Maroc, Haaretz, économie, Mohammed VI, sécheresse, pandémie, chômage, tourisme, armes,
L’économie du Maroc s’effondre, mais son roi préfère les lumières de Paris. Le pays a dépensé des millions de dollars en matériel militaire mais ne s’est toujours pas remis des effets d’une grave sécheresse et de la pandémie de COVID. Le chômage des jeunes monte en flèche, tout comme les prix des loyers et l’indignation de la population.
Zvi Bar’el
Le roi du Maroc, Mohammed VI, est un homme malade. Il a été opéré du cœur il y a deux ans et a contracté le coronavirus cette année. Ces derniers mois, il a passé plus de temps à Paris que dans son propre pays, donnant des instructions à ses assistants et à son Premier ministre par téléphone ou par Zoom.
Mais ses ennuis ne se limitent pas à ses problèmes de santé. Il y a deux mois, il a été filmé en compagnie d’amis, semblant être ivre et tenant un verre à la main. Ses gardes du corps ont tenté d’empêcher le tournage, mais le clip vidéo a fait le tour des médias sociaux.
Cette affaire avait été précédée d’un autre scandale, après que trois lutteurs allemands d’origine marocaine, les frères Azaitar, ont été accueillis dans le palais royal et photographiés en présence du roi. Cela n’aurait pas suscité de polémique si les frères n’avaient pas exploité les photos à leur profit – pour acheter des terrains au rabais et obtenir des licences commerciales, le tout en fonction de leur relation avec le roi.
Mohammed VI n’a pas assisté aux funérailles de la reine Elizabeth, choisissant d’y envoyer son fils, le prince héritier Moulay Hassan, faisant ainsi allusion à celui qui devrait lui succéder sur le trône. Les conseillers du roi ont déclaré qu’il ne s’était pas rendu à Londres pour les funérailles en raison de son état de santé. Officieusement, il a également été expliqué qu’il s’occupait de sa mère malade à Paris.
La situation du Maroc n’est pas meilleure que celle du roi. Il a beaucoup investi dans l’achat d’armes, de missiles et d’autres matériels militaires, notamment le système antimissile Dôme de fer et les missiles air-sol d’Israël, mais le pays ne s’est pas remis du double choc du coronavirus et d’une grave sécheresse. Au début de l’année, la Banque mondiale prévoyait une croissance annuelle de l’économie du pays de 3,2 %, mais cette prévision a récemment été ramenée à 1,5 % seulement.
Le royaume importe 90 % du pétrole et du gaz naturel qu’il consomme, dont le coût a fortement augmenté depuis l’invasion de l’Ukraine, creusant un trou important dans le budget national du Maroc. Le tourisme dans le pays se rétablit peut-être progressivement, mais les recettes du secteur – 2,7 milliards de dollars au premier semestre de cette année – sont nettement inférieures aux prévisions et aux niveaux antérieurs à la pandémie. Des dizaines de milliers de travailleurs du secteur ont perdu leur emploi et beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas repris le travail. Le taux d’occupation des hôtels du pays est estimé à moins de 50 %.
Dans ce contexte, on peut comprendre la colère massive du public lorsque la ministre du tourisme du pays, Fatim-Zahra Ammor, a choisi de passer ses vacances à Zanzibar plutôt qu’au Maroc. « La ministre a tourné le dos à son pays en allant passer ses vacances à Zanzibar, où elle paie ses dépenses en devises fortes », a écrit Ismail al-Halwati dans un article rageur publié sur le site Akhbarona. Et il n’était pas le seul à s’y opposer.
Les chiffres officiels situent le taux de chômage du pays à plus de 12 %, mais chez les jeunes, ce chiffre est plus proche de 30 %. Une grave sécheresse a chassé les habitants des zones rurales vers les villes, réduisant l’emploi dans le secteur agricole, qui représentait plus de 14 % du PIB du Maroc et employait 40 % de la population. Selon des enquêtes récentes, les zones rurales périphériques ont perdu plus de 150 000 emplois au profit des grandes villes.
Cela a également des répercussions importantes sur le secteur de l’immobilier, sur les prix des loyers et plus généralement sur le coût du logement. En outre, les grandes villes ne sont pas équipées pour accueillir des centaines de milliers de migrants ruraux et leur fournir des soins de santé, une éducation et des installations sanitaires.
Le secteur de l’immobilier, qui a servi de jauge à la santé et à la croissance économique du pays, montre des signes d’effondrement. Il existe une offre de logements, mais la plupart sont haut de gamme et ne conviennent pas aux personnes à revenus moyens et faibles – qui représentent la majorité des demandeurs de logement – et dont les ventes ont chuté de 17 % au cours du premier semestre de l’année. Cette baisse est également le résultat de l’annulation de l’exemption de 50 % sur les frais d’enregistrement.
L’augmentation du coût des matériaux de construction, notamment du fer, de l’aluminium et du ciment, en raison de la guerre en Ukraine, a également aggravé la situation d’un grand nombre de personnes qui ne peuvent pas se permettre d’acheter un appartement. Ils sont désormais contraints de louer à des prix bien plus élevés qu’il y a un an ou deux.
Cette situation s’est également traduite par de la frustration et de la colère face à la baisse spectaculaire de la qualité de vie. En avril, le département de planification du gouvernement a publié des données montrant que plus de 76 % des personnes interrogées ont signalé une baisse substantielle de leur qualité de vie. Quatre-vingt-sept pour cent s’attendaient à une aggravation du taux de chômage, et 47 % ont eu besoin de prêts pour terminer le mois.
Il y a un an, le roi a nommé Aziz Akhannouch, qui est apparemment la personne la plus riche du Maroc, au poste de premier ministre. Sa fortune est estimée à 1,5 milliard de dollars et il contrôle environ 50 entreprises. Sa nomination a suscité l’espoir que son expérience des affaires et son soutien royal propulseraient l’économie vers l’avant et sortiraient le pays de la crise. Il a notamment décidé d’augmenter le salaire minimum du secteur public de 10 % en deux ans, pour le porter à environ 320 dollars par mois. Depuis lors, pour la première fois depuis 2008, l’inflation a grimpé à 8 % par rapport à août 2021, ce qui a eu pour effet de réduire considérablement l’augmentation de salaire.
Les espoirs que les citoyens plaçaient dans le nouveau premier ministre semblent à ce stade ne reposer que sur le papier, et certains articles l’ont déjà appelé à démissionner. Face aux critiques, le roi pourrait accéder aux demandes et remplacer Akhannouch, qui n’offrira de toute façon pas de remède miracle. Mais sa nomination a donné l’impression qu’au moins le roi était réceptif au public – même de Paris.
Le régime du Makhzen marocain se sert de l’expropriation pour se constituer une assiette foncière à bas coût dans le but d’enrichir de hauts responsables et dirigeants du royaume, révèle une enquête de l’organisation Forbidden Stories. Cette enquête publiée sous le titre « Maroc : le rouage d’une machine à cash », poursuit le travail du journaliste marocain emprisonné, Omar Radi, sur les expropriations foncières dans le royaume. Le 3 mars 2022, Omar Radi est condamné par la cour d’appel de Casablanca à six ans de prison pour deux affaires totalement distinctes – « viol » et « espionnage »- instruites et jugées lors du même procès, à rebours de toute logique judiciaire, rappelle l’organisation.
Le journaliste marocain, dont le piratage du téléphone par le logiciel sioniste Pegasus avait été révélé par un rapport d’Amnesty International en juin 2020, « travaillait alors à une enquête au long cours sur les expropriations foncières ». Après plusieurs mois d’enquête pour poursuivre son travail, Forbidden Stories révèle comment des terres tribales ont servi à l’enrichissement de hauts responsables et dirigeants.
L’enquête signée Cécile Andrzejewski et Hicham Mansouri fait savoir que ces terres tribales à une trentaine de kilomètres au Nord de Rabat, appartenant aux habitants du douar Ouled Sbita, un village à deux pas d’un bord de mer paradisiaque, sont tombées dans les mains de la société Addoha, dirigée par Anas Sefrioui.
La société en question aurait fait main basse, à la fin des années 2000, sur des terres agricoles pour lancer son projet de la « Plage des Nations » et en faire un complexe immobilier et touristique, expropriant, au passage, des centaines de personnes, au prix de faible indemnisation. Une affaire que le journaliste Omar Radi, habitué à travailler sur les liens entre pouvoir et business dans son pays, depuis longtemps critique de l’appareil d’Etat marocain, avait dénoncée peu avant sa condamnation comme étant une instrumentalisation de la notion « d’expropriation pour utilité publique ».
« Dans cette zone où la pression immobilière se fait de plus en plus forte, elles (les terres agricoles, ndlr) aiguisent les appétits. En l’espèce, c’est le promoteur immobilier Addoha qui a jeté son dévolu sur elles, dès l’automne 2006, pour y déployer son projet de la Plage des Nations », précise Forbidden Stories. Après avoir détaillé comment Anas Sefrioui a pu mettre la main sur les terres des habitants du douar Ouled Sbita grâce à un subterfuge, couvert par l’Etat, en défiant notamment les lois du Royaume qui interdit au privé de s’approprier des terres collectives.
