Catégorie : Maroc

  • Drame de Melilla: Sanchez renvoie la balle dans le camp du Maroc

    Drame de Melilla: Sanchez renvoie la balle dans le camp du Maroc

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    La question de la violation des Droits de l’Homme dans la tragédie de Melilla, qui a coûté la vie à une trentaine de migrants le 24 juin, doit être posée à Rabat, a estimé dimanche le Premier ministre espagnol dans un entretien au quotidien El Pais.

    Interrogé sur les images de la tragédie qu’il disait n’avoir pas vues lors de sa dernière intervention, mercredi, sur le sujet, et sur le “respect des Droits de l’Homme dans pareille situation”, Pedro Sanchez a affirmé que “c’est le gouvernement du Maroc qui devrait répondre à cette question”.

    “Nous devons, nous, parler de ce que l’on fait en Espagne”, a poursuivi Pedro Sanchez. Il a toutefois immédiatement nuancé son propos en disant “reconnaître l’effort que fait le Maroc, qui souffre d’une pression migratoire, pour défendre des frontières qui ne sont pas les siennes mais celles de l’Espagne” et évoquant la “solidarité” dont doivent faire preuve selon lui l’Espagne et l’Europe vis-à-vis du Maroc.

    Le 24 juin, une trentaine de migrants africains ont péri lors de la tentative d’environ 2.000 personnes d’entrer par la force dans l’enclave espagnole de Melilla au Maroc. Des images diffusées plusieurs heures après ont mis au jour des actes de brutalité, avec des corps jonchant le sol, des policiers marocains assénant des coups et les forces de l’ordre espagnoles tirant des gaz lacrymogènes sur des hommes accrochés à des grillages, selon l’ONG Human Rights Watch (HRW).

    Melilla est, avec la ville de Ceuta, une des deux enclaves espagnoles situées sur la côte nord du Maroc, les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain. Pour le Premier ministre, Melilla est “le dernier épisode d’une tragédie qui a commencé bien avant, à plusieurs kilomètres de là”, parlant de nouveau d’une attaque violente, avec des hommes “armés”, et d’un évènement orchestré par les “mafias”, un argument que le gouvernement espagnol ne cesse de brandir depuis cette affaire.

    Le bilan humain du drame n’est pas encore officiellement connu et pour le moment, les autorités évoquant une “trentaine” de décès, soit le plus lourd jamais enregistré aux frontières entre le Maroc et les deux enclaves. Il a provoqué l’indignation internationale, avec notamment des propos d’une sévérité rare de la part de l’ONU, ainsi que l’ouverture de deux enquêtes en Espagne et une mission d’information au Maroc.

    Ce nouveau drame migratoire aux portes de l’UE survient après que Madrid et Rabat ont normalisé à la mi-mars leurs relations à la suite d’une brouille diplomatique de près d’un an à propos de la question du territoire disputé du Sahara occidental.

    Reporters, 03/07/2022

    #Maroc #Espagne #PedroSanchez #Melilla #MigrantsAfricains

  • Maroc: Controverse après la mort d’une trentaine de migrants

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    Qui est responsable du drame de Melilla du 24 juin dernier ? Ce jour-là, environ 2000 migrants ont tenté d’entrer par la force dans l’enclave espagnole au Maroc ; une tentative qui a fait une trentaine de morts.

    Les images des autorités marocaines montrent ces migrants, majoritairement issus d’Afrique subsaharienne, tentant de grimper par dizaines sur le grillage séparant le Maroc du territoire espagnol de Melilla, jusqu’à ce qu’ils s’effondre sous leur poids. Au même moment, les forces espagnoles tiraient en leur direction des gaz lacrymogènes.

    Cette tentative de passage en force a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités marocaines, « au moins 37 », selon des ONG.

    Rabat affirme que les victimes ont péri dans des bousculades, et en chutant de cette grille métallique ; une version contredite par des images rapidement apparues après le drame, avec des corps jonchant le sol dans des mares de sang, et des policiers marocains faisant un usage brutal de la force.

    Sujet sensible entre Madrid et Rabat

    La justice marocaine a engagé des poursuites contre 65 migrants en situation irrégulière, en majorité des Soudanais, qui ont pris part à cette tentative de traversée.

    Le sujet est très sensible entre le Maroc et l’Espagne, car Madrid compte sur son voisin maghrébin pour contenir cette pression migratoire.

    Sur ce drame, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a pointé la responsabilité de Rabat, avant de nuancer son propos en disant « reconnaitre les efforts du Maroc » pour gérer les migrants.

    Le Maroc, gendarme migratoire de l’UE ?

    Les associations qui représentent les communautés subsahariennes dénoncent cette situation, estimant que le Maroc joue le rôle de gendarme de l’UE. Ils étaient devant le parlement à Rabat vendredi.

    « Nous avons émis des recommandations aux autorités marocaines, qui sont chargées de mettre en place une enquête indépendante pour identifier les responsables de ce massacre, mais surtout pour l’identification de toutes les dépouilles, afin de rendre leurs corps à leurs proches ou de les enterrer dans des conditions humaines » a déclaré Mamadou Diallo, coordinateur du Collectif des communautés subsahariennes au Maroc.

    « Nous demandons l’arrêt de la politique migratoire financée par l’Union européenne » a-t-il ajouté.

    À Madrid, plusieurs centaines de personnes ont repris les slogans du mouvement « Black Lives Matter » et scandé « Aucun être humain n’est illégal ! », « Les antiracistes sont là ! » ou encore « Union européenne, responsable criminelle ! » et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Les frontières tuent ».

    Ce nouveau drame migratoire aux portes de l’UE survient après que Madrid et Rabat ont normalisé à la mi-mars leurs relations à la suite d’une brouille diplomatique de près d’un an à propos de la question du territoire disputé du Sahara occidental.

    Pour Madrid, cette normalisation a pour but principal de s’assurer de la « coopération » de Rabat dans le contrôle de l’immigration illégale.

    Le bilan humain de ce drame est le plus lourd jamais enregistré aux frontières entre le Maroc et Ceuta et Melilla, les seules frontières de l’UE sur le continent africain, et il a provoqué l’indignation internationale, avec notamment des propos d’une sévérité rare de la part de l’ONU, ainsi que l’ouverture de deux enquêtes en Espagne et une mission d’information au Maroc.

    Euronews, 03/07/2022

    #Maroc #Melilla #Espagne #Migrantsafricains

  • Maroc. Dans l’intimité des trois(3) rois

    Maroc. Dans l’intimité des trois(3) rois

    Maroc, Mohammed V, Hassan II, Mohammed VI, roi du Maroc,

    Malgré leur tropisme moderniste, l’intimité des trois rois du Maroc indépendant a toujours été régie par d’obscures habitudes et des codes de bienséance archaïques, en grande partie méconnus.

