Catégorie : Maroc

  • Maroc: des rassemblements de soutien au peuple palestinien réprimés

    Les forces de l’ordre marocaines ont réprimé lundi à Rabat et à Casablanca des sit-in de soutien au peuple palestinien, ont rapporté des médias locaux.

    Dans la capitale Rabat, les mêmes sources ont relevé la présence d’un dispositif sécuritaire « impressionnant », indiquant que le sit-in devait se tenir en face du parlement. Les médias ont relayé des vidéos montrant les éléments de la police marocaine chargeaient les manifestants.

    Durant ce rassemblement, à l’appel du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation avec l’entité sioniste, les citoyens présents sur place ont scandé des slogans hostiles au gouvernement marocain et en faveur de la Palestine tels que « le peuple veut le gel de la normalisation » ou encore « la normalisation est une trahison, El-Qods est un legs ».

    Dans la ville de Casablanca, dans l’ouest du pays, un sit-in de solidarité similaire devait se tenir à la place des Nations Unies mais a été réprimé. Plusieurs boulevards et rues ont été bloqués par les forces de l’ordre, présentes en force, poussant les manifestants à organiser des marches improvisées avant d’être dispersés. Le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation avait appelé à participer, lundi, à un sit-in à Rabat à partir de 16 heures devant le bâtiment du Parlement, en solidarité avec le peuple palestinien.

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  • Maroc: « Le conseiller du roi, Fouad ALi El Himma, serait en fuite » (fake news)

    La nouvelle est en conditionnelle, puisqu’il s’agit d’une nouvelle manipulation des services secrets marocains visant à discréditer les médias critiques. Il s’agit d’une vieille stratégie de la DGED en vue de rendre le lecteur marocain scéptique par rapport aux écrits de la presse dissidente et les publications de la presse algérienne.

    En effet, le Makhzen a propagé, à travers ses canaux, une information prétendant que le conseiller du Roi du Maroc, Foued ALi El Himma se serair réfugié dans l’ambassade du Canada à Rabat, pour demander l’asile politique.

    Foued ALi El Himma, est considéré comme la boîte noire du monarque marocain Mohamed VI. Il est le plus proche conseiller du roi, dont il est l’ami depuis l’enfance.

    Algérie54, 12 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Mohammed VI, Fouad Ali El Himma,

  • Omar Brouksy tire à boulets sur le roi du Maroc

    Dans un article ironique : L’universitaire et journaliste Omar Brouksy raille Mohamed VI

    Dans un brûlot dont la lecture fait chaud au cœur, et intitulé « où est passé le président du comité Al-QQods » le journaliste et universitaire Omar Brouksy raille frontalement le roi Mohamed VI, qui préside en effet ce comité depuis le décès de son père Hassan II.

    L’article en question met à nu l’hypocrisie et la lâcheté de ce souverain, ami et complice des sionistes dans leur vile entreprise d’extermination du peuple palestinien. Ironie du sort, le souverain marocain se serrait bien passé de ce titre honorifique et creux en ces heures très sombres.

    « Aujourd’hui, face au déferlement de la violence israélienne abondamment relayée par les médias (internationaux) et les réseaux sociaux, dans l’indifférence de la communauté internationale, le titre de président du comité Al-Qods est devenu un véritable boulet pour le fils d’Hassan II », attaque ironiquement l’auteur de ces lignes.. il enchaine pour dire que « les événements dramatiques que vivent depuis quelques jours les Palestiniens ne pouvaient pas tomber plus mal pour le roi, dont la popularité et l’image ne cessent de s’effilocher.

    Soulaimane Raissouni, un journaliste en grève de la faim depuis plus de trente jours, est entre la vie et la mort ; un autre journaliste, Omar Radi, a été hospitalisé après plus de vingt jours de grève de la faim à la prison d’Oukacha, à Casablanca ».

    En effet, un malheur ne vient jamais seul. Et ce n’est sans doute pas ce roi qui oserait soutenir le contraire. « Les événements d’Al Qods interviennent cinq mois après l’établissement des relations diplomatiques entre le royaume chérifien et l’État d’Israël, et au lendemain d’une rencontre décomplexée de Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, le 5 mai 2021, avec le puissant lobby sioniste basé à Washington, l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac) ».

    Plus grave encor, la minute aveux a de quoi glacer le sang, et pousser les sujets marocains à entreprendre une jacquerie sans fin : « Le Maroc, a déclaré Bourita par vidéoconférence lors de cette rencontre, est contre ceux qui sont en train de contester l’existence même d’Israël. Le Maroc a été contre cela depuis les années 1980, et le roi Hassan II avait été clair à ce sujet ». Il ajoutait en guise de précision tout à fait assumée : « Depuis plusieurs décennies, nos pays ont toujours eu des contacts directs qui se sont vraiment formalisés en 1994, soit au lendemain de la signature des accords de paix d’Oslo. Après, il y a eu une rupture des relations, mais en réalité, les contacts ne se sont pas interrompus. »

    Le roi Mohamed VI est désormais dos au mur. Il n’a pas d’autre choix que de poursuivre dans la voie de la trahison kundérienne. « Face à la gravité de la situation à Al-Qods, un communiqué du ministère des affaires étrangères aussi laconique que bref (trois petits paragraphes) et datant du 9 mai annonça tout de même que « le Maroc, dont le souverain Sa Majesté le Roi Mohamed VI, que Dieu L’assiste, préside le comité Al-Qods, considère ces violations comme un acte inadmissible et susceptible d’attiser les tensions.»

    De quelles violences s’agit-il ? Aucune allusion, dans le communiqué, à l’État d’Israël comme auteur et responsable direct desdites « violences ». « Le Royaume, poursuit le communiqué, considère que les mesures unilatérales ne sont guère la solution, de même qu’il appelle à favoriser le dialogue et le respect des droits. » ce n’est pas tout, Mohamed VI devrai boire jusqu’à la lie, et l’hallali, son inexorable descente aux enfers. Ses hommes liges et affidés aussi.

