Catégorie : Maroc

  • Maroc-Algérie : Deux pays, deux valeurs

    Algérie, Jeux Méditerranéens, Oran, Maroc, Melilla, Espagne, Migrants africains,

    On pourrait dérouler un chapelet de qualificatifs pour décrire la cérémonie d’ouverture de la 19è édition des Jeux méditerranéens à Oran, mais un seul mot suffit : beau. On s’attendait à quelque chose de pas vraiment ordinaire, selon les déclarations des organisateurs, mais les tableaux qui ont été offerts aux milliers de personnes présentes au stade « Hadefi Miloud », mais aussi aux millions de téléspectateurs, étaient tout simplement sublimes. Et on pourrait même dire assez inattendus.

    Car il faut se l’avouer, on avait quelques appréhensions de voir les choses connaitre quelques couacs, mais il n’en fût rien. Tout s’est déroulé à la perfection. Et les lumières, les jeux de scène, les danseurs, la synchronisation, les feux d’artifice, la prestation des chanteurs, des musiciens et des danseurs, tout était réglé au moindre détail. Et tout a fonctionné comme une horloge suisse. Oran dans ce premier volet de ces jeux a relevé grandement le défi et a prouvé qu’elle était une ville qui n’avait rien à envier aux grandes métropoles de la région et même du monde.

    Les participants venus de 26 pays méditerranéens étaient aux anges et profitaient de chaque instant de ce moment magique, dans un pays qui a réussi à faire planer sur tout le stade cette sensation de paix et d’ouverture, qui est au fond la pierre angulaire de la politique extérieure de l’Algérie qui milite sans relâche pour la paix dans la région et qui consacre toute son énergie pour que les conflits cessent partout où ils se déclarent.

    Et dire qu’au même moment où s’élevait dans les cieux d’Oran ce magnifique message de paix, de tolérance et de fraternité entre les peuples, à quelques kilomètres de là se déroulait un effroyable crime, où les agents du makhzen n’ont pas hésité à commettre un abject massacre contre de pauvres migrants subsahariens qui voulaient rejoindre l’enclave de Melilla. Sans aucune pitié, les policiers marocains ont massacré, tabassé et tué sans sommation plus de vingt pauvres hommes et femmes qui avaient fui les guerres et la misère dans leurs pays. Et leurs vies se sont arrêtées là, aux frontières de l’Espagne, exterminés par les exécutants des basses besognes d’un régime voyou sans foi ni loi qui a clairement fait le choix de piétiner tous les droits de l’homme. Un pays vecteur de déstabilisation et d’insécurité pour toute la région, à commencer par la région méditerranéenne.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 28 juin 2022

    #Maroc #Algérie #Espagne #Melilla #Migrants

  • Le Maroc dévoile sa haine des migrants africains

    Le Maroc dévoile sa haine des migrants africains

    Maroc, Melilla, migration, migrants africains, Sénégal, Guinée, Mali,

    Massacre de Melilla : Le Makhzen dévoile sa haine des migrants africains

    Encore une fois, le Makhzen a dévoilé au grand jour son vrai visage, barbare et sauvage qu’il est. Et comment l’être autrement lorsqu’on voit ces scènes dramatiques et criminelles mêmes, dont ont fait preuve, ce vendredi, les forces de sécurité marocaines à l’égard de centaines de migrants africains qui ont tenté de franchir les frontières espagnoles via l’enclave de Melilla. Le bilan est lourd ; environ 50 décès et des dizaines de blessés.

    Même si la version officielle indique que les victimes parmi les 2000 candidats à l’émigration illégale ont trouvé la mort dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer qui sépare l’enclave espagnole du territoire marocain, il n’en demeure pas moins que cette panique a été provoquée et accentuée par l’usage de la force démesurée de l’ordre marocains.

    Ces derniers n’ont pas hésité, en effet, à charger les pauvres subsahariens et à les massacrer, contrairement aux allégations selon lesquelles, ce sont les migrants qui ont utilisé en premiers la violence.

    Un traitement inhumain qui, au demeurant, ne surprend pas quand on sait que le Makhzen est passé, depuis plusieurs années déjà, maitre dans l’art de réprimer, à coups de bastonnades et de méthodes sauvages, violentes et meurtrières, le peuple sahraoui. Et dire que le régime marocain se permet de donner des leçons de démocratie et du respect des Droits de l’homme !

    En tous les cas, cette mascarade de Melilla intervient quelques semaines après le retour à la normale des relations entre le Maroc et l’Espagne, après une brouille qui n’a pas trop duré.

    Car si cette tentative de migrants africains de rallier l’autre côté de la Méditerranée a eu au mois de mars dernier, l’attitude des autorités marocaines aurait été sans doute autre que de massacrer les malheureux africains. Mieux ! Elles ne seraient jamais intervenues pour faire barrage au rêve des migrants de franchir les frontières.

    Souvenons-nous à ce propos les vagues d’immigrants africains qui déferlaient successivement sur la Péninsule ibérique depuis les mêmes lieux, c’est à dire Melilla, sans que les services de sécurité du Maroc et autres gardes-frontières ne bronchent le petit doigt.

    Il était clair que le régime de Mohamed V utilisait cette carte, entre autres, comme moyen de pression, voire de chantage en direction de l’Espagne en raison de sa position sur la question sahraouie. Une sorte de représailles pour amener les espagnols à faire machine arrière et à lâcher le Sahara Occidental, dont le président Brahim Ghali a d’ailleurs été accueilli, à cette époque-là, en Espagne pour des raisons de santé (Covid-19). Une décision que les marocains ont très peu gouté.

    Il n’en fallait pas plus au Makhzen pour déclencher les hostilités et accentuer la pression par des moyens, le moins que l’on puisse dire, est qu’ils étaient, au mieux, peu orthodoxes, au pire, machiavéliques.

    Résultats des courses ; le gouvernement de Pedro Sánchez a fini par craquer et, surtout, se plier aux exigences et au chantage du régime marocain à travers notamment le revirement de la position espagnole dans le dossier du Sahara occidental et son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc.

    À propos de Sanchez, notez, sans surprise du reste, qu’il s’est empressé de saluer cette bastonnade et qualifié la coopération marocaine en matière migratoire de Rabat ‘’d’extraordinaire’’.

    Satisfait et comblé par cette volte-face espagnole, le Makhzen est redevenu naturellement ami de l’Espagne, docile et serviable particulièrement. Pour preuve, il n’a pas hésité à massacrer jusqu’à la mort les migrants africains pour les empêcher de rejoindre l’eldorado européen alors que trois mois auparavant, il a laissé faire leurs frères et fermé les yeux sur les mêmes tentatives d’immigration clandestine. Mais il est vrai que le régime marocain a toujours fonctionné au gré des vents…

    Fil d’Algérie, 25 juin 2022

    #Espagne #Maroc #Melilla #Migration #SaharaOccidental #Sénégal #Guinée #Mali

  • Un Français réfugié politique!

    Un Français réfugié politique!

    France, Maroc, Zakaria Moumni, Canada, asile politique, Abdellatif El Hammouchi, DGST, Pegasus, espionnage,

    L’asile politique accordé à un compatriote au Canada ? Ce n’est pas de la politique-fiction, mais bien la toute récente conclusion des aventures rocambolesques de Zakaria Moumni. Le pays de l’érable a accordé le statut de réfugié à ce dernier pour qu’il échappe au harcèlement de la police marocaine, qui le traquait jusque dans l’Hexagone.

    Le Monde (17/6) a relaté l’événement, mais « Le Canard » a révélé et relayé, depuis plus de dix ans, cette histoire mettant en scène un roi, un président, des ministres, un chef des services secrets, des juges, des tortionnaires et… un ring de boxe.

    Lettre envoyé par Zakaria Moumni au roi du Maroc pour revendiquer son droit à la fonction publique

    Ex-champion du monde de kickboxing, Moumni, alors franco-marocain, a la mauvaise idée, en 2010, de réclamer l’application d’un dahir (décret9 royal permettant aux sportifs médaillés d’or de devenir fonctionnaires des Sports. Econduit par Mounir El Majidi, le puissant secrétaire du monarque, il est arrêté peu de temps après, accusé par deux complaisants Marocains d’escroquerie à 2800 euros. Détenu quatre jours au centre secret de Témara, non loin de Rabat, il y est torturé puis passe dix-huit mois à la prison de Rommani.

