe pour les adultes entrés à Ceuta. Quelque 3000 personnes ont été évacuées depuis le début de cette opération qui a commencé vers 2 heures du matin jeudi (3 heures en Suisse), selon les informations obtenues par l’AFP.

    L’accueil de Brahim Ghali au centre des tensions

    En toile de fond de cet afflux migratoire sans précédent persistent de fortes tensions entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l’arrivée en avril en Espagne, pour y être soigné, de Brahim Ghali, chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

    «La véritable source de la crise, c’est l’accueil par Madrid sous une fausse identité du chef séparatiste des milices du Polisario», a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita cité par l’agence officielle MAP. «La crise durera tant que sa véritable cause ne sera pas résolue, le Maroc refuse de recevoir ce genre d’intimidations, basées sur des clichés du passé.»

    Le Temps, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Fnideq, Melilla, migration, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • Maroc – Espagne : l’arme migratoire

    L’arrivée de 8 500 migrants à Ceuta, l’enclave espagnole au Nord du Maroc, a fourni à Rabat un argument supplémentaire dans sa crise diplomatique avec Madrid.

    C’est encore une fois une photo, celle d’un bébé, un bébé de 2 mois sauvé de justesse de la noyade par un garde civil espagnol, qui a ému l’opinion, et rappelé, aux portes de l’Europe, le drame incessant des migrants.

    Enclave espagnole
    Depuis lundi, les relations entre le Maroc et l’Espagne sont en crise ouverte. Une crise diplomatique, aux racines multiples, où des jeunes gens, des femmes, beaucoup d’enfants, ont été utilisés, manipulés par Rabat pour signifier son mécontentement et faire pression sur Madrid.

    L’arme migratoire avait été brandie, on s’en souvient, par la Turquie d’Erdogan, mais là ce sont pour la plupart des Marocains, encouragés par le soudain laxisme des gardes-frontière, qui tentaient d’échapper à la misère pour rejoindre l’enclave espagnole de Ceuta, pour eux la première étape vers l’eldorado européen. 8.500 personnes se sont ainsi précipitées, dans le chaos, plus de la moitié ont été refoulés.

    L’épisode illustre la volatilité de la géopolitique migratoire, et aussi la nouvelle géographie des flux – le Maroc, l’Algérie et la Tunisie fournissent aujourd’hui le plus gros des candidats au départ, en sus du transit venu d’Afrique sub-saharienne. L’Espagne est devenue le premier pays européen de débarquement, avant l’Italie et la Grèce.

    Entre Rabat et Madrid pèsent aussi les relents d’une longue histoire, celle d’un empire colonial espagnol réduit aujourd’hui à deux enclaves en territoire marocain, et d’un conflit jamais résolu sur le statut du Sahara occidental, revendiqué à la fois par Rabat et par le Front Polisario.

    Pourquoi le Maroc est-il ainsi passé à l’offensive, alors qu’il est depuis longtemps un allié stratégique majeur pour l’Espagne et pour l’Union Européenne dans la lutte contre l’immigration clandestine ? Comment le royaume, qui mène une politique africaine active, fait-il face aux pressions migratoires venues du sud du continent ?

    La crise actuelle peut-elle se résoudre uniquement au niveau bilatéral ? Quelles réactions à Bruxelles, où le chantier d’un pacte migratoire commun paraît au point mort ?

    Christine Ockrent reçoit Virginie Guiraudon, directrice de recherches CNRS au Centre d’études européennes et comparées de Sciences Po Paris

    Mehdi Alioua, sociologue enseignant chercheur à Sciences Po Rabat de l’Université Internationale de Rabat

    Gerald Knaus, président-fondateur du think-tank spécialisé dans la défense des libertés fondamentales, « European stability initiative » (ESI)

    Benoît Pellistrandi, historien, spécialiste de l’Espagne contemporaine, professeur en classes préparatoires au Lycée Condorcet à Paris, auteur de « Les relations internationales de 1800 à 1871 » (Armand Collin, 5 mai 2021)

    France Culture, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, Migration, chantage à l’émigration,

  • Maroc : Une campagne pour la libération d’un journaliste en grève de la faim

    – Soulaiman Raissouni est en détention « provisoire » depuis un an

    AA/ Rabat / Khaled Majdoub

    Des activistes et des journalistes marocains ont lancé une campagne électronique pour obtenir la libération du journaliste Soulaiman Raissouni, en grève de la faim depuis 45 jours en protestation contre sa détention « provisoire » qui dure depuis un an.