    « Humilié en décembre 2020 par le président du comité Al-Qods, qui l’avait contraint à signer devant les caméras du monde entier l’acte officiel établissant des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, le chef du gouvernement Saad Dine Elotmani (islamiste) n’a pas trouvé meilleure occasion pour tenter d’effacer, aujourd’hui, ce que même les sympathisants de son Parti de la justice et du développement (PJD) avaient, à l’époque, qualifié de « véritable honte ».

    La presse marocaine n’est pas non plus en reste dans cette coucherie qui frise carrément la prostitution intellectuelle : « Tout aussi marquante est la manière dont les événements d’Al-Qods sont « couverts » par la majorité de la presse marocaine. À l’instar du président du comité Al-Qods, c’est la discrétion et une légèreté parfois insoutenable qui l’emportent sur l’analyse, l’indépendance éditoriale et l’exhaustivité ». ce constat n’en demeure as moins positif attendu qu’il a fait tomber pas mal de masques mesquins, mensongers et hypocrites. La Palestine, qui agonise, saura désormais reconnaitre les siens…

    Rafik Bakhtini

    Etiquettes : Maroc, Omar Brouksy, Palestine, Al Qods, Jérusalem, Israël, normalisation, président du Comité Al Qods, Mohammed VI, Amir El Mouminine,

  • Le Maroc annonce la date de reprise des vols avec la France

    Le Maroc annonce la date de reprise des vols avec la France

    La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) marocaine a fait savoir aux navigants aériens que la reprise des vols internationaux de passagers ne se ferait pas avant le 10 juin. Une décision qui intervient juste après l’annonce du prolongement d’un mois de l’état d’urgence sanitaire durant un Conseil du gouvernement.

    Toutefois, la DGAC accorde aux compagnies aériennes la programmation de vols spéciaux au départ et en provenance du Maroc. Ces derniers doivent bien évidemment obtenir l’accord des autorités marocaines.

    Les pays concernés par ces mesures sont, entre autres, l’Espagne, la France, le Portugal, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Égypte, l’Algérie, le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Guinée, le Mali, le Ghana et la Turquie…

    Selon le journal Telquel qui cite une note interne, la direction de l’aviation civile marocaine aurait prolongé, la fermeture de l’espace aérien marocain au moins jusqu’au 10 juin 2021.

    Cette date correspond avec la prolongation de l’Etat d’Urgence dans le pays qui a été prolongé jusqu’au 10 juin.

    Pour rappel, l’Aviation civile marocaine avait déjà prolongé la suspension des vols, notamment entre la France et le Maroc jusqu’au 21 mai 2021, suite à la prolongation de l’Etat d’urgence dans le Royaume.

    Alnas.fr, 11 mai 2021

    Etiquettes : France, Maroc, vols, voyages, ouverture des frontières, espace aérien, l’Espagne, la France, le Portugal, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Égypte, l’Algérie, le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Guinée, le Mali, le Ghana, Turquie,

  • Les nonuplés maliens nés au Maroc ont été baptisés

    Les nonuplés maliens, nés au Maroc il y a une semaine, ont été baptisés ce mardi 11 mai. La cérémonie religieuse a eu lieu à Tombouctou, ville d’origine des parents des neuf bébés. Halima Cissé, 25 ans, avait été transférée mi-mars de Tombouctou à Bamako, puis évacuée fin mars vers Casablanca pour y être prise en charge dans une clinique privée alors qu’elle pensait attendre sept bébés. Il y en avait en fait neuf, cinq filles et quatre garçons, pesant chacun entre 500 g et 1 kg.

    Ils et elles s’appellent, dans l’ordre, Kadidia, Mohamed 6, Fatouma, Oumar, Hawa, Adama, Bah, Oumou et Elhadji. Les nonuplés, dont la naissance mardi dernier a ému le monde entier, ont donc été baptisés ce mardi 11 mai selon le rite musulman à Tombouctou, dans le nord du Mali, la ville d’origine des parents. Le premier fils a été prénommé comme le roi du Maroc où ils ont vu le jour dans la clinique privée Aïn Borja.

    Surveillance médicale étroite

    Halima Cissé, 25 ans, avait été transférée mi-mars de Tombouctou à Bamako, puis évacuée fin mars vers Casablanca pour y être prise en charge dans une clinique privée alors qu’elle pensait attendre sept bébés. Il y en avait en fait neuf, cinq filles et quatre garçons, nés par césarienne et pesant chacun entre 500 g et 1 kg. Le papa, lui, est à Bamako, dans l’attente d’une autorisation du Maroc pour rejoindre son épouse et les bébés.

    Ce mardi, la ministre de la Santé du Mali, Fanta Siby, a adressé ses vœux aux neuf enfants.

    C’est une naissance extraordinaire car c’est la première fois au monde qu’on voit une femme donner naissance à neuf enfants. Donc c’est une joie, pour la famille de madame Halima et pour tout le Mali.

    Les nourrissons sont toujours sous étroite surveillance médicale. Leur état est « stable » mais précaire.

    Contacts physiques limités

    Une équipe renforcée du service de néonatologie est à leurs côtés. Les contacts physiques directs sont limités au maximum pour éviter l’infection, mais les infirmières leur parlent beaucoup pour qu’ils ne se sentent pas isolés. Leur mère les voit tous les jours. Elle-même est choyée par tout le service, aux petits soins pour elle, repas sur mesure et pâtisseries orientales. Le ministère de la Santé malien prévoit l’ouverture d’un compte en banque pour la famille afin de récolter des dons.

    RFI, 11 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, nonuplés maliens, baptême,

  • Maroc : retour plus facile pour les Marocains mais…

    Le Maroc a annoncé de nouvelles mesures pour les passagers de nationalité marocaine bloqués dans les pays objet de suspension de vols et souhaitant rentrer : ils peuvent désormais transiter par un pays desservi par la compagnie aérienne Royal Air Maroc. Mais l’état d’urgence sanitaire en place depuis mars a été prolongé jusqu’au 10 juin, l’interdiction d’accès au Royaume pour les voyageurs lambda devant suivre.

