Catégorie : Maroc

  • Israël-Maroc: Premières manœuvres militaires conjointes

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    Alors qu’Israël approfondissait ses liens avec plusieurs pays de la région MENA, il a participé pour la première fois aux manœuvres du « Lion d’Afrique » menées par les forces marocaines et américaines.
    Le ministère israélien de la Défense a annoncé plus tôt cette semaine que c’était la première fois que des responsables du ministère, y compris des responsables des Forces de défense israéliennes (FDI), participaient à un exercice militaire organisé au Maroc.

    Les responsables israéliens ont participé en tant qu’observateurs à l’exercice militaire baptisé « African Lion 2022 » mené par le Commandement américain pour l’Afrique et les Forces armées royales du Maroc la semaine dernière, le plus grand exercice organisé par les deux armées en Afrique.

    La déclaration du ministère israélien de la Défense , citée par le Jewish News Syndicate , a déclaré :

    « La participation d’Israël à l’exercice est une autre étape dans le renforcement des liens de sécurité entre les ministères de la Défense et les armées des deux pays. Les relations de sécurité et de défense entre les pays font partie d’un ensemble large et bien développé de relations dans les domaines de l’économie, de la culture, de l’éducation, des sports et bien d’autres.

    En février , les médias israéliens ont rapporté que les industries aérospatiales (IA) d’Israël avaient obtenu un contrat de 500 millions de dollars pour équiper l’armée marocaine du système de défense aérienne et antimissile Barak MX. En novembre 2021, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, s’est rendu dans ce pays d’Afrique du Nord pour signer un protocole d’accord avec son homologue marocain afin d’officialiser les liens de défense entre les deux pays.

    Les relations militaires d’Israël avec ses pays voisins du Moyen-Orient se sont régulièrement améliorées depuis la conclusion des accords d’Abraham – notamment en raison de la menace commune posée par l’Iran. Récemment, il y avait même eu des rapports selon lesquels une « OTAN du Moyen-Orient » pourrait être formée : une alliance militaire régionale dirigée contre les ambitions expansives du régime de Téhéran.

    MENA Watch, 10 jui 2022

    #Maroc #Israël #Normalisation

  • Melilla-Migration : la CE veut soutenir l’Espagne et le Maroc

    Melilla-Migration : la CE veut soutenir l’Espagne et le Maroc

    Maroc, Espagne, Melilla, migration, Migrants africains, Commission Européenne,

    Après la mort de 23 personnes à la barrière frontalière de l’enclave espagnole de Melilla il y a deux semaines, la Commission européenne s’est engagée à soutenir davantage l’Espagne et le Maroc dans la lutte contre les passeurs et les gangs de passeurs.

    La commissaire européenne à l’intérieur, Ylva Johansson, a signé un accord correspondant avec les ministres de l’intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska et marocain, Abdelouafi Laftit, lors d’une réunion à Rabat.

    Selon Fernando Grande-Marlaska, cela facilitera la collaboration. Des efforts sont déployés pour maîtriser le dossier de l’immigration illégale et lutter contre les réseaux criminels qui utilisent la violence et exploitent les migrants illégaux. Et ils continuent à travailler intensément pour prendre les mesures nécessaires contre les passeurs.

    Après l’incident survenu à la barrière frontalière entre le Maroc et Melilla, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies, entre autres, a appelé l’UE à mettre en place des routes migratoires plus sûres afin d’éviter de telles tragédies à l’avenir.

    La commissaire européenne à l’intérieur, Ylva Johansson, a assuré que les pourparlers à Rabat ont discuté de la manière de continuer à travailler ensemble pour éviter des situations aussi violentes et dangereuses qu’il y a deux semaines.

    Malgré la clôture frontalière, dont certaines mesurent dix mètres de haut, l’enclave espagnole de Melilla est une destination fréquente pour les migrants qui souhaitent entrer dans l’Union européenne. Le dernier incident en date était la première ruée massive vers la clôture depuis la reprise des relations diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc après près d’un an de tensions.

    Grande-Marlaska et Johansson ont félicité le Maroc pour ses efforts, qui, selon la Commission européenne, ont empêché 26 000 sorties irrégulières et « fait un travail important pour freiner la migration irrégulière et devraient être reconnus pour cela », a déclaré Grande-Marlaska.

    Euronews, 09 jui 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migration #Migrants_africains #Commission_Européenne

  • Espagne-Maroc: L’accord d’immigration tombe à l’eau à Melilla

    Espagne-Maroc: L’accord d’immigration tombe à l’eau à Melilla

    Espagne, Maroc, Melilla, immigration, migrants africains,

    Vendredi 24 juin, 27 réfugiés sont morts en tentant de franchir la frontière maroco-espagnole à Melilla, dans le nord du Maroc. Deux policiers sont également morts. La tragédie s’est produite lorsque plusieurs centaines de réfugiés ont tenté de pénétrer dans l’enclave espagnole de Melilla, près de la ville de Nador. Cette enclave, ainsi qu’une autre enclave à Ceuta, est l’un des derniers héritages territoriaux de la colonisation. Ces enclaves sont les seules frontières terrestres avec l’Union européenne sur le continent africain.

    Un communiqué de presse officiel de la préfecture de Nador résume le drame comme suit : « La tentative d’entrée illégale a commencé à 6 h 40 avec un groupe de 2 000 migrants s’approchant de Melilla. Plus de 500 d’entre eux, originaires d’Afrique subsaharienne, ont forcé l’entrée du poste frontière à l’aide de cisailles métalliques. 133 ont réussi à entrer. Au cours de la bousculade, 18 migrants ont été tués en tombant de la porte en fer. Ce qui est remarquable dans cette attaque, c’est que les migrants ont utilisé des méthodes très violentes ». Depuis vendredi, cinq autres des centaines de blessés ont succombé à leurs blessures. Par l’intermédiaire du Premier ministre Pedro Sanchez, le gouvernement espagnol contredit la version marocaine en assumant et en reconnaissant que les morts ne sont pas le résultat de l’assaut, mais des actions des forces de sécurité espagnoles et marocaines : « La gendarmerie marocaine avait travaillé en coordination avec les forces de sécurité (espagnoles) pour repousser cet assaut. Si quelqu’un est responsable de ce qui s’est passé à la frontière, ce sont les mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains près d’une ville qui est un territoire espagnol. Par conséquent, il s’agissait d’une attaque contre l’intégrité territoriale de notre pays. »

    La plupart des journaux ont décrit les faits sans les replacer dans leur contexte économique et historique. Le résultat d’une telle réduction est que les gens commencent à voir le drame de Melilla comme une tragédie pour laquelle personne n’est à blâmer ou comme un malheur africain fatal contre lequel les États sont impuissants. La réalité est bien sûr très différente, et pour bien la comprendre, il est nécessaire de tenir compte d’éléments contextuels essentiels.

    Ceuta et Melilla : des paradis fiscaux

    La première, bien sûr, est l’existence même des villes autonomes espagnoles de Ceuta et Melilla. Depuis son indépendance en 1956, le Maroc a réclamé à juste titre la restitution de ces deux villes, que la Constitution espagnole de 1978 considère comme faisant partie intégrante du territoire espagnol. Les deux villes bénéficient également du statut officiel de zones franches, c’est-à-dire exemptes de droits de douane, depuis plus d’un siècle. Lorsque l’Espagne a rejoint l’Union européenne en 1986, ils sont devenus des ports francs européens, éligibles aux fonds structurels européens mais non soumis à la fiscalité, notamment à la TVA. Le résultat de ce statut exceptionnel ne s’est pas fait attendre. Ceuta et Melilla sont devenues des oasis de prospérité dans un désert de misère. Les habitants des régions de Tétouan et de Nador peuvent entrer dans ces villes sans visa, vendre leurs produits frais et repartir avec de gros ballots de marchandises européennes hors taxes qu’ils revendent ensuite chez eux. L’écart entre le niveau de vie de ces deux villes et celui des régions marocaines voisines a naturellement suscité des appels à la migration, d’abord du Maroc, puis de l’Afrique subsaharienne. Chaque année, près de 50 000 personnes tentent d’entrer dans l’une de ces deux villes, soit pour s’y installer, soit pour se rendre en Europe. Dans l’attente de leur chance, les candidats à l’immigration se rassemblent dans des camps temporaires dans les forêts marocaines voisines.

