Catégorie : Maroc

  • Mariée à un haut responsable espagnol et espionne marocaine

    Mariée à un haut responsable espagnol et espionne marocaine

    Les wikileaks du Maroc : les 149 mails de l’épouse d’Arístegui avec le chef de cabinet des services secrets de Mohamed VI

    Propose des actions de propagande et cite Carlos Herrera, Pepa Bueno, Luis del Olmo, Ramón Pérez-Maura… Rabat a fermé le compte du leaker. Le CNI enquête sur l’affaire

    La fuite de 149 e-mails qui ont croisé Nadia Jalfi -épouse de Gustavo de Arístegui- et le directeur de cabinet du directeur des services secrets marocains a provoqué un séisme politique au Maroc. Les mails, disparus du réseau à la demande de Rabat, relatent le travail effectué par l’épouse de l’actuel ambassadeur d’Espagne en Inde pour améliorer l’image de son pays dans les médias européens.

    Sous le pseudonyme de Chris Coleman, un hacker marocain a passé des mois à révéler des informations classifiées concernant le gouvernement et la monarchie alaouite. Les documents qu’il a téléchargés sur des serveurs étrangers puis publiés sur un compte Twitter comprenaient également des courriels de hauts responsables des services secrets marocains.

    Le dernier forfait filtré a entraîné la fermeture de son compte sur le réseau social à la demande de Rabat et la suppression complète du fichier qui circulait sur Internet hébergé sur un serveur. Il contenait 149 courriels entre Murad El Gul, directeur de cabinet du directeur de la DGED – acronyme du service de renseignement marocain – et Nadia Jalfi, épouse de l’actuel ambassadeur d’Espagne à New Delhi, Gustavo de Arístegui.

    Jalfi et Arístegui se sont mariés à Rabat en 2010, alors qu’il était porte-parole des Affaires étrangères au Congrès des députés. Le couple vit actuellement à New Delhi (Inde), où Arístegui est ambassadeur depuis plusieurs années.

    La publication de ces courriels n’a pas seulement affecté le Maroc. Comme l’a appris El Confidencial Digital, les services de renseignement espagnols ont également lancé une enquête sur l’origine de ces fuites et les conséquences pour notre pays de ce qui y est révélé.

    Le CNI veut savoir s’il y a du matériel qui pourrait affecter les intérêts espagnols, disent les sources consultées par ECD.

    Commissions pour améliorer l’image du Maroc dans la presse

    Dans la centaine et demi de courriels, au contenu desquels El Confidencial Digital a eu accès, sont relatées les actions de communication et de propagande que l’épouse d’Arístegui a menées pour le gouvernement marocain entre 2008 et 2011.

    Ces tâches, dont il a informé El Gul via un compte de messagerie, visaient toujours à améliorer l’image du Maroc dans la presse d’Espagne, d’Italie, de France et du Royaume-Uni. Il a traité une multitude de dossiers de presse sur l’actualité avec des mentions du pays Aluit dans les médias européens, mettant un accent particulier sur l’information sur le conflit du Sahara.

    Voici quelques-unes des affaires auxquelles la femme d’Arístegui a directement participé :

    – Programme avec Carlos Herrera à Rabat : c’est un projet qui n’a pas abouti, mais Jalfi a envoyé à El Gul plusieurs documents sur la réalisation d’un programme spécial de ‘Herrera en la Onda’ à Rabat. Jalfi parle mot pour mot de l’impact de l’émission et de son animateur, un « leader d’opinion », pour « honorer notre pays et son évolution politique et économique ». Le budget du plan était également joint : 72 000 euros, voyage et séjour séparés pour l’équipe. En échange, Onda Cero a promis de faire trois mentions du lieu où serait diffusée l’émission, ainsi qu’une interview du parrain.

    -Voyage de Ramón Pérez-Maura au Maroc : Jalfi rapporte l’arrivée au Maroc du directeur adjoint du journal ABC pour un séjour de quatre jours, et propose la recherche de personnalités pour interviewer le journaliste. Ils doivent être, a-t-il dit, ceux « que nous estimons capables de transmettre le bon message ».

    -Le Premier ministre marocain, avec Pepa Bueno sur ‘TVE’s breakfasts’ : dans le cadre de ses plans pour atteindre l’opinion publique espagnole, Jalfi parle de ses efforts pour que l’espace dirigé par le journaliste Pepa Bueno diffuse une émission spéciale de Rabat, qui comprennent une entrevue d’une demi-heure avec le Premier ministre marocain. Quelque chose que, comme le rappelle la femme d’Arístegui, la chaîne avait déjà fait avec Ahmadinejad d’Iran.

    – ‘Protagonistas’ avec Luis del Olmo et Félix Madero à Rabat : en mai 2010, l’espace Punto Radio ‘Protagonistas’ s’est rendu dans la capitale marocaine pour réaliser une émission en direct. Jalfi envoie à ses services secrets contacter l’audio promotionnel que la chaîne a diffusé quelques jours avant le voyage, demandant « donnez-nous le ok ». La réponse est : elle a déjà été « transmise au PDG ».

    – Un documentaire sur le Sahara : Jalfi informe Murad El Gul de ses « conversations informelles » avec José Antonio Zorrilla, alors consul général d’Espagne à Bata, en Guinée équatoriale. Comme il le raconte, il était « particulièrement excité » à l’idée de réaliser un documentaire sur le Maroc.

    – Un documentaire sur le Sahara : Jalfi informe Murad El Gul de ses « conversations informelles » avec José Antonio Zorrilla, alors consul général d’Espagne à Bata, en Guinée équatoriale. Comme il le raconte, il était « particulièrement excité » à l’idée de réaliser un documentaire sur le Maroc. Il dit qu’on lui a proposé de faire un article sur « la souveraineté historique du Maroc sur le Sahara » et qu’il l’évaluait. « Inutile d’insister sur le bénéfice » qu’aurait la réalisation « d’un projet de cette nature », indique-t-il dans ses mails.

    – Intervention dans Cadena COPE : la femme d’Arístegui envoie au chef de cabinet des services secrets à Rabat un e-mail avec pour objet « Cadena Cope », dans lequel il inclut un lien vers son intervention dans Cope en 2009. Il ne fait pas référence à l’objet de vos déclarations et le lien a été désactivé.

    – Match contre la pauvreté : Jalfi a servi de médiateur avec El Gul dans l’organisation d’un match de charité pour l’ONU à Fès (Maroc), auquel ont participé les footballeurs Zinedine Zidane et Ronaldo. Plus précisément, il a fait part au directeur de cabinet de la DGED des problèmes de l’agence espagnole qui a organisé la réunion pour rencontrer les autorités locales. Le match a finalement eu lieu en novembre 2008.

    – Voyages de journalistes italiens au Maroc : une grande partie des e-mails reflètent des conversations entre Nadia Jalfi et des journalistes italiens qui demandent à se rendre dans le pays pour faire un reportage. Dans certains cas, invité par le gouvernement alaouite pour divers événements, comme le festival du film de Marrakech ou un tournoi de golf portant le nom de Hassan II. Il existe des dossiers de passeport avec des données personnelles ainsi que des vols à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

    – Lobbies italiens : Certains des e-mails montrent le travail du Maroc avec une société de conseil italienne pour véhiculer l’image que Rabat veut donner du conflit du Sahara aux médias italiens, ainsi que d’autres questions sociales. Dans certaines d’entre elles, la consultante propose des actions concrètes, comme un reportage dans le magazine Vanity Fair d’une femme marocaine à déterminer – « politicienne ou femme d’affaires » – ; ou une interview de la princesse Lalla -épouse de Mohamed VI- dans la presse espagnole, italienne et française.

    El Confidencial digital, 03/02/2015

    #Maroc #Espagne #Nadia_Jalfi #Gustavo_de_Arístegui

  • Maroc. Exclusif : Photo de Yassine Mansouri adolescent

    Maroc. Exclusif : Photo de Yassine Mansouri adolescent

    Maroc, DGED, Yassine Mansouri, services secrets, diplomatie,

    Yassine Mansouri, 60 ans, dirige depuis 2005 la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le service de renseignement étranger de Yassine Mansouri. Il est le premier civil à diriger cette institution considérée comme stratégique. C’est le seul service de renseignement qui dépend formellement du palais royal du Maroc et qui est devenu quelque plus qu’un service secret. C’est un instrument de la diplomatie marocaine. La personnalité de son patron l’explique.

