Catégorie : Maroc

  • Maroc. Omar Radi tel que je l’ai connu (suite et fin)

    Maroc. Omar Radi tel que je l’ai connu (suite et fin)

    Maroc. Omar Radi tel que je l’ai connu. Témoignage d’un enseignant – Maroc, presse, journalisme d’investigation, répression,

    L’autre (génération), avec l’ambition juvénile, s’ouvre à la vie sur une table rase, baignée dans un climat général qui se déclarait transitoire.

    Ma chance de découvrir les atouts d’Omar Radi, je la dois aux spécificités de la matière enseignée: l’informatique. Il fallait initier les apprentis à l’exploitation des outils offerts par les nouvelles techniques de l’information et de la communication. L’avantage par rapport aux autres disciplines est que le contenu à traiter reste à être élaboré par les élèves eux même. Le professeur est censé se cantonner dans la posture du facilitateur et de l’accompagnateur technique. C’est alors que s’est manifesté le don précoce du chercheur Omar choisissait toujours la difficulté et le défi. Il était aussi meneur sur ce point. Il levait toujours la barre tout haut, poussant ses collègues à le suivre. Longtemps après, je continuais à détecter la griffe du jeune Omar dans les travaux d’investigation qu’il publiait.

    Déjà au lycée, il en a fini avec les techniques de la recherche documentaire, de la synthèse des résultats et de leur présentation.
    Les outils standards n’avaient plus de secret pour lui( navigateurs, moteurs de recherche, excel, word,…)

    D’aucuns peuvent se demander comment je me rappelle, après tant d’années, de ces détails. Je répliquerais que seul un enseignant averti le comprendrait. La mémoire est sélective.

    Et peu de personnes peuvent la marquer pour la vie. Omar était même le sujet de remarques et de discussions entre des enseignants. Beaucoup d’entre eux s’en rappellent aussi et regrettent ce qui est advenu. Il rayonnait d’amour, de vie, de joie de vivre.

    Tel Achille, Omar a choisi la voie des vicissitudes, le métier des milles écueils. Les sentiers battus ne les séduisirent point.

    Tel Achille, Omar a son talon: sa bonté.
    Mais tel Ulysse, Omar reviendra gagnant.

    Tous les dieux et toutes les déesses de la vérité et de la justice le protègent.


    ——- Mr. Mrsoul Hassan—-
    Merci au nom de Omar et de toute une génération d’avoir été le bon prof.

    #Maroc #OmarRadi #Journalisme_investigation #presse

  • Le Rif marocain : La cause d’un peuple longtemps opprimé

    Le Rif marocain : La cause d’un peuple longtemps opprimé

    Le Rif marocain : La cause d’un peuple longtemps opprimé – Hirak, Maroc, Makhzen, colonisation, République du Rif,

    La cause rifaine remonte a l’année 1921 date de la proclamation de la première République du Rif, par la République confédérée des tribus du Rif, laquelle avait duré jusqu’en 1926. Depuis, ce peuple rifain s’est vu durant des années persécuté, pourtant il occupe une très large partie de la superficie du Royaume du Maroc, laquelle se subdivise en plusieurs régions, à savoir le Rif Oriental (Melilla, Driouch et Nador) et le Rif Central (Houceima et Targuist) correspondent au Nord Est du Maroc, tous deux habités par les rifains, tandis que le Rif occidental (Tétouan et Chefchaouen), également appelé péninsule tingitaine, occupe le Nord-Ouest du Maroc. Il est principalement habité par les Jbalas, Ghomara et Sanhadja de Srayr.

    L’histoire retiendra que plusieurs mouvements indépendantistes se sont succédés revendiquant la liberté et l’autodétermination du Rif, à chaque fois réprimés, à commencer par la résistance rurale dans le nord du Maroc pendant le colonialisme espagnol et menée par le prince moudjahid Muhammad ibn Abd-al-Karim al-Khattabí, l’une des résistances les plus féroces et les plus fortes d’Afrique du Nord et même de tous les pays du tiers monde.

    On peut dire que l’histoire se répète dans le Rif rebel du Maroc, un demi-siècle après les événements dont il a été témoin, qui se sont caractérisés par la répression par l’armée marocaine, pour effacer tout signe de la révolution. Malgré cela, la vague de protestations est revenue balayer à nouveau le Rif Marocain avec de nouveaux acteurs et héros, mais avec des objectifs similaires.

    Il est clair que la raison derrière ces protestations, et l’alimentation de la colère Rifaine, est que la situation dans la région n’a enregistré aucune amélioration significative. De plus, les problèmes qui ont longtemps épuisé ces terres pauvres demeurent. Tous ces facteurs ont agi comme un catalyseur de la rébellion et une impulsion majeure à l’exode vers des régions marocaines plus prospères ou à l’émigration vers l’Europe.

    En 1984, les protestations reprennent également dans la région contre la « marginalisation » et les autorités parviennent à contrôler à nouveau la situation. La ville d’Al Hoceima a été le centre des manifestations connues sous le nom des « émeutes du pain » en 1984. C’est la seule ville dans laquelle des personnes ont été tuées lors des manifestations de 2011.

    La plus récente d’entre elles remonte à ces dernières années, lorsque plusieurs leaders se sont fait emprisonnés (tel que ZAFZAFI et d’autres du mouvement du Hirak d’El-Houceima) avec des scènes, de torture, d’emprisonnements arbitraires, où la mort d’un résistant rifain a enclenché la révolte contre le régime central du Makhzen.

    A ce titre, la diaspora Rifaine établie à l’étranger, notamment en France et en Belgique, a condamné les violations des droits humains commises par les autorités marocaines.

    A Paris, un collectif de soixante-dix (70) associations et syndicats, a dénoncé la répression aveugle du Makhzen, suite à la confirmation des peines à l’encontre des militants du Hirak du Rif.

    Sur ce, des voix se sont élevées de nouveau pour réclamer une autodétermination du Rif.