    Libéré sur grâce royale, il gagne la France. Là, il dit reconnaître, à la télé, l’un de ses tortionnaires de Témara. Problème : il s’agit d’Abdellatif El Hammouchi, le chef des services secrets (DGST) marocains. La plainte de Moumni est examinée par une juge parisienne du pôle crimes contre l’humanité qui, en février 2014, adresse une convocation à Hammouchi. Brouille diplomatique entre Rabat et Paris ! Le roi Mohammed VI (dont le Premier ministre est islamiste) en prendra prétexte pour boycotter la marche en hommage aux victimes de « Charlie Hebdo ».

    Espion à l’écoute

    Dès lors, il faudra quelques concessions de François Hollande et la signature d’une ahurissante convention judiciaire pour calmer le jeu. Révélé par « Le Canard », ce texte lunaire permet, par exemple, au présumé responsable marocain d’un crime contre un Français de ne pas être inquiété s’il lui prend l’idée de se rendre dans l’Hexagone…

    Moumni, lui, ne cesse de recevoir des intimidations (appels nocturnes, envoi de photos pornos truquées) et des menaces de mort. Après une tentative d’agression au couteau, à Nancy en 2016, il s’estime trop peu protégé par les autorités françaises et décide de s’exiler au Canada. « J’ai renoncé à la nationalité française, pas à la France, mon pays de cœur », explique-t-il au Canard.

    Depuis, le célèbre Hammouchi a été rattrapé par l’affaire Pegasus : Il avait mis sur écoute nombre de personnalités marocaines et françaises. Quand on aime…

    J.-F. J.

    Le Canard Enchaîné, 22 juin 2022

    #Maroc #France #Canada #ZakariaMoumni #ElHammouchi #DGST #Asilepolitique

  • Maroc : Momo 6 passé au vitriol

    Maroc : Momo 6 passé au vitriol

    Maroc, Mohammed VI, Le Grand malentendu,

    Un livre au vitriol sur les dix ans de règne de Mohammed VI, signé par le cofondateur du plus grand hebdo marocain. Savoureux menu… Encore un peu relevé par le refus du Journal Hebdomadaire d’en publier les bonnes feuilles.

    Les plumitifs du royaume enchanté qui se vouent aveuglément à la défense de Mohammed VI et du makhzen marocain ne pourront pas crier à l’ingérence étrangère. Cette fois, c’est un journaliste marocain qui s’attaque à la citadelle royale.

    Co-fondateur avec Aboubakr Jamaï du grand hebdo indépendant Le Journal Hebdomadaire, Ali Amar, 42 ans, publie ce mercredi chez Calmann-Lévy, Mohammed VI, le grand malentendu.

    Peu amène, cet ouvrage tire le médiocre bilan des dix premières années de règne du fils de Hassan II et passe en revue différentes affaires qui ont égayé les débuts du jeune souverain : les petits week-ends en amoureux de Nicolas et Carla Sarkozy chez un Mohammed VI qui a mis à leur disposition son « petit palais de Jnane Lakbir, niché dans la Palmeraie » de Marrakech, le renvoi de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, l’assassinat du maître-chanteur Hicham Mandari, la pittoresque affaire de Talsint où le roi a cru que l’on avait trouvé du pétrole au royaume enchanté… Mais aussi des descriptions précises des dérives de l’entourage du monarque, sans oublier Lalla Selma, la rousse épouse de Mohammed VI. Bonnes feuilles.

    Psychodrame au Journal Hebdomadaire

    Grosse surprise dans les kiosques marocains le vendredi 24 avril. Les bonnes feuilles du livre d’Ali Amar qui devaient figurer dans le Journal Hebdomadaire n’y sont pas. Alors que le tout Rabat-Casa jase sur le pourquoi du comment de cette absence, Bakchich a joint les différents protagonistes de cette affaire qui livrent leur version des faits.

    Omar Brouksy, rédacteur en chef du Journal Hebdomadaire : « Il était prévu de passer des bonnes feuilles du livre d’Ali Amar ainsi qu’une interview de l’auteur que nous avons réalisée. Puis Fadel Iraki (principal actionnaire du Journal Hebdomadaire) et Aboubakr Jamaï (co-fondateur du Journal et ancien directeur de la publication) m’ont téléphoné et m’ont dit que si c’était un livre sur le régime, l’un des principaux acteurs de l’ouvrage était le Journal Hebdomadaire. Ils m’ont dit que des gens leur (aux responsables du Journal) avait fait confiance en leur racontant des choses en “off” et que ces choses se retrouvaient maintenant dans le livre d’Ali Amar. Mais aussi que si le Journal publiait les bonnes feuilles, cela revenait à cautionner cette méthode de faire. J’étais libre de publier ou non les bonnes feuilles et j’ai pris la décision de consulter la rédaction. Après débat, nous avons alors décidé de ne rien sortir ».

    Aboubakr Jamaï, co-fondateur du Journal Hebdomadaire et ancien directeur de la publication qui réside aujourd’hui aux Etats-Unis : « J’ai fortement recommandé la non-publication des bonnes feuilles du livre d’Ali Amar dans le Journal Hebdomadaire. Je ne voulais pas prendre position maintenant car il y avait des problèmes d’angle éditorial. On a reçu le livre trop tard pour réagir proprement. »

    Ali Amar, co-fondateur du Journal Hebdomadaire, ancien directeur général et auteur de l’ouvrage Mohammed VI, le grand malentendu : « Jamais je n’ai pensé que l’on me ferait ce que l’on me fait en me jetant dans la fosse aux lions. Jamais ! Je n’ai pas lâché les sources qui nous avaient révélé des informations. Je témoigne de choses que j’ai vécues personnellement. C’est différent. C’est par exemple le cas de l’épisode où Aboubakr et moi rencontrons Edwy Plenel alors directeur de la rédaction du Monde, à Paris. Plenel ne s’était pas exprimé sous le sceau du secret et, pendant l’écriture du livre, j’ai téléphoné à Aboubakr pour vérifier avec lui que Plenel nous avait bien dit à tous les deux qu’André Azoulay (conseiller de Hassan II puis de Mohammed VI) avait bien dit du jeune roi que le Monde voulait interviewer : « n’y pensez pas, Edwy, ce jeune homme est ingénu. ».

    Voilà qui promet de beaux débats dans les jours qui suivent…. La question est maintenant de savoir comment le Journal traitera du livre (ou ne traitera pas) de son co-fondateur et ancien directeur général. La réponse sans doute le vendredi 1er mai.

    Très riche roi des pauvres

    D’emblée, Ali Amar dresse un portrait carabiné du roi Mohammed VI et de son penchant pour la fête avec les people.

    « Samedi 2 novembre 2002 à Marrakech. C’est le pic de saison pour La Mecque du tourisme marocain après les longs mois d’accalmie qui ont suivi le 11-septembre, mais les hôteliers et les restaurateurs font grise mine. Sur ordre des autorités, comme à l’accoutumée, tous les débits de boisson baissent leur rideau aux musulmans : dans quelques jours c’est ramadan. Un tunnel d’un mois qui grève leur chiffre d’affaires, surtout lorsque le calendrier de l’Hégire le fixe en automne.

    Vers 21 h 30, pourtant, à un jet de pierre du célèbre palace La Mamounia, dans la rue qui abrite Le Comptoir, un lounge-bar à la mode, l’ambiance n’est pas à la piété. De rutilantes limousines escortées de motards, tous gyrophares tournoyants, déversent dans un ballet incessant près de 300 convives aux portes de ce haut lieu de la vie nocturne marrakchie.

    Ce soir, la jet-set internationale est invitée par P. Diddy, la star du rap américain, qui a choisi le Maroc pour souffler ses 33 bougies. Sont arrivés à bord de deux avions spécialement affrétés de New York et de Paris par la Royal Air Maroc : Naomi Campbell, Ivana Trump, Tommy Lee Jones, Joey Starr ou encore Gérard Depardieu. De nombreux artistes de la scène musicale new-yorkaise dont les chanteurs Usher ou Billy Crawford ont également fait le déplacement pour trois jours et trois nuits de libations à l’orientale. Coût de l’anniversaire : un million de dollars, selon la très people « Page Six » du New York Post et le tabloïd anglais The Sun, qui affirmeront que la somme pour régler la note salée provenait de la cassette personnelle de Mohammed VI.

