Depuis le 9 septembre dernier, le rappeur marocain du Mouvement du 20 février, Mouad Belghouat, est incarcéré à Casablanca. Pour l’heure, aucune date de procès n’a été fixée. De plus, toutes les demandes de liberté conditionnelle présentées par le comité de cent avocats qui se sont portés volontaires pour assister Mouad dans son procès, ont été refusées par le tribunal. Mouad a été interpelé suite à une plainte pour « coups et blessures » déposée par un membre des forces royalistes. Pour les avocats de Mouad, ce témoin à charge est un « témoin fabriqué ». D’après eux, la justice marocaine aurait inventé ces fausses accusations pour faire taire le rappeur qui, dans ses chansons, critiquait le régime politique et la famille royale marocaine. Le procès de Mouad est-il un cas isolé ? Non, affirme Zineb el Rhazoui. Bien au contraire : Le régime aurait régulièrement recours à des arrestations arbitraires et intimidations en tout genre pour réprimer le mouvement de contestation. Zineb el Rhazoui est journaliste franco-marocaine et co-fondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles (MALI). Ayant fait l’objet de menaces de mort, la jeune activiste est venue se réfugier en Belgique. Magali Kreuzer pour ARTE Journal : Avez-vous des nouvelles de Mouad ? Où en est la procédure pénale ?
Zineb el Rhazoui, militante marocaine : Le comité de cent avocats qui défend Mouad, alias « el Haked » (l’enragé), vient d’annoncer le rejet de la requête qui a été déposée pour la liberté conditionnelle de Mouad. Cette requête vient d’être rejetée par le parquet de Casablanca ce dimanche 6 novembre. Mouad n’a donc pas passé la fête de l’Aïd el Kébir en famille.
ARTE Journal : Que lui reproche-t-on ?
Zineb el Rhazoui : Cette plainte a été déposée par un certain Mohamed D. qui fait partie de l’alliance des jeunesses royalistes. Il s’agit donc d’un baltaji, qui fait partie de ces groupes de mercenaires employés et grassement payés par le régime pour organiser des contre-manifestations, des soit-disant manifestations de défense du roi, de la patrie etc… Cette personne, qui ne se présente même pas aux audiences, a porté plainte contre Mohamed el Haked pour agression et coups et blessures, ce qui est un motif totalement faux. On sait que le régime marocain est passé maître dans l’art de l’invention de faux procès. Je cite par exemple le cas du boxeur franco-marocain Zakaria Moumni, qui a été champion du monde de boxe thaï et qui vient d’être condamné à trois ans de prison pour des motifs à peu près similaires. Deux personnes, qui vraisemblablement n’existent même pas, ont porté plainte contre Zakaria Moumni pour escroquerie.
ARTE Journal : Connaissez-vous d’autres cas similaires à celui de Mouad ?
Zineb el Rhazoui : La pratique des arrestations et de la fabrication de procès est très répandue. Il y a eu des arrestations pratiquement sans motif. Mouad el haked est en prison depuis le 9 septembre sans jugement, sans aucune forme de procédure et sans que le plaignant ne se présente aux audiences. Mouad n’a pas été le seul à être arrêté. Il y a aussi des personnes de son comité de soutien. Le 20 octobre, Maria Karim, qui fait partie de ce comité, a été arrêtée. Elle a passé une nuit au commissariat. Il y a des photos qui montrent des hématomes. Elle a été tabassée dans un commissariat de Casablanca par cinq policiers. Elle a été insultée. On lui a craché dessus etc… Le frère de Mouad a également été arrêté puis relâché, tout comme Nabil al-Qurafi. Ce jeune militant, qui fait partie du comité de soutien de Mouad, a été arrêté par deux policiers qui sont venus chez lui, qui ont prétendu vouloir prendre le thé avec lui et qui l’ont ensuite arrêté. Toutes ces arrestations sont des arrestations illégales, qui se font sans mandat. Il arrive que l’on relâche ces personnes mais pour Mouad, ça n’a pas été le cas, parce qu’on a fabriqué de faux motifs.
ARTE Journal : Quelles sont les causes de cette vague d’arrestations ?
Zineb el Rhazoui : De toute manière, tout un ensemble de militants pour la démocratie au Maroc s’attendaient à ce qui allait arriver. Après le simulacre de réforme constitutionnelle, cette constitution concoctée en trois mois puis votée à 99% de « oui » avec des fraudes massives au référendum, vient le temps des règlements de compte. Donc aujourd’hui, après avoir calmé l’opinion internationale, après que le régime marocain ait mis en place ce simulacre de réforme pour pouvoir prétendre au niveau international qu’il a devancé les revendications du mouvement de contestation – ce qui, je le dis au passage, n’a pas du tout été le cas – aujourd’hui, le régime passe à une deuxième phase, qui est celle des arrestations massives dans les rangs des militants et des règlements de compte. Et le régime ne se limite pas aux arrestations. Il y a aussi eu des assassinats. Je cite le cas de Mohammed Boudouroua, assassiné le 13 octobre à Safi. Il s’agit d’un diplômé chômeur âgé de 36 ans. Il a été poussé par un policier du haut d’un toit d’immeuble. Un autre diplômé chômeur s’est également fait assassiner dans une ville au nord du Maroc, Al Hoceima. Après être rentré d’une manifestation à Casablanca, il s’est fait assassiner par un baltaji, qui lui a planté un couteau dans le dos. Dans les deux cas, les responsables de ces assassinats n’ont pas été inquiétés, alors que pour Mouad, où l’on demande juste la libération conditionnelle en attendant que le procès ait lieu, le parquet continue à refuser sa libération, alors qu’il remplit toutes les conditions : il a un casier judiciaire vierge et il n’y a pas de preuves dans le procès qui lui est fait.
ARTE Journal : Ces arrestations massives ne vont-elles pas à l’encontre de toutes les promesses de réformes faites par le roi Mohammed VI ?