    Clôture de six mètres de haut

    Le deuxième élément contextuel à prendre en compte est la réaction de l’Espagne et de l’Union européenne face à cette situation économique intenable. Tout ce qu’ils ont fait, c’est fermer les frontières et renforcer la répression contre les candidats à l’immigration. La frontière de Ceuta, longue de huit kilomètres, et celle de Melilla, longue de douze kilomètres, ont été dotées d’une double clôture avec des miradors, des projecteurs, des radars, des distributeurs automatiques de gaz lacrymogènes et des barrières dissuasives. En 1995, l’Union européenne a investi massivement pour porter la clôture initiale de trois mètres à six mètres et l’équiper d’un système de surveillance par radars et caméras infrarouges. L’image de ces barrières est très proche de celle d’un camp de concentration nazi « inversé » : ici, la mort n’est pas causée par une tentative de fuite, mais par une tentative d’entrée. Une telle mesure purement sécuritaire ne peut que conduire à des tragédies répétées comme celle d’octobre 2005. Dans un scénario similaire à celui de cette année, une douzaine de victimes ont été tuées par balles.

    Externaliser le sale boulot

    Le troisième élément de contextualisation est la politique migratoire de l’Union européenne qui consiste à externaliser le contrôle des frontières vers le continent africain. En subventionnant les États africains et en les faisant chanter pour obtenir des prêts et des aides, l’Union européenne confie le sale boulot d’oppression des Africains à d’autres Africains. Chaque accord entre l’Union européenne et un pays africain comporte désormais une clause relative à l’enfermement et à l’expulsion des migrants. La sociologue Anaik Pian résume ainsi le durcissement de la politique sécuritaire du Maroc à l’égard des candidats à l’immigration : « Sous la pression de l’Union européenne pour renforcer les contrôles à ses frontières, le Maroc a adopté en 2003 une nouvelle loi relative à ‘l’arrivée et au séjour des étrangers au Maroc et à l’émigration et l’immigration irrégulières’. Cette nouvelle législation, étroitement contrôlée, vise à empêcher la transmigration vers les pays européens. Depuis lors, la répression des autorités marocaines s’est intensifiée. Les raids se multiplient, les déportations se multiplient, la violence augmente et les forces de l’ordre bloquent régulièrement les camps en contrôlant leurs entrées et sorties ». Le Maroc est tout sauf un cas isolé, même s’il occupe une place particulière dans la stratégie de l’Union européenne. La ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha Gonzales Laya, a déclaré à propos de ce déplacement de frontière en janvier 2021 : « Nous avons des accords de coopération pour gérer les flux migratoires avec des pays comme le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, qui prévoient également la possibilité de renvoyer les migrants qui se trouvent en Espagne de manière illégale ». Le Maroc est le pays avec lequel nous avons les liens les plus étroits après l’Europe ».

    Reconnaissance du Sahara occidental comme Marocain

    Un dernier élément du contexte est l’instrumentalisation par le Maroc de la question du contrôle des frontières : il veut amener l’Espagne et l’Union européenne à reconnaître le Sahara occidental comme marocain. Le roi du Maroc Mohamed VI avait déjà tenté de normaliser ses relations avec Israël en échange de la reconnaissance officielle par les États-Unis du caractère marocain du Sahara occidental. Le 10 décembre 2020, Donald Trump a déclaré dans un communiqué officiel : « Une nouvelle avancée historique aujourd’hui est le fait que nos deux grands amis Israël et le Royaume du Maroc ont accepté de normaliser pleinement leurs relations diplomatiques. C’est un grand pas en avant pour la paix au Moyen-Orient. Pour le Sahara Occidental, la proposition sérieuse et réaliste d’autonomie du Maroc est la seule base pour une solution juste et durable qui garantira la paix et la prospérité ». La même logique s’applique aux relations entre le Maroc et l’Espagne. Officiellement, jusqu’à récemment, l’Espagne soutenait la position de l’ONU, qui préconise un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui. Le Maroc menace régulièrement de ne plus contrôler les flux migratoires vers Ceuta et Melilla. Par exemple, lorsqu’en avril 2021 le gouvernement espagnol a décidé d’accueillir Brahim Ghali, le représentant du Front Polisario, le mouvement indépendantiste du peuple sahraoui, pour des raisons médicales, les forces de police marocaines ont laissé passer 10 000 candidats à l’immigration par la plage ou la mer jusqu’à Ceuta pendant plusieurs jours. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a qualifié « l’initiative marocaine de chantage et de violation des frontières de l’Espagne et de l’Union européenne ». Il est inacceptable d’ouvrir les frontières pour que 10 000 migrants puissent entrer dans une ville espagnole en moins de 48 heures à cause de désaccords de politique étrangère ». Un an plus tard, en mars, le gouvernement espagnol cède aux pressions marocaines en reconnaissant le caractère marocain du Sahara. Pedro Sanchez a ensuite déclaré : « Le plan d’autonomie de 2007 sous souveraineté marocaine est la base la plus sérieuse, la plus réaliste et la plus crédible pour résoudre ce différend ». En échange, il a reçu la garantie que les forces de police marocaines participeraient davantage à la répression des migrants. La tragédie de vendredi dernier à Melilla est l’aboutissement logique de ces sales négociations entre États, dans un contexte d’appauvrissement croissant des pays africains et d’externalisation du sale boulot répressif qu’est le contrôle des frontières.

    En omettant de mentionner ces faits, les médias grand public contribuent à rendre la situation incompréhensible. Pour les lecteurs et les auditeurs européens, il s’agit donc d’une tragédie inévitable causée par un flux migratoire massif dont l’Europe doit se protéger. Cependant, ces quelques dizaines de milliers de candidats à l’immigration ne sont rien comparés aux millions de réfugiés ukrainiens qui ont été accueillis en Europe en quelques semaines.

    DeWereldMorgen.be, 05 JUI 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Immigration #Migrants_africains

  • Migration: l’UE et le Maroc décident d’un «partenariat rénové»

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    L’Union européenne et le Maroc ont convenu vendredi de « rénover » leur partenariat pour faire face aux réseaux de traite des êtres humains après le drame de Melilla qui a coûté la vie à au moins 23 migrants africains ayant tenté de pénétrer dans cette enclave espagnole au nord du Maroc.

    L’accord a été scellé lors d’entretiens à Rabat entre la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, le ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska et son homologue marocain Abdelouafi Laftit.

    Le nouveau partenariat entre la Commission et le Maroc « pourra couvrir notamment le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière, y compris les enquêtes conjointes, (…) ainsi que le renforcement de la coopération avec les agences de l’Union européenne chargées des affaires intérieures », précise un communiqué conjoint.

    La visite éclair des responsables de l’UE et espagnol à Rabat survient à la suite de la tentative de passage en force de quelque 2.000 migrants en situation irrégulière, en majorité des Soudanais, à Melilla à partir du territoire marocain. La tentative a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités marocaines, « au moins 37 », selon des ONG, ainsi que des dizaines de blessés.

    Sudinfo, 080jui 2022

    #Maroc #UE #Melilla #Migration #MigrantsAfricains

  • Maroc: Des ONG mettent en garde contre l’infiltration sioniste

    Maroc: Des ONG mettent en garde contre l’infiltration sioniste

    Maroc, Israël, normalisation, Palestine, infiltration sioniste,

    Deux groupes anti-normalisation au Maroc ont protesté contre ce qu’ils considèrent comme une « infiltration sioniste » accrue des institutions éducatives du royaume.

    Le Groupe d’action national marocain pour la Palestine et l’Observatoire marocain contre la normalisation ont mis en garde hier, dans une lettre adressée à l’Union nationale de l’enseignement supérieur au Maroc, contre « un certain nombre d’infiltrations des services de renseignement sionistes, discrètement et publiquement, dans les campus universitaires ».