    L’information est relayée par toutes les gazettes mondaines de la planète et devient vite incommodante pour le jeune roi que l’on voit à la veille du mois sacré distribuer lui-même, à grand renfort de propagande, la soupe populaire aux nécessiteux du royaume. L’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze, ordonnateur de ces soirées dignes des Mille et une nuits, est appelé à la rescousse.

    Il dira benoîtement qu’il a organisé lui-même ces festivités à travers Kissman Events, la société d’événementiel qu’il a créée au Maroc à cette occasion. Plus cocasse encore, son agent Jean-Pierre Domboy affirmera qu’en réalité l’opération n’a été possible que « grâce à une conjonction de partenaires comme l’office marocain du tourisme, la compagnie Royal Air Maroc, de grands palaces de Marrakech, ainsi que la chaîne de supermarchés Marjane ». Une bien fortuite conjonction de grandes entreprises publiques et de l’enseigne de grande distribution qui appartient à un holding royal.

    Toujours est-il qu’officiellement, le roi Mohammed VI n’a en aucun cas offert quoi que ce soit sinon, toujours selon l’agent de Jamel Debbouze, « l’utilisation d’une quinzaine de voitures avec chauffeurs, attachés au Palais ». L’intention de Jamel, « qui s’implique de plus en plus dans la promotion de l’image de son pays d’origine, était de faire découvrir à P. Diddy et à ses amis américains la beauté du Maroc, le sens de l’hospitalité et de la fête de ses habitants et surtout de leur montrer qu’un pays musulman pouvait être tout à fait fréquentable ».

    En réalité, le rétropédalage de Debbouze cache mal la gêne du Palais qui s’efforce depuis l’accession de Mohammed VI au trône en 1999, de façonner au souverain une image de « roi des pauvres » en rupture avec la magnificence médiévale de Hassan II. Des photos de paparazzi parues dans la presse, qui le montraient, alors prince héritier en jean et baskets, un paquet de Marlboro à la main, faisant ses emplettes dans les beaux quartiers de Paris, avaient déjà valu à sa garde rapprochée de sévères remontrances. Les débuts de son règne semblaient pourtant confirmer cette volonté du jeune roi de vivre au diapason de son peuple : plus modestement. »

    (…)

    « le train de vie de sultan des temps modernes mené par Mohammed VI ne peut plus être tenu secret. Chaque année, le budget de l’État alloué à la monarchie s’élève à près de 300 millions d’euros. On y décompte les « listes civiles » qui comprennent notamment le salaire du chef de l’État (environ 36 000 euros par mois) ainsi que les indemnités que perçoit sa famille proche dont le détail reste confidentiel, atteignant 2,5 millions d’euros par an.

    Cependant, l’essentiel des dépenses du monarque provient d’à-côtés budgétaires pharaoniques destinés à entretenir sa cour et ses proches collaborateurs (un millier de salariés qui n’engloutit pas moins de 160 millions d’euros chaque année). Des rallonges qui sont prestement votées par consentement tacite des élus de la Nation au pouvoir bien limité.

    Le budget de fonctionnement de la maison royale – réparti en frais de personnel, frais de bouche, frais de déplacement, de téléphone, d’entretien des palais et de subventions diverses – représente plus de 2 % des dépenses totales de l’État. Il a augmenté de plus de 40 % depuis 2000. Il dépasse l’enveloppe allouée à la Justice, par exemple, et représente plus de vingt-cinq fois celle du Premier ministre et de son cabinet, réduit à la portion congrue et de facto à la figuration.

    Les dépenses somptuaires du Palais, décuplées par le grand apparat de son protocole, atteignent des sommets pour chacune des coquetteries voulues par le roi. Mohammed VI dilapide par exemple 40 millions d’euros par an en frais de voyages, 1 million pour la nourriture des animaux du Palais, 6 millions pour le renouvellement de son parc automobile, près de 2 millions en dépenses vestimentaires chez les grands couturiers comme Gianfranco Ferre ou des stylistes en vogue comme Holland and Sherry, qui a annoncé en 2008 sur le site stv.tv que le roi faisait partie des 18 personnalités à lui avoir commandé l’habit le plus cher au monde : un costume en laine de lama des Andes pour la coquette somme de 35 000 livres sterling. La marque qui habille les grandes stars comme George Clooney et Tom Cruise précisait que le vêtement de Mohammed VI nécessitait un travail de dix-huit mois pour sa confection.

    Des chiffres qui donnent évidemment le vertige dans un pays où le salaire minimum ne dépasse pas les 200 euros. »

    Les deux têtes de Janus

    Au menu de ce chapitre, la description des relations entre deux personnalités proches de Mohammed VI : les sieurs Fouad Ali el Himma et Mounir Majidi. Les deux hommes se livrent un combat de titans pour le pouvoir et l’oreille du souverain.

    « Depuis que Mohammed VI est roi, les parcours fulgurants des deux hommes résument à eux seuls la « nouvelle ère ». Deux personnalités, devenues en dix ans les plus influentes du Maroc, qui n’ont presque aucun point en commun, sinon celui de vouloir être au plus près de Sa Majesté. Ils personnalisent deux archétypes de cette « Génération M6 », mais surtout deux versants d’un même pouvoir, dont le roi a lui-même tracé les contours : El Himma à la politique et à la sécurité en tant que ministre délégué de l’Intérieur, Majidi au business et à la gestion de la fortune royale en tant que chef du secrétariat particulier du roi.

    Depuis qu’ils se sont hissés au pinacle du pouvoir, ces deux confidents de Mohammed VI font mine de respecter ce jeu de rôle, mais, à chaque faiblesse de l’un ou de l’autre, leur guerre d’usure laisse jaillir des étincelles. En coulisses, leur combat n’a pas repris : il ne s’est jamais interrompu. « Arrêter de surveiller l’autre serait déjà une erreur, cesser de s’en méfier, une faute », commente un habitué du sérail.

    Les quelques patrons invités à la cène d’Elalamy qui abordent ce sujet en discrets conciliabules ont des raisons de s’inquiéter : ils font partie du clan Majidi, formaté autour des holdings royaux et du patronat. Et Majidi est de nouveau au centre de plusieurs polémiques qui pourraient favoriser ceux d’en face, affidés à l’aile sécuritaire du Palais.

    Déjà en 2004, lorsque se préparait la relève au sein du patronat, El Himma avait saisi l’occasion d’avancer ses pions dans le pré carré des hommes d’affaires, soutenu en cela par le tour de vis sécuritaire donné au pays au lendemain des attentats sanglants du 16 mai 2003 à Casablanca, la capitale économique du royaume.

    El Himma avait profité de l’événement pour accuser publiquement les grands patrons de la ville de ne pas suffisamment investir afin de stimuler l’économie marocaine, de réduire le chômage et ce faisant d’éradiquer la misère des banlieues, terreau fertile de l’islamisme radical. Il empiète alors sur le domaine réservé de Majidi, qui lui aussi veut contrôler à sa manière le patronat en y plaçant ses fidèles alliés. Parce qu’il s’agit de menace terroriste, parce que la sécurité nationale est en jeu, l’incursion d’El Himma sera tolérée par Mohammed VI.

    Un geste qui sera très médiatisé et qui rappelle une vérité toute simple : dans la hiérarchie du pouvoir marocain, il n’y a pas de place pour deux vice-rois en période de crise. « Comment, dans ces conditions, parler d’attelage efficace destiné à secouer l’immobilisme du gouvernement ? », s’interroge la presse, qui critique cette polarisation du pouvoir autour du roi et qui ne crée que tensions et scandales à répétition.

    Cette fois, le fer est croisé au cœur du business de Mohammed VI. Une violente controverse vient d’éclater autour du débarquement précipité de Khalid Oudghiri, un ancien cadre de la BNP promu au poste de P-DG d’Attijariwafa Bank, la banque contrôlée par les holdings du roi. Yassine Mansouri, le patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), le service de contre-espionnage marocain, est destinataire en décembre 2006 d’une missive confidentielle de ses homologues français. La France, première partenaire économique du royaume, s’inquiète de voir malmenés ses intérêts au Maroc.