Pour illustrer l’implication du Makhzen dans ces affaires d’expropriation illicites, l’enquête souligne que c’est sous les yeux de hauts responsables « qu’est lancé le projet de la Plage des Nations (où sont construits un terrain de golf, des villas de luxe, avec piscine et une plage privée à la place d’une forêt protégée) qui aboutira à l’expulsion de la tribu » de Ouled Sbita, avant même que celle-ci n’en soit informée.
En effet, le projet a vu le jour grâce à la signature, le 11 novembre 2006, de deux mémorandums d’entente relatifs à des investissements touristiques et immobiliers à Rabat, explique Forbidden Stories. Mais l’affaire, poursuit l’organisation, « s’avère plus fumeuse encore », car la veille de ces annonces, la valeur de l’action Addoha va exploser.
« Une folie boursière qui trouvera finalement son explication le lendemain avec la signature par le groupe Addoha de ces deux mémorandums d’investissement avec l’Etat ».
Maroc, Mohammed VI, trône, Prince héritier, Moulay Rachid,
Au moment où le Maroc vit une situation économique des plus difficiles causée par un recul des exportations agricoles et de mauvais choix de stratégie économique, le roi Mohammed VI s’est éclipsé de la scène ouvrant la voie à toutes les supputations quant à sa capacité à diriger les affaires du pays.
Il y a quelques jours, le journal espagnol « El Independiente», avait affirmé que M6 a pris du recul par rapport à la gestion des affaires de son pays pour reprendre le train de vie princière qu’il avait avant son intronisation. Ce quotidien avait même laissé entendre l’éventualité de le voir abdiquer pour céder le trône à son fils Hassan III. Cette éventualité avait même créé des remous dans le cercle de la famille royale et poussé le premier conseiller du roi, André Azoulay à placer en résidence surveillée le frère de M6, Moulay Rachid et à éloigner du palais royal la princesse Lalla Hasna. L’ambiance des réunions du conseil de la famille royale est même devenue électrique ces derniers temps et les rapports entre le prince héritier Hassan III et son oncle Moulay s’étaient tendus.
Mais ce qui laisse supposer à un changement des rapports de force dans le proche entourage de la famille royale est la présence de Moulay Rachid aux obsèques de la reine Elisabeth II à Londres. L’événement auquel ont assisté les Chefs d’Etats et les têtes couronnées du monde, aurait dû connaitre la présence de M6 ou du prince héritier selon les us établis par le palais royal marocain et la présence de Moulay Rachid constitue un indice qui pourrait annoncer de profonds changements qui interviendraient dans le palais.
Cet effacement du roi de la scène politique de son pays, puisqu’il n’a plus donné signe de vie, depuis son discours à l’occasion de la fête du trône, intervient alors que la scène sociale connait des remous et des tensions générées par la cherté de la vie et le recul du niveau de vie qui a jeté dans la pauvreté de larges couches de la société marocaine. Actuellement, la classe moyenne qui servait de tampon entre les laissés pour compte et les riches proches de la famille royale et le makhzen, est en train de connaître une crise des plus lancinantes. Elle ne pourrait plus tenir le rôle de paravent qui permettait au palais de vanter les mérites de sa politique économique. Et les jours à venir risquent d’être encore plus difficiles pour le peuple marocain qui voit les oligarques, soutenus par le Makhzen, s’enrichir encore plus et lui sombrer dans la paupérisation.
Il faut savoir que cette situation difficile s’est accentuée depuis l’arrivée des hommes d’affaires israéliens qui ont favorisé le lancement de projets peu productifs en matière d’offres d’emploi et soutenus par des facilitations fiscales et autres qui ont réduit les ressources pour le trésor public.
La crise économique, générée par la pandémie et ses effets, n’a fait qu’accentuer encore plus le fossé entre une minorité de riches et une majorité de pauvres qui peine aujourd’hui à subvenir à ses moindres besoins.
Dans ce contexte, il faut rappeler également le recul de la production agricole destinée à l’exportation. Une faible pluviométrie et des choix de production ont agi sur le volume des exportations. Un chargé de mission auprès du ministère de l’agriculture marocain a expliqué ce recul par la chute du niveau statique des nappes phréatiques de 3 à 7 mètres, une chute du volume des eaux stockées dans les barrages et par la sécheresse qui a connu ses niveaux les plus élevés au cours des trente dernières années.
De plus, la culture du cannabis, qui nécessite beaucoup d’eau, a poussé de nombreux agriculteurs à délaisser les autres produits à l’instar des agrumes concurrencés sur le marché européen par l’orange d’Espagne et celle produite en Israël, dans les territoires occupés, connue sous l’appellation d’orange de Jaffa.
Le Maroc est sur une poudrière et les mauvais choix politiques de son gouvernement et la fuite en avant du palais et son makhzen risquent de coûter encore plus cher au peuple marocain qui agite la menace de l’explosion sociale si des solutions urgentes ne sont pas apportées.
Maroc, Jeune Afrique, François Soudan, Béchir Ben Yahmed, Françafrique, France, décolonisation,
Dans ce courrier du directeur du cabinet de la DGED, Mourad El ghoul transmet « une facture envoyée par M. François Soudan, à remettre à Monsieur le Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, suite communication téléphonique avec Monseur le Directeur Général » (en alussion au patron des services de renseignement extérieur du Maroc, Yassine Mansouri).
Selon cette facture, pour un « contrat de communication » de Jeune Afrique pour l’année 2010-2011 le Maroc paie 700.000 euros « exonérés de TVA ».
Selon l’auteur François Xavier Verschave, le magazine Jeune Afrique existe pour maintenir la Françafrique, ce système de « connivences franco-africaines » au détriment des peuples africains sournoisement conçu pour faire éche au mouvement de décolonisation imposé à la France, après la 2ème Guerre Mondiale, par les grandes puissances de l’époque : Les Etats-Unis et l’ex-URSS.
Hasard ou nécessité, un curieux phénomène veut que la mise sur pied de cette politique de confiscation de l’indépendance des pays africains coïncide étrangement avec la naissance du journal « Jeune Afrique », fondé le 17 Octobre 1960 à Paris par le Tunisien Béchir Ben Yahmed.
De prime abord, l’appellation « Jeune Afrique », sous-entend ce sinistre paternalisle dont le colon français n’arrivera jamais à se défaire, voulant toujours faire croire que l’Afrique — vieille de plusieurs millénaires et berceau de l’Humanité et de la civilisation — n’a existé qu’avec sa venue. Lui qui n’a qu’une histoire d’à peine quelques siècles. Lui qui n’a commencé à exister qu’avec son contact avec l’Afrique.
La création de ce canard néocolonialiste relève de tout, sauf du hasard. C’est encore Verschave qui lève le voile sur ce point : « Vous savez que le JOURNAL FRANCO-AFRICAIN JEUNE AFRIQUE est devenu le LÉGATAIRE UNIVERSEL des œuvres de JACQUES FOCCART! Dans ses MÉMOIRES, celui-ci explique que, depuis 1983, il mangeait tous les mois avec BÉCHIR BEN YAHMED, le patron de Jeune Afrique. Ce »MARIAGE » est le plus ancien et le plus connu… » (sic)
Que peut-on rajouter à cette CONFESSION NON ÉQUIVOQUE? Sinon rappeler que ce « mariage » entre le FAUCON FOCCART et le VAUTOUR BEN YAHMED, cette UNION INCESTUEUSE entre le PRÉDATEUR et le CHAROGNARD – l’un abattant la victime pour se sustenter de sa chair fraîche, l’autre se repaissant des miettes de sa charogne – remonte bien plus longtemps que ce que le premier affirme dans ses mémoires, c’est à dire, à l’origine même de la ’’FRANÇAFRIQUE’’, de 1958 à 1960.
Avant l’israélien Pegasus, le Maroc a utilisé le logiciel de contrôle des ordinateurs de la société privée Hacking Team pour espionner les activités du Secrétariat général de l’ONU, relatives à la question du Sahara occidental. Selon des documents confidentiels, le Maroc est le 3e plus gros client de cette société italienne et a déboursé plus de 3 millions d’euros à HackingTeam. Dont 1,19 million d’euros pour la DST marocaine, 1,93 million d’euros pour le CSDN (Conseil suprême de la défense, présidé par Mohammed VI).
Ces graves révélations proviennent de 400 gigabytes d’informations soutirées du site de l’entreprise Hacking Team et publiées par des pirates anonymes. La société milanaise vend des logiciels-espions pour des centaines de milliers d’euros à des pays et des services de sécurité qui font fi de l’éthique virtuelle, et dont le Maroc fait partie. Plusieurs documents confidentiels du Département des opérations de paix de l’ONU (DPKO) subtilisés par les services marocains ont été dévoilés par le hacker qui agit sous le pseudonyme de Chris Coleman.