    Mansouri fait partie du cercle des proches collaborateurs du roi Mohamed VI, avec qui il a étudié au collège royal. Il est également le seul parmi les intimes du monarque à ne pas avoir été touché par un scandale économique ou politique. Les documents confidentiels dévoilés par le hacker Chris Coleman ont révélé que c’est lui le véritable patron de la diplomatie marocaine.

    Sa photo adolescent a été publié par le hacker Chris Coleman pour prouver qu’il a réussi à pirater le compte mail de la plus haute autorité de la DGED.

    Cependant sa carrière est parsemé d’échecs. Plusieurs de ses agents ont été pris en flagrant délit d’espionnage. Plus de détails dans cet article d’Ignacio Cembrero :

    A la recherche de l’espion marocain

    El País, 14/12/2012

    Bagdad A. est un marocain de 59 ans, qui évoluait avec aisance au sein de la communauté maghrébine en Allemagne. Il collectait des « informations sur les événements organisés par les groupes d’opposition », selon le parquet allemand. En 2007, il s’était proposé pour travailler pour les services secrets de son pays, affirmant posséder « un vaste réseau de contacts » au sein de l’immigration marocaine. Ils l’avaient donc recruté. Cinq ans plus tard, le 7 décembre, les procureurs de Karlsruhe l’ont inculpé pour ses « activités en faveur de services de renseignement étrangers ».

    Bagdad A. est le quatrième Marocain arrêté pour espionnage en Allemagne depuis 2011. Ils s’étaient tous consacrés à surveiller et établir des rapports sur les activités de leurs 230.000 compatriotes marocains résidents en Allemagne, à l’exception de Mohamed B., 56 ans, arrêté en février dernier à Berlin, et qui s’était fait une spécialité de la surveillance des membres du Front Polisario. Selon les procureurs, il avait touché 22.800 euros pour cela.

    De tous les agents marocains démasqués ces dernières années en Europe, celui qui avait fait le plus parler de lui en 2008 était Redouane Lemhaouli, 42 ans, policier d’origine marocaine qui avait eu accès aux dossiers du ministère de l’Intérieur des Pays-Bas. C’est là où il avait obtenu des informations sur les « actions contre le roi du Maroc », le « terrorisme » et le « trafic d’armes », pour les communiquer aux espions qui, sous couverture diplomatique, l’avaient recruté.

    Le cas de « Re » – le surnom que ses camarades avaient communiqué à la police – avait eu autant d’impact en raison du fait que cet agent avait côtoyé la princesse Maxima, l’épouse du prince d’Orange, ainsi qu’un membre du gouvernement néerlandais. La princesse avait pris place à ses côtés, au premier rang, lors d’une cérémonie au cours de laquelle 57 immigrés, la plupart d’origine marocaine, avaient reçu des diplômes leur permettant de travailler comme personnels au sol à l’aéroport de Rotterdam. « Re » les avaient formés.

    Quelques mois plus tard, il avait été radié des rangs de la police, et condamné à 240 heures de travail d’intérêt général. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, avait adressé une lettre aux députés dénonçant « les secteurs et les services exerçant une influence sur les citoyens d’origine marocaine ».

    Au total, depuis 2008, on a recensé 10 arrestations et/ou poursuites d’agents, ou encore des expulsions de diplomates marocains en Europe – la Mauritanie ayant également expulsé un onzième agent l’année dernière… un chiffre que seule la Russie a dépassé, avec ses 31 agents expulsés du Vieux Continent.

    Les 11 agents marocains travaillaient pour la Direction générale des Etudes et de la Documentation (DGED), le service de renseignements extérieurs dirigé par Yassine Mansouri, 50 ans, le premier civil à occuper cette fonction. C’est le seul service d’espionnage qui dépend formellement du palais royal marocain et qui a même dépassé son rôle pour aller au-delà des activités classiques d’espionnage et de renseignement. La DGED est également un instrument de la diplomatie marocaine, et la personnalité de son patron le montre assez clairement et l’explique encore mieux.

    Mansouri fait partie du premier cercle des proches collaborateurs du roi Mohammed VI, en compagnie duquel il avait fait ses classes au Collège Royal. Il est également le seul parmi les intimes du monarque qui n’ait jamais été impliqué dans un scandale politique ou économique.

    Sa loyauté à l’égard du futur monarque avait même été la cause de son limogeage en 1997 du poste qu’il occupait au sein du ministère de l’Intérieur dirigé alors par l’ancien ministre aujourd’hui défunt, M. Driss Basri. Ce dernier le soupçonnait de le surveiller pour le compte du prince héritier, que lui-même surveillait au nom de son père Hassan II. Mansouri était néanmoins le seul des amis d’enfance du prince que Basri jugeait compétent. Il a loué à Hassan II sa force et sa capacité de travail et le roi l’avait envoyé aux États-Unis en 1992 pour y être formé par le FBI.

    Né à Bejaâd, dans le centre du pays, fils d’un alem (érudit musulman), Mansouri avait reçu une éducation religieuse, ce qui était plutôt problématique pour les amitiés gauchistes de son frère, jusqu’à ce qu’on lui offre une place au sein du Collège royal. Aujourd’hui encore, il reste un homme pieux qui fait ses prières, ne boit pas d’alcool, ne fume pas, et ne fait pas dans l’ostentation.

    Sa traversée du désert a pris fin après l’intronisation du Roi Mohammed VI qui, en 1999 l’avait nommé directeur général de la MAP, l’agence de presse officielle du pays, qu’il avait quittée en 2003, pour revenir au ministère de l’intérieur, y entrant cette fois-ci par la grande porte. Pendant deux ans, il avait dirigé la plus importante direction du ministère, d’ou Basri l’avait limogé, la Direction des Affaires générales. De là, il avait fait ses premiers pas dans le monde de l’espionnage et dans la diplomatie parallèle.

    Mansouri était ainsi membre, par exemple, de la délégation marocaine qui s’était rendue à New York en 2007 pour soumettre au Secrétaire général de l’ONU la proposition d’autonomie pour le Sahara ; il avait aussi rencontré à plusieurs reprises le Polisario pour négocier et avait secrètement noué des contacts, à Paris en 2007, avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni. En 2008, il avait reçu à Rabat le Secrétaire d’Etat-adjoint américain, David Welsh, qui s’était déclaré préoccupé par la fragilité du régime tunisien et la « cupidité » du dictateur Ben Ali, ce qui avait été révélé par la suite dans les messages diplomatiques divulgués par Wikileaks. Trois ans plus tard, Ben Ali a été renversé, et Mansouri figurait donc parmi les rares personnes qui avaient établi un bon diagnostic pour la Tunisie.

    A sa création en 1973, la DGED s’était spécialisée dans la surveillance des ennemis en exil de la monarchie alaouite, puis des gauchistes historiques et, aujourd’hui, des islamistes et autres indépendantiste sahraouis. Mais, comme l’émigration marocaine a connu une forte croissance, la DGED s’efforce également de la surveiller pour éviter que l’extrémisme ne se développe au sein de cette communauté, et pour s’assurer qu’elle reste fidèle au trône.

    Selon un rapport du Centre national d’intelligence (CNI) envoyé en mai 2011 par son directeur, le général Felix Sanz, à trois ministres, le Maroc a mis au point en Espagne une « stratégie à grande échelle ». « L’objectif est d’étendre son influence et d’accroître le contrôle sur la communauté marocaine sous couvert de religion », précise le rapport. Ce contrôle est exercé par Rabat, selon le CNI, « à travers son ambassade et ses consulats (…), ainsi que le personnel associé », soit des agents de la DGED bénéficiant de l’immunité diplomatique et des informateurs recrutés sur le terrain. La Fondation Hassan II y collabore aussi ; présidée par la Princesse Lalla Meryem, la sœur aînée de Mohammed VI, le budget de cette Fondation n’est pas soumis au contrôle parlementaire.

    La preuve de l’intérêt de la DGED pour la religion a été apportée par l’intervention de Mansouri, en novembre 2008, devant un parterre d’imams venant d’Espagne et d’Italie et invités à Marrakech par le ministère des Affaires islamiques. Un an auparavant, Mansouri s’était rendu à Majorque pour rencontrer son homologue espagnol de l’époque, Alberto Saiz, et le mettre en garde contre ce que le Marocain estimait être « jouer avec le feu », à savoir le soutien espagnol offert aux « tablighistes » de Ceuta, un courant islamique d’origine indienne, au détriment de l’islam malékite qui domine au Maroc.