    Mohammed VI est immédiatement informé. On ne saurait obscurcir le ciel dégagé des relations privilégiées avec Paris, alors que le soutien de l’Élysée et du Quai d’Orsay est si crucial sur le dossier du Sahara occidental. El Himma y voit une opportunité de porter l’estocade à son rival.

    Une réunion extraordinaire est organisée au ministère de l’Intérieur en janvier 2007, à laquelle sont convoqués Majidi et ses lieutenants : Hassan Bouhemou, le patron de Siger (anagramme de Regis, « roi » en latin), holding du souverain qui contrôle l’Omnium Nord-Africain (ONA) et Attijariwafa Bank, Saâd Bendidi, à l’époque P-DG de l’ONA, et Khalid Oudghiri, le P-DG d’Attijariwafa Bank.

    En face d’eux, El Himma aligne Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur, par ailleurs un ancien de l’ONA, et Yassine Mansouri, le chef des services secrets. La réunion est houleuse, mais au sein du clan Majidi, Oudghiri laisse entrevoir des positions opposées sur la stratégie de la banque vis-à-vis de l’ONA et de ses partenaires français, notamment AXA et Auchan avec qui la guerre est ouverte.

    Oudghiri sera invité à s’exprimer plus librement à huis clos lors d’une deuxième rencontre avec les « sécuritaires ». À cette occasion, il s’opposera à l’idée de mettre la banque qu’il dirige au seul service des intérêts du roi. L’hostilité à l’égard des intérêts économiques de la France est pour lui une hérésie.

    El Himma boit du petit-lait et s’empresse de s’en ouvrir à Mohammed VI qui attend des explications. Mais l’omerta qui règne au Palais veut que rien ne filtre, l’affaire devra rester secrète. Elle sera tranchée par le limogeage d’Oudghiri sans autre forme d’explication, Majidi préférant sacrifier un pion sur l’échiquier pour que les querelles sur les affaires royales ne soient pas rendues publiques, surtout lorsqu’elles se télescopent avec des enjeux diplomatiques.

    Pire, alors que Oudghiri quitte le Maroc des mois plus tard pour prendre la direction d’une banque saoudienne, il sera accusé de malversations et de mauvaise gestion d’Attijariwafa Bank, au point qu’il fera appel pour sa défense à Me Vergès, le ténor du barreau parisien, pour se prémunir de la vengeance du clan Majidi qui ne lui a pas pardonné sa traîtrise. »

    Génération M6

    Tout au long de son livre, Ali Amar égrène plusieurs révélations sur l’histoire du Journal Hebdomadaire comme cet épisode concernant l’ancien Premier ministre Driss Jettou.

    « Dans sa villa du Val d’Anfa à Casablanca, Driss Jettou me reçoit avec le sourire, ce 25 juillet 2008. Je n’avais pas vu l’ancien Premier ministre depuis des années. Le sujet pour lequel je souhaitais le rencontrer devient presque secondaire lorsqu’il se met à égrener des souvenirs communs. « Tu ne sais pas à quel point je vous ai défendu lorsque j’étais aux affaires. Tout le monde voulait votre peau, des gens au Palais bien sûr, mais plus encore chez les socialistes. Parfois, le Conseil du gouvernement faisait de votre cas une obsession. Ça n’a pas été de tout repos, crois-moi. » Je veux bien le croire en effet.

    2 décembre 2000, Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre socialiste à l’époque, entérine la mort du Journal. Je suis attablé avec Aboubakr Jamaï, Fadel Iraki et l’un des enfants de Mehdi Ben Barka à la terrasse d’un café du XVIe arrondissement à Paris lorsque nous apprenons la nouvelle. Nous décidons de rester en France encore quelques jours pour organiser notre contre-attaque, car cette fois-ci la bataille sera encore plus rude et nous savons que notre meilleure défense est notre exposition à l’opinion internationale.

    L’interdiction de l’hebdomadaire coïncide avec la tenue au Maroc du premier congrès de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans un pays non démocratique. Dans son communiqué de protestation, la FIDH fait remarquer à Youssoufi les contradictions de sa décision. Il prétend la prendre dans « sa conviction de renforcer les espaces de liberté », alors même qu’il a utilisé le fameux article 77 du code de la presse qui a servi pendant des décennies à censurer son propre parti lorsque celui-ci était dans l’opposition. Le satisfecit que voulait donner cette puissante organisation au royaume en organisant son congrès à Casablanca pour la transition vers un État de droit dans laquelle il semblait s’être engagé va tourner à la catastrophe médiatique.

    Driss El Yazami, l’ancien opposant du régime et cheville ouvrière de la FIDH, se sent floué par cette décision liberticide. À notre retour de Paris, il invite Aboubakr Jamaï à la tribune du Congrès. Face aux caméras du monde entier, après un discours percutant, le jeune patron du Journal annonce sa décision d’entamer sur-le-champ une grève de la faim illimitée afin d’obtenir l’autorisation de ressusciter sa publication.

    Les débats prévus sur les avancées en matière de droits de l’homme sous Mohammed VI paraissent dès lors désuets. Youssoufi, qui avait quitté la salle avant l’intervention de Jamaï, est décrédibilisé. Ce scénario inattendu au Palais va le contraindre à reconsidérer sa position, surtout qu’une campagne de presse à l’internationale se fait de plus en plus l’écho de la fin du « printemps marocain ».

    Fouad Ali El Himma, en retrait depuis le début de la crise, reprend langue avec Fadel Iraki, l’actionnaire principal du Journal. Le rendez-vous aura lieu à Marrakech, alors que Jamaï, cloîtré depuis presque une semaine dans son bureau où il a installé un lit de camp, reçoit sans interruption les médias et enchaîne les conférences de presse jusqu’à épuisement.

    La mobilisation est à son comble, alors que l’État et sa justice se confondent dans des explications juridiques surréalistes pour justifier leur refus d’autoriser Jamaï à lancer un nouveau titre. Le parquet de Casablanca, censé donner ce sésame sur simple présentation d’un dossier, conformément au code de la presse, joue la montre en arguant que des pièces administratives n’ont pas été produites, sans pour autant préciser lesquelles.

    Alors en route pour Marrakech, Fadel Iraki reçoit un coup de téléphone de son ami Abderrahim Lahjouji, le patron de la CGEM, l’équivalent marocain du MEDEF, avec qui il s’était entretenu durant la journée. Il lui demande de faire demi-tour d’urgence et de le retrouver à son bureau privé de la rue d’Alger.

    Là, la surprise est de taille : Driss Jettou, alors conseiller du roi, l’y attend. Iraki m’appelle pour assister à la rencontre. L’échange est cordial, mais quelque peu tendu. Lahjouji y met beaucoup du sien, explique au conseiller les retombées néfastes de l’affaire et étale sous ses yeux les articles du Monde, du Figaro et de Libération qui parlent d’un retour aux années sombres. Jettou se tourne vers moi et me dit : « Écoute, je sais que tu es un garçon raisonnable. Le pays est lynché, demande à ton ami d’arrêter au moins sa grève de la faim et je te promets de solutionner le problème dans l’heure qui suit. Si vous faites ça, je vous invite tous les trois à dîner ce soir autour d’un tajine de poulet au citron. »

    Ce à quoi je réponds que, si Jamaï reçoit son autorisation avant la fin de la journée, nous serions honorés d’être invités à sa table. Au même moment, nous apprenons qu’ordre a été donné au procureur du tribunal de première instance de Casablanca de remettre en mains propres à un Jamaï triomphal son sésame.