    Alors que des Dreamliner de la compagnie nationale marocaine se posaient le 10 mai 2021 à l’aéroport de Casablanca-Mohammed V avec de nouvelles cargaisons de vaccins contre la Covid-19, elle a relayé comme tous les médias locaux une « Note circulaire adressée aux compagnies aériennes ». Depuis samedi, les passagers de nationalité marocaine « bloqués dans les pays objet de suspension de vols peuvent, pour rentrer au Maroc, transiter par un pays desservi par Royal Air Maroc à condition de respecter les conditions d’accès mises à jour par les autorités marocaines ». A savoir présenter à l’enregistrement :

    – Déclaration sur l’honneur Document
    – Test PCR négatif (-48h)
    – Autorisation de sortie du territoire national marocain
    – Justificatif d’une réservation confirmée et réglée à l’avance (quittance de paiement obligatoire) dans l’une des structures hôtelières agréées:
    Hôtel ONOMO 3 étoiles – Nouaceur ;
    Hôtel ATLAS 4 étoiles – Nouaceur ;
    Hôtel ONOMO 4 étoiles – Boulevard Al Massira (Anfa) ;
    Hôtel IBIS 3 étoiles – Centre proximité de Casa-Port (Anfa) ;
    Hôtel IBIS 3 étoiles – Boulevard Abdelmoumen (Anfa) ;
    Hôtel Delta Atlas 3 étoiles – Boulevard Mohammed V (Anfa).
    Selon cette note, les passagers en provenance d’un « pays non concerné par la suspension de vol » ne sont pas concernés par cette disposition et peuvent rentrer au Maroc « dans les mêmes conditions que précédemment ».

    Rappelons que l’interdiction de vol pour l’instant jusqu’au 21 mai (et qui devrait donc être prolongée au moins jusqu’au 10 juin), en particulier depuis et vers la France et l’Espagne, concerne au total 54 pays, avec pour seule exception des vols de rapatriement organisés de concert avec les autorités locales. Cela veut dire aucun décollage vers les aéroports marocains depuis l’hexagone ou la péninsule ibérique, ni depuis Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Estonie, Finlande, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse et Ukraine (en ce qui concerne l’Europe) ; Algérie, Tunisie, Mali, Afrique du Sud, Botswana, Cameroun, Egypte, Ghana, République Démocratique du Congo, Guinée, Libye et, Mozambique (en ce qui concerne l’Afrique), et dans le reste du monde Argentine, Liban, Koweït, Turquie, Inde, Brésil, Australie et Nouvelle-Zélande.

    Air Journal, 11 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, voyages, vols, tourisme, frontières, covid19,

  • Maroc : A Tarfaya, des surfeurs donnent aux enfants le goût des vagues et de la liberté

    WIDER IMAGE Dans un petit village marocain, des surfeurs donnent aux enfants le goût des vagues et de la liberté.

    Dans une petite ville de pêcheurs du sud du Maroc, coincée entre l’océan Atlantique et le Sahara, un groupe de jeunes surfeurs idéalistes apprend aux enfants de la région à braver les vagues déferlantes.

    À une journée de route des villes du nord du Maroc, et en marge du plus grand désert du monde, le groupe a installé un café en bord de mer où les jeunes peuvent se réunir, apprendre et s’amuser dans le port endormi de Tarfaya.

    « Nous avons un accord ici. Tous ceux qui quittent Tarfaya doivent revenir et faire quelque chose pour la ville », explique Salim Maatoug, un jeune homme de 26 ans qui travaillait comme guide touristique à Marrakech.

    Plus d’une centaine d’enfants du quartier – garçons et filles – ont assisté aux cours de surf gratuits qu’ils donnent dans leur cabane en bois, regardant les instructeurs montrer les mouvements avant de se jeter dans la mer pour essayer eux-mêmes.

    Les surfeurs enseignent également aux enfants l’anglais et l’espagnol, dans l’espoir d’ouvrir leurs horizons au-delà des maigres offres d’emploi locales ou de l’attrait de rejoindre les migrants qui se dirigent vers l’Europe via des voyages en bateau illégaux et périlleux vers les îles Canaries, situées à 100 km de là.

    Des milliers de migrants se sont noyés en mer, et les surfeurs ont dû convaincre des parents qui craignaient la houle de l’océan.

    Les familles ne laissaient pas non plus les filles rejoindre le club jusqu’à ce qu’elles voient la jeune sœur de l’un des surfeurs participer aux côtés des garçons et qu’elles réalisent que c’était sans danger.

    « Maintenant, nous avons un grand nombre de filles qui surfent, des filles qui sont l’avenir de ce club », a déclaré Maatoug, ajoutant qu’il espérait que l’une des filles finirait par le diriger.

    Tarfaya, avec son petit port, offre peu de possibilités de travail à ses 9 000 habitants. L’un des surfeurs du groupe, Hossin Ofan, est pêcheur, tandis que son frère jumeau Lahcen travaille à la station-service locale.

    Dans le désert au-delà de la ville se trouve un parc éolien de 500 millions de dollars, l’un des plus grands d’Afrique, tandis que dans une dépression voisine, une entreprise américaine extrait du sel.

    ENTRE DÉSERT ET OCÉAN

    Dans leur café « Nuevas Olas » (Nouvelles Vagues), les surfeurs se retrouvent et jouent de la musique. Ils ont emprunté de l’argent à la banque pour acheter les planches et les combinaisons de surf de leur club et pour équiper le café.

    Perchée entre le désert et l’océan, Tarfaya n’est guère plus qu’une station intermédiaire sur l’étroit ruban d’asphalte qui longe la côte nord-ouest de l’Afrique sur des centaines de kilomètres.