D’autres documents semblent émaner d’autres services dépendant du Secrétariat général de l’ONU. Parmi ces documents, les procès-verbaux de réunions du Secrétaire général de l’ONU avec le ministre des Affaires étrangères, Ramtan Lamamra, et avec le président tchadien, Idriss Déby. Le Maroc avait installé trois points de surveillance. À Rabat, avec des outils de surveillance massive de la société française Amesys (Bull-France). À Casablanca et à Tanger, avec des outils de sécurité offensive de Hacking Team et Vupen (France) respectivement.
D’après l’ONG, Reporters sans frontières, le logiciel de Hacking Team a été identifié sur les ordinateurs des bureaux du site d’information marocain Mamfakinch, quelques jours après que ce média eut reçu le Breaking Borders Award 2012 par Global Voices et Google. Un logiciel malveillant y avait été déployé, via un document Word, qui prétendait contenir des informations confidentielles importantes.
Peu après, le site électronique «Algérie Patriotique» a publié deux documents confidentiels subtilisés, frauduleusement, par le Maroc pour connaître les intentions de l’Algérie. Il s’agit des PV de rencontres entre le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Notons au passage que le contenu de ces entretiens prouve que l’Algérie n’a pas de double langage et ne complote contre personne. Le seul souci de l’Algérie, c’est la paix dans la région. Alors, pourquoi le Makhzen tient-il à espionner son voisin?
C’est un fait établi, les activités diplomatiques de l’Algérie empêchent les gens du Makhzen de trouver le sommeil. L’Algérie est active au plan international et particulièrement sur les questions qui touchent la région confrontée à une grande opération de déstabilisation, notamment à travers les conflits armés en Libye, situation propice au développement des groupes terroristes, qui a eu un prolongement au Mali et un impact dramatique également en Tunisie, comme le montre le récent attentat de Sousse.
Cela ne plaît pas aux dirigeants marocains qui font tout pour saboter la feuille de route d’Alger concernant le Mali et les efforts visant à rapprocher les parties en conflit en Libye. La rage s’empare du Makhzen chaque fois que l’Algérie fait des progrès dans cette voie. Et encore plus, quand les partenaires étrangers de l’Algérie lui délivrent un satisfecit.
«L’Algérie joue un rôle clé dans le processus de paix au Mali. Je me réjouis de la collaboration de l’Algérie, des pays voisins du Mali, des organisations régionales et de mon Représentant spécial dans l’élaboration d’une feuille de route à Alger. Il est essentiel que tous les acteurs concernés continuent à travailler ensemble pour soutenir le processus politique», notait le SG de l’ONU, Ban Ki-moon, dans le PV hacké par le Makhzen.
Concernant la Libye, le Secrétaire général de l’ONU ecrit : «J’encourage l’Algérie à soutenir les efforts de mon nouveau Représentant spécial, Bernardino León, pour parvenir à un accord d’ensemble sur le futur de la transition en Libye ».
Le média Privacy Inrernational s’est fait écho de cette affaire dont il développe comme suite:
Face à la vérité : la fuite de Hacking Team confirme l’utilisation de logiciels espions par le gouvernement marocain
Le 6 juillet, la société Hacking Team a été piratée : plus de 400 Go de documents administratifs, code source et emails sont désormais disponibles en téléchargement.
Les documents du piratage confirment une fois de plus les affirmations faites dans notre rapport Their Eyes on Me , les services de renseignement marocains ont utilisé le logiciel espion « Remote Control System » de Hacking Team pour cibler ceux qu’ils perçoivent comme leurs adversaires. Les documents montrent que les deux agences de renseignement du pays ont renouvelé leurs contrats et utilisent toujours le logiciel espion. Au cours des six dernières années, le Maroc a dépensé plus de 3 millions d’euros pour l’équipement de Hacking Team.
Parmi les documents, une liste de clients a montré que les deux agences de renseignement marocaines – le Conseil supérieur de la défense nationale (CSDN) et la Direction de la surveillance du territoire (DST) – ont toutes deux acheté Remote Control System. Le CSDN l’a acquis pour la première fois en 2009 et la DST l’a obtenu en 2012.
Au total, le Maroc a dépensé 3 173 550 € pour acheter les licences et maintenir le produit. Rien qu’en 2015, la CSDN a dépensé 140 000 € et la DST 80 000 € pour des logiciels espions pouvant atteindre respectivement jusqu’à 300 et 2 000 appareils ciblés.
Les contrats ont tous deux été signés par l’intermédiaire d’ Al Fahad Smart Systems , une société émiratie qui sert d’intermédiaire pour le gouvernement et les entreprises privées cherchant à acheter des « services de sécurité ».
Les documents révèlent également que la gendarmerie marocaine a été répertoriée comme une « opportunité » pour 2015 et devrait obtenir 487 000 € de sa part.
Les documents sont arrivés deux mois après que le gouvernement marocain a menacé des membres de la société civile marocaine de poursuites judiciaires à la suite de la publication au Maroc du rapport de Privacy International « Leurs yeux sur moi ». Le rapport était une série de témoignages d’activistes qui avaient été ciblés par le logiciel espion Hacking Team.
Dans un communiqué relayé par l’agence de presse MAP, le gouvernement a indiqué avoir « intenté une action en justice contre certaines personnes qui ont préparé et diffusé un rapport qui comporte de graves accusations d’espionnage par ses services ». Et ils ont ajouté que « (le) ministère a demandé une enquête pour identifier les personnes derrière de telles accusations pour les juger par le tribunal compétent ».
Le personnel de notre organisation partenaire au Maroc a rapporté que leurs voisins et les membres de leur famille avaient été interrogés par la police suite à l’annonce.
Toutes les affirmations énoncées dans le rapport étaient en fait étayées par des recherches du Citizen Lab , un groupe de recherche interdisciplinaire affilié à l’Université de Toronto. En 2012, ils avaient identifié l’utilisation du système de contrôle à distance contre Mamfakinch, un collectif de journalistes citoyens, dont les histoires sont documentées dans notre rapport.
Des courriels d’employés de Hacking Team, repérés par The Intercept , révèlent que leur opinion sur le gouvernement marocain était restée intacte. David Vincenzetti, le PDG de Hacking Team, a écrit à ses collègues dans un récent e-mail : « Le roi du Maroc est un monarque bienveillant. Le Maroc est en fait le pays arabe le plus pro-occidental, les initiatives de sécurité nationale sont uniquement nécessaires pour renforcer la stabilité.
Ces révélations sont cependant une preuve supplémentaire que la réalité du régime marocain est très différente de l’image publique que le gouvernement se plaît à véhiculer. Loin d’être un royaume libéral dirigé par un monarque bienveillant, le Maroc est en fait un autre régime qui a été pris en flagrant délit d’utilisation d’une technologie hautement invasive pour espionner les journalistes et les militants pro-démocratie. Et lorsque leurs méfaits sont révélés, le gouvernement tente de discréditer le travail solide des chercheurs indépendants et de réduire au silence les militants locaux.
Le 3 mars 2022, Omar Radi est condamné par la cour d’appel de Casablanca à six ans de prison pour deux affaires totalement distinctes – « viol » et « espionnage » – instruites et jugées lors du même procès, à rebours de toute logique judiciaire. Le journaliste marocain, dont le piratage du téléphone par le logiciel Pegasus avait été révélé par un rapport d’Amnesty International en juin 2020, travaillait alors à une enquête au long cours sur les expropriations foncières. Une investigation qui lui avait déjà valu des menaces et pour laquelle il avait commencé à collecter des documents : acte notarié, vidéos, photos… Grâce à ces éléments, auxquels nous avons eu accès, et après plusieurs mois d’enquête pour poursuivre son travail, Forbidden Stories révèle aujourd’hui comment des terres tribales ont servi à l’enrichissement de proches du roi. Plongée au cœur d’une machine à cash.
Par Cécile Andrzejewski avec Hicham Mansouri
La voix chaleureuse d’Ihsane El Kadi invite d’emblée à l’écoute. Directeur des médias indépendants algériens Radio M et Maghreb Emergent, il officie comme présentateur de l’émission « L’invité du direct » sur Radio M, « La petite radio du grand Maghreb ». À l’antenne, on le devine heureux de recevoir son invité du jour, le 22 décembre 2019.
« Amis auditeurs de radio M, nous avons le très grand plaisir d’accueillir ce matin, dans « L’invité du direct » Omar Radi, journaliste indépendant au Maroc », se réjouit-il. Avant de lancer la discussion sur des réalités de l’investigation au Maghreb, et au Maroc en particulier, puis sur l’enquête en cours d’Omar Radi sur l’expropriation des terres au royaume chérifien.
« Je travaille avec une tribu, au Nord de Rabat, Ouled Sbita, raconte-t-il. Ils ont été virés de leurs terres agricoles où il y avait une forêt. La forêt [a été] rasée, on a mis à sa place un terrain de golf et on a privatisé la plage (…). On a mis des centaines de villas et de logements de luxe. Nous sommes dans une logique de prédation foncière. »
Comme à son habitude, le journaliste va droit au but, cash et sans tergiversations.