    Dzair-tube, 12 mai 2022

    #Maroc #Rif #Hirak

  • Le Maroc s’engage dans un jeu de Monopoly avec l’Algérie

    Le Maroc s’engage dans un jeu de Monopoly avec l’Algérie – Sahara Occidental, Union Européenne, Espagne, France, Afrique,

    Il y a un mois, jour pour jour, le Maroc votait en s’abstenant, contre une résolution de suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’organisation multilatérale. Un acte jugé comme un appui à la Russie par les alliés occidentaux du royaume marocain. Ce qui est vrai et curieux à la fois.

    Ce retournement marocain n’est pas isolé. Il a été précédé par d’autres, plus intéressants. Le bras-de-force avec l’Espagne, le coup de froid avec la France, l’aigreur affichée envers l’Union européenne et la protestation outrée lors de la réunion UE-UA à propos de la présence remarquée du Sahara occidental, etc. Beaucoup de signaux forts ont fait croire que le Maroc s’inscrit dans une nouvelle reconstruction politico-diplomatique avec ses alliés traditionnels.

    Ce nouveau modus operandi n’a pas échappé au Figaro dans son édition d’hier, et qui, sous le titre de « Dans quel jeu diplomatique s’est engagé le royaume du Maroc? », faisait observer que « près de dix ans après avoir formulé son plan d’autonomie pour le Sahara sans obtenir la reconnaissance internationale de sa souveraineté sur ce territoire disputé aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, le royaume marocain a radicalement changé de stratégie. Plutôt que de poursuivre son lobbying au sein des Nations unies, où le dossier achoppe sur l’impossible organisation d’un référendum, le Maroc se détourne ostensiblement de ses alliés traditionnels, trop timorés à son goût, et cherche de nouveaux soutiens à partir de 2016 ».

    L’hebdomadaire français laisse les interrogations s’épaissir sans y apporter une réponse décisive. On connaît l’épisode de la normalisation avec Israël, posture qui n’a pas emmené extérieurement les résultats escomptés, tout en amplifiant et exacerbant les tensions internes. Donc, l’option européenne a été rejetée par le Maroc pour une approche plus prononcée vis-à-vis des pays africains.

    N’étant pas un pays pétrolier puissant, mais profitant de sa position géographique proche de l’Espagne, le Maroc propose un passage du pétrole nigérian vers l’Europe. Le projet de ce gazoduc est un immense chantier, comme sont immenses – presque indépassables – ses défis, son coût et ses problèmes, puisque le pipeline traversera une dizaine de pays et autant d’obstacles insurmontables ; tout compte fait, il s’agit plus d’un projet plus « médiatique » que technique, et dont l’objectif est de « casser » le monopole du gaz l’Algérie.

    L’autre point d’appui pour une pénétration soft en Afrique s’appelle les banques marocaines. En effet, la rapide progression des banques marocaines dans la zone Uemoa a été notée par tous les experts économiques africains. Dernière « générosité » marocaine, Bank of Africa (BOA, ex-BMCE Bank of Africa) partagera avec les investisseurs de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan les 66,3 millions d’euros de dividendes dégagés par ses filiales locales (Burkina Faso, Bénin, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Sénégal).

    Cette générosité envers les acteurs boursiers locaux sera-t-elle un rempart en cas de futurs coups durs ? Pourtant, la nette progression des banques marocaines dans la zone Uemoa fait peser sur elles des contraintes plus lourdes, dans un contexte de compétition exacerbée. Les risques ne sont jamais loin, et la fragilisation des investissements européens rend ceux du royaume plus à la merci des contrecoups d’un contexte où le moindre sou est calculé avec la rigueur de l’épicier du coin.

    L’Express, 10 mai 2022

    #Maroc #Algérie #SaharaOccidental #UE #UA #Afrique

  • Le Figaro: Froideur dans la relation France-Maroc

    Le Figaro: Froideur dans la relation France-Maroc

    Le Figaro: Froideur dans la relation France-Maroc — Algérie, Sahara Occidental, Emmanuel Macron, Pegasus, espionnage,

    Selon l’historien spécialiste du Maghreb Pierre Vermeren, il y a une froideur inhabituelle dans la relation particulière qu’il y a entre la France et le Maroc. « Une distance s’est créée. La nouvelle génération de diplomates n’a pas la familiarité et la sympathie d’autrefois pour le Maroc », précise-t-il dans des propos rapportés par Le Figaro. « Macron n’a pas la fibre marocaine d’un Chirac ou de Sarkozy », ajoute-t-il.

    D’après Corinne Lhaïk et Éric Mandonnet dans leur livre « La nuit tombe deux fois », pour obtenir un rendez-vous, le président français Emmanuel Macron a dû appeler trois le roi du Maroc. « Fin septembre dernier, le gouvernement français a même annoncé qu’il allait réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Marocains, en réponse aux refus du Maroc de réadmettre des migrants en situation irrégulière qui lui sont présentés comme Marocains », indique Le Figaro. « Rabat a d’autant plus mal vécu cette annonce qu’elle attendait beaucoup de la France, son premier allié sur la question du Sahara occidental ».

    Concernant l’intense activité diplomatique menée par Rabat au sujet du dossier du Sahara Occidental, le quotidien français estime qu’elle « contraste avec le silence poli qui règne depuis quelques années sur sa relation avec la France ». Le Maroc s’attend à ce que la France fasse davantage pour imposer une solution à son avantage. Dans un discours prononcé en novembre dernier, Mohammed VI l’a clairement indiqué. « Aujourd’hui, nous sommes tout à fait fondés à attendre de nos partenaires qu’ils formulent des positions autrement plus audacieuses et plus nettes au sujet de l’intégrité territoriale du royaume ». Ces propos ne semblent pas avoir de l’effet à l’Hexagone: « La France s’est pourtant contentée, après la déclaration de soutien de l’Espagne au plan d’autonomie du Maroc, de rappeler sa position «constante», qualifiant ce plan « de base de discussion sérieuse et crédible », indique Le Figaro.

    D’autres sources attribuent cette froideur au scandale d’espionnage par le logiciel Pegasus qui a secoué la France et dont le principal acteur est le royaume chérifien qui semble être allé jusqu’à hameçonner le téléphone portable du plus haut mandataire gaulois. Les dernières nouvelles provenant d’Espagne sur l’espionnage du téléphone de Pedro Sanchez risquent d’ajouter de l’huile au feu dans les relations entre Paris et Rabat.