    Les activistes ont lancé sur les réseaux sociaux des hashtag dont notamment #SoulaimanRaissouniEnDanger, #SoulaimanRaissouniMeurtLentement, ou encore #LaVieDeSoulaimanEstNotreResponsabilité.

    Les autorités marocaines n’ont, pour l’heure, pas émis de commentaire sur la campagne.

    La journaliste Sarah Talbi a, pour sa part, écrit sur son compte twitter : « Soulaiman agonise … Nous espérons que ce cauchemar prenne fin et que la voix de la sagesse l’emporte parce que la patrie n’a nullement besoin d’un nouveau drame ».

    De son côté, le militant des droits de l’homme, Abdellatif Hamamouchi a publié le tweet suivant : « Le journaliste d’investigation, Soulaiman Raissouni, risque de nous quitter à tout moment … Il est mourant … Il est en grève de la faim depuis 45 jours … Je suis infiniment triste pour le frère et ami Soulaimane … Je ne sais pas quoi faire pour éviter la catastrophe ».

    Le mois dernier, la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (Gouvernementale) avait annoncé que la grève de la faim de Raissouni  » n’était pas liée aux conditions de détention, comme il l’a lui-même confirmé ».

    « L’objectif (du journaliste) est sa mise en liberté … Par conséquent, la Délégation n’est nullement responsable des éventuelles répercussions de la grève de la faim sur son état de santé », avait-on ajouté.

    Les autorités marocaines avaient arrêté Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du journal « Akhbar Al Yaoum » (Privé), en mai 2020, suite à une plainte déposée par un jeune, l’accusant « d’agression sexuelle ».

    Raissouni fait partie des journalistes connus au Maroc pour leurs articles critiquant les autorités.

    Agence Anadolou, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, presse, journalistes, Soulaiman Raïssouni, répression, Omar Radi, Taoufik Bouachrine,

  • Le Maroc, un voisin dangereux

    Le Maroc est un bouclier contre le terrorisme, le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Il les utilise comme moyen de chantage

    Dire que le Maroc est un voisin amical est une demi-vérité. C’est un voisin peu amical. Elle exerce un chantage au terrorisme, au trafic de drogue et à l’immigration clandestine. Plus des deux tiers des auteurs des attentats djihadistes perpétrés en Europe au cours des dernières décennies, à Madrid, Cambrils, Barcelone, Paris ou Bruxelles étaient des ressortissants marocains. La monarchie absolue et l’État policier de Rabat contrôlent les suspects. Ou pas ; il vient de suspendre la coopération antiterroriste avec l’Allemagne, parce que Berlin n’accepte pas la souveraineté marocaine sur le Sahara. Le Rif est le premier producteur mondial de cannabis. Le rapport annuel de l’ONU sur les drogues évalue sa récolte à 40 000 tonnes, ce qui représenterait une valeur d’environ 200 millions d’euros dans les campagnes, et 50 fois sa valeur au détail dans les villes européennes. Cela signifie un trafic intense à travers le détroit de Gibraltar et la présence de mafias de toutes nationalités sur les côtes de Cadix et de Malaga.

    Les 8 000 personnes qui ont fait irruption à Ceuta sont une mimique des 50 000 personnes que le roi Hassan II avait envoyées en 1975 au Sahara dans le cadre de la marche verte. Le Maroc a lancé ce défi à l’Espagne à un moment de faiblesse : l’agonie du dictateur. L’incident de Perejil en 2002 s’est produit sous un gouvernement à majorité absolue de droite, et l’incident actuel sous un gouvernement minoritaire de gauche. Les deux précédents avec des présidents américains républicains et celui-ci avec un président démocrate. Le soutien américain à la souveraineté marocaine sur le Sahara a été étendu de Trump à Biden en échange de la reconnaissance d’Israël et du soutien tacite à la ligne de conduite de Netanyahu. Le Maroc bénéficie de privilèges agricoles, avec des quotas croissants pour les légumes et les fruits, des droits de douane peu élevés et des prix d’entrée qui concurrencent les agriculteurs andalous, murciens et canariens sur les mêmes horaires. Ces accords et les accords de pêche ont conduit à des décisions de la Cour de Justice de l’UE qui ne reconnaissent pas la souveraineté ou la juridiction de Rabat sur le Sahara Occidental.

    Au milieu de la crise, les politiciens nationaux sont dans la mêlée. Casado dit à Sánchez que le gouvernement est trop grand pour lui et enhardit le dangereux voisin. Et en face de ce leader junior de l’opposition, il y a un poids plume à la tête du gouvernement, qui accuse son adversaire de vouloir le faire tomber. Le déploiement de l’armée espagnole a une carte simple à comprendre : le quartier général de la force terrestre est basé à Séville, le quartier général de la flotte est à Rota et le commandement général des Marines est à San Fernando. Le Maroc est un voisin, mais il n’est certainement pas sage de le prendre pour un ami.

    Diario de Cadiz, 22 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, Sahara Occidental,

  • 6 600 migrants renvoyés au Maroc, les familles recherchent les leurs

    CEUTA, Espagne (AP) – Les autorités de Ceuta, une enclave espagnole en Afrique du Nord, ont fait face à des complications vendredi pour réunir des parents marocains inquiets avec des centaines d’enfants et d’adolescents emportés dans une impasse diplomatique entre Madrid et Rabat sur la migration et le territoire contesté du Sahara occidental.

    Jusqu’à présent, les autorités ont confirmé que 438 mineurs non accompagnés faisaient partie des plus de 8 000 personnes qui sont arrivées à Ceuta en provenance du Maroc entre lundi et mercredi en escaladant la clôture frontalière ou en la contournant à la nage. Les travailleurs sociaux vérifient l’âge de nombreux autres jeunes qui se trouvent dans des abris ou qui errent dans les rues, a déclaré Mabel Deu, porte-parole de la ville autonome.

    Une ligne d’assistance téléphonique mise en place jeudi avait reçu 4 400 appels le lendemain de parents désespérés cherchant des informations, a-t-elle précisé. La plupart des demandes concernaient des mineurs.

    « Notre objectif est qu’ils retrouvent leurs parents le plus rapidement possible, car nous comprenons l’angoisse et l’inquiétude de nombreuses familles qui ne savent pas où se trouvent leurs enfants », a déclaré Mme Deu.

    Le Maroc a déjà repris plus de 6 600 des migrants qui ont réussi à atteindre Ceuta, selon les autorités espagnoles. En entrant dans la ville, ils se sont retrouvés sur le territoire de l’Union européenne. Des centaines de milliers de demandeurs d’asile tentent chaque année de rejoindre l’Europe depuis l’Afrique.

    La plupart des parents inquiets qui appellent la ligne d’assistance téléphonique se trouvent à quelques kilomètres seulement de la frontière, dans la ville marocaine de Fnideq. Mais la vigilance accrue le long d’une frontière de 8 kilomètres de long et les ressources débordées du côté espagnol rendent les réunions difficiles.

    Fatima Zohra a déclaré à l’Associated Press que d’autres filles ont poussé sa fille de 14 ans à traverser la frontière à l’insu de sa mère. Mme Zohra a déclaré avoir aperçu sa fille sur des photos prises à l’intérieur de l’entrepôt où les autorités espagnoles gardent les mineurs pendant qu’elles les traitent.

    « S’il vous plaît, aidez-moi à trouver ma fille », a-t-elle dit. « Nous avons toujours pris soin d’elle. Nous avons de l’argent. Son père travaille dans une entreprise privée. »

    L’Espagne est légalement tenue de prendre en charge les jeunes migrants jusqu’à ce que leurs proches puissent être localisés ou jusqu’à ce qu’ils aient 18 ans. Les autorités sont en train de décider où répartir sur le continent espagnol les 260 mineurs qui se trouvaient déjà à Ceuta avant le dernier afflux.

    Mais les réunifications s’avèrent également difficiles à réaliser, selon le Deu. Certains enfants ont dit aux services sociaux qu’ils voulaient vraiment rester, même contre la volonté de leurs parents. D’autres ne peuvent pas rentrer chez eux assez tôt.

    « Je veux quitter cet endroit. Je ne veux pas Ceuta. Je veux le Maroc », ont entendu les journalistes de l’AP entendre une fille pleurer dans un centre d’accueil.

    Save The Children, une organisation internationale à but non lucratif, a déclaré que l’accélération du retour des mineurs devait se faire au cas par cas, en veillant à la sécurité et aux intérêts de l’enfant avant tout.

    La crise humanitaire a débuté alors que le Maroc et l’Espagne étaient en désaccord sur le fait que l’Espagne acceptait de fournir des soins COVID-19 à un éminent leader sahraoui luttant pour l’indépendance du Sahara occidental, un territoire autrefois sous contrôle espagnol que le Maroc a annexé dans les années 1970.

    Tout en accusant l’Espagne d’avoir créé un différend diplomatique en hospitalisant le leader du Front Polisario, les autorités marocaines ont nié avoir encouragé les traversées massives de migrants vers Ceuta cette semaine.

    Des témoins et des reporters, dont AP, ont décrit avoir vu les gardes-frontières relâcher les contrôles. Mais au moins deux responsables marocains ont séparément attribué l’afflux massif à une météo favorable ou à des troupes fatiguées après les célébrations du Ramadan.

    « Cela n’a pas été improvisé, cela a été planifié. Le Maroc en profite en nous envoyant et en faisant sortir les gens », a déclaré à l’AP un jeune de 18 ans qui a traversé cette semaine vers Ceuta. « Nous sommes l’expérience du Maroc. Nous sommes comme des rats de laboratoire ».

    Le jeune homme a demandé à ce que son nom ne soit pas divulgué par peur de l’expulsion et d’autres représailles.

    La direction centrale de la police marocaine a qualifié de « fausses » les allégations selon lesquelles des agences et des agents publics auraient encouragé les traversées. En réponse aux questions d’AP, la direction a déclaré que les déclarations de mineurs qui ne sont pas sous la surveillance de parents ou de tuteurs « ne peuvent pas être prises en compte ou fondées. »

    Les migrants adultes restés à Ceuta étaient dispersés entre des abris de fortune et un centre de rétention pour migrants où certains demandeurs d’asile ont été emmenés. Beaucoup, notamment des Marocains, erraient également dans les rues, se cachant des patrouilles de police qui rassemblaient les migrants.

    Pour le troisième jour consécutif, aucun autre migrant n’est arrivé dans la ville sans autorisation après que les autorités marocaines ont renforcé leur vigilance. Cependant, les forces de sécurité des deux côtés de la barrière séparant le Maroc de Melilla – autre territoire espagnol d’Afrique du Nord – ont repoussé des groupes de jeunes qui tentaient de rejoindre le sol espagnol. Le gouvernement a déclaré qu’au moins 70 d’entre eux avaient réussi à entrer dans la journée.

    Les revendications de souveraineté du Maroc sur Ceuta et Melilla ont été un point de friction intermittent entre les deux voisins méditerranéens.

    Mais les relations sont tombées au plus bas ce mois-ci en raison de la décision de l’Espagne d’accueillir Brahim Ghali, qui dirige la lutte des Sahraouis contre l’annexion du Sahara occidental par le Maroc. Ghali, qui est arrivé sous un autre nom avec un passeport algérien, se remet dans un hôpital du COVID-19.

    L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, a averti vendredi que la crise pourrait s’aggraver en fonction de la manière dont l’Espagne traitera Ghali.

    « Choisir la même procédure pour son départ, c’est choisir la stagnation et l’aggravation de la crise », a déclaré Benyaich au radiodiffuseur public espagnol TVE.

    La République arabe sahraouie démocratique autoproclamée, que M. Ghali dirige également, a reproché vendredi au Maroc d’utiliser « des politiques expansionnistes, l’agression et le chantage » pour tenter de pousser les pays européens à accepter sa revendication du Sahara occidental, après la reconnaissance que les États-Unis lui ont accordée l’année dernière.

    « La conviction des diplomates marocains que la déclaration de Trump pourrait créer une dynamique mondiale pour légitimer l’annexion et l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc a abouti à un fiasco politique », a déclaré le mouvement.

    Le Maroc a proposé d’accorder une large autonomie à ce territoire, où une force de maintien de la paix de l’ONU surveille un cessez-le-feu depuis 1991. Le Front Polisario affirme que les populations locales ont le droit d’organiser un référendum sur l’autodétermination.

    Associated Press, 22 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, migration, Sahara Occidental,

  • « Le Maroc joue avec la vie des gens » (Amnesty International)

    A CEUTA, DES ENFANTS VICTIMES D’UN JEU POLITIQUE ENTRE L’ESPAGNE ET LE MAROC

    8 000 personnes, dont 2 000 mineurs non accompagnés, sont arrivées à Ceuta, à la nage ou à pied, entre le 17 et le 18 mai. L’entrave espagnole située au nord du Maroc a soumis la plupart de ces personnes à des expulsions forcées. Y compris des enfants et des demandeurs d’asile.

    Le drame se joue sur fond de crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Nous dénonçons le fait que des personnes demandeuses d’asile ou migrantes soient utilisées comme des pions sur un échiquier politique morbide.

    Nous dénonçons les violences exercées par les forces de sécurité et l’armée espagnoles, qui ont jeté des personnes à la mer, enfants y compris. Des agents des services frontaliers ont apporté une aide d’urgence à des personnes, mais les abus qui ont été commis sont intolérables.

    Nous ne pouvons pas accepter que des personnes, y compris des enfants, soient maltraitées par les forces espagnoles.

    Virginia Álvarez, chercheuse à Amnesty International Espagne

    UNE RESPONSABILITÉ EUROPÉENNE
    Les dirigeants européens ont rapidement réagi en apportant leur soutien à l’Espagne et en rappelant que les frontières espagnoles font partie des frontières de l’Union européenne. Si l’on suit cette logique, les abus commis par l’Espagne sont aussi des abus commis par l’Union européenne. Ainsi, ces dirigeants ne doivent plus fermer les yeux sur les abus qui ont lieu aux frontières de Ceuta.

    Un grand nombre des personnes qui sont entrées sur le territoire espagnol étaient de très jeunes enfants. Dès lors, il incombe aux autorités de veiller à ce que l’intérêt supérieur de l’enfant soit respecté, quelles que soient les circonstances. Les enfants doivent pouvoir prétendre à une protection internationale.

    « LE MAROC JOUE AVEC LA VIE DES GENS »
    Dans une vidéo vérifiée par Amnesty International, on observe des fonctionnaires marocains qui laissent activement passer des personnes migrantes ou demandeuses d’asile à Ceuta, de l’autre côté des clôtures.

    Le Maroc ne doit pas utiliser les personnes, parmi lesquelles se trouvent ses propres citoyens, comme des pions sur l’échiquier politique.

    Virginia Álvarez

    Le Maroc bafoue depuis longtemps les droits des personnes migrantes ou demandeuses d’asile à ses frontières. Par le passé, nous avons constaté des opérations illégales, dont des arrestations et le déplacement vers le sud du Maroc de personnes migrantes ou demandeuses d’asile se trouvant dans des campements et des maisons près de la frontière espagnole. Le tout en dehors de toute procédure légale.

    Le 18 avril, un dirigeant du Polisario (mouvement politique et armé opposé au Maroc pour le contrôle du Sahara occidental) est arrivé en Espagne pour y être soigné du Covid-19. Une publication sur Facebook du ministère marocain des droits de l’Homme indique que l’ouverture des frontières vers Ceuta est intervenue en représailles à ces soins médicaux. Les autorités marocaines pourraient ainsi avoir utilisé les personnes migrantes ou demandeuses d’asile comme des pions dans le cadre de ce contentieux.

    DES RENVOIS FORCÉS ILLÉGAUX
    Au moins 5 000 personnes auraient été expulsées collectivement vers le Maroc par les autorités espagnoles ces derniers jours. Les forces militaires espagnoles déployées à la frontière ont procédé à des expulsions forcées, sans que soient respectées les garanties nécessaires. Par conséquent, les personnes vulnérables n’ont pas pu être identifiées, elles n’ont pas pu recevoir une aide juridique ni demander l’asile.

    Toute arrivée, aussi massive soit-elle, ne peut en aucun cas justifier des expulsions collectives illégales. Parmi les 5 000 personnes expulsées de façon sommaire se trouvaient peut-être des personnes admissibles à l’asile ou ayant besoin d’une protection.

    Le fait de refouler des personnes est illégal et constitue une négation de leur droit à un examen équitable et individualisé de leur demande d’asile.

    Virginia Álvarez 

    Les autorités espagnoles doivent ouvrir une enquête exhaustive et veiller à ce que l’obligation de rendre des comptes soit respectée !

    Amnesty International, 21 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, enfance,

  • La crise de Ceuta aura des « conséquences » pour le Maroc (Josep Borrell)

    Borrell : si un pays rompt un accord, il est normal qu’il y ait des « conséquences ».

    Catalina Guerrero

    Bruxelles, 21 mai (EFE). – Le Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a considéré aujourd’hui comme « normal » que si un pays rompt un accord de coopération avec l’UE, il y ait des « conséquences », faisant référence à la récente crise diplomatique et migratoire avec le Maroc.

    « Il est normal que l’Union européenne se mobilise politiquement » lorsqu’il y a des problèmes à ses frontières extérieures et « soulève qu’il y a des accords d’association qui, s’ils sont rompus d’un côté, devraient avoir des conséquences pour l’autre », a déclaré le chef de la diplomatie de l’UE dans une interview accordée à EFE, qui s’est dit favorable à la « reconstruction » de la coopération avec le Maroc.

    « Il est clair que si les accords sont rompus d’un côté, l’autre côté examinera également leur application. Mais nous devons utiliser un langage qui nous permette de recomposer les désaccords, car sinon, cela se passera comme d’autres conflits plus graves. Nous devons empêcher les choses d’empirer », a-t-il insisté.

    Depuis l’entrée en vigueur de l’accord d’association entre l’UE et le Maroc en 2000, le Maroc est progressivement devenu un partenaire privilégié de l’UE-27 dans le domaine de la coopération, ainsi que de la coopération commerciale, technique et au développement.

    Rien que depuis 2007, le pays a bénéficié de près de 14 milliards d’euros de l’instrument européen de voisinage et de la plateforme de voisinage, un montant qu’il espère augmenter dans les allocations budgétaires pour la période 2021-2007.

    Ce qui s’est passé à Ceuta, où entre lundi et mardi plus de 8 000 migrants sont arrivés, dont beaucoup de mineurs, M. Borrell l’interprète davantage comme des « avertissements » que comme des « menaces », un terme qu’il ne partage pas pour définir l’incident diplomatique avec le pays nord-africain pour ne pas avoir gardé sa frontière avec l’Espagne et avoir permis ce flux migratoire.

    « Il est clair qu’il y a des problèmes de relations diplomatiques qui déclenchent parfois des problèmes migratoires », a déclaré M. Borrell, à propos de cette affaire qui a pour origine, entre autres, l’accueil en Espagne pour des raisons de santé d’un dirigeant du Front Polisario, que M. Borrell n’a pas commenté.

    Son travail, a-t-il insisté, consiste à « reconstruire des relations positives », tout en « prévenant que certains instruments ne peuvent être utilisés et que l’émigration doit être un processus réglementé et ordonné », ce qui implique également de lutter contre les trafiquants et de stabiliser les pays de transit des flux.

    Et il a prévenu qu’il n’est pas bon que la migration soit associée « au désordre, aux sauts de frontières, aux violations des frontières et aux personnes qui meurent en prenant des risques aux mains des trafiquants », raison pour laquelle il a préconisé « d’ordonner le flux afin que les migrants dont nous avons besoin puissent arriver de manière ordonnée et réglementée ».

    Le contraire, a prévenu M. Borrell, est « le terreau du discours populiste » et, par conséquent, il a défendu le fait de « parvenir d’abord à des accords entre pays européens, ce que nous n’avons pas fait jusqu’à présent ». Et puis avec les pays d’origine et de transit, et là nous avons réalisé certaines choses.

    Et il a assuré que la politique migratoire « va jouer un rôle plus important » chaque fois qu’il y aura un accord d’association avec un pays, comme l’UE l’a fait avec le Maroc, la Turquie ou la Libye.

    « Notre sécurité commence loin de nos frontières. La sécurité des Européens ne commence pas dans les rues de Marseille, elle commence 2 000 ou 3 000 kilomètres plus loin, dans le Sahel, et c’est pourquoi nous devons nous impliquer militairement. Ça commence même en Somalie, ça commence au Moyen-Orient. Nous devrions avoir une vision plus géopolitique de notre avenir », a-t-il conclu. EFE

    Swissinfo, 21 mai 2021

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