Catégorie : Maroc

  • Maroc : Sit-in à Casablanca pour dénoncer l’arrestation du journaliste Soulaïman Raïssouni

    CASABLANCA – Le Comité de solidarité avec le journaliste marocain, Soulaïman Raïssouni, a organisé mardi un sit-in devant la Cour d’appel de Casablanca au Maroc, pour dénoncer son arrestation arbitraire depuis plus de dix mois dans une présumée affaire de « viol ».

    Le sit-in a été organisé devant la Cour d’appel de Casablanca où devait se tenir mardi le procès de Soulaïman Raïssouni, rédacteur en chef du quotidien indépendant, « Akhbar Al Youm », selon le Comité. Le procès a été reporté au 15 avril.

    Le journaliste est le troisième membre de l’équipe de ce journal à se faire appréhender de manière spectaculaire par la police, après Taoufik Bouachrine, le fondateur du quotidien, qui purge actuellement une peine de quinze ans de prison, et sa nièce et consœur Hajar Raissouni, arrêtée en août 2019, condamnée dans une présumée affaire d’avortement illégal et finalement graciée.

     » Tous les journalistes d’Akhbar al-Yaoum qui ont été arrêtés ces derniers temps l’ont été pour des affaires dites de  » mœurs « : Taoufik Bouachrine l’a été pour viol et trafic d’êtres humains , Hajar Raissouni pour avortement illégal et Soulaiman Raissouni pour attentat à la pudeur, avec violence et séquestration », a constaté l’ancien diplomate Ali Lmrabet, relevant que  » le régime de Mohammed VI a commencé à faire preuve ces dernières années d’une audacieuse métamorphose en matière de méthodologie pour faire taire les dernières voix qui osent le questionner ».

    Mercredi, des journalistes d’Akhbar Al Yaoum, ont organisé un sit-in devant le siège du quotidien à Casablanca pour dénoncer sa fermeture.

    Le journal qui a fait face à un boycott publicitaire a du fermer, privé des aides à la presse débloquées par le gouvernement pendant la crise sanitaire.

    Des ONG comme Amnesty International dénoncent régulièrement la « répression des voix critiques » au Maroc, citant notamment les cas de Soulaiman Raissouni et Omar Radi.

    Etiquettes : Maroc, Sit-in, Souleymane Raïssouni, Casablanca, presse, journalistes,

  • Ils ont quitté la Vienne pour ouvrir un riad au Maroc

    La cake designer Stéphanie Guérin a quitté la Vienne avec mari et enfant pour ouvrir un riad à Marrakech. Les restrictions sanitaires leur compliquent la vie, mais ils ne regrettent rien.

    Quitter son boulot, vendre sa maison et partir au soleil. Beaucoup en rêvent. Peu passent à l’acte. Stéphanie Guérin est tombée amoureuse du Maroc en 2014 en participant une première fois (d’autres ont suivi) au rallye féminin humanitaire Roses des Sables. « On aime le pays, la population, l’état d’esprit, les conditions de vie, l’accueil, la chaleur, le climat… », s’enflamme Stéphanie Guérin.

    Quelques années plus tard, les enfants ont grandi et sont installés, le petit dernier, Elouan, a 10 ans. Go ! « Ce projet mûrit depuis cinq ans. Pendant deux ans, nous sommes allés tous les mois au Maroc et avons visité une centaine de riads pour trouver notre bonheur au coeur de la Medina, près du palais royal, un quartier très vivant et sécurisé. On a choisi Marrakech à 2 h 30 de Poitiers grâce aux vols depuis Tours ou Nantes », raconte Stéphanie Guérin.

    « Nous n’avons aucun regret d’avoir cru en nos rêves ! »

    Le couple vend sa maison à Saint-Julien-l’Ars et cesse ses activités : en mars 2020, Stéphanie Guérin transmet son entreprise de cake designer (Cooking Steph) à sa fille Jodie. Patrice, son mari, plaquiste menuisier arrête également. Tout est prêt, même la date de signature : le 8 avril 2020. Mais voilà, le Covid-19 est un gros caillou dans la chaussure.

    La famille, qui devait s’installer à Marrakech début juillet, se retrouve coincée en France, sans travail, sans maison. Deux mois d’errance et enfin, le sésame du consulat du Maroc. « Comme j’avais créé mon entreprise en mars, nous avons obtenu une autorisation. »

    Le 12 septembre 2020, emménagement sous le soleil et début des travaux pour aménager le riad et ses six suites. « On a tout refait à la traditionnelle avec des artisans de la médina et pu ouvrir le 5 décembre », raconte la Poitevine.


    Quelques clients découvrent le riad Heklek. Des formules clés en mains sont proposées aux touristes, jusqu’à début janvier. Coup d’arrêt au tourisme. Le Maroc a fermé ses frontières à une quarantaine de pays (dont la France) pour éviter la circulation du variant anglais. La France, elle, empêche tout déplacement sauf motif impérieux.

    « Toutes les réservations prévues en février, mars et avril ont été annulées. Le Maroc vit une crise économique terrible. Et les Marocains n’ont pas la chance d’avoir des aides… » La famille Guérin vit sans salaire depuis un an, sans revenu depuis les derniers touristes de janvier, mais ne se plaint pas et croit à un avenir meilleur : la vaccination bat son plein.

    Gâteaux roue de secours

    « La vie reste douce et peu chère, si ce n’est l’école française de notre fils. On espère que les touristes reviendront après les vacances de Pâques. »
    Et il y a les gâteaux : Cooking Steph renaît à Marrakech depuis quelques semaines. « Je n’ai pas de matériel, j’utilise mon expérience et mon savoir-faire, je fais toutes les compotées de fruits, mes recettes plaisent. Je suis en contact avec des chefs marocains pour des sessions de formation. » Une roue de secours bienvenue en attendant le retour des touristes.