    #Maroc #France #SaharaOccidental #Algérie #Pegasus #Espagne #PedroSanchez

  • Maroc: La répression du Makhzen passe à la vitesse supérieure

    Maroc: La répression du Makhzen passe à la vitesse supérieure

    Maroc: La répression du Makhzen passe à la vitesse supérieure – Youssef El Hirèche, Mohammed El Yousfi, Abdelghani El Fatoumi, Mohammed Barhone, corruption,

    Youssef El Hirèche, un ingénieur marocain, actif sur les réseaux sociaux, affirme avoir été victime d’une tentative d’assassinat à Kenitra. A Laayoune, Mohammed El Yousfi, membre du PSU, a été arrêté. Tous les deux se sont dans la vulgarisation des dossiers de corruption.

    Selon son témoignage, El Hirèche a été suivi par deux individus armés d’une machette et une matraque. Ils étaient postés devant ches lui, ils attendaient qu’il sorte. Ses blessures son graves.

    Selon des informations véhiculées par les réseaux sociaux, d’autres activistes ont été victimes d’agressions graves quasi-simultanées :

    – Abdelghani El Fatoumi, militant anti-corruption et membre du Mouvement 20 février, actif dans le bidonville carrières Thomas, ex-prisonnier d’opinion.

    – Mohammed Barhone, marocco-canadien qui accuse expressément la police politique DST.

    Selon plusieurs sources, la répression est bel et bien arrivé au stade des assassinats et liquidations physiques.

    LIRE AUSSI : Pegasus : Le Maroc est un sous-traitant

    LIRE AUSSI : Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    LIRE AUSSI : La nationalité refusée à des Marocains pour espionnage

    #Maroc #Répression #Makhzen #corruption


  • Maroc : Les prix de l’énergie flambent

    Maroc : Les prix de l’énergie flambent

    Maroc : Les prix de l’énergie flambent – gouvernement Akhannouch, gaz, pétrole, inflation,

    La rue marocaine est en ébullition depuis plusieurs mois et les tensions ne cessent de croître au fur et à mesure que le pays s’enfonce dans la crise économique. De nouvelles manifestations ont secoué plusieurs villes marocaines où la protestation contre une flambée de prix jamais observée jusqu’ici provoque à la fois la colère et l’inquiétude des populations, une majorité de Marocains considérant que le gouvernement Akhannouch maintient une gestion catastrophique des affaires du pays. Nombreux sont ceux qui s’insurgent contre un discours officiel trompeur qui tend à falsifier les risques graves auxquels est réellement confronté le Maroc, dans le domaine énergétique entre autres.

    La question du gaz et du pétrole est, en effet, devenue la préoccupation majeure non seulement des ménages, mais également des organisations syndicales et corporatistes qui participent de plus en plus à la contestation dans les métropoles de Rabat et Casablanca notamment. Le fait est que le Maroc ploie sous le poids d’une inflation inédite, avec des hausses des prix vertigineuses, que grève une baisse de la croissance chiffrée d’ores et déjà à 0,7% pour l’année en cours.

    Le mécontentement populaire a fait tache d’huile puisque ce sont plus d’une trentaine de villes marocaines qui expriment désormais leur grogne et dénoncent avec force l’incapacité du gouvernement Akhannouch à juguler la crise dont souffrent une majorité de citoyens, au demeurant indignés par la corruption qui prévaut dans les sphères dirigeantes et principalement au Makhzen.

    Sous l’égide du Front social, un mouvement qui porte la revendication et annonce la tenue prochaine d’un rassemblement national à Casablanca, des réunions ont lieu au cours desquelles sont examinées «les caractéristiques les plus importantes de la situation actuelle qui combine des prix exorbitants et une oppression systématique des différents groupes sociaux en lutte» pour une vie décente. C’est ainsi que doit avoir lieu, également, un rassemblement d’envergure dans la ville de Mohammadia, devant le siège de la raffinerie Samir – unique raffinerie du Maroc dont l’activité a été suspendue, entraînant la perte de plus de 3 500 emplois – afin de condamner les mesures récemment intervenues comme la flambée du prix du carburant, multiplié par quatre !

    Les mouvements sociaux risquent de connaître une flambée au moins égale, car l’Union marocaine du travail entend saisir l’opportunité de la Journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, le 1er mai prochain. Sous le slogan «Arrêtez la série d’attaques contre la classe ouvrière», les organisations syndicales se veulent déterminées à affronter le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui, disent-elles, ne cesse de «tromper tout un pays sur la question du gaz», un secteur dans lequel il a d’immenses intérêts.

    Mehdi O.

    Ebourse

  • Maroc : Qu’est-ce que la DGED?

    Maroc : Qu’est-ce que la DGED?

    Maroc : Qu’est-ce que la DGED? – espionnage, contre-espionnage, Direction Générale des Études et de la Documentation, services secrets, Pegasus,

    La Direction Générale des Études et de la Documentation (DGED), le service marocain de renseignement extérieur et de contre-espionnage, est l’un des plus importants services secrets marocains, fondé en 1973 à la suite des deux coups d’État manqués de 1971 et 1972 sur le modèle du service secret français Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage, en abrégé SDECE. La DGED est une organisation militaire directement sous le contrôle du Roi.

    Depuis sa création, la DGED est dirigée exclusivement par des officiers de l’armée. Le colonel Ahmed Dlimi est considéré comme le fondateur de ce service de renseignement, dont il a été le responsable de 1973 à sa mort en 1983. Le général Abdelhak el Kadiri lui a succédé et est resté en poste jusqu’en 2001, année où il a été remplacé par le général Ahmed El Harchi, originaire du Rif, qui a été le dernier militaire à diriger la DGED. En 2005, le roi a nommé son ancien camarade de classe du Collège royal, Mohamed Yassine Mansour, à la tête de la DGED.