    C’est peut-être parce qu’ils souhaitent éviter les tensions avec Rabat ou au nom de la coopération dans la lutte contre le terrorisme – la DGED avait aidé le CNI à dénouer l’enlèvement de trois bénévoles catalans par Al-Qaïda au Mali – que les pays du sud de l’Europe comme l’Espagne, la France et l’Italie, les pays qui accueillent le plus d’émigrés marocains, n’expulsent ni n’arrêtent les agents marocains. « Cela s’est en effet produit, mais sans plus », nuance cependant un ancien collaborateur du CNI qui avait servi au Maghreb.

    En 2010, Rabat avait expulsé trois agents espagnols travaillant au Maroc sous couverture diplomatique ; mais durant le dernier quart de siècle, il n’y avait eu qu’une seule affaire d’espionnage marocaine en Espagne qui ait été divulguée: l’infiltration d’une taupe au sein du ministère des Affaires Etrangères, en 1990, qui avait obtenu un rapport sur la conversation du ministre de l’époque, Francisco Fernandez Ordonez, avec un responsable du Front Polisario.

    Lire aussi : Maroc: Les journalistes de la MAP, des officiers de la DGED?

    Lire aussi : Maroc: la DGED, Moulay Hicham et la soirée arrosée au vodka

    #Maroc #DGED #Services_secrets #Yassine_Mansouri

  • Sénégal: Quand Sall demandait le palais royal de Marrakech

    Sénégal: Quand Sall demandait le palais royal de Marrakech

    Sénégal, Maroc, Macky Sall, Mohammed VI, Lobbying, Union Africaine, Mankeur Ndiaye, Babacar Diallo, Cheikh Tidiane Gadio,

    Le Maroc et le Sénégal sont, certes, liées par des solides relations idéologiques. Ils partagent le rêve commun d’étendre leurs frontières au-delà de celles tracées lors de leur indépendance. C’est ce qui justifie leur alliance contre la Mauritanie. Le Sénégal revendique la partie sud de la Mauritanie dont les habitants sont d’origine négro-africaine en plus de la Gambie dont le territoire est entouré par le pays de la Teranga.

    Mais, en plus des liens idéologiques, il y a aussi la politique du « graissage », un terme utilisé en Mauritanie en allusion au soudoiement. Toutes les classes sociales au Sénégal ont été corrompues par le Maroc. Ce dernier, grâce à l’argent distribué tout azimuth au Sénégal, il y a créée un vaste lobby prêt à vendre son âme au diable s’il le faut. 

    A la tête de ce lobby se trouve le président Macky Sall dont la recherche d’argent et confort l’a jeté dans les bras du Makhzen. Selon un média mauritanien, il a reçu le montant de 50 millions d’euros du Maroc en échange de la défense des intérêts du royaume de Mohammed VI.

    Accueilli dans le luxe et l’abondance, Macky n’a pas pu refuser une offre trop alléchante. En contrepartie, le président sénégalais a promis au roi du Maroc un « retour » triomphale dans la salle du 27ème Sommet de l’UA avec des chaleureux appalaudissements sans passer par les procédures de demande et vote », précise la même source. Et d’ajouter, « si Macky Sall a été déçu par Nouakchott, sa déception a été beaucoup plus grande à Kigali, où son appel à signer une demande de suspension de la RASD n’a eu aucun écho ».

    Les relations de Sall avec le roi du Maroc se sont aussi solides que décomplexées au point de solliciter un des palais du roi pour passer ses vacances. Dans une lettre envoyée au MAEC, l’Ambassade de la République du Sénégal à Rabat « présente ses compliments au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération du Royaume du Maroc et a l’honneur de l’informer que le Présidence Macky Sall effectuera une visite privée au Maroc du 1er au 10 septembre 2013 ». « Monsieur le Président qui sera accompagné de son épouse et de quelques membres du protocole souhaiterait être hébergé dans la Résidence Royale de Marrakech où il a déjà séjourné à plusieurs reprises », ajoute la lettre.

    Macky Sall n’a pas déçu ses bienfaiteurs marocains. En 2013, son pays a présenté ce que le Makhzen la « Déclaration du Sénégal » en vue de pousser l’Union Africaine à ne pas insérer la question du Sahara Occidental dans son agenda.

    Dans ce lobby se trouve aussi des personnalités du gouvernement comme l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Mankeur Ndiaye qui a été éclaboussé par un scandale qui a été largement repris par la presse sénégalaise qui, grâce aux documents révélés par le cyber-activiste Chris Coleman, a découvert que ses leaders se rabaissent au point de demander l’aumont auprès de l’ambassade du Maroc à Dakar. Dans ce cas, Ndiaye demande à celle-ci plus de 8 millions de FCFA pour, prétend-t-il, payer les frais de trois de ses proches.

    Cheikh Tidiane Gadio, ancien Ministre des Affaires Etrangères du Sénégal, ancien Envoyé Spécial de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) pour la RCA. En 2014, chargé en octobre 2014 par Macky Sall d’organiser le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, n’hésite pas à se proclamer confident de la DGED, le service des renseignements extérieurs du Maroc, lorsque ces derniers l’invitent à visiter le Maroc. Il veut arriver seul si les responsables marocains désirent une « rencontre confidentielle » avec lui.

    A l’instar de la plupart des politicies sénégalais, Gadio n’hésite pas à s’abaisser pour demander de l’argent à ses amis marocains.

    En pleine tourmente du Printemps Arabe, les autorités marocaines ont sollicité Gadio pour la rédaction d’un article vantant les prétendues qualités du roi alaouite.

    Babacar Diallo, Directeur Général du Centre d’Etudes, Diplomatiques et Stratégiques de Dakar,Directeur de l’Ecole Panafricaine d’Intelligence Economique et de Stratégie, a été engagé par la DGED pour défendre, le 8 octobre 2014, les thèses marocaines en tant que pétitionnaire à l’Assemblée Générale de l’ONU.

    Bacre Waly Ndiaye, Directeur de la Division des Organes des Traités, au Haut Commissariat des Droits de l’Homme, était un confident de l’ancien ambassadeur du Maroc à Genève, Omar Hilale. Celui-ci a demandé à ses supérieurs de l’inviter, en tant que « fervent Tijane », pour un pèlerinage à Fès dans des lignes qui en disent long sur la politique sénégalaise du Maroc.

    Un autre pillier du lobby marocain au Sénégal, l’AMESMA, l’Amicale des Anciens Etudiants et Stagiaires Sénégalais au Maroc. Ce matin, Coleman a mis en ligne une nouvelle révélation sur le lobby marocain au Sénégal. Dans un courrier confidentiel, l’AMESMA demande au roi du Maroc de l’argent pour financer son travail non sans rappeler leur soutien à Rabat « dans son combat contre les ennemis de son intégrité territoriale ».

    Vous comprenez maintenant pourauoi les candidats à l’émigration sénégalais sont massacrés et brutalisés au Maroc sans aucune réaction de la part de Dakar. Entre les lignes de cet article vous trouverez aussi l’explication de la dernière sortie du président Macky Sall pour exprimer ses « regrets » suite à l’absence du Maroc dans le dernier sommet de la TICAD 8 organisé à Tunis. Il y a lieu de se demander si le mandataire sénégalais parlait avec son coeur ou sa poche.

    #Maroc #Sénégal #Union_Africaine #Lobbying #AMESMA #Mankeur_Ndiaye #Tidjiani_Diallo

  • DST au Maroc. Le service de tous les secrets

    DST au Maroc. Le service de tous les secrets

    Maroc, DST, services secrets, lutte antiterroriste, DGST, DGSN, DGED, Abdellatif El Hammouchi,

    Qui n’a jamais entendu parler de la DST ? Qui n’a jamais frémi rien à l’évocation de ce sigle qui renvoie à tant de peurs, de traumatismes, de mystères ? La Direction de la Surveillance du Territoire garde au chaud tous vos secrets. TelQuel a percé le sien.

    Casablanca, le 24 février. Un soir comme les autres. La ville dort, la corniche prolonge les plaisirs de la nuit au service des derniers noctambules. Comme cette poignée d’hommes regroupés autour de leur “chef”, un quadra bon teint, costume sombre et cravate rayée, attablés dans un célèbre cabaret sur la corniche casablancaise. Rien ne les distingue des clients habituels de l’endroit, sauf que les “boys” se sont visiblement donné rendez-vous pour fêter un heureux événement. Un mariage, une naissance, une augmentation de salaire ? Rien de tout cela. “Ils allaient mettre le Maroc à feu et à sang, mais nous les avons arrêtés au bon moment. Il faut que tout le monde le sache”, clame le leader de la bande entre deux gorgées de Whisky.