    Et si c’était à refaire ? « Les conditions de vie sont magiques. On se sent chez nous. Même en connaissant la situation, on le ferait. Nous n’avons aucun regret d’avoir cru en nos rêves ! »

    Centre Presse, 30 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, riad, tourisme, hôtellerie, logement, séjours, location,

  • Figuig: l’oasis qui élargit le fossé entre le Maroc et l’Algérie

    Par Manal Zainabi

    Nouvel épisode dans le feuilleton des fortes tensions entre Rabat et Alger. L’armée algérienne a expulsé dernièrement une trentaine de familles d’agriculteurs marocains d’une oasis frontalière. Résultat, une escalade inédite survient entre les deux frères ennemis. Récit et analyse de ce tournant avec des experts de la région.

    Jeudi 18 mars 2020, l’heure était au deuil chez les agriculteurs figuiguis au Maroc. Ce jour-là, les habitants de cette ville située à l’extrême-est du royaume sont sortis par milliers défiler dans les rues pour «pleurer la fin d’El Arja». Une marche pacifique qui a pris symboliquement des allures de convoi funèbre pour protester contre l’expulsion par les autorités d’Alger d’une trentaine de familles de fermiers marocains. Ces expulsés avaient jusqu’au 18 mars pour quitter la palmeraie historique d’El Arja, située dans la zone frontalière algérienne, à moins de cinq kilomètres de Figuig. Un ultimatum qui leur avait été imposé par l’armée algérienne.

    Alors qu’ils étaient laissés libres d’exploiter cette terre depuis des décennies, malgré la fermeture officielle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, ces agriculteurs ont été sommés, du jour au lendemain, d’évacuer les lieux. Les passages ayant été complètement bloqués par la gendarmerie algérienne, il leur est désormais interdit de cultiver les dattes des 15.000 palmiers qu’ils entretenaient avec soin, de père en fils.

    «Nos terres, notre gagne-pain, nos legs et souvenirs ancestraux», scandent les manifestants sur cette vidéo, diffusée jeudi 18 mars sur Facebook.

    Les manifestants qui comptaient marcher jusqu’à El Arja, le 18 mars dernier, ont finalement été stoppés par les forces de l’ordre marocaines pour éviter toute friction avec les militaires algériens qui ont pris possession de la zone. Pacifiques, les participants se sont finalement redirigés vers le centre-ville de Figuig où ils ont observé un sit-in.

    Des vues de la marche et du sit-in qui s’en est suivi, jeudi 18 mars à Figuig, à l’extrême-est du Maroc

    Joint par Sputnik, Ahmed Nourredine, politologue marocain, spécialiste de la question du Sahara et originaire de cette région de l’extrême est de l’Oriental, affirme que le nombre de personnes affectées par «cette tragédie» avoisine les milliers, vue la cohésion sociale caractérisant cette zone. «Chaque champ de palmiers-dattiers d’El Arja faisait vivre en moyenne une dizaine de familles. Pour chacune d’entre elles, l’agriculture est la seule et unique ressource. C’est donc une question de survie économique», souligne-t-il.

    «Toute la population de la région se sent lésée. Elle en veut aux autorités algériennes qui n’ont jamais revendiqué cette terre et n’ont même jamais demandé aux cultivateurs marocains de la quitter, et ce malgré la guerre des sables en 1963 entre les deux pays et celle du Sahara entre 1975 et 1991. La mort dans l’âme, les habitants d’El Arja ont tout de même suivi les ordres et ont laissé tout derrière eux», relate Ahmed Nourredine.
    Il faut ressortir les livres d’histoire pour comprendre l’origine de ce quiproquo. Le tracé frontalier entre l’Algérie et le Maroc est défini par une convention signée entre les chefs d’États des deux pays en 1972. Cet accord donne légalement avantage à l’Algérie sur la palmeraie d’El Arja.

    «Réponse du berger à la bergère»

    Pourquoi l’Algérie ne réclame-t-elle cette terre que maintenant ? Cette question revient souvent sur les lèvres des Figuiguis, désespérés. Pour y répondre, Sputnik a interrogé le spécialiste du Maghreb, Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Cet auteur des ouvrages «Le Maroc en 100 questions» (Éditions Tallandier, 2020), «Histoire du Maroc depuis l’indépendance» (Éditions la découverte, 2016) et «Maghreb: la démocratie impossible?» (Éditions Fayard, 2005) estime que cet épisode douloureux pour les familles d’agriculteurs d’El Arja est «la suite d’un processus engagé il y a déjà quelques mois».

    En effet, cette opération d’expulsion intervient dans un contexte de crise croissante entre les deux pays voisins. Depuis près d’un an, la froideur qui distingue les relations entre Rabat et Alger depuis 45 ans a laissé place à une franche hostilité, en particulier autour de la question sempiternelle du Sahara.

    «C’est évidemment l’accord dit d’Abraham entre le Maroc, les monarchies du Golfe, Israël et les États-Unis, qui entérinent entre autres la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis, qui a exaspéré les autorités algériennes. C’est une réponse du berger à la bergère. Depuis 1963, Alger a toujours lié la question des frontières maroco-algériennes à la crise sahraouie», décrypte Pierre Vermeren.
    Contacté par Sputnik, Kader Abderrahim, spécialiste du Maghreb et directeur de recherche à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe (IPSE) abonde dans le même sens. Il affirme à son tour que les relations diplomatiques «déjà compliquées, difficiles, chaotiques même» entre les deux plus grands pays du Maghreb se sont dégradées davantage depuis que les États-Unis, sous l’ancien Président Donald Trump, ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara, fin 2020. «Le rapprochement avec Israël et les échanges diplomatiques entre les deux pays a également contribué à tendre la situation», ajoute-t-il.

    Pour ce spécialiste de la politique algérienne et auteur des ouvrages «Géopolitique du Maroc» (Éditions Bibliomonde, 2018) et «Géopolitique de l’Algérie» (Éditions. Bibliomonde, 2020), les raisons de la décision soudaine du régime algérien d’expulser les agriculteurs marocains d’El Arja sont aussi à rechercher dans la situation politique interne du pays:
    «L’Algérie s’est isolée sur le plan diplomatique. Le pays est aussi dans une impasse au niveau politique, en raison de la reprise du Hirak, de la contestation politique et sociale et du rejet du régime en place par une très grande partie de la société. Ayant le dos au mur, le pouvoir cherche à détourner l’attention de la population en faisant vibrer la corde nationaliste. Sauf que les Algériens ne sont pas dupes. Ils ne se leurrent plus par ce genre de manipulations», soutient Kader Abderrahim.
    Le spécialiste marocain de la question du Sahara Ahmed Nourredine adhère à cette thèse. Il assure même qu’il s’agit d’une riposte algérienne à l’évacuation mi-novembre 2020 par les forces marocaines du point de passage de Guerguerat, qui était alors bloqué depuis plusieurs semaines par des éléments du Polisario, soutenus par l’Algérie.