    Jettou appelle alors El Himma de son portable et lui annonce avec satisfaction : « On a gagné ! » Nous dînerons alors le soir même autour du tajine promis au domicile de Lahjouji. Au dessert, Jettou aura cette phrase terrible : « Vous devez savoir qu’au Palais, on ne lit pas tous vos articles dans le détail. On s’arrête souvent sur un titre qui dérange, une formule, mais le sens général n’est pas souvent compris. Vous n’avez pas affaire à des intellectuels. »

    Pour garder la face, le procureur du roi sera dépêché sur le plateau de télévision de la chaîne 2M pour annoncer que Le Journal a finalement produit les pièces manquantes imaginaires. Le publicitaire Nourredine Ayouch, un proche du Palais, était passé opportunément à l’administration du Journal pour demander une copie du dossier initial, remis un mois plus tôt au procureur. Il ira le déposer au greffe du Tribunal, offrant ainsi à l’État le prétexte officiel pour céder à la pression médiatique. »

    Mohammed VI, Le grand malentendu. Dix ans de règne dans l’ombre de Hassan II. Par Ali Amar. Ed. Calmann-Lévy.

    #Maroc #MohammedVI

  • Le conflit algéro-marocain s’étend comme une tache d’huile

    Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Maghreb, Etats-Unis, Israël, Grand Maroc, espionnage, Pegasus,

    Le Maghreb reste soumis à la tension entre Alger et Rabat, qui a définitivement compromis l’intégration régionale. Plus grave encore, elle tient en otage de nombreux États de la région.
    KHADIJA MOHSEN-FINAN

    Le conflit entre l’Algérie et le Maroc ne date pas d’hier. Au départ, il s’agissait d’une frontière conçue par la France et beaucoup plus favorable à l’Algérie. Le Maroc s’est senti lésé et, dès 1956, a revendiqué une partie de ce territoire, arguant qu’il faisait partie du « Maroc historique ». Ferhat Abbas, président du gouvernement provisoire de la République algérienne, ne s’y oppose pas, mais rencontre Hassan II en juillet 1961, et les deux signent un accord dans lequel ils s’engagent à renégocier le statut de la partie occidentale de l’Algérie une fois le pays devenu indépendant. Mais au moment de l’indépendance, un an plus tard, et avant même la ratification de l’accord, la coalition dirigée par Ben Bella, soutenue par l’Armée de libération nationale (ALN), expulse Ferhat Abbas du gouvernement et refuse de restituer le territoire qui, selon la formule approuvée, avait été « libéré avec le sang de tant de martyrs ».

    Hassan II s’est senti trahi, et dès lors, une rivalité sourde est née entre deux classes politiques, algérienne et marocaine, qui s’étaient auparavant montrées solidaires dans la lutte pour mettre fin à la colonisation française. Ben Bella veut se présenter comme le garant de tout le territoire hérité de la colonisation française, tandis que le Maroc se sent enfermé dans son territoire, beaucoup plus petit que celui de son voisin. Hassan a ensuite présenté la carte du Grand Maroc, conçue par le parti de l’Istiqlal, qui vise à faire comprendre que les frontières du Maroc sont définies en fonction de la loyauté manifestée au Sultan du Maroc à travers les âges. Entre les terres acquises avec  » le sang des martyrs  » et l’accent mis sur les droits historiques, s’amorce une longue confrontation entre deux conceptions du territoire, du droit et de l’histoire, avec l’opposition entre deux États et deux systèmes politiques radicalement différents dans le contexte international de la guerre froide : l’Algérie, proche de l’Union soviétique, et le Maroc, libéral et ouvertement porté vers les États-Unis et le monde occidental.

    À partir de 1975, le soutien de l’Algérie au Front Polisario, le mouvement indépendantiste né deux ans plus tôt pour récupérer l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, aggrave la tension déjà permanente entre Alger et Rabat. En d’autres termes, deux conflits se sont ajoutés et superposés : entre Alger et Rabat pour le leadership dans la région et celui du Sahara occidental, dernier conflit de décolonisation sur le continent africain. Ce mélange des deux conflits a rendu le conflit du Sahara impossible à résoudre, et en 1991, l’ONU a été chargée de trouver une solution.

    Le référendum d’autodétermination pour décider qui a la souveraineté sur le Sahara occidental, que le Front Polisario et l’Algérie souhaitaient et que le Maroc a accepté en 1981, est désormais impossible à organiser. Le Maroc ne voit aucune raison de risquer de perdre la souveraineté qu’il exerce déjà depuis 1975 sur 80 % du territoire sahraoui en le soumettant à une consultation ; d’abord parce qu’il ne reconnaît pas l’identité sahraouie. Depuis 2007, Rabat propose une autonomie au sein d’un Maroc souverain, mais l’autre partie rejette cette proposition.

    L’incapacité de l’ONU à résoudre ce conflit, faussé par le différend algéro-marocain, a conduit à la paralysie. Les deux parties belligérantes, chacune à sa manière, ont tenté de contourner le processus des Nations unies. Le Front Polisario a lancé une bataille juridique contre l’exploitation et la commercialisation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental. Par deux fois, en 2016 et 2018, la Cour européenne de justice lui a donné raison. Cependant, Rabat, grâce à sa capacité à faire pression sur la Commission européenne, a réussi à renégocier l’accord de pêche qui avait été invalidé après l’arrêt de la Cour européenne.

    Pour sa part, le Maroc utilise une stratégie différente. Son plan pour contourner l’ONU est d’amener le plus grand nombre possible d’Etats à reconnaître le Sahara Occidental comme marocain. Après avoir obtenu la reconnaissance de plusieurs États africains, il a remporté une victoire majeure en décembre 2020, lorsqu’il a signé un accord avec Donald Trump stipulant que Rabat normaliserait ses relations avec Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le soutien inconditionnel de Washington à Rabat sur une question aussi sensible a déséquilibré la relation entre le Maroc et l’Algérie et introduit un nouvel acteur au Maghreb : Israël.

    Ce double parrainage américano-israélien transforme la situation régionale et donne le dessus à Rabat. L’Algérie, face à l’agressivité de ces grands bailleurs de fonds, a adopté une posture défensive en disant : « Nous avons le Mossad à nos portes ». La révélation de l’utilisation par le Maroc du logiciel d’espionnage Pegasus donne raison à l’Algérie : 6 000 numéros de téléphone algériens ont été espionnés, dont ceux de membres de la classe politique.

    Le fait que la stratégie de Rabat ait porté ses fruits a encore irrité Alger. L’Allemagne, les Pays-Bas et l’Espagne ont reconnu que le plan d’autonomie proposé par le Maroc est sérieux et représente la meilleure issue possible à un conflit qui n’a que trop duré.

    Alger a réagi au succès du Maroc en utilisant son arme principale, le gaz. Le contrat entre Sonatrach et l’Organisation nationale de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) du Maroc, qui devait expirer fin octobre, n’a pas été renouvelé, et Madrid a reçu l’ordre de ne pas revendre de gaz algérien au Maroc. Mais l’Algérie va encore plus loin et, pour punir l’Espagne de son soutien au Maroc, a gelé le traité d’amitié et de coopération hispano-algérien signé en 2002.

    Plus de 60 ans se sont écoulés depuis l’indépendance, et le Maghreb est toujours soumis à la tension entre Alger et Rabat, qui a définitivement compromis l’intégration régionale. Plus grave, elle prend en otage de nombreux Etats de la région et laisse le Maghreb en marge des grandes dynamiques des relations internationales.

    La guerre en Ukraine a mis en évidence l’anachronisme de ce différend. Les autorités des deux pays partagent les vues de Vladimir Poutine sur de nombreuses questions. Comme lui, ils pensent que le pouvoir reste sur le territoire. Lorsqu’ils s’arment de manière aussi disproportionnée et se menacent mutuellement, ils démontrent qu’ils pensent que la guerre n’est qu’une affaire de deux États et qu’elle n’affecte pas la société. Et ils croient que les alliances sont durables, alors qu’aujourd’hui elles ne sont que temporaires, autour de problèmes spécifiques.

    Khadija Mohsen-Finan est politologue et spécialiste du Maghreb.

    Traduction de María Luisa Rodríguez Tapia.