Quelques jours plus tard, de retour au Maroc, Omar Radi est convoqué par la police, arrêté et placé en détention, au prétexte d’un tweet vieux de plusieurs mois où il s’en prend à un juge. Après une semaine, il est libéré à titre provisoire, suite à une campagne massive de soutien. « J’ai été puni pour l’ensemble de mon œuvre », estime-t-il alors auprès de Forbidden Stories. Le journaliste habitué à travailler sur les liens entre pouvoir et business dans son pays, depuis longtemps critique de l’appareil d’État marocain, est loin de se douter que ses ennuis ne font que commencer.
Lauréat en 2019 d’une bourse de la Bertha Foundation – une ONG basée à Londres cherchant à « soutenir les militants, les storytellers et les avocats œuvrant pour la justice sociale et les droits humains », au moment de son arrestation, Omar Radi est occupé à scruter les violations des droits fonciers au Maroc, notamment via l’instrumentalisation de la notion « d’expropriation pour utilité publique ». Il s’est donné pour mission de lancer un site Internet, Aradi, « terre » en arabe, rassemblant toutes les informations relatives aux politiques foncières du pays. Il n’en aura jamais l’occasion.
En juin 2020, Amnesty International et Forbidden Stories révèlent que son téléphone a été infecté par le logiciel espion Pegasus. Le début d’un long calvaire qui aboutira à sa condamnation le 3 mars 2022 à six ans de prison ferme pour « viol » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’État » avec « financement de l’étranger » – deux dossiers distincts, pourtant instruits et jugés conjointement.
Dans la première affaire, une ancienne collègue au journal le Desk, pour lequel travaillait Omar Radi, l’accuse de l’avoir violée dans la nuit du 12 au 13 juillet 2020. Le journaliste, lui, reconnaît une relation consentie.
Dans la seconde affaire, il a été reproché à Omar Radi d’avoir rencontré des officiels néerlandais, considérés comme des « officiers de renseignement » par le parquet. Parmi les autres éléments à charge: des missions d’audit effectuées par le journaliste auprès de deux sociétés de conseil économique britanniques, qui lui valent d’être accusé de leur avoir « fourni des informations de l’ordre de l’espionnage », et la bourse de la Fondation Bertha pour son travail sur la dépossession des terres tribales.
Un verdict « inique » pour l’association Human Rights Watch (HRW). « Les charges pour espionnage étaient irrecevables parce que basées sur rien. Quant à l’accusation de viol, elle aurait mérité un procès juste, autant pour l’accusé que pour la plaignante » a déploré Ahmed Benchemsi, le directeur de la communication et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de l’ONG après la condamnation.
De fait, plusieurs ONG et enquêtes journalistiques dénoncent l’instrumentalisation par le régime marocain de la lutte contre les violences sexuelles à des fins politiques et sécuritaires, afin de faire taire les opposants. D’autres journalistes ont eux aussi été poursuivis pour adultère, avortement, relations sexuelles hors mariage ou agression sexuelle, entre autres. Selon un décompte de RSF, 9 journalistes et 3 collaborateurs de médias sont à ce jour en prison au Maroc.
« Un cadre de vie exceptionnel »
Une des pistes suivies par Omar Radi avant ses déboires judiciaires mène à une trentaine de kilomètres au Nord de Rabat, sur les terres des habitants du douar Ouled Sbita, un village à deux pas d’un bord de mer paradisiaque.
Dans cette zone où la pression immobilière se fait de plus en plus en forte, elles aiguisent les appétits. En l’espèce, c’est le promoteur immobilier Addoha qui a jeté son dévolu sur elles, dès l’automne 2006, pour y déployer son projet de la Plage des Nations.
« Un lieu particulier [qui] cristallise à la fois l’échec du développement, le mal-développement, mais aussi l’injustice et la prédation », décrivait Omar Radi dans un brouillon d’article peu avant son arrestation. « Un cadre de vie exceptionnel été comme hiver », vante Prestigia, la filiale luxe d’Addoha sur son site Internet. Contactés, ni le service communication de l’entreprise, ni son avocat n’ont donné suite à nos demandes d’entretien.
À l’époque du lancement du projet de la Plage des Nations, le PDG d’Addoha, Anas Sefrioui, une des plus grandes fortunes du Maroc, fait partie de l’entourage du roi Mohammed VI. Plus précisément, le businessman serait un proche de Mounir Majidi, secrétaire personnel du monarque et gestionnaire de la fortune royale. Le nom de ce dernier est par ailleurs apparu dans les Panama Papers, lié à deux sociétés dont il a bien été l’administrateur mais qui « ont été créées de façon totalement légale et transparente vis-à-vis des autorités marocaines et étrangères », selon son avocat.
Cette proximité d’Anas Sefrioui avec l’entourage royal agace certains concurrents du promoteur immobilier. Un homme d’affaires marocain, décédé depuis, Miloud Chaâbi va jusqu’à accuser l’entreprise Addoha de bénéficier de faveurs de l’État. Dans une allusion à peine voilée, il s’en prend ainsi à « ceux qui s’offrent terrains et fonciers à des prix symboliques ». En 2013, le propre cousin du roi Mohammed VI, le prince Hicham, soutient lui aussi qu’Addoha est « lié au palais ».
Anas Sefrioui serait tombé en disgrâce deux ans plus tard. Mais en 2007, lorsque le projet de la Plage des Nations est lancé, sa côte de popularité atteint des sommets dans l’entourage royal. Cette année-là, « la société Addoha a commencé à s’intéresser à nos terres, dénonce Mohamed Boudouma, un des habitants en lutte, auprès de France 24, en février 2017. Notre tribu a été approchée par des représentants de l’État qui voulaient [en] acheter les portions littorales. Des délégués, que nous n’avons pas choisis, ont négocié en notre nom avec le ministère de l’Intérieur, lequel est propriétaire de ces terres, selon une loi héritée de l’époque coloniale. Nous n’en avons qu’un droit d’usage. Ces délégués nous ont floués en disant que ces terres le long du littoral seraient vendues au roi. En réalité, elles ont été vendues à la société Addoha », pour son projet Plage des Nations.
C’est précisément sur cette manipulation que travaillait Omar Radi. « Les Ouled Sbita sont une tribu de paysans, qui vivent dans un endroit magnifique, près de Rabat », décrit-il en 2020 auprès de la Bertha Foundation.
« Un jour, ils ont reçu une notification d’expropriation. Les autorités ne leur ont pas demandé de partir, elles leur ont expliqué que Sa Majesté avait besoin de ces terres et que, pour cette raison, la tribu devait les quitter. Comme les habitants ont cru que le roi voulait ce terrain, pour le bien du Maroc, ils ont accepté. » Avant de s’apercevoir de la tromperie, explique le journaliste.
LES MEMBRES DE LA TRIBU ONT DÉCOUVERT QUE C’EST FINALEMENT UNE ENTREPRISE TOTALEMENT PRIVÉE, ADDOHA, QUI A RÉCUPÉRÉ CES TERRES.
Une législation coloniale Car les terres des Ouled Sbita ont un statut spécial. Il s’agit de terres collectives, régies par une loi remontant à l’époque coloniale : le dahir du 27 avril 1919. Ce décret royal les rend inaliénables, incessibles et intransmissibles, tout en les plaçant sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Concrètement, la tribu qui y vit en a l’usufruit mais pas la propriété.
La gestion revient à une assemblée de représentants de la collectivité, les nouab en arabe. Les mêmes dont Mohamed Boudouma remettait en cause la légitimité auprès de France 24. De fait, ces nouab ne sont pas élus, mais simplement désignés par les autorités locales, avec dans les faits, quasiment aucun pouvoir pour s’opposer aux consignes du ministère de tutelle.
« Avec sa tutelle, l’État peut mobiliser une partie des terres collectives pour des projets d’intérêt général », retrace le juriste Ahmed Bendella.
La règle de 1919 ne va pas beaucoup changer après l’indépendance. Pire, cette loi coloniale va devenir un outil du Makhzen (selon l’expression marocaine désignant l’administration et le pouvoir du pays, ndlr) pour se constituer une assiette foncière à bas coût, quand ses propres ressources terriennes s’amenuisent. Et pour cause.
« S’étendant sur une superficie estimée à 15 millions d’hectares (selon les propres estimations du Ministère de l’intérieur marocain en 2013, ndlr), cette catégorie foncière est particulièrement touchée, aujourd’hui, par l’intensification de l’accaparement des terres agricoles et pastorales au profit de projets économiques de grande envergure », écrit la politologue Yasmine Berriane en 2015.
« Avec l’expansion urbaine, ces terres jusque-là dévalorisées ont commencé à intéresser, elles ont soudain pris un énorme potentiel, continue Ahmed Bendella. La possibilité de céder des terrains reste à une double condition : au profit d’un organisme public et pour un projet d’utilité publique, comme la construction d’une école, de bâtiments administratifs, de routes… »
Une exigence qui disparaît en 2019, à l’occasion de la refonte de la loi. Mais en 2007, quand les terres du douar Ouled Sbita attirent l’attention des promoteurs, il n’est pas encore question de revoir la législation. À cette époque, impossible pour le privé de récupérer ce domaine.