    Les protestataires sortis crier leur peine le 18 mars dans les rues de Figuig en veulent aussi aux autorités marocaines, qui n’ont ni contesté ni réagi à leur expulsion. Un silence assourdissant qui interpelle les interlocuteurs de Sputnik. Tous y voient une réponse en soi.

    Guerre silencieuse

    Les autorités marocaines ne sont pas les seules à avoir fait la sourde oreille à la situation d’El Arja. Leurs voisins de l’autre côté de la frontière ne se sont pas prononcés non plus sur cette affaire. «Les deux pays l’ont bien compris. Ils n’ont pas intérêt à aller vers l’escalade. Jusque-là, les tensions ont été diplomatiques et puis verbales, cela ne va généralement pas plus loin. Ils savent qu’il vaut mieux en rester là», analyse Kader Abderrahim. La preuve, selon ce spécialiste, en est que la police marocaine a même bloqué les manifestants avant qu’ils ne se rendent du côté algérien.

    «Depuis la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie en 1988, les deux États sont devenus virtuoses en stratégie de la tension, sans que cela ne débouche sur un affrontement direct. C’est évidemment heureux. Cela n’empêche ni les invectives ni les mauvaises manières, mais on en reste généralement à ce stade», confirme le spécialiste français du Maghreb, Pierre Vermeren à Sputnik.

    Sur l’évolution de cette situation de crise inédite dans la palmeraie d’El Arja, les trois experts contactés par Sputnik ne se montrent pas très optimistes. Ils regrettent de voir les expulsés pris en otages dans un conflit entre deux États. «Le sort de ces malheureux paysans n’est qu’un symbole dans la vaste querelle entre les deux pays», déplore le professeur d’histoire contemporaine Pierre Vermeren.

    «Il ne faut pas attendre grand-chose ni à court, ni à moyen termes. Et si jamais il doit y avoir des évolutions, elles se feront très discrètement, de telle manière que chaque partie donne l’impression de n’avoir pas perdu la face», suppose de son côté Kader Abderrahim. Et d’ajouter: «C’est une dimension psychologique très importante dans ce conflit».

    «Le sort des cultivateurs d’El Arja pourrait s’arranger sans que rien ne s’améliore au fond… Plusieurs tribus ont eu le malheur d’être coupées en deux par des délimitations frontalières et la coupure ainsi faite se perpétue comme une guigne. Parfois, c’est l’occasion d’arrangements et de trafics. Parfois, c’est le malheur», conclut le professeur Vermeren.
    Le malheur qui a frappé la palmeraie d’El Arja se lit toujours sur les visages blêmes des paysans expulsés, dans leurs regards vides vers l’horizon et leur posture affaiblie. Il se lit aussi sur les murs de leurs bâtisses désormais vides. Des murs où ils ont laissé des tags empreints de regrets.

    Sputnik, 29 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Figuig, El Arja, Laaroda,

  • La peur poursuit les réfugiés rifains : « Le long bras de Rabat arrive loin ».

    De nombreux anciens « travailleurs invités » de la région du Rif marocain ont migré vers l’Europe, principalement en raison de la répression exercée par le roi Hassan II. Maintenant que l’actuel roi Mohammed VI resserre les rênes dans le Rif, un nouveau flux de réfugiés a commencé.

    Lorsque nous parlons de réfugiés, nous parlons principalement des Syriens et de la situation sur les îles grecques. Mais en Espagne aussi, beaucoup de gens arrivent, d’Afrique sub-saharienne, d’Algérie et du Maroc. En 2020, ils étaient 40 000, selon le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, soit près du double du nombre de 2019. On estime à 1 800 le nombre de migrants de Riffin. Ils fuient non seulement la corruption et le désespoir, mais aussi la répression de Rabat.

    L’un de ces réfugiés politiques est Jamal Mouna (37 ans), arrivé par bateau en Espagne au début de l’année. Mouna a participé à de vastes manifestations antigouvernementales dans le Rif en 2016, visant à améliorer les conditions de vie sur place. Ce soulèvement a été réprimé, et la plupart des chefs rebelles ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Il est désormais interdit de manifester contre le régime, et toute personne qui rend compte de la situation dans le Rif sera tôt ou tard arrêtée. Mouna s’est également retrouvée en prison pendant deux ans. Après sa libération, il a poursuivi son activisme, car de nombreux amis étaient encore en prison. C’est pourquoi il a été arrêté à nouveau.

    Les autorités n’ont cessé de me menacer, pour que je me taise », raconte-t-il au Side Note. À un moment donné, je n’avais plus d’issue. Je sentais que ma vie était en danger, alors j’ai décidé de fuir le Rif vers l’Europe ».

    La traversée de la Méditerranée met la vie en danger. Si vous montez sur l’un de ces bateaux de migrants, vous savez d’avance que vous risquez votre vie », dit Mouna. Nous avons eu un moment très difficile. L’eau a commencé à entrer dans notre bateau, et le courant nous a poussés vers l’inconnu. À ce moment-là, vous pensez à tous les amis qui ont disparu pendant la traversée. J’ai beaucoup d’amis qui n’ont jamais été retrouvés après avoir essayé de passer en Espagne.

    Salua Elomari (28 ans), militant espagnol des droits de l’homme, affirme qu’au moins cinq réfugiés de la mer Riffin sont morts cette année. Un bateau avec dix-huit Riffins a disparu, mais ces personnes ont heureusement été retrouvées. Auparavant, pas moins de trois Riffins se sont noyés au large des côtes d’Al Hoceima, ainsi que deux autres personnes. » L’activiste s’engage pour les réfugiés de la mer de Riffin comme Mouna. Elle est active pour l’organisation de défense des droits de l’homme Freedom and Human Rights Organisation, qui défend également le Rif. Sa base est le port d’Almería, dans le sud de l’Espagne.

