Catégorie : Maroc

  • Maroc/ Une centaine de migrants rejoignent l’enclave espagnole de Ceuta à la nage

    Par AFP – Agence France Presse

    Une centaine de migrants, certains utilisant des anneaux gonflables, ont rejoint à la nage l’enclave espagnole de Ceuta depuis le Maroc voisin tôt lundi, ont indiqué les autorités espagnoles.

    Les migrants sont partis de plages situées au sud de Ceuta et ont été arrêtés à leur entrée dans le minuscule territoire espagnol, a indiqué un porte-parole de la Guardia Civil.

    Il s’agissait principalement de jeunes hommes, mais parmi eux se trouvaient également des enfants et quelques femmes, selon un porte-parole de la délégation du gouvernement espagnol à Ceuta.

    Certains ont utilisé des anneaux de natation gonflables tandis que d’autres ont utilisé des canots pneumatiques, a-t-il précisé.

    « C’était la marée basse et à certains endroits, on pouvait pratiquement traverser à pied », a-t-il dit à l’AFP.

    Les migrants ont été contrôlés par des agents de la Croix-Rouge avant d’être conduits dans un centre d’accueil.

    Au cours du dernier week-end d’avril, une centaine de migrants ont rejoint Ceuta à la nage, par groupes de 20 à 30 personnes. La plupart ont été expulsés vers le Maroc.

    La vague d’arrivées est survenue à un moment de tension entre Madrid et Rabat au sujet de la présence en Espagne du chef du mouvement pour l’indépendance du Sahara occidental.

    Rabat a réagi avec colère après qu’il soit apparu que le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, a été traité dans un hôpital en Espagne pour Covid-19 depuis la mi-avril.

    Le Front Polisario lutte depuis longtemps pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc.

    Ceuta et Melilla, une autre enclave espagnole en Afrique du Nord, sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique, ce qui en fait des points d’entrée populaires pour les migrants en quête d’une vie meilleure en Europe.

    Les migrants tentent d’atteindre les enclaves soit en nageant le long de la côte, soit en escaladant les hautes clôtures frontalières qui les séparent du Maroc.

    Barron’s, 17 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, migration,

  • Le Maroc investit dans les sites historiques pour sauver le tourisme

    La nouvelle stratégie des autorités marocaines tend à faire découvrir aux touristes nationaux et étrangers les magnifiques sites culturels et historiques situés dans plusieurs villes du Royaume. Pour beaucoup, le tourisme culturel pourrait servir de nouvelle locomotive au tourisme national.

    En ces temps difficiles marqués par une pandémie dévastatrice, le tourisme national est plongé depuis plus d’un an dans une profonde crise économique qui risque de réduire considérablement son rôle dans l’économie nationale.

    Autrefois considéré comme la deuxième source de devises pour le Royaume, il est aujourd’hui relégué au rang de simple secteur économique qui doit se tourner vers les touristes nationaux pour compenser la perte des touristes étrangers. Or, les Marocains ont toujours été écartés des offres commerciales des opérateurs touristiques.

    Une situation foncièrement grotesque étant donné que le Royaume est non seulement doté d’atouts naturels considérables mais regorge également de monuments historiques et culturels fascinants à découvrir par nos concitoyens. La nouvelle stratégie des pouvoirs publics consiste à encourager les Marocains à voyager et à découvrir leur propre pays à travers les sites historiques.

    Si tout le monde peut connaître son potentiel balnéaire, généreusement alimenté par deux belles façades maritimes (Atlantique et Méditerranée), un soleil omniprésent tout au long de l’année et un climat continental agréable à vivre, beaucoup ignorent ses nombreux atouts culturels représentés par des sites historiques d’une beauté légendaire, légués dans plusieurs villes par les anciennes civilisations dynastiques qui ont marqué l’histoire riche et époustouflante du pays. Le dernier événement en date à Tanger, portant sur la réhabilitation des arènes, montre comment le tourisme culturel pourrait servir de nouvelle locomotive et même de formidable tremplin au tourisme national. Les arènes de Tanger, historiquement appelées Plaza Toro, sont en effet sur le point d’être entièrement réhabilitées à l’initiative des autorités de la ville, qui voient dans ce projet un pas vers la dynamisation du tourisme culturel.

    Le projet de réhabilitation de la Plaza Toro, qui s’appuie sur le capital patrimonial pluriel de la ville de Tanger pour en faire un levier de développement socio-économique et culturel, s’inscrit dans le cadre d’une convention de partenariat signée récemment entre l’Agence pour le développement du Nord, la Wilaya de la région, le Conseil régional et la Mairie de Tanger, avec un budget prévisionnel s’élevant à 50 millions de dirhams. La Plaza Toro est un monument emblématique qui reflète la pluralité du patrimoine de la ville.

    Compte tenu de cette importance, une consultation architecturale a été organisée pour impliquer le plus grand nombre d’architectes autour de la réflexion sur le patrimoine de la ville et pour encourager l’approche créative et innovante de l’intégration du patrimoine dans la dynamique économique de Tanger. Ce projet concerne le réaménagement de la Plaza Toro, afin de préserver l’aspect historique et architectural du bâtiment.

    L’espace dans sa nouvelle version pourra accueillir de grands événements, tels que des cirques, des pièces de théâtre, des concerts et des concours. La Plaza Toro sera transformée en un espace d’activités économiques, culturelles et artistiques, avec un programme diversifié comprenant une salle de spectacle de 7 000 places pour un large éventail d’arts de la scène, ainsi qu’un espace d’exposition, de restauration et de commerce.

    D’autres sites historiques sont certes connus mais malheureusement pas du tout exploités sur le plan touristique alors qu’ils sont parmi les plus anciens de l’histoire du Maroc. C’est le cas de la cité antique de Volubilis, dans la région de Meknès, qui est probablement considérée comme le plus important site archéologique du Maroc.

    Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle a été fondée au troisième siècle avant J.-C., puis occupée par les Romains en 44 de notre ère. Les bâtiments les mieux préservés sont le temple du Capitole, la basilique et l’arc de triomphe.