    En principe, la DGED opère à l’extérieur du Maroc et est donc chargée de superviser les activités politiques et économiques des Marocains résidant à l’étranger, ainsi que de collecter des informations pour les différents services de renseignement marocains. Le Maroc compte une quinzaine de services de renseignement au total. La DGED est représentée dans toutes les ambassades ou consulats marocains. En outre, les employés de Maghreb Arabe Presse (le bureau de presse de l’État marocain) sont également chargés d’envoyer des notes confidentielles non censurées à la DGED. Une fois tous les filtres de la hiérarchie passés, les messages de la DGED sont envoyés directement au Palais Royal de Rabat.

    La DGED est composée de trois directions principales : la direction exécutive chargée des opérations de terrain et des opérations d’intervention rapide avec les unités spéciales, la direction de l’anti-espionnage et la direction des communications chargée de la coordination et du contrôle des moyens de communication entre tous les départements du service.

    La DGED coopère avec les services de renseignement étrangers dans le domaine de la sécurité et des questions liées au terrorisme, y compris l’échange d’informations sur des Marocains spécifiques recherchés par les services de renseignement étrangers.

    Le budget de la DGED est estimé à un montant annuel de 1 milliard USD. En outre, le service dispose d’une « boîte noire » ou d’une cagnotte secrète à partir de laquelle les informateurs du service sont payés. Selon un article de blog publié en 2013, la DGED compte 4000 employés et plus de la moitié d’entre eux sont des militaires et 5% sont des femmes. Selon le même article, les unités spéciales de la DGED comptent entre 250 et 300 membres et des centaines d’informateurs travaillent pour le service en Europe.

    Le brigadier Rédouan Lemhaouli, de la police de Rotterdam-Rijnmond, a été licencié par son employeur en 2008 pour « manquement grave au devoir », suite à un rapport officiel des services secrets néerlandais AIVD. Dans la même affaire, Mohamed Zyad a été licencié, il travaillait comme employé de bureau au commissariat de police de La Haye sur une base volontaire.

    Le tribunal de La Haye a condamné Rédouan Lemhaouli à 240 heures de travail d’intérêt général pour avoir transmis des informations secrètes des systèmes de police néerlandais aux services marocains. L’hebdomadaire marocain francophone TelQuel a prêté attention à ce sujet avec un article dans lequel on peut lire qu’il existe une organisation marocaine établie aux Pays-Bas appelée « Voix des démocrates marocains aux Pays-Bas » (SMDN) qui s’occupe de la défense de ces espions marocains.

    En mars 2019, les médias espagnols ont révélé que le Maroc était derrière les attentats terroristes de 2004 à Madrid. Ces attaques terroristes ont tué 191 personnes et blessé 1800 personnes.

    En Allemagne, le nom du service de renseignement marocain est également apparu lors de l’attaque terroriste du 19 décembre 2016, qui a fait 12 morts et 56 blessés lorsqu’un camion a foncé sur des personnes sur un marché de Noël. Selon les médias allemands, le Tunisien Bilel Ben Ammar est un agent des services secrets marocains. Bilel Ben Ammar aurait aidé l’assaillant à s’échapper de la scène de l’acte terroriste.

    En 2018, les autorités belges ont arrêté la Marocaine Kaoutar Fal et l’ont expulsée du pays en raison d’une menace pour la sécurité de l’État belge.

    Rif Time, 04 oct 2019

  • Maroc : La monarchie saoudienne à la rescousse du Makhzen

    Maroc : La monarchie saoudienne à la rescousse du Makhzen – Arabie Saoudite, Algérie, Sahara Occidental,

    Plusieurs sources médiatiques étrangères affirment que, dans la discrétion absolue, l’Arabie saoudite aurait lancé une nouvelle offensive diplomatique pour convaincre les dirigeants algériens d’accepter sa proposition de médiation avec le Maroc.

    En effet, l’Arabie Saoudite est revenue à la charge ces derniers jours pour persuader Alger de se réconcilier avec le Maroc et d’en finir avec cette querelle qui perdure. Repris également abondamment par la presse marocaine, l’information semble réjouir les médias marocains, qui, on le sait, sont majoritairement pro-normalisation, et de ce fait, font l’impasse sur les menées souterraines maroco-israéliennes contre l’Algérie.

    Comme ils font également l’impasse sur le problème du Sahara occidental, problème des problèmes par excellence, qui, tant qu’il ne connaitre pas son issu, continuera à empoisonner les relations aussi longtemps que la revendication légitime des Sahraouis sera brandie.

    Contraint à quémander son gaz chez les Européens, qui eux-mêmes, l’achètent, le Maroc n’a rien gagné de sa normalisation, ni de son expansionnisme outrancier dans l’espace maghrébin, tout en perdant également le bon voisinage par une politique opportuniste, corruptrice et agressive.

    Il est vrai que les monarchies du Machrek et du Maghreb savent s’appuyer en temps de crise, il est également vrai que sa connexion avec l’entité sioniste lui donne la fausse illusion d’être « gonflé », mais le contexte de crise planétaire commande au Maroc de revoir ses positions une à une sur tous les sujets en suspens avec l’Algérie comme avec son voisinage immédiat, le Sahara occidental principalement.

    L’Express, 09 mai 2022

    #Algérie #Maroc #ArabieSaudite #SaharaOccidental

  • Maroc-Espagne: Sánchez dans la poche de Rabat

    Maroc-Espagne: Sánchez dans la poche de Rabat

    Maroc-Espagne: Sánchez dans la poche de Rabat – Algérie, Sahara Occidental, Pedro Sanchez, espionnage, Pegasus, Ceuta, Melilla,

    Les deux annonces les plus surprenantes de l’ère Sánchez ont été faites à un mois et demi d’intervalle. Les deux d’une manière quelque peu inopportune. Et, semble-t-il, avec des connexions suspectes entre eux.

    Javier Muñoz

    Vendredi 18 mars, nous avons appris par un communiqué de la Maison Royale du Maroc que quatre jours plus tôt, le Président Sánchez avait envoyé une lettre au Roi Mohammed VI soutenant son plan d’autonomie pour le Sahara. Il s’agit d’un revirement radical et abrupt après près d’un demi-siècle de soutien à l’autodétermination du territoire, conformément à la doctrine des Nations unies.