    Mme Elomari a commencé son travail de bénévole il y a près de cinq ans, lorsqu’elle a reçu plusieurs appels de connaissances disant que des jeunes étaient partis en bateau et avaient disparu sans laisser de traces. J’ai appelé les garde-côtes espagnols, qui sont partis à leur recherche. Je leur ai dit quand ils sont partis et d’où, pour qu’ils aient une idée d’où ils pourraient être.

    Elle a ensuite reçu des messages via les médias sociaux de personnes souhaitant savoir si leurs proches en fuite étaient toujours en vie. Par exemple, j’ai reçu un message d’une mère dont le fils avait disparu. Je les renvoie à la police espagnole, à la Croix-Rouge, à Amnesty International, qui peuvent les aider davantage. Mais à un moment donné, il y avait tellement de gens qui m’envoyaient des messages que j’ai créé une page Facebook avec des renvois vers les autorités compétentes.

    Elomari est aussi parfois appelé par les Riffiens qui envisagent de traverser. Puis elle leur dit ce qu’ils doivent faire lorsqu’ils arrivent en Espagne. Il existe également des militants espagnols qui aident les réfugiés et leur fournissent des informations importantes sur les médias sociaux. Par exemple, quels sont leurs droits lorsqu’ils demandent l’asile. Car les difficultés ne sont pas terminées après que les Riffin ont survécu à la dangereuse traversée maritime.

    Mouna voulait demander l’asile aux Pays-Bas, mais a décidé de le faire en Espagne en raison des difficultés rencontrées.

    Nous avons été choqués par le traitement que nous avons reçu à notre arrivée en Espagne. Nous avons passé trois jours difficiles au poste de police. Nous avions froid et faim. Les dossiers qui nous ont été remis ne semblaient pas corrects. Ces problèmes ont été exacerbés par un interprète marocain raciste qui a effectué la traduction. Nous avons signé les interrogatoires, faisant confiance à l’interprète pour traduire honnêtement notre histoire. Cet interprète nous a également conseillé de ne pas demander l’asile, nous disant que si nous demandions l’asile en Espagne, nous serions immédiatement refusés et renvoyés au Maroc ».

    L’interprète s’est avéré être un menteur, selon Mouna. Je suis convaincu qu’il travaille pour les services secrets marocains. Le bras long de Rabat s’étend loin. Cet interprète a causé des problèmes à de nombreux migrants riffins. Il y a maintenant des organisations qui travaillent pour le sortir de là ».

    Si cet interprète était vraiment un espion ? L’activiste des droits de l’homme Elomari n’ose pas le dire. Il arrive souvent que les interprètes n’agissent pas de manière professionnelle », dit-elle. Ils mélangent leurs propres convictions politiques avec leur attitude envers les migrants. C’est répréhensible. Mais ce ne sont pas nécessairement des espions.

    L’activiste des droits de l’homme ne nie pas que des espions marocains sont actifs en Espagne, essayant de contrecarrer les activistes de Riffin. Elle a elle-même eu des problèmes avec eux.

    Il y a quelques années, alors que j’étais encore à l’université, j’ai organisé une réunion sur le mouvement Hirak. Un membre du personnel marocain de l’université a décidé de me dénoncer aux autorités marocaines. Lorsque j’étais dans le Rif pour rendre visite à ma famille, on m’a retiré mon passeport. Cela m’a empêché de retourner en Espagne pour terminer ma thèse. À mon retour, mes professeurs d’espagnol m’ont dit que j’avais peut-être été trahi.

    Police raciste

    Le travail d’Elomari pour les réfugiés de Riffin est pro bono : « Ce que je fais est souvent très pratique », dit-elle. De nombreux réfugiés rifains se perdent dans le dédale de la bureaucratie espagnole. C’est pourquoi je mets les réfugiés en contact avec des organismes officiels, des organisations d’aide et des experts. Ils peuvent les aider à répondre à leurs questions.

    De nombreux réfugiés riffins ne sont pas au courant de leurs droits. Ils ne demandent pas l’asile parce qu’ils ne savent pas que c’est possible, dit Elomari. Et bien sûr, la police d’Almería ne va pas leur dire quels sont leurs droits. Les réfugiés ont peur. Peur d’être renvoyé, de finir dans une prison marocaine. Ils ne savent pas que leur demande d’asile est confidentielle ».

    En tant que Riffin à Almería, la police n’est pas votre meilleur ami. Elomari : « La police est extrêmement raciste. Pas seulement envers les Riffins, mais envers tous les réfugiés. Les réfugiés politiques du Rif ne sont pas considérés comme de véritables réfugiés, mais comme des migrants économiques. Pourquoi voulez-vous quitter le Maroc ? C’est un pays sûr, n’est-ce pas ? », disent les policiers.

    Les activistes, les avocats et les journalistes sont beaucoup plus compréhensifs. C’est aussi grâce aux informations sur le Rif que nous, les militants du Riffin, avons données », explique Elomari. Grâce à cela, davantage de personnes savent ce qui se passe réellement, et elles comprennent que les gens fuient le Rif pour des raisons politiques.

    Il y a encore beaucoup de lobbying à faire. En Espagne, les réfugiés du Sahara occidental (une région annexée par le Maroc depuis 1975) sont reconnus comme de véritables réfugiés, mais pas encore comme des Riffins. Il y a aussi le parti émergent de la droite radicale, Vox, qui s’oppose à tous les réfugiés. Grâce à Vox, le climat en Espagne est devenu plus raciste. Il est désormais beaucoup plus difficile pour les titulaires d’un statut de louer une maison », explique M. Elomari.

    Depuis mars de l’année dernière, tout le monde est touché par la coronapandémie, y compris les réfugiés rifains en Espagne. Récemment, quatre personnes infectées par le COVID-19 ont été hébergées dans un centre de réfugiés dans une maison séparée, mais seulement après que les médias aient fait campagne pour cela ». Le plus gros problème, selon Mme Elomari, est que les centres d’accueil en Espagne sont surpeuplés.