    Son bâtiment le plus distinctif, un fort s’avançant dans la mer, a été établi en tant que comptoir britannique au 19e siècle, puis garni sous la domination coloniale espagnole.

    Le Maroc a chassé les Espagnols de Tarfaya lors de la petite guerre d’Ifni en 1958 et, environ vingt ans plus tard, lorsque l’Espagne a quitté le Sahara occidental voisin, il a marché sur le territoire où un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie cherche à créer un État souverain.

    L’année dernière, les États-Unis ont reconnu les revendications marocaines sur le Sahara occidental – bien que la plupart des pays cherchent toujours une solution soutenue par l’ONU – ce qui augmente les discussions sur de nouveaux investissements dans une région où la plupart des revenus proviennent de l’exploitation des phosphates ou de la pêche.

    À un moment donné, les surfeurs ont utilisé un autre fort espagnol en ruines comme clubhouse, se réunissant pour parler, manger et chanter avant que le conseil municipal ne leur donne le café en bord de mer.

    Tarfaya disposait autrefois d’une piste d’atterrissage sablonneuse pour les biplans français qui transportaient le courrier en Afrique de l’Ouest, et l’aviateur Antoine de Saint-Exupéry s’est peut-être inspiré de son séjour dans cette ville pour écrire le célèbre conte pour enfants « Le Petit Prince ».

    Près d’un siècle plus tard, Maatoug se tenait appuyé sur la balustrade de la digue, observant un groupe d’habitants jouant au football sur la plage.

    Il a montré une photo de lui, enfant, se tenant fièrement devant l’Armas Essalama, un ferry acheté pour relier Tarfaya aux îles Canaries dans le cadre d’un plan de développement touristique.

    Mais il a heurté des rochers juste à l’extérieur de la ville quatre mois après son arrivée et n’a jamais été remplacé. L’épave rouillée est toujours abandonnée au large, faisant partie du paysage marin de Tarfaya.

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Tarfaya, surfing, Sahara Occidental,

  • Maroc : L’« accord du siècle », la mésaventure du roi Mohammed VI

    Aziz Chahir

    Quelques mois après l’adhésion du Maroc à l’accord de Trump, la diplomatie marocaine commence déjà à déchanter face à un recalibrage de la politique étrangère de la part de Biden et une diplomatie disruptive menée par Netanyahou

    Le 21 avril, une réunion du conseil de sécurité de l’ONU a sonné le glas de la diplomatie marocaine.

    Lors des interventions, les États-Unis n’ont pas abordé la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental – la révision de leur politique sur le dossier est toujours à l’étude – attribuée fin 2020 par l’ex-président Donald Trump.

    Alors que la propagande officielle du Maroc fanfaronnait encore autour d’une « victoire diplomatique historique du royaume », les États-Unis ont appelé les protagonistes à « éviter l’escalade » du conflit dans la région, à afficher « une attitude constructive sur le terrain avec la mission de la paix de l’ONU », la MINURSO, et à accélérer les démarches pour la nomination d’un nouvel émissaire onusien « afin de relancer dès que possible le processus politique bloqué ».

    Une douche froide pour le régime de Mohammed VI, qui a appris que l’engagement précipité dans l’« accord du siècle » de Trump coûterait cher à son pays en pleine crise politique et économique.

    L’histoire remonte au jeudi 10 décembre 2020 : le président américain faisait savoir qu’il avait signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que se disputent les Marocains et les indépendantistes du Polisario, soutenus par l’Algérie.

    En contrepartie, le royaume, qui entretient, depuis toujours d’ailleurs, un contact permanent avec Tel Aviv, décidait de « normaliser » ses relations avec Israël, après les avoir rompues en 2000, à la suite du déclenchement de la deuxième Intifada.

    Dans les coulisses, cela faisait quelques mois déjà que les médias israéliens avaient révélé que le Maroc et Israël menaient des négociations secrètes que la diplomatie marocaine s’était d’ailleurs vite empressée de démentir, laissant ainsi croire que le roi Mohammed VI, en sa qualité de président du Comité al-Qods, émanant de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), n’allait pas oser mettre la cause palestinienne dans la balance afin de négocier en échange la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara occidental.

    La « solution à deux États » aux oubliettes ?
    Mais le souverain marocain a cédé à la pression monstrueuse, exercée notamment par Donald Trump, sur les chefs d’États arabes afin qu’ils adhèrent à son « accord du siècle ».

    À quelques semaines de son départ, le président américain a ainsi réussi à faire flancher la position plutôt mitigée et évasive du « commandeur des croyants » sur la question de la normalisation avec Israël.

    Après le Soudan, Bahreïn et les Émirats arabes unis (EAU), le Maroc s’est engagé précipitamment dans un accord à haut risque que les responsables marocains et israéliens qualifient, malgré tout, d’« historique ».

    Quelques mois après l’annonce de l’accord conclu entre Trump, Netanyahou et Mohammed VI, l’heure est maintenant au bilan.

    Une analyse à froid de la situation révèle que derrière les bénéfices de la « normalisation » avec Israël, notamment économiques et sécuritaires – en tous cas tels qu’ils sont martelés par la propagande officielle –, se cachent inéluctablement des risques non négligeables qui menacent à terme l’avenir de la politique étrangère du royaume.

    Tout d’abord, il n’est pas exagéré d’avancer que la diplomatie marocaine s’est engagée hâtivement dans un processus de normalisation/rétablissement des relations avec Israël à un moment où l’« accord du siècle » du président Trump avait du plomb dans l’aile.

    Aligné sur les positions du gouvernement israélien, le « nouveau plan de paix pour le Moyen-Orient », annoncé le 28 janvier 2020, a été immédiatement rejeté par les Palestiniens (Fatah et Hamas).

    Et pour cause, cet accord balaye d’un revers de main la solution à deux États, dans la mesure où, pour la première fois, un président américain reconnaît la souveraineté israélienne sur les colonies implantées en Cisjordanie occupée, niant le droit international.