    TelQuel lève le voile, en dressant des profils psychologiques croisés de Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI.

    Pourquoi parler des trois rois alors que la monarchie marocaine est millénaire ? Pourquoi s’arrêter à Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI, alors que l’intimité makhzénienne et les codes dont elle use se veulent immémoriaux ? Posez la question à Mohammed VI… C’est lui-même qui, à son avènement, a voulu ressusciter la mémoire de son grand-père tout en maintenant vivace celle de son père. à sa demande, Bank Al-Maghrib a alors imprimé des billets estampillés “trois rois”, avec trois portraits judicieusement juxtaposés par ordre chronologique. L’humour populaire marocain, grinçant comme on le connaît, a immédiatement rebaptisé ce tableau historique : “bbat l’malik, l’malik, ould l’malik” (le père du roi, le roi, le fils du roi).

    La figure centrale était bien sûr celle de Hassan II, “roi-soleil” qui a frappé l’imagination de ses sujets au point d’incarner, à leurs yeux, l’expression ultime de la royauté – toute autre, y compris celles de ses père et fils, ne pouvant être perçues que comme des ersatz. Et pourtant… Chacun à sa manière, Mohammed V, Hassan II, comme l’actuel monarque, ont marqué une nette évolution dans la manière de vivre et de faire vivre, intimement, le pouvoir suprême.

    Choisir d’évoquer l’intimité de nos trois derniers rois, c’est ainsi évaluer la perméabilité de la monarchie marocaine aux assauts de la modernité.

    C’est découvrir des souverains humains (y compris dans leurs excès), en prise – sinon aux prises – avec leur temps (y compris pour le nier en ressuscitant des coutumes hors d’âge), assaillis de dilemmes (politiques comme personnels), et qui évoluent en même temps que change un royaume, parfois plus vite, souvent plus lentement. Sonder l’intimité des trois rois, c’est entrouvrir les portes du sérail, pour éclairer les fêlures et les expériences marquantes d’une vie de monarque. C’est, en définitive, raconter l’histoire intime du Maroc.

    Derrière les murs

    La vie privée des rois se cache derrière les hautes murailles de leurs palais, véritables forteresses inaccessibles au commun des mortels. Elle est cachée aux regards, mais parfois mise en scène médiatiquement, notamment lors des interviews-photos accordées de temps à autre à certains magazines étrangers. Quelques rares indiscrets ont cependant révélé au grand public des bribes de cette intimité jalousement préservée. Comme Hicham Mandari (il se disait le fils caché de Hassan II) qui a défrayé la chronique à la fin des années 90, en volant des chèques et des bijoux à un monarque mourant, puis en menaçant de s’épancher dans la presse internationale sur les frasques de la famille royale – il s’est même payé une pleine page du New York Times pour faire chanter Hassan II.

    Cela n’a pas choqué grand monde qu’il finisse en 2004, abattu d’une balle dans la nuque dans un parking de Marbella, en Espagne. La vague de procès qui, ces dernières années, a touché d’anciens serviteurs du Palais, a de la même manière contribué à jeter un éclairage nouveau sur la vie intérieure des palais royaux. Dans la foulée de ce grand remue-ménage, on apprenait que Mohammed VI avait mandaté son homme d’affaires Mounir Majidi pour faire un audit général des palais en vue de réformer leur fonctionnement. Un temps, le bruit a même couru que Mohammed VI n’était pas contre l’ouverture au public de certaines de ses résidences. Une belle idée, mais qui n’a hélas pas fait long feu…

    Les petites vengeances de Hassan II

    Très “vingt-et-unième siècle”, cette médiatisation des problèmes d’intendance aura en tout cas été l’occasion d’un grand déballage, qui tranche étonnamment avec la loi du silence en vigueur sous Hassan II. Non pas que le règne précédent ait été pauvre en vols, détournements, histoires scabreuses et autres inconvenances, mais tout se réglait alors en famille, dans le secret des palais. De plus, les 3bid el 3afia (littéralement, “esclaves du feu” – corps aujourd’hui dissout) étaient là pour punir les indélicats.

    Au menu des sanctions : “Cachot, punitions corporelles, châtiments devant témoins et bien d’autres joyeusetés”, énumère un familier des palais. Mais le défunt roi-soleil savait aussi savourer des vengeances plus amusantes (pour lui, en tout cas). Un membre éloigné de la famille royale rapporte à cet égard une anecdote savoureuse : “Hassan II avait un proche collaborateur dont la fille, d’une grande beauté, lui plaisait beaucoup.

    Mais celle-ci était réticente aux avances du roi et avait menacé son père de se suicider s’il la livrait au monarque. Devant cet inébranlable refus, Hassan II n’eut d’autre choix que de renoncer à elle. Mais quelques mois plus tard, le roi prit son collaborateur en aparté et lui dit en substance : ‘Tu as aussi un fils en âge de se marier. Je me charge de tout. J’ai trouvé la perle rare qui lui conviendra’. Le jour des noces, l’heureux marié découvrit sa promise : un laideron réputé pour sa vertu”. Et notre source de commenter : “Voilà une vengeance typique de Hassan II… sibylline”.

    Le sultan confiné

    Si les monarques protègent toujours jalousement leur intimité, Mohammed V fait exception à la règle. Sa légende dorée a fait de lui un roi accessible et simple, soumis de force aux exigences du Protectorat. Dans Mohammed V, Hassan II, tels que je les ai connus (Tarik éditions, 2003), son médecin personnel, le Docteur Henri Dubois-Roquebert, se remémore le contexte de sa première entrevue avec celui qui n’était alors que le sultan Mohammed Ben Youssef : “En 1937, la personnalité intime du sultan était complètement ignorée du grand public (…) Les relations qu’il entretenait avec le monde extérieur ne pouvaient exister que par l’intermédiaire d’un fonctionnaire (français) qui portait le titre de ‘conseiller du gouvernement chérifien’.

    Les demandes d’audience n’étaient reçues qu’à condition d’être transmises par ce conseiller, qui assistait souvent aux entrevues”. Ben Youssef est ainsi, aux débuts de son règne, un sultan esseulé, coupé de la réalité marocaine par le Protectorat. Conséquence directe, le souverain cherche à mieux comprendre son peuple. D’où sans doute, d’après plusieurs de ses proches, sa propension à s’évader de son palais pour quelques heures d’anonymat. Le mythe est ainsi vivace d’un roi, habillé très simplement, qui circule anonymement en voiture, les yeux grands ouverts sur son peuple. Plus fidèlement, Dubois-Roquebert écrit : “Souvent, alors qu’il conduisait sa voiture, il lui arrivait de répondre à l’appel d’un auto-stoppeur, de le faire monter à ses côtés et d’entamer avec le voyageur auquel il avait soin de ne pas révéler son identité, une conversation dont il faisait son profit”.