Officiellement du moins. Car, un subterfuge, couvert par l’État, va permettre à Addoha de mettre la main sur les terres des Ouled Sbita. C’est ainsi que le terrain va être vendu à un établissement public, comme la loi l’autorise, par la tribu, représentée par… le Secrétaire d’État à l’intérieur, au nom de la tutelle de l’État sur les terres collectives. Ce même établissement public va ensuite remettre le domaine à l’entreprise qui a en fait avancé le prix de vente. Rendant ainsi légale l’opération d’achat normalement interdite par la loi.
L’institution financière publique en embuscade
« Comme ce serait illégal que la cession se déroule directement en faveur du privé, elle se fait au profit d’institutions étatiques qui cèdent ensuite la terre aux investisseurs », détaille une spécialiste du sujet ayant requis l’anonymat. Une manière de contourner la loi pour permettre au secteur privé de s’accaparer les terres normalement protégées par l’État. Omar Radi s’apprêtait justement à décortiquer ce tour de passe-passe.
D’après un acte de réquisition qu’il s’était procuré, « le 21 octobre 2010, « la collectivité ethnique Ouled Sbita », représentée par le Secrétaire d’État à l’Intérieur, a vendu à la Caisse de Dépôt et de Gestion, représentée par son Directeur Général, la totalité de la propriété dite « Bled Ouled Sbita », située à Salé, Bouknadel, Plage des Nations, consistant en une parcelle de terrain nu, d’une superficie approximative de 355 hectares ». La Caisse de Dépôts et de Gestion (CDG) y déclare ensuite, dans « un acte reçu par le Notaire le même jour » que la propriété en question « a été acquise pour le compte de la Société Anonyme « Douja Promotion Groupe Addoha » qui a effectivement avancé la totalité du prix de vente ». En clair, la collectivité n’ayant pas la capacité juridique de vendre elle-même sa terre, c’est l’État, en vertu de sa tutelle, qui a cédé les terres des Ouled Sbita à la CDG, établissement public. Et la société Addoha, qui a avancé l’argent, les a ensuite récupérées auprès de la CDG. Le document ne mentionne cependant aucun prix de vente.
Avant son arrestation, Omar Radi a transmis à la Bertha Foundation ce document central pour l’enquête : l’acte de réquisition, dévoilant le subterfuge ayant permis à Addoha de mettre la main sur les terres des Ouled Sbita (Photo : Omar Radi).
Au sein du ministère des finances, sous couvert d’anonymat, un cadre décrypte : « Comme il s’agit de terres collectives, un type de foncier spécifique, la CDG, en tant qu’établissement public, a joué le rôle de portage. Ça se fait souvent, c’est une manière de détourner la procédure. Dans un schéma de dépossession d’une collectivité tribale de ses terrains. » Une opération légale pour maquiller un arrangement avec la loi.
Institution publique marocaine créée en 1959, la Caisse de Dépôts et de Gestion a pour mission de centraliser et gérer les fonds d’épargne de la Caisse nationale de sécurité sociale, de la Caisse d’épargne nationale et la Caisse nationale de retraites et d’assurances.
Dotée d’une autonomie financière, la CDG, qui n’a pas répondu à nos demandes d’interview, entretient des relations privilégiées avec « des groupes et entreprises privés connus pour leur proximité du pouvoir politique », d’après les chercheurs Mohamed Oubenal et Abdellatif Zeroual. Parmi ces sociétés, Addoha.
Si l’on en croit le même cadre anonyme du ministère des finances, c’est justement en raison de ces liens étroits entre la CDG et Addoha que l’établissement a servi dans cette opération triangulaire. « Il fallait une troisième partie pour blanchir l’affaire. » Pour lui, le document de réquisition que s’est procuré Omar Radi « démontre de façon claire et évidente la connivence des parties pour détourner la loi. »
LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR SAVAIT. C’EST PIRE QUE L’EXPROPRIATION, CES GENS ONT ÉTÉ DÉPOSSÉDÉS DE LEUR TERRAIN.
Cette dépossession était au cœur du travail d’Omar Radi. La lutte des Ouled Sbita contre l’entreprise Addoha aussi. Et c’est en s’intéressant de plus près à cette société que Forbidden Stories a découvert que le scandale va plus loin encore : l’histoire de la Plage des Nations s’avère certainement liée à un délit d’initié, qui aurait enrichi les plus proches du roi. Car si les habitants du douar ont été approchés par le promoteur immobilier en 2007, le projet de la Plage des Nations a lui été annoncé dès 2006. En grandes pompes.
Le 11 novembre 2006, « [Sa Majesté] le Roi préside la signature de deux mémorandums d’entente relatifs à des investissements touristiques et immobiliers à Rabat. Une enveloppe de près de 11 milliards de dirhams (1 milliard d’euros, ndlr) pour la réalisation d’un parc zoologique (4,7 milliards de Dhs – près de 450 millions d’euros, ndlr) et l’aménagement de la plage des Nations, (6 milliards de Dhs – plus de 560 millions d’euros, ndlr), comprenant des milliers de résidences, plusieurs hôtels, restaurants (…), écrit l’agence de presse du royaume. Ces mémorandums d’entente [ont été ] conclus entre l’Etat et le Groupe Addoha. »
C’est donc sous les yeux du souverain qu’est lancé le projet de la Plage des Nations, qui aboutira à l’expulsion de la tribu. Avant même que celle-ci n’en soit informée.
Mais l’affaire s’avère plus fumeuse encore. Car le 10 novembre, à la veille de ces prestigieuses annonces, la valeur de l’action Addoha va exploser. Une drôle de coïncidence qui nécessite de remonter le cours de l’actualité boursière de l’époque. En juillet 2006, la société Addoha introduit 35 % de son capital en Bourse. L’opération, juteuse, rapporte 2,7 milliards de dirhams (soit 270 millions d’euros) à Anas Sefrioui – ironie du sort, si l’on en croit plusieurs sources, lui-même aurait été réticent à cette ouverture de capital et n’aurait cédé qu’à la suite de pressions en haut lieu. La valeur d’Addoha décolle rapidement et le cours de l’action ne cesse d’augmenter.
Jusqu’à l’explosion ce fameux vendredi 10 novembre 2006. Ce jour-là, « la place de Casablanca est en pleine ébullition. Dans les sociétés de Bourse, les ordres d’achat et de vente pleuvent dès l’ouverture. La coqueluche de la cote, Addoha, dépasse les 2000 dirhams (…). Les traders surexcités ne savent plus où donner de la tête. Les échanges sur le titre totalisent un milliard de dirhams », raconte alors Le Journal hebdomadaire – le périodique indépendant a mis la clé sous la porte en 2010, étranglé par les procédures baillons.
Cette folie boursière trouvera finalement son explication le lendemain avec la signature par le groupe Addoha de ces deux mémorandums d’investissement avec l’État, présidée par Mohammed VI en personne.
Une semaine plus tard, Noreddine El Ayoubi, alors directeur général d’Addoha, détaille les ambitions du groupe pour ce qui constitue encore le terrain de la tribu Ouled Sbita. « Il s’agit de la réalisation d’un pôle touristique à la Plage des Nations sur une assiette foncière de plus de 450 ha » – soit une centaine d’hectares supplémentaires que ce qui sera signé ensuite avec les représentants de la collectivité. « Ce projet comprend une zone résidentielle, des hôtels, un parcours de golf de 18 trous, des équipements de loisirs ainsi qu’une zone commerciale. » Un plan colossal ne tenant qu’à la possibilité d’exploiter ces terres collectives.
« Si ce n’est pas du délit d’initié, ça y ressemble… »
L’envolée boursière suscite rapidement les critiques. Dans ce même article du Journal hebdomadaire, un trader s’interroge : « Si ce n’est pas du délit d’initié, ça y ressemble à s’y méprendre. » L’affaire sera bien vite enterrée par le gendarme de la Bourse marocain, le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM, depuis remplacé par l’Autorité marocaine du marché des capitaux ou AMMC), qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Et il faut creuser profondément pour retrouver les traces d’un début d’investigation.
C’est en se plongeant dans les quelques 600 pages du premier volume du rapport annuel de la Cour des Comptes de 2010, qu’on tombe sur une critique de la Cour à l’égard du CDVM. Le gendarme de la Bourse aurait classé « sans une instruction approfondie » certains dossiers relatifs à de possibles délits boursiers. Celui de « l’affaire AD », par exemple. Des initiales bien mystérieuses qui renvoient en fait… à Addoha.
« On ne fait pas apparaître les noms dans les rapports, explique un magistrat de la Cour. Mais on fait allusion à l’organisme et aux années. En faisant attention, on peut bien entendu arriver aux concernés. » Tout semble fait pour que ces affaires passent inaperçues. La preuve, en dehors de nos confrères de Lakome, personne n’avait établi de lien entre la société « AD » du rapport de la Cour des comptes et l’entreprise Addoha.
Une fois ce nom de code déchiffré, on comprend donc que, concernant les soupçons de délit d’initié ayant pesé sur Addoha, le CDVM a bien ouvert une enquête « suite au constat, lors de la surveillance, de mouvements massifs d’achat sur la valeur à l’approche de la publication des deux communiqués de presse de la société ».