    Ils sont comme des prisons, avec plusieurs personnes dans une cellule. Il est logique que la couronne se propage rapidement ici. En même temps, les conditions dans les centres d’accueil sont si misérables que certains réfugiés espèrent secrètement qu’ils contracteront la corona, afin d’être également placés dans un foyer ».

    En outre, la crise du corona a également encouragé la migration en provenance du Rif, selon M. Elomari. Jusqu’en 2019, seuls les jeunes partaient, maintenant ce sont des familles entières qui partent. La crise des réfugiés est loin d’être terminée ».

    Et les Pays-Bas ?

    Depuis le début du mouvement Hirak en 2016, des dizaines de Riffins ont fui vers les Pays-Bas, estime Amazigh Ayaou du site riffino-néerlandais Arif News. L’un de ces réfugiés est Abdelali Houdoe (32 ans), qui est passé en Espagne avec Jamal Mouna. Houdoe s’est rendu aux Pays-Bas et a demandé l’asile ici, dit Ayaou. Il a été condamné à cinq ans de prison pour sa participation aux manifestations du Hirak. Il a été gracié par le roi, mais cela ne signifiait pas qu’il pouvait continuer sa vie normale. Houdoe a eu peur d’être à nouveau arrêté et a décidé de traverser ».

    J’ai toujours pensé demander l’asile aux Pays-Bas ou en Belgique parce que j’y ai beaucoup d’amis, dit Mouna, mais maintenant je suis obligée de rester en Espagne. Il y a encore une chance qu’ils refusent ma demande d’asile et que je sois renvoyé, même si les autorités espagnoles savent que j’aurai de gros problèmes si je tombe entre les mains du régime. D’autant plus que j’appelle maintenant les représentants par leur nom et que je parle aux médias et au public de leurs crimes dans le Rif ».

    Finalement, Mouna veut retourner dans son Heimat. Mais seulement quand le régime arrêtera la répression dans la région. Nous voulons vivre librement dans notre pays. Ce ne sera pas le cas pour l’instant. Mais j’espère pouvoir en faire plus depuis l’Espagne et contribuer au changement.

    Elomari : « Ce que les militants néerlandais, les journalistes et les autres peuvent faire, c’est continuer à mettre la cause de Riffin à l’ordre du jour. Pour que le public et vos politiciens sachent ce qui se passe dans le Rif. Que les Rifains sont dans le même bateau que les Kurdes et le peuple du Sahara occidental. Nous sommes un peuple opprimé par un régime répressif ».

    Ewout Klei
    Journaliste spécialisé dans la politique et l’histoire.

    De Kanttekening, 26 mar 2021

    Etiquettes : Maroc, Rif, Hirak, exile, refugiés, Pays Bas, Espagne,



  • La mafia du sable au Maroc : un commerce nuisible à l’environnement (vidéo)

    Au cours des dix dernières années, le boom de la construction au Maroc a fait oublier à certains l’importance de la protection de la nature et de l’environnement. Le sable, matériau essentiel pour la fabrication du béton, est aujourd’hui extrait illégalement à tel point que des plages entières ont disparu. Des milliers de personnes dans le pays gagnent leur vie de cette manière. Armés de pelles et accompagnés d’ânes chargés de paniers, ils retirent chaque jour le sable des plages pour six euros par jour.

    Avec l’augmentation de la construction au Maroc, le sable est devenu une matière première très précieuse qui disparaît progressivement des plages de tout le pays. En tant qu’élément de base pour la production de béton, l’exploitation illégale et non réglementée du sable est un problème qui affecte négativement l’environnement et la conservation des ressources naturelles.

    Le commerce illégal du sable est protégé au plus haut niveau. Pour la géologue Aïcha Benmohammadi, le sable est un capital qui rapporte beaucoup d’argent dans tous les pays. « Je crois que le sable est un capital, il y a un commerce submergé qui représente 55% de la quantité totale de sable qui circule au Maroc », affirme l’expert, également spécialisé dans le sable.

    Mais cette mafia du sable n’affecte pas seulement l’environnement, elle comporte aussi des risques énormes pour les bâtiments qui utilisent ce sable pour leurs constructions. Le béton fabriqué avec le sable des plages devrait répondre à toutes les conditions de sécurité, mais en raison des quantités élevées de sodium qu’il contient, sa durabilité est affectée, provoquant l’oxydation des cadres de la structure, des fissures ou même des effondrements. Selon la Fédération nationale de la construction, on dénombre chaque année environ 60 000 accidents sur les chantiers de construction au Maroc, principalement dus à l’effondrement de structures en béton.


    France24, 27 mars 2021

    Etiquette : Maroc, sable, mafia,

  • Maroc : 9 subsahariens arrivent à Melilla à la nage

    La délégation du gouvernement à Melilla a signalé qu’au cours des premières heures de vendredi à samedi neuf personnes d’origine subsaharienne et certains d’entre eux ont des symptômes légers de l’hypothermie sont arrivés à l’enclave espagnole.

    Son porte-parole a détaillé que les entrées ont eu lieu en deux tours et que les personnes ont été localisées par des patrouilles de la Garde civile ou dans le centre de la ville et dans les environs de l’infrastructure portuaire.

    Les migrants ont été pris en charge par des patrouilles de la Sécurité citoyenne de la Garde civile, qui ont à leur tour alerté la Croix-Rouge, qui leur a fourni des vêtements secs et des couvertures thermiques.

    Le porte-parole du gouvernement a déclaré que certains présentaient de légers symptômes d’hypothermie. Il a toutefois assuré que tous sont en bonne santé et qu’ils passeront la quarantaine au centre Covid, situé à Altos del Real.