    La phrase n’échappe pas à la curiosité de quelques clients, médusés. Les plus lucides retiennent l’explication chuchotée par l’un des serveurs du cabaret : “Ne faites pas attention, lui est un commissaire principal de la DST. Il célèbre le démantèlement d’un réseau terroriste”. Le réseau en question est celui de Abdelkader Belliraj, dont le démantèlement venait d’être confirmé, trois jours plus tôt, par le ministère de l’Intérieur lors d’une conférence de presse à Rabat.

    Victoire, donc, pour les services de renseignement marocains, intérieurs et extérieurs. Et victoire, d’abord, pour “le service”, le plus important en hommes comme en moyens, la DST (officiellement DGST, Direction générale de la surveillance du territoire).

    Une date a scellé le petit 1-0 remporté par la DST aux dépens des autres services concurrents, DGED (renseignements extérieurs, le pendant de la DST en dehors des frontières marocaines) en tête : celle du 4 mars. Ce jour-là, à Rabat, la salle de conférences du ministère de l’Intérieur grouille de monde. DST, DGED, DST, DGSN, DAG (renseignements liés au circuit du ministère de l’Intérieur, loin de la Sûreté nationale), FAR, Gendarmerie Royale, Forces auxiliaires : tout le gratin sécuritaire du royaume est venu assister à une cérémonie inédite dans les annales du renseignement marocain. Le roi rend hommage, dans le texte, “à la vigilance et à la fermeté des services de sécurité dans la défense de la stabilité du pays”. Lu par le conseiller royal Mohamed Moâtassim, le message de félicitations cite nommément les services sécuritaires du royaume, DST en tête, à l’exception notable de la DAG ou de la DGED. “C’est sans doute la première fois que le roi évoque la DST aussi clairement dans l’un de ses discours. La DGED, pourtant représentée lors de cette cérémonie, a été désignée par la formule laconique d’organe veillant à la sécurité externe du pays”, remarque un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, présent durant l’événement. Dans le microcosme sécuritaire, la nuance ne passe pas inaperçue. Elle suscite même nombre d’interprétations.

    “Personne n’est dupe, le message royal s’adressait surtout à la DST, qui a joué un rôle de première importance dans le démantèlement du réseau Belliraj. Ce message n’a d’ailleurs fait que rattraper une omission lors de la conférence de presse organisée par le ministère de l’Intérieur, dans laquelle le rôle de la DST avait été totalement occulté”, commente un gradé de la Sûreté nationale. “En citant la DST, le roi ne voulait pas seulement saluer son travail. Il tenait à lui donner une caution publique, officielle, qui lui a souvent fait défaut dans le passé”.

    Ces bruits de couloir attestent au moins de l’intention royale de restaurer définitivement l’image de son premier service de sécurité. Et de lui accorder un léger avantage sur ses nombreux concurrents. Actualité oblige.

    Un œil sur tout ce qui bouge

    Alors, la DST est-elle devenue, par les grâces d’un message royal, une administration comme les autres ? Non, pas vraiment. Son siège central à Témara, niché dans une zone verte à quelques kilomètres de Rabat, est probablement l’un des endroits les mieux gardés de tout le royaume. Nul ne peut s’en approcher. Ses “délégations” régionales, désignées sous le générique de brigades, implantées dans les principaux centres urbains du pays, sont parfaitement anonymes, sans enseigne officielle, sans aucun signe distinctif. Ses agents, quand ils ne célèbrent pas une victoire à la Pyrrhus, sont aussi discrets que nombreux, craints, à la limite intouchables, évités ou courtisés selon les circonstances.

    Que ce soit dans les universités, les établissements publics, les hôtels, les restaurants, les cafés, voire même les hammams et les salles de sport, la DST a la réputation d’être partout et de garder un œil sur tout. Via ses agents bien sûr, mais aussi par le biais de ses innombrables informateurs recrutés aussi bien parmi les petites gens, que dans les classes hautes et moyennes. “Quand on dit informateur, les gens pensent aussitôt au petit indic, au cordonnier, au concierge ou au dealer du coin. Ce qui est un peu vrai. Mais il y a également des professeurs universitaires, des artistes connus ou des hommes d’affaires, et même des figures politiques, parmi nos indics”, se remémore un ancien agent de la DST. “En plus des opposants et personnalités politiques, nous recevions chaque jour des milliers de rapports sur de parfaits anonymes. Et il suffisait parfois d’une blague déplacée sur le roi pour déclencher les opérations…”.

    Car tout mène au roi, invariablement. Hier comme aujourd’hui. Notre source raconte, avec une pointe d’humour : “Un jour, nous avons fini par recevoir quelqu’un qui prétendait détenir des informations très sensibles. Il disait qu’il ne pouvait s’en ouvrir qu’au roi en personne. Pour nous, il n’en était évidemment pas question. Mais notre homme n’en démordait pas, il disait vouloir parler au roi, et rien qu’à lui, puisqu’il était à ses yeux, comme il l’a appelé, le patron. Alors on a fini par trouver un stratagème ; on a amené un portrait grandeur nature du roi, et on a dit à notre client : le roi est là, maintenant tu peux parler. Et il a parlé…”. L’anecdote, qui remonte à l’époque du défunt Hassan II, s’arrête là. Notre source n’a pas pipé mot sur la nature des “informations” en question, ni sur le sort réservé à leur auteur. Mais tous les aveux obtenus par les limiers de la DST ne reposent pas sur des méthodes “douces”, et c’est là où le bât a souvent blessé pour le premier service de sécurité du royaume.

    Bienvenue aux sous-sols du service

    “La DST n’arrête personne, elle enquête et prépare des dossiers, c’est tout”, résume cet officier à la centrale de Témara. L’affirmation est avérée, mais partielle. Elle ne dit pas tout. Théoriquement, les enlèvements et la torture n’existent pas, les arrestations sont du seul ressort de la police judiciaire (PJ ou BNPJ). Mais théoriquement seulement. Depuis sa création, le “service” a toujours disposé de sous-sols dédiés aux séances dites d’examen de situation. Traduisez “interrogatoire et plus, si affinités”. Dans les caves du CAB1, ancêtre de la DST, ou dans les “silounate” du complexe de police de l’Agdal à Rabat, qui a abrité son siège jusqu’à l’édification de la forteresse de Témara dans les années 1990, voire dans les villas et appartements mis à sa disposition, la DST a vu défiler des milliers de pensionnaires malgré eux. Toujours pour les besoins d’“enquêtes” plus ou moins approfondies.

    Certains en sont sortis indemnes, d’autres pas. “On m’a enlevé dans la rue, bandé les yeux, torturé, séquestré, sans jamais me dire que c’était la DST. Mais il n’y avait pas besoin, je savais”, confie cet ancien détenu politique, qui a connu le sous-sol du complexe de l’Agdal dans les années 70. Les années passent, les étiquettes restent. “Ce n’est pas un secret : quand quelqu’un disparaît, on pense d’abord à la DST. Surtout s’il a une quelconque activité politique” est une affirmation qui peut revenir dans la bouche de Monsieur tout le monde.

    Les enlèvements, pratique tout à fait illégale mais bien courante dans les services du monde entier, sont du ressort d’un département bien particulier, celui de “l’action”, anciennement appelé “les opérations techniques”. Ses hommes, choisis parmi les plus “physiques” du service, se servent de rapports de filatures et d’écoutes téléphoniques, avant de jeter leur dévolu sur la cible choisie. Département-clé, il est un peu l’exécutant des basses besognes, au service de la direction la plus importante du service : celle de la contre-subversion. C’est là, précisément, que réside le cœur et la raison d’être de la DST : traquer le renseignement politique, cerner les profils de ses “acteurs”, au besoin anticiper sur un quelconque danger pour la stabilité du royaume.

    Ecoutes, filatures, infiltrations

    “Quand on est missionnés pour filer quelqu’un, on peut guetter le moment où il sort de chez lui des heures durant sans bouger, en ignorant tout ce qui nous entoure”, explique cet agent actif, voué au terrain. La filature, souvent employée en complément aux écoutes téléphoniques, reste le B.A.-BA de l’espion, à l’ancienne comme à la nouvelle école. “Une filature peut être discrète, ou alors voyante. Dans ce dernier cas, elle fait partie d’une guerre psychologique menée contre la cible”. Le même recours à la guerre des nerfs peut affecter les écoutes téléphoniques, dont le but n’est pas seulement de capter les échanges verbaux, mais aussi, au besoin, de les rendre difficiles. Le procédé (bips sonores en pleine conversation téléphonique, fritures sur la ligne, etc.) vise clairement à déstabiliser le quotidien de la “cible” du service. Il est d’autant plus efficace, nous explique-t-on, “qu’il touche à des conversations intimes, personnelles, sans lien avec l’activité (supposée subversive) de la cible”.