Mais cette investigation a, d’après la Cour, eu l’honneur d’un « traitement spécial » : « Le dossier n’a pas fait l’objet de discussion [au conseil d’administration du CDVM] et le directeur général du CDVM a décidé son classement, le 26 septembre 2008, sans en préciser les motifs ».
Contactée, Dounia Taârji, directrice générale du CDVM au moment des faits, a décliné notre demande d’entretien, nous expliquant que « les enquêtes du CDVM étant couvertes par un engagement de confidentialité, [elle n’était] pas en mesure de répondre à nos questions. ».
La Cour des comptes écrit cependant dans son rapport que cinq individus, dont les noms ont été anonymisés, ont bel et bien été suspectés de délit d’initié.
Le CDVM s’est en effet penché sur des « personnes ayant un lien familial avec les dirigeants ou de fonction avec la société » qui auraient « [dégagé] des plus values considérables se chiffrant à des millions de dirhams ». Plus précisément, près de 200 millions pour l’une (soit 20 millions d’euros), 2, 6, 11 ou 29 millions pour les autres (de 200.000 à 2,9 millions d’euros).
De ces suspects, rien ne sera dévoilé, si ce n’est donc leur lien avec la société, par leur famille ou leur poste dans l’entreprise. Surtout, d’après plusieurs observateurs, les bénéficiaires réels de ce probable délit d’initié ne sont pas à chercher de ce côté.
« Vous ne trouverez jamais l’identité de ceux sur lesquels le CDVM a enquêté », affirme Aboubakr Jamai, journaliste marocain, en exil depuis 2007, fondateur du Journal Hebdomadaire et ancien directeur de la version francophone de Lakome, aujourd’hui professeur d’économie à l’université d’Aix en Provence.
Il est vrai que la répression féroce qui s’abat au Maroc sur les journalistes, lanceurs d’alerte et opposants porte ses fruits. Peu de sources contactées acceptent de nous parler sur cette affaire, pourtant vieille d’une quinzaine d’années. Et les rares téméraires se risquant à nous répondre ne le font que sous couvert d’anonymat.
Dans le rapport du CDVM, seuls sont pointés des salariés d’Addoha ou des proches de Monsieur Sefriou, or selon Aboubakr Jamai, « l’enrichissement aurait surtout concerné l’entourage du roi. » Un autre connaisseur de la royauté renchérit, sous couvert d’anonymat : « Au départ, des proches du roi ont acheté Addoha, puis il y a eu ces annonces qui ont catapulté la boîte : la Plage des Nations, le zoo… Le Palais a carrément présidé la signature. Et au fur et à mesure que l’action a explosé, ils ont empoché la plus value. Ils ont gagné beaucoup d’argent dans cette affaire. » Selon cette source, le foncier sert régulièrement de machine à cash aux fortunes au royaume.
LA FAÇON LA PLUS CLEAN D’IMPRIMER DU BILLET DE BANQUE, C’EST DE PRENDRE UN BOUT DE TERRE QUI NE VAUT RIEN ET DE LE TRANSFORMER EN TERRE QUI VAUT UNE FORTUNE.
Par exemple, en bâtissant des villas de standing sur des terres collectives expropriées à une tribu.
« Ce terrain nous l’avons acquis à 50 Dhs/m² (environ 5€/m²), soit 225 millions de dirhams (un peu plus de 22 millions d’euros, ndlr) », précise en 2006 Noreddine El Ayoubi, directeur général du groupe Addoha à Aujourd’hui Le Maroc.
Combien vaut désormais le m² à la Plage des Nations ? Sur son site, le promoteur propose plusieurs biens. Par exemple, des lots de terrain sur mesure, « parcelles qui vous permettront de construire la demeure de vos rêves sur golf dans un cadre idyllique », vendues à 3500 Dhs/m² (environ 350 €/m²), soit 70 fois plus que la somme accordée aux Ouled Sbita. Certes, comme le rappelle à La Libre Belgique Saad Sefrioui, directeur général d’Addoha jusqu’en mars dernier et neveu d’Anas Sefrioui, « les terres étaient nues, il a fallu investir dans la connexion au réseau d’eau et d’assainissement, en plus de la construction ».
Mais comment le terrain des Ouled Sbita a-t-il pu être cédé à un tarif aussi bas, au regard de son exceptionnelle location ?
« Dans la majorité des cas, il n’y a pas d’utilité publique dans les expropriations »
Les autorités utilisent en fait l’expropriation pour utilité publique « pour obtenir des terres quasiment gratuitement. Une grande partie des terres ainsi obtenues servent à enrichir le secteur privé », affirmait Omar Radi auprès de la Bertha Foundation. Il est vrai que le problème de l’écart entre l’indemnisation accordée et le prix de vente sur le marché s’avère récurrent. « La même administration peut me dire que mon terrain vaut 20.000 Dhs/m² quand je subis un redressement fiscal mais qu’il n’en vaut en réalité que 30 Dhs/m² si je suis exproprié », ironise un expert.
Dans un discours tenu face au Parlement le 14 octobre 2016, Sa Majesté Mohammed VI évoque « ces nombreux citoyens [qui] se plaignent des affaires d’expropriation », déplorant que « le montant de l’indemnisation [soit] en deçà des prix de vente en vigueur ».
À raison, car le référentiel des prix utilisé par les impôts pour connaître les tarifs de l’immobilier n’est pas celui auquel le ministère des finances a recours pour déterminer la valeur d’un terrain exproprié. C’est pourtant bien une commission administrative, où siègent des représentants de la direction des impôts et des domaines, entités du ministère des finances, qui fixe le prix des terres expropriées.
Mais « les montants des indemnisations ne reflètent pas la réalité », reconnaît Lahcen Maazizi, directeur des affaires administratives et juridiques au Ministère de l’Équipement et de l’eau, lors d’une rencontre sur « l’expropriation pour cause d’utilité publique » organisée par son ministère, les 15 et 16 mars derniers. Khalid Sbia, inspecteur des finances au ministère de l’Économie, y démontre que le prix de la terre fixé par l’administration lors de l’expropriation peut être 8 fois, 20 fois, voire 40 fois inférieur à celui décidé par la justice en cas de litige. « Il y a un vrai problème : soit ces comités [administratifs] sont hors de toute réalité, soit ce sont les décisions judiciaires qui le sont », commente-t-il.
Les participants à cette rencontre vont plus loin encore. Ils remettent en cause, purement et simplement, le principe même d’expropriation pour utilité publique. La notion n’a en fait jamais été définie dans la loi, selon Hamid Oulad Leblad, conseiller à la Cour de Cassation. Khalid Sbia, l’inspecteur des finances pointe aussi sans détour « le manque d’une définition juridique ». « Les décisions judiciaires et la jurisprudence ont montré que dans la majorité des cas il n’y a pas d’utilité publique dans les expropriations. » Voilà qui a le mérite d’être clair.
Ce constat n’est pas sans rappeler les interrogations des habitants du douar Ouled Sbita. « On nous a dit que le promoteur immobilier venait pour le bien commun. Mais est-ce que construire des golfs et des villas, c’est agir pour le bien commun ? », questionne ingénument Saïda Seqqat, auprès de Libération en 2017. Ironie de l’histoire : quinze ans après son lancement, le projet n’est toujours pas terminé.
« La zone commerciale prévue n’a jamais vu le jour, regrette Michel*, propriétaire depuis 2012 d’une villa de 450 m², avec piscine privée et jardin de 150 m², obtenue à l’époque pour environ 350 000 euros (3,5 millions de dirhams). Beaucoup de gens ont acheté mais n’habitent pas sur le site, ils viennent seulement l’été ou le louent pour les vacances. Ça bloque l’implantation de commerces. Il y a une petite épicerie, mais c’est tout. En dehors des mois d’été, sans voiture, vous ne pouvez rien faire. On est très loin de l’objectif du projet, ils ont vu trop grand. »
Dans l’attente du passage de son affaire en Cour de cassation, Omar Radi est toujours condamné à six ans de prison. Il lui en reste quatre à passer derrière les barreaux.
*Le prénom a été modifié.
LES ENQUÊTES SENSIBLES D’OMAR RADI
En 2013, Omar Radi obtient le Prix du journalisme d’investigation IMS-AMJI pour son enquête sur l’exploitation des carrières de sable. Il y dénonce l’opacité du système d’agréments qui permet l’exploitation de ces carrières et notamment l’implication de sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux qu’il identifie en épluchant les registres du commerce.
En 2016, l’affaire dite « des serviteurs de l’Etat » fait scandale au Maroc. Omar Radi ne signe pas l’enquête mais il est à l’origine de la fuite de données à l’origine du scandale. Les documents qu’il parvient à se procurer montrent que des terrains très coûteux ont été offerts gracieusement à des personnalités proches des autorités marocaines.