    Bien que méconnue, Volubilis est le rare témoin d’une période très importante de l’histoire du Maroc. Dans le même registre, Chellah, près de Rabat, vit le même abandon. Mais pas au même niveau que Volubilis, selon les experts. Contrairement à Volubilis, Chellah, également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un site très fréquenté par les visiteurs.

    Au sud, Marrakech, bien qu’étant une destination touristique majeure pour les nationaux et les étrangers, ne semble pas avoir bâti sa réputation sur ses sites archéologiques, qui se comptent par dizaines dans une cité impériale parmi les plus anciennes du Royaume. La ville n’est pas connue pour ses vestiges. En revanche, elle abrite quelques-uns des plus beaux monuments de l’époque saadienne.

    Au sud de la médina, près du quartier de la Kasbah, se trouvent le palais Badii et les tombeaux saadiens. Bien qu’il soit en ruines, le palais impressionne par son immensité. Quant aux tombes saadiennes, elles sont malheureusement dans un état lamentable, totalement abandonnées, victimes d’une politique de grande négligence et de l’absence d’une stratégie de rénovation audacieuse.

    Mais une source autorisée au sein de la mairie de Marrakech précise qu’un programme de réhabilitation des monuments de la ville est en cours d’élaboration. Il verra probablement le jour au début de l’année prochaine avec l’aide d’autres administrations, dont le ministère de la Culture.

    En attendant, il semble que le tourisme culturel n’ait pas encore réussi à constituer une force pour tirer le tourisme national vers le haut. Un espoir encore lointain qui nécessite une réelle volonté politique de développer ce type de tourisme dans le pays.

    Tourism review, 16 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, tourisme, coronavirus, covid 19, pandémie, sites historiques,

  • Maroc: La dernière hypocrisie des traîtres

    Ils s’en enorgueillissent et le crient haut et fort et presque sans aucune gêne. Ils envoient des aides humanitaires aux Palestiniens qui vivent l’horreur sous les exactions et les agressions quotidiennes des sionistes. Au premier de ces sans gêne, vient en pôle position le roi du Maroc dont la machine propagandiste annonce en boucle l’envoi au Caire et à Amman de couvertures et de médicaments aux Palestiniens.

    Le cynisme est ainsi poussé à son extrême pour des roitelets qui ont donné la caution morale et diplomatique au sanguinaire Nétanyahu pour s’attaquer à de paisibles citoyens palestiniens qui ne demandaient qu’à pratiquer en paix leur religion et prier au sein d’Al Aqsa el moubarak et à fêter comme tous les peuples musulmans l’Aid el Fitr. Un Aïd dont ils ont été privés, à commencer par les enfants de Ghaza qui reçoivent chaque jour des tonnes de bombes qui viennent du ciel et de la mer et qui font des dizaines de morts et des centaines de blessés par jour.

    Une situation dont sont aussi, en grande partie responsables, ces leaders arabes comme le roi du Maroc, qui aujourd’hui veulent jouer au bon samaritain et pensent leurrer un peuple qui souffre le martyr, en lui envoyant quelques kilos de couvertures et de médicaments, alors qu’ils le poignardent dans le dos chaque jour que Dieu fait, et sont complices de la tuerie dont est victime ce même peuple.

    Un traître ne peut pas se donner bonne conscience en organisant une petite quête d’aide humanitaire. Un traître qui surtout ne peut plus tromper son peuple qui s’est retrouvé ainsi complice d’un génocide vers lequel l’a emmené un palais gangrené par la corruption et la bassesse. Nos frères marocains méritent mieux que ce régime soumis à la bonne volonté des sionistes et qui a tourné le dos à la plus sacrée des causes arabes. Pire encore il s’est totalement mis au service de l’agenda de ces mêmes sionistes dont l’objectif ultime est de faire disparaître la Palestine et de mettre à genoux toute la nation arabe et musulmane.

    Et en cela le régime du makhzen au Maroc et d’autres régimes arabes vendus, sont les premiers serviteurs de la stratégie meurtrière des sionistes. Les Palestiniens n’ont pas besoin de quelques hypocrites aides humanitaires, mais de positions et de condamnations fermes des pays arabes face à la barbarie sionistes, mais ils ont aussi et surtout besoin d’arrêt immédiat du processus de normalisation avec l’entité sioniste.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 17 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Palestine, Ghaza, Israël, normalisation, Mohammed VI, sionisme,

  • Maroc : Cap Juby : une révélation pour Saint-Exupéry

    Une étape capitale dans la vie de l’aviateur-écrivain

    Dans ce nouveau numéro d’ »Objectif Ciel », place à deux folles histoires sur les aventuriers qui ont créé l’Aéropostale. Une émission réalisée avec la complicité de Fabrice Cruz et Reine Morison du nouveau site historique culturel L’Envol des Pionniers à Toulouse-Montaudran.

    Cap Juby, terre d’inspiration

    « C’est de Cap Juby qu’est sorti Antoine de Saint-Exupéry. Et force est de constater que cette escale prolongée est un tournant dans l’expérience de l’homme et la formation de l’écrivain. » C’est Didier Daurat qui s’exprime ainsi, soulignant à quel point l’expérience de Cap Juby, (aujourd’hui Tarfaya au Maroc), entre 1927 et 1928 avait été fondatrice pour le jeune Saint-Exupéry. Et on peut faire confiance à Daurat qui connaît bien son sujet : directeur d’exploitation des lignes Latécoère puis de la Compagnie Générale Aéropostale, c’est lui qui a recruté Saint-Exupéry en 1926, lui encore qui lui a confié ses premières missions comme pilote pour acheminer le courrier entre Toulouse et Casablanca, puis jusqu’à Dakar. Et c’est lui enfin qui, en octobre 1927, décide de le nommer chef d’aéroplace à Cap Juby, un an à peine après son embauche.