    Les moyens de faire pression sur une “cible” ne se ressemblent pas. Parce que les objectifs, non plus. Mais il y a les classiques du genre, dont l’incontournable “comment faire tomber sa cible (et l’obliger à collaborer) en faisant appel à l’arme du sexe”. Une source proche du service raconte : “Il y a quelques années, la DST a réussi à piéger, en vue de le recruter, l’un des représentants du consulat d’un pays arabe (ndlr : le renseignement collecté auprès des consulats et ambassades accrédités au Maroc relève du service “contre-espionnage” de la DST). L’astuce a été de le mettre dans le lit d’une jolie femme et de le filmer dans des positions compromettantes”. La suite coule de source. Sous la menace de diffuser les images, le diplomate cède au chantage. Il “collabore” mais, pas de chance : les services secrets de son pays ne tardent pas à découvrir son double-jeu. Résultat : il est condamné dans son propre pays à quatre ans de prison ! Ce genre d’opérations “sales” reste monnaie courante, il est un peu intégré dans la rubrique pertes et dégâts collatéraux. Les risques du métier, en quelque sorte.

    À la recherche du point G

    Mais de qui dépend la DST, et à qui rend-elle compte ? Flash-back. La DGST a été créée par Dahir royal, le 12 janvier 1973 en même temps que sa cousine, la DGED. Publiés le même jour sur le Bulletin officiel et contresignés tous les deux par Ahmed Osman, le Premier ministre de l’époque, les Dahirs qui ont créé ces deux directions comportent cependant plusieurs différences. La DGED est rattachée au Conseil suprême de la Défense nationale avec pour mission de “participer” à la protection et à la sauvegarde de la sûreté de l’Etat et de ses institutions. La DGST, elle, est “chargée” de veiller sur la protection et la sauvegarde de l’Etat et de ses institutions, sous la tutelle (bien théorique) du ministère de l’Intérieur. Dès 1974, la DGST perd son “G”, pour devenir DST tout court, et passer du coup de la tutelle directe de l’Intérieur à celle de la Sûreté nationale, ou DGSN.

    Le changement de statut dénote un subtil glissement administratif, rien de plus. “Le seul lien qui existait à l’époque entre la DST et la DGSN était d’ordre budgétaire. Les salaires des agents et les frais de fonctionnement de la DST étaient en effet déduits du budget de la DGSN”, nous explique un gradé de le Sûreté nationale. “Et encore, la DST disposait et dispose toujours de plusieurs caisses noires, qui lui permettent de financer ses nombreuses activités clandestines”, poursuit la même source. En réalité, la mise de la DST sous la tutelle de la DGSN avait pour seul but de lui octroyer une couverture légale pour l’exercice d’opérations… souvent illégales.

    Ce n’est que récemment, sous le nouveau règne, que la DST a regagné son G, sans que l’opération ne soit jamais tirée au clair. S’agit-il d’un nouveau, et simple, glissement administratif ? Ou alors, comme on le prévoyait du temps de Laânigri déjà, de l’amorce d’une réorganisation générale des services spéciaux du royaume ?

    Super-flics, super-primes

    L’anecdote, survenue il y a quelques mois, a pour théâtre le Tribunal de Salé. Une affaire, une de plus, liée au terrorisme. Un témoin raconte : “Le juge a décidé d’évacuer la salle pour réduire l’agitation qui régnait dans les lieux. Les policiers se sont employés à la tâche avec le zèle habituel. Au fond de la salle, deux individus sont restés impassibles, indifférents, comme s’ils étaient rivés au banc. Le juge demande leur évacuation, mais l’un des policiers en faction se précipite vers lui, et lui chuchote quelque chose à l’oreille… Et le juge sourit avec un air entendu, portant la main à son coeur comme dans un geste de soumission, et décide de poursuivre les audiences avec les deux individus du fond comme seul public”. Question : qui sont ces deux mystérieux témoins, qui ont réussi à amadouer l’autorité du sourire ? “Ils n’arrêtaient pas de prendre des notes, ils ne pouvaient être que des agents de la DST !”. Possible, possible. Mais très improbable !

    La consignation des minutes des procès, ainsi que de multiples tâches domestiques, sont souvent confiées aux agents des RG, l’équivalent de la DST propre à la Sûreté nationale. “La RG”, comme on les appelle communément, ratissent large et ramènent tout dans leur filet de pêche, les gros poissons comme les grosses pierres. Les limiers de la DST peuvent, au besoin, récupérer le fruit des investigations de “la RG”, avant de filtrer les renseignements, de les recouper, et de leur donner éventuellement une suite.

    C’est que la DST peut fonctionner en réceptacle du travail non fini émanant d’autres services de renseignements plus classiques. Mais qui sont donc ces hommes, qui sont un peu considérés comme le corps d’élite des enquêteurs ? Qui les recrute, et sur quels critères ? Combien sont-ils ?

    En l’absence de chiffres officiels sur l’étendue de ses effectifs, il reste les estimations dont les plus fiables varient dans une fourchette de 8000 à 10 000 permanents. Sans oublier les “antennes” et les collaborateurs externes, généralement rémunérés par des caisses propres au service.

    “Aujourd’hui et à grade égal, un agent de la DST perçoit un salaire supérieur de deux à cinq mille dirhams par rapport à un fonctionnaire de la DGSN”, nous confie un commissaire de police. La différence de traitement s’explique par la prise de risques, mais aussi par la formation, plus musclée, chez les policiers du “service”. “A la base, un policier reste un policier”, rappelle notre source. Traduisez : un élément de la Sûreté ou du service se présentent au même concours d’accès (à l’Académie de police). Ce n’est que quatre mois avant la fin du cursus que les futurs agents sont repérés dans la masse, et invités à intégrer une autre académie, celle de Témara, où ils poursuivent une formation plus spécialisée.

    Objectif islamistes

    C’est bien connu : la force d’un service du renseignement réside dans sa capacité d’infiltration. La DST a traversé les décennies et changé de “cibles” (hier les gauchistes, aujourd’hui les islamistes). Des agents “barbus” ont donc essaimé parmi les mouvements reliés tant à l’islam politique qu’au terrorisme. Ils fréquentent assidûment les mosquées, là où leurs devanciers écumaient les bars. Et ils infiltrent, ils infiltrent.

    Mais si certaines opérations ont été des succès, expliquant le noyautage, voire le démantèlement de plusieurs réseaux, d’autres ont été de franches déceptions. Qui prêtent parfois au sourire. Exemple de cette anecdote : “La DST a longtemps essayé de déstabiliser un des ténors d’Al Adl Wal Ihsane. Au point que celui-ci a fini, un jour, par découvrir un micro dans son domicile, implanté là par un maçon, recruté (par la DST) à cette fin”, confie ce proche de la Jamaâ de Cheikh Yassine.

    Les “efforts” consentis par le service pour contrer les mouvements islamistes lui ont valu, en retour, de se transformer parfois en cible terroriste. “Rappelez-vous que l’un des kamikazes d’avril 2007 avait cherché désespérément le siège de la brigade de la DST à Casablanca, avant de renoncer et de finir par exploser quelques dizaines de mètres plus loin, mais sans le savoir exactement !”, s’exclame encore notre source.

    Là aussi, cela s’appelle les risques du métier. “Le recours à de nouveaux visages pour infiltrer les mouvements islamistes a malgré tout donné ses fruits”, se réjouit ce responsable sécuritaire. Il pense sans doute aux super-équipements, très hi-tech, dont s’est doté le service, surtout depuis l’ère Laânigri : des armes sophistiquées, un système d’écoutes téléphoniques ultramoderne livré clefs en main par un célèbre opérateur téléphonique, etc. Au point de faire dire à notre source, dans ce qui ressemble à une blague sans en être forcément une : “Avant même l’inauguration du nouveau siège de l’USFP à Hay Riad, à Rabat, la DST avait réservé un local mitoyen pour pouvoir garder à portée de vue (et d’oreille !) les socialistes”. Qui dit mieux ?

    Par Majdoulein El Atouabi et Karim Boukhari avec Lahcen Aouad

    TelQuel, 2008

    #DST #DGST #DGSN #DGED

    Lire aussi : Maroc: Révélations accablantes de l’ex-officier des services secrets marocains

    Lire aussi : Les Belges considèrent les services secrets marocains comme une menace pour leur sécurité

  • اجتماع مع سفراء المغرب المعتمدين في القارة الإفريقية

    اجتماع مع سفراء المغرب المعتمدين في القارة الإفريقية

    المغرب القارة الإفريقية

    مذكرة الى السيد وزير الخارجية و التعاون

    الموضوع : اجتماع مع سفراء صاحب الجلالة المعتمدين في القارة الإفريقية :

    1- هدف الاجتماع : استجابة للتقلبات السياسية , الاقتصادية , الاجتماعية و الدينية و التي نريد اتخاذ التدابير العلمية و العملية لمواجهتها ووضع خطة طريق واضحة لذلك .

    2- نقط الضعف :
    أ- تعيين « زوما  » في رئاسة لجنة الاتحاد الإفريقي : يدا في يد مع المكلف بلجنة السلم و الأمن سيقومان ابتداء من شتنبر بمبادرات مهمة لكن سلبية في مواجهة المغرب اذ ستقوم هذه الرئيسة بمحاولات لدى الآمين العام للأمم المتحدة السيد :  » بان كي مون  » لطلب الاعتراف بالجمهورية الموهومة و ستقوم كذلك لدى جميع الدول الإفريقية باتخاذ موقف موحد و هو اعتراف بهذه الجمهورية الموهومة كعضو مؤسس للاتحاد الإفريقي , و أخيرا ستحاول هذه الرئيسة أن تبدل جهودا كبيرة من أجل جعل الاتحاد الإفريقي هو المخاطب الوحيد في أي اجتماع أو قمة ستعقد في المستقبل بين افريقيا و المنتظمات الدولية الثنائية, ولو حصل هذا المعطى فان الخاسر الأول سيكون بلا شك المغرب .

    ب- عدد السفارات المغربية بدول إفريقيا جنوب الصحراء تقتصر على عشرين تمثيلية في حين أن عدد دول افريقيا مجتمعة هو ثلاتة و خمسون بلدا , هذا يبين ضعف تمثيلياتنا من حيث العدد في القارة السمراء وأن بعض السفارات معتمدة لدى ثلات أو أربع دول و الملاحظ أن كثيرا من السفراء لا يقومون بزيارات لذى هذه الدول اما بتقصير واضح من بعضهم و اما بدريعة أن الاعتماد المرصودة لمهامهم هذه ضعيفة ,كما أن تواجدنا بالدول الإفريقية الغير الناطقة بالفرنسية معدوم ,

    ت- لاحظت كذلك أن مستوى و عدد الاطر المعتمدين في سفاراتنا في الدول الافريقية المذكورة ضعيف جدا , مما انعكس سلبا على مردوديتهم .
    ث- الملاحظ للأسف أن سياستنا الخارجية في القارة الافريقية سقفها أعلى بكثير مما نتوفر عليه من إمكانيات مرصودة لهذه الوزارة ,
    ج- لاحظت غياب استراتيجية و غياب تقييم علمي واضح لدى الوكالة المغربية للتعاون الدولي مما أدى الى سوء تدبير للإمكانيات المرصودة بها و فقدان الفعالية في عملها و اختصاصاتها .

    3- نقط القوة :
    أ- تمثل الصفة الدينية لجلالة الملك كأمير للمؤمنين و سبط للرسول (ص ) و الوضع الاعتباري للمملكة كقبلة لعدد من أتباع الزوايا نقطة قوة اعتبارية يجب استغلالها .

    ب- المملكة المغربية لعبت دورا كبيرا في مسلسل استقلال الكثير من الدول الافريقية سواء الناطقة بالفرنسية أو الانجليزية أو البرتغالية أو الاسبانية .

    ت- المملكة المغربية أطرت الكثير من الاطر العليا و السامية المدنية و العسكرية التي تتواجد حاليا في السلطة بهذه البلدان مما يشكل رصيدا مهما لا يستغله المغرب بالشكل المناسب .
    ث- مبادرة المغرب حول منظمة جنوب المحيط الأطلسي و الذي يضم عشرين دولة افريقية سيكون فضاءا مناسبا لدعم المبادرات المغربية .و في هذا الباب سييتم قريبا تعيين الامين العام لهذه المنظمة .

    ج- تبوأ المغرب مكانة هامة بمبادراته و احتضانه لاجتماع وزراء خارجية « سين صاد  » التي تضم ثمانية و عشرين دولة باستثناء الجزائر و هذا فضاء اخر مناسب للمغرب قصد الدفاع عن مصالحه .

    ح- المملكة المغربية حاضرة بقوة في عدد كبير من المنظمات الجهوية أو الدولية كالفرونكوفونية و التيكاد و غيرهما .

    4- إعداد خطة الطريق :
    و هي الخطة التي ستنتج عن عرض الاشكالات التي سيتم التداول بشأنها و رصد الاختلالات و تقييم الايجابيات و المناقشة اثناء الاجتماع و عرض كل و جهات النظر قصد تنزيل هذه الخطة .

    5- مقترح :
    يجب استدعاء الى جانب أطر مديرية افريقيا , المدراء المعنيين بموضوع الاجتماع و سفراء صاحب الجلالة المعتمدين بنيويورك وواشنطن ولندن وجنيف .ثم يجب توجيه دعوة الى السيد وزير الاوقاف والمدير العام لمديرية الدراسات و المستندات .



  • Maroc : Note confidentielle sur la région d’Afrique Centrale

    Maroc : Note confidentielle sur la région d’Afrique Centrale

    Maroc, Afrique Centrale, CEEAC, CEMAC, Attijariwafa Bank, BMCE Bank, Maroc Télécom, ONEP, SOMAGEC, Omnium Nord Africain (ONA), MANAGEM), CEMA-Bois de l’Atlas, Jet Sakane,

    I- Présentation générale :

    La région de l’Afrique centrale est l’une des régions les plus prospères du continent africain. La découverte récente d’importants gisements de pétrole et de grandes énormes de métaux précieux augmente davantage l’attractivité de cette région et l’expose, en même temps, à des menaces sécuritaires énormes liées à la multiplication des actes de piraterie et de rébellion.

    Le Royaume du Maroc entretient d’excellentes relations d’amitié et de coopération avec les pays de cette région qui sont :
    La République du Cameroun,
    La République du Congo,
    La République Gabonaise,
    La République de Guinée Equatoriale,
    La République Centrafricaine,
    La République Démocratique du Congo
    La République du Tchad

    Les Principales instances régionales de cette région sont:

    -La Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) ;
    -La Communauté Economique et Monétaire des Etats d’Afrique Centrale (CEMAC) ;
    -La Commission du Golfe de Guinée.

    Les pays d’Afrique Centrale, dont la plupart sont regroupés au sein de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), ont pleinement conscience des enjeux liés à la sécurité et à la stabilité de la région. Ce qui explique leur engagement à résoudre les différends territoriaux et à coordonner leurs actions en matière de lutte contre la piraterie, le trafic illégal de tous genres et le terrorisme, notamment dans la région du Golfe de Guinée.

    Les principaux évènements et questions qui continuent de marquer la région sont :
    La rétrocession de l’Ile de Bakassi :
    La sécurisation de la région du Golfe de Guinée :
    La délimitation des frontières maritimes entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale :
    Le différend territorial entre le Gabon et la Guinée Equatoriale

    II- Relations Maroc/Afrique Centrale :

    1- Sur le plan bilatéral :
    Les nombreuses Visites Royales dans les pays de la région de l’Afrique centrale ont été fortement appréciées et ont débouché sur l’enregistrement d’avancées significatives en matière de coopération bilatérale et au renforcement de la cadence de la tenue des Commissions mixtes de coopération bilatérale.

    Cette volonté s’est traduite notamment par la grande disponibilité dont a fait preuve le Maroc pour accompagner les différents pays de cette région dans leurs efforts de développement pour la concrétisation de grands projets d’infrastructure, tels que ceux lancés par les gouvernements gabonais et équatoguinéen et ce, suivant une logique de partenariat stratégique.

    Ainsi, l’ouverture des lignes aériennes sur l’Afrique Centrale par la Royal Air Maroc, l’implantation de filiales bancaires d’Attijariwafa Bank et de BMCE Bank et les investissements réalisés par Maroc Télécom, ONEP et SOMAGEC, ont été des facteurs d’encouragement à cet égard. La présence également en Afrique de l’Omnium Nord Africain (ONA) dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la distribution et dans le secteur minier (MANAGEM), ainsi que des groupes comme CEMA-Bois de l’Atlas, Jet Sakane, sont autant d’exemples de réussite de l’intervention des opérateurs privés marocains dans des secteurs vitaux.

    L’organisation, par ailleurs, de nombreuses caravanes commerciales dans ces pays ces dernières années a été une occasion de plus pour réaffirmer la volonté du Maroc à développer ses relations de coopération avec cette région. Ces missions commerciales ont rencontré un succès retentissant et ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives commerciales prometteuses.

    Toujours est-il que la présence du secteur privé marocain dans cette région rend nécessaire de surmonter certaines difficultés rencontrées par l’établissement d’une stratégie de partenariat pour un meilleur suivi de la réalisation des investissements et projets initiés. La formation de Comités de suivi et de Conseils d’Hommes d’Affaires pourrait amplement contribuer à un aboutissement réussi de tous ces efforts.

    2- Sur le plan régional :
    Eu égard à l’excellence des relations qui lient le Maroc à l’ensemble de ces pays, notre pays pourrait joué un rôle de médiation entre les différentes parties concernées par ces différends. Il pourrait également jouer le rôle de conciliateur des intérêts politiques et économiques défendus par les uns et les autres et ce, dans la perspective de promouvoir la paix et la sécurité dans la région.

    A ce niveau, le positionnement de notre pays dans le cadre des actions onusiennes serait fort indiqué. Il en ainsi de la prise de nouvelles initiatives régionales multidimensionnelles (réunions, rencontres….etc.), sous les auspices des Nations Unies, qui auraient pour but de résoudre les différends dans région, et partant assurer une meilleure coordination pour la lutte contre le terrorisme et les actions de piraterie.

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine

    #Maroc #Afrique #Afrique_centrale #Congo #Cameroun #Gabon #Guinée_Equatoriale #RCA #Congo #Tchad

  • Maroc : L’AMCI, un outil de lobbying en Afrique

    Maroc : L’AMCI, un outil de lobbying en Afrique

    Maroc, AMCI, Agence Marocaine de Coopération Internationale, Afrique, Ministère des Affaires Etrangères,

    L’Agence Marocaine de Coopération Internationale constitue l’instrument principal du Ministère des Affaires Etrangères pour la mise en oeuvre de toutes les actions diplomatiques visant le renforcement des relations avec les pays d’Afrique et depuis ces dernières annees des Caraïbes.

    L’Agence est placée sous l’autorite du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération. Elle met en place et exécute toutes les decisions qui lui sont notifiées par l’autorite ministérielle.

    Les actions de l’Agence se doivent de refléter la stratégie diplomatique et les priorités arretées par Monsieur le Ministre.

    A cet effet il serait souhaitable que Monsieur le Ministre puisse disposer de l’état des lieux de toutes les actions en cours ou en projet de l’Agence et du tableau detaillé des quotas de bourses par pays bénéficiaire pour permettre l’élaboration d’un plan d’action prenant en consideration les priorités diplomatiques fixées par Monsieur le Ministre.

    Source : Document confidentiel du MAEC

    #Maroc #AMCI #Lobbying #Afrique

  • Maroc: Le roi constamment absent, qui gouverne le Maroc?

    Maroc: Le roi constamment absent, qui gouverne le Maroc?

    Maroc, Mohammed VI, Frères Azaitar, Fouad Ali El Himma, Abdellatif El Hammouchi,

    Les absences prolongées de Mohamed VI : 3 mois de suite à Paris et six mois hors du Maroc
    Les absences prolongées du monarque, ignorées de la presse et de la société marocaine, posent un problème de gouvernance dans un pays embourbé dans une grave crise économique

    Par Ignacio Cembrero

    Le 1er septembre, Mohamed VI a effectué trois mois de séjour quasi ininterrompu à Paris et ses environs. Si l’on ajoute à ce laps de temps le long mois passé à la fin de l’hiver dans sa résidence de la Pointe Denis (Gabon), le monarque alaouite aura passé la moitié de l’année hors du Maroc, selon les calculs des diplomates qui suivent de près son activité. Si pendant la pandémie le souverain n’a pas voyagé à l’étranger, aujourd’hui, à 59 ans, il montre une fois de plus la même frénésie de voyages qu’au cours de la dernière décennie, lorsqu’il passait parfois la moitié de l’année hors du pays. La différence est qu’avant, il partait rarement en vacances avec sa famille conventionnelle – sa femme Lalla Salma et leurs deux enfants – bien qu’il ait passé du temps avec eux en Turquie, à Cuba et en Floride, entre autres. Maintenant, par contre, les frères Azaitar l’accompagnent fréquemment. Ces trois anciens combattants d’arts martiaux mixtes sont devenus, depuis avril 2018 – un mois après leur divorce – une famille alternative pour le roi.

    Ces absences prolongées posent des problèmes de gouvernance dans un pays dont la Constitution de 2011 accorde d’énormes pouvoirs au chef de l’Etat et dans lequel le gouvernement ne joue qu’un rôle très mineur. Le royaume est en effet entre les mains de Fouad Ali el Himma, ami d’enfance et principal conseiller royal de Mohamed VI, et d’Abdellatif Hammouchi, le chef de la police, chargé de la sécurité dans tous les domaines. Sur un deuxième plan, la prise de décision est également influencée par Yassine Mansouri — compagnon de bureau du roi et chef des services secrets étrangers (DGED) — et Nasser Bourita, le ministre des affaires étrangères le plus influent sous le règne de Mohamed VI. Du point de vue marocain, il a parfaitement négocié la réconciliation avec l’Espagne, dont le gouvernement a accepté de soutenir le Maroc dans le conflit du Sahara occidental en échange uniquement, pour l’instant, d’une réduction de l’immigration irrégulière.

    Le pouvoir que détiennent El Himma et Hammouchi ne les rend pas entièrement heureux, surtout en période de crise économique et de tensions avec leurs voisins africains. Les difficultés de communication avec le monarque – les frères Azaitar l’ont absorbé et contrôlent son agenda – les conduisent à prendre des décisions sans le consulter, raconte un courtisan qui a eu affaire à eux. Tout l’entourage traditionnel du roi, celui qui était là avant le débarquement de la fraterie des combattants allemands d’origine marocaine, considère également que ces amitiés nuisent à la monarchie. Ce sont probablement certains de ces courtisans qui, au printemps 2021 et encore cette année, ont inspiré une campagne de presse brutale dénonçant les abus, l’ostentation et la prétendue corruption des Azaitars. Non seulement des médias officiels tels que « Barlamane » y ont participé, mais aussi d’autres tels que « Hespress » – le journal numérique le plus lu au Maroc – et Chouf TV, une chaîne de télévision « en ligne » considérée comme apparentée aux services secrets. L’objectif était de convaincre le roi de prendre ses distances avec ces amitiés dangereuses – deux des frères ont un casier judiciaire en Allemagne – mais ils n’y parvinrent pas.

    Une frénésie de voyage

    Comme le rapporte ‘Barlamane’, Mohamed VI est arrivé à Paris le 1er juin et, depuis, il partage du temps entre son hôtel particulier près de la Tour Eiffel – qu’il a acquis en pleine pandémie pour environ 80 millions d’euros – et le château familial de Betz, à 75 kilomètres au nord-est de la capitale, qu’il a hérité de son père, Hassan II. Il est brièvement revenu à Rabat à la veille de la fête islamique de l’Aid el Adha, qui tombe cette année le 10 juillet. Le 13 juillet, il préside un conseil des ministres et rentre aussitôt après à Paris. Ses séjours ultérieurs à Rabat furent encore plus courts. Le 30 juillet, il n’a passé qu’environ six heures pour enregistrer son discours à l’occasion de la Fête du Trône, semblable à une fête nationale en Europe, dont il a annulé la célébration en invoquant la pandémie, alors que les restrictions ont déjà été levées. Le 20 août, il resta encore moins de temps — environ trois heures — pour, une nouvelle fois, enregistrer un autre discours à l’occasion de la Fête de la Révolution du Roi et de son Peuple.

    La presse marocaine omet généralement de rendre compte de ces mouvements parisiens, commentés par les youtubeurs exilés et les réseaux sociaux. Pour faire taire ces « commérages », l’hebdomadaire français « Jeune Afrique » — apparenté aux autorités marocaines — justifie la hâte avec laquelle il revient à Paris en voulant voir sa mère malade. Lalla Latifa, 77 ans, souffre d’un cancer du pancréas pour lequel elle est soignée à Paris, même si son état de santé ne l’empêche pas de se rendre à Marrakech, où elle possède une résidence. La santé délicate de sa mère – la veuve de Hassan II – et les examens médicaux après les deux opérations pour troubles du rythme cardiaque auxquelles le roi a été soumis (2018 et 2020) n’expliquent qu’en partie le séjour prolongé de Mohamed VI à Paris. La majeure partie du temps est consacrée au repos et aux loisirs. Il ne se passe guère de semaine sans que son entourage immédiat lui suggère qu’il est temps de rentrer à Rabat, mais il l’ignore.