    Par ailleurs, l’accord a remis en cause le statu quo concernant le contrôle de l’esplanade des Mosquées/mont du Temple, désormais octroyé aux Israéliens.

    En face de cette nouvelle donne politique, on aura certainement du mal à comprendre les promesses ainsi faites par le roi Mohammed VI à son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, le 10 décembre 2020 : « Le Maroc œuvre pour la solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale, en insistant sur le statut spécial de la ville [de Jérusalem] et sur le fait que l’action du Maroc pour consacrer sa marocanité ne se fera jamais au détriment du peuple palestinien » !

    Après le rétablissement des liens avec Israël, le président du Comité al-Qods aura certainement du mal à dissuader Israël de ne pas s’accaparer les lieux saints.

    Sur le plan symbolique, le leadership religieux proclamé par le monarque se trouve désormais réduit à peau de chagrin. Il n’a même pas daigné dénoncer, il y a à peine quelques jours, l’invasion de la mosquée al-Aqsa par une dizaine de colons, accompagnés par des policiers.

    À la place, c’est le Parti de la justice et du développement (PJD), parti d’obédience islamiste à la tête du gouvernement, qui a pris en charge la dénonciation de la « répression des Palestiniens sur les lieux saints par les autorités israéliennes ».

    Mieux, le PJD a appelé, par le biais de son Groupe d’action pour la Palestine (GAPP), créé en mars, à l’organisation, le lundi 27 avril, d’un sit-in devant le Parlement marocain en signe de solidarité avec le peuple palestinien. Une stratégie du régime visant à canaliser le mécontentement populaire parmi les Marocains, notamment ceux qui se sont opposés à la normalisation des relations du Maroc avec Israël.

    Diplomatie disruptive de Netanyahou
    C’est dire toutes les conséquences imprévisibles de l’« accord du siècle » sur la stabilité politique du régime, lequel est de plus en plus confronté à la pression israélienne, qui tend à accélérer le rétablissement total des relations diplomatiques avec le Maroc.

    Les premiers accords signés par Israël, respectivement le 13 août avec les Émirats arabes unis puis le 15 septembre 2020 avec Bahreïn, se sont concrétisés par l’établissement immédiat de relations diplomatiques pleines et entières.

    Fin octobre 2020, ce fut au tour du Soudan d’établir des relations diplomatiques avec Israël contre un prêt américain d’un milliard de dollars et une décision américaine de rayer le Soudan de la liste des pays terroristes.

    Le Maroc, qui a toujours entretenu des relations politiques et économiques avec Israël, n’a quant à lui pas adhéré aux accords d’Abraham, qui impliquent pour les signataires une défense coordonnée voire commune face à l’Iran.

    D’où justement l’ambivalence qui caractérise la position du régime marocain à l’égard de la normalisation avec Israël et la pression exercée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui aspire à voir le roi Mohammed VI décider rapidement d’un rétablissement total des relations diplomatiques du Maroc avec Israël.

    La stratégie du régime marocain consiste vraisemblablement à limiter au maximum ses engagements officiels avec Israël de peur d’attiser davantage le mécontentement de « la rue », qui reproche au « commandeur des croyants » une certaine compromission avec Israël au détriment du peuple palestinien.

    Face à cette situation controversée, Israël va certainement intensifier la pression sur le Maroc dans le but de neutraliser le régime, l’empêchant ainsi d’influencer d’éventuelles négociations sur la question palestinienne, dont la résolution n’est plus considérée comme un préalable pour les pays arabes souhaitant établir des relations diplomatiques avec Israël.

    Dans cette nouvelle configuration, il semblerait que le Maroc ait perdu de son leadership en tant qu’interlocuteur privilégié des États-Unis et d’Israël sur la question palestinienne au profit des Émirats arabes unis et de Bahreïn.

    Le fait que le royaume puisse se prévaloir de relations historiques et amicales avec Israël, et que la monarchie ait accordé un intérêt particulier à la communauté des juifs marocains entre autres, ne suffit plus pour faire du Maroc un partenaire privilégié des États-Unis et d’Israël, comme c’est le cas des EAU.

    L’heure est désormais à l’action pragmatique et aux calculs froids des intérêts. La philosophie derrière l’« accord du siècle » de Trump sous-tend que la monarchie alaouite n’est plus considérée comme un acteur de premier plan du fait de son histoire, à l’instar, d’ailleurs, de la Jordanie.

    La marocanité du Sahara : un cadeau empoisonné
    La décision de Trump de reconnaître la marocanité du Sahara occidental (classé depuis 1963 « territoire non autonome » par les Nations unies) tente de rompre les rapports de force dans la région.

    Pour le royaume, cette manœuvre stratégique vient à point nommé pour renforcer la présence du régime dans le Sahara occidental, surtout après l’intervention des Forces armées royales dans la zone tampon d’El Guerguerat (à l’extrême sud du Sahara occidental), pour évincer les indépendantistes sahraouis.

    Soutenus par l’Algérie, ces derniers se sont déployés sur la scène politique internationale, espérant ainsi faire valoir leur droit à l’autodétermination et contrer, par-là même, la proposition marocaine de l’« autonomie élargie ».

    Pris de court par les manœuvres du Maroc et ses alliés, les généraux algériens ont essayé de peser de tout leur poids sur la communauté internationale afin de faire avorter toute tentative visant à consolider le leadership du Maroc dans la région.

    De son côté, le régime marocain s’est réjoui de l’ouverture de plusieurs consulats de pays africains au Maroc, notamment à Laâyoune et à Dakhla.

    Mais c’était sans compter la pugnacité du régime militaire algérien, qui tente d’endiguer l’influence du royaume dans la région du Sahara occidental et même au-delà, dans l’Afrique subsaharienne notamment.

    La diplomatie algérienne a commencé par faire pression sur la Mauritanie afin qu’elle rompe ses relations diplomatiques avec le Maroc. Alger n’a eu de cesse de multiplier les rencontres politiques avec les hauts responsables mauritaniens. Ces échanges ont abouti le 1er avril à la signature d’un protocole stratégique d’entente visant à renforcer la coopération économique et sécuritaire entre les deux pays.