    Pour comprendre la singularité de cette expérience, il faut situer un peu plus précisément Cap Juby : c’est un point perdu et isolé de tout, coincé entre l’océan Atlantique et l’immensité désertique du Sahara. La Compagnie y a installé une escale vitale sur le tronçon de ligne entre Casablanca et Dakar, et stratégique dans la perspective de l’extension des services de courrier vers l’Amérique du Sud. Le problème est que l’installation est située dans la colonie espagnole du Rio de Oro (actuellement le Sahara-Occidental). La petite équipe qui y vit et y travaille est composée du chef d’aéroplace et de quelques mécaniciens. Ils doivent s’accommoder d’un voisinage compliqué avec d’un côté les Espagnols qui tolèrent tout juste leur présence, et de l’autre des tribus nomades qui profitent des pannes des avions, fréquentes dans le désert, pour capturer les équipages en perdition et les échanger contre de fortes rançons…

    La Compagnie a besoin à ce poste d’un vrai diplomate capable d’entretenir de bonnes relations avec les uns et les autres, et lorsque c’est nécessaire, d’agir et de négocier pour obtenir leur libération. Ce sont exactement les qualités que Didier Daurat a décelées chez Saint-Exupéry. Il le nomme à Cap Juby en lui confiant la « mission impossible », dit-il, de sauver cette escale du bout du monde, dans un contexte où sa situation s’est peu à peu dégradée. Lors du dernier entretien avant son départ, Daurat sent Saint-Exupéry transfiguré par la responsabilité qui lui incombe désormais de veiller sur ses camarades et d’assurer l’avenir de l’Aéropostale. Le nouveau chef d’aéroplace prend ses fonctions le 19 octobre 1927…

    Prolongez ces aventures en visitant le nouveau site de légende à Toulouse : L’Envol des Pionniers.

    France Bleu, 16 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Cap Juby, Antoine de Saint-Exupéry,

  • L’Allemagne a avorté un complot ourdi par les services secrets du Maroc

    Brouille entre Berlin et Rabat : le contre-espionnage allemand évente un grave complot marocain

    Le journal EL ESPAÑOL vient de jeter un véritable pavé dans la mare. Il révèle, en effet les raisons cachées de la brouille advenue entre le Maroc et l’Allemagne. Les services du contre-espionnage berlinois ont en effet mis à jour un vaste complot ourdi par les barbouzes du roi Mohamed VI en Europe centrale, et en Allemagne notamment.

    « Le contre-espionnage allemand a obtenu des « informations secrètes et sensibles » au Maroc sur les plans organisés par Rabat pour agir dans le pays européen, comme l’ont expliqué à EL ESPAÑOL des membres du renseignement étranger.

    L’intention était de devenir un allié de l’Allemagne dans la lutte contre le crime organisé. En contrepartie, il souhaite que Berlin reconnaisse la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental », écrit notamment ce journal. Mais, l’illusion n’a pas trompé les services secrets allemands.

    Il est de notoriété publique que les éléments d’Abdellatif Hammouchi, pour faire du chiffre, et créer l’illusion qu’ils agissent efficacement contre le terrorisme islamiste, s’en prennent à de pauvres sujets marocains, qu’ils obligent à commettre les aveux les plus fous sous la pire des tortures.

    Ils essayent aussi de faire accroire aux Européens que des connexions existeraient entre le Polisario et le terrorisme islamiste armé, afin de décrédibiliser ce mouvement de résistance qui se bat pour l’indépendance et l’émancipation de son peuple. De dangereuses connexions terroristes existent en effet entre les barbouzes marocaines et les groupes criminels islamistes sévissant au Sahel.

    Le MUJAO (mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest est en effet une pure création des services marocains, comme l’a maintes fois affirmé l’actuel ambassadeur sahraoui basé à Alger, Abdelkader Taleb Omar.

    « En outre, la position ferme de l’Allemagne sur le droit international a influencé la décision des autres pays européens de prendre position sur le conflit du Sahara Occidental, selon des informations de Paris à Rabat », relève encore le même média, au grand dam de la diplomatie errante de Mohamed VI.

    De son côté, à Rabat, il n’y a pas de version officielle des raisons de cette crise, au-delà de ce qui est contenu dans le communiqué du ministère des affaires étrangères, qui fait allusion à des « malentendus profonds sur des questions fondamentales ».

    Entretemps, la presse marocaine a concentré le conflit sur plusieurs points : La non-invitation du Maroc par la chancelière Angela Merkel au sommet de la Libye à Berlin en janvier 2020, un drapeau de la République arabe sahraouie (RASD) qui a flotté sur la façade d’un bâtiment public de la ville de Brême à l’occasion du 45e anniversaire de la fondation du Front Polisario, mais aussi le positionnement de l’Allemagne contre le décret présidentiel de Donald Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental le 10 décembre dernier.

    Pour l’instant, il y a une impasse bureaucratique à Rabat et à Berlin, qui sera suivie de discussions plus profondes qui pourraient conduire à une rupture à d’autres niveaux.

    En cherchant à jouer dans la cour des grands, le Maroc s’est littéralement grillé les ailes. Il va très certainement en payer le prix fort. Son masque est définitivement tombé. Il ne fait plus du tout illusion…

    Ali Oussi

    La Patrie News, 16 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, DGED, services secrets, lutte antiterroriste,

  • La fortune du roi du Maroc décortiqué par le journal El Pais

    Maroc, Mohammed VI, fortune, #Maroc,

    L’empire commercial prospère de Mohammed VI
    La société holding du roi du Maroc est l’une des plus puissantes d’Afrique, avec des intérêts dans la banque, l’assurance, le tourisme et la téléphonie.

    La fortune du roi Mohammed VI et de sa famille s’accroît chaque fois qu’une personne vivant au Maroc ou dans d’autres pays africains accomplit un simple geste quotidien, comme déposer de l’argent dans la banque Attijariwafa, la plus grande du pays et l’une des plus grandes du continent. Ou lorsqu’une personne souscrit une police auprès de sa filiale Wafa Assurance, le premier assureur du Maroc.

    Le capital du roi augmente également chaque fois qu’une personne fait des achats dans le principal hypermarché du Maroc, le Marjane, qui compte 100 points de vente dans 30 villes ; lorsqu’elle contracte une ligne téléphonique ou Internet avec le deuxième opérateur du pays (Inwi) ; ou lorsqu’elle séjourne dans un hôtel de la chaîne Atlas, présente dans les principales villes du Maroc.

    Le patrimoine du roi et de sa famille peut également bénéficier lorsqu’une municipalité, une entreprise ou un particulier achète du ciment à la filiale marocaine du groupe franco-suisse LafargeHolcim, le plus grand cimentier du monde, auquel est associé le groupe d’affaires du monarque. Ou lorsque quelqu’un commande des matériaux de construction à la société Sonasid (Société Nationale d’Sidérurgie), leader sur le marché marocain de l’acier.