    Contrairement à ses précédentes visites privées, cette fois le monarque n’a même pas été reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron. Le président français est probablement encore énervé par la question des 1000 mobiles français, dont le sien, qui avaient été « piratés » par les services secrets marocains avec le malware Pegasus, selon une enquête du consortium journalistique Forbidden Stories. Sa façon d’apprécier la ville a changé ces dernières années. Avant la pandémie, on le voyait déambuler sur l’avenue des Champs-Élysées ou dans le charmant quartier du Marais et il n’hésitait pas à prendre des selfies ou des vidéos avec les immigrés marocains qui l’abordaient. Plus tard, un mystérieux jeune homme, Soufiane el Bahri, qui jouissait de la complicité du palais royal, les a mis en ligne sur les réseaux sociaux, où les Marocains ont pu voir à quel point leur roi était populaire à l’étranger.

    Bahri s’est retrouvé en prison pour ivresse sur la voie publique et insultes à des fonctionnaires, bien que Mohamed VI lui ait pardonné en janvier dernier. Si le roi se promène maintenant à Paris, il n’y a pratiquement aucune preuve graphique de cela. Jusqu’au 24 août dernier, une vidéo compromettante a fait le tour du monde. On y voit le monarque, la nuit, dans la rue, entouré de ses amis —dont l’athlète de Melilla, Yusef Kaddur—, un verre à la main. Il lui est un peu difficile de garder son équilibre. Dans les réseaux sociaux et sur les sites Internet de quelques journaux, il a été affirmé qu’il était ivre, déduction un peu généreuse d’images qui ne durent que cinq secondes.

    La vidéo, en tout cas, a eu un énorme retentissement et la presse officielle marocaine n’a pas pu l’ignorer. Il n’a pas nié dans ses articles qu’elle était authentique, mais il a insisté sur le fait qu’elle avait été manipulée. Dans celle-ci, en réalité, « Mohamed VI discutait avec des membres de la communauté marocaine résidant en France », a assuré le journal ‘Al Ahdat Al Maghrebia’, appartenant au groupe de presse d’Ahmed Charai, un proche collaborateur des services secrets étrangers marocains, selon une décision de justice de 2015. ‘Barlamane’ soutenait, pour sa part, que le roi était « au-dessus de toute insinuation » de se rendre « dans des lieux suspects » car « nous savons tous qu’il est un descendant du prophète et commandeur des croyants », c’est-à-dire chef spirituel des musulmans marocains, raison pour laquelle il ne peut encourir de telles hérésies.

    Derrière la diffusion de la vidéo, des responsables marocains voient la main des services secrets algériens. Ils soulignent que les premiers à l’avoir diffusé ont été un site d’information en espagnol, ECSaharaui (lié au Front Polisario), et des membres éminents de la communauté sahraouie basés en Espagne. Dans la communauté du Renseignement, rappellent-ils, on sait que les autorités d’Alger veulent se venger du « piratage » de quelque 6000 mobiles algériens également dans le complot Pegasus. Ces accusations contre l’Algérie font oublier le vrai débat sur les longues absences du monarque, que le journaliste Ali Anouzla, alors directeur du journal numérique marocain ‘Lakome’, a osé soulever en 2013 dans un éditorial intitulé « Le vrai absentéisme ». « Mohamed VI a-t-il le droit, lui qui a accumulé tant de fonctions royales [commandant des croyants, commandant en chef des Forces armées royales, président du Conseil des ministres, du Conseil supérieur de la magistrature, du Conseil supérieur des oulémas, entre autres] se permettre de s’absenter tant de fois et aussi longtemps sans même annoncer la date de son voyage ni sa durée ? Pour avoir posé ces questions et d’autres, Anouzla s’est retrouvée en prison la même année.

    El Confidencial, 01/09/2022

    #Maroc #Mohammed_VI #Freres_Azaitar

  • La lionne de Barbarie du Maroc arrive au zoo de Hanovre

    La lionne de Barbarie du Maroc arrive au zoo de Hanovre

    Maroc, lionne de Barbarie, Hanovre,

    Grande joie au Hannover Adventure Zoo : le nouveau compagnon du lion de Barbarie Basu est arrivé avec un rugissement prometteur. La lionne de Barbarie Zara (5 ans) vient du zoo de Rabat au Maroc et est arrivée de manière audible à Hanovre après le vol.

    Après la mort de sa compagne Naima, le zoo d’aventure avait recherché dans les zoos internationaux un nouveau compagnon pour Basu – ce qui s’est avéré extrêmement difficile avec les animaux rares : ils recherchaient une lionne de Barbarie pas trop jeune et génétiquement adaptée à Basu , afin que les deux – s’ils s’entendent – puissent contribuer à la préservation de leur espèce dans le zoo d’aventure à l’avenir.

    Mais maintenant Zara est arrivé ! La lionne passe la première fois tranquillement dans les coulisses avant de découvrir pour la première fois son royaume sur le Zambèze puis Basu.

    conservation

    Les lions de Barbarie sont extrêmement rares : dans leur patrie nord-africaine, ils ont disparu à l’état sauvage depuis le milieu du XXe siècle – exterminés par l’homme. En raison de sa crinière magnifique, cette sous-espèce de lion en particulier était un trophée populaire pour les braconniers. Une petite population de Panthera leo leo a pu survivre protégée au Zoo national marocain de Rabat. Aujourd’hui, les descendants des lions de Barbarie du Maroc sont également détenus dans des zoos internationaux – et depuis 2010 dans le zoo d’aventure de Hanovre. Avec l’aide de programmes internationaux de conservation par la communauté des zoos, le lion de Barbarie est en train d’être sauvé de l’extinction.

    Le zoo d’aventure tient à remercier tous les collègues du Zoo de Rabat pour la solide coopération. Merci également à la compagnie aérienne Royal Air Maroc et Brussels Airport pour le grand soutien et à la compagnie de transport Instone Air pour un excellent travail !

    La lionne de Barbarie est officiellement présentée dans le zoo d’aventure lorsqu’elle s’est installée dans son royaume. La lionne n’est pas encore visible.

    Hannover, 25/08/2022

    #Maroc #Lion_de_Barbarie #Hannover

  • France: La prison attend l’imam Iquioussen au Maroc

    France: La prison attend l’imam Iquioussen au Maroc

    Maroc, France, Hassan Iquioussen, Islam, séparatisme, expulsion,

    L’imam marocain Hassan Iquioussen qui doit être expulsé vers le Maroc est toujours en fuite ce mercredi 31 août au matin.

    Le Conseil d’Etat français a donné son feu vert a l’expulsion de l’imam marocain, dont le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin avait fait ces dernières semaines un symbole de la lutte du gouvernement contre les « discours séparatistes ».

    L’imam Hassan Iquioussen est en fuite et a été inscrit au fichier des personnes recherchées, a rapporté mardi 30 août 2022, tard dans la soirée, une source proche du dossier a l’Agence France-Presse.

    Plus tôt dans la journée, le Conseil d’Etat avait donné son feu vert a l’expulsion de l’imam marocain. Après la décision du Conseil d’Etat, la police s’est rendue dans l’après-midi au domicile du prédicateur afin de l’interpeller pour l’expulser vers le Maroc, mais, ils ne l’ont pas trouvé.

    Hassan Iquioussen pourrait se trouver en Belgique, a rapporté Ouest France citant une source de l’AFP.

    Dans un tweet publié juste avant le communiqué du Conseil d’Etat, le ministre de l’Intérieur a qualifié cette décision de « grande victoire pour la République ».

    Sur Twitter, l’avocate de l’imam a estimé que la décision du Conseil d’Etat symbolisait « un Etat de droit affaibli » et a déploré « un contexte alarmant de pression de l’exécutif sur le judiciaire ». « Le combat judiciaire continue, le tribunal administratif de Paris sera amené a se pencher sur le fond du dossier prochainement et Hassan Iquioussen étudie la possibilité de saisir de nouveau la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH)», a-t-elle ajouté.

    Selon un intervenant sur la chaîne française LCI, lquioussen ne veut pas être expulsé au Maroc parce qu’il redoute la prison en raison de ses écrits critiques sur le régime marocain.

    #Maroc #France #Iquioussen #Islam #Séparatisme