    Une position que le gouvernement de Sánchez avait définie comme « constante », la réitérant jusqu’à 18 fois par écrit, s’est donc effondrée. Au moins une demi-douzaine d’entre eux, après la carambole du 10 décembre 2020. Ce jour-là, Trump a aligné Washington sur Rabat au sujet du Sahara en échange de la reconnaissance alaouite d’Israël, et le ministre Laya a été le dernier à en être informé, bien qu’il se trouve à Tel Aviv.

    La volte-face de Sánchez était si inattendue que trois questions se sont immédiatement posées : l’Algérie était-elle au courant, Podemos était-il au courant, le PP était-il au courant ? La Moncloa et le ministère des affaires étrangères ont répondu par l’affirmative à la première question, mais ont été démentis de manière intempestive par le gouvernement algérien ; Yolanda Díaz a admis avoir été prévenue un peu plus tôt que le reste des Espagnols ; et Albares a reconnu avoir oublié d’appeler Feijóo, alors leader in péctore du PP.

    Une quatrième question demeure : que penseraient les cadres et les militants du PSOE, si historiquement impliqués dans la cause sahraouie ? La perplexité initiale s’est depuis transformée en quelque chose à mi-chemin entre la consternation émotionnelle et la soumission au pragmatisme présidentiel. Personne n’a élevé la voix, et Sánchez n’a pas été recalé par une seule de ses voix. Mais la désaffection à l’égard d’une décision de plus en plus incompréhensible en raison de l’absence de contreparties est de plus en plus palpable.

    Seul son groupe a soutenu Sánchez lorsqu’il s’est rendu à Rabat le 7 avril et qu’après avoir dîné avec Mohammed VI, il a publié une déclaration commune intitulée de manière orthopédique « Nouvelle étape du partenariat (sic) entre l’Espagne et le Maroc ». L’absence de toute référence à Ceuta et Melilla et la prise de conscience progressive que toutes les prétendues concessions marocaines n’étaient qu’un retour au statu quo antérieur à la rupture unilatérale de l’affaire du Ghali conduisaient à une conclusion sombre : Sánchez avait accepté la punition de la perte de neutralité au Sahara simplement pour se faire pardonner la façon bâclée dont son gouvernement avait rempli son devoir humanitaire de soigner un malade.

    Pourquoi Sánchez avait-il payé un prix structurel aussi élevé pour régler ce qui, dans les relations toujours cahoteuses avec Rabat, était un épisode bien moins important que, par exemple, la prise de Perejil ?

    La presse algérienne a alors fait des insinuations peu précises qui faisaient état d’une sorte de chantage personnel auquel le Maroc soumettait Sánchez. Quelque chose qui prend aujourd’hui une nouvelle dimension après les révélations qui désignent les services marocains comme les auteurs du vol de milliers de communications du téléphone portable de notre président.

    Jaume Asens, président du groupe Podemos uni, l’a exprimé avec lucidité : « Il est légitime de penser que ces gigaoctets qui ont été volés dans le téléphone portable du Premier ministre ont quelque chose à voir avec le changement de position du gouvernement espagnol sur le Sahara ».

    Si cela s’avérait, il s’agirait d’un scénario cauchemardesque qui pourrait conditionner notre avenir autant ou plus que le 11-M, véritable charnière de l’histoire espagnole contemporaine sur laquelle, bien sûr, l’ombre de Rabat continue de planer.

    Le pire dans cette affaire est que c’est le gouvernement qui nous a mis face à cette probabilité, nous avertissant tout en étant incapable de la démentir ou de la confirmer. En un demi-siècle de journalisme politique, je n’ai jamais vu une apparition aussi absurde et erronée que celle des ministres Bolaños et Rodríguez lundi. Convoquer la presse à 7 heures du matin, un jour férié, le 2 mai, pour annoncer deux heures plus tard que le président et le ministre de la défense ont été espionnés n’a de sens que si un dénouement se prépare.

    Mais la plainte déposée auprès de l’Audiencia Nacional n’a aucune chance, étant donné que la directrice du CNI elle-même a déclaré devant la Commission des secrets du Congrès qu’elle ne sait pas de qui il s’agit et qu’elle ne croit pas qu’on le découvrira un jour. Alors pourquoi s’auto-flageller en reconnaissant cette faille de sécurité qui nous discrédite en tant qu’État deux mois avant le sommet de l’OTAN ?

    Un gouvernement n’est pas obligé de dire tout ce qu’il sait, surtout pas en temps réel.

    L’invocation du principe de transparence est totalement incohérente. Un gouvernement n’est pas obligé de dire tout ce qu’il sait, et encore moins en temps réel. Joaquín Garrigues a ironisé en disant que si les Espagnols écoutaient les délibérations du Conseil des ministres, ils se précipiteraient dans les aéroports pour fuir le pays en masse.

    Dans le prélude aux secrets officiels, il doit y avoir un espace logique pour la discrétion et la prudence. Surtout quand, dès que l’on creuse un peu, on tombe sur un mélange d’étonnement et de négligence dans tout ce qui touche à la cybersécurité. Pourquoi la Commission déléguée aux affaires de renseignement, présidée par Nadia Calviño à la surprise générale, ne s’est-elle pas réunie depuis plus d’un an ? Comment est-il possible que le responsable de la cybersécurité du Centre de cryptologie rattaché au CNI ait affirmé publiquement que nous avons une « mauvaise défense » contre les cyberattaques sans que personne ne fasse rien pour y remédier ?

    Révéler aux premières heures du lundi matin qu’un vol massif d’informations avait été découvert aux premières heures du samedi matin ne peut se comprendre que si cela a permis de faciliter la capture des voleurs. Mais un cyber-espion qui utilise un outil sophistiqué comme Pegasus n’est pas quelqu’un qui attire l’attention de ses voisins pour leur comportement étrange. Il n’a même pas besoin d’opérer depuis son territoire.

    En un demi-siècle de journalisme politique, je n’ai jamais vu une apparition aussi absurde et malencontreuse que celle des ministres Bolaños et Rodríguez lundi.