    La simplicité d’un prince

    Près d’un demi-siècle plus tard, c’est cette image du souverain “en phase avec son peuple” qu’a voulu cultiver Mohammed VI. Bien avant son avènement, il avait déjà la réputation d’un homme simple, qui veillerait à alléger le protocole une fois intronisé. Prince héritier, il lui arrivait souvent d’aller danser au Jefferson ou à l’Amnesia, comme la jeunesse dorée r’batie, ou de fréquenter le resto à la mode de l’époque, le Crep’uscule. Et tout cela sans jamais déranger la clientèle habituelle, parfois même en régalant quelques connaissances… qui prenaient soin de garder la facture, en guise d’autographe !

    Sidi Mohammed était donc un prince simple – pas forcément accessible, mais simple. Devenu roi, il affiche clairement ses intentions : il n’habitera pas au palais du quartier Touarga, où il se contentera d’établir son bureau, mais dans sa résidence princière des Sablons, à Salé. Le nouveau souverain entend ainsi marquer la frontière entre sa vie privée et ses fonctions publiques.

    De fait, sous Mohammed VI, la vie du palais n’est plus ce qu’elle était : “Il n’y a tout simplement plus de palais, on est passé de 3000 à quelque 300 employés. D’ailleurs, tout le cérémonial qui préexistait avait été totalement inventé par Hassan II, très inspiré par l’exemple de Louis XIV”, commente un proche de la famille royale. Mohammed VI, soucieux de sa liberté de mouvement, a certes réduit les dépenses protocolaires, mais a-t-il pour autant des goûts simples ? Outre son goût, qu’il confesse lui-même, pour la “musique commerciale”, on connaît son penchant pour le jet-ski, un sport pas spécialement accessible.

    Surtout, on glose encore, à aujourd’hui, sur le montant de ses dépenses de vacances. A cet égard, les goûts de luxe de Mohammed VI le rapprochent plus de son père que de son grand-père. “Hassan II était un grand collectionneur. Il affectionnait particulièrement les montres de luxe et était très tatillon. Il choisissait toujours la même marque de costumes, des Smalto taillés sur mesure, et très cintrés”, se souvient un familier de la cour.

    Un roi pingre ?

    Si Hassan II avait un goût prononcé pour le clinquant, il savait engranger plus d’argent qu’il n’en dépensait. Un appétit financier sans doute hérité de Mohammed V. Dans Les trois rois (Fayard, 2004), le journaliste Ignace Dalle rapporte le témoignage d’un commis de l’Etat qui a recueilli les confidences d’anciens serviteurs de Mohammed V : “Il (Mohammed V) se faisait inviter par des bourgeois pour qu’ils lui fassent des cadeaux. Mais à peine arrivé, il téléphonait aussitôt à plusieurs de ses proches pour qu’ils le rejoignent, et il fallait aussi leur faire des cadeaux. On en était arrivé à un point tel que la plupart des familles bourgeoises essayaient d’éviter à tout prix ce type d’invitations…” Cet amour immodéré de l’argent avait aussi des ressorts beaucoup plus politiques. Mohammed V avait conscience de ce que pouvait lui permettre sa fortune, et il n’a eu de cesse de la protéger.

    Un de ses médecins, le docteur François Cléret, rapporte comment Mohammed V a, en 1960, une époque où le maintien de la monarchie était tout sauf garanti, mis sa fortune à l’abri, essentiellement en Italie. Pour le docteur, le succès de l’opération aurait notablement transformé l’humeur du roi qui se serait montré dès lors plus sûr de lui et beaucoup plus décontracté, alors que quelques semaines auparavant, il parlait encore d’abdication, usé par les coups de boutoir des nationalistes et des gauchistes. L’enrichissement de la famille royale a ainsi commencé dès Mohammed V. Hassan II, par la suite, ne fera qu’amplifier un mouvement déjà amorcé. Mais il donnera à sa fortune une visibilité nationale, en construisant palais sur palais, en initiant de grands travaux aux factures pas toujours vérifiables, et en accroissant immodérément son domaine foncier.

    Un enfant sur le trône

    Mohammed V a donc facilité la tâche à sa descendance. Plus que la mettre financièrement à l’abri, il a permis la résurrection de sa dynastie. Pourtant, rien ne le prédestinait à jouer un tel rôle. Les observateurs des années 1920 parlent unanimement d’un prince effacé, oublié de son père, le sultan Moulay Youssef, et perdu au milieu de ses multiples belles-mères. Il a 17 ans lorsqu’il monte sur le trône, à l’étonnement de tous. Sidi Mohammed Ben Youssef revient de loin. Il est le troisième fils d’une fratrie de quatre. Son aîné Moulay Driss est atteint d’une affection nerveuse. Son deuxième frère, Moulay Hassan, passe pour un agitateur enclin au jeu. Le benjamin, Moulay Abdeslam, a le désavantage de l’âge.

    Quand la santé de Moulay Youssef commence à se détériorer, c’est donc sur Sidi Mohammed que se porte le choix du Résident général Théodore Steeg.

    Le jeune homme, qui vient de se marier, s’est entiché de son épouse et semble très loin de toute préoccupation politique : aux yeux des Français, le candidat idéal pour le poste de sultan. C’est pourtant interné au palais de Meknès et séparé de sa femme que Sidi Mohammed apprend la mort de son père. Le jeune prince, en complète disgrâce, était notamment accusé d’un vol de tapis par un gardien de palais, un certain Ababou. Mais les manœuvres de l’ambitieux grand chambellan n’ont pas payé. Et c’est presque un enfant qui monte sur le trône, que les autorités françaises croient pouvoir manier à leur guise.

    En fait, le nouveau sultan a reçu une éducation traditionnelle, peu compatible avec les exigences d’un rapport de forces constant avec la France. Le sultan, qui maîtrise mal la langue de Molière, aime à fréquenter son petit personnel français, au contact duquel il enrichit ses connaissances et s’ouvre à d’autres horizons. C’est par exemple à leur contact qu’il apprend la pétanque, loisir qu’il pratiquera jusqu’à la fin de sa vie.