    El Pais, 13 JUIN 2022

    #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Maghreb #Israël #EtatsUnis #Pegasus #Espionnage

  • Laya : « Sanchez et ses ministres étaient mis sur écoute »

    Laya : « Sanchez et ses ministres étaient mis sur écoute »

    Arancha Gonzalez Laya, Espagne, Pedro Sanchez, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, espionnage, Pegasus,

    Malgré les preuves de l’implication du Maroc via le logiciel espion Pegasus dans le piratage des téléphones de responsables espagnols, le gouvernement de Pedro Sanchez, tente d’absoudre le Maroc auquel il a offert le soutien à son plan d’autonomie des territoires espagnols, abandonnant la position de neutralité défendue par l’Espagne depuis son retrait du Sahara occidental. Les faits sont têtus et les révélations de membres de l’ancien gouvernement versent toutes dans l’implication du Maroc dans le piratage des téléphones de certains responsables espagnols durant le pic de la tension entre Madrid et Rabat et le séjour du président sahraoui dans un hôpital ibérique pour des soins.

    Dans sa dernière livraison, le quotidien espagnol « El Périodico de Espana » a repris des révélations de l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzales Laya, qui avait accusé le Maroc d’espionner son téléphone via le logiciel espion Pegasus. Dans ses déclarations au journal elle a affirmé : « c’est au moment de la crise entre Rabat et Madrid qu’on a découvert qu’un agent extérieur avait volé des informations à Sánchez et à ses ministres. Les dates coïncident avec l’offensive marocaine contre l’Espagne pour les soins de santé du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, et la vague migratoire vers la côte de Ceuta, parrainée par Rabat ».

    L’ancienne ministre a assuré qu’elle a fait l’objet d’espionnage, chose que l’actuel gouvernement espagnol n’a toujours pas voulu admettre. Plus explicite, elle affirmera que des ministres de l’actuel gouvernement avaient fait part de l’intrusion de leurs téléphones par un agent extérieur qui ne pouvait être que le logiciel espion Pegasus, mais par calcul politicien le chef du gouvernement refuse de reconnaître.

    Malgré toutes les preuves qu’elle avait apportées, la porte-parole du gouvernement, Isabel Rodríguez, a justifié mardi le refus du gouvernement de poursuivre les enquêtes sur ces ingérences estimant qu’il n’était pas établi qu’elles soient l’oeuvre du logiciel espion Pegasus. Par ailleurs, selon le quotidien « El Pais », la cheffe de la diplomatie espagnole de l’époque a été informée par les services secrets que son portable avait été attaqué, les techniciens ont confirmé l’intrusion, mais ils n’avaient pas déterminé quel était le programme qui avait provoqué la contamination. Le fait qu’à l’époque il n’a pas été déterminé que c’était avec « Pegasus », n’est pas une preuve de l’innocence du Maroc qui dispose de cette technologie acquise auprès d’Israël.

    Mais les faits ont prouvé par la suite que les services marocains ont bel et bien espionné des responsables étrangers, espagnols, français (même Emmanuel Macron) et de plusieurs autres pays d’Europe et d’Afrique. Cette affaire et malgré toutes les tentatives de l’actuel gouvernement de Madrid de la passer sous silence est revenue aux devants de la scène puisqu’on vient d’apprendre que mardi, le juge du tribunal national José Luis Calama a levé le secret du résumé dans l’affaire d’espionnage et a convoqué le ministre de la Présidence, Félix Bolaños, pour une déposition comme témoin le 5 juillet prochain. C’est dire que malgré les tentatives de Madrid et Rabat de passer outre des révélations qui pourraient assombrir leur lune de miel, les révélations du quotidien, El Périodico de Espana » sont venus rappeler à Pedro Sanchez le chef du gouvernement espagnol qu’il risque de payer très cher l’abandon de la traditionnelle position de neutralité dans le dossier du conflit du Sahara. Affaibli par le refus de certaines formations politiques parmi lesquelles celles qui l’ont porté au pouvoir, il risque de payer sa trahison de position de son pays, par le faite de son nouvel allié le Maroc le son Makhzen.

    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 09/06/2022

    #Espagne #PedroSanchez #Arancha_Gonzalez_Laya #Maroc #SaharaOccidental #Algérie

  • Belani : »Le Maroc mène une sale guerre aux pays du voisinage »

    Belani : »Le Maroc mène une sale guerre aux pays du voisinage »

    Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Espagne, Espionnage, Pegasus, terrorisme,

    L’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, a indiqué mercredi que le Maroc, qui n’a cure des conventions internationales et des relations interétatiques, souffrait « gravement d’un complexe d’infériorité ».

    « Les rapports confidentiels +classifiés+ du Centre national espagnol des renseignements (CNI) confirment ce que l’on a toujours affirmé », à savoir que le Maroc « n’a cure des conventions internationales et des pratiques vertueuses qui régissent les relations interétatiques », a affirmé le diplomate au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger dans une déclaration à l’APS. M. Belani souligne que toutes les méthodes immondes utilisées « sans état d’âme » par le régime marocain dans la « sale guerre » qu’il mène aux pays du voisinage, comme l’espionnage avéré à l’aide du logiciel sioniste Pegasus, l’utilisation de la migration massive comme moyen de pression sur l’Espagne, ainsi que les menaces et le soutien politique, financier et logistique aux groupes terroristes, sont des moyens « amoraux ».

    « Les écoutes avérées des communications de dignitaires étrangers par le biais du logiciel espion Pegasus (en Algérie, France, Espagne…), les harcèlements médiatique et judiciaire orchestrés par des officines occultes, rattachées aux services marocains, l’utilisation de la migration massive comme levier de pression politique, les circuits invasifs de trafic de drogue sur une échelle industrielle et les menaces indirectes liées à la possible réactivation de cellules terroristes dormantes dans certains pays européens ainsi que le soutien politique, financier et logistique aux groupes terroristes algériens sont autant de moyens amoraux qu’utilisent, sans état d’âme et avec cynisme, les autorités de ce pays dans la sale guerre qu’elles mènent aux pays du voisinage », a soutenu l’envoyé spécial. « Les dernières déclarations de l’ex-ministre des Affaires étrangères de l’Espagne sont accablantes, à cet égard », a-t-il ajouté.

    Evoquant tous les sévices insupportables infligés aux militants sahraouis, dont Sultana Khaya, qui ont fait l’objet de violences physiques et sexuelles documentées, et pour lesquels il a été épinglé par des ONG internationales, M. Belani a expliqué que le Maroc « se réfugie dans la fuite en avant et dans le déni en accusant ces mêmes ONG de partialité flagrante et en faisant circuler, par son représentant à New York, un véritable torchon fait d’arguties bêtement ressassées qui constituent une insulte à l’intelligence des membres de la communauté internationale ».

    « Ce dernier poussant le ridicule jusqu’à reprocher à la militante sahraouie son refus de coopérer avec le +Conseil national des droits de l’Homme+ qui est, comme chacun le sait, un organe alibi et une feuille de vigne aux mains du colonisateur marocain pour dissimuler ses graves méfaits en matière de violations systématiques des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés », a-t-il dit. Et de poursuivre : « En effet, les derniers rapports internationaux mettent à nu les tentatives désespérées du Makhzen institutionnel de masquer les différentes formes de répression aveugle qui accablent les militants sahraouis innocents ».

    Le responsable a également cité « l’autre élément distinctif du comportement condamnable de ce pays qui est la tendance systématique à dénaturer, falsifier et décontextualiser, de manière biaisée et malhonnête, les propos prêtés aux responsables politiques étrangers sur la question du Sahara occidental comme ce fut le cas lors du +Souk de Marrakech+ ».

    « Les représentants de ces mêmes pays (Turquie, Italie, Roumanie, Pays-Bas, Allemagne…) ont tous tenu à recadrer officiellement la teneur des dépêches mensongères colportées par l’agence de presse officielle marocaine qui a retrouvé sa véritable nature de méga-incubateur de média-mensonges », a-t-il fustigé.

    « Outre le pillage systématique de notre riche patrimoine historique et culturel, ce travail prémédité et planifié de désinformation et de manipulation est orienté dans le cadre d’une division du travail, en mettant à contribution un grand nombre de serfs médiatiques, grassement payés par le gouvernement marocain, pour ternir et souiller l’image de l’Algérie et tenter de porter préjudice à son action internationale, comme c’est présentement le cas à travers la campagne enragée de dénigrement de l’organisation par notre pays des Jeux méditerranéens dans la ville d’Oran », a-t-il constaté. M. Belani a salué à cette occasion « la réaction patriotique des Algériens, à travers les réseaux sociaux » qui « vient démontrer, une nouvelle fois, que l’Algérie et son peuple feront échec à toutes les conspirations haineuses ».