Zineb el Rhazoui : Je précise que le Maroc n’est pas du tout une démocratie. Aujourd’hui, le régime marocain est extrêmement gêné par la vague de contestation qui est menée par le Mouvement du 20 février et par d’autres représentants de la société civile. Beaucoup de mouvements sociaux éclatent un peu partout. Il y a toute une jeunesse qui n’en peut plus. Elle n’en peut plus du chômage, de l’absence de liberté. Elle n’en pleut plus de cette absence de démocratie organisée par le régime marocain. Elle n’en peut plus de l’État policier. Cette jeunesse qui sort, qui s’exprime, qui parle librement, qui fait aussi un travail de sensibilisation de la population marocaine sur la situation politique et économique au Maroc, cette jeunesse est très gênante pour le régime. Je rappelle que le roi du Maroc, à ce jour encore et malgré la réforme constitutionnelle, continue de concentrer l’ensemble des pouvoirs entre ses mains : du pouvoir exécutif jusqu’au militaire, judiciaire, religieux, sans parler du pouvoir économique. Il concentre à lui seul plus de la moitié de l’économie nationale. Je veux dire par là que le roi du Maroc possède à titre personnel plus de 65% de la capitalisation boursière au Maroc. C’est une situation qui ne peut plus durer. Donc aujourd’hui, après ce simulacre de réforme constitutionnelle, la rue continue à se soulever, ce qui est très gênant pour le régime, parce que l’on se retrouve dans une situation où il y a une confrontation directe entre le Palais et la rue.
ARTE Journal : Avez-vous également fait l’objet d’intimidations ?
Zineb el Rhazoui : Oui, j’ai moi même fait l’objet d’intimidations. J’ai reçu beaucoup de menaces de mort. On a donné mon lieu de résidence sur les forums, parce que j’ai accordé une interview à un quotidien algérien « El Watan » dans laquelle j’ai qualifié Mohammed VI de dictateur, ce qui n’a pas plu manifestement. J’ai également fait l’objet d’une violation de domicile en juin dernier, où une quinzaine de policiers en civil ont arraché la porte de mon appartement à Casablanca à 5h45 du matin pour arrêter mon compagnon, qui est également opposant au régime et qui a aussi fait l’objet d’un faux procès. On l’a accusé de vol d’un ordinateur qui lui appartient. Quant à moi, on a voulu me poursuivre pour prostitution, parce que je me trouvais avec un homme qui n’est pas mon mari sous le même toit. Le régime a renoncé à cette accusation au dernier moment, voyant que j’assumais totalement ma vie privée et que j’étais prête à dénoncer dans les médias ce régime qui est prêt à poursuivre deux opposants parce qu’ils ont des relations sexuelles ensemble. Aujourd’hui, on en est là au Maroc. On n’est pas du tout au pays qui serait soit-disant l’exception arabe, on est dans un pays qui a fait une réforme en trompe-l’oeil et qui a été applaudi par Sarkozy et Juppé comme étant une grande avancée démocratique. Ce régime aujourd’hui continue d’user de pratiques de détention arbitraire, d’arrestations illégales, de torture dans les commissariats. Nous avons encore au Maroc des centres de détention secrets, comme celui de Temara, que l’on appelle la prison verte et qui est un secret de polichinelle. Nous ne sommes pas tout à fait dans un État de droit. Le contrôle du sécuritaire échappe totalement aux institutions politiques et représentatives du peuple. C’est ce qui explique largement que la contestation ne cesse pas malgré cette fausse réforme constitutionnelle.
Par ARTE à la rencontre des peuples pour partager leur combat pour la liberté, 9/11/2011.
Le président de l’Organisation marocaine de soutien aux causes de la nation et vice-coordonnateur du Front marocain de soutien à la Palestine, Abdessamad Fethi a estimé que la normalisation touristique du régime du Makhzen avec l’entité sioniste constituait la voie que les sionistes ont choisi d’emprunter pour conquérir le Royaume, affirmant qu »‘il serait illusoire de croire que leur présence se limitera au secteur touristique ».
« Le Maroc a ouvert les portes aux groupes de colons pour accéder à notre terre en ouvrant des vols directs entre le Maroc et l’entité colonisatrice en vue de multiplier de quatre le nombre des visiteurs sionistes conformément à l’accord de honte », après que les ministres marocain et sioniste du tourisme ont décidé d’atteindre 200.000 conquistadores par an via 3 vols par semaines », a indiqué Abdessamad Fethi sur sa page Facebook.
En vue d’appuyer ce processus, une convention a été signée le 26 juillet 2021 portant promotion du tourisme au Maroc par les deux parties, évoquant « les contradictions flagrantes » entre les prix appliqués sur les vols aux pays voisins et ceux à l’entité sioniste.
Le Mekhzen aurait dû, selon lui, « subventionner les vols internes dont les prix dépassent les 2.000 dirhams pour un simple trajet entre Casablanca et Tanger, soit les deux tiers du prix de billet vers l’aéroport de Tel-Aviv, ou encore soutenir les étudiants qui souffrent des prix exorbitants des billets pour poursuivre leurs études ».
« L’ouverture d’une ligne directe entre l’entité sioniste et le Maroc en vue de permettre aux sionistes d’envahir le Maroc sous prétexte d’activités touristiques, est catégoriquement rejeté, étant une trahison mais aussi une dégradation morale », a-t-il martelé.
« Accueillir des sionistes veut dire abriter des assassins et criminels « , déplore le même militant, s’interrogeant sur la raison pour laquelle « nous accueillons chaleureusement ceux qui ont tué des enfants et des femmes innocentes? ».
« La normalisation touristique se veut une récompense à ceux qui ont quitté le Maroc pour adhérer à un projet sioniste, occuper une terre arabe et opprimer son peuple musulman. Ils ont, plutôt, commis des massacres contre les musulmans en faisant plus de 100.000 victimes depuis la Nakba jusqu’à présent. Comment se fait-il que nous primions celui qui nous a trahis en rejoignant la bande de sioniste en vue de coloniser une terre, judaïser nos lieux-saints et réprimer nos frères ».
La normalisation touristique n’est pas sans risque sur le Maroc à plus d’un titre, dont « l’affaiblissement de l’immunité du peuple, ouvrant la voie à l’infiltration intellectuelle et émotionnelle du projet sioniste », a-t-il dit.
Cette normalisation procède à « la facilitation de l’opération d’espionnage et à la mobilisation au profit de l’entité sioniste contre l’intérêt du pays et de la nation, notamment la question palestinienne, ainsi qu’à la diffusion de la corruption par l’encouragement du tourisme sexuel dont ils
sont les maîtres, outre le soutien et le renforcement des lobbies de normalisation dans notre pays en tant que moyen de mise en œuvre de leurs projets destructeurs.