    L’objectif à terme des généraux algériens est de contribuer à l’isolement régional du royaume à un moment où les relations bilatérales entre Rabat et Madrid sont envenimées, notamment à cause de la fermeture des frontières marocaines avec Ceuta et Melilla.

    Depuis que Rabat a décidé de rétablir ses relations avec Tel Aviv, l’Algérie tente sans relâche de discréditer le royaume aux yeux de ses voisins dans la région, les incitant ainsi à rompre leurs relations avec Rabat, dans la perspective d’espérer ainsi pouvoir l’évincer de l’Union du Maghreb arabe (UMA).

    Le régime algérien s’est massivement déployé sur la scène internationale pour défendre la position du Front Polisario.

    Fin avril, Alger est même intervenu auprès de Madrid pour venir en aide au chef du Front Polisario. Les autorités algériennes ont demandé à l’Espagne d’assurer l’hospitalisation de Brahim Ghali, apparemment atteint de COVID-19. Le Maroc a enragé et décidé de convoquer l’ambassadeur espagnol à Rabat pour exprimer son « exaspération ».

    Les déclarations de la diplomatie espagnole, qui se voulaient plutôt rassurantes, attestant d’une coopération historique entre Rabat et Madrid, n’ont pas servi à désamorcer les tensions qui perdurent, notamment à cause du phénomène de la migration irrégulière.

    Tout récemment, les tensions sont montées d’un cran entre la ministre espagnole des Affaires étrangères et le chef de la diplomatie marocaine. La fébrilité de Nasser Bourita à travers son discours plutôt menaçant à l’égard d’une puissance européenne dénote indéniablement l’impasse dans laquelle se trouve le régime de Mohammed VI.

    Après le gel des relations diplomatiques avec l’Allemagne, le royaume subit les foudres politiques de Madrid, annonçant vraisemblablement une neutralité masquée de l’Union européenne vis-à-vis de l’initiative de l’ex-président américain Donald Trump (la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental).

    Macron dans le jeu de l’« équilibriste »
    À l’heure où les négociations quadripartites impliquant le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sont au point mort depuis la démission du dernier émissaire de l’ONU Horst Köhler en mai 2019, les ingrédients d’un conflit militaire sont réunis, surtout après la reprise des hostilités entre les protagonistes et l’escalade éventuelle de la violence, à en juger par l’élimination confirmée, début avril, du « gendarme en chef » du Polisario, Addah al-Bendir, probablement par un drone des Forces armées royales.

    Face à une telle situation chaotique, les Européens pourraient saisir l’occasion pour intervenir sur le terrain diplomatique afin d’accélérer la nomination d’un nouvel émissaire de l’ONU et mettre les protagonistes autour de la table des négociations.

    À cet égard, la France semble avoir les cartes en main pour endiguer toute polarisation du conflit saharien dans une région caractérisée par la montée de la radicalisation et l’existence inquiétante de groupuscules terroristes, notamment dans le Sahel.

    Le président Macron, fidèle à sa « diplomatie du pragmatisme », pourrait maintenir un équilibre fragile dans les rapports de force entre les protagonistes. La prudence légitime affichée par la diplomatie française sur le dossier du Sahara occidental et surtout sa décision de ne pas ouvrir, du moins pour le moment, un consulat dans la région semblent cadrer avec une « diplomatie de pondération » qui tend à apaiser les tensions entre les voisins maghrébins.

    Et c’est justement là que réside le défi à relever pour la France en vue de trouver une formule politique pragmatique susceptible d’éviter la montée des tensions entre le Maroc et l’Algérie. Ce qui permettrait à Paris de revigorer à terme son leadership au sein de l’Union européenne et, bien au-delà, face à l’hégémonie américaine.

    Du côté israélien, le Premier ministre Benyamin Netanyahou reste fidèle à sa diplomatie disruptive qui tend à déstabiliser les chefs d’État arabes pour qu’ils établissent rapidement des relations diplomatiques avec Israël.

    Et pour accélérer la manœuvre, les Israéliens font miroiter aux régimes autoritaires arabes des aides financières, technologiques et surtout sécuritaires à un moment où les pays arabes sont déchirés par les conflits militaires, les crises économiques et la recrudescence des protestations populaires post-Printemps arabe.

    Conscient des risques d’implosion qui guettent les pays arabes, Netanyahou a même offert au roi Mohammed VI l’adhésion du Maroc à un pacte de non-agression entre pays arabes et Israël. Mieux, le Premier ministre israélien compte sous peu mettre en place des vols directs entre les deux pays et a même invité le roi à visiter Israël.

    Mais le monarque n’a pas encore décidé d’envoyer de délégation politique en Israël, se contentant de déclarer que son pays allait « reprendre les contacts officiels […] et les relations diplomatiques dans les meilleurs délais ». Une stratégie visant à imprimer le temps politique et à canaliser une opinion publique en partie acquise à la cause palestinienne.

    Face aux gesticulations de la diplomatie marocaine, l’Europe semble vouloir revenir au statu quo qui a longtemps marqué le conflit saharien.

    Après des relations tumultueuses entre Rabat et l’ex-envoyé spécial au Sahara occidental, l’Allemand Horst Köhler, la décision des autorités marocaines de geler toute coopération avec l’Allemagne, le refus de Madrid de céder à la pression de Rabat après l’hospitalisation du chef du Polisario en Espagne et la tentative de la France de maintenir une certaine neutralité vis-à-vis de ses alliés traditionnels dans la région, le régime marocain se retrouve acculé à sortir de sa torpeur en cédant davantage à la pression diplomatique sans relâche des Israéliens.

    En pleine compétition diplomatique acharnée, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita était, le 6 mai, l’invité de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), puissant lobby juif aux États-Unis.