    Gente en Melilla, 27 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Melilla, subsahariens, migration,

  • Quand le Maroc boycottait le Festival Eurovision en raison de la participation d’Israël

    Les pays qui se sont retirés de l’Eurovision en raison de conflits politiques

    Après l’annulation de l’Eurovision 2020, l’UER met tout en œuvre pour que l’Eurovision 2021 soit la meilleure possible. Toutefois, deux pays se sont retirés du concours : l’Arménie et le Belarus. Le cas de l’Arménie n’est pas surprenant car elle s’était déjà retirée de l’Eurovision Junior 2020 ; en revanche, le retrait du Belarus a surpris pour le pire. Galsy Zmesta a soumis une proposition politique, que l’UER a rejetée et a donné un nouveau délai au BTRC pour soumettre une nouvelle chanson. Ce qui surprend les fans, c’est que les propositions soumises étaient encore politiques, ce qui a conduit le pays à se retirer, alors que pour eux, ils ont gagné la bataille contre l’UER.

    Tout au long de l’histoire, la politique a été présente dans le concours Eurovision de la chanson, et dans plusieurs cas, elle est également liée au retrait de ces pays du concours. Examinons quelques-uns des cas les plus marquants de l’histoire du concours.

    Tunisie : un début qui n’est jamais venu

    En 1977, la ville de Londres a accueilli le concours Eurovision de la chanson. Au total, dix-huit pays étaient en lice pour la médaille d’or du concours, alors qu’a priori ils devaient être dix-neuf. La Tunisie, en tant que membre actif de l’UER, a demandé à participer au concours, ce qui a été accepté. Lors du tirage au sort de l’ordre de passage, il a été déterminé que la Tunisie se produirait en quatrième position ; cependant, peu après, et sans avoir annoncé son représentant pour le concours, elle a annoncé son retrait du concours musical. Les véritables raisons de ce retrait n’ont jamais été annoncées, mais tout porte à croire qu’il est dû à la participation d’Israël.

    Maroc : un et pas plus

    Bien qu’a priori on se réfère aux retraits des pays en Eurovision pour des raisons politiques, pour parler du Maroc il faut mélanger le retrait d’un pays, et donc, l’adhésion du Maroc au concours. En 1980, Israël a annoncé qu’il ne participerait pas à l’Eurovision parce que le jour du concours coïncidait avec celui de l’Holocauste. Par conséquent, et profitant de la circonstance, le Maroc a participé pour la première fois au concours, étant la sélectionnée Samira Saïd (dix-huitième place avec sept points de l’Italie).

    Un an plus tard, le Maroc se retire du concours, alléguant la mauvaise position obtenue par Samira Saïd, ce que fait savoir Hasan II, qui déclare qu’il ne participera jamais au festival. Cependant, les véritables raisons peuvent être dues au fait que c’est précisément en 1981 qu’Israël a participé à nouveau au concours. En fait, des années plus tard, en 2008, et voyant les bons résultats de la Turquie, le gouvernement marocain a envisagé de revenir au concours, mais ne pouvant pas diffuser certains types de spectacles qui montrent trop ou des paroles contre l’Islam, ils ne feraient pas partie du concours.

    Liban : un retrait de dernière minute

    Il y a quinze ans, l’Union européenne de radio-télévision a admis Télé Liban, le radiodiffuseur public libanais, au concours, permettant au pays de faire ses débuts comme annoncé le 21 octobre 2004. Toutefois, sa participation n’a été officialisée qu’en décembre de la même année, lorsque l’UER a conclu un accord avec la chaîne qui invoquait des difficultés financières.

    A la mi-février, le Liban a rendu publique la sélection interne d’Aline Lahoud avec la ballade Queand tout s’enfuit, composée par Jad Rahbani et Roméo Lahoud. Quelques jours plus tard, en mars, le site web de l’Eurovision libanaise a annoncé tous les candidats participants, à l’exception d’Israël et de Shiri Maimon. L’UER l’a obligé à mettre, sans discrimination, tous les pays sur le site dans les 24 heures, mais le site libanais a choisi de supprimer toutes les informations et de les remplacer par un lien vers le site officiel de l’Eurovision, sans discriminer aucun participant.

    Au cours du même mois, l’UER a demandé à Télé-Liban de s’assurer qu’elle diffuserait le Concours Eurovision de la chanson dans son intégralité, sans omission de participants. Cependant, la télévision libanaise n’a pas pu garantir la diffusion de l’entrée israélienne et a donc annoncé le 18 mars qu’elle se retirait de l’Eurovision 2005. Son retrait, trois mois après le délai prévu, a entraîné une pénalité financière et une interdiction de participer au concours pendant trois ans.

    Arménie : leur premier retrait du Concours Eurovision de la chanson
    Après la victoire d’Ell & Nikki à Düsseldorf en 2011, Ictimai TV, la chaîne de télévision azerbaïdjanaise, a organisé le concours Eurovision de la chanson à Bakou. Cependant, cette année s’est avérée être une année de problèmes bien connus. L’Arménie devait faire partie des pays participants, mais le 7 mars, l’UER a annoncé le retrait du pays. Jon Ola Sand, superviseur exécutif du festival, a expliqué que ce retrait était dû à des  » circonstances indépendantes de la volonté  » de l’UER et que l’organisation avait tout mis en œuvre pour assurer la bonne participation de la délégation arménienne.

    Toutefois, il est de notoriété publique que le retrait de l’Arménie de la compétition était dû au fait que le festival se déroulait en Azerbaïdjan, pays en conflit permanent avec l’Arménie au sujet du territoire contesté du Haut-Karabakh. En fait, le pays s’est à nouveau retiré de cette édition 2021 en raison des affrontements en cours avec l’Arménie, comme il l’avait fait pour l’Eurovision Junior 2020.

    Russie : le jeu avec Julia Samoilova

    Ce qui s’est passé en 2017 avec la Russie a été un autre des sujets les plus discutés de l’Eurovision. La Russie avait sélectionné en interne la chanteuse Julia Samoilova avec la chanson Flame is burning. Cependant, en raison de la tenue du festival à Kiev, en Ukraine, le pays ne pouvait pas s’assurer que la chanteuse soit autorisée à entrer dans le pays, car le service de sécurité ukrainien lui a interdit de voyager en Ukraine pendant trois ans pour avoir franchi illégalement la frontière ukrainienne lors de sa visite en Crimée en 2015. Entrer en Crimée par la Russie est illégal selon la loi ukrainienne.

    L’UER a cependant affirmé qu’elle garantissait toujours que tous les participants pourraient se produire à Kiev sans problème, bien qu’elle soit très déçue par les décisions ukrainiennes car elles vont à l’encontre de l’esprit du concours. C’est pourquoi l’une des options envisagées était de permettre à Mme Samoilova de se produire par satellite depuis un lieu choisi par le radiodiffuseur russe. Cependant, les radiodiffuseurs russes et ukrainiens ont refusé cette option, l’UER qualifiant le comportement de l’Ukraine de totalement inacceptable. Enfin, le 13 avril, la Russie a annoncé son retrait du concours.

    Source : Eurovision Planet

    Etiquettes : Maroc, Israël, Eurovision,

  • Les importations britanniques de fruits et légumes en provenance du Maroc augmentent après le « Brexit ».

    Les statistiques publiées par le HM Revenue and Customs (HMRC) et compilées par Fruit and Vegetable Facts soulignent l’augmentation des importations britanniques de fruits et légumes marocains après le brexit.

    Selon les données, les importations britanniques de produits marocains en janvier 2021 étaient 51% plus élevées qu’en janvier de l’année dernière. L’augmentation des volumes importés de courgettes et de fraises est particulièrement remarquable.

    En revanche, la Grande-Bretagne a importé beaucoup moins de produits des pays de l’UE en janvier que les années précédentes, avec une baisse de 20 % des importations.

    Le ministre marocain de l’agriculture, Aziz Akhannouch, a déclaré que les exportations de fruits et légumes du pays ont atteint 474 000 tonnes en janvier. Plus de 6 % de ces exportations étaient destinées au marché britannique. Le secteur agricole marocain représente 19% du PIB du pays et emploie plus de 4 millions de personnes.

    Route maritime directe
    Il a récemment été signalé qu’une nouvelle route maritime directe allait être établie entre le Royaume-Uni et le Maroc. Les navires de United Seaways relieront Poole dans le Dorset à la ville marocaine de Tanger et permettront d’éviter les embouteillages post-Brexit et les procédures douanières supplémentaires auxquelles sont confrontées les marchandises arrivant via l’Europe. Le service devrait permettre de réduire les temps de trajet de plus de 6 jours par route à moins de 3.

    Source : monitordeoriente.com via Fresh Plaza, 26 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Roayume Uni, Brexit, importations, fruits, légumes,

  • Sommet pour le Climat : Joe Biden zappe le Maroc

    Washington DC, Etats-Unis, 29 mars : Une quarantaine de Chefs d’Etat du monde ont été invités par le président américain Joe Biden pour participer à un sommet virtuel sur le changement climatique les 22 et 23 avril, a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué vendredi.

    Les dirigeants chinois et russes sont invités au sommet, selon le communiqué. Mais ce n’est pas le cas du roi du Maroc, Mohammed VI dont le pays a accueilli en 2016 la Conférence des Nations unis sur les changements climatiques (COP 22).

    Le sommet sera « une étape clé sur la voie de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) en novembre prochain à Glasgow », indique le communiqué.

    « D’ici là, les États-Unis annonceront un objectif d’émissions ambitieux pour 2030 en tant que nouvelle contribution déterminée au niveau national dans le cadre de l’Accord de Paris », ajoute le communiqué.

    M. Biden a inversé la politique climatique de son prédécesseur Donald Trump dès son premier jour de mandat en signant un décret ramenant les États-Unis à l’accord de Paris de 2015 sur le changement climatique. Les États-Unis ont officiellement réintégré le pacte le 19 février.

    Etiquettes : Maroc, USA, Etats-Unis, Joe Biden, Sommet pour le changement climatique,

  • Pourquoi le Maroc veut légaliser le cannabis à usage médical

    Catherine Cornet, journaliste et chercheuse

    Le 2 décembre 2020, le Maroc, l’un des principaux producteurs de cannabis au monde, a voté en faveur d’une proposition visant à retirer le cannabis de la liste des substances les plus dangereuses, et donc soumises à des contrôles plus stricts, en tant que membre de la Commission des stupéfiants des Nations unies. Après ce vote, le gouvernement de Rabat a approuvé le 11 mars un projet de loi ouvrant la voie à la légalisation du cannabis à des fins médicales, relançant ainsi un débat de longue date dans le pays.

    Que signifie pour le Maroc la légalisation du cannabis à usage médical ? Dans une interview sur Skype, l’anthropologue Khalid Mouna, de l’université Moulay Ismail de Meknès, actuellement à l’Institut universitaire Iae de Nantes, grand spécialiste des questions liées au cannabis, a parlé d’une « révolution », mais qui « ira très lentement ».

    Le texte de loi, actuellement examiné par le Parlement, prévoit la création d’une agence nationale de régulation, qui aura pour mission de développer un circuit agricole et industriel où les paramètres sont respectés, avec des « coopératives d’agriculteurs disposant d’autorisations » qui cultivent des « variétés de plantes certifiées ». L’objectif du gouvernement, selon le projet de loi, est de « convertir les cultures illégales qui détruisent l’environnement en activités légales durables qui créent de la valeur et des emplois. »

    L’ouverture souhaitée par l’exécutif a relancé des débats qui durent depuis un siècle dans le pays. Dans une édition récente, l’hebdomadaire Tel Quel, qui soutient avec enthousiasme la dépénalisation partielle, titrait « Let us get high all way », faisant un jeu de mots avec kiffer (aimer, jouir) et kif, utilisé pour désigner un dérivé du haschisch populaire au Maroc. Radio 2Mm a ouvert ses micros à Khalid Tinasti, secrétaire général de la Global commission on drug policy, pour expliquer les avantages de la légalisation. Noonpost a publié un rapport sur les cultivateurs appauvris, tandis que sur le site Medias24, un groupe d’experts a discuté des effets sociaux et économiques positifs de la loi proposée.

    Un débat ancien

    En dehors du refrain, même au sein de son propre parti, Abdelillah Benkirane, chef du parti islamiste Justice et Développement (JPD), crie à l’immoralité et menace de démissionner. En réponse, des médias comme le site Article19 ont rappelé que le cannabis a toujours été utilisé dans la médecine traditionnelle arabe. Ibn Sina, connu en Europe sous le nom d’Avicenne, inclut cette plante dans son Canon de la médecine. « Faire à nouveau du cannabis une ressource médicale, que la science islamique utilise et promeut depuis des siècles, sert également à décoloniser le prohibitionnisme marocain, qui est influencé par le prohibitionnisme occidental », peut-on lire sur le site marocain.