Le même responsable a souligné que les relations touristiques avec l’entité sioniste reposent sur « la facilitation de l’opération de diffusion des plans sionistes, car étant l’ennemi et l’auteur d’un projet expansionniste raciste ».
Après avoir souligné que ce type de normalisation menace la stabilité et l’unité sociale du Maroc à travers le soutien de la violence et l’incitation à la ségrégation raciale, le même intervenant a cité, dans ce sens, « le scandale de la formation d’officiers marocains au maniement d’armes par des officiers sionistes via l’institut israélien international « Alpha » en 2017 sous la supervision d’un agent de sécurité français et d’un rabbin sioniste.
« Comment se fait-il que les autorités marocaines, et au moment où les mesures préventives relatives à la suspension des déplacements entre les villes sont renforcées, autorisent-ils l’accès des sionistes au Maroc », s’est-il interrogé, ajoutant que « l’Etat, qui a ciblé les rites des musulmans, à l’instar de l’interdiction des prières de l’Aid et des Tarawih, n’est pas en mesure d’interdire le tourisme pour les sionistes en dépit des risques sanitaires ».
Vendredi 28 mai 2021, 9h30, Aïn Sebaa, quartier périphérique de Casablanca, face à la prison Oukacha. Le léger voile de brume maritime qui recouvrait ce quartier de la côte atlantique, se déchire lentement, par pans, laissant le soleil reprendre droit de cité. La journée s’annonce torride. La température frise déjà les dix-neuf degrés. Sweat noir, pantalon beige clair et baskets blanches, une dame installe un petit campement, pour quelques heures au pied d’un muret de clôture en pierres ocres, sur lequel court un grillage. A ses côtés, son compagnon, Driss Radi. Le blouson de Fatiha Cherribi, c’est son nom, est entrebâillé sur un T-shirt frappé de l’effigie d’Omar Radi, leur fils, journaliste d’investigation, victime de la vindicte du régime, en raison de la pertinence de ses enquêtes, de ses interviews ou de ses déclarations sur les crimes de la mafia au pouvoir.
Une irrépressible appétence pour le traquenard sexuel
Le journaliste de 35 ans dort en prison, à l’isolement, depuis le 29 juillet 2020. Il y a rejoint ses collègues Taoufik Bouachrine et Soulaïmane Raïssouni, respectivement incarcérés depuis le 24 février 2018 et le 22 mai 2020. Les journalistes font tous les trois face à des charges similaires. Mais dans le souci de donner du crédit à ses accusations, le parquet les a agrémentées de variations sur le même thème pour lequel il semble avoir désormais, une irrépressible appétence, le sexe : « traite d’êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de viol », pour le cas de Taoufik Bouachrine, « agression sexuelle » sur un militant LGBT pour Soulaimane Raïssouni et enfin « attentat à la pudeur avec violences et viol » pour Omar Radi. Pour ce dernier, le parquet a rajouté une cerise sur le gâteau, avec les charges d’ « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Rien que ça ! Il faut croire que le logiciel des sécuritaires et du parquet est infecté et pollué par le sexe. Pour s’en convaincre, il faut compulser l’actualité des journalistes, des militants ou des défenseurs des droits de l’homme : Hicham Mansouri, journaliste, arrêté à son domicile, déshabillé et filmé par les policiers est condamné à dix mois de prison pour adultère , le 30 mars 2015; Hajar Raissouni, journaliste, arrêtée en même temps que son fiancé, Rifaat Al Amine, à la sortie du cabinet de son gynécologue et condamnée, le 30 septembre 2019, pour relations sexuelles hors mariage et avortement illégal; Fouad Abdelmoumni, économiste, militant des droits de l’homme et secrétaire général de Transparency Maroc, filmé en février 2020, par une caméra espion avec sa compagne en pleines ébats, dans leur chambre à coucher et la vidéo envoyée à sa belle-famille et ses amis. Maître Mohamed Ziane, ex-bâtonnier de l’ordre des avocats, ex-ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Droits de l’Homme et défenseur de Taoufik Bouachrine, objet, en novembre 2020, d’un montage vidéo montrant un homme nu, lui ressemblant aux côtés d’une de ses clientes, Wahiba Kherchich.
Devant la prison d’Oukacha, une dizaine de personnes se joignent, en ordre dispersé, aux parents d’Omar Radi. Ils sont venus soutenir la cause des détenus. Embrassades, étreintes et effusions cèdent rapidement le pas à de véhémentes protestations et à d’innombrables quolibets. La veille, après le départ du groupe, les autorités, courroucées par le sit-in continuel des familles et des amis des prisonniers, devant la prison, ont décapité un ibiscus, un yucca et un eucalyptus qui avaient pour tort d’abriter du soleil les protagonistes de ces rassemblements. La nouvelle de l’ignominie et les photos du saccage se répandent immédiatement sur la toile où ils suscitent l’indignation générale.
1 dîner 2 cons, l’œil du cyclone
On a tout écrit sur l’affaire Omar Radi. Le journaliste avait pris part au Mouvement du 20 février 2011. Il avait sans doute, l’espace de quelques semaines, été victime de la supercherie grandeur nature, orchestrée par le Palais et ses complices, après l’éclosion du Printemps marocain. Une escroquerie intellectuelle qui a débuté avec le discours du 9 mars 2011 qui promettait, en effet, un peu plus que les revendications de la rue. Si bien que l’on pensait que le Mouvement avait fait plier le roi et l’avait décidé, sinon forcé à s’affranchir des travers caractérisant son régime. Comme bien de ses confrères, Omar pensait donc avoir gagné le droit à la liberté d’enquêter et de communiquer à ses compatriotes, le résultat de ses investigations, en un mot faire son métier de journaliste.