    Toutes ces sociétés appartiennent au groupe Al Mada, du moins jusqu’à mercredi sur son site officiel, après quoi la page est devenue vierge. Ce fonds d’investissement a changé plusieurs fois de nom depuis sa création en 1966, sous Hassan II. À partir de 2018, elle s’est présentée sous le nom d’Al Mada (perspective, en arabe) et a abandonné l’ancienne de SNI. Il prétend être l’un des plus grands fonds d’investissement du continent, déclare son siège à Casablanca et affirme que son identité est, avant tout, africaine.

    Le nom du roi n’apparaît pas sur le site web du groupe. Cependant, le nombre de 24 pays africains dans lesquels elle est présente se distingue par sa grande taille.

    Sept secteurs

    Al Mada se développe dans sept secteurs, avec différentes participations du monarque et de sa famille : les services financiers (Al Mada détient 46% d’Attijariwafa Bank, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique en 2020, citant l’agence de notation Fitch), les matériaux de construction, la distribution, les mines (société Managem), l’immobilier et le tourisme, l’énergie (société Nareva) et les télécommunications (Inwi).

    Par ailleurs, Al Mada possède une fondation du même nom à travers laquelle le groupe a fait don en mars 2020 de l’équivalent de 200 millions d’euros pour le fonds spécial dédié au Maroc à la lutte contre le covid-19. Plusieurs médias locaux ont rapporté à l’époque qu’Al Mada avait fait ce don, « sur les instructions de Sa Majesté le Roi ». La fondation a également offert un million de masques FFP2 au personnel de santé du pays et distribué 50 000 paniers alimentaires au cours du mois de mai 2020.

    Le groupe de la famille royale présentera lors de la prochaine assemblée générale prévue le 25 mai prochain à ses actionnaires un résultat historique pour l’exercice 2020 équivalent à 302 millions d’euros, dépassant son précédent record établi en 2018, a publié jeudi le site numérique parisien Africa Intelligence. Ce site, qui suit de près les comptes du roi, assure que la pandémie n’a eu aucun effet sur Al Mada.

    Les origines d’Al Mada remontent à deux autres groupes liés au Palais Royal et cotés à la Bourse de Casablanca : ONA et Société Nationale d’Investissements (SNI). L’actionnaire majoritaire de SNI était un autre groupe personnel du roi, appelé Siger (anagramme de Regis, qui signifie roi en latin), fondé en 2002. ONA et SNI ont fusionné en 2010, ont été renommées SNI et ont été radiées de la bourse. Cette année-là, Ahmed Benchemsi, alors rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tel Quel et aujourd’hui responsable du Maghreb et du Moyen-Orient pour Human Rights Watch (HRW), avait prévenu que les Marocains ne pourraient plus suivre l’évolution de la fortune du monarque.

    Un journaliste, qui préfère taire son nom, note :  » La création d’Al Mada en 2018 était avant tout une opération marketing. Le Palais devait changer le nom précédent (SNI), qui était trop étroitement lié à la famille royale. Et c’est tout ce que ça a fait, changer le nom. 60% de la SNI appartenait à Copropar, un groupe qui comprend les avoirs du Roi (à travers les holdings Siger et Ergis), ceux de son frère, Moulay Rachid (à travers Providence Holding) et ceux de ses trois sœurs : Lalla Meryem (Unihold), Lalla Asma (Yano Participation) et Lalla Hasna (Star Finance) ».

    A la page 20 des 330 pages du document correspondant à l’exercice 2019 de la société minière Managem, il est détaillé que 81,4% de Managem appartient à Al Mada. Et la page 21 montre la composition de l’actionnariat d’Al Mada : Copropar apparaît comme le propriétaire de 42% des actions d’Al Mada. Et Siger, en tant que propriétaire de 4,8% d’Al Mada.

    Le journaliste précité précise : « Mohamed VI peut percevoir à travers Siger des bénéfices encore plus importants que ceux qu’il obtient avec sa participation à Al Mada. Parce que Siger lui appartient à 100%. Siger est composé de 70 filiales, qui ne sont pas enregistrées auprès d’Al Mada. Les entreprises de Siger travaillent dans le développement urbain, l’agriculture ou le tourisme, avec des hôtels de luxe… ».

    Plusieurs sources marocaines ont déclaré à ce journal que le roi est le plus grand propriétaire foncier du pays, le plus grand propriétaire de terres urbaines et agricoles. Mais les mêmes sources admettent qu’elles n’ont aucun moyen de le prouver.

    Dans la liste des 500 plus grandes entreprises d’Afrique, publiée en 2020 par l’hebdomadaire Jeune Afrique sur la base des comptes 2018, Al Mada apparaît à la 37e place, derrière l’OCP, la grande entreprise publique marocaine de phosphate, qui n’appartient pas à Al Mada et se classe 14e. La première place revient à la compagnie nationale algérienne d’énergie Sonatrach.

    L’Afrique est le continent où Mohammed VI a effectué le plus de voyages officiels, une cinquantaine en 20 ans. L’objectif du roi sur le continent n’est pas seulement économique mais aussi géostratégique. Le Maroc tente de trouver des alliés en Afrique pour combattre l’influence de l’Algérie, principal protecteur du Front Polisario, une organisation avec laquelle il mène un conflit armé au Sahara occidental.

    Les activistes marocains du printemps arabe de 2011 ont brandi certains slogans visant le roi, tels que « le pouvoir ou la fortune ». En 2007, le magazine Forbes avait classé Mohammed VI comme le septième monarque le plus riche du monde, devant Albert de Monaco (9e) et Elizabeth II d’Angleterre (12e). Plus tard, plusieurs médias ont rapporté que la fortune de Mohamed VI avait été multipliée par cinq au cours de ses neuf premières années sur le trône.

    Le site numérique Le360, proche de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi et, depuis 2001, président de Siger, affirmait dans un article de 2016 que la SNI a versé 4,3 % des recettes fiscales de l’État dans les caisses publiques en 2014. Il a ajouté : « Cela en fait un acteur clé de la croissance du pays et de la lutte contre les inégalités sociales ».