    « Ces infiltrations ont eu lieu à travers des activités dites scientifiques et de recherche auxquelles les officiers et dirigeants de l’armée sioniste ont donné des descriptions et des noms trompeurs dans plusieurs universités marocaines. Cela s’est fait dans le plus grand secret sur leurs véritables identités », ajoutent les groupes.

    La lettre appelle également le public à être méfiant et vigilant face à l’infiltration d’Israël dans le système éducatif marocain.

    Selon le responsable de l’Observatoire marocain contre la normalisation, Ahmed Wehman, « l’infiltration sioniste des universités marocaines comme cible des élites du pays. »

    Cette condamnation fait suite au renforcement des liens éducatifs entre les deux pays, après la décision de Rabat de reprendre ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv dans le cadre des accords d’Abraham signés en 2020 sous l’égide des États-Unis. En février 2021, les ministres de l’éducation israélien et marocain ont lancé un programme d’échange d’étudiants et ont convenu d’organiser des concours éducatifs en arabe et en hébreu.

    Un protocole d’accord a été signé par les ministères en mai de cette année, visant à collaborer dans le domaine de la science en matière de développement durable.

    Suite à l’encrage des programmes de partenariat académique, le ministre marocain de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Abdellatif Miraoui, a reçu le 13 juin une lettre de la Fédération nationale de l’éducation (FNE), critiquant cette évolution.

    « Au moment où nous trouvons des universités et des institutions supérieures prestigieuses à travers le monde boycottant l’entité sioniste et réservant la coopération et les échanges académiques et scientifiques avec elle… nous vous trouvons [le ministère de l’Enseignement supérieur du Maroc] dans un processus de normalisation… en violation des sentiments du peuple marocain… », indique la lettre.

    « Vous avez sacrifié l’université marocaine et l’avez offerte à l’État d’apartheid et à l’occupation israélienne, en recevant le ministre de la science, de la technologie et de l’espace de l’entité sioniste, et pour avoir signé un protocole d’accord dans le domaine de la recherche scientifique et de la technologie », indique le communiqué de FNE.

    Middle East Monitor, 94 jui 2022

    #Maroc #Israël #Normalisation #Sionisme #Palestine

  • La tragédie de Melilla relève de la responsabilité de l’UE

    La tragédie de Melilla relève de la responsabilité de l’UE

    Espagne, Maroc, Melilla, migrants africains, migration, Union Européenne, UE.

    La mort de 23 migrants dans l’enclave espagnole de Melilla devrait mettre en lumière les échecs de la politique de contrôle des migrants de l’UE.
    De nombreux médias ont partagé des images tragiques illustrant la répression anti-migrants dans la zone frontalière de Melilla, l’une des deux enclaves espagnoles en Afrique du Nord, où au moins 23 migrants subsahariens sont morts le 24 juin en tentant de franchir la clôture entre le Maroc et Melilla. .

    Malgré les images télévisées sanglantes de cette tragédie, l’événement lui-même n’a pas fait exception, loin de là. Des récits similaires sont régulièrement rapportés de la frontière polono-biélorusse, des rives méditerranéennes ou de la Manche.

    En effet, ce qui s’est passé à Melilla n’est qu’un résumé d’une histoire que le reste du monde ne connaît que trop bien.

    Il était une fois, l’Europe se vantait d’être un phare de l’illumination. Elle cachait même ses desseins impérialistes sous prétexte de « répandre la civilisation ». De nos jours, cependant, il ne reste plus grand-chose de ce placage.

    Cependant, le rêve européen est bien vivant dans l’esprit des migrants démunis, alors que des milliers de personnes se lancent dans des voyages dangereux pour survivre à l’extrême pauvreté. Partout dans le Sud, où le colonialisme occidental n’a laissé que désespoir et misère, les poulets reviennent se percher.

    Pendant ce temps, l’Europe, tout comme l’empire romain des millénaires auparavant, est en train de construire des murs à travers ses frontières. Parmi les premiers murs à être érigés il y a deux décennies se trouvait à Ceuta et Melilla, l’un des vestiges du colonialisme espagnol en Afrique du Nord.

    Aujourd’hui, il y a des murs de 1000 km de long aux frontières de l’Union européenne. Chaque année, un nouveau est construit. Inutile de dire que malgré la construction de ces murs à Melilla, l’afflux de migrants est en augmentation. L’utilisation de murs, la surveillance technologique et la violence meurtrière des forces espagnoles et marocaines n’ont pas résolu le problème des migrants.

    La même conclusion peut être observée dans d’autres périphéries européennes. Cet échec ne peut être balayé sous le tapis, même lorsque l’UE aime recourir à des tactiques de gestion de la perception, comme elle l’a fait dans son traitement très sélectif des réfugiés ukrainiens.

    La politique de la migration

    Deux leçons peuvent être tirées de l’épisode de Melilla. Premièrement, les migrants et la migration comptent parmi les questions les plus importantes de la politique internationale. Compte tenu de l’instabilité politique dans différents endroits, des inégalités mondiales et de la crise climatique, il n’est pas difficile de prévoir que l’afflux de migrants continuera d’augmenter. À mesure que ce problème prend de l’ampleur, il a de plus en plus d’incidence sur les relations internationales. Les hauts et les bas des relations Espagne-Maroc et la tragédie humaine survenue à Melilla montrent clairement cette corrélation.

    En mai 2021, plus de 8 000 migrants ont traversé Ceuta et Melilla en quelques jours. Quelques mois auparavant, les tensions entre l’Espagne et le Maroc mijotaient pour atteindre leur paroxysme. La capacité de milliers de migrants à traverser le côté espagnol de la frontière en très peu de temps a été associée à la négligence délibérée des forces marocaines à la frontière. La partie espagnole a également accusé le Maroc de faire chanter les migrants pour qu’ils traversent la frontière.

    Un épisode similaire s’est déroulé à la frontière biélorusse-polonaise en 2021 lorsque des migrants se sont rassemblés et ont été inculpés par la police des frontières, qui a mis en œuvre des refoulements illégaux en contradiction avec le droit international et le propre code des droits de l’homme de l’UE. À l’époque, les pays de l’UE accusaient le président biélorusse Loukachenko de chantage. D’autre part, Loukachenko n’a pas hésité à laisser entendre que la cause de la crise était la politique des États de l’UE.

    L’approche brutale de la police des frontières marocaine contraste avec l’attitude nonchalante dont elle a fait preuve il y a environ un an. A cette époque, le flux de migrants a provoqué une crise politique en Espagne. Suite à cet incident à Melilla et Ceuta, l’Espagne a changé sa politique de neutralité dans la question du Sahara Occidental en faveur du Maroc.

    Par conséquent, le zèle dont ont fait preuve les forces marocaines était purement transactionnel. Ils ont maintenant plus de raisons de garder vigoureusement les frontières. Ce chapitre, et bien d’autres, montrent que le rôle des migrants dans les relations internationales va s’accroître dans les années à venir. Malheureusement, cela signifie également que davantage de violence sera dirigée contre les migrants.

    La politique d’externalisation de l’UE

    Le deuxième aspect est que la tragédie de Melilla fait écho à l’échec du travail de l’UE consistant à « externaliser » sa politique de contrôle des migrants à des acteurs externes pour garder les mains propres.

    Cette stratégie s’est reflétée dans la brutalité de la police marocaine à Melilla, et non des Espagnols, sans impliquer directement le gouvernement espagnol. De même, les garde-côtes libyens, financés par l’UE, chassent les migrants en Méditerranée.

    Pendant ce temps, la violence perpétrée par des pays frontaliers comme la Grèce, la Hongrie et la Pologne est blanchie comme des erreurs individuelles au niveau local. D’une certaine manière, l’UE sous-traite également le problème à ses pays frontaliers même si le coût humain est énorme.

    Une enquête conjointe menée par des médias influents comme Le Monde et The Guardian a révélé l’étendue des abus. Selon le rapport, la Grèce réduit en esclavage certains migrants illégaux et les utilise de force pour piéger d’autres migrants, et les renvoie après les avoir soumis à des abus et à la torture.

    Les méthodes suivies par l’UE et ses États membres sont tout simplement abjectes, soulignant l’hypocrisie de Bruxelles. Il est ironique de comparer l’approche de l’UE dans ce contexte avec ses principes déclarés d’intégrité, d’État de droit et de procédure régulière.

    Dans l’ensemble, ce problème a été institutionnalisé de différentes manières au fil des ans. Les pays occidentaux voient la situation des migrants à travers le prisme de la violence et de la répression. Dans la situation actuelle, les organisations non gouvernementales et de défense des droits de l’homme sont quasi absentes du discours occidental sur les migrants.

    Alors que la discrimination et la violence à l’encontre des migrants augmentent chaque jour, toutes les organisations de défense des droits de l’homme, les leaders d’opinion et les personnes éprises de liberté dans le monde doivent user de leur influence et de leur pouvoir pour s’opposer au traitement inhumain des migrants par l’UE.

    AUTEUR
    Omer Sévim
    Omer Sevim est chercheur adjoint au TRT World Research Center. Après avoir obtenu son diplôme du Département de sociologie de l’Université de Boğaziçi, il a obtenu sa maîtrise en théorie critique et études culturelles à l’Université de Nottingham. Ses domaines d’intérêt peuvent être répertoriés comme l’analyse du discours médiatique, le néolibéralisme, l’immigration et les études européennes.

     TRT World, 07 jui 2022

    #Espagne #Maroc #Melilla #Migrants #Migration #Union_Européenne #UE

  • Le discours alarmant de Benkirane sur la santé du roi du Maroc

    Le discours alarmant de Benkirane sur la santé du roi du Maroc

    Maroc, Mohammed VI, Abdelilah Benkirane, santé du roi,

    Dans une vidéo devenue virale, le leader du PJD parle avec un ton grave sur les rumeurs autour de la santé du roi du Maroc. D’après lui, « la nouvelle selon laquelle le roi Mohammed VI a été déclaré positif au covid 19 sans symptomes, a laissé place à de nombreuses rumeurs sur la santé de Sa Majesté le roi. Des rumeurs dont les sources sont inconnues ».

    En effet, dans la rue marocaine on ne parle plus que du décès du souverain marocain depuis la publication du palais sur sa nouvelle contamination.

    « Tout d’abord, nous sommes une nation avec des coutumes, des traditions et des références. Nous devons bâtir nos convictions sur les communications officielles. Cette étape, en particulier, requiert une unanimité sur ce qui nous unit. La religion a toujours été notre ciment social et le lien avec Sa Majesté. Je parle en tant que Nation Marocaine », indique Benkirane.

    Il n’a pas hésité à qualifier l’étape actuelle de critique. Par conséquent, il conseille d’éviter les discours des « hypocrites » et les « perturbateurs ». « Cela est très important, souligne-t-il, notamment dans les circonstances actuelles » insistant sur le fait que le Maroc est « une nation organisée avec son histoire, sa religion ses us et traditions et sa Constitution ». « Cette réalité n’a aucun sens si à chaque instant nous nous laissons emporter par les événements, notamment dans la conjoncture que le monde traverse actuellement. Nous sommes unis par notre religion et notre roi et nous devons continuer ainsi, renforcer notre unité et cohésion aujourd’hui plus que jamais. Le moment est difficile et requiert la cohésion et le calme afin de traverser cette conjoncture ».

    #Maroc #MohammedVI #Benkirane

  • Maroc. Exportations alimentaires: une baisse de 2,325 MM$

    Maroc. Exportations alimentaires: une baisse de 2,325 MM$

    Maroc, exportations alimentaires, économie, produits de la mer, produits agricoles,

    Exportations alimentaires: la mauvaise gestion du Makhzen cause un important manque à gagner

    RABAT – Les exportations alimentaires au Maroc enregistrent un important manque à gagner qui se chiffre à 2,325 milliards de dollars, causé principalement par la mauvaise gestion du secteur des exportations par les autorités du Makhzen.

    Sur un potentiel estimé à 7,638 milliards de dollars, les exportateurs marocains de produits de la mer et agricoles réalisent seulement 5,313 milliards de dollars, révèle-t-on lors d’une rencontre organisée récemment à Agadir, à l’extrême Sud du royaume, par la société de Conseil AssurTrade et le groupe Allianz Trade, spécialisé dans les solutions d’assurance.

    Les conférenciers, cités par la presse locale, ont précisé que les exportations alimentaires du Maroc ne dépassent pas 5,313 milliards de dollars, alors que le potentiel de cette filière est estimé à 7,638 milliards de dollars.

    Selon les observateurs, le Makhzen peine toujours à trouver des solutions concrètes et à mettre en place des facilitations au profit des exportateurs locaux.

    La mauvaise gestion des exportations par les autorités du Makhzen a conduit le pays vers une dépendance vis-à-vis de l’Europe, où les conditions d’exportation sont hautement exigeantes, explique-t-on.

    En plus de cet énorme manque à gagner, cette situation participe également au sabotage des producteurs locaux, dont nombreux, parmi eux, se trouvent dans une situation de difficulté de payement ou complètement en faillite.

    #Maroc #Economie #Exportations_alimentaires

  • Crise sociale au Maroc: Mohammed VI absent

    Crise sociale au Maroc: Mohammed VI absent

    Maroc, Mohammed VI, crise économique, crise sociale, Aziz Akhannouch, Afriquia, corruption,

    Aziz Chahir

    Malgré la cherté de la vie qui saigne les Marocains, le gouvernement de Sa Majesté prêche obstinément la résilience socioéconomique et la stabilité d’un régime autoritaire menacé par les protestations

    Alors que la propagande officielle s’évertue en vain à dissimuler la léthargie de l’exécutif, le Maroc sombre dans une crise socioéconomique sans précédent : renchérissement du coût de la vie, accentuation de la sécheresse – la pire de l’histoire du pays depuis au moins 1981 –, explosion de la facture énergétique et des prix des biens à l’import, notamment des produits alimentaires (orge et blé principalement).

    À ces marqueurs, s’ajoutent d’autres indicateurs socioéconomiques inquiétants : le déficit des échanges de marchandises, la dégradation du déficit commercial, l’augmentation du taux de chômage – notamment celui des diplômés, qui est passé de 18,5 % à 19,6 % –, l’augmentation de la dette publique (près de 80 % du PIB), la baisse des réserves de change, ne couvrant que six mois d’importations de biens et services, ainsi que la diminution des investissements directs étrangers – seulement 10 milliards de dirhams (environ 1 milliard d’euros) –, en recul de 7 % comparé à l’année précédente, et la baisse du taux de croissance (1,1 % selon le FMI contre 3 % prévu précédemment).

    Lire aussi : La succession de Mohammed VI au centre de l’attention médiatique

    Il faut voir dans ce constat l’œuvre d’un pouvoir démissionnaire qui continue d’amasser les richesses et de mener un train de vie luxueux pendant qu’une grande partie des Marocains voit son pouvoir d’achat s’effondrer jour après jour.

    Face à cette crise, le chef de l’État ne daigne même pas se manifester et encore moins agir pour atténuer la cherté de la vie. Il est quand même extraordinaire que le monarque continue d’assister en spectateur à la flambée des prix des hydrocarbures qui profite aux professionnels de la distribution, à commencer par le chef du gouvernement, le magnat Aziz Akhannouch, lequel est en même temps le patron de la compagnie pétrolière Afriquia !

    À l’heure actuelle, encouragés par Mohammed VI, premier acteur économique du pays, les affairistes dominent la sphère politique, surtout depuis l’éviction par les urnes des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD).

    Des entrepreneurs politiques gèrent la chose publique, au grand dam des forces démocratiques opposées au régime, réduites au silence par les sécuritaires qui craignent la montée des protestations.

    La généralisation de la couverture sociale, un « cache-misère »

    Alors que dans les pays démocratiques, le chef de l’État intervient en période de crise pour rassurer les citoyens et tenter d’apaiser le marasme économique et social qui se sclérose, dans le royaume chérifien, le monarque alaouite, disparu des radars depuis déjà un bon bout de temps, semble avoir abandonné la vie politique à tel point que l’on commence sérieusement à se poser la question de savoir qui gouverne réellement le pays à l’heure actuelle ?

    À l’exception de quelques très rares inaugurations à la sauvette de projets publics, comme en avril lors du lancement d’une opération de solidarité nationale pour le Ramadan, le roi Mohammed VI communique très peu, surtout en phase de crise. En revanche, il est le premier à réagir pour féliciter une équipe de football pour avoir remporté un match ou un athlète pour avoir décroché une médaille ! La qualification de l’équipe nationale à la Coupe du monde de football est-elle plus importante que l’amélioration du pouvoir d’achat des Marocains défavorisés ?

    Lire aussi : Média italien : Qui est vraiment Mohammed VI?

    Selon un rapport de l’ONG Oxfam datant d’avril 2019 , le Maroc est le pays le plus inégalitaire d’Afrique du Nord. Et la pandémie a accentué les écarts de richesses, l’injustice fiscale, les inégalités de genre et celles relatives à l’accès à l’éducation, à la santé ou au travail.

    Certains pourraient argumenter que les « chantiers royaux » sont là pour endiguer la crise sociale, à commencer par le projet de généralisation de la couverture sociale, notamment médicale. À ceux-là, on pourrait répliquer que ce projet « cache-misère » ne peut avoir l’impact escompté, en raison du manque patent d’infrastructures hospitalières et de personnel médical suffisant et qualifié.

    Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que le budget du secteur de la santé au Maroc ne dépasse pas 6 % du budget général de l’État, alors qu’il est de 12 % en Algérie, aligné sur les recommandations de l’OMS (15 %).

    À ceux qui se gargarisent de la volonté royale providentielle de généraliser la couverture médicale, on serait tenté de demander pourquoi le souverain a-t-il attendu un peu plus de deux décennies pour lancer un tel « projet social » et, surtout, pour quelles raisons choisit-il de partir se soigner à l’étranger s’il a vraiment confiance dans le système de santé marocain ?

    Immobilisme sidérant de l’exécutif

    Dans un contexte marqué par les incertitudes géopolitiques et économiques mondiales, l’exécutif affiche un immobilisme sidérant face à la montée de la crise sociale.

    En l’absence d’un plan de sortie de crise, les autorités tentent vigoureusement d’étouffer les contestations, comme ce fut le cas avec l’interdiction, fin mai, d’une marche nationale de protestation. Celle-ci avait été initiée par le Front de l’action sociale (FAS) afin de dénoncer « la cherté de la vie, la répression des libertés et la normalisation avec Israël ».

    Inutile de rappeler à cet égard la régression sans précédent des droits de l’homme au Maroc, comme l’a si bien rappelé l’Association marocaine des droits humains (AHDH) dans son rapport de 2021.

    Dans une économie rentière à l’agonie, le régime continue de compter sur la manne des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), les recettes fiscales nettes et l’endettement public.

    En l’absence d’une stratégie d’action, l’actuel gouvernement espère amortir la crise grâce notamment à un rebond éventuel des recettes de voyages et du tourisme, sachant que l’activité est encore loin des niveaux enregistrés à la même période en 2021 (- 22 %).

    Le pouvoir ne dispose d’aucune vision à même de contenir la crise socioéconomique qui s’abat sur le pays.

    On peut même s’interroger sur l’utilité du fameux rapport rendu par la commission spéciale désignée par le roi pour réfléchir au « nouveau modèle de développement ». Comment expliquer qu’aucun plan d’action n’ait été dévoilé par l’actuel gouvernement pour asseoir les axes de ce modèle sur les plans social, économique, culturel et environnemental, à part un énième projet de réforme du système éducatif national (2022-2026) annoncé précipitamment par Chakib Benmoussa, patron de cette commission et ministre de l’Éducation !

    C’est dire tout le cynisme d’un régime qui continue de prôner un développement imaginaire, dont les Marocains n’en sentent pas les conséquences, et de vanter des épopées diplomatiques chimériques, alors que le conflit au Sahara occidental est toujours à l’ordre du jour dans l’enceinte de l’ONU et que l’administration Biden s’est contentée, pour le moment, d’ouvrir un consulat américain, à Dakhla, à vocation essentiellement économique.

    Pendant ce temps, la réalité est que la crise sociale semble s’installer durablement dans un pays où un Marocain sur deux est concerné par la pauvreté, selon le très officiel Observatoire national du développement humain (ONDH) dans son rapport de 2021, et que de nombreux sujets de Sa Majesté continuent de manger dans les poubelles publiques sans que cela inquiète outre mesure ceux qui nous gouvernent !

    Les mêmes éléments de rhétorique, selon lesquels une pseudo résilience mettrait le régime à l’abri de l’implosion sociale, retentit dans les rangs d’une majorité gouvernementale à la traîne, qui prêche une libéralisation économique, reléguant au second plan la transparence de la vie publique et la lutte contre l’enrichissement illégal des politiques.

    Sinon, comment expliquer la décision rapide de l’exécutif de retirer le projet de loi relatif à la déclaration du patrimoine des parlementaires, en prétextant notamment vouloir « assurer l’amélioration » de la mouture de ce projet, qui tend à l’origine vers une moralisation de la vie publique, à travers la lutte contre la corruption qui prive l’économie marocaine d’une manne financière importante ?

    En avril, le ministre de la Justice et patron du Parti authenticité et modernité (PAM, centre gauche, parti inféodé au palais), Abdellatif Ouahbi, a même menacé de priver les associations de protection des deniers publics du droit de porter plainte contre les élus, une « prérogative » qui devrait revenir, selon lui, au ministre de l’Intérieur.

    Dans un pays gangréné par une corruption endémique, selon le rapport de Transparency International de 2022, l’exécutif semble vouloir offrir une couverture aux élus véreux et aux pilleurs des deniers publics.

    Rappelons le dossier autour d’Afriquia : Aziz Akhannouch a démenti publiquement avoir détourné 17 milliards de dirhams (environ 1,6 milliard d’euros), en tant que marge de bénéfice de sa compagnie pétrolière, à la suite d’une enquête parlementaire sur la libéralisation du marché des hydrocarbures en 2017.

    Le rapport présenté par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire PJD au Parlement, avait conclu à l’implication directe de la société Afriquia dans des opérations occultes ayant généré de scandaleux profits. Ce rapport avait ensuite abouti à des sanctions consensuelles qui n’ont pas été appliquées à l’encontre des distributeurs des hydrocarbures.

    Il est à souligner à cet égard que le royaume est classé à la deuxième place en Afrique du Nord en matière de fraude fiscale.

    En 2016, pour rappel, le scandale des Panama Papers avait révélé au grand jour l’implication du roi Mohammed VI dans des affaires d’évasion fiscale. Selon le rapport de Transparency International, publié en 2020, la perte subie par le Maroc à cause de la fraude fiscale est estimée à 20 % du budget annuel alloué à la santé publique dans le pays.

    Pendant ce temps-là, alors que les plus nantis ont déjà commencé à choisir entre les offres de vacances de luxe à l’étranger, les populations démunies se trouvent livrées à elles-mêmes, asphyxiées par la cherté des prix à quelques jours de la célébration de l’Aïd al-adha, déjà marquée par la flambée du prix du mouton.

    Le gouvernement des entrepreneurs politiques s’en lave les mains et décline toute responsabilité dans la crise actuelle, pendant que le roi, lui, semble être aux abonnés absents face à une crise sociale et politique à terme.

    Depuis que le Palais a annoncé, le 16 juin, que Mohammed VI était malade du covid, le débat sur la santé du roi, récurrent depuis plusieurs années, a resurgi et rappelé combien la communication officielle opaque sur le sujet alimentaient les rumeurs sur les ramifications souterraines du pouvoir au Maroc, lequel dépend de l’hégémonie providentielle d’un seul homme.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Aziz Chahir is an associate researcher at the Jacques-Berque Center in Rabat, and the secretary general of the Moroccan Center for Refugee Studies (CMER). He is the author of Who governs Morocco: a sociological study on political leadership (L’Harmattan, 2015). Aziz Chahir est docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc. Il travaille notamment sur les questions relatives au leadership, à la formation des élites politiques et à la gouvernabilité. Il s’intéresse aussi aux processus de démocratisation et de sécularisation dans les sociétés arabo-islamiques, aux conflits identitaires (le mouvement culturel amazigh) et aux questions liées aux migrations forcées. Consultant international et chercheur associé au Centre Jacques-Berque à Rabat, et secrétaire général du Centre marocain des études sur les réfugiés (CMER), il est l’auteur de Qui gouverne le Maroc : étude sociologique sur le leadership politique (L’Harmattan, 2015).

    Middle East Eye, 29 juin 2022

    Lire aussi : Maroc : Alerte sur la santé de Mohammed VI



  • Marocleaks: Préparation de l’échéance d’avril 2014

    Marocleaks: Préparation de l’échéance d’avril 2014

    Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, Conseil de Sécurité, Echéance d’avril, MINURSO, Christopher Ross,

    L’examen par le Conseil de Sécurité de la question du Sahara en avril prochain se situe dans un contexte particulièrement difficile marqué par une attente de nos partenaires de mesures concrètes en matière des Droits de l’Homme.
    Pour la préparation de cette échéance, quelques actions sont soumise à l’appréciation de Monsieur le Ministre.

    Trois mois seulement nous séparent de l’examen par Le Conseil de sécurité de la question du Sahara marocain. Cet examen interviendra dans un contexte différent de celui de la dernière année et devrait nous inciter à agir, relativement tôt, pour préparer cette échéance dans, les meilleures conditions possibles.

    A. LE CONTEXTE: IL EST CARACETRISE PAR LES DETERMINANTS SUIVANTS:

    -Les engagements pris avec Washington : dans le communiqué commun, qui a sanctionné la visite de Sa Majesté le Roi aux Etats Unis, le Maroc a pris des engagements concrets concernant particulièrement la dimension des Droits de l’Homme au Sahara marocain ;

    -La tension très aiguë et sans précédent observée dans les relations maroccoalgériennes et les mesures et initiatives de provocation prises par les responsables de ce pays ;

    -L’absence de tout progrès dans le processus de négociation ;

    -la nouvelle configuration du Conseil de sécurité est dominée par les défenseurs des droits de l’Homme ;

    -La sortie du Maroc du Conseil de sécurité, après l’accomplissement de son mandat de deux ans ;

    -Les tentatives d’intrusion de la Présidente de la Commission africaine, dans le processus de règlement onusien.

    B. LES ATTENTES DES PARTENAIRES ET DU CONSEIL DE SECURITE:

    Ces attentes sont liées au progrès dans l’exécution du mandat de M Ross, à la poursuite par le Maroc de ses efforts en matière de promotion et de protection des Droits de l’Homme et à l’amélioration des relations maroco- algériennes.

    1. L’avancement du processus de négociation:
    Le changement d’approche pour la conduite des négociations par l’Envoyé personnel du Secrétaire Général et son acceptation par les parties est le seul élément nouveau enregistré durant cette année. Il est de nature à favoriser des discussions ciblées, tout en évitant les questions du statut final et du procédé d’acceptation par la population du Sahara de la solution politique dégagée.

    Bien sûr, ce n’est pas la première fois que cette approche est préconisée. MM. Peter Van Walsum et James Baker l’ont expérimentée sans résultat tangible, mais nous sommes obligés de suivre M. Ross, étant donné l’accueil favorable réservé par les membres du Conseil à la méthode des navettes qu’il a proposée, pour pouvoir identifier des points de convergence entre les parties.

    L’inauguration par M. Ross de cette nouvelle approche, durant sa prochaine visite de la région, à la fin de janvier, et ses résultats composeront l’essentiel du rapport de mars prochain et il est, dés lors, important d’éviter que la problématique des droits de l’Homme constitue l’élément dominant de ce rapport, dont le contenu influe sur les dispositions de la résolution du Conseil de Sécurité.

    2. La problématique des Droits de l’Homme :
    En l’absence de tout progrès dans le processus de négociations, nos adversaires continuent malheureusement de focaliser l’attention du Conseil sur la situation des Droits de l’Homme dans la région du Sahara. L’élaboration par les Etats Unis, l’année dernière, d’un premier projet élargissant le mandat de la MINURSO à la supervision des Droits de l’Homme, bien que retiré au dernier moment, à détruit un tabou et fait naître un espoir dans le camp de nos adversaires.

    Il est, par conséquent, très prévisible que ces derniers s’y prennent en avance et intensifient leur campagne, de concert avec l’Union Africaine, pour pousser à l’élargissement du mandat de la MINURSO au domaine des Droits de l’Homme.

    3 L’amélioration des relations entre le Maroc et l’Algérie:

    Bien qu’elle représente un voeu profond des peuples maghrébins, une revendication internationale persistante et une exigence objective, dictée par la communauté des défis auxquels est confrontée la région, l’amélioration des relations entre le Maroc et l’Algérie demeure un objectif fuyant et difficile à concrétiser, en l’absence d’un changement dans la classe politique et la structure de l’Etat en Algérie.

    De ce fait et malgré l’acceptation par le Maroc des différentes approches préconisées par l’Algérie pour dynamiser ces relations (laisser de côté la question du Sahara, mettre à plat tous les dossiers en suspens sans exception ….) et nos tentatives répétées d’avancer sur des dossiers non conflictuels avec notre voisin, l’engagement de l’Algérie est resté de façade et de circonstance, reflétant une volonté de blocage total.

    Toutefois, les premières retombées du printemps arabe et la montée de la menace terroriste dans la région sahelo- saharienne, qui a touché la Mauritanie et l’Algérie, ont fait naître une prise de conscience, de la part de l’Europe et les États-Unis, de l’importance de la coopération maroco- algérienne pour leur propre sécurité et celle de leurs zones d’influence. Cette prise de conscience les a incités à plaider en faveur de cette coopération. Elle a, également, a été derrière l’inclusion de la dimension maroco -algérienne dans le mandat de M. Ross et les tentatives de ce dernier de réanimer ces relations.

    Or, tant que le Maroc s’accommodait d’une participation protocolaire de l’Algérie aux réunions informelles, les dirigeants de ce pays ont fait l’effort de prendre part à des discussions marginales et à autoriser quelques Ministres techniques à visiter le Maroc. Cependant, à partir du moment où le Maroc a décidé de responsabiliser l’Algérie et de lui demander formellement, par l’intermédiaire de M Ross, son implication dans les négociations, la réponse algérienne ne s’est pas faite attendre.

    En effet, on assiste depuis le changement de gouvernement et l’arrivée de M. Laamara à la tête de la diplomatie algérienne, à une radicalisation de la position de ce pays et à la multiplication d’initiatives pour rendre toute normalisation des relations entres nos deux pays difficile, voire impossible à réaliser dans le futur immédiat. La coïncidence, cette année, du débat d’avril avec les élections présidentielles en Algérie n’augure pas d’un quelconque assouplissement de l’attitude de ce pays, bien au contraire.

    C. L’ATTITUDE DES AUTRES PARTIES :
    L’Algérie : depuis une année les dirigeants de ce pays ont tout fait pour annihiler les effets des petits pas que M. Ross a fait faire aux relations bilatérales avec le Maroc. Tout prétexte était bon pour entraver la moindre évolution. Les derniers mois de 2013, se sont distingués par une surenchère sans précédent avec, pour la première fois, la demande d’élargissement du mandat de la MINURSO faite officiellement par l’Algérie au nom de son Président, le 29 octobre dernier à Abuja, sans compter les actions de mobilisation de la société civile algérienne par l’intermédiaire de la CNASPS et l’envoi d’une délégation de l’Assemblée Nationale aux débats sur la question du Sahara à la quatrième Commission des Nations Unies ou encore les déclarations répétées du porte parole du Ministère des affaires étrangères algérien accusant le Maroc de tous les maux de son pays.

    Le polisario : au fur et à mesure que nous approchons d’avril, le polisario et ses relais s’activeront sur la seule question des Droits de l’Homme. Dans leur esprit, l’initiative malencontreuse des américains de l’année dernière -même si elle a été retirée- a joué en leur faveur et ils feront tout pour la ressusciter. La sensibilité de la part des membres du Conseil de Sécurité à la thématique des Droits de l’Homme, se fera plus explicite maintenant que le Maroc est en dehors du Conseil. Mais si nous présentons des mesures crédibles et convaincantes à nos partenaires, nous pouvons avorter les velléités de nos adversaires et écarter l’idée d’élargissement du mandat de la MINURSO.

    D. QUELQUES PROPOSITIONS D’ACTIONS

    1. Conforter M. Ross dans ses bons offices sans faire de concessions :

    La prochaine visite de l’Envoyé personnel et ses résultats constitueront l’essentiel du rapport du Secrétaire général de mars prochain. Pour éviter que le rapport soit chargé par des développements sur les droits de l’homme, nous avons intérêt à « donner du blé à moudre » à M. Ross et à lui démontrer notre bonne volonté à mettre en oeuvre sa nouvelle approche, tout en mettant les points sur les « i » et en clarifiant ce qui doit l’être, particulièrement sur la notion de compromis ainsi que, la centrante et l’actualité de notre proposition d’autonomie.

    2. Mise en oeuvre des promesses faites aux Etas Unis :

    L’acceptation par Washington d’un communiqué commun avec un langage succinct et générique sur les droits de l’homme au Sahara s’est faite avec la promesse que notre pays entreprendra souverainement des actions concrètes, substantielles et dans des délais déterminés, mais en tout cas bien avant l’échéance d’avril prochain. Il y a, par conséquent, une attente non seulement de Washington mais aussi de Londres et, bien sûr, de notre seul appui la France. Nous
    sommes appelés à adopter les mesures convenues et a les mettre en oeuvre, à en informer les trois Capitales, avant d’entamer le processus de concertation sur le projet de résolution.

    La diligence qui sera apportée à l’adoption de ces mesures et leur portée, seront déterminants pour convaincre « le Groupe des Amis » de l’inopportunité de la visite de la Haut Commissaire au Sahara. Elles seront aussi cruciales pour convaincre les Américains de rédiger un projet de résolution en termes d’encouragements à nos mesures nationales et de ne pas donner suite aux demandes d’élargissement du mandat de la MINURSO ou de visite de La Haut Commissaire. Enfin la réussite de cette démarche concertée nous permettra d’endiguer les manoeuvres éventuelles du Nigeria au sein du Conseil et celles de l’Algérie et de l’Afrique du sud pour injecter l’idée du mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO.

    3. Le recensement :

    En même temps que nous mènerons des efforts sur le volet des Droits de l’Homme, il est indispensable d’engager un effort soutenu, concomitant et tout azimut autour de la question du recensement auprès, non seulement du HCR et du Secrétaire général des Nations Unies, mais aussi auprès de l’Union Européenne, du Groupe des amis du Secrétaire Général et des ONG internationales influentes, pour réclamer l’accomplissement de cette opération. L’objectif étant de gêner l’Algérie et le polisario sur leur propre terrain et de renforcer le langage de la prochaine
    résolution du Conseil.

    Si jusqu’à présent, cette thématique a été confinée au HCR et traitée selon une approche sélective et progressive, le temps est venu d’en faire un leitmotiv de notre discours dans toutes les instances et en toute circonstance, d’autant plus que c’est l’unique aspect du différend qui met l’Algérie en difficulté.

    L’action diplomatique sur cette thématique devrait, également, engager des partis politiques, des élus et des Organisations Non Gouvernementales des provinces du Sud et cibler le Secrétariat de l’ONU, le Groupe des Amis et les grandes ONG Internationales.

    4. Interaction avec les membres du Conseil de Sécurité :
    II serait hautement recommandé d’effectuer des visites auprès des membres du Conseil de Sécurité afin de les familiariser avec notre dossier, les tenir au courant des derniers développements et leur faire appréhender ses enjeux.

    a. Les nouveaux Membres :
    • Le Nigeria : II y a quatre ans, ce pays a été un adversaire actif au sein du Conseil et s’est mobilisé sur la thématique des Droits de l’Homme, en présentant même des amendements aux résolutions sur le Sahara. Tout porte à croire qu’il continuera dans cette logique, en servant de principal relais de l’Union Africaine au sein du Conseil.

    Nous devons maintenir un contact régulier avec ce pays et utiliser toutes les influences possibles pour le neutraliser et réduire sa capacité de nuisance, d’autant plus qu’il assumera la présidence du Conseil pendant le mois d’Avril prochain.

    • La Jordanie : ce pays arabe, qui a pris la place de l’Arabie Saoudite au sein du Conseil, a une proximité marquée avec les pays occidentaux, notamment des Etats Unis. Son statut de pays voisin lié à Israël par un accord de paix et associé à la solution du conflit israélo- palestinien ne lui permettra pas de prendre les mêmes risques qu’aurait pris l’Arabie Saoudite pour défendre nos intérêts sur la question du Sahara. En outre, les positions très pro-occidentales du Prince Zeid, l’Ambassadeur Représentant permanent de Jordanie, l’inciteront, tout au plus, à afficher une neutralité positive pour ne pas mécontenter l’Algérie. Ceci dit, des instructions des Hautes autorités jordaniennes et une pression amicale ponctuelle de l’Arabie Saoudite pourraient changer la donne et nous assurer un minimum d’appui de la part de ce pays.

    • Le Chili : l’arrivée de la socialiste Mme Bachelet à la magistrature suprême dans ce pays, risque d’être exploitée par nos adversaires à leur avantage, si nous ne prenions pas les devants. La position de ce pays a toujours été marquée par beaucoup d’hésitation. Il est, par conséquent, souhaitable de programmer une visite, au plus tôt, pour contenir ce risque.

    • Le Tchad : Ce pays a été absent sur la scène des Nations Unies et a préféré s’investir dans l’action de l’Union Africaine à travers laquelle il s’est trouvé engagé dans plusieurs forces africaines de stabilisation ou dans des opérations hybrides ONU- UA. Il serait indiqué de nous assurer au moins la neutralité de ce pays africain pour empêcher toute coalition favorable à l’Union Africaine au sein du Conseil.

    b. Les autres Membres du Conseil:

    Le fait que les autres pays membres du Conseil de Sécurité soient, pour la plupart familiers avec notre position et nos attentes, ne nous dispense pas de la nécessité de les démarcher, au niveau approprié.

    La France : la posture de ce pays, pendant longtemps notre principal appui au sein du Conseil, est devenue la cible des critiques de la part de l’Algérie et du polisario, surtout sur l’aspect des Droits de l’Homme. Il importe de rappeler, à cet égard, les nuances apportées par Paris à sa position durant les débats de l’année dernière (non utilisation du veto, respect des Droits de l’Homme, non appui à l’autonomie dans le discours français et le rappel du Quai d’Orsay de « l’attachement de la France au droit de manifester » au lendemain de l’adoption de la résolution 2099). Nous sommes, donc, appelés à nous concerter davantage avec ce pays à différents niveaux, à partager avec lui, en priorité, nos intentions et notre stratégie et à le mettre dans la confidence, en vue de nous assurer de son appui agissant au Conseil, seul à même de nous prémunir contre les états d’âmes des américains et la complicité britannique.

    Le Royaume Uni : une attention particulière devrait être prêtée à ce pays, fervent promoteur de l’idée de visite de la Haut Commissaire aux Droits de l’Homme et partenaire privilégié de Washington au Conseil de Sécurité

    La Russie : Le refus par ce pays de toute imposition aux parties à un différend, nous a permis de contenir l’initiative américaine d’avril dernier. La prochaine visite de M. Lavrov prévue au Maroc sera l’occasion de l’informer de nos actions et initiatives relatives à la question du Sahara marocain et à solliciter l’appui de son pays à notre approche.

    Le Rwanda : ce pays a multiplié les appels au Maroc pour un renforcement des relations. Il y a une perspective de retrait de reconnaissance en vue. Une invitation de la Ministre des Affaires Etrangères pour visiter notre pays serait bien accueillie, pour concrétiser les engagements pris au plus haut niveau et confirmer la position très positive adoptée par Kigali lors des débats de 2013 au Conseil. Si nous parvenons à faire adopter par le Tchad une position engagée et positive à notre égard, ce pays pourra constituer avec Rwanda un binôme qui nous fera éviter toute aliénation de la position de ces deux pays à l’Union Africaine.

    • Une mention spéciale doit, enfin, être faite des pays ayant des traditions de défense des Droits de l’Homme et qui peuvent, de ce fait, être perméables à la propagande de nos adversaires, sans pour autant nous être forcément hostiles. Il s’agit principalement de l’Argentine et du Chili- en raison de leur passé- de l’Australie, du Luxembourg de la Lituanie et de la Corée. Eux aussi doivent être informés des nouvelles mesures prises par le Maroc en matière des Droits de l’Homme.
    L’élaboration et la remise à nos interlocuteurs d’un « livre blanc » sur les efforts entrepris par le Maroc en matière des Droits de l’Homme est à considérer pour prouver notre engagement comme support pour notre campagne et l’illustration de notre engagement.

    5. La visite à New York de MM. Baraka, El Haiba et El Yazami :
    En appui aux visites dans les capitales et aux démarches à Rabat et en vue de partager avec les autres membres du Conseil l’état d’avancement de la nouvelle dynamique de développement humain dans les provinces du sud et les mesures qui seront mises en oeuvre dans le domaine des droits de l’Homme, il est souhaitable que MM. Nezar Baraka , Président du CESE , M Mahjoub El Haiba , Délégué Intergouvernemental au Droits de l’Homme et M. Driss El Yazami, Président du CNDH se déplacent à New York pour des présentations et des entretiens avec les membres du Conseil de sécurité et des responsables du secrétariat chargés du dossier du Sahara . Une telle visite devrait se dérouler suffisamment à I’ avance (de préférence en février) pour que leurs inputs soient intégrés dans le projet de rapport du secrétaire général.

    6. La visite de Mme Pillay :
    Nous devons continuer à rejeter l’idée d’une visite couplée de la Haut Commissaire à Rabat et au Sahara car une telle visite nous ferait rentrer dans un engrenage dangereux. En effet, une telle visite donnerait lieu à un briefing autant au Conseil de sécurité qu’au Conseil des Droits de l’Homme à la demande de n’importe quel membre des deux organes. Et une fois le premier briefing donné, il sera suivi d’autres et deviendra ainsi institutionnalisé, avec le risque de voir la question du Sahara rentrer dans une dynamique périlleuse qui changera le prisme de cette question.

    7. La résistance aux machinations du polisario :
    Durant les cinq dernières années, nous avons été obligés de gérer, pendant l’examen de la résolution, des situations qui ont affaibli notre capacité de négociation (l’arrestation du groupe des 6 indépendantistes à leur retour d’une visite médiatisée à Alger et Tindouf, le cas d’Aminatou Haidar, le démantèlement du camp Gdim Izik , le jugement par le tribunal militaire ….).

    Nous devons nous efforcer, durant les quatre mois à venir, d’éviter toute situation pouvant être mise à profit par nos adversaires pour décrédibiliser les mesures annoncées à Washington ou compliquer la négociation de la résolution.

    Bien sûr, cette démarche prudente et anticipative n’est pas synonyme de laxisme dans notre réaction aux provocations du polisario et, plus encore maintenant, de l’Algérie.

    8. Empêcher une décision de l’Union Africaine en janvier :
    II a été démontré durant l’année écoulée que la Présidente de la Commission
    africaine s’entête à mettre en oeuvre son propre agenda et celui de son pays, en cherchant à interférer dans le processus de négociation de la question du Sahara. Elle a saisi, à cet effet, le Secrétaire général et les membres du Conseil de Sécurité, particulièrement les permanents parmi eux.

    Le prochain sommet africain, de fin janvier et début février, constitue une date charnière et une épreuve de force dans notre combat contre les desseins de Mme Zuma. Nous sommes condamnés à réussir ce défi qui nous est lancé par la Présidente de la Commission africaine.

    En effet, si nous parvenons à mobiliser une minorité de blocage constituée de 15 à 20 pays convaincus, engagés et résistants aux pressions l’Algérie, qui resteront actifs et solidaires tout au long des réunions préparatoires du Sommet, nous aurons mis en échec les desseins de Mme Zuma, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud et en même temps avorté les sollicitations de l’Union Africaine pour se trouver un rôle dans le règlement du dossier du Sahara. L’issue de ce duel au sein de l’Union Africaine aura indubitablement une résonance au Conseil de sécurité, au Secrétariat des Nations Unies et, bien sûr, en Afrique.

    9. Une interaction avec les intervenants dans la rédaction du rapport (SG , DPKO, DPA, HCDH) :

    Pour bien préparer l’échéance d’avril, une quadruple interaction est hautement indiquée avec :

    • Le Secrétaire général des Nations Unies : une rencontre de M. Le Ministre avec M. Ban Ki-Moon, avant avril, serait la bienvenue, surtout si elle se tient à New York. Elle sera une occasion pour une première prise de contact, pour une valorisation de notre partenariat avec les Nations Unies (Mali, Sahel, RDC, RCA, Côte d’Ivoire …), et pour des mises au point sur l’évolution du processus de négociation et son devenir.

    • Le responsable du Département des Opérations de Maintien de la Paix : je compte tenir des réunions de travail avec M Ladssous pour discuter du contenu du rapport sur le Sahara marocain et tenter de l’amener à un rééquilibrage dans la structure du rapport du SG.

    • Le responsable du Département des Affaires Politique : ce Département a aussi son mot à dire dans l’orientation du rapport du SG. Je compte me réunir avec M Feltman et son équipe sur l’orientation dudit rapport. Je voudrais réitérer ma demande d’une contribution substantielle du Maroc au Budget de ce Département. Elle est de nature à favoriser un début de changement de l’attiude hostile de son responsable M. Feltman, un grand ami de M. Ross, vis-à-vis de notre dossier.

    • La Haut Commissaire aux Droits de l’Homme : il importe de prévenir, dans la contribution de la Haut Commissaire, Mme Pillay, au rapport du SG d’avril prochain, une recommandation qui irait dans le sens d’un élargissement du mandat de la MINURSO, comme cela a été fait durant les trois dernières années et de la dissuader de visiter les provinces du Sud, afin d’écarter toute instrumentalisation de la part de nos adversaires.

    10. Une réunion des Ambassadeurs de Sa Majesté auprès des membres du Conseil de Sécurité:
    Afin de mobiliser le soutien nécessaire à notre stratégie, la tenue d’une réunion avec les Ambassadeurs de Sa Majesté accrédités auprès des 15 membres du Conseil paraît opportune. Elle sera l’occasion de les tenir informés des derniers développements et de la stratégie adoptée, d’unifier le message qui sera transmis à leurs interlocuteurs et de convenir d’une feuille de route comportant les actions à mener pour la période nous séparant de la date d’avril.

    Cette réunion, qui se tiendrait sous l’autorité de Monsieur le Ministre, verrait la participation des Présidents du CNDH du CESE, du Délégué Intergouvernemental pour les Droits de l’Homme et des représentants des Départements et Services partenaires dans la gestion du dossier du Sahara.

    Conclusion : Pour bien préparer l’échéance d’avril et travailler dans la confiance réciproque avec les américains qui sont les rédacteurs de la résolution, le facteur temps est d’une importance cruciale. Or le temps qui nous sépare d’avril est très court, au regard des actions que nous sommes appelés à entreprendre.

    -New York le 6 janvier 2014-

    #Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #ONU #Conseil_de_Sécurité