Le référendum pour une « nouvelle » constitution approuvé à la manière soviétique, à plus de 90% et les élections remportées par les islamistes du Parti de la Justice et du Développement, les affaires pouvaient reprendre pour le palais, au sens propre comme au figuré. Le PJD avait promis de lutter contre la corruption et pour plus de justice sociale. Il se fit défenseur des corrompus et de l’injustice et leur bras séculier pour rattraper tous ceux qui avaient, de près ou de loin, pris part au Printemps marocain, artistes, poètes, chanteurs, journalistes, activistes ou simples citoyens épris de liberté. Omar Radi était de ceux-là, même s’il passa entre les gouttes de la répression immédiate. Bien plus tard, le 25 août 2018, l’homme dira son mot sur la méthode Mohammed VI, lors du sixième épisode de l’émission « 1 dîner 2 cons », diffusé le 25 août 2018. Il dit :
-«……Carte blanche a été donnée par le roi, dans son discours du trône, aux sécuritaires de transformer le pays qui l’était déjà, en état policier, à l’exemple de la Tunisie de Ben Ali……………….La police et les services de renseignements ont accentué leur emprise sur le pays….. Ils ont accéléré la dépossession des terres collectives. »
A la minute 17.30, le journaliste explique les raisons profondes de la révolte du Rif, ignorées par les marocains et qui sont la dépossession de trente mille (30.000) hectares de terres entre Ketama et Al Hoceima, pour alimenter l’assiette foncière du projet « Phare de la Méditerranée» (Manarat Al Moutaouassit).
Dans la même séquence, Omar Radi se livre à un réquisitoire en règle contre le bilan de Mohammed VI dont il dit qu’il a poursuivi le sabotage des partis politiques entamé par Hassan II…………..
Il n’y aura jamais de septième épisode de l’émission. Quelques jours plus tard, l’Association Racines, ayant hébergé le tournage du talkshow, est dissoute par les autorités. Le nœud coulant se resserrait un peu plus autour du cou d’Omar.
On a également tout éventé du traquenard sexuel tendu au journaliste. Qui oserait, en effet, croire qu’une jeune femme violée n’appelle pas les secours alors qu’à quelques pas de l’agression, se trouve réuni un groupe de personnes ?
La mauvaise histoire belge
On a également tout démonté de cette prétendue affaire d’espionnage qui rappelle les histoires belges, l’humour en moins. Il faut, en effet le dire, la pitoyable mise en scène imaginée par le Makhzen est une insulte à tout ce que l’humour gaulois pourrait colporter sur les habitants du plat pays. Un employé de nationalité belge qu’on prend pour un diplomate hollandais et qui serait l’agent traitant d’Omar. C’est le citoyen belge lui-même, Arnaud Simons, qui remettra les pendules à l’heure et apportera un démenti cinglant aux déclarations du parquet dans une lettre où il détaille les relations qui l’ont lié au détenu.
Il écrit :
« Le poste que j’ai occupé a fait l’objet d’une offre d’emploi publique avant mon entrée en fonction et après mon départ et aurait pu être occupé par tout autre candidat, indépendamment de sa nationalité. Je ne suis ainsi moi-même pas néerlandais mais belge, ce qui ne fait que mettre en lumière le manque de sérieux des accusations d’atteintes à la sûreté de l’État portées contre Omar. »
On aurait pu en rire et même se taper sur les cuisses, n’était-ce la tragédie qui emporte la famille Radi !
Avec beaucoup d’élégance, l’ex-fonctionnaire de l’ambassade des Pays-Bas évoque un manque de sérieux des accusations. Il aurait pu tout aussi légitimement parler d’incompétence ou d’amateurisme, les policiers n’ayant même pas été capables d’orthographier convenablement son nom, transcrivant Simon en lieu et place de Simons. Au cours des auditions à la BNPJ, Omar Radi aura eu beau demander aux officiers de police judiciaire de corriger l’orthographe, s’ils voulaient retrouver l’homme pour le faire témoigner. Rien n’y fit.
Dans sa lettre, Arnaud Simons bat également en brèche la thèse officielle d’un Omar Radi tentant de nuire à la situation diplomatique du Maroc, au travers de la crise du Rif. Il écrit :
« J’ai quitté le Maroc à l’été 2015…………….. Les évènements du Rif n’ont débuté que bien après mon départ ……………………… Omar et moi n’avons depuis mon départ plus eu aucun contact téléphonique et lui et moi n’avons jamais discuté des évènements du Rif.
Il semblerait pourtant que ce soit notamment sur base de cet élément que se fonde l’accusation contre lui d’avoir violé l’article 191 du code pénal, qui punit de cinq ans de prison l’« atteinte à la sûreté extérieure de l’État [en entretenant] avec des agents étrangers des intelligences ayant pour objet de nuire à la situation diplomatique du Maroc ».
S’il devait s’avérer qu’Omar a effectivement reconnu avoir eu des contacts directs et téléphoniques avec moi coïncidant avec les événements en question, ses aveux poseraient alors plus de questions concernant la nature des séances d’interrogatoire qu’il a subies que sur l’authenticité des faits.»
L’ibiscus qui refusait de mourir
Des lignes accablantes en forme de démenti. Elles disent qu’en termes de nuisance à sa diplomatie, le régime marocain n’a nul besoin d’aide. Mohammed VI et ses thuriféraires s’en chargent à merveille, avec leur comportement d’un autre âge ! Car si Mohammed VI avait été ce souverain démocrate modèle, « roi des pauvres », qu’on avait vendu aux marocains à la disparition de son père, et si son régime avait été la monarchie parlementaire exemplaire dont la courtisanerie se gargarise, Omar Radi n’aurait peut-être jamais été journaliste ou à tout le moins pas celui que l’on connaît, auteur de ces enquêtes qui lui valent aujourd’hui la prison. Car vous l’aurez compris, c’est plutôt ailleurs qu’il faut chercher les raisons de l’arrestation du journaliste et sa condamnation. Dans la pertinence des articles et dans la qualité des enquêtes qui ont démasqué Mohammed VI.
Pas une semaine ne s’écoule depuis son arrestation sans que, tour à tour, Fatiha et Driss Radi, ne se fendent d’une lettre psychanalysant leur peine, leur douleur et leur chagrin de parents. Aucun traducteur, aucun interprète ne saura jamais rendre la charge d’émotion de ces courriers-là.
Devant la prison d’Oukacha, l’ibiscus étêté par les autorités a repris goût à la vie. Il feuillit de plus belle et bien plus vert qu’auparavant, comme un pied de nez à ses tortionnaires et un clin d’œil d’espoir aux familles d’Omar, de Soulaïmane, de Taoufik et des autres. Au fond de leur cellule, tous ces garçons me font penser à cet arbre magnifique qu’on a voulu tuer et qui revient hanter ses assassins et leur rappeler la tirade de l’apôtre de la non-violence, Mohandas Karamchand Gandhi, à la face de ses tourmenteurs :
-« Vous pouvez m’enchaîner, vous pouvez me torturer, vous pouvez même détruire ce corps, mais vous n’emprisonnerez jamais mon esprit ! »
Lyautey, c’est surprenant pour un colonisateur, est toujours vénéré au Maroc. Un grand immeuble d’habitation du centre de Casablanca porta longtemps son nom, il y eut une rue Lyautey derrière la Grande Poste, et sa statue, édifiée dans les jardins du Consulat général de France, est en plein centre-ville, entre la préfecture et le Palais de Justice !