    Horizons, 08/06/2022

    #Maroc #Algérie #Espagne #Espionnage #Pegasus #Terrorisme

  • Le Maroc souffre « gravement d’un complexe d’infériorité »

    Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Espagne, Centre national espagnol des renseignements, CNI, espionnage, Pegasus, chantage à la migration,

    ALGER – L’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, a indiqué mercredi que le Maroc, qui n’a cure des conventions internationales et des relations interétatiques, souffrait « gravement d’un complexe d’infériorité ».

    « Les rapports confidentiels +classifiés+ du Centre national espagnol des renseignements (CNI) confirment ce que l’on a toujours affirmé », à savoir que le Maroc « n’a cure des conventions internationales et des pratiques vertueuses qui régissent les relations interétatiques », a affirmé le diplomate au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger dans une déclaration à l’APS.

    M. Belani souligne que toutes les méthodes immondes utilisées « sans état d’âme » par le régime marocain dans la « sale guerre » qu’il mène aux pays du voisinage, comme l’espionnage avéré à l’aide du logiciel sioniste Pegasus, l’utilisation de la migration massive comme moyen de pression sur l’Espagne, ainsi que les menaces et le soutien politique, financier et logistique aux groupes terroristes, sont des moyens « amoraux ».

    « Les écoutes avérées des communications de dignitaires étrangers par le biais du logiciel espion Pegasus (en Algérie, France, Espagne…), les harcèlements médiatique et judiciaire orchestrés par des officines occultes, rattachées aux services marocains, l’utilisation de la migration massive comme levier de pression politique, les circuits invasifs de trafic de drogue sur une échelle industrielle et les menaces indirectes liées à la possible réactivation de cellules terroristes dormantes dans certains pays européens ainsi que le soutien politique, financier et logistique aux groupes terroristes algériens sont autant de moyens amoraux qu’utilisent, sans état d’âme et avec cynisme, les autorités de ce pays dans la sale guerre qu’elles mènent aux pays du voisinage », a soutenu l’envoyé spécial.

    « Les dernières déclarations de l’ex-ministre des Affaires étrangères de l’Espagne sont accablantes, à cet égard », a-t-il ajouté.

    Evoquant tous les sévices insupportables infligés aux militants sahraouis, dont Sultana Khaya, qui ont fait l’objet de violences physiques et sexuelles documentées, et pour lesquels il a été épinglé par des ONG internationales, M. Belani a expliqué que le Maroc « se réfugie dans la fuite en avant et dans le déni en accusant ces mêmes ONG de partialité flagrante et en faisant circuler, par son représentant à New York, un véritable torchon fait d’arguties bêtement ressassées qui constituent une insulte à l’intelligence des membres de la communauté internationale ».

    « Ce dernier poussant le ridicule jusqu’à reprocher à la militante sahraouie son refus de coopérer avec le ‘Conseil national des droits de l’Homme’ qui est, comme chacun le sait, un organe alibi et une feuille de vigne aux mains du colonisateur marocain pour dissimuler ses graves méfaits en matière de violations systématiques des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés », a-t-il dit.

    Et de poursuivre: « En effet, les derniers rapports internationaux mettent à nu les tentatives désespérées du Makhzen institutionnel de masquer les différentes formes de répression aveugle qui accablent les militants sahraouis innocents ».

    Le responsable a également cité « l’autre élément distinctif du comportement condamnable de ce pays qui est la tendance systématique à dénaturer, falsifier et décontextualiser, de manière biaisée et malhonnête, les propos prêtés aux responsables politiques étrangers sur la question du Sahara occidental comme ce fut le cas lors du ‘Souk de Marrakech’ ».

    « Les représentants de ces mêmes pays (Turquie, Italie, Roumanie, Pays-Bas, Allemagne…) ont tous tenu à recadrer officiellement la teneur des dépêches mensongères colportées par l’agence de presse officielle marocaine qui a retrouvé sa véritable nature de méga-incubateur de média-mensonges », a-t-il fustigé.

    « Outre le pillage systématique de notre riche patrimoine historique et culturel, ce travail prémédité et planifié de désinformation et de manipulation est orienté dans le cadre d’une division du travail, en mettant à contribution un grand nombre de serfs médiatiques, grassement payés par le gouvernement marocain, pour ternir et souiller l’image de l’Algérie et tenter de porter préjudice à son action internationale, comme c’est présentement le cas à travers la campagne enragée de dénigrement de l’organisation par notre pays des Jeux méditerranéens dans la ville d’Oran », a-t-il constaté.

    M. Belani a salué à cette occasion « la réaction patriotique des Algériens, à travers les réseaux sociaux » qui « vient démontrer, une nouvelle fois, que l’Algérie et son peuple feront échec à toutes les conspirations haineuses ».

    APS

    #Maroc #Espagne #Algérie #SaharaOccidental #Espionnage #Pegasus

  • Laya: Everything was used in the crisis with Morocco

    Arancha Gonzalez Laya, Morocco, Spain, Front Polisario, Brahim Ghali, Algeria, Pegasus, spying, Western Sahara

    Gonzalez Laya: « Everything was involved in the crisis with Morocco: eavesdropping, denunciations and press campaigns ».


    The former head of MFA assures in an interview with ‘El Periódico de España’ that everything was used to « muddy » the attention to BrahimGhali, alluding to Morocco. « And when I say everything, has been everything »

    Sacrificed in the remodeling of the Government last July to try to calm Morocco, Arancha González Laya (San Sebastián, 1969), is now dean of the Paris School of International Affairs*. She remains linked to what could be summed up as ‘power’, because this institution acts as an incubator for some of the next international leaders. But she doesn’t seem to miss him. She exercised it in the Ministry and lost it, without an iota of nostalgia. She also helps the wide network of contacts that she treasures. Having concluded her stage of « public service » – it is obvious that she feels more like a high-ranking official than a politician – she is now going to dedicate herself to rethinking Europe and imagining the idea of a new political community on the continent, launched by Emmanuel Macron.

    Q. She was dismissed in July of last year, in the middle of the diplomatic crisis with Morocco. Did she become aware that this matter was going to cost her job?

    A. I have never acted either to keep myself in office or to lose it. I have always remained faithful to the principles, interests, and values of my country, which are what I had to represent.

    Q. What did the PM tell you when he called you?

    A. That must be within the discretion between the PM and his ministers.

    Q. Morocco turned the reception of BrahimGhali into an element of confrontation against Spain and against you, but the root of the problem was something else: the fact that the Government had not made any gesture of support for the change in the US position on Western Sahara.

    A. Everything served at that time to muddy a decision of a humanitarian nature towards a Spanish citizen, who needed immediate help. Humanitarian care has a long tradition in our foreign policy. Saharawis and many other nationalities. We must defend this tooth and nail because it is part of our identity as a country. And we also must be defenders of relations with our neighbors, Morocco, Algeria, Libya, Senegal, Mauritania, and many others, understanding that they will only be good if they are managed from co-responsibility and represent the interests of both parties.

    Q. Was it a mistake to welcome Ghali without measuring the consequences? I mean, you must have been aware that there was a prior malaise about Western Sahara. Shouldn’t he have at least minimized the impact by warning Rabat instead of opting for a discreet entry by the leader of POLISARIO?

    A. It is that they are issues that run through different channels. Spain has always been very clear about the need to seek an agreed solution, and this is very important, in accordance with international law and giving the maximum support to the UN. That has been the constant in our country’s position and it had to be defended very clearly, helping the parties, trying not to do anything that could frustrate that agreement, but bearing in mind that it was one more issue (in the relationship with Morocco), not the only one. We must not mix the plans because if we do, we may fall into the temptation of restricting Spain’s ability to exercise its foreign policy.

    Q. But a previous call would not have prevented Morocco from using it against Spain and against you.

    A. History cannot be remade and that is why it makes no sense to enter in considerations of the type what if, what if, what if… I insist, Spain must have the capacity to exercise an autonomous foreign policy, always seeking the best relations with our neighbors. I did it during my tenure. I have been the FM who has made the most visits to these countries and I paid particular attention to all of them.