    C’est dire aussi combien l’« accord du siècle » constitue un échec cuisant pour ses partisans et surtout une mésaventure pour le roi Mohammed VI.

    Middle East Eye, 07 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Accords d’Abraham, Sahara Occidental, Algérie, Espagne, Brahim Ghali, hospitalisation, Front Polisario, Donald Trump, Joe Biden, normalisation,

  • Maroc-Sahara Occidental: arrestations « en pleine nuit » de dizaines de migrants à Laâyoune

    Dans la nuit du 7 au 8 mai, les autorités marocaines ont surgi dans des habitations de Laâyoune, dans le sud du pays, arrêté et déplacé dans une autre ville des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne dont des femmes et des enfants. L’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH) et le groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (Gadem) dénoncent une « opération illégale » visant à éloigner les migrants des zones frontalières.

    Arrêtés en pleine nuit. Des dizaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont été arrêtés dans la nuit du 7 au 8 mai à leurs domiciles, à Laâyoune, dans le sud du pays, selon l’association marocaine pour les droits de l’homme (AMDH). L’opération menée par la police marocaine a eu lieu entre « 23h et 4 h du matin ». Des femmes et des enfants auraient également été embarqués.

    Omar Naji, le vice-président de la section de l’AMDH à Nador, contacté par InfoMigrants, parle d’opérations « illégales », « opérées sans ordre ni contrôle judiciaire ». « Des violations graves ont été commises », poursuit-il. « L’arrestation de femmes enceintes et d’enfants est interdite par la loi et contraire à la Convention Internationale des droits de l’enfant que le Maroc a ratifiée ».

    Sur les réseaux sociaux, l’AMDH a déploré le cynisme des autorités qui n’ont pas sécurisé la zone. Cette nuit-là, de nombreux vols, pillages et destructions de biens ont eu lieu aux domiciles des personnes arrêtées. « S’introduire à l’intérieur des maisons à 23h et les laisser ouvertes après les arrestations est de la responsabilité des autorités », dénonce encore Omar Naji.

    Ce n’est pas la première fois que les autorités marocaines procèdent à ce genre d’opérations musclées contres des migrants d’Afrique subsaharienne. Elles sont même « assez fréquentes, selon les périodes », souligne de son côté Camille Denis, la directrice du Gadem, une autre association marocaine qui vient en aide aux migrants dans le nord du pays. « Ce qu’il s’est passé à Laâyoune n’est pas étonnant. Cette opération est sûrement en lien avec la situation aux Canaries ».

    « Eloigner les migrants de la zone frontalière »

    Laâyoune est connu pour être l’un des points de sortie du pays pour les migrants voulant rejoindre l’Europe via les Canaries espagnoles – situées à environ 200 km de là. Les arrivées via l’océan sur l’archipel espagnol se sont multipliées depuis la fin 2019. L’an dernier, 23 023 migrants ont atteint les Canaries, soit huit fois plus que l’année précédente, selon le ministère de l’Intérieur espagnol. Depuis, l’Union européenne a haussé le ton contre le Maroc l’exhortant à mieux contrôler ses frontières.

    « Le but de ces opérations marocaines est donc d’éloigner les migrants de la zone frontalière », résume Camille Denis du Gadem. « Mener une opération à Laâyoune n’est pas un hasard, la ville fait partie des routes migratoires les plus utilisées sur la côte marocaine en 2020. »

    Généralement, les opérations des autorités répondent au même procédé : cibler un endroit précis (domiciles, parcs, carrefours…), mener des arrestations de masse et procéder à des déplacements internes forcés. « C’est comme cela que le Maroc essaye de stopper les départs ».

    Les migrants arrêtés à Laâyoune ont effectivement été déplacés vers la ville de Tantane, plus au nord, explique l’AMDH. « Ils auraient pu être déplacés encore plus haut, vers Agadir. On a déjà vu ça », précise encore Camille Denis.

    Des déplacements forcés pour décourager les migrants

    Une fois déplacés, les autorités peuvent procéder à des expulsions forcées, mais aussi à des libérations. Beaucoup de migrants sont ainsi relâchés dans la nature à des centaines de kilomètres de leur lieu de vie. Ce fut le cas lors de l’opération du 8 mai. « Les autorités ont libéré les migrants là-bas [à Tantane, ndlr] et les ont laissés sans ressources […] Ils doivent rentrer chez eux par leurs propres moyens », dénonce l’AMDH. « Ces opérations sont juste là […] pour montrer à l’Union européenne le bon travail de gendarmes marocains ».

    Le procédé des arrestations/déplacements forcés/retour-à-domicile ressemble surtout à une guerre d’usure visant à épuiser les migrants. « Il y a des traumatismes qui naissent de ces opérations. Les déplacements forcés participent à la précarisation des migrants. Ces derniers peuvent perdre leurs emplois, leur bail, leur logement », précise Camille Denis. Il y a aussi le traumatisme moral. « On parle d’arrestations à domicile, de nuit, d’arrestations au faciès, de violences… Tout cela est très compliqué à gérer pour les personnes de peau noire ».

    De nombreux migrants disent être victimes de racisme et de violences policières au Maroc. Outre la capitale Rabat, la police marocaine mène régulièrement des raids dans les forêts situées à proximité de Tanger, où des migrants vivent cachés en attendant de tenter de gagner les côtes espagnoles par le détroit de Gibraltar.

    En juillet 2020, un migrant camerounais avait été tué après que la police avait démantelé un camp illégal dans une forêt, au nord de Tanger.