PROTECTORAT AU MAROC UNE POLITIQUE COLONIALE En 1912, la France signe avec l’Empire chérifien le traité de Fès qui établit son protectorat au Maroc, régime qui promeut une politique coloniale particulière tout en permettant à ce pays de vivre selon ses traditions. Une conception que le général Lyautey incarne jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le 30 mars 1912 est une date clé de l’histoire du Maroc. Pour la première fois, ce vieil empire dont l’État fut fondé au VIIIe siècle après J.C par la dynastie Idrisside, cède les attributs essentiels de sa souveraineté à une puissance étrangère, la France, qui ne partage ni sa religion, ni ses mœurs. Salué comme une victoire à Paris, cet événement est ressenti comme une humiliation par beaucoup de Marocains qui y voient une forme intolérable d’ingérence. Il faudra tout l’intelligence politique et le tact du général Hubert Lyautey, nommé résident général du Maroc en avril 1912, pour restaurer, non sans soubresaut, ni conflits un climat d’amitié entre la France et le Maroc, qui malgré les aléas et les violences de la décolonisation, perdure encore aujourd’hui. Historiquement, il est incontestable que cette relation de confiance a été facilitée par le caractère original d’un protectorat qui, s’il institue une situation coloniale de fait, en évite les aspects les plus brutaux en permettant à la monarchie marocaine de maintenir sa personnalité. Comme le stipule l’article 1re du traité signé entre le gouvernement français et le sultan du Maroc Maoulay Abdel Hafid : Le gouverneur de la République française et sa Majesté le Sultan sont d’accord pour instituer au Maroc un nouveau régime comportant des réformes administratives, judiciaires, scolaires, économiques, financières et militaires que le Gouvernement Français jugera utile d’introduire sur le territoire marocain.
Mais l’article précise aussitôt : Ce régime sauvegardera la situation religieuse, le respect et le prestige traditionnel du Sultan, l’exercice de la religion musulmane. L’article II stipule que sa majesté le Sultan admet dès maintenant que le Gouvernement Français procède après avoir prévenu le Maghzen (l’administration marocaine), aux occupations militaires du territoire marocain qu’il jugerait nécessaires au maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions commerciales et ce qu’il exerce toute action de police sur terre et dans les eaux marocaines. En outre, et c’est ici que la notion de protectorat prend son sens, l’article III affirme Le Gouvernement de la République prend l’engagement de prêter un constant appui à sa majesté Chérifienne contre tout danger qui menacerait sa personne ou son trône ou qui compromettrait la tranquillité de ses États. En réalité ce protectorat, qui perdure jusqu’en 1956, est l’aboutissement d’une longue évolution qui va faire de ce pays un enjeu entre des puissances européennes qui considèrent leur expansion en Afrique comme légitime.
L’Angleterre et l’Espagne, tout au long du XIXe siècle, mais aussi la France et l’Allemagne, vont exercer leur influence sur un Maroc tiraillé entre un désir d’ouverture, en particulier à travers les villes côtières ou le commerce avec l’Europe se développe, et à une aspiration à préserver son identité Berbère traditionnelle nourrie d’un islam rigoriste. La signature du protectorat avec la France intervient donc dans la durée. Depuis la conquête de l’Algérie, la France considère que l’Afrique du Nord est sa zone d’influence naturelle. Ainsi, n’hésite-t-elle pas à combattre l’émir Abdel Kader, qui fut le fer de lance de la rébellion contre la colonisation.
C’est dans le cadre de cette pacification qui a aussi pour vocation de protéger l’Algérie des prétentions hégémoniques du Maroc que le général Bugeau écrase les troupes marocaines lors de la fameuse bataille de l’Isly en 1844. Initiée sous la monarchie de Juillet, la politique de la France au Maroc se poursuit et même s’intensifie sous la IIIe République, comme l’illustre la conférence de Madrid qui en 1880, voit l’Espagne, la France et l’Angleterre convenir de leurs prérogatives respectives dans cette région. Alors que l’Angleterre concentre ses ambitions sur l’Égypte, la France et l’Espagne, laquelle exerce sa souveraineté sur une partie du Nord marocain, affirment leur volonté de s’implanter dans un pays de plus en plus indépendant économiquement d’une Europe dont il a besoin pour des produits qui, tel le sucre et le café, sont devenus consommation courante. Au début du siècle dernier, le sultan Abdel Aziz voit son pouvoir se restreindre. Sa légitimité est contestée par les secteurs les plus traditionnels de la société marocaine qui le mettent en garde contre les dangers de la pénétration occidentale.
C’est dans ce contexte tourmenté qu’intervient la célèbre crise de Tanger. Celle-ci éclate le 30 mars 1905 quand Guillaume II envoie sa flotte devant le port et traverse la ville à cheval pour se poser en défenseur de l’intégrité marocaine. Provoquant ainsi la réaction indignée d’une France désireuse d’instaurer son protectorat au Maroc, comme elle l’a fait en Tunisie, avec le traité de Bardo en 1881. Après une forte tension, où certains voient poindre la menace de guerre, la crise se conclut par le traité d’Algésiras, signé en août 1906, qui promeut les bases d’un protectorat français au Maroc. Il institue la surveillance, par la France et l’Espagne, de la sécurité urbaine des ports marocains, la création d’une banque d’État, dans laquelle les banques françaises détiennent un tiers des fonds, l’établissement à Tanger d’une commission nationale chargée notamment de la construction des nouveaux ports de Casablanca et de Safi qui vont être financés par des entreprises françaises. En 1908, écrit Michel Abitbol, orientaliste et auteur d’une Histoire du Maroc, qui fait référence, plus de 50% des échanges extérieurs du Maroc s’effectuaient déjà avec la France qui dépassait ainsi pour la première fois l’Angleterre et les autres puissances européennes commerçant avec le royaume chérifien. Approuvé le 18 juin 1906 par le sultan Abdel Aziz, l’acte d’Algésiras provoque l’émoi d’une population qui considère celui-ci comme indigne de porter le titre de Prince des Croyants!