    La concaténation dans le temps de ce Pégase II, que nous avons appelé par analogie « Sánchezgate », avec le Pégase I, que les séparatistes ont baptisé « Catalangate », a rendu inévitable la conjecture que le second a été dévoilé pour diluer la transcendance du premier. Il ne pouvait y avoir de stratégie plus stupide. En termes éthiques, cela reviendrait à assimiler les enquêtes légales avec autorisation judiciaire à des actions criminelles contre la souveraineté nationale. Et en termes tactiques, cela signifierait faire confiance au sens de la modération des indépendantistes catalans.

    Les faits ont montré qu’il était inutile d’envoyer Bolaños s’expliquer devant la Generalitat, d’autant plus que le gouvernement savait déjà que Pere Aragonès lui-même avait fait l’objet d’une enquête du CNI, avec le soutien du pouvoir judiciaire. Cela n’a pas non plus permis de changer les règles du Congrès, de convoquer la Commission des Secrets et de mettre le CNI sur le dos, si ce n’est pour créer deux nouvelles énigmes : d’une part, si le CNI n’a espionné que 18 des 63 personnes figurant sur la liste du Labo citoyen, qu’est-il arrivé aux 45 autres ; d’autre part, pour quelle raison a-t-on espionné celui qui était alors vice-président de la Generalitat et interlocuteur du PSOE dans les négociations pour l’investiture de Sánchez ?

    Cette deuxième énigme ne peut rester sans réponse. Une fois que le gouvernement est parvenu à ce stade, il ne peut pas faire preuve de tiédeur. Nous avons le droit de savoir si l’actuel président de la Generalitat conspirait pour détruire l’État ou si l’équipe de Sánchez essayait d’obtenir un avantage dans les négociations pendant ces mois. La déclassification des documents qui concernent son cas semble essentielle.

    Quoi qu’il en soit, toutes les manœuvres de Sánchez pour tenter de récupérer les 13 voix d’Esquerra afin de compléter la législature ont échoué lamentablement. Il est évident que la même chose se produira avec le rapport que le Médiateur prépare avec les propres informations du CNI.

    Le dernier atout qui lui reste est sa propre comparution devant la session plénière du Congrès. Même la meilleure pommade magique combinant des doses raffinées de vaseline et de lanoline ne ferait pas avaler aux groupes de gauche la version naïve que le président peut offrir. Avec la circonstance aggravante qu’ayant mélangé Pégase I avec Pégase II, il va offrir deux flancs simultanés à leurs couteaux fraternels : celui de la sale guerre – contrôlée ou non – et celui de la trahison du Sahara. Et ce, au prix de l’ouverture d’une brèche entre Margarita Robles et Bolaños, sans doute les deux personnages clés de son gouvernement, enfermés dans un bras de fer sur la responsabilité de la prévention des cyber-attaques.

    Mais même tout cela est anecdotique si l’on considère l’état des relations avec le Maroc. Comme si le quiproquo ne suffisait pas, le gouvernement a ajouté de manière décisive aux soupçons en incluant dans sa dénonciation infructueuse le fait fondamental que la première intrusion dans le téléphone de Sánchez avait eu lieu le 19 mai, le lendemain de sa visite éclair à Ceuta à l’occasion du grand assaut de la clôture. La révélation par le Guardian qu’un « client unique » qu’il a identifié au Maroc avait commandé l’espionnage de 200 téléphones espagnols dès 2019 a complété cette conjecture très plausible.

    Il n’y a que Sánchez sait ce qu’il pouvait y avoir sur son téléphone au moment du saccage informatique.

    Seul Sánchez sait ce qui a pu se trouver sur son téléphone lorsqu’il a subi ce piratage. C’est Asens lui-même qui a affirmé avoir été victime d’un « chantage » pour demander une « reformulation » de sa position sur le Sahara. Mais un président pris en otage par une puissance étrangère n’aurait pas à « reformuler » une position politique spécifique, mais plutôt la continuité même de sa vie publique. L’infecté ne serait pas le mobile du président mais le président lui-même, car nous aurions affaire à une version 4.0 du « candidat mandchou » du film de Frankenheimer, qui a subi un « lavage de cerveau » pendant la guerre froide pour favoriser les intérêts communistes.

    La perpétuation de cette hypothèse marocaine, compatible avec celles qui pointent les services de Poutine ou la mise en place d’un CNI parallèle en Catalogne, connecté à la fois à Rabat et au Kremlin, n’est pas un inconvénient mineur dans cette Espagne toujours réceptive aux lucubrations les plus alambiquées. Si M. Sánchez continue à privilégier les relations avec le Maroc au prix de la détérioration des liens avec l’Algérie et de la modification de l’équilibre diplomatique dans la région, cela répandra l’idée qu’il y avait quelque chose de très compromettant dans sa motivation. Si, au contraire, il prend à nouveau ses distances avec Rabat, malgré le soutien de Washington et de l’UE, l’idée se répandra qu’il s’agit d’une vengeance servie froidement en réponse à l’espionnage.

    Je ne loue pas le bénéfice de notre président après cette annonce publique incompréhensible de la violation de ses secrets. Si auparavant, nombreux étaient ceux qui prétendaient qu’en alternant carottes et bâtons et en obtenant de bons sponsors, Mohammed VI avait réussi à mettre Sánchez dans sa poche, maintenant ils le garderont au sens littéral du terme.

    El Español, 8 mai 2022

    #Espagne #Maroc #PedroSanchez #Algérie #SaharaOccidental #Pegasus #Espionnage #Ceuta #Melilla

  • Le lien directe de Mahmoudy Mohamedou avec la DGED

    Le lien directe de Mahmoudy Mohamedou avec la DGED

    Le lien directe de Mahmoudy Mohamedou avec la DGED – Maroc, Algérie, Mauritanie, Mourad El Ghoul, terrorisme, AQMI, Mali, Sahel, Etat Islamique,

    Mohamed Mahmoud Mohamedou est directeur adjoint du Graduate Institute, professeur d’histoire et de politique internationales et directeur de l’Executive Education. Il est professeur invité à Sciences Po Paris et à l’Université de Saint-Gall. Il est l’auteur, notamment d’une trilogie sur l’après-11 septembre ; Contre-Croisade – Le 11 Septembre et le Retournement du Monde (2004), Comprendre Al Qaeda – Guerre changeante et politique mondiale (2011) et Une théorie d’ISIS – Violence politique et transformation de l’ordre mondial (2018).