En octobre 2017, son travail sur le mouvement de contestation du Rif dit le « Hirak » lui vaut une garde à vue de 48h. Cette année-là, Omar Radi réalise – avec ATTAC Maroc – un film documentaire sur le sujet, « Mourir plutôt que vivre humilié », qui retrace le soulèvement des habitants de la région d’Al Hoceima au nord du pays. Le récit commence avec la mort de Mohsen Fikri, un vendeur de poissons broyé dans une benne à ordure alors qu’il tente de s’opposer à la saisie de sa marchandise. Au Maroc, l’événement déclenche un mouvement de protestation qui prend une tournure de plus en plus politique au fil des mois. En mars 2020, Omar Radi est condamné à 4 mois de prison avec sursis pour avoir fustigé la condamnation de membres du Hirak.
Maroc, Charles III, Elizabeth II, Prince Andrew, sexe, pedophilie, pédocriminalité,
C’est une affaire sordide sortie par Gérar Fauré, « ex-dealer des stars et ancienne plaque tournante de la cocaïne, qui a longtemps gravité dans les endroits inavouables fréquentés par les élites », selon le média « Entrevue ». Selon lui, bien avant l’implication du prince Andrew dans l’affaire Epstein, dans les années 1970, le Reine Elizabeth II aurait couvert les scandales sexuels d’Andrew et Charles au Maroc pour préserver l’image de la famille royale.
Dans une interview accordée par Fauré au média cité, Fauré affirme que le Maroc se trouve en possession de « vidéos compromettantes de plusieurs membres de la famille royale d’Angleterre ». « C’était dans les années 1970 », dit-il. « Il savait (le roi Hassan II) qu’un coup d’État se préparait, et il avait besoin d’obtenir des moyens de pression qui pourraient lui servir plus tard ».
Questionné sur le procédé pour faire chanter la Reine, Fauré affirme que « son frère connaissait très bien un gangster français, Michel, qui avait un bar hôtel restaurant de pédophiles au Maroc. Tous les pédophiles du monde venaient chez lui. Hassan II lui a demandé de mettre des caméras partout dans l’établissement. Il a refusé dans un premier temps, avant de céder. Résultat, Hassan II avait des bandes immensément compromettantes pour la reine d’Angleterre. Plusieurs membres de la famille royale anglaise figuraient sur ces vidéos, parfois pédophiles. Le prince Charles, devenu le roi Charles III, et le prince Andrew auraient été filmés dans cet établissement… »
D’après lui, tel que l’avait pressenti Hassan II, il y a eu un coup d’État, en 1972. « Ce coup d’État a échoué, précise-t-il, et les aviateurs rebelles se sont réfugiés à Gibraltar, un territoire britannique. Hassan II a alors demandé à la reine d’Angleterre d’extrader les aviateurs vers le Maroc. Ce qu’elle a refusé dans un premier temps. La reine n’a pas plié ».
Cependant, le roi du Maroc à l’époque « a envoyé à la reine d’Angleterre des photos compromettantes de membres de la famille royale avec des petits enfants. Et deux jours plus tard, la reine d’Angleterre a renvoyé les aviateurs à Hassan II, au Maroc, tout en sachant qu’ils allaient être exécutés sur place, sans passer par un tribunal. Mais ça valait mieux qu’un scandale pédophile. Pourquoi croyez-vous qu’aujourd’hui, ils veuillent tous partir et s’éloigner de cette famille, comme Harry et Meghan ? Ils savent très bien ce qui se passe dans cette famille pourrie ! Ce sont des malades mentaux ! », conclue-t-il.
Maroc, Kenya, Engrais, phosphates, Sahara Occidental, RASD, Union Africaine,
–Le Maroc est le plus grand producteur d’engrais du continent. -Ce n’est un secret pour personne que les premiers 1,4 millions de sacs d’engrais proviendront du Maroc, le nouveau régime cherchant à conclure des accords à plus long terme dans ce domaine. -En coulisses, des discussions sur le commerce, le coût, l’importation et l’investissement des engrais sont en cours entre les deux nations.
Lors de son premier jour complet de mandat, le président William Ruto a déclaré que les relations du Kenya avec le Royaume du Maroc seraient « accélérées dans les domaines du commerce, de l’agriculture, de la santé, du tourisme, de l’énergie, entre autres, pour le bénéfice mutuel de nos pays ».
Un jour plus tôt, dans son discours d’investiture, le président s’était engagé publiquement à réduire le prix des engrais, qui passerait de 6 500 shillings à 3 500 shillings par sac de 50 kilogrammes.
Lors d’une réunion commerciale tenue mercredi avec Nasser Bourita, le ministre des affaires étrangères du Royaume du Maroc, le président Ruto a cherché à établir de nouvelles relations commerciales mutuellement bénéfiques avec le géant économique nord-africain.
Le Maroc est le plus grand producteur d’engrais du continent.
En ce qui concerne la petite affaire de la gaffe diplomatique sahraouie, le Kenya a adopté la position selon laquelle le cadre des Nations unies est le mécanisme exclusif de résolution des différends sur toute question territoriale, comme ceux auxquels le Maroc est confronté dans sa province sahraouie du sud.
Ce n’est un secret pour personne que les premiers 1,4 million de sacs d’engrais proviendront du Maroc, le nouveau régime cherchant à conclure des accords à plus long terme dans cette région dans l’espoir de voir les prix des engrais rester bas ou stables.
« Les prix élevés des engrais sont l’une des principales raisons pour lesquelles le coût des denrées alimentaires est devenu inabordable », a déclaré M. Ruto à plusieurs reprises au cours de sa campagne pour la présidence, « et nous les ferons baisser une fois élus. »
L’entreprise marocaine OCP (Office Chérifien des Phosphates) est le premier fabricant mondial d’engrais à base de phosphate, avec un tiers du marché mondial et plus de 6 milliards de dollars de revenus en 2021.
« À long terme, pour utiliser un exemple pratique, si le nouveau président souhaite établir des prix d’engrais plus bas pour les agriculteurs sans subventions et d’autres mesures non durables à moyen et long terme, comme cela a été fait précédemment avec le pétrole sous le régime précédent, il peut souhaiter faire entrer le Kenya dans le commerce intracommunautaire avec une entreprise comme l’OCP, ce qui signifie que les politiques étrangères des deux pays doivent être alignées dans un axe amical pour le bénéfice mutuel du Kenya et du Maroc », a déclaré au Sunday Nation un conseiller délégué au Bureau des Nations unies, qui est au courant de ces discussions commerciales.
Il n’y a aucun avantage pratique pour le Kenya à s’engager sur les questions sahraouies en dehors du cadre de l’ONU, dit-il.
La semaine dernière, lors d’un service d’action de grâces à Maua, dans le comté de Meru, le président élu de l’époque, M. Ruto, a promis qu’il annoncerait les nouveaux prix des engrais dans la semaine, une promesse qu’il a rapidement tenue en prenant le pouvoir.
« J’ai parlé aux représentants du ministère de l’Agriculture pour annoncer les nouveaux prix des engrais », a déclaré le président Ruto. « Nous commençons le voyage de la réforme du secteur agricole la semaine prochaine (cette semaine), afin que nous puissions changer le coût de la vie au Kenya. »
En coulisses, des discussions sur le commerce, le coût, l’importation et l’investissement des engrais sont en cours entre les deux nations.
Cartels
Le président Ruto semble impatient de s’attaquer aux questions agricoles et a également promis de s’attaquer aux cartels qui contrôlent la circulation du miraa (khat) à Meru. Il a également promis de supprimer les subventions aux denrées alimentaires et aux carburants qui pèsent lourdement sur les caisses.
En 2017, après que la République du Nigeria et le Royaume du Maroc ont conclu un accord commercial à long terme sur le commerce des engrais, le prix du sac est passé de l’équivalent de 5 000 Sh à 1 700 Sh.
« Le Kenya se place stratégiquement, surtout dans ce régime, pour les affaires à travers l’Afrique », déclare le Dr Hawa Z Noor, analyste de la paix et de la sécurité pour la Corne de l’Afrique. « C’est la voie à suivre ».
Une vingtaine de chefs d’État africains ont assisté à l’inauguration du président Ruto à Kasarani mardi.
Au cours des 20 dernières années, le Maroc est devenu le premier investisseur africain direct en Afrique de l’Ouest, contribuant à 4 % du PIB du Cameroun et à 9 % du PIB de son voisin, le Sénégal.
Grâce à sa politique « Sud-Sud », le Royaume considère désormais le Kenya comme un excellent « pays de coopération commerciale mutuelle, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la santé et du tourisme ».
Dans les prochaines années, le royaume buveur de thé aimerait « engloutir le thé kenyan », selon un représentant diplomatique.
Le Maroc est le huitième importateur de thé au monde, avec 200 millions de dollars, tandis que le Kenya est le troisième exportateur, avec 1,2 milliard de dollars, ce qui signifie qu’un sixième du thé kenyan pourrait aller au seul Maroc.
African-markets.com, une plateforme de suivi numérique, a classé huit entreprises marocaines parmi les plus précieuses des 20 entreprises étudiées dans les 52 pays du continent africain.
Dans un avenir pas trop lointain, il est également prévu de coopérer avec le Royaume sur le front du tourisme.
Alors que le Maroc, avec ses panoramas diversifiés de montagne et de mer, a accueilli plus de 13 millions de visiteurs avant le 19 décembre, le Kenya n’en a reçu qu’un peu plus de deux millions malgré ses paysages de côte et de safari.
Il est prévu de revoir le marketing du Kenya, en utilisant l’exemple du Maroc.
Mombasa est déjà la ville jumelle de Tanger, selon un accord conclu en juin 2021 par le gouverneur de l’époque, Hassan Joho. Le gouverneur de Kisumu, Anyang Nyong, a signé un protocole d’accord de coopération bilatérale avec le président de Rabat, Rachid El Abdi, en mars 2022.
En 2016, la Société financière internationale, SFI, membre du Groupe de la Banque mondiale, et Attijariwafa Bank (AWB), un groupe bancaire panafricain de renom, ont signé un accord visant à soutenir les entreprises et à stimuler les investissements et le commerce transfrontalier en Afrique. Attijariwafa est la quatrième entreprise la plus valorisée du continent.
Le Maroc réhabilite l’architecte de Pegasus et expose sa rencontre avec le directeur du CNI
Abdellatif Hammouchi, chef de la police marocaine, a brisé un tabou dans le monde du renseignement en publiant un communiqué et des photos d’une rencontre avec Esperanza Casteleiro, chef des espions espagnols.
Par Ignacio Cembrero
Au cours de sa décennie à la tête du Centre national de renseignement (CNI), le principal service secret espagnol, le général Félix Sanz Roldán s’est rendu plusieurs fois au Maroc, mais toujours dans le plus grand secret, comme il est d’usage dans ce type de visite. L’actuelle directrice des espions espagnols, Esperanza Casteleiro Llamazares, s’est rendue jeudi à Rabat pour la première fois. Les autorités marocaines ont médiatisé sa visite en diffusant plusieurs photos et en publiant un communiqué qui a surpris son hôte, qui était persuadé que son séjour serait discret. Le directeur a rencontré Abdellatif Hammouchi, 56 ans, qui est à la fois directeur de la Sécurité nationale et de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), la police secrète. Jamais un chef de la police n’a détenu autant de pouvoir dans l’histoire du Maroc, plus que l’actuel ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit. M. Casteleiro a également eu un entretien avec Yassine Mansouri, chef de la Direction générale des études et de la documentation, le service de renseignement extérieur, mais cet entretien n’a pas été rendu public.
« L’objectif de la réunion est de renforcer la coopération bilatérale entre le Maroc et l’Espagne dans divers domaines sécuritaires d’intérêt commun », souligne le communiqué de la DGST. Pour souligner l’importance de la réunion de Rabat, les collaborateurs d’El Hammouchi ont envoyé des photographies de la réunion à des journalistes espagnols appartenant à des médias favorables aux autorités marocaines.
Hammouchi était déjà à Madrid les 16 et 17 juin au retour d’un voyage aux États-Unis et, selon l’hebdomadaire « L’Observateur du Maroc », dirigé par Ahmed Charai, un collaborateur des services secrets marocains, selon une décision de justice de 2015, il a rencontré ses homologues espagnols de la « sécurité et des renseignements ». Le ministère de la défense, dont dépend le CNI, a nié qu’il ait rencontré Esperanza Casteleiro. Le supercopain marocain est revenu en Espagne, sur la Costa del Sol, cet été pour des vacances en famille.
Hammouchi est également considéré comme le cerveau derrière l’utilisation massive par le Maroc du logiciel malveillant israélien Pegasus, introduit dans les téléphones portables de plus d’un millier de politiciens européens, principalement français, de journalistes et de militants des droits de l’homme et d’opposants marocains, comme l’a révélé le 18 juillet 2021 Forbidden Stories, un consortium de 17 grands médias. « Abdellatif Hammouchi, le super-flic marocain, au cœur du scandale Pégase », titrait « Mediapart », l’un des journaux les plus influents de France, le 22 juillet 2021, après avoir rappelé que parmi les victimes de ce « malware » figuraient le président Emmanuel Macron et 14 ministres. « Abdellatif Hammouchi, l’espion marocain qui met la France en difficulté », faisait la une de l’hebdomadaire « Le Point ».
Les autorités marocaines ont toujours nié avoir acquis et utilisé ce « malware », mais dans une interview publiée le 27 décembre par le quotidien « Le Monde », l’actuel Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, n’a pas nié que la société israélienne NSO avait vendu la licence au Maroc. Il a répondu : « C’est une licence très stricte : nous avons exposé tout le matériel dont nous disposions aux autorités françaises ». La visite de M. Lapid à Paris et celle de son collègue de la défense, Benny Gantz, ont contribué à apaiser les tensions avec la France.
En brisant un tabou et en médiatisant aux quatre vents la visite du directeur du CNI à Rabat, Hammouchi tente de blanchir son image et de montrer que, malgré l’épisode Pegasus, il reste un interlocuteur valable et apprécié de ses collègues responsables des services secrets européens, selon des sources familières du monde du renseignement. Trois membres du gouvernement espagnol, le président Pedro Sánchez et ses ministres de la défense et de l’intérieur, ont également été victimes de ce programme israélien malveillant au printemps 2021, comme l’a révélé en mai le ministre de la présidence, Félix Bolaños. Le gouvernement a alors déposé une plainte auprès de l’Audiencia Nacional.
Personne au sein du gouvernement espagnol n’a alors désigné le Maroc comme l’auteur possible de l’espionnage des téléphones portables, bien que les dates du piratage coïncident avec le moment de plus grande tension dans la crise hispano-marocaine : l’entrée de plus de 10.000 immigrants illégaux à Ceuta en mai 2021. Des rapports confidentiels du CNI en possession de l’exécutif en indiquent également la paternité marocaine. La ministre des affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, a également été « piratée » à ces dates, selon ce que le Centre national de cryptologie lui a dit après avoir analysé son téléphone portable. L’ancien ministre l’a reconnu dans une interview publiée le 8 juin dans « El Periódico de España ». Elle s’est plainte que tout a été utilisé contre elle « dans la crise avec le Maroc : écoutes, dénonciations et campagnes de presse ». Le 3 mai, le quotidien britannique « The Guardian » a également révélé que 200 autres téléphones portables espagnols avaient été ciblés par les services secrets marocains, mais sur cette liste, seuls quatre numéros ont été divulgués à ce jour, dont celui de la célèbre militante sahraouie Aminatou Haidar. La liste des téléphones mobiles français infectés s’élève à environ 1000.
Suite à la plainte de l’exécutif, le juge d’instruction de la Cour Suprême, José Luis Camala, a demandé le 5 mai qu’une commission rogatoire soit envoyée en Israël afin d’interroger les dirigeants de NSO. Quatre mois plus tard, aucune réponse n’a été reçue. Le gouvernement espagnol, pour sa part, n’a demandé aucune explication à Israël, selon une source israélienne. L’exportation de Pegasus nécessite une autorisation du ministère israélien de la défense, car il est considéré comme une cyber-arme. La cyber-attaque Pégasus a généré des tensions entre la France et le Maroc qui persistent encore. Preuve en est qu’Emmanuel Macron n’a pas reçu à l’Elysée le roi Mohammed VI, qui vit à Paris de manière quasi continue depuis le 1er juin. Il ne lui a pas non plus téléphoné pour s’enquérir de son état de santé lorsqu’il a contracté la covidie à la mi-juin. La diplomatie française a drastiquement restreint les visas accordés aux Marocains, et certains d’entre eux n’hésitent pas à demander ce document dans les consulats espagnols au Maroc, puis à se rendre en France via une escale dans un aéroport espagnol, respectant ainsi la réglementation Schengen (espace européen de libre circulation).
Abdellatif Hammouchi n’a plus officiellement mis les pieds en France depuis le 20 février 2014, date à laquelle la police judiciaire française a tenté, en vain, de le faire comparaître devant un juge d’instruction qui enquêtait sur deux plaintes déposées contre lui pour torture par deux Marocains représentés par des avocats de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), composée de catholiques, évangéliques et orthodoxes. Avant que le scandale Pegasus n’éclate, il a tout de même effectué plusieurs visites officielles en Espagne, dont la dernière en septembre 2019, lorsqu’il a été décoré, sur ordre du ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska, de la Grand-Croix de l’Ordre du Mérite de la Garde civile. Cinq ans plus tôt, en octobre 2014, c’est un autre ministre de l’Intérieur, Jorge Fernández Díaz, qui avait fait approuver par le Conseil des ministres une autre décoration pour l’invité marocain, la Grande Croix honorifique du mérite policier.
Maroc, Mohammed VI, Moulay Rachid, Moulay El Hassan, funérailles de la Reine Elizabeth,
Selon Reuters, le fils du roi Mohammed VI allait représenter le Maroc dans les funérailles de la reine Elizabeth II. « Les funérailles nationales de la reine Élisabeth auront lieu à Londres le lundi 19 septembre, en présence d’un grand nombre de dirigeants du monde entier, de membres de la famille royale et d’autres dignitaires », a-t-elle indiqué.
Cependant, une dépêche de l’agence officielle de presse, la MAP, a annoncé que c’est le prince Moulay Rachid qui a représenté son frère à cette occasion. Selon des observateurs, l’absence du prince héritier est source d’interrogations sur la situation au palais royal.