Il est accusé par les nationalistes de livrer son pays aux étrangers, Ironie de l’histoire, à la tête de ce courant se trouve son demi-frère Moulay Abdel Hafid qui quelques années plus tard signe le traité de protectorat avec la France! Peu de temps avant sa signature, l’Allemagne provoque un incident en envoyant devant le port d’Agadir, en juillet 1911, une canonnière pour exprimer son refus de se voir évincée des affaires marocaines. Après que la crise se soit résorbée et en compensation de son renoncement à exercer son influence sur le Maroc, l’Allemagne obtient un accroissement de son domaine colonial au Congo. Si la France a la voie libre au Maroc, elle n’a pas la partie facile. Quelques jours après la signature du protectorat entérinant la domination française sur le Maroc, des émeutes éclatent, notamment à l’encontre des communautés juives, accusées d’être favorables à la tutelle française. C’est dans un pays en ébullition que Lyautey va devoir gouverner. S’il n’hésite pas à réprimer les fauteurs de troubles il se met à l’écoute des autorités traditionnelles à commencer par celle du Sultan Moulay Youssef qui comprend que le catholique fervent qu’est Lyautey n’est pas un ennemi de l’islam. « J’ai écarté soigneusement de lui toutes les promiscuités européennes, les automobiles et les dîners en campagne », affirme celui-ci. « Je l’ai entouré de vieux marocains rituels. Son tempérament de bon musulman et d’honnête homme a fait le reste, il a restauré la grande prière du vendredi, il a célébré les fêtes de l’Aïd Seghir avec une pompe et un respect des traditions inconnus depuis Moulay Hassan ».
Tout à coup; il prend une figure de vrai sultan. Mais l’action de Lyautey, résident jusqu’en 1925, n’est pas que symbolique. Elle s’accompagne d’une œuvre considérable, aussi bien sur le plan économique et social que sur celui des infrastructures et des communications, notamment ferroviaires. Mais aussi au niveau du développement de villes, comme Rabat ou Casablanca dont Lyautey met en valeur l’architecture originale. Le Résident général marque ainsi de son œuvre un pays qui, aujourd’hui encore, cultive sa mémoire, comme le montrent les statues et effigies qui lui sont consacrées.
Malgré la volte-face de Washington sur le Sahara Occidental, l’ancien chouchou des cercles politiques américains est plus isolé que jamais. Pendant longtemps, le Maroc a été un chouchou des cercles politiques de Washington. Le pays est souvent salué comme le premier à reconnaître l’indépendance des États-Unis (en 1777), et peu de choses se sont opposées aux relations maroco-américaines depuis. Les efforts de lobbying du royaume, par exemple, n’ont historiquement pas nécessité de gros efforts pour convaincre les législateurs américains des deux côtés de l’allée d’adopter une législation conforme à ses intérêts. Aujourd’hui, cependant, le consensus bipartisan américain autrefois inébranlable sur le Maroc s’est éloigné d’un soutien inébranlable. Le reflet le plus récent de cette tendance est le langage sceptique sans précédent à l’égard du Maroc introduit dans le projet de loi de crédits et la loi d’autorisation de la défense nationale (NDAA) pour l’année fiscale 2022. Alors que le projet de loi de crédits 2022 du Sénat américain doit faire l’objet de négociations avec la Chambre, la NDAA a été adoptée par les deux chambres du Congrès. Ces deux textes de loi risquent d’envenimer les liens séculaires entre ces deux alliés historiques. Pour être sûr, les États-Unis ne sont pas le seul pays avec lequel le Maroc a subi des pertes diplomatiques récentes.
Au cours de l’année écoulée, les gros titres ont dressé un tableau inquiétant du déclin de la diplomatie marocaine. Cela a laissé le pays relativement isolé, même parmi ses alliés traditionnels. En mars 2021, le Maroc a rompu toute communication diplomatique officielle avec l’Allemagne en raison d’une série de ce qu’il a qualifié de « profonds désaccords ». En mai 2021, le Maroc a retiré son ambassadeur en Espagne et a assoupli les restrictions frontalières avec l’enclave espagnole de Ceuta, située en Afrique du Nord, provoquant un afflux de milliers de migrants – dont de nombreux mineurs non accompagnés – sur le territoire espagnol et européen. Cette mesure a incité le Parlement européen à adopter une résolution qui considère que le Maroc a enfreint la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant.
En juillet 2021, des rapports ont allégué que des agents des services de renseignement marocains avaient piraté le téléphone du président français Emmanuel Macron ainsi que d’un certain nombre de fonctionnaires et de journalistes français. La France, habituellement fervente partisane de son ancienne colonie, s’est depuis murée. En septembre 2021, la Cour de justice de l’UE a annulé les échanges agricoles et de pêche entre le Maroc et l’UE. Le point commun de toutes ces querelles est la détérioration du corps diplomatique marocain, autrefois dynamique, à la suite de la nomination de Nasser Bourita, un bureaucrate subalterne sans affiliation partisane et au CV relativement mince, au poste de ministre des affaires étrangères du Maroc en 2017.
Pendant son mandat, le Maroc n’a jamais été aussi aliéné de ses voisins et alliés. « Il y a un consensus général parmi les diplomates anciens et actuels que l’état de la diplomatie marocaine a atteint son point le plus bas depuis l’indépendance », a déclaré un diplomate marocain vétéran, qui a parlé à Foreign Policy sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. Il a décrit la diplomatie marocaine actuelle en deux mots : « erratique et médiocre ». Maintenant, les intérêts marocains risquent de perdre le soutien de son allié le plus ancien et le plus fort : les États-Unis. Les choses ont commencé à mal tourner pour le Maroc après qu’il se soit retrouvé dans le collimateur de la campagne présidentielle américaine de 2016, lorsqu’il a été signalé que le roi Mohammed VI avait promis 12 millions de dollars à la Fondation Clinton en 2015.
Rapidement, la campagne de Donald Trump a intégré le rapport dans ses points de discussion comme un exemple présumé de la candidate Hillary Clinton s’engageant dans le « pay for play ». Pendant toute la durée du mandat présidentiel qui a suivi, Trump n’a tenu aucune réunion officielle avec le roi Mohammed VI. La rencontre la plus proche entre les deux chefs d’État a eu lieu lorsque des photos d’eux lors de la cérémonie de l’Armistice 2018 en France sont devenues virales : On pouvait voir Trump fixer un Mohammed VI endormi. Et puis, dans les dernières semaines du mandat de Trump, il a publié une proclamation qui reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le territoire contesté du Sahara occidental en échange de la normalisation des liens du Maroc avec Israël.