    Le professeur Mohamedou est titulaire d’un doctorat en sciences politiques de la City University of New York. Il a été chercheur en résidence au Centre d’études du Moyen-Orient de l’université Harvard à Cambridge, dans le Massachusetts, avant de devenir chercheur associé à l’Institut Ralph Bunche sur les Nations unies à New York. Il a été directeur de recherche au Conseil international pour l’étude des droits de l’homme, avant de retourner à Harvard en tant que directeur associé du programme de recherche sur la politique humanitaire et les conflits. Il a ensuite été ministre des affaires étrangères de la Mauritanie avant de revenir à Genève au Centre de politique de sécurité (GCSP) où il a été directeur adjoint et doyen académique.

    Ses recherches portent sur la violence politique et le terrorisme transnational, la transformation de la guerre, la construction de l’État, les transitions vers la démocratie et le racisme. Largement publié, le professeur Mohamedou est régulièrement cité dans les médias du monde entier pour son expertise et parle couramment l’anglais, le français, l’espagnol et l’arabe. Il est le lauréat du 2020-2021 International Studies Association (ISA) Global South Distinguished Award et du prix de reconnaissance du Collège de France en novembre 2017.

    Source : Graduate Institute

    En fouillant dans les courriers confidentiels de la DGED, nous avons découvert, à notre grande surprise, qu’il communique directement avec Mourad El Ghoul, le chef de cabinet de Yassine Mansouri, directeur général de la DGED.

    A cette occasion, il envoyait une « note » sur AQMI où il s’en prend violemment aux autorités algériennes. Voici le contenu intégral de ce note:

    Confidentiel

    AL QAIDA AU MAGHREB ISLAMIQUE

    4 février 2011

    1. Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) semble être entrée dans une logique de maximisation de sa position, d’expansion de ses actions et de grande médiatisation de son nom.

    2. L’accélération de ce développement depuis l’été dernier peut, à prime abord, donner l’impression que cette situation est pensée stratégiquement – au niveau d’Al Qaida centrale et de l’AQMI elle-même – et qu’elle suit une logique finement étudiée.

    3. Pour autant, un examen analytique plus rigoureux révèle qu’il n’en est rien, et que l’AQMI est en faite dans une logique de visibilisation accrue de son action pour masquer une impasse stratégique dont il faut savoir prendre toute la mesure, et en tirer les leçons en terme de contingences possibles.

    4. Trois dimensions sont clefs dans cette lecture : (i) l’ineffaçable lignage algérien de l’AQMI, (ii) sa vraie-fausse relation avec Al Qaida et (iii) la nature ambiguë de sa présence au Sahel.

    5. La filiation algérienne de l’AQMI est une donnée centrale à la compréhension de toutes les activités de ce groupe. Longtemps occulté, cet élément est de plus en plus reconnu. L’AQMI n’est en réalité qu’une version cosmétiquement réformée du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC). De fait, le GSPC, qui porte en lui toute la violence de la guerre civile algérienne des années 1990, a été créé en 1998 et a opéré en tant que tel jusqu’en septembre 2006 lorsque le numéro deux d’Al Qaida, Aymen Al Dhawahiri, a annoncé son intégration au groupe Al Qaida. Il faut donc garder à l’esprit que le GSPC a existé en tant que tel durant huit ans avant de faire peau neuve et opérer sous le label AQMI (officiellement depuis janvier 2007) ces 4 dernières années.

    6. Cette généalogie algérienne se double également du fait, conséquent, que tous les leaders ou opérateurs majeurs successifs du groupe sont des algériens : Hassan Hattab, Abderrazak ‘El Para’, Nabil Sahraoui, Abdelmalek Droukdel, Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zaid. Ces leaders d’un groupe actif essentiellement au Sahel sont basés en Algérie, soit dans l’Algérois, soit en Kabylie, soit dans le grand sud algérien.

    7. Des accusations persistantes de manipulation des services de renseignements algériens des groupes islamiques remontent au Groupe Islamique Armé (GIA). Si, au départ, elles concernaient des opérations d’infiltration et de retournement, en ce qui concerne le GSPC et l’AQMI les faits démontrent qu’il s’agit assez clairement d’un cas de création d’un faux groupe islamique au lendemain du 11 septembre afin de (i) créer un foyer de tension au Sahel qui permettrait des financements et une alliance militaro-stratégique avec des Américains omnibulés par l’anti-terrorisme après 2001, (ii) contrôler la zone sahélienne et mettre de la pression notamment sur le Mali et la Mauritanie (attaquée dès juillet 2005) et (iii) mettre de la pression indirecte (et parfois directement) sur le Maroc.


    8. Ces accusations ont été notamment mises à jour dans l’ouvrage de Jeremy Keenan, The Dark Sahara. La suite de cet ouvrage qui paraitra le 16 aout prochain révélera de nouvelles informations en ce sens.

    9. Le deuxième élément qui contredit le récit médiatisé par l’AQMI elle-même et par la grande majorité des experts, français notamment, est celle de l’AQMI en tant qu’avant-poste d’Al Qaida. À la fois les éléments historiques et sociologiques contredisent ce narratif qui n’est qu’un écran de fumée. Le groupe d’Osama Ben Laden s’est longtemps désintéressé du Maghreb, et c’est le GSPC dans une logique d’opportunisme avérée qui a cherché à obtenir l’utilisation du nom. Si elle a réussi à s’en emparer en 2006, c’est dans des conditions complexes à un moment ou Al Dhawahiri cherchait à mettre en place une assise globale de son groupe (avec d’autres tentatives comme une Al Qaida en Egypte qui a aussitôt disparue). Mais l’habit ne fait pas le moine et l’AQMI est inévitablement restée le GSPC. En ce sens, elle a continué à faire essentiellement ce qu’elle faisait, à savoir des rapts d’étrangers au Sahel.