    La question remonte en fait à la période coloniale, durant laquelle un prohibitionnisme a été introduit dans le pays, à l’image de celui de l’Europe, explique l’anthropologue Khalid Mouna dans une interview sur Skype. « A l’époque du protectorat, les Français ont d’abord fait pression sur le sultan pour qu’il libéralise le marché et le kif a financé leur campagne coloniale. En 1934, les Français ont mis en place une réglementation sur la vente de cette substance. Les produits à base de cannabis provenant de la partie du Maroc occupée par les Espagnols étaient considérés comme de la contrebande. » L’ère de la prohibition n’a commencé qu’en 1954 avec un dahir (décision du sultan) promu par la France, sous la pression de l’Egypte. « À cette époque, le pays était le plus grand producteur de cannabis », note Mouna. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation similaire. Les pays du Nord ont été les premiers à légaliser. La Californie a commencé dès 1996. Il y a un net déséquilibre avec les pays producteurs, qui sont au sud. »

    Le cannabis est la substance psychotrope la plus répandue dans le monde et son marché est terriblement inégal, explique Mouna : si l’on parle de chiffres – mais ce ne sont que des estimations faites à partir des données sur les saisies de drogues – en 2014, le marché légal valait 14 milliards de dollars contre un chiffre d’affaires illégal de 140 milliards de dollars. Il est également important de souligner la rapidité avec laquelle « le marché juridique se développe ». Et même dans ce Maroc vient très tard ».

    Le marché mondial connaît en effet une croissance annuelle de 30 %, tandis que le marché européen connaît une croissance annuelle de 60 %, a indiqué le ministère marocain de l’Intérieur dans un communiqué, précisant que la légalisation partielle du cannabis permettrait « d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs et de les protéger des réseaux de trafic de drogue ».

    Une étude de la société Grand View Research a estimé que le chiffre d’affaires mondial de la marijuana légale pourrait atteindre 55,8 milliards de dollars en 2025 (environ 50 milliards d’euros), soit cinq fois plus qu’en 2015.

    La culture du cannabis a en fait retardé l’exode rural dans une région montagneuse et isolée

    La légalisation pourrait changer l’horizon de vie de quelque 90 000 familles – c’est l’estimation du gouvernement de Rabat – qui vivent dans le Rif, une région du nord du pays, et qui dépendent pour leur subsistance de la production illégale de cannabis. Sur le plan social, cette culture a en quelque sorte freiné l’exode d’une région rurale montagneuse et isolée, où l’on trouve aujourd’hui une densité assez élevée – environ deux cents habitants au kilomètre carré – notamment dans les provinces de Taounate, Al Hoceima, Chefchaouen, Ouazzane et Tétouan.

    Khalid Mouna, auteur du livre Le bled du kif, a mené de nombreuses recherches dans le Rif. Selon lui, le projet de loi découle également des années d’échec des tentatives de diversification des cultures dans cette région. Le terrain montagneux n’est pas propice à d’autres cultures, comme les pommes, qui se sont révélées être un échec il y a quelques années. Selon Mouna, dans cette région reculée, « le cannabis est un facteur de stabilité sociale depuis des décennies ». Il est donc naturel que la nouvelle ait été accueillie avec prudence par les habitants du Rif, qui ont peur de s’engager dans un circuit dont ils ne connaissent pas les règles. Les anciens vendeurs illégaux devront signer des contrats avec l’État. Tout le monde devra apprendre lentement de nouveaux codes ».

    La légalisation mettra également en lumière d’anciens litiges non résolus, liés à des divisions foncières ou à des questions environnementales. La production de cannabis repose aujourd’hui sur une exploitation très intensive des ressources en terre et en eau dans une région qui souffre de pénurie d’eau. L’utilisation d’engrais potentiellement toxiques et la déforestation pourraient endommager l’écosystème à jamais, a déclaré Mouna. Là encore, les autorités devront établir des règles « qui tiennent compte de l’environnement, puisqu’elles auront le monopole du type de semences que les agriculteurs pourront utiliser. »

    Il s’agit également de savoir dans quelle mesure les agriculteurs seront intéressés par la transformation de leurs cultures de cannabis récréatif en cannabis médical.

    L’anthropologue rappelle que sur le marché illégal, « la plupart des exportateurs sont des étrangers et les gains réels sont réalisés par eux, et non par les agriculteurs. Le rêve de rencontrer le bon intermédiaire est très profondément ancré dans l’imaginaire de ces agriculteurs. Chacun espère rencontrer le vendeur international qui le rendra riche ».

    Un autre écueil de la légalisation, comme on l’a vu en Colombie ou au Népal, est que pour les petits agriculteurs « les grandes entreprises pharmaceutiques pourraient prendre la place des barons de la drogue ». Il est donc essentiel de rappeler que le cannabis au Maroc a également des usages traditionnels, et que dans certains pays africains, cette plante est utilisée dans l’herboristerie traditionnelle, au même titre que la menthe. « Il faut valoriser l’usage cosmétique et médicinal de ce produit dans l’industrie marocaine, un usage qui n’a pas encore disparu, comme cela s’est produit en Europe », poursuit Mouna.

    Malgré toutes ces questions, conclut l’anthropologue, la diversification du marché est certainement une bonne nouvelle, attendue depuis longtemps : des pays comme le Liban ou Israël avaient déjà légalisé le cannabis médical, sans attendre la décision de l’ONU. Aujourd’hui, Israël est très intéressé par ce qui se passe au Maroc, où un nouveau marché pour ses semences pourrait s’ouvrir.

    Le Maroc se positionne comme un leader en Afrique, conclut Mouna : « Il y a déjà des entreprises pharmaceutiques très dynamiques dans le pays. La légalisation pourrait leur permettre de faire un nouveau bond en avant. »

    Internazionale, 23 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Cannabis, haschich, Kif, drogue, psychotropes, légalisation,