Cette décision a immédiatement suscité une condamnation bipartisane à Washington. Le sénateur républicain Jim Inhofe et le sénateur démocrate Patrick Leahy ont été à l’avant-garde de cette critique, qui s’est poursuivie sous l’administration Biden. Inhofe et Leahy sont tous deux les auteurs d’une lettre du Sénat de février 2021 adressée au président américain Joe Biden, l’exhortant à revenir sur la décision de Trump, qu’ils qualifient de cautionner « les revendications illégitimes de souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental ». Le conflit du Sahara occidental a émergé après l’indépendance du territoire de la domination coloniale espagnole dans les années 1970.
Le Front POLISARIO, pro-libération, a rapidement réorienté sa lutte armée contre le Maroc lorsque le royaume a pris le contrôle du Sahara occidental en 1975, et ce n’est qu’en 1991 que les deux parties ont accepté les termes d’un accord de cessez-le-feu négocié par l’ONU, s’engageant à organiser un référendum sur le statut du territoire. Plus de 30 ans plus tard, le vote n’a toujours pas eu lieu malgré le soutien massif de la communauté internationale et des Nations unies. Les projets de loi de crédits pour l’année fiscale 2022 et le NDAA incluent des changements significatifs sur le Maroc et le Sahara Occidental.
Inhofe est le membre le plus haut placé de la commission des services armés du Sénat et Leahy est le président de la commission des crédits, ainsi les projets de loi de crédits du Sénat pour l’année fiscale 2022 et le NDAA incluent des changements significatifs sur le Maroc et le Sahara Occidental en comparaison avec les années passées. Dans les versions précédentes du projet de loi – qui, entre autres choses, décrit les crédits pour le Département d’État et d’autres opérations étrangères américaines – les dispositions relatives au Sahara occidental avaient été placées dans la section sur le Maroc.
« Nous ne pensions pas que cela reflétait la réalité ou le droit international », a déclaré Tim Rieser, conseiller principal en politique étrangère de Leahy et greffier démocrate de la sous-commission des crédits pour l’État et les opérations étrangères. « Donc, la première chose que nous avons fait au Sénat a été de séparer le Sahara Occidental et de le mettre sous sa propre rubrique comme une disposition générale ». Inhofe a fait écho à ce sentiment : « Cette section particulière devrait être protégée alors qu’elle avance dans le processus de négociation », a-t-il dit à Foreign Policy dans un courriel. Reconnaissant le mérite de Leahy pour le langage fort, Inhofe a ajouté, « cela envoie un message fort à l’administration Biden – c’est une priorité pour le Congrès, donc vous devez en faire une priorité aussi ».
Si le projet de loi de crédits survit au processus de négociation de la Chambre, le placement du Sahara Occidental comme sa propre rubrique n’est qu’un des nombreux changements qui pourraient marquer un tournant dans les relations Maroc-USA. Le projet s’oppose également à l’utilisation des fonds pour la construction d’un consulat américain au Sahara Occidental, inversant l’inauguration nominale par l’administration précédente de ce qui allait finalement être un consulat dans le territoire contesté. En outre, le NDAA, qui couvre les crédits pour l’armée américaine, limite l’utilisation des fonds pour tout exercice militaire avec le Maroc, à moins que le secrétaire américain à la défense « détermine et certifie aux comités de défense du Congrès que le Royaume du Maroc a pris des mesures pour soutenir un accord de paix final avec le Sahara Occidental. »
Ayant passé à la fois le Sénat et la Chambre des représentants, il y a une forte probabilité que les exercices militaires annuels African Lion de cette année, le plus grand exercice du Commandement américain pour l’Afrique, passent entièrement à côté du Maroc. À l’exception d’une pause liée à une pandémie en 2020, la dernière fois que les exercices African Lion ont exclu le Maroc remonte à 2013, lorsque le Maroc a protesté contre le soutien américain à un mandat de surveillance des droits de l’homme dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental. En réponse, les États-Unis sont revenus sur leur soutien au mandat. Beaucoup avaient prévu que, sous l’administration Biden, il y aurait une autre poussée pour inclure un mandat de droits de l’homme dans la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental, connue sous le nom de MINURSO.
Non seulement les Etats-Unis sont les auteurs de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui détermine le mandat et la durée de la MINURSO, mais le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a réaffirmé à plusieurs reprises la promesse de campagne de Biden de « remettre les droits de l’homme au centre de la politique étrangère américaine ». Inhofe et Leahy, ainsi que plusieurs autres sénateurs, dont le démocrate de l’Ohio Sherrod Brown et l’indépendant du Vermont Bernie Sanders, ont signé une lettre adressée à Blinken en octobre 2021, demandant l’inclusion d’un mandat de surveillance des droits de l’homme dans le renouvellement de la MINURSO.
Le 29 octobre 2021, le Conseil de sécurité a adopté une résolution qui renouvelait la MINURSO sans mandat de surveillance des droits de l’homme. Dans son courriel adressé à Foreign Policy, M. Inhofe a qualifié le libellé de la résolution concernant les droits de l’homme de « sans dents ». Beaucoup ont été frustrés par l’ambiguïté de l’administration Biden sur sa position concernant le Sahara Occidental. « Ce qu’ils semblent faire, c’est de défendre cette position ‘neutre’ où ils n’ont pas embrassé la politique de Trump mais ne l’ont pas non plus rejetée », a déclaré Rieser. Pour Inhofe, le temps presse : « À ce stade, plus de 10 mois après le début de la nouvelle administration, je veux juste voir des actions ».
Sous le titre « LE ROI PREDATEUR » (Le Seuil), les auteurs Catherine Gracier et Eric Laurent expliquent qu’ils se sont appuyés sur des sources divisées en trois catégories : des hommes proches du Palais ou du premier cercle gravitant autour du Roi ; des experts pour déchiffrer « l’opacité des affaires royales » dans les secteurs tels que l’agriculture, la finance, etc., et des politiques qui connaissent certains domaines sensibles. « A l’exception de cinq d’entre eux, ils ont tous exigé » l’anonymat, précisent-ils. « Les excès du roi sont protégés par une omerta que nous avons décidé de briser avec ce livre. Nous démontons non seulement les mécanismes d’un système, mais aussi les ressorts psychologiques internes qui ont transformé le prétendu «+ roi des pauvres+ en un véritable +roi prédateur+ », annoncent-il s dans leur avant-propos.