    Info Migrants, 10 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, migrants, subsahariens, Laayoune, Canaries, Espagne, pateras,

  • Le combat du Maroc contre le terrorisme islamiste

    Depuis la montée en puissance de l’État islamique en Syrie et en Irak, le risque terroriste sur le Maroc provoque une recrudescence de l’activité djihadiste qui persiste même après la défaite militaire du groupe au Proche-Orient. Le Maroc est également préoccupé par le fait que certains de ses ressortissants qui ont rejoint l’État islamique pourraient revenir au Sahel. 1645 marocains ont rejoint des groupes djihadistes en Syrie et en Irak, dont 745 sont morts dans des attentats suicides ou au combat. La plupart se sont battus pour l’État islamique. Parmi les survivants, 270 sont rentrés au Maroc et 137 ont été poursuivis. La loi marocaine punit jusqu’à 10 ans ceux qui rejoignent des groupes djihadistes à l’étranger.
    Les cellules terroristes djihadistes ont donc trouvé un terrain fertile au Maroc dans lequel elles se développent et se transforment non seulement en une menace réelle pour la stabilité du royaume, mais aussi pour les divers mouvements islamistes au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe.

    Le 16 mai 2003, quatre jours après avoir fait 26 morts lors d’attaques portées contre des édifices occidentaux à Riyad, Arabie saoudite, 14 terroristes lancent des attaques suicides sur différents hôtels, restaurants ou centres communautaires de Casablanca. Elles sont principalement dirigées contre des propriétés juives. Leurs auteurs sont des jeunes provenant du bidonville de Sidi Moumen, des membres de Salafia, un groupe affilié à Al-Qaïda. 33 autres personnes, dont huit Européens ont été tués et une centaine furent blessés.

    Ces attentats sont les actes terroristes les plus graves qu’a connus le Maroc. Ils représentent le point de départ de l’affrontement entre le royaume chérifien et les organisations terroristes islamistes. Ils surviennent deux ans après les attaques spectaculaires du 11 septembre 2001 à New York, symbolisant la montée au puissance du radicalisme islamiste à travers le monde.

    Depuis lors, le Maroc a adopté une guerre impitoyable et sans merci contre les organisations djihadistes tout en renforçant ses défenses autour d’objectifs et d’institutions stratégiques.

    Mohamed Nifaoui, du Bureau Central d’Investigation Judiciaire (BCIJ) a déclaré lors d’un colloque sur le fléau du terrorisme tenu en février 2021 : « le Maroc a réussi depuis 2003 à démanteler plus de 2 000 cellules terroristes, appréhendant 3535 terroristes et déjouant plus de 500 opérations terroristes, soit près de 10 par mois !

    Pourtant, en mars 2021, quelque 982 assassinats avaient été perpétrés dans la région du Sahel bordant les frontières sud du Maroc, représentant près de 40% des crimes commis dans la région, et imputés à des réseaux terroristes. Sur les milliers de volontaires combattants dans les rangs des organisations djihadistes, 5 000 sont originaires des pays d’Afrique du Nord, dont 1 654 Marocains (femmes et enfants compris). 270 sont revenus d’Irak et de Syrie, 137 cas ont été traités et poursuivis.

    Soixante-quinze pour cent étaient « Inghimasiyyine », des agents d’infiltration chargés de protéger les convois, puis de participer à des attaques ciblées. Certains des combattants marocains occupaient aussi des postes ministériels au sein de l’État islamique. Soulignons que le Maroc emploie également un réseau de 50 000 mqadmin (informateurs) à travers le pays, signalant aux services de sécurité toute activité suspecte. Il est devenu le premier pays d’Afrique du Nord à mettre en orbite un satellite de surveillance à haute résolution.

    Les réseaux islamiques ont recruté des djihadistes, principalement dans la banlieue de Casablanca et dans la ville nord de Ceuta. Ces réseaux se concentrent également sur les résidents espagnols de la communauté des expatriés marocains en Espagne. Depuis 2013, les agences antiterroristes espagnoles, en coopération avec leurs homologues marocains, ont démantelé plus de 40 cellules terroristes et incarcéré environ 150 djihadistes.

    Dans ses efforts de lutte contre le terrorisme, le Maroc a noué des partenariats avec d’autres grandes puissances dans la lutte contre le terrorisme. Le Maroc a signé de nombreuses conventions traitant de la sécurité et de la coopération judiciaire.

    Une relation particulière s’est développée avec les États-Unis. En décembre 2020, dans le cadre de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, il était prévu, selon certaines informations, que les États-Unis ouvre un consulat local et même une base militaire. Cette relation stratégique pourra fournir au Maroc des renseignements essentiels et préventifs concernant les activités des djihadistes et autres organisations terroristes constituant une menace pour le royaume.

    Depuis 2016, le Maroc fait aussi partie du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), la force multinationale initiée par les États-Unis dans la lutte contre les djihadistes dans la ceinture du Sahel et ailleurs en Afrique.

    Le Maroc a également développé sa coopération avec la France, l’Espagne et le Portugal dans le cadre de la sécurité G4. Il est prévu une coopération aussi avec la Belgique.

    Le 5 mai 2021, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a mis en garde contre les intentions de l’Iran dans la région : « il utilise des milices armées pour déstabiliser l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest aussi. L’Iran menace la souveraineté du Maroc en soutenant le Polisario, en leur offrant des armes et munitions, et en formant les milices du Polisario pour attaquer le Maroc. L’Iran, à travers le Hezbollah, est aussi en train d’étendre ses activités de déstabilisation en Afrique de l’Ouest. Nous sommes aujourd’hui très vigilants par rapport à la menace que constitue l’Iran pour notre sécurité. C’est donc pour toutes ces raisons qu’il est important que les Etats-Unis prêtent une attention particulière à la menace que représente l’Iran pour leurs alliés, notamment dans cette région du monde » a souligné le ministre marocain des Affaires étrangères.

    En conclusion, durant ces dernières années, les organismes chargés du combat contre le terrorisme au Maroc ont marqué des succès mais aussi certains échecs sans réussir à éradiquer totalement les organisations djihadistes, profondément enracinées dans la société marocaine.

    Lire l’intégralité de l’article et ses notes sur le site anglais du JCPA-CAPE

    JCPA-CAPE, 09 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, terrorisle, ISIS, Etat Islamique, Al Qaïda, EI, Daech, Daesh, salafisme, djihadiste, Sahel, Syrie, Irak,