    Q. Has Spain given in to Morocco, first with your dismissal and then with support for its autonomy plan for Western Sahara?

    A. You will allow me not to enter intosuch considerations. I am extremely respectful of the principle of loyalty to the Government in which I have served. I will not go into those considerations.

    Q. Your telephone number, like that of the PM and other ministers, was attacked at the worst moments of the diplomatic crisis with Morocco

    A. Everything has served in this crisis to muddy that humanitarian aid. And when I say everything has been everything: wiretaps, complaints, campaigns, including press campaigns. It has been quite evident. For me it is a chapter that belongs to the past.

    Q. Minister, but it has not been known if your phone, like the rest, was spied on with Pegasus. In the Executive they have not wanted to confirm it. They maintain that they are not aware that in their case it was with this ‘software’, which Morocco has.

    A. The telephone numbers of those responsible for government have a channel for their protection and to investigate violations of their integrity and I believe that this question should be addressed to whom it belongs, which is not me.

    Q. But did you put your phone in the hands of the competent authorities within the Government, when you thought that your mobile could have been attacked?

    A. Yes, but all these questions, I would prefer if you addressed them where they belong, which is not me. I want to be, I repeat, tremendously scrupulous with the rules of the game, especially in a matter like this, which is very serious.

    Q. You pointed to wiretapping, complaints… the accusations against you for Ghali’s entry have just been dismissed. Do you think Rabat was behind? I say this for two circumstances. There was at least one accusation with Moroccan interests and the judge’s actions have been very striking. He never accepted any of the MFA arguments and just completely changed his mind a week before the agreement with Morocco on Western Sahara was known. The Court has knocked down all his investigation.

    A. Of this episode, certainly a bit curious, I am left with the decision of the Provincial Court of Zaragoza, after an appeal filed by the State Attorney, to whom I have much to thank, for the good work in defending the interests of our country. The court has said the same thing that I have maintained from the beginning. First, that it was a humanitarian decision. And second, that it was done in accordance with the law. But we have a very serious problem in our country, which is a judicialization of politics and the growing politicization of justice.

    Q. Do you think that after the Western Sahara, Mohamed VI’s next claim will be Ceuta and Melilla?

    A. We must be very clear to anyone who has any doubts: Ceuta and Melilla are part of Spain and, therefore, of the EU.

    Q. Can you help them understand the establishment of commercial customs at the two borders, which is one of the issues included in the joint statement with Morocco?

    A. I don’t want to make value judgments about which are the elements that would reinforce or not… It is very clear: Ceuta and Melilla have been and are part of Spain.

    Q. How deep do you think the diplomatic crisis with Algeria is now?

    A. I am going to be very cautious on this issue as well, but I do believe that Spain should have the best relations with all its neighbors. With Algeria, with Morocco, with Libya, with Mauritania, with Senegal. And when I say the best, they must be the best. In a neighborhood we all need each other.

    Q. Can the gas supply to Spain be at risk?

    A. I hope not, and I want to believe not. Spain and Algeria, and more broadly Algeria and the EU, have a framework of relations that should allow them to deepen, also in the energy field. Spanish firms are committed to investments in Algeria and to their industrial project in this area.

    Q. Can’t Italy get ahead of us?

    A. I believe that relations between Spain and Algeria must be redirected. It’s very important. For the two countries.

    Q. I mentioned before the historical position of Spain of a solution on Western Sahara around the UN, but in the last two years several countries, the US, France, Germany, Spain, the Netherlands, have spoken in favor of the Moroccan plan.

    A. There will only be long-term stability if there is an agreement between the parties. That pact can be illuminated only through the PESG de Mistura.

    Q. But, is it more difficult now, when Spain has opted for an option?

    A. It is more necessary than ever.
    (…)

    *(Paris School of International Affairs (PSIA) is a graduate school of Sciences Po [also referred to as the Institutd’études politiques de Paris])

    El Periódico, Jun 07, 2022

    #Spain #Morocco #Algeria #WesternSahara #Arancha_Gonzalez_Laya #Pegasus #Spying

  • Guerre des 6 Jours: La trahison du Maroc et l’Arabie Saoudite

    Guerre des Six Jours, Maroc, Arabie Saoudite, Israël, enregistrements, sommet arabe,

    55 ans après la guerre des Six Jours : comment le Maroc et l’Arabie Saoudite ont joué un rôle clé dans la victoire d’Israël

    Le 5 juin 2022 marque le 55e anniversaire du déclenchement de la guerre des Six Jours, qui, bien que brève, a été l’un des affrontements militaires les plus importants de l’ère de la guerre froide au Moyen-Orient, avec des conséquences considérables qui se font encore sentir aujourd’hui dans toute la région. Le conflit a principalement opposé les forces armées d’Israël et de l’Égypte, cette dernière étant alors officiellement appelée République arabe unie, l’Égypte étant soutenue par la Syrie et l’Irak. Les forces de la Jordanie ont également pris part aux hostilités. Les forces égyptiennes ont été écrasées par l’armée de l’air israélienne qui a neutralisé ses aérodromes mal défendus et a maintenu un taux de sortie très élevé pour fournir un appui aérien rapproché à l’invasion terrestre israélienne de la bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï. La Syrie a subi la perte d’une grande partie du plateau du Golan, qu’elle n’a toujours pas récupérée à ce jour, bien que son rôle dans les combats et le nombre de victimes parmi ses forces armées soient restés limités par rapport à l’Égypte. Les rôles de l’Irak et de la Jordanie ont été plus mineurs encore. Ce que l’on sait peu du conflit, en revanche, c’est que les États arabes alignés sur l’Occident ont soutenu l’armée de l’air israélienne, directement et indirectement, pour s’assurer que les républiques arabes alignées sur l’Union soviétique, l’Égypte et la Syrie en particulier, seraient affaiblies au profit des intérêts du bloc occidental dans la région.

    L’armée égyptienne n’était pas en mesure de mener une guerre contre Israël, non seulement en raison d’un manque de préparation, mais aussi parce qu’elle était préoccupée par le soutien des forces républicaines dans la guerre civile du Yémen du Nord contre les forces royalistes. À l’époque, les royalistes yéménites recevaient un soutien important de l’Arabie saoudite, de la CIA américaine, du MI6 britannique, de l’armée de l’air israélienne et de diverses organisations mercenaires britanniques. L’Arabie saoudite a joué un rôle clé dans l’affaiblissement de l’Égypte, en coordination avec les puissances occidentales, et sans sa participation, l’effort de guerre n’aurait pas été réalisable. Cela a largement ouvert la voie à la défaite de l’Égypte en 1967, car environ trois quarts des unités de première ligne de l’Égypte étaient déployées au Yémen lorsque la guerre a éclaté avec Israël en 1967, y compris son personnel le mieux formé et le plus expérimenté, les pertes dans le conflit yéménite ayant alors atteint près de 10 000 personnes.

    Au-delà de la guerre au Yémen, la monarchie marocaine du roi Hassan II a joué un rôle plus direct dans l’affaiblissement de l’Égypte et le renforcement de la position israélienne jusqu’à la guerre des Six Jours. L’ancien chef des services de renseignement militaire israéliens, le major général Shlomo Gazit, a révélé en 2016 que le roi du Maroc avait transmis à Israël des enregistrements des services de renseignement de réunions très sensibles entre des dirigeants républicains arabes discutant de leurs plans de guerre. Ces enregistrements ont été essentiels pour faire comprendre à Israël que les États arabes étaient mal préparés à la guerre, ce qui leur a permis de déjouer ce qui semblait être un bluff égyptien lorsque l’Égypte a renforcé ses forces dans le Sinaï en lançant des attaques le 5 juin. Le soutien à Israël de la part des États arabes alignés sur l’Occident a largement contribué à saper le paradigme d’un conflit israélo-arabe, et a plutôt mis en évidence un conflit de la guerre froide dans lequel les pays alignés sur l’Occident et l’Union soviétique avaient fortement tendance à se soutenir mutuellement, même si les monarchies arabes de l’époque ne pouvaient prendre ouvertement parti pour Israël.

    Military watch magazine, 05/06/2022

    #Israël #Maroc #ArabieSaoudite #Guerre_des_six_jours