Selon les auteurs, contrairement au roi défunt qui pourtant aimait le luxe et les dépenses somptuaires, et pourtant jamais il n’apparut dans le classement des plus grandes fortunes, son fils, en moins de dix ans de règne, a accompli ce bond quantitatif à travers une sorte de hold-up sur l’économie marocaine : « Une prise de contrôle de tous les secteurs clés, un coup d’Etat économique larvé où l’apparence de légalité s’est employé à masquer l’ampleur de l’arbitraire (…) Le secteur économique marocain ressemble désormais à un village Potemkine qui dissimulerait les prédations royales (…) L’enrichissement effréné du souverain et de quelques hommes à son service peut avoir des conséquences politiques incalculables, au moment où la population est touchée de plein fouet par une crise qui l’appauvrit et fragilise les classes moyennes».
Les auteurs se livrent à une comparaison entre le roi défunt Hassan II et le Roi Mohammed VI et estime que feu Hassan II se désintéressaient fondamentalement des questions économique parce qu’il était omniprésent dans le champ politique même s’il était attentif à ses intérêts financiers. « Son successeur, lui, demeure une véritable énigme politique (…) il apparaît se désintéresser de la politique comme de son pays. En revanche hyperactif dans le contrôle de ses affaires, il semble regarder le Maroc comme un marché captif soumis à son bon vouloir (…) ». « (…) C’est ainsi que le souverain marocain et ses proches conseillers pratiquent cette forme dégradée du pouvoir par l’abus permanent ». Les auteurs poursuivent un peu plus loin : « L’absolutisme royale d’Hassan II était résolument politique et visait à assurer la pérennité de la monarchie. L’absolutisme de Mohammed VI s’exerce, lui, essentiellement dans le domaine de l’économie et ne s’accompagne d’aucune stratégie politique pour assurer l’avenir de la dynastie qu’il incarne ». Ils évoquent en premier les « Subventions du Roi et de la Cour », la prise en charge des douze palais royaux par le Trésor public à hauteur de 1 millions de dollars par jour, le coût des déplacements à l’étranger, et comment des stratagèmes furent utilisés depuis des décennies pour épargner les ressources royales.
Concernant les domaines royaux, les auteurs avancent que les produits de ces domaines issus des meilleures terres du pays bénéficient de la priorité à l’exportation, au détriment des autres produits marocains, et fournissent les palais au prix fort par le truchement du Ministère de la maison royale, donc de l’Etat marocain. Les auteurs écrivent que pour comprendre le coup d’Etat économique et financier auquel s’est livré le roi Mohammed VI suppose d’abord de bien cerner sa personnalité et les relations conflictuelles qu’il a entretenues avec son père. L’un des auteurs, Eric Laurent, avance que le roi Mohammed VI, alors prince héritier, ne semble pas avoir été l’enfant préféré de son père. Il raconte un tête-à-tête avec le roi défunt : « En ces heures, comme si le temps lui était compté, il multiplia confidences et petites phrases. Lorsque je lui demandai : +Est-ce rassurant pour vous de savoir que votre succession se déroule de façon stable ?+ Il répliqua d’une voix cinglante : +Jusqu’au bout je m’interroge, et malgré les apparences mon choix n’est toujours pas définitivement arrêté…+ Il marqua alors une pause pour mieux accroître son effet et ajouta : +Je ne voudrais pour rien au monde que ce pays soit victime d’une erreur de chromosome+ ». « La formule était évidemment d’une violence inouïe, mais, impassible, il me regarda la noter, sans me demander de l’atténuer ». (Suivra..)
Hasna Daoudi, 13/02/2012
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Dans leur livre, les deux auteurs consacrent une grande partie à l’ONA, à ses opérations boursières et à ses différents dirigeants commandés directement par Mounir Majidi, réputé « homme sans scrupules ». Selon les auteurs, au début du règne du roi Mohammed VI, le holding royal ONA va très mal et pâtit de la stratégie désastreuse de Mourad Chérif. En 2001, le cours de Bourse de l’ONA chute de 40 % et le holding plie sous un endettement record. Driss jettou est nommé à la tête de l’ONA mais n’aura pas le temps de mettre en œuvre sa stratégie, celle d’opter pour des participations minoritaires dans de nombreux sectaires au lieu de participations trop voyantes. Mounir Majidi, prend le contrôle. Il est alors épaulé par son « mauvais génie », l’illustre inconnu Hassan Bouhemou, qualifié par certains d’homme impitoyable qui entend se faire une place au soleil de la monarchie.
Selon les auteurs, les deux hommes consolident leur pouvoir en 2003 quand Mounir Majidi livre au roi Mohammed VI une « information stupéfiante » : la France mettait à profit le début de son règne pour développer un vaste complot dont l’objectif était tout simplement la prise de contrôle de l’économie marocaine. Et notamment l’ONA. La prétendue information était sans fondement. Le roi, selon les auteurs, fut ainsi informé que les Français avaient même déjà choisi leur homme pour l’installer à la tête de l’ONA quand ils auraient gagné la partie : Hassan Bernoussi. Les auteurs poursuivent qu’à partie de 2003, une fois l’ennemi clairement désigné et le roi sous influence, les deux hommes, Majidi et Bouhemou, passent à l’offensive. Leur objectif est d’imposer aux groupes français un nouveau rapport de force reposant sur un principe incontestable: désormais, nous sommes les patrons. En 2005, écrivent les auteurs, l’ONA s’attaque au groupe français AXA et en 2006 au groupe Auchan. L’affaire remonta jusqu’à l’Elysée où les hommes d’affaires français sont partis se plaindre.
Les auteurs racontent qu’entre 2006 et 2007, une autre guerre fratricide agite le sérail. Elle oppose les deux hommes forts du Palais, le « sécuritaire » El Himma, qui tire les ficelles du ministère de l’Intérieur, et le « financier » Majidi, qui gère les affaires royales. Un des épisodes de cette bataille s’est déroulé en 2006 avec, en fond de toile, la France. Choquées par la façon dont certains groupