Catégorie : Maroc

  • Politique migratoire du Maroc : Crimes contre l’humanité

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    La politique migratoire du Maroc et la violence avec laquelle il traite les citoyens africains sur son sol est digne des «régimes les plus violents que l’humanité ait connus auparavant», a indiqué un article publié sur le média en ligne Le Panafrikanist. Intitulé «Les mauvais traitements infligés aux migrants par le Maroc sont une politique délibérée de crimes systématiques contre l’humanité», l’article revient sur «les vidéos atroces relayées par les citoyens et les médias présents sur le terrain» lors du «terrible massacre» du 24 juin dernier.

    «Plein d’images d’une violence extrême, de traitements inhumains et de terribles scènes de détention, (les vidéos) ont choqué tout le monde, sauf peut-être les autorités marocaines et leurs alliés», a relevé le média. L’Espagne ne manque pas en effet «une occasion de souligner que le Maroc est son partenaire stratégique dans la politique migratoire, et pousse l’Union européenne (UE) à soutenir le Maroc dans le renforcement et l’équipement de ses forces de police pour ‘‘contrôler’’ et arrêter la migration africaine vers l’Europe», ajoute la même source.

    Soulignant que le Maroc a reçu quelque 343 millions d’euros depuis 2014 de l’UE, Le Panafrikanist a rappelé une analyse de Reporters sans frontières datant de 2021 et dans laquelle cette ONG a fait savoir que la poursuite de la coopération en matière de migration pourrait faire grimper ce chiffre jusqu’à «3,5 milliards d’euros pour la période entre 2020 et 2027». Et pour cela, poursuit le média, «le Maroc déploie des mesures atroces contre les migrants pour montrer à ses alliés européens à quel point il prend la question au sérieux».

    Rappelant également que l’UE finance un projet de 18 millions d’euros pour fortifier les clôtures autour des deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla afin de mieux bloquer les migrants, l’auteur de l’article déplore le fait que les membres de l’UE «ne disent jamais ce que cela signifie en termes de pertes en vies humaines, de tragédies et de désespoir».

    C’est «vraiment troublant, à cause des terribles vidéos et histoires de mauvais traitements, d’abus sexuels, de meurtres et de tortures de pauvres victimes», a-t-il fait remarquer. Evoquant le chantage qu’exerce le Maroc sur l’Espagne à travers la carte migratoire, le journal a fait observer qu’ «à chaque fois que les relations politiques du royaume chérifien ne sont pas si bonnes avec ses voisins, on entend soudain parler de tentatives massives de migration».

    Dans ce contexte, l’auteur de l’article a indiqué que «l’Union africaine (UA) doit assumer sa responsabilité et rappeler le Maroc à l’ordre, non seulement sur cette question migratoire mais aussi sur toutes ses violations de l’Acte constitutif de l’UA», «l’occupation illégale» des territoires de la République sahraouie, «les tentatives honteuses de forcer l’admission (de l’entité sioniste) en tant que membre observateur de l’UA et pour toutes ses politiques antérieures qui visent à détruire l’Union africaine de l’intérieur».

    Le Maroc devrait être exclu de l’UA

    «L’Espagne a rompu avec les résolutions de l’UE, de l’UA et de l’ONU qui appellent à un référendum pour décider de l’avenir du peuple du Sahara occidental.»

    L’Union africaine (UA) devrait agir pour «isoler» le Maroc et l’»exclure» de l’organisation continentale à la suite de la tragédie migratoire de Melilla, lors de laquelle au moins 23 migrants africains ont été brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis le Maroc, estime l’analyste namibien Vitalio Angula, dans un article publié lundi par le média en ligne, Le Panafrikanist.

    Dans cet article intitulé : «L’UA devrait agir pour expulser le Maroc», le journaliste et commentateur sociopolitique revient sur le drame survenu le 24 juin dernier à Melilla lorsque des migrants «ont été battus à mort avec des matraques», par la police marocaine qui les a empêchés de franchir l’enclave espagnole.

    «Des scènes horribles» ont été publiées par les médias internationaux et sur les réseaux sociaux, écrit Vitalio Angula qui a critiqué le Maroc pour «avoir fait preuve de peu de retenue dans la gestion de la «crise noire» qui a englouti les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta au fil des ans». A cet effet, l’analyste namibien estime que «l’Union africaine devrait adopter une position de principe contre le Maroc. En isolant le Royaume et en l’excluant de l’organisation, l’UA enverrait un message clair que ses membres doivent respecter ses règles». Et de poursuivre dans ce contexte : «Le Maroc devrait être sanctionné par l’UA pour son traitement des migrants du Tchad, du Niger, du Soudan et du Sud Soudan. Il devrait aussi être exclu de l’Union africaine pour avoir constamment montré son mépris pour le reste de l’Afrique». «En utilisant l’arme migratoire pour prendre le dessus sur le plan diplomatique, le Maroc viole la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de l’UA qui appelle à la protection des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays», écrit-il.

    Le Maroc a réintégré l’UA en janvier 2017 après avoir quitté en 1984, l’Organisation de l’unité africaine (OUA, prédécesseur de l’UA) pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant que membre à part entière, rappelle le journaliste dans son article. Cependant, estime encore l’analyste, «le racisme marocain contre le peuple du Sahara occidental a montré son visage hideux dans la crise de Melilla», faisant référence au chantage qu’a fait le régime marocain à l’Espagne en jouant la carte de l’entrée de dizaines de milliers de migrants à Ceuta et Melilla, pour amener Madrid à changer sa position à l’égard de la question sahraouie.

    Evoquant dans ce sens le changement de position de Madrid vis-à-vis du dossier sahraoui en soutenant le soi-disant «plan d’autonomie» du Maroc, Vitalio Angula souligne que «l’Espagne a rompu avec les résolutions de l’Union européenne (UE), de l’UA et de l’ONU qui appellent à un référendum pour décider de l’avenir du peuple du Sahara occidental». Et comme l’Espagne est le plus grand partenaire commercial du Maroc, «cela peut être considéré comme la principale raison pour laquelle le Maroc ignore les lois internationales (qui imposent aux Etats) de traiter tous les migrants avec dignité et de donner la priorité à leur sécurité et à leurs droits humains, tout en s’abstenant de recourir à une force excessive», conclut l’analyste.

    #Maroc #Migrations #Migrants_africains #Melilla

  • Maroc-Melilla: Le CNDH accuse les autorités espagnoles

    Maroc-Melilla: Le CNDH accuse les autorités espagnoles

    Maroc, Espagne, Melilla, migrans africains, CNDH, Conseil national marocain des droits de l’homme,

    Rabat, 13 juil (EFE) – Le Conseil national marocain des droits de l’homme (CNDH, organisme public) a estimé que les autorités espagnoles n’ont pas apporté d’assistance et d’aide aux migrants le 24 juin dernier lors du saut massif de la clôture entre la ville marocaine de Nador et la ville espagnole de Melilla, qui a causé la mort de 23 migrants.

    C’est l’une des conclusions préliminaires du CNDH présentées aujourd’hui à Rabat sur la tragédie de Melilla après avoir envoyé une commission exploratoire à Nador et dans les environs pour enquêter sur ce qui s’est passé.

    « Sur la base d’un certain nombre de témoignages, notamment ceux des ONG, la commission invoque l’hypothèse d’une violence au-delà de la clôture, en raison de la réticence ou de l’hésitation des autorités espagnoles à apporter aide et assistance malgré la bousculade et la grande affluence des migrants aux portes métalliques tournantes du poste frontière qui sont restées hermétiquement fermées, entraînant une augmentation des blessures et des décès », a déclaré la présidente du CNDH, Amina Bouayach lors d’une conférence de presse à Rabat.

    Mme Bouayach, accompagnée de membres de la commission, dont un médecin, a expliqué que, selon les témoignages, les autorités espagnoles ont fait preuve de violence et n’ont pas porté assistance aux blessés qui sautaient ou tombaient de la clôture, et qu’au moment de la bousculade, « les portes (d’accès au poste frontière) étaient fermées, mais il leur incombait de les ouvrir », a-t-elle déclaré.

    Par ailleurs, la présidente du CNDH a confirmé le nombre de 23 des migrants décédés que la commission a vu à la morgue de l’hôpital de Nador, et a souligné que les corps n’ont pas été enterrés car ils ont subi une autopsie et des tests ADN, qui sont en cours.

    En ce sens, l’organisme marocain évoque la chute de la clôture ou une « asphyxie mécanique » due à la bousculade comme raisons ayant causé les décès, mais indique la nécessité d’attendre les résultats de l’autopsie en cours.

    Quant aux blessés (140 parmi les forces de sécurité marocaines et 77 migrants), le président de la CNDH a assuré qu’ils ont tous reçu des soins médicaux adéquats.

    Bouayach a souligné que les troupes marocaines n’ont pas utilisé de balles contre les migrants lors de leur intervention.

    Et bien qu’ayant qualifié de « cas isolés » les vidéos montrant l’utilisation d’armes par les agents marocains contre les migrants, l’organisme marocain les a jugées « injustifiées ».

    Les membres de la commission ont également évoqué dans leurs conclusions les nouvelles méthodes utilisées par les migrants, telles que la tentative de forcer la porte du poste frontière au lieu de sauter la barrière, la tentative le matin au lieu de la nuit et le recours à la violence.

    Ils ont également présenté un schéma de Chinatown et du poste frontière où s’est déroulée la tragédie, ainsi que des photographies du parcours des migrants depuis la brousse jusqu’au poste frontière pour reconstituer les événements.

    La présidente du CNDH a averti que la situation de l’émigration « va s’aggraver » en raison de la pauvreté, des guerres et du changement climatique sur le continent africain.

    La présidente de l’instance marocaine a appelé à une révision de la politique migratoire et de la coopération internationale dans ce domaine « loin d’une approche sécuritaire ».

    « Les clôtures et les portes n’empêcheront pas les migrants de traverser l’Europe. Et l’Europe ne peut pas fermer ses portes et laisser les pays voisins gérer les conséquences des flux migratoires », a-t-il déclaré. EFE

    Swissinfo, 13 jui 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migrants_africains #CNDH

  • Qui bloque les sanctions contre le Maroc au sein de l’UA ?

    Qui bloque les sanctions contre le Maroc au sein de l’UA ?

    Maroc, Espagne, Melilla, Migrants africains, Union Africaine, Vitalio Angula, Russie, Ukraine,

    D’habitude prompte à prendre les devants pour mettre à l’index, comme elle l’a déjà fait pour le Mali, l’Union africaine fait preuve d’une lourdeur qui dégage nettement le sentiment de l’embarras dans lequel l’a jeté le dossier Maroc/Migrants.

    Alors que beaucoup de voix se sont élevés, notamment en Europe, pour dénoncer la boucherie, opérée de concert entre Rabat et Madrid, l’UA garde le silence. L’analyste namibien Vitalio Angula, dans un article publié lundi dernier, par le média en ligne, Le Panafrikanist, interpelle l’Union africaine (UA) qui, dit-il, devrait agir pour « isoler » le Maroc et l’ « exclure » de l’organisation continentale à la suite de la tragédie migratoire de Melilla lors de laquelle au moins 37 migrants africains ont été brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis le Maroc. Dans cet article intitulé: « L’UA devrait agir pour expulser le Maroc », le journaliste et commentateur sociopolitique revient sur le drame survenu le 24 juin dernier à Melilla lorsque des migrants « ont été battus à mort avec des matraques », par la police marocaine qui les a empêchés de franchir l’enclave espagnole.

    A cet effet, l’analyste namibien estime que « l’Union africaine devrait adopter une position de principe contre le Maroc. En isolant le Royaume et en l’excluant de l’organisation, l’UA enverrait un message clair que ses membres doivent respecter ses règles ». Et de poursuivre dans ce contexte: « Le Maroc devrait être sanctionné par l’UA pour son traitement des migrants du Tchad, du Niger, du Soudan et du Sud Soudan. Il devrait aussi être exclu de l’Union africaine pour avoir constamment montré son mépris pour le reste de l’Afrique ».

    Il est tout à fait clair que le choix de l’Otan de se réunir à Madrid n’était pas fortuit. Au contraire. La réunion a dégagé beaucoup de messages, envers les Africains surtout. Envie de protéger l’Espagne, membre de l’UE et membre de l’Otan, de toute forme de sanctions commerciales, envie de protéger le Maroc, l’allié de l’Espagne dans le dossier du massacre des migrants, et envie enfin de montrer aux Africains, qui ont soutenu peu ou prou, la Russie lors du vote-sanction à l’ONU, qu’ils devraient réfléchir à deux fois pour continuer à soutenir de la sorte l’«ennemi russe».

    Subissant les « dégâts collatéraux » de la guerre stratégique Etats Unis-Russie, par Europe et Ukraine interposés, l’Union européenne, qui commence à ressentir, la première, les effets de la crise se tourne vers le maillon faible du jeu des stratégies, l’Afrique, en l’occurrence, pour lui faire porter le chapeau. Et c’est dans cet ordre d’idées, qui, du reste, n’échappe à personne, que l’Espagne a été investi de ce rôle au Maghreb, celui du trublion protégé par les puissants : soutien inconditionnel au Maroc, retournement de position concernant le Sahara occidental et maintien des choses en l’état pourvu que Rabat n’élève pas la voix pour Ceuta et Melilla.

    Et comme l’Espagne est le plus grand partenaire commercial du Maroc, celui-ci peut ignorer les lois internationales qui imposent aux Etats de traiter tous les migrants avec dignité, tout en s’abstenant de recourir à une force excessive. De toute évidence, il y a eu collusion entre un Etat africain et un Etat européen. L’Europe a dit clairement se positionner avec l’Espagne. L’Afrique n’a encore rien dit. Le jeu de coulisses est en train de mettre à l’épreuve une UA qui a le devoir, en ces temps de fragilisation apparente de l’Europe, d’être forte. C’est-à-dire rigoureuse et disciplinée. A l’interne, d’abord.

    L’Express, 13 jui 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migrants_africains #Union_Africaine

  • Dénonciation de la stratégie diplomatique du Maroc

    Dénonciation de la stratégie diplomatique du Maroc

    Maroc, Marocleaks, diplomatie, lobbying, Etats-Unis, hacker Chris Coleman, Sahara Occidental,

    Par Abderrahman Chalfaouat

    Abderrahim Chalfaouat, candidat au doctorat en publicité et communication à l’Université Hassan II, discute des incitations pour les dénonciateurs qui observent la stratégie diplomatique marocaine, en pesant les risques et les avantages à surveiller le traitement des données souveraines.

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    Avec la numérisation croissante des documents et des communications, en particulier dans le domaine des politiques étrangères et des relations internationales, la concentration massive des données a facilité l’accès aux informations publiques lorsqu’un initié parvient à tirer la sonnette d’alarme. Il est vrai que le stockage et la concentration des données font l’objet de mesures de protection strictes dans le cadre de la souveraineté virtuelle et de la territorialité d’un État donné. La protection devient encore plus stricte lorsqu’il s’agit de données souveraines, dont la révélation peut ternir la réputation d’un pays ou exposer des big data secrètes à des adversaires étrangers. Pourtant, le potentiel de dénonciation inclut la révélation aux yeux du public de la mauvaise gestion officielle ou des paradoxes de l’élaboration des politiques, malgré le risque que cela peut comporter pour le dénonciateur lorsque les lois de protection font défaut.

    La souveraineté que les États accordent aux données devient une arme à double tranchant lorsque des documents classifiés sont divulgués. Le secret et la sensibilité des documents deviennent une exposition d’agendas illégaux, de réunions malhonnêtes, de relations corrompues et de méfaits officiels ou d’abus de pouvoir, lorsqu’ils sont perçus du point de vue de la défense des droits. Pour l’opinion publique, la dénonciation sert « à protéger l’intérêt public et à défendre les droits de l’homme », comme le dit John Devitt, directeur général de la section irlandaise de Transparency International.

    Dans la politique marocaine, différentes fuites de données internationales classifiées ont mis à jour des stratégies de diplomatie dynamiques et hyperactives, mais pas nécessairement efficaces. Dans les fuites de câbles diplomatiques américains de 2010, connues sous le nom de « Cablegate », les affaires politiques marocaines ont été mises en évidence, principalement les relations du Maroc avec les États-Unis en ce qui concerne les changements économiques, y compris l’oscillation de la démocratisation, l’affaire du Sahara, la guerre contre le terrorisme et l’implication du Maroc dans les questions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA).

    Ces révélations de 2010 n’ont pas créé beaucoup de débats politiques ou d’agitation sociale pour de nombreuses raisons, notamment le contexte international des fuites. Les informations divulguées étaient généralement internationales, vastes et diverses. Il est possible que des complexités diplomatiques plus graves dans d’autres pays aient empêché l’effet attendu au Maroc. Deuxièmement, le débat politique au Maroc à l’époque était axé sur le « projet de monopole » en vue des élections parlementaires de 2012. Dans les quelques années qui ont précédé le printemps arabe, les politiciens marocains étaient occupés à discuter et à essayer de comprendre les objectifs du Parti pour l’authenticité et la modernité (PAM) nouvellement fondé par la monarchie. Le PAM a été créé pour freiner la montée des islamistes au pouvoir, en essayant de reproduire le modèle tunisien qui a asséché le terrain de la diversité politique lors des élections de 2012. Ainsi, la fuite de données sur les aspects cachés des relations maroco-américaines ne pouvait éclipser la densité d’une telle préoccupation locale. Enfin, les médias sociaux dans le Maroc d’avant le Printemps arabe étaient principalement axés sur le divertissement. La diffusion de documents classifiés sur ces plateformes n’a pas attiré beaucoup d’attention.

    Les fuites de Coleman

    Dans sa communication stratégique, le Maroc a promu une image d’exception dans la région. Chaque fois qu’une vague politique submergeait la région, le Maroc s’adaptait plutôt que de l’adopter sans modification. Dans l’ère post-Snowden, un Maroc qui se numérise rapidement a été confronté à une fuite de documents classifiés en septembre 2014 lorsque l’email de Mme MbarkaBouaida, ministre déléguée aux affaires étrangères et à la coopération, aurait été piraté. Le Maroc a cessé d’être une exception lorsqu’un pirate, utilisant un faux compte Twitter sous le nom du manager de football gallois Chris Coleman, a commencé à partager des documents classifiés sur la politique étrangère du Maroc.

    Compte tenu des problèmes soulignés dans les documents partagés, l’État algérien ou un partisan du Polisario[2] était le coupable potentiel des fuites. Avec ces fuites, le Maroc a perdu un certain contrôle sur la souveraineté des données et les informations exposées ont mis en évidence des informations personnelles telles qu’un courriel du ministre marocain des affaires étrangères demandant au ministre français des affaires étrangères de trouver un emploi pour sa fille. Plus important encore, les 6 Go de données souveraines ont mis en évidence des activités de renseignement militaire et diplomatique avec des lobbies américains et des fonctionnaires de l’ONU.

    Un compte Facebook a commencé à divulguer ces informations, mais le gouvernement marocain a apparemment bloqué ce compte peu après le début des fuites. Depuis octobre 2014, le compte Twitter « Chris Coleman » a relancé les dénonciations. Le compte, qui est maintenant suspendu, a partagé des données et des nouvelles principalement sur l’affaire du Sahara et le différend géopolitique maroco-algérien pour gagner la confiance internationale afin de diriger la région. Sans surprise, les fuites se sont produites après que l’AFP a mis en lumière un rapport d’enquête de 2007 rédigé par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) sur l’aide humanitaire de l’UE aux camps de réfugiés contrôlés par le Polisario dans le sud de l’Algérie. Dans un sens, la politique étrangère de l’internet croise la politique étrangère du monde réel par le biais de dénonciations échangées contre des attaques.

    Les fuites se concentrent sur les relations maroco-américaines, le Maroc essayant de protéger ses intérêts par le biais des lobbies américains, des politiciens et des fonctionnaires de l’ONU. Les zones de contact, par lesquelles le Maroc doit approcher le cartel des parties prenantes internationales, concernent principalement les affaires maroco-sahariennes, les relations tendues entre le Maroc et l’Algérie, le processus de démocratisation interne, la guerre contre le terrorisme et l’implication du Maroc dans les questions arabes.

    Une question clé révélée dans les fuites est le désaccord entre le Maroc et les États-Unis sur l’inclusion des violations des droits de l’homme dans l’extension du mandat de la MINURSO. En 2014, les États-Unis ont mené les efforts internationaux pour l’extension du mandat. Les fuites révèlent que le désaccord a atteint son point culminant lors de la visite du roi du Maroc à la Maison Blanche. Un accord a été conclu lors de la réunion de Washington. Les informations divulguées illustrent le rôle des acteurs internationaux dans la dynamique de la politique marocaine et le soutien que les responsables marocains reçoivent dans les affaires internes.

    Une autre question révélée était le financement par le Maroc des politiciens américains. Le groupe de membres du Congrès qui soutient le Maroc est le plus important. En outre, il a été révélé que le Maroc a offert au moins un million (USD) à la candidate présidentielle Hillary R. Clinton comme parrainage pour sa réunion de Marrakech Clinton Global Initiative. L’aide financière accordée à la Fondation Clinton a suscité un tollé social et a conduit la Fondation à modifier sa politique en matière de dons étrangers[3]. La campagne de Clinton a également omis de répertorier le Maroc comme un lobbyiste enregistré contribuant à sa campagne.

    Malgré ce coup de projecteur sur la politique marocaine, le scandale Coleman n’a pas attiré beaucoup d’attention publique au Maroc, peut-être parce que le dénonciateur a choisi un compte Twitter plutôt qu’un compte Facebook. La communauté Facebook marocaine est l’une des plus actives du monde arabe. Selon les statistiques de 2014, plus de sept millions de Marocains sont sur Facebook, ce qui les place au quatrième rang en Afrique pour le nombre d’abonnés à Facebook[4]. Un autre obstacle potentiel est que les fuites n’ont pas porté sur des questions liées à la sécurité ou à l’immoralité – des questions clés pour la population marocaine qui suscitent généralement une attention considérable sur les médias sociaux.

    Aller de l’avant : Protéger les lanceurs d’alerte

    L’effet démocratisant de la révélation des méfaits officiels ou de la dénonciation de la corruption ou du despotisme documentés nécessite deux amendements à la loi. Le premier consiste à garantir aux lanceurs d’alerte une protection juridique et une sécurité pour leur contribution à la transparence, à l’accès à des informations sérieuses et à la démocratisation de l’information.

    Bien que « Chris Coleman » n’ait été ni retrouvé ni poursuivi, les cas précédents envoient des signes alarmants. En 2007, MounirAgueznay, ou Targuist Sniper, originaire de la ville de Targuist, dans le nord du Maroc, a mis en ligne quatre vidéos montrant des policiers recevant des pots-de-vin d’automobilistes. Cette révélation a également encouragé d’autres révélations liées à des affaires de corruption et de pots-de-vin. Agueznay est resté anonyme jusqu’en février 2013, mais a été la cible d’un harcèlement policier en raison de l’absence de protection des dénonciateurs. Le frère d’Agueznay a également été condamné à deux ans de prison – prétendument pour avoir vendu de la drogue – et Agueznay a été contraint de quitter le Maroc en mai 2013 pour éviter de nouvelles représailles. Aujourd’hui, de manière assez surprenante, il a rejoint le PAM qui est connu pour défendre les trafiquants de drogue dans le Nord du Maroc, peut-être à la recherche d’une protection politique.

    Ali Anouzla, directeur du site d’information Lakome.com, a été le premier à révéler l’amnistie royale dont avait bénéficié le pédophile espagnol. Lorsque le scandale s’est calmé, Ali Anouzla a été poursuivi en justice au titre du code du terrorisme pour encouragement au terrorisme, lorsque son site d’information a cité un lien hypertexte vers une vidéo d’AQMI. La condamnation nationale et internationale de son arrestation a conduit à sa libération après quelques semaines de détention.

    Le deuxième amendement rendu nécessaire par les méfaits officiels de ce type consiste à considérer la dénonciation comme un droit public, similaire au droit d’accès à l’information ou à la liberté d’expression. Lorsque le public est privé du droit à la dénonciation, les décideurs peuvent être plus enclins à poursuivre la corruption ou la nonchalance envers l’intérêt public.

    La dénonciation et la collecte de données sont confrontées à des défis éthiques considérables, notamment la sensibilité des données et la frontière floue entre sécurité et transparence des documents classifiés. Quelle est la limite entre l’encouragement à la transparence et la mise en péril de la sécurité publique ? Dans les pays tristement célèbres pour leur négligence des droits individuels ou leur exploitation des informations privées, la quantité de données stockées sur les militants, par exemple, peut être préjudiciable aux individus. En ce sens, la dénonciation pourrait entraîner la fuite d’informations personnelles telles que des photos privées, même si le dénonciateur n’a pas cherché à révéler ces données de manière malveillante. Un autre défi est le dilemme potentiel entre l’encouragement de l’accès à l’information et les atteintes illégales à la sécurité. Dans le cas des fuites de Coleman, les informations révélées ont fourni aux journalistes et aux militants des droits de l’homme des informations sur lesquelles ils peuvent s’appuyer pour plaider en faveur d’un moindre gaspillage des fonds publics.

    En outre, les fuites qui révèlent des réunions secrètes provoquent généralement un tollé public lorsqu’elles sont couvertes par les médias. La révélation conduira très probablement les fonctionnaires à éviter ces réunions à l’avenir, mais la dénonciation sélective et l’utilisation des informations piratées pour nuire aux intérêts de l’État font douter qu’il s’agisse du travail de dénonciateurs bien intentionnés ou d’agences d’espionnage d’États opposés dans une région géopolitique tendue.

    Pour le Maroc, les dénonciateurs continueront à faire surface, étant donné la corruption et le despotisme dont le pays souffre depuis des décennies. Si l’on n’inclut pas la protection des dénonciateurs dans la future loi sur le droit à l’information et si l’on n’intègre pas la dénonciation dans les efforts de plaidoyer visant à atténuer la corruption et le despotisme, ce n’est pas seulement la liberté d’expression qui sera restreinte. Plus important encore, c’est le Maroc qui manquera le potentiel d’apporter plus de démocratisation dans la sphère publique.

    À propos de l’auteur

    Abderrahim Chalfaouat est doctorant au département de publicité et de communication de l’université Hassan II de Casablanca. Il travaille sur les intersections entre la fiction télévisée, la politique culturelle et la démocratisation au Maroc. Il a obtenu une maîtrise en études américano-marocaines en 2011 et une licence en linguistique anglaise en 2000 à l’Université Hassan II. Les intérêts de recherche d’Abderrahim comprennent les médias et la société, la politique culturelle, la politique de la région MENA, la démocratisation et les droits de l’homme.

    Références
    1. http://www.alaraby.co.uk/english/features/2014/12/23/moroccan-wikileaks-rattles-rabat
    2. Chalfaouat, A. A paraître. L’Internet sous le printemps marocain : du divertissement à l’activisme. Dans Coban, Baris (ed.) Forthcoming. Social Media R/evolution. Istanbul.
    [1] Doctorant à l’Université Hassan II de Casablanca, Maroc. Chercheur dans le domaine des médias, de la politique culturelle et des affaires de la région MENA, il écrit et commente fréquemment les questions marocaines et arabes et est un ancien élève d’AnOx 2015.
    [2] Front populaire pour la libération de la Saguia el-Hamra et du Rio de Oro, soutenu par l’Algérie. Pour le Maroc, le Polisario est un groupe séparatiste qui résulte de la guerre froide des années 1970. Le Polisario cherche à obtenir l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc, tandis que ce dernier propose un plan d’autonomie pour la région.
    [3] En conséquence, le nombre de pays acceptant de faire des dons à la Fondation Clinton a été limité à six, sans compter le Maroc.
    [4] On s’attend à ce que ce nombre atteigne dix millions avec l’introduction des installations 4G dans le pays.

    Source: Academia.edu

    #Maroc #Hacker_chris_coleman #Marocleaks #Diplomatie_marocaine #Mbarka_Bouaïda

  • Maroc: Un Snowden jette un pavé dans la mare du Makhzen

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    Derrière un pseudo pas du tout Nord-africain et un compte Twitter, Chris Coleman24 alias « Le Makhzen », distille depuis le 3 octobre, des informations plus que sensibles sur le réseau social à l’oiseau bleu. D’entrée, il marque son appartenance au mouvement de libération du Sahara Occidental en s’abonnant à quelques profils Sahraoui puis se met immédiatement à la tâche.

    Son but, donner le maximum d’informations sur le Makhzen marocain, le plus rapidement possible, car, selon son aveu même, Twitter risque de se plier aux pressions de Rabat et fermer son compte, comme ce fut le cas sur Facebook et Gmail.

    Une semaine après, c’est un flot continu de documents secrets, de correspondances bancaires et de fac-similés de pièces d’identités qui défilent. Avec une thématique centrale : quelles méthodes adoptent les services marocains (DGED) pour acheter des journalistes internationaux et même monter de faux sites internet d’information algériens.

    Ce n’est donc pas de la « diplomatie de la Mamounia » qu’il s’agit, mais de véritables opérations de guerre psychologiques et de déstabilisation à l’encontre du voisin de l’Est. Des exemples ? Coleman en fournit plusieurs : les virements de plusieurs dizaines de milliers de dollars à un certain Ahmed Charai, patron de presse, et au Think Tank Républicain Center for the National Interest. Puis 10 000 dollars pour une supposée insertion publicitaire au profit d’une ONG spécialisée dans la résolution pacifique des conflits, 25 000 pour le think tank FPRI et des sommes aussi importantes au profit de titres de presse américains et britanniques. Mieux, un journaliste du New York Post est accusé, avis de virement à l’appui, d’avoir touché 60 000 dollars pour des articles anti-algériens et faisant le lien entre le Polisario et Al Qaida.

    Certaines correspondances mises en ligne sur ce compte indiquent un lien entre les services secrets marocains et le site d’opposition ************, dont la totalité de l’effectif proviendrait des rangs du Makhzen.

    Sur un plan plus interne, Chris Coleman montre la collusion entre Salaheddine Mezouar, le ministre des Affaires Etrangères et secrétaire général du Rassemblement National des Indépendants et le bureau de consulting McKinsey. Ce dernier a été chargé par Mezouar de réaliser une étude sur la relance de l’économie marocaine. Coleman utilisera le terme de « trafic d’influence » car la fille du chef de la diplomatie marocaine est employée de ladite entreprise.

    Pour le moment, les personnes incriminées par ce corbeau numérique bottent en touche, crient au faux ou pointent du doigt pour ainsi dire « la main de l’étranger ». Ahmed Charai, à travers les colonnes de son journal L’Observateur, en appelle même aux Hackers marocains pour détruire le compte Twitter en question et effacer toutes traces du forfait.

    #Maroc #Marocleaks #Sahara_Occidental #Lobbying #Hacker_chris_coleman #Algérie

  • Mbarka Bouaïda, première victime des Marocleaks

    Mbarka Bouaïda, première victime des Marocleaks

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    Début octobre 2014, un hacker prénommé « Chris Coleman » sur les réseaux sociaux publient des milliers de documents embarrassants pour le Makhzen marocain. Correspondances entre diplomates, mail personnels, dossiers confidentiels : ces documents concernent principalement le ministère marocain des Affaires étrangères, la mission marocaine à l’ONU, la DGED, les boîtes mail de la DGED, les services de renseignement extérieur, de la ministre délégué Mbarka Bouaïda et celle du chef de la diplomatie Saadeddine El Othmani.

    Les premières publications ont visé la vie privée de Mbarka Bouaïda en raison de ses origines sahraouies et de ses activités de lobbying auprès de l’OUA en 2014. Le dénommé Coleman a publié des photos de son mariage ainsi qu’une lettre que la ministre marocaines a rédigée à l’attention de son mari dans laquelle elle fait part des problèmes de ce dernier avec l’alcool.

    Voici quelques-unes de ces photos ainsi que le texte intégral de la lettre :

    Le 25 mai 2014
    Cher MEHDI
    Que me reproches-tu au juste? Depuis notre mariage, depuis ma nomination, depuis le début de la grossesse…ça fait bcp de changement tout ça, sans parler du déménagement de casa a Rabat, ville « fantôme ».
    Et maintenant la naissance de notre princesse Sarah.
    Tu me reproches mes priorités: je suis dans un poste de responsabilité que tu méprises. C ton droit, je le considère comme une responsabilité que je dois honorer. Je n’y gagne peut etre rien, je perds bcp bien au contraire, mais c’est une responsabilite que je dois assumer. Tu penses que je le fais au détriment de notrte couple. Oui, surement c t le cas au début, mais avec le temps, j’ai pu corriger bcp de choses (ne pas travailler les we, ne plus répondre au téléphone ni aux mails le soir, ne plus lire le courrier le soir ni les we, prendre plusieurs vendredi ou je n ai pas travaille même si on n’en a même pas profite).
    Tu me reproches qu’on s’installe a Rabat. Je te l’accorde, et on a décidé de rentrer a Casa en Septembre.
    Tu me reproches de ne plus avoir de vie: je t’ai suivi toutes les fois ou j’ai pu…a casa. On a fait quelques diners, soirées a Rabat.
    Tu me reproches de médiatiser notre fille, ce n’est pas de ma faute si la presse en a parle. Heureusement, ça a toujours été en bien. Personne ne te dira que ton epouse a une mauvaise presse.
    Tu me reproches d’etre une mauvaise mere…tu n’en sais rien encore, moi non plus…mais je sais que je veux reussir ce pari. Sarah est ma priorite plus que tout au monde.
    Tu me reproches d’avoir eu plus que ce que j’attendais a tous les niveaux, au point ou je pense que tout est acquis….oui, je suis reconnaissante au bon dieu de tout ce qu’il m’a toujours donne, en bien et en mal. Cela dit, tu sais très bien combien je suis détachée des choses matérielles…pour moi, l’acquis, ce sont nos valeurs, nos sentiments profonds. Ce ne sont pas les titres qui font la personne, c’est bien la personne qui fait son environnement.
    Tu me reproches d’être dans le paraitre. Pour rien au monde, je ne suis ni serai dans le paraitre. Et pas la peine de te donner des preuves.
    Si j’ai ecrit ces lignes, ce n’est pas pour me justifier, mais bien Pour essayer de comprendre.
    Je comprends hélas une chose: ton amour pour moi s’est éteint, ou peut être il n’a jamais existe.
    Maintenant, a moi de te dire ce que je pense de toi.
    Je me suis mariée avec toi par amour, grand Amour. J’ai rêvé pour nous deux, même dans les moments les plus difficiles. Je tiens a notre couple, a notre vie de famille. Je crois en toi, en tes valeurs, en ta force.
    Je ne te critique jamais, je n’interfère jamais dans tes choix professionnels, je te laisse tranquille. Oui, tu me diras que je te demande d’arrêter le cafe, ou de ne plus mettre le doigt dans ton nez…ce ne sont pas la des choses de fond. Je ne remets jamais en cause tes priorités, même quand je peux le faire, et a raison. Je ne te fais jamais de remarques malveillantes.
    Même pour l’alcool, que j’avoue me préoccuper. Je ne te dis jamais rien.
    Tout ca parce que je te fais confiance. J’ai confiance en ton intégrité, honnêteté intellectuelle, et en ton intelligence.


    #Maroc #Marocleaks #Hacker_chris_coleman #Mbarka_bouaida

  • BAD: un prêt de 87 millions d’euros pour le Maroc

    BAD: un prêt de 87 millions d’euros pour le Maroc

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    Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement ( www.AfDB.org ) a approuvé un prêt de 87 millions d’euros pour mettre en œuvre le Programme d’appui à la généralisation de la couverture sociale au Maroc.

    L’objectif premier de cette opération est de consolider les bases d’un programme de protection sociale viable basé sur une approche intégrée et inclusive.

    Le programme contribuera à étendre la protection sociale, en particulier pour la petite enfance, les jeunes et les travailleurs indépendants.

    « La protection sociale est au cœur de nos initiatives en Afrique », a déclaré Martha Phiri, directrice du capital humain, de la jeunesse et du développement des compétences à la Banque. Elle a ajouté que le nouveau programme protégerait et libérerait le potentiel des personnes et améliorerait la qualité du capital humain.


    Sa deuxième priorité sera de répondre à une demande croissante de services de santé en réorganisant l’offre de soins et en valorisant le capital humain. Le nouveau programme répondra à la demande croissante de services de santé en catalysant de nouveaux investissements dans les infrastructures de santé, en améliorant le climat des affaires et en accélérant la reprise économique.

    Achraf Hassan Tarsim, directeur national de la Banque au Maroc, a déclaré que le programme bénéficierait à 11 millions de travailleurs indépendants, dont 1,6 million d’agriculteurs – et leurs personnes à charge, ainsi qu’à sept millions d’enfants et de jeunes. Il fournira également une assurance à cinq millions de travailleurs indépendants et aidera 20 % des travailleurs de l’économie informelle à migrer vers un emploi formel, durable et plus stable. « Nous ouvrons la voie à une couverture universelle », a-t-il ajouté.

    Le programme s’aligne sur les objectifs de développement humain du Maroc et sur l’objectif stratégique des High 5 de la Banque visant à favoriser une croissance durable et inclusive sur le continent.

    Dans un partenariat d’un demi-siècle avec le Maroc, la Banque africaine de développement a engagé plus de 12 milliards de dollars dans le pays. Le portefeuille couvre les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’énergie, de l’eau, des transports, du développement humain et de la finance.

    APO

    African business, 12/07/2022

    #Maroc #BAD #Banque_africaine_de_développement #prêt

  • Maroc: déficit budgétaire en baisse à 1,5 MM$ au 1er semestre

    Maroc: déficit budgétaire en baisse à 1,5 MM$ au 1er semestre

    Maroc, déficit, budget, finances, économie,

    RABAT, 12 juillet (Xinhua) — Le Trésor général du Maroc a annoncé mardi que le déficit budgétaire du pays avait atteint environ 1,5 milliard de dollars américains au premier semestre 2022.

    Le chiffre du déficit était en baisse par rapport à 2,8 milliards de dollars au cours de la même période de 2021, les recettes ordinaires et les impôts ayant augmenté de 18,7% pour atteindre 15,35 milliards de dollars fin juin, selon un rapport du Trésor.

    Une augmentation nette de 30,1% a été enregistrée pour les impôts directs, 22,2% pour les droits de douane et 15,2% pour les impôts indirects, tandis que les recettes non fiscales ont diminué de 11,1%, selon le rapport.

    Pendant ce temps, les dépenses de l’Etat ont augmenté de plus de 16,8%, a-t-il ajouté.

    Source : Xinhua, 2022-07-12

    #Maroc #Budget #Déficit



  • Maroc-Melilla : La normalisation de l’horreur

    Maroc-Melilla : La normalisation de l’horreur

    Maroc, Espagne, Melilla, migration, migrants africains,

    En 1985, l’Espagne a adopté la loi organique sur les droits et libertés des étrangers en Espagne, communément appelée « loi des étrangers ». Notre pays a établi un régime juridique qui a cherché à s’adapter, avec une vocation globale, à une réalité d’immigration différente de celle que nous avions connue, puisque la trajectoire historique de l’Espagne est celle d’un pays d’émigration (comme l’atteste bien, dans le cas de notre Communauté, la profonde empreinte de la diaspora asturienne). Ce régime, avec toutes ses modifications, notamment la loi organique 4/2000, qui a remplacé la précédente, et les 24 lois ultérieures qui l’ont à leur tour modifiée, continue de tourner autour du même axe. En général, le projet migratoire de toute personne qui veut tenter sa chance et travailler en Espagne, si elle veut l’entamer de manière régulière, passe, grosso modo, par l’obtention du visa correspondant dans le pays d’origine et de l’autorisation administrative qui le permet.

    Pour que l’administration puisse décider s’il existe une possibilité de travailler en tant que salarié, la situation nationale de l’emploi est déterminante. Il existe d’autres alternatives pertinentes pour l’accès au séjour (qui n’est pas particulièrement facile, même lorsqu’on souhaite regrouper les membres de la famille) et, conscients que la formation de poches d’irrégularité est pratiquement inévitable, des procédures ont été établies par voie réglementaire pour le permettre, au moyen de la preuve des racines (sociales, familiales ou professionnelles). Il y a également un débat sur un nouveau processus de régularisation extraordinaire, qui est absolument nécessaire pour que ceux qui n’ont pas pu jusqu’à présent se prévaloir de la voie de l’enracinement puissent accéder à la réalité statistique et administrative, à la possibilité de payer des cotisations et des impôts et à l’exercice effectif des droits fondamentaux.

    Quiconque a eu un contact, même indirect, avec la réalité du système des étrangers reconnaîtra l’anomalie structurelle et l’échec profond de ce qui ne fonctionne pas et ne peut pas fonctionner. Il requiert d’énormes ressources, un très haut niveau de coordination avec les pays de retour ou d’expulsion, un contrôle exhaustif des frontières et des mouvements de personnes et, surtout, il provoque une situation structurelle de sans-défense et de sujétion des personnes soumises à ce système qui génère inévitablement des situations d’exclusion, d’arbitraire dans l’application de la loi, de sans-défense et de vulnérabilité, au-delà de la situation de clandestinité dans les cas où cela se produit. Tout cela s’ajoute à la vision purement économique (qui ne doit pas être la seule ou la principale) de ce phénomène, qui détermine qu’une partie importante des autorisations de séjour et de travail, dans une large mesure, dépend de la main-d’œuvre dont l’absence est détectée dans les registres disponibles, qui sont clairement faillibles.

    Ce qui est certain, en revanche, c’est que malgré la nécessité de rajeunir notre société, malgré l’effet dynamisant (également sur l’économie) que les flux migratoires ont en soi, malgré l’existence d’importants secteurs de notre activité où il y a une pénurie de main-d’œuvre, malgré les autres voies théoriquement disponibles, l’obtention d’un visa à l’origine est, dans la grande majorité des cas, mission impossible.

    Dans d’autres situations, comme celles des personnes pouvant bénéficier de l’asile ou de la protection subsidiaire, seule une minorité de personnes est en mesure de la demander à l’origine ou à la première légation diplomatique espagnole qu’elles trouvent, car la situation même de persécution ou de risque d’atteinte grave établit ses propres impératifs, dont le premier est d’atteindre un territoire sûr.

    Le 1er novembre 1988, un Marocain de 23 ans a été la première personne à se noyer en tentant de traverser le détroit de Gibraltar. Depuis lors, la priorité, voire l’obsession, des différents gouvernements a été d’empêcher le départ des bateaux du Maroc (et du Sahara occidental qu’il occupe), de l’Algérie, de la Mauritanie et du Sénégal, principalement en raison des tensions dans les systèmes d’accueil temporaire (ou de retour) qu’il provoque, de l’anxiété qu’il suscite sur le lieu d’arrivée et de toutes les conséquences politiques liées à un phénomène fréquemment utilisé comme arme de guerre. Moins important est le simple fait que, selon les estimations de diverses organisations sociales, environ 10 000 personnes ont perdu la vie dans cette tentative depuis lors. On s’est moins interrogé sur la raison et les attentes de toutes les personnes qui se trouvent dans la situation d’entreprendre des voyages de plusieurs mois ou années, à partir de pays en déliquescence institutionnelle où l’État a perdu le contrôle de parties importantes du territoire (comme dans une grande partie du Sahel), ou encore où l’opportunité du projet migratoire revient à améliorer la situation de toute la famille qu’ils pourront aider, s’ils finissent par réussir. La question simple et élémentaire de savoir ce qui se passerait s’il y avait, en revanche, une réelle attente d’une immigration régulière est à peine posée.

    En d’autres termes, si au lieu que le canal prévu par la loi s’avère difficile à mettre en œuvre, comme c’est le cas actuellement, la politique migratoire se concentrait davantage sur des raisons démographiques puissantes que sur des considérations (erronées ou, à tout le moins, partielles) liées au marché du travail, au profit du pays de destination lui-même. Il semble raisonnable de penser que, dans ce cas, cette voie ordinaire serait l’alternative préférée à des voyages risqués, à des déplacements sous le contrôle de mafias et à l’assujettissement aux autorités publiques des pays de transit désireuses de les utiliser comme arme de pression entre États ou comme source irrégulière de revenus.

    Loin de repenser la continuité de cette politique et ses effets meurtriers, nous sommes cependant dans une nouvelle phase où des tensions se produisent également à la frontière terrestre des enclaves espagnoles au Maroc, avec des conséquences de plus en plus tragiques. Rappelons qu’en février 2014, 15 autres personnes se sont noyées sur la plage de Tarajal (Ceuta) alors que des policiers espagnols utilisaient contre elles des équipements anti-émeutes. Ou encore l’épisode du 17 mai 2021 à Ceuta, un exemple de l’utilisation par le Maroc de la population migrante comme moyen de pression. Lors de l’incident du 24 juin dernier, une réponse quasi-militaire a été admise (voire encouragée), dans laquelle une force excessive a été utilisée, au mépris évident de la vie des migrants et avec un résultat endeuillé totalement insupportable : 23 personnes ont été tuées selon les autorités marocaines, tandis que d’autres sources avancent le chiffre de 37 morts.

    Les images courageusement capturées à Nador par l’Association marocaine des droits de l’homme (une organisation fortement harcelée par les autorités du pays voisin, soit dit en passant) du traitement des migrants sont la réalité la plus amère, car elles montrent clairement le déni total de la condition humaine des migrants et de tout droit quel qu’il soit. Bien entendu, il vaut mieux ne pas prêter attention aux éventuels demandeurs de protection internationale, qui peuvent avoir des raisons de sécurité bien fondées pour fuir leur lieu d’origine.

    La réponse de l’Espagne, d’abord en soutenant ouvertement les actions des forces de sécurité marocaines (avec des déclarations qui jettent à jamais une ombre sur ceux qui les font) et ensuite en poursuivant ce soutien, mais de manière honteuse, montre la stature morale dans laquelle se trouve notre politique migratoire, assumant comme un dommage collatéral inévitable ce qui est un crime dans tous les sens du terme.

    La Voz de Asturias, 12 jui 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migration #Migrants_africains

  • Maroc : Guerre totale contre la liberté d’expression

    Maroc, presse, journalistes, Omar Radi, Taoufik Bouachrine, Maroc : Guerre totale contre la liberté d’expression, liberté d’expression,

    Abdellatif El Hamamouchi*

    Les États du journalisme : Une guerre est menée contre les journalistes au Maroc par l’élite dirigeante qui s’en prend aux critiques en utilisant une machine médiatique étroitement contrôlée et soumise pour salir les voix franches, écrit Abdellatif El Hamamouchi.

    Il y a quatre ans, le 23 février 2018, les services de sécurité marocains ont pris d’assaut le siège du journal Akhbar al-Youm à Casablanca et ont arrêté son rédacteur en chef, Taoufik Bouachrine. Bouachrine était bien connu pour ses éditoriaux quotidiens critiquant le Palais royal et son réseau de puissants associés, mais aussi les régimes autoritaires de la région comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

    Le tribunal a porté de graves accusations contre Bouachrine, liées au trafic d’êtres humains et à des agressions sexuelles, et il a été condamné à 15 ans d’emprisonnement. Cette décision choquante et inattendue – rendue à l’issue d’un « procès dépourvu des éléments fondamentaux d’un procès équitable », selon Amnesty International – a suscité la peur dans la communauté journalistique et parmi les défenseurs des droits de l’homme.

    A tel point que de nombreux journalistes et militants ont quitté le pays, ou envisagent de le faire, pour ne pas partager le sort de Bouachrine. En outre, l’autocensure des écrivains et des journalistes est de plus en plus répandue.

    « Bouachrine était bien connu pour ses éditoriaux quotidiens critiquant le Palais royal et son réseau de puissants associés, ainsi que les régimes autoritaires de la région comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ».
    L’establishment autocratique marocain a utilisé sa « presse diffamatoire » pour promouvoir les accusations forgées de toutes pièces contre Bouachrine – qui avait été le rédacteur en chef de l’un des derniers journaux indépendants du pays – afin de salir sa réputation et de mettre en doute sa crédibilité. Heureusement, la campagne de propagande du régime contre Bouachrine a échoué : l’ONU a condamné son arrestation, déclarant qu’elle avait eu lieu en dehors du cadre du droit marocain et international, et a demandé à l’État marocain de « le libérer immédiatement et de le dédommager pour les dommages qu’il a subis », ainsi que de « mettre fin une fois pour toutes à la répétition de telles pratiques ».

    Les autorités ont également fait pression sur plusieurs femmes pour les forcer à faire de fausses déclarations sur le fait qu’elles avaient été agressées sexuellement par Bouachrine. Le cas de la collègue journaliste Afaf Bernani est illustratif : elle a déclaré que ses déclarations ont été falsifiées par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) chargée d’enquêter sur l’affaire, après qu’ils ont échoué à lui arracher une déclaration condamnant Bouachrine.

    Lorsque Bernani a déposé une plainte pour rétablir la vérité, elle s’est soudainement retrouvée accusée de « diffamation et faux témoignage » et a été condamnée à une peine de six mois de prison. Bernani a fui le pays pour la Tunisie, après avoir été traquée par les tribunaux, et est maintenant réfugiée aux États-Unis, après avoir fui l’emprisonnement et une campagne de dénigrement médiatique.

    Le journaliste Bouachrine n’est pas le premier, et il ne sera pas le dernier sur la liste des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme dénigrés par les autorités marocaines qui utilisent des accusations totalement inventées comme une arme pour faciliter leur arrestation et leur emprisonnement. Les accusations falsifiées servent également à assassiner des personnes, ce qui a pour effet d’effrayer les voix les plus importantes parmi les activistes politiques et civils du Maroc.

    Tout cela signifie que l’élite autocratique au pouvoir au Maroc peut conserver une emprise ferme sur les récits publics en circulation. En outre, l’objectif des campagnes de dénigrement menées par les médias est de neutraliser l’individu ciblé – en affaiblissant son statut populaire et en réduisant son efficacité en tant que voix dans les sphères politique et civile.

    Plus d’un an après l’emprisonnement de Bouachrine, les autorités marocaines ont arrêté Hajar Raissouni, une autre journaliste qui travaillait à Akhbar al-Youm. Elle a rapidement été condamnée à un an de prison pour « sexe hors mariage et avortement », avant d’être libérée grâce à une grâce royale après une campagne internationale appelant à sa libération.

    Peu de temps après, en mai 2020, les autorités marocaines ont arrêté Soulaimane Raissouni, l’oncle de Hajar, qui avait repris le poste de rédacteur en chef d’Akhbar al-Youm après l’arrestation de Bouachrine. Soulaimane a été condamné à 5 ans de prison avec des « accusations d’agression sexuelle forgées de toutes pièces », selon Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) à New York.

    Puis, en juillet 2020, les autorités ont arrêté le journaliste d’investigation Omar Radi, et l’ont accusé d’ »espionnage et d’agression sexuelle ». Il a été condamné à six ans d’emprisonnement. Le flot continu d’accusations d’agression sexuelle fabriquées de toutes pièces et visant spécifiquement les journalistes indépendants a poussé l’organisation Reporters sans frontières (RSF) à lancer un appel urgent à l’ONU pour condamner l’utilisation abusive des accusations de viol et d’agression sexuelle contre les journalistes au Maroc.

    « Accuser une voix critique de viol est une pratique connue et utilisée par les services de renseignement marocains », a déclaré Paul Coppin, responsable de l’unité juridique de RSF. « Cette méthode, qui discrédite les journalistes et dissuade les partisans, semble avoir été appliquée dans le cas d’Omar Radi, et dans d’autres affaires récentes impliquant des journalistes. Ces méthodes neutralisent les journalistes critiques mais affaiblissent également la lutte pour les droits des femmes ».

    L’autocratie marocaine ne se limite pas à fabriquer des accusations liées à des crimes « sexuels » ou « moraux » dans sa guerre contre les journalistes indépendants et les militants de l’opposition – elle va également s’étendre à l’utilisation de fausses accusations liées à la « finance » et à la « sécurité ».

    Le 29 décembre 2020, alors que l’historien et journaliste Maati Monjib était attablé dans un restaurant de Rabat, les services de sécurité ont fait irruption et l’ont arrêté. Peu après, il a été condamné à un an de prison pour « menace à la sécurité nationale ». Monjib avait régulièrement écrit des articles d’analyse critiquant l’intrusion croissante de l’appareil de renseignement marocain dans la sphère politique, ainsi que la captation par le Palais des pouvoirs exécutifs de l’État.

    « Accuser une voix critique de viol est une pratique connue et utilisée par les services de renseignement marocains », a déclaré Paul Coppin, responsable de l’unité juridique de RSF. « Cette méthode, qui discrédite les journalistes et dissuade les partisans, semble avoir été appliquée dans le cas d’Omar Radi, et dans d’autres affaires récentes impliquant des journalistes. De telles méthodes neutralisent les journalistes critiques mais affaiblissent également la lutte pour les droits des femmes. « 

    Monjib avait également joué un rôle de premier plan dans le mouvement du « 20 février » – l’itération marocaine du printemps arabe. Et Monjib fait toujours l’objet d’une interdiction de voyager de la part du gouvernement marocain, en violation flagrante de la loi et de la Constitution. De même, ils ont gelé son compte bancaire, lui coupant l’accès au salaire qu’il perçoit en tant que professeur d’université et avec lequel il subvient à ses besoins et à ceux de sa famille, ce qui l’empêche de faire face à ses dépenses quotidiennes, comme son hypothèque et sa voiture.

    Outre les arrestations et les poursuites judiciaires au Maroc, les journalistes et les militants des droits de l’homme sont victimes d’un système de cybersurveillance de plus en plus sophistiqué. Les téléphones portables de Bouachrine, Raissouni, Radi, Monjib et de l’auteur de cet article ont tous été ciblés par le programme d’espionnage israélien Pegusus au moment même où ils étaient harcelés par les autorités marocaines.

    En outre, des dizaines de robots sur les médias sociaux sont utilisés pour intimider et effrayer les militants – à la manière des Émiriens – comme cela s’est produit avec la journaliste Aida Alami, la correspondante du NYTimes qui a reçu de multiples menaces de mort après avoir couvert la détérioration de la situation des droits de l’homme au Maroc.

    En conclusion, il semble que le Maroc soit en train de passer d’un autoritarisme doux qui autorise quelques libertés limitées, à une dictature à part entière qui se consacrera à écraser toute opposition, les journalistes indépendants et les militants des droits de l’homme.

    Cela peut se faire par le biais de fausses poursuites judiciaires et d’arrestations, ou par des campagnes de dénigrement des médias et une surveillance numérique invasive. Face au silence des gouvernements occidentaux sur tout ce qui précède, le régime marocain est devenu indifférent à sa réputation internationale – surtout depuis qu’il a normalisé ses relations avec Israël. Ainsi, nous voyons aujourd’hui des médias pro-régime, officiels et non officiels, présenter le Maroc comme une puissance régionale qui peut faire ce qu’elle veut – tant qu’elle est alliée d’Israël !

    *Abdellatif El Hamamouchi est un journaliste d’investigation et un chercheur en sciences politiques originaire du Maroc. Il est membre du bureau central de l’Association marocaine des droits de l’homme. Il écrit pour The Intercept, Open Democracy, et Sada- Carnegie Endowment for International Peace. Il est également l’auteur de Moncef Marzouki : His Life and Thought, coécrit avec Maati Monjib et publié par l’Arab Center for Research and Policy Studies à Doha.

    The New Arab, 06 jui 2022

    #Maroc #Presse #Journalistes #Omar_Radi #Bouachrine #Raissouni