    10. De même, Al Qaida n’a pas pour habitude de prendre des otages dans une logique de rançonnement. Cette approche met à jour la criminalité (au-delà du terrorisme) de l’AQMI qui a établit un véritable réseau de corruption à travers le Mali, le Niger et le sud Algérien. Le centre de gravité de l’AQMI – le nord du Mali et le sud de l’Algérie (paradoxalement les deux pays les moins actifs dans la lutte contre ce groupe, et qui réclament essentiellement des « conférences internationale » inefficientes) révèle la nature suspecte d’un groupe dont le leadership est dans l’Algérois ou la Kabylie et dont les « troupes » sont au Sahel.

    11. En multipliant les tentatives de « benladisation » de son action, l’AQMI révèle en réalité la faiblesse de ses liens avec Al Qaida. Divers éléments (brièveté, style, phraséologie, références préexistantes, phrases utilisées auparavant dans d’autres contextes, envoi à Al Jazira) permettent ainsi d’affirmer que les deux messages du 27 octobre et du 21 janvier derniers attribués à Ben Laden sont des faux. Ils servent principalement à « prouver » publiquement le lien entre l’AQMI et Al Qaida et à mettre de la pression sur la partie française afin de faire monter les enchères pour la libération des cinq otages encore aux mains du groupe.

    12. Aussi, troisième élément, la surprésence sahélienne de l’AQMI (après des attaques maghrébines en 2007) trahit un dessein géostratégique par lequel ceux qui tirent les ficelles de l’AQMI ont initialement cherché à contrôler la région en sous-main.

    13. Pour autant, cette stratégie fait aujourd’hui face à un problème sous forme d’impasse pour ceux qui l’on dessiné.

    14. D’une part, le groupe en soi est devenu hybride et imprévisible pour ses créateurs. À la fois composé d’ex-militaires algériens, anciens islamistes ex-« hittistes » des années 1990, petits criminels et grands brigands à la tête de réseaux de trafics au Sahel, l’AQMI est devenu un monstre pour ceux qui l’ont créée. Cet élément s’est manifesté très tôt, en 2003, avec la rébellion d’El Para et sa fuite avec la moitié des touristes allemands au Tchad. De plus, les dissensions internes au système algérien font qu’il est devenu difficile d’établir un plan complexe et assurer son application si aisément qu’il y a dix ans.

    15. Deuxième élément, international, les États-Unis embourbés en Irak et en Afghanistan, et dotés d’une administration des plus incompétentes de leur histoire, se sont graduellement « retirer » du Sahel, prenant de plus en plus l’ampleur du fait qu’ils ont été bernés par les Algériens.

    16. En même temps, et s’ils maintiennent encore de forts réseaux dans ce pays notamment au niveau des « experts » à Paris, les Algériens ont vu la France avoir de plus en plus de doutes quand à la capacité et la volonté de l’Algérie de les assister dans la région.

    17. Enfin, l’entrée en scène inattendue en 2008 d’un pouvoir mauritanien fort et déterminé sur cette question a déstabilisé la stratégie algérienne. Après avoir tenté de bloquer sa reconnaissance internationale (en vain) et tenter de l’intimider (12 soldats décapités en septembre 2008), l’Algérie passe désormais par l’AQMI afin de poursuivre ce même objectif. L’élément doit être exprimé clairement : même si certains des membres de l’AQMI qui attaquent régulièrement Nouakchott sont de jeunes Mauritaniens influencés, ce sont bien les Algériens qui visent la Mauritanie.

    18. Tout ceci révèle néanmoins une improvisation de l’AQMI. Et dans une telle phase de fuite en avant (qui peut durer longtemps), le groupe peut à court et moyen terme s’avérer tout aussi voire plus dangereux, à l’image d’un fauve blessé et imprévisible.

    19. Alors que le groupe s’essouflait avec une répétition cyclique de ses rapts (britanniques, espagnols, français, etc..) en 2009-2010, le raid franco-mauritanien de juillet dernier (un mauvais calcul pour une bonne raison) lui a donné une opportunité historique de repartir de plus belle et se donner une « cause sacrée ». En même temps, la déclaration, passée inaperçue dans l’insouciance estivale, du premier ministre français que « la France est en guerre contre Al Qaida » a projeté cette ambition de l’AQMI au niveau internationale.

    20. Il ne restait plus à l’AQMI qu’a « menacer » la France à la rentrée suivante, remettant à jour un circuit opéré par les services algériens en 1995, et a faire un coup d’éclat avec les kidnappings d’Areva. Pour parfaire cette nouvelle tactique – puisque ce n’est pas une stratégie – il importe de frapper la Mauritanie. Aussi, les tentatives se sont multipliées jusqu’à la plus importante ce 1er février.

    21. À cet égard, si le pouvoir mauritanien est le plus fort que ce pays ait connu depuis son indépendance et sa détermination contre l’AQMI bien réelle, les risques d’une opération réussie de l’AQMI tôt ou tard sont malheureusement à craindre ; le pays est trop vaste, l’armée mauritanienne demeure sous-équipée et le terrorisme peut pénétrer partout.

    22. En résumé :

    – la menace que représente l’AQMI est réelle mais elle a peu à voir avec le récit public que le groupe donne de lui-même et qui est trop facilement (complicitement) répercuté dans les médias. En particulier, l’élément religieux est négligeable et celui criminel est prégnant.

    – La clef de l’AQMI demeure à Alger, mais elle est de moins en moins tenue avec fermeté, ce qui posera un problème de prévisibilité à court terme.

    – Il faut savoir se prévenir du groupe en multipliant plus que jamais les actions préventives et le travail de renseignement régional afin de traquer et désamorcer les opérations potentielles qui se succéderont immanquablement cette année. En cassant le rythme que l’AQMI tente actuellement d’imposer, l’on pourra potentiellement la faire battre en retraite et à terme la voire s’estomper.

    Source : Marocleaks, 09 mai 2022

    #Maroc #DGED #Algérie #Mohamed_mahmoud_ould_mohamedou #Mauritanie #AQMI #Terrorisme