    Les regrets de Mohammed V

    “Le sultan était très désireux d’apprendre et d’approfondir ses connaissances, d’autant que l’accession, très tôt, aux hautes charges royales, l’avait empêché d’aller jusqu’au terme de ses études”, écrit Abdelhadi Boutaleb dans Un demi-siècle dans les arcanes de la politique (Editions Az-Zaman, 2002). Et l’ancien précepteur de Hassan II d’ajouter : “C’est en raison notamment de cet arrêt prématuré qu’il a décidé de mettre en place, à l’intention de ses deux enfants, un établissement scolaire à deux niveaux. Par cette initiative, il cherchait, me semble-t-il, à assurer à ses enfants ce qu’il ne pouvait s’offrir lui-même, à savoir une formation solide, du plus haut niveau”.

    Mohammed V était donc conscient des limites de son savoir, conscient aussi qu’il devait donner à ses enfants une éducation sans faille, en adéquation avec un Maroc en mouvement. C’est au début des années 1940 qu’il décide de créer le Collège royal. Celui-ci compte au départ deux classes, une pour chacun des deux fils du sultan, Moulay Hassan et Moulay Abdallah. Les princes sont entourés d’une dizaine de camarades triés sur le volet, choisis dans toutes les régions du Maroc parmi les élèves les plus méritants. L’enseignement du Collège royal se veut à la fois ancré dans la tradition et résolument moderne. Les élèves, logés en internat, se lèvent aux aurores et doivent se soumettre à une discipline de fer. Leurs enseignants sont souvent de grands noms, appelés à jouer un rôle important dans la vie du royaume : Mehdi Ben Barka, Abdelhadi Boutaleb, Mohamed El Fassi, entre autres.

    Quand Hassan II recevait des coups

    Hassan II perpétuera pour ses enfants le système du Collège royal. Il montrera la même propension que son père à suivre de très près l’éducation de ses fils, des princes éduqués à la dure. Nombre d’observateurs se rappellent les querelles violentes qui ont opposé Hassan II au futur Mohammed VI. Principal sujet de dispute : les sorties du prince et ses virées en boîte de nuit qui déplaisaient au plus haut point à Hassan II. Le défunt monarque aurait ainsi cherché à reproduire le modèle d’éducation qu’il avait lui-même reçu.

    Dans Mémoires d’un roi (Plon, 1994), il se souvient : “Jusqu’à l’âge de dix, douze ans, j’ai reçu des coups de bâton et j’étais heureux que ce soit mon père qui me les donne plutôt qu’un autre.
    Vous savez, aujourd’hui encore, dans les écoles coraniques, le fqih possède toujours un bâton. On l’applique de préférence sur les poignets. J’ai fait preuve de la même sévérité parentale envers mes propres enfants et, grâce à Dieu, je n’ai pas eu avec eux de problèmes d’éducation”.

    Dans Le défi (Albin Michel, 1976), Hassan II se fait aussi l’écho d’une des remontrances de son père qui, s’inquiétant de le voir s’adonner à trop de frivolités, le remet sur le droit chemin: “Nous allâmes ensemble dans la pièce où je vivais au Collège impérial. En un clin d »œil je vis disparaître fusils de chasse, raquettes de tennis, attirail de pêcheur et de cavalier, livres et magazines illustrés de sport, poste radio, pick-up et disque ‘up to date’, comme on disait alors”.

    La revanche d’un fils

    Mais Hassan II a rapidement pris l’ascendant sur son père, de son vivant. Les deux ans d’exil du sultan sont du pain bénit pour le jeune prince. Vu l’isolement de Mohammed Ben Youssef en Corse, puis à Madagascar, Moulay Hassan devient le collaborateur principal de son père. Les taquineries du sultan, à valeur de tests, n’ont plus prise sur lui. Ignace Dalle rapporte par exemple le côté manipulateur de Mohammed V, décrit par l’un de ses bouffons. Celui-ci raconte que le souverain lui demandait de temps à autre de provoquer ses fils, Moulay Abdallah et Moulay Hassan, et de les dresser l’un contre l’autre. “Hassan II détestait ces pratiques, ce qui l’a conduit à se débarrasser, à la mort de son père, de ce curieux entourage”, écrit Dalle.

    Mais l’exil à Madagascar est justement l’occasion pour le fils aîné du sultan d’asseoir son statut en se rendant indispensable aux yeux de son père, tout en s’attirant la bienveillance de son frère. “A Antsirabé, le prince Moulay Hassan était le principal collaborateur du souverain. Il lui servait à la fois de conseiller, de chef de cabinet et de secrétaire particulier”, se souvient Dubois-Roquebert. Et de continuer : “L’exil avait eu comme conséquence de rapprocher le prince Moulay Hassan de son frère le prince Moulay Abdallah. Celui-ci avait séduit sans calcul et avec une grande simplicité tous ceux qui l’entouraient par ses qualités de bon sens, de cœur et d’esprit”.

    Une timidité royale
    Si Hassan II a rapidement pris sa revanche sur son père, affaibli par l’exil, Mohammed VI a dû attendre plus longtemps pour enfin parvenir à s’émanciper. En fait, ce n’est qu’avec la maladie de Hassan II, au début des années 1990, que Sidi Mohammed est de plus en plus associé aux affaires du royaume. Jusqu’alors, le prince héritier avait donné l’image d’un jeune homme effacé et timide. Le journaliste Ignacio Cembrero se souvient de l’interview accordée par Hassan II à plusieurs médias espagnols, juste avant sa visite d’Etat à Madrid en 1989 : “A la fin de l’entretien, le roi a tenu à nous présenter ses fils. C’est là que j’ai vu le futur roi pour la première fois (en 2005, il reverra Mohammed VI à l’occasion d’une interview accordée à El Pais, ndlr).

    Il était très discret et n’a quasiment pas parlé. Son frère, Moulay Rachid, a été beaucoup plus volubile”. Dix ans plus tard, à la mort de Hassan II, des observateurs témoignent de l’attitude du nouveau souverain : “Alors que Moulay Hicham s’affairait ici et là, donnait des ordres, et était le véritable maître de cérémonie, Mohammed VI était discret, visiblement ému, mais aussi très digne. Il faisait les cent pas, seul dans un salon, on voyait sa grande silhouette arpenter la pièce en silence”. Déjà, le nouveau roi imprimait sa marque : se recueillir avant de gérer la crise, être homme avant d’être roi.

    Le chef de famille

    A son arrivée sur le trône, Mohammed VI était déjà considéré comme une énigme. Sa réputation de simplicité le précédait, mais ses apparitions publiques avaient été trop rares pour être marquantes ou révélatrices. Dalle traduit bien le sentiment général et l’impression que dégage le nouveau roi : “Le contraste entre l’homme public et l’homme privé surprend. Le premier, timide, raide, lit péniblement ses discours, n’accorde que très peu d’interviews (…) De l’avis unanime, l’homme privé est beaucoup plus détendu et sympathique, même s’il est susceptible et colérique. Il aime rire, a conservé en partie le sens de l’humour et l’esprit de fête qui étaient les siens quand son père vivait encore et le laissait tranquille”.

    L’homme privé est aussi un père qui veille à l’éducation de ses enfants et n’a pas peur d’instaurer des règles nouvelles. “Mohammed VI insiste pour que son fils, le prince héritier Moulay Hassan, fasse la bise à tout le monde quand il est mis en présence d’invités”, note par exemple un membre de la famille royale qui poursuit : “Moulay Hassan doit être couché à 20h30 et il n’y a aucune exception”. Mohammed VI témoignerait aussi un souci constant de donner une bonne image de son épouse, Lalla Salma. “C’est lui qui choisit ses tenues officielles”, confie notre source.
    Ainsi, si Mohammed V et Hassan II ont été des patriarches, au sens féodal du terme, régnant aussi bien sur un harem que sur une famille, avec Mohammed VI, la donne a changé.

    Celui-ci s’apparente davantage à un chef de famille au sens classique du terme. C’est d’ailleurs le rôle qu’il joue avec les enfants de son cousin Moulay Hicham (à aujourd’hui, persona non grata au palais), qui seraient régulièrement vus auprès du roi pendant leurs vacances marocaines.

    On a parfois glosé sur les colères légendaires de Mohammed VI, mais on a peu dit qu’elles étaient généralement de courte durée. Emporté, oui, mais pas rancunier. Fouad Filali, ex-mari de Lalla Meriem (sœur de Mohammed VI) et ex-PDG de l’ONA, est par exemple revenu en grâce, malgré son éviction plutôt musclée, au tout début du règne de Mohammed VI.

    S’il y a cependant un secret que peu de gens ont réussi à pénétrer, c’est la relation du roi avec sa mère Lalla Latifa, plusieurs années exilée en France après le décès de Hassan II, aujourd’hui installée à Marrakech. “C’est un point sur lequel peu de courtisans osent interroger le roi et qui reste un grand mystère”, avoue un membre de la famille royale. Après tout, chacun a droit à son jardin secret !

    Source

    #Maroc #MohammedV #HassanII #MohammedVI #RoiduMaroc

  • Le Maroc va recevoir des hélicoptères Ah-64 Apache

    Le Maroc va recevoir des hélicoptères Ah-64 Apache

    Maroc, armée, armes, hélicoptères Ah-64 Apache,

    Un premier lot de 24 hélicoptères « AH-64 Apache » que le Maroc avait commandé au constructeur américain Boeing sera bientôt livré.

    Selon une source bien informée, le Maroc recevra le premier lot de ces avions l’année prochaine, rapporte Hespress. Initialement prévue en 2022, la livraison du premier lot a été repoussée à 2023, l’avion étant en cours de finalisation. Des modifications techniques doivent également être ajoutées à cette commande. Le constructeur américain Boeing devra livrer les 24 appareils au Maroc d’ici 2025. En prévision de la réception du premier lot, le royaume a entrepris la réhabilitation de l’aéroport militaire de Khouribga.

    Un contrat pour l’achat de 24 hélicoptères AH-64 Apache a été conclu entre l’avionneur américain Boeing et les Forces armées royales (FAR) en juin 2020. L’hélicoptère AH-64 Apache est un modèle équipé des derniers systèmes de communication, navigation, des capteurs et des armes, qui est actuellement déployé en Irak et en Afghanistan sur des hélicoptères de l’armée américaine et sur des avions de la marine et de l’armée de l’air américaines. Le coût d’un AH-64 Apache est estimé à plus de 14,5 millions de dollars.

    The Maghreb Times, 03/07/2022

  • Drame de Melilla : Le Maroc essaie d’effacer les preuves

    Drame de Melilla : Le Maroc essaie d’effacer les preuves

    Maroc, Melilla, Migrants africains, drame, migration,

    Le président (maire) de Melilla, Eduardo de Castro, a indiqué que le Maroc essayait d’effacer les preuves de la tragédie ayant conduit à la mort d’au moins 23 migrants d’origine africaine, brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis la ville de Nador.

    «Le Maroc essaie déjà de cacher ce qui s’est passé. Il essaie d’effacer les preuves, car de cette façon, aucune accusation ne pourra être retenue», a affirmé Eduardo de Castro lors d’un entretien accordé au site espagnol «La Voz De Galicia», pointant du doigt «l’absence d’autopsies et les enterrements précipités».

    Le 24 juin au poste-frontière de Melilla, au moins 23 migrants subsahariens ont été brutalement tués par la police marocaine, qui tentait de les empêcher d’entrer dans l’enclave espagnole.

    De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants. Le parquet général espagnol a annoncé, mardi dernier, l’ouverture d’une enquête «pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé».

    Questionné sur l’utilité de cette enquête, Eduardo de Castro reconnu qu’ «il est difficile qu’elle aboutisse», relevant qu’il «doute fort que le Maroc coopérera», car «le Maroc n’est pas une démocratie, le Maroc est une autocratie».

    Evoquant les déclarations du Premier ministre espagnol selon lesquelles l’incident de Melilla aurait été «bien traité» par la gendarmerie marocaine, il a indiqué que, «Sanchez est esclave de ses mots». «Je pense qu’il a fait l’éloge des agents marocains parce qu’ils n’avaient jamais coopéré de cette façon», a-t-il souligné, tout en disant avoir ressenti «beaucoup d’anxiété» en visionnant les images de la tragédie de Melilla qu’il a qualifié de «véritable drame humain».

    #Maroc #Melilla #MigrantsAfricains #Espagne

  • Maroc: le roi malade, hausse des prix, covid. Rien ne va plus!

    Maroc: le roi malade, hausse des prix, covid. Rien ne va plus!

    Maroc, Mohammed VI, prix, carburants, pandémie, lutte d’influence au palais, succession, covid,

    Mohamed VI malade, luttes d’influence au palais, chocs pétroliers: Le Maroc au plus mal

    Le Maroc vit sa pire crise depuis l’accession de Mohamed VI au trône. Les nuages s’amoncèlent, prélude à un avis de tempête qui risque à moyen terme, d’emporter la monarchie alaouite.

    Tous les signaux, économiques et sociaux, virent au rouge. Le Makhzen vit sous des charbons ardents en l’absence d’un timonier au gouvernail. Le roi Mohammed VI est gravement malade. Le 16 juin dernier, le souverain a été testé positif au Covid-19, nécessitant son déplacement à Paris.

    Selon certaines source, ce voyage à Paris serait dû à des problèmes de santé graves et non pas à une contamination au Covid-19. Mohammed VI, âgé de 58 ans, qui règne sur le Maroc depuis juillet 1999, a subi deux interventions à cœur ouvert en l’espace de deux ans. La maladie de Mohammed VI intervient à un moment crucial de la vie du Makhzen.

    La crise sociale et politique qui frappe de plein fouet le Makhzen s’est exacerbée ces derniers temps par une lutte d’influence féroce, faisant régner une ambiance électrique en son sein.

    Selon des indiscrétions, le conseiller du roi, André Azoulay, juif-marocain, multiplie les tractation pour éviter que le pays ne sombre dans l’incertitude.

    Les faucons du Makhzen, les services de renseignements et les membres de la famille royale se déchirent pour une succession au trône annoncée.

    Entre temps, au royaume de Mohamed VI, la vie socio-politique connait des moments tourmentés.

    Vendredi 24 juin, des centaines de migrants venant d’Afrique subsharienne ont tenté de passer la frontière entre le Maroc et l’Espagne à Melilla. Au moins 23 d’entre eux sont morts dans des heurts avec les forces de l’ordre marocain. L’Union Africaine et l’ONU appelle à l’ouverture d’une enquête. Les associations locales accusent des politiques migratoires mortifères.

    A court d’argument, les autorités marocaines ont évoqué la responsabilité de l’Algérie ans la tragédie de Melilla, critiquant son laxisme délibéré dans le contrôle de ses frontières avec le royaume, selon des médias espagnols citant un communiqué de l’ambassade marocaine en Espagne.

    Amar Belani, l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué, a qualifié ces allégations de fuite en et a accusé Rabat de chercher des boucs émissaires pour se délester de ses responsabilités.

    Pour sa part, l’ONU a appelé les deux pays à garantir la tenue d’une enquête efficace et indépendante et dénoncé un usage excessif de la force contre des migrants. Pour Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, « c’est inacceptable et ce drame doit faire l’objet d’une enquête, en précisant que le recours excessif à la force a été vu par l’ONU des deux côtés de la frontière.

    « Nous avons été choqués par les images de la violence à la frontière entre le Maroc et l’Espagne, en Afrique du Nord, cette fin de semaine, qui a entraîné la mort de dizaines d’êtres humains, demandeurs d’asile, migrants.

    Les personnes qui migrent ont des droits, ceux-ci doivent être respectés et nous les voyons trop souvent bafoués », a insisté Stéphane Dujarric.

    Le Maroc vit sa pire sécheresse depuis 30 ans. Les précipitations ne représentent que 13% de la moyenne enregistrée en cette période. Même le nord, généralement plus vert et plus humide, n’est pas épargné. Les mauvaises nouvelles s’enchainent. Les prix des carburants flambent, la grogne sociale aussi. Une augmentation de 36 centimes par litre est attendue pour le diesel le mercredi 29 juin 2022, selon des données de la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations de service au Maroc (FNPCGS).

    Des propos de citoyens marocains rapportés par les médias reflètent à quel point les sujets ne décolère pas.

    Les prix à la pompe sont en hausse depuis plusieurs mois, mais jamais, assure-t-ils, ils n’avaient atteint un tel niveau. « Depuis le corona, le plein est passé du simple au double, et mon salaire a diminué d’autant, s’indigne-t-il. C’est 150 dirhams [14 euros] que je perds chaque jour. Et chaque jour, je me demande : où va cet argent, dans les poches de qui ? », s’insurge-t-il.

    Enfin, le Maroc s’attend à une récolte de blé et d’orge de 3,2 millions de tonnes en 2022/2023, soit 69 % de moins que la campagne précédente. Autant dire que des jours sombres attendent le Maroc et les sujets de Sa Majesté.

    Fil d’Algérie, 03/07/2021-2

    #Maroc #MohammedVI #Palais #Covid #Prix

  • ويكليكس المغرب : هجوم على مكاتب القنصلية المغربية في طرابلس

    المغرب القنصلية المغربية في طرابلس

    مجموعة من المواطنين المغاربة هاجموا مكاتب القنصلية العامة بمقر السفارة حاملين راية مغربية ومرددين شعارات « ملكنا وحيد محمد السادس » و « عاش الملك »، « الشعب يريد تذكرة مجانية »

  • Intrigues au Maroc : les frères Dalton, maîtres du palais

    Intrigues au Maroc : les frères Dalton, maîtres du palais

    Maroc, Mohammed VI, Frères Azaitar, Abu Azaitar, palais royal,

    Abu Bakr Azaitar, est un boxeur MMA (Mixed Martial Arts). Né à Cologne, en Allemagne, de parents immigrés originaires d’Al Hoceima, dans le Rif, le jeune homme est considéré aujourd’hui comme le principal responsable de la détérioration morale de l’image d’un roitelet qui porte le titre de « commandeur des croyants » et se réclame « descendant direct du prophète Mohammed ».

    Il a pris ses aises. Installé au palais royal de Rabat, « Abu Azaitar » comme on l’appelle a fait, depuis, venir ses deux frères, Ottman et Omar, ainsi que d’autres membres de sa famille », nous apprend un article de Middle East Eye sous la plume de Ali Lmrabet, un journaliste marocain, ancien grand reporter au quotidien espagnol El Mundo. « La fratrie Azaitar est considérée aujourd’hui, quatre ans seulement après avoir mis les pieds au Maroc, comme une prospère famille rentière ».

    Elle est surtout perçue par une partie importante du makhzen comme une excroissance qui perturbe le fonctionnement normal d’un État autoritaire dont la structure n’accepte aucune matière exogène », révèle-t-il. Les frères Azaitar, écrit-il, « se comportent comme en territoire conquis », notant qu’ « il y a manifestement mélange des genres entre la sphère intime et l’État ».

    Cela commence à jaser. Certains pontes de l’État profond veulent éliminer une personne de l’entourage royal contre apparemment la volonté du roi. « Depuis quelques années, des segments entiers du makhzen, surtout ses deux principaux services de renseignement, la DST (Direction générale de la Sûreté du territoire) et la DGED (Direction générale des études et de la documentation), mènent une course à bride abattue pour tenter de chasser de l’entourage direct du roi, Mohammed VI, celui qui est devenu depuis 2018 son principal ami », suggère Ali Lmrabet.

    Il confie que Abu Bakr Azaitar, « règne en maître avec l’onction d’un roi gravement malade mais qui le défend et le couvre de cadeaux et de somptueuses prébendes : un palais à Tanger, des voitures de luxe et de juteuses concessions commerciales obtenues avec une facilité déconcertante».

    Une situation qui, bouscule la structure opaque du pouvoir au Maroc, celle-là même qui a consenti, il y a quelques années, à l’irruption d’Abu Azaitar dans la société marocaine, la présentant tantôt comme le symbole de la réussite marocaine à l’étranger, tantôt comme un groupe de flamboyants « gladiateurs marocains », voire des champions « majestueux », dixit Maroc Hebdo.

    Le roi en personne a fait asseoir à ses côtés Abu Bakr et Ottman lors d’une prière du vendredi. Un « privilège rarissime », commente-t-il.

    Abu Azaitar et ses frères trainent derrière eux de lourdes casseroles, révèle encore, l’ancien grand reporter au quotidien espagnol El Mundo, qui souligne que lui et ses frères sont des repris de justice multirécidivistes condamnés en de multiples reprises pour des délits et des crimes en Allemagne.

    Il énumère le très long casier judiciaire des Azaitar livré par Hespress, un site proche des milieux sécuritaires, à ses lecteurs le 1er mai 2021 « Vols, extorsion de fonds, fraudes, violences physiques, association de malfaiteurs, vols qualifiés et récidive, escroquerie informatique, conduite sans permis, atteinte à l’intégrité physique causant une incapacité permanente, coups et blessures, trafic de stupéfiants, faux et usages de faux et résistance à force de l’ordre ».

    Plus que ça ! Abu Azaitar serait devenu un chambellan officieux du roi qui détient le privilège de juger qui a le droit d’être reçu et qui ne l’a pas, révèle-t-il encore, en s’interrogeant, « comment concevoir que des criminels condamnés puissent partager la vie du roi du Maroc dans le sacro-saint antre du pouvoir alaouite, le palais royal ou ce qu’on appelle « Dar El-Makhzen » ?

    Et une question qui fuse machinalement : Mohammed VI est-il au courant de tout ce qui est écrit sur ses amis ou est-il totalement sous emprise ? se questionne-t-il, pour qui, « les principales victimes des Azaitar, les El Himma, Hammouchi et Mansouri, sont ceux qui ont contribué dans le passé, en mordant si nécessaire, à consolider les pouvoirs exorbitants du roi ».

    Aujourd’hui, écrit-il, ils se retrouvent avec un gros dilemme ». Comment convaincre le roi d’expulser de son plein gré ces gênants personnages ? Une question à laquelle que les preux peuvent répondre ! « Que celui qui se sent capable de prendre son courage à deux mains et d’aller dire à Mohammed VI que les frères Azaitar sont en train de saper les fondements moraux lève la main », conclut Ali Lmrabet.

    Fil d’Algérie, 13/07/2022

    #Maroc #MohammedVI #Azaitar #PalaisRoyal #Intrigues

  • Les mains du Makhzen tachées de sang des migrants africains

    Maroc, Espagne, Melilla, Algérie, migrants africains,

    Le massacre des migrants dans la frontière nord du Maroc avec Melilla, enclave espagnol, continue de mobiliser la communauté internationale qui se démarque de plus en plus de cette barbarie du Makhzen. Déstabilisé par la levée du bouclier à l’international, le royaume a accusé l’Algérie d’être derrière ces migrants. Une accusation que l’envoyé spécial chargé du Sahara Occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, n’a pas laissé passer.

    En effet, dans une déclaration à nos confrères de TSA, M. Belani a déclaré : « face à l’assassinat de sang-froid d’une centaine de migrants -selon un ancien haut responsable marocain-par les forces de l’ordre du Makhzen, les officiels marocains font preuve d’un autisme consternant en continuant à pérorer misérablement sur une prétendue gouvernance migratoire humaniste et à se défausser sur l’Algérie alors qu’il est de notoriété publique, que l’écrasante majorité de ces migrants a emprunté les vols de la RAM ».

    Diversion
    Pour le diplomate algérien, il ne s’agit ni plus ni moins d’une « diversion impudente ». « Cette diversion impudente a fait long feu puisque des dizaines de réactions musclées à travers le monde (et au Maroc) ont vilipendé la violation haineuse, planifiée et systématique des droits élémentaires de ces migrants qui ont été soumis à un horrible châtiment collectif », a-t-il dénoncé. Il a, dans le même sens, souligné que cet horrible châtiment collectif « restera gravé dans la mémoire de tous les africains, du continent et de la diaspora».

    L’ambassadeur algérien a également déclaré que « l’image du Maroc est définitivement ternie et ses mains tachées de sang des migrants africains ».

    Faisant allusion au soutien du gouvernement espagnol au régime du Makhzen, M. Belani a averti que ce « lynchage sauvage » de migrants « restera telle une marque au fer rouge sur la conscience de ceux qui se plaisent à jouer le rôle du gendarme et ceux qui les soutiennent de l’autre côté de la Méditerranée, dans l’accomplissement de cette forfaiture inqualifiable ».

    Le chargé du dossier du Sahara occidental et des pays du Maghreb n’a pas manqué de déplorer le « mépris des dispositions les plus élémentaires du droit humanitaire international » dans cette affaire sauvagerie.

    L’Algérie aujourd’hui, 02/07/2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #MigrantsAfricains

  • Maroc-Espagne : Les cris étouffés de Melilla

    Maroc-Espagne : Les cris étouffés de Melilla

    Maroc, Espagne, Melilla, migrants africains,

    La dissimulation médiatique en Espagne et dans le reste de l’Europe du massacre qui a eu lieu ce vendredi 24 juin à Melilla dénonce haut et fort la collusion existante entre les entreprises de médias, l’establishment politique et les monarchies espagnole et marocaine.

    Si chaque année, des crises sont annoncées à la frontière entre l’Espagne et le Maroc, la tragédie vécue par les immigrants africains qui tentent d’atteindre le territoire européen est quotidienne et n’est diffusée sur aucune chaîne, sauf si la situation dépasse l’écran de fumée imposé au spectre des informations.

    À Ceuta et Melilla, deux villes subsahariennes qui constituent encore la juridiction espagnole, la sécurité est élevée pour l’immigration et on assiste généralement à des avalanches, des asphyxies, des passages à tabac et des bousculades non seulement de la population migrante mais aussi des « porteuses » (femmes commerçantes de tissus, sous-payées et pratiquement asservies) en raison de la précarité du système qui y est établi.

    Le poste frontalier Tarajal II de Ceuta, ouvert en 2017, est par exemple considéré comme la septième frontière la plus inégalitaire du monde, au-dessus du poste Mexique-États-Unis, selon un rapport d’El Confidencial, et selon un rapport du chercheur Íñigo Moré, c’est l’un des points de passage frontaliers où les droits de l’homme sont les plus violés. Melilla fait également partie de cette catégorie dans l’analyse de Moré.

    Pour 2017, la contrebande à Ceuta, Melilla et au Maroc avait une valeur estimée à 1 milliard d’euros par an (soit l’équivalent de la moitié de toutes les exportations déclarées de l’Espagne vers le Maroc). La gendarmerie marocaine à ces points frontaliers s’est montrée vexatoire et le massacre de Melilla, qui a fait au moins 30 morts selon des sources non officielles, confirme cette caractéristique.

    Les gouvernements espagnol et marocain affirment que plus de 500 personnes ont pris d’assaut la clôture qui sépare leurs deux pays, de la ville africaine de Nabor à Melilla. Cela a produit une irrégularité qui s’est produite auparavant, avec les mêmes conséquences violentes, bien que dans une moindre mesure.

    Sauter la clôture est courant malgré sa nature dangereuse, car elle est constituée de lames. La clôture a réussi à réduire le nombre de migrants, mais « au prix de la violation de leurs droits humains », a dénoncé en 2020 le militant Rafael Lara, l’un des responsables de l’Association andalouse des droits de l’homme (APDHA).

    De 2018 à 2019, les migrants subsahariens en Espagne ont chuté d’environ 50 %, ce qui coïncide avec une augmentation du nombre de personnes tuées sur la route migratoire. Il est fatal d’oser franchir les frontières maroco-espagnoles vers un avenir supposé meilleur dans l’Union européenne (UE).

    D’ici 2020, comme le souligne la Lara précitée, la pression exercée par les forces de police marocaines dans le nord du pays a provoqué une telle baisse des immigrés subsahariens, mais en même temps, cela permet de comprendre pourquoi un grand nombre de personnes ont tenté de franchir violemment la clôture de Melilla le vendredi 24 juin :

    « La zone a été ratissée et les migrants ont été massivement arrêtés et emmenés dans la zone sud », a assuré Lara. Cela a conduit, assure-t-il, au « démantèlement des camps de migrants près des villes autonomes de Ceuta et Melilla » où les Subsahariens se préparaient à sauter la clôture des deux villes. Précisément, à proximité de ces villes, du côté marocain, une triple clôture de barbelés a été installée, selon l’organisation, alors que le ministère de l’Intérieur espagnol a commencé à les retirer de ses frontières terrestres il y a trois mois.
    Cette pression policière a pu provoquer une crise au sein des migrants, qui a conduit à l’avalanche qui a fait l’objet d’une réponse annihilante, conformément au comportement habituel de la gendarmerie locale, comme cela a été dénoncé.

    Et, selon les rapports de mai, la baisse de l’immigration a eu un effet de rebond. L’Espagne a enregistré l’entrée irrégulière de 50 000 migrants par ses côtes, Ceuta et Melilla depuis mai 2021.

    La coercition exercée sur les migrants subsahariens s’est traduite par un nombre croissant de  » fence-jumpers  » à Melilla :

    Les dernières données de l’Intérieur sur cette question, qui correspondent aux entrées illégales en Espagne entre le 1er janvier et le 15 mars 2022, font état de 8 276 entrées, dont le dernier saut à la clôture de Melilla le 3 mars, au sujet duquel le gouvernement a manifesté sa « préoccupation ». À cette occasion, plus de 800 migrants ont traversé dans la ville autonome, l’un des chiffres les plus élevés enregistrés.
    Un communiqué signé par cinq organisations marocaines affirme que « le drame de cette triste journée est la conséquence d’une pression planifiée contre les exilés » :

    Depuis plus d’un an et demi, les personnes qui migrent vers Nador se voient refuser l’accès aux médicaments et aux soins médicaux, leurs camps sont incendiés et leurs biens volés, leur maigre nourriture détruite et même le peu d’eau potable dont ils disposent dans les camps confisqué.
    Ces expéditions punitives ont entraîné une spirale de violence des deux côtés. Une violence à condamner quelle que soit son origine, mais qui rappelle la violence systémique subie par les migrants à Nador depuis des années par les forces de l’ordre espagnoles et marocaines. Ces pratiques ont été condamnées à plusieurs reprises par des organismes nationaux, régionaux et des Nations unies.
    Le contexte du massacre de Melilla est clair : il s’agit d’une conséquence des politiques migratoires entre le Maroc et l’Espagne-UE. C’est un échec en matière de droits de l’homme, bien qu’il soit lucratif pour les trafiquants européens.

    Rappelons, par ailleurs, que l’État espagnol (un pays de l’OTAN) a décidé de reconnaître la souveraineté du Maroc sur les territoires du Sahara occidental, mettant ainsi à mal la lutte du Front Polisario pour l’indépendance et l’autonomie de ses peuples.

    Les témoignages recueillis par Público à Madrid, lors d’une manifestation en faveur de la légalisation des migrants africains en Espagne et en rejet du massacre du dimanche 26 juin, disent ne pas être « surpris » par « cette honte » tout en déplorant les événements.

    Un migrant, activiste et acteur, Thimbo Samb, a déclaré aux médias que la politique migratoire de l’Union européenne (UE) est « hypocrite, sale et éhontée » car, selon lui, les gouvernements occidentaux tentent de donner des « leçons » de respect des droits de l’homme tout en faisant « le pire », et suggère que, si l’UE veut freiner l’immigration, ce qu’elle doit faire, c’est « arrêter de piller les ressources » de l’Afrique.

    Pour l’Europe, le continent africain a été, depuis l’époque coloniale, une mine de matières premières et de main-d’œuvre esclave et semi-esclave. À propos de ce massacre, et conformément à l’histoire coloniale de l’Espagne, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a remercié les efforts de « la gendarmerie marocaine [qui] s’est engagée à fond pour tenter d’empêcher cette violente agression ».

    Ainsi, les cris d’inégalité, de précarité et de violence de l’Afrique, et par extension, de l’ensemble du Sud, sont une fois de plus réduits au silence à un moment global où le Nord (qu’il soit américain ou européen) cherche à écraser toute dissonance anti-hégémonique tout en exploitant les ressources par le pillage ou l’imposition financière.

    La main sanglante est assumée d’avance dans les couloirs migratoires de la mort d’un bout à l’autre du monde.

    Misión verdad, 27 juin 2022.

    #Marruecos #Espana #Melilla #InmigrantesAfricanos