    Au-delà de ses investissements commerciaux, la fortune de Mohammed VI suscite souvent l’intérêt de la presse internationale. Le Monde a publié un article en 2015 dans le cadre des fuites connues sous le nom de SwissLeaks. Il a indiqué que Mohammed VI avait ouvert un compte à son nom auprès de la banque suisse HSBC pour un montant de 7,9 millions d’euros. Le journal a rappelé qu’il est illégal pour les Marocains résidant au Maroc d’ouvrir des comptes à l’étranger. Deux des avocats du monarque ont écrit une lettre au Monde dans laquelle ils assurent que les sommes ont été transférées « en toute transparence » vis-à-vis des autorités marocaines.

    Ce journal a essayé sans succès à plusieurs reprises de contacter un responsable d’Al Mada.

    El Pais, 16 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Mohammed VI, El Mada, holding royal, fortune,

  • Booba réitère son soutien à Brahim Bouhlel, rappeur condamné au Maroc

    Alors qu’il avait déjà été l’un des premiers à s’exprimer ouvertement à propos de la peine infligée à Brahim Bouhlel, Booba vient aujourd’hui de réitérer son soutien à l’acteur de la série Validé.

    En effet, selon le site Rapunchline, « sur le compte Instagram de La Piraterie, une vidéo a été postée dans laquelle Brahim parodie un homme avide d’argent. « Une pensée pour lui sincèrement il a déliré et sa blague est condamnable mais 8 mois de prison au Maroc y mérite pas c’est trop… » est inscrit en légende de la publication, pour dénoncer la sanction infligée à l’humoriste ».

    La même source rappelle que « Brahim a été condamné le 21 Avril dernier, avec l’influencer Zbarbooking, à 8 mois de prison au Maroc. En réalisant une vidéo qui se voulait être une parodie d’un reportage télé, ils proféraient des insultes envers des enfants dans un restaurant de Marrakech. La vidéo a immédiatement fait le buzz, et a été vivement condamnée ».

    « Une blague ratée qui coûte cher, très cher, à un moment où Brahim était en pleine ascension professionnelle, propulsé par son rôle majeur dans la série de Franck Gastambide », conclue-t-il.

    //www.instagram.com/embed.js

    Etiquettes : Maroc, Brahim Bouhlel, rap, Booba, rappeur,

  • Le roi, la religion, le Sahara : les trois lignes rouges de la presse marocaine

    Les médias citoyens figurent parmi les outils par lesquels les mobilisations sociales et politiques du soulèvement démocratique ont commencé en 2011. La réponse de l’État a évolué au travers de nouvelles formes de censure et de surveillance. Alors que les ONG internationales dénoncent la censure de la presse, les institutions marocaines tentent d’afficher par contraste l’image d’une presse libre, qui accepte la critique du pouvoir. Une image que les chancelleries occidentales, en bons termes avec le Maroc, n’ont pas peu fait pour diffuser. Pourtant, trois lignes rouges restreignent la liberté de parole des journalistes : le roi, l’Islam et le Sahara demeurent trois sujets qu’il est impossible de critiquer sans encourir une sanctions ou pressions.

    L’histoire du contrôle des médias au Maroc a commence avec celle de l’indépendance de 1956. Cette période se caractérisait par un examen en amont des publications et une répression violente, dont le visage fut Driss Basri, l’exécutant des basses œuvres de Hassan II. Le journalisme était alors synonyme d’engagement politique, et les seuls journaux privés qui existaient possédaient des liens étroits avec les mouvements de gauche radicale, comme Anwal (journal du mouvement du 23 mars : organisation marxiste-léniniste) ou Al Moharir-l’émancipateur (journal de l’UNFP).

    Par la suite, le paysage médiatique s’est ouvert à deux occasions : pendant les premières années du gouvernement d’alternance1, puis à partir des années 2000, avec l’émergence de sites d’information en ligne. Quelques réformes ont contribué à élargir l’espace disponible pour une expression critique sans nécessairement garantir l’impunité de celui qui l’exprimait. Ce que l’on appelle communément dans le Royaume les « lignes rouges » – c’est à dire le Roi, le Sahara et l’Islam – limitent, encore aujourd’hui, la liberté de parole des journalistes marocains.

    COMMENT L’ÉTAT MAROCAIN CONTRÔLE LA PRESSE

    L’une des « compétences » des journalistes critiques du pouvoir consiste à savoir jouer avec les lignes rouges. Il existe une importante autocensure, visant à éviter des sanctions telles que l’amende, le retrait de la carte de journaliste, l’emprisonnement – ou l’exil à l’étranger, pour y échapper.

    “La monarchie marocaine ne peut faire l’objet d’un débat, même à travers un sondage.”

    Le crime de lèse-majesté constitue la première de ces lignes rouges. Il est monnaie courante au Maroc : il s’est manifesté en 2009 lors de l’interdiction des hebdomadaires francophones et arabophones Telquel et Nichane, fondés par Ahmed Reda Benchemsi. Cette interdiction est intervenue après la publication d’un sondage sur le règne de Mohammed VI, réalisé conjointement avec le quotidien français Le Monde. Le ministre de la Communication de l’époque, Khalid Naciri, avait expliqué à l’AFP que « la monarchie marocaine ne peut faire l’objet d’un débat, même à travers un sondage»2. Quelques jours après, la police a détruit 50 000 exemplaires de chaque journal sur ordre du ministre de l’Intérieur. Le même Ahmed Reda Benchemsi, directeur de Telquel et Nichane, fut accusé en 2007 d’ « atteinte à la sacralité de la personne du Roi »3 pour avoir écrit un éditorial critique sur un discours du Roi, paru sous le titre de « Où nous emmènes-tu, mon frère ? » (« Fin ghadi bia khouya ? » en arabe).

    En septembre 2013, le rédacteur en chef de la version arabe du site d’information Lakome, Ali Anouzla, fut arrêté pour avoir simplement posté un lien vers le blog d’un journaliste du quotidien espagnol El País. Ce dernier contenait à son tour un lien vers une vidéo dans laquelle Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) menaçait le Maroc. Un mois plus tôt, Anouzla avait révélé la libération par une « grâce royale » d’un pédophile espagnol, ce qui avait déclenché un mouvement de colère très important dans le pays4. Amnesty International, Reporters sans Frontières et Human Rights Watch dénoncèrent cette arrestation motivée par des raisons qui ont principalement à voir avec la ligne éditoriale indépendante de Lakome. Ali Anouzla et Aboubakr Jamai ont également réalisé en 2010 une série d’articles et d’enquêtes qui ont exposé la corruption au sein de l’État marocain et critiqué le pouvoir en place ainsi que la façon dont il a traité les grandes questions depuis la fondation de leur site d’information.

    La deuxième ligne rouge est liée à la première. Elle se réfère à l’Islam, la religion dominante du Maroc, incarnée par le roi en tant que « commandeur des croyants » et descendant du prophète. C’est aussi l’image du Maroc dans le monde musulman qui doit être préservée. Le cas le plus symbolique est « l’affaire Nichane »5. En 2006, l’hebdomadaire, seul à être publié en arabe dialectal marocain (Darija), a produit une enquête intitulée : « Comment les Marocains se moquent de la religion, du sexe et de la politique ? ». Ce document a valu à deux journalistes d’être condamné à 3 ans de prison avec sursis et à une amende commune de 80 000 dirhams (environ 7 220 euros) par le tribunal correctionnel de Casablanca.

    La troisième ligne rouge concerne l’intégrité territoriale, principalement la défense du Sahara (sur laquelle il existe au Maroc un vrai consensus nationale sur sa marocanité). En 2000, le magazine d’information francophone Le Journal, qui était alors imprimé en France pour garantir la qualité de l’impression, fut saisi à l’aéroport de Marrakech pour avoir publié une interview de l’ancien chef du Front séparatiste du Polisario, Mohammed Abdelaziz6. En 2010, le régime a provoqué la liquidation judiciaire du périodique. Des huissiers de justice ont mis sous scellés les locaux en réclamant 4,5 millions de dirhams (environ 450 000 euros) au titre de créances dues en particulier à la Caisse de sécurité sociale pour la période 1997-2003.

    LE « MAKHZEN ÉCONOMIQUE » : LE SUJET LE PLUS TABOU AU MAROC
    Ndlr : par Makhzen, la population marocaine désigne l’État et ses agents.

    En vérité, le journal n’a pas été censuré pour l’interview avec l’ancien chef du Polisario : l’hebdomadaire fut victime de sa marque de fabrique qui est l’économie politique. Celle-ci a scellé le destin du journal et prononcé le divorce du journal avec le pouvoir. L’hebdomadaire « pointe les dérives de la gouvernance économique du nouveau pouvoir », exposant des affaires bancaires et financières, concernant des entreprises dans lesquelles le roi est actionnaire. Il souligne au passage divers dysfonctionnements (délits d’initié ou conflits d’intérêt par exemple). En somme, le journal pointait du doigt les magouilles de conseillers économiques chargés de gérer la fortune royale, notamment le secrétaire particulier chargé des affaires du roi, Mounir Majidi, qui est directement visé par les enquêtes de l’hebdomadaire. Des Unes aussi fortes que « Monarchie et affaires : dangereux mariage », « L’alaouisation de l’économie », « Très riche roi des pauvres » ont fini par agacer le Roi et ses conseillers.

    Selon un rapport de diplomates américains ayant fait l’objet d’une fuite, publié par Wikileaks en 2010, l’ambassade des États-Unis à Rabat a signalé à Washington, dans un câble diplomatique confidentiel, que « la corruption est répandue à tous les niveaux de la société marocaine ». Le même rapport souligne que l’ONA-SNI (aujourd’hui Al Mada) – entreprise appartenant à la famille royale – utilise les institutions de l’État pour « contraindre et solliciter des pots-de-vin » dans plusieurs secteurs économiques du pays7.

    Bien que le régime de Rabat soit souvent critiqué par des ONG internationales sur ses violations des droits de l’homme, il profite de rapports privilégiés avec la majorité des pays de l’Union européenne et avec les États Unis

    L’implication du roi dans les affaires est un sujet brûlant au Maroc, mais les discussions publiques à ce sujet sont sensibles. Le 22 juin, Amnesty International a publié un rapport affirmant que les autorités avaient utilisé le logiciel espion NSO pour cibler le téléphone du journaliste Omar Radi de janvier 2019 à janvier 20208. Ce dernier est un journaliste qui s’intéresse à l’économie politique et mène des enquêtes sur l’économie de rente, la corruption, la spoliation des terres ou la proximité entre le Palais et les affairistes. À partir du 26 juin, la police judiciaire, la gendarmerie et les procureurs ont convoqué M. Radi pour 12 séances d’interrogatoire de six à neuf heures chacune concernant de multiples accusations, notamment l’apport de services d’espionnage à des entreprises, organisations et gouvernements étrangers.

    Le 29 juillet, la police a arrêté M. Radi pour « attentat à la pudeur avec violence, viol, réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État et établissement de contacts avec des agents de pays étrangers pour nuire à la situation diplomatique du pays » 12 . Selon HRW13, pas moins de 136 articles attaquant Omar Radi, sa famille et ses défenseurs ont été diffusés sur les sites d’information marocains Chouf TV, Barlamane et Le360, réputés proches des services de renseignements marocains, dans leurs versions arabe et française. L’association dénonce des « poursuites apparemment truquées » contre le journaliste, notamment celle d’agression sexuelle. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé 14 « l’instrumentalisation de la justice en vue de faire une nouvelle fois les voix qui dérangent », en constatant que « l’unique témoin de l’affaire de viol présumée intentée contre Omar Radi est maintenant accusé de participation à l’attentat à la pudeur d’une femme avec violence et de participation au viol ».

    De nombreuses associations de droits humains marocains et de féministes dont l’association marocaine des droits humains (AMDH) et Khmissa11 condamnent également l’instrumentalisation d’affaires de mœurs afin de réduire au silence les voix critiques en se fondant sur la répétition d’affaires similaires. Ces cinq dernières années, au moins trois autres journalistes indépendants ont été condamnés pour des affaires de mœurs en plus de Souleïmane Raïssouni et Hajar Raïssouni, du quotidien arabophone Akhbar El Youm.

    LES CAUSES DE CETTE OFFENSIVE

    Dans un entretien avec l’ex-directeur du Journal Hebdomadaire et de Lakome Aboubakr Jamai, celui-ci nous confie : « le régime marocain a failli dans ses politiques sociales, désormais sa pérennité tient seulement à sa capacité à réduire et faire taire les contestations sociales. Le chômage des jeunes en milieu urbain n’a cessé d’empirer au Maroc, or ce dernier est un paramètre clé dans les pays arabo-musulmans qui ont connu les vagues de protestations du printemps arabe, ce qu’il veut dire qu’il y aurait certainement d’autres vagues de contestation. Le régime le sait et ne veut pas payer le prix politique pour développer ses institutions sous-développées et au lieu de s’attaquer à la cause des contestations, il préfère s’attaquer à ceux qui peuvent mener cette contestation, autrement à la jonction entre le peuple et son élite par un effet de démonstration en sur-réprimant les voix critiques ». La cour d’appel de Casablanca avait condamné Nasser Zefzafi et les leaders du Hirak du Rif à 20 ans de prison.

    Bien que le régime de Rabat soit souvent critiqué par des ONG internationales sur ses violations des droits de l’homme, il profite de rapports privilégiés avec la majorité des pays de l’Union européenne et avec les États Unis d’Amérique car « le Maroc se prévaut de son excellence dans la lutte anti-terroriste et fait de la coopération sécuritaire le nerf de sa diplomatie. Par conséquent, ses alliés font une analyse coût bénéfice et se montrent peu regardant sur la question des droits humains ce qui met le régime marocain dans une situation de confort en rendant un service tellement important à ses partenaires européens et américains qui préfèrent ne pas l’aliéner. Sans oublier que le Maroc a réussi à obtenir un autre totem d’immunité auprès des élites américaines après la normalisation des relations avec Israël car l’éthique de la politique américaine a un angle mort : Israël » a déclaré Aboubakr Jamai dans un entretien.

    “Le Maroc a réussi à obtenir un autre totem d’immunité auprès des élites américaines après la normalisation des relations avec Israël car l’éthique de la politique américaine a un angle mort : Israël.”

    Les relations entre Israël et le Maroc influencent beaucoup la position des États Unis d’Amérique quant aux violations de droits humains commises par le Maroc. Plus généralement, les pays de la région du MENA qui ont accepté d’être les amis d’Israël en adhérant aux accords d’Abraham ont obtenu des avantages diplomatiques. Le Maroc a ainsi obtenu la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Et même si le président Biden et M. Blinken désapprouvent la diplomatie transactionnelle de M. Trump, ils se méfieront également de tout recul par rapport à Israël. Ce dernier est en effet le plus solide allié des États-Unis au Moyen-Orient et exerce une influence politique considérable sur les électeurs évangéliques et juifs américains. Danny Danon, ex-ambassadeur d’Israël aux Nations unies a déclaré : « le président élu Biden essaiera de poursuivre sur sa lancée qui est bénéfique pour les États-Unis, pour les alliés des États-Unis. Je pense que c’est la bonne chose à faire ».

    Pendant près de 60 ans Maroc et Israël ont collaboré étroitement sur des questions militaires et de renseignement, pour des assassinats d’opposants10. En 1965, Hassan II autorise le Mossad à placer des micros dans les salles de réunion du sommet de la ligue arabe, ce qui a permis à Israël de vaincre les armées de la Jordanie, de l’Égypte et de la Syrie lors de la guerre des Six-jours en 1967. Selon Ronen Bergman, journaliste d’investigation et analyste militaire pour le Yedioth Ahronoth, deux mois plus tard, le Maroc exigea qu’Israël lui rende la pareille en l’aidant à enlever et assassiner Mehdi Ben Barka, le leader socialiste et tiersmondiste en exil à Paris. À ce jour, l’affaire Ben Barka n’a toujours pas été résolue et les assassins demeurent inconnus. En 2020, selon Amnesty International, le puissant logiciel d’espionnage Pegasus développé par la société israélienne de cybersécurité NSO Group a été utilisé par le gouvernement marocain pour espionner le journaliste Omar Radi.

    Il n’y a pas que les relations avec Israël. Le Center for Responsive Politics (CRP), un centre d’étude et organisme à but non lucratif basé à Washington qui retrace l’utilisation de l’argent en politique, indique que le Maroc a dépensé près de 15 millions de dollars de 2015 à 20209 en lobbying. Selon Howard Marlowe, président de la Ligue américaine des lobbyistes, le Maroc a dépensé ces millions de dollars afin d’obtenir plusieurs faveurs politico-diplomatiques.

    Désormais, le Palais dicte la démarche à suivre dans le pays sans opposition réelle. En outre, l’expérience de l’alternance menée par le socialiste Al Youssoufi qui a permis l’association d’une partie de la gauche à la gestion des affaires gouvernementales, a porté un coup fatal à l’ensemble des formations de la gauche marocaine. Celles qui refusaient de participer au gouvernement en 1997 à savoir l’OADP (aujourd’hui PSU) et le PADS n’ont pas été épargnées. Elles forment aujourd’hui la fédération de la gauche démocratique.

    Le recours à la stratégie du « pluralisme contrôlé » et au « contrôle électoral », ont également fourni au régime un antidote contre toute influence significative de l’opposition sur la scène électorale. Tout en maintenant les structures partisanes établies durant l’époque coloniale, le Makhzen a su mettre en place les conditions propices à la création de formations politiques loyalistes. Cela a favorisé les divergences entre les différentes composantes de l’opposition – notamment la gauche militante marocaine. Les difficultés à surmonter ces ruptures continuent d’accentuer les divisions au sein des rangs de la gauche militante et contribuent au repli de l’opposition marocaine.

    Sources :

    1. Par l’alternance, il faut entendre le gouvernement d’alternance consensuelle dirigé par Abderrahmane Youssoufi. Cet avocat, militant des droits de l’homme, dirigeant alors de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), ancien opposant au roi Hassan II a été appelé par le palais pour mener, un an avant la mort du roi le 23 juillet 1999, les réformes politiques, économiques et sociales nécessaires à la « démocratisation » du royaume d’une part, et pour permettre d’autre part une autre alternance, royale cette fois avec la montée sur le trône du prince héritier.

    2. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2009/08/03/maroc-le-sondage-interdit_1225217_3212.html

    3.https://rsf.org/fr/actualites/le-proces-dahmed-reda-benchemsi-reporte-sine-die-par-la-justice-marocaine

    4.https://www.courrierinternational.com/article/2013/09/23/ali-anouzla-un-journaliste-trop-libre-toujours-en-prison

    5.https://www.liberation.fr/planete/2007/01/16/maroc-on-peut-se-moquer-de-l-islam_82016/

    6.https://www.liberation.fr/planete/2000/04/18/maroc-un-avertissement-a-la-presse-rabat-a-interdit-le-journal-au-pretexte-qu-il-ferait-le-jeu-du-po_322270/

    7.https://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/12/10/wikileaks-au-maroc-la-corruption-s-institutionnalise-et-n-epargne-pas-le-palais-royal_1451996_1446239.html

    8.https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/06/nso-spyware-used-against-moroccan-journalist/

    9.https://www.opensecrets.org/fara/countries/93?cycle=2016

    10.https://www.haaretz.com/israel-news/.premium.HIGHLIGHT-assassination-bribes-smuggling-jews-inside-mossad-s-secret-alliance-with-morocco-1.9372580

    11.https://www.hrw.org/fr/news/2021/04/06/liberez-omar-radi-et-garantissez-un-proces-equitable

    12.https://www.hrw.org/fr/news/2020/09/21/maroc-un-journaliste-critique-poursuivi-pour-espionnage

    13.https://www.hrw.org/sites/default/files/report_pdf/morocco0517_web.pdf

    14.https://rsf.org/fr/actualites/maroc-les-chiffres-qui-prouvent-le-harcelement-judiciaire-contre-omar-radi

    LVSL.FR, 14 mai 2021

    Etiquettes: Maroc, Makhzen, lignes rouges, Mohammed VI, presse, répression, droits de l »homme,

  • Soutien aux deux journalistes marocains Omar Radi, et Soulaiman Raïssouni

    Les syndicats du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes (RSISL) expriment leur soutien aux deux journalistes marocains Omar Radi, et Soulaiman Raïssouni, en détention provisoire depuis de longs mois, en isolement, et dans un état de santé très critique en raison de leur grève de la faim entamée depuis début avril. Aucun d’eux n’est hospitalisé et ne bénéficie de soins médicaux adaptés. Nous exigeons leur libération immédiate.

    Nous dénonçons les conditions de musellement et l’acharnement répressif que vivent aujourd’hui les journalistes au Maroc, que ce soit leur surveillance quotidienne, les intimidations, les menaces physiques, les diffamations dans les médias du pouvoir, ainsi que les poursuites judiciaires, et l’instrumentalisation des questions de mœurs ou sexuelles à des fins politiques pour décrédibiliser leur personne. Comme ont été accusés Radi et Raïssouni. Ils travaillaient sur des sujets très sensibles au Maroc, la corruption du régime, et la dépossession des terres collectives.

    Nous exprimons toute notre solidarité aux combats des journalistes indépendants pour être libres de s’exprimer au Maroc : ils sont poursuivis, condamnés, enfermés, voire exilés en raison de leur travail.

    Nous nous alarmons en particulier de la situation du rédacteur en chef du journal Al-Khabar Elyoum, Soulaiman Raïssouni en grève de la faim depuis le 8 avril dernier, plus de 30 jours, en isolement depuis un an et qui demande sa liberté provisoire dans l’attente toujours de son procès. Son état de santé est très critique, et il a perdu plus de 25kg.

    Omar Radi était en grève de la faim depuis le 9 avril dernier, grève suspendue temporairement le 30 avril dernier à son 22ème jour, pour des raisons graves de santé. En isolement depuis neuf mois, il demande aussi sa liberté provisoire dans l’attente de son procès.
    Les deux journalistes ont leur audience prévue le 18 mai prochain.

    Les arrestations concernent aussi désormais les personnes qui osent simplement publier sur réseaux sociaux leur avis sur la situation au Maroc, à l’image du youtubeur Chafik Omerani, arrêté en février 2021, et libéré le 6 mai après une longue grève de la faim (près de 90 jours) qui l’a laissé dans un état critique.

    Nous dénonçons également la répression qui s’accentue depuis plus d’une décennie et qui vise toute contestation, luttes et mouvements sociaux au Maroc faisant plusieurs centaines de prisonnier.e.s politiques pour qui nous demandons la libération immédiate !
    Nous appelons à rejoindre toutes les actions de solidarité qui seront menées.
    Liberté pour tous-tes les prisonnier-ère-s politiques au Maroc !
    #FreeKoulchi

    Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes, 11 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, presse, journalites, Omar Radim Souleiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

  • Maroc : Un roi toujours en apprentissage du « métier » de roi.

    Mohammed VI s’est mis Angéla Merkel sur le dos. Son ministre des Affaires Etrangères s’est comporté comme un « bleu ». Il a eu tors de s’emporter et de se confronter à plus fort que lui. Hélas, maintenant, pour reprendre une relation normale, le roi qui était habitué à voir tout les marocains lui faire de longues courbettes et des lèche mains salivants, devra, malheureusement, se prosterner devant la Chancelière et demander des excuses.

    En arriver là, relève de la cupidité de croire que l’on est en droit de tout faire sans tenir compte des devoirs et restrictions diplomatiques. Il est certain que, riche de cette malheureuse expérience, il réfléchira à sept fois avant d’entamer une action. Malgré son âge et son expérience, il est toujours en apprentissage du « métier » de roi.

    Le Maroc a voulu affronter un grand pays qui ne voyait pas cette colonisation sous le même prisme que lui. Il voulait même, par des procédés douteux, lui imposer son point de vue pour profiter de sa mainmise sur le Sahara Occidental. Ce coup de poker n’a, non seulement pas réussi, mais va enfoncer le Maroc dans une confrontation qui est perdue d’avance et qui laissera, incontestablement, des marques indélébiles.

    Le Maroc a joué … Il s’est brûlé et a perdu gros. Une bonne première leçon qu’il doit méditer.

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Angela Merkel, Mohammed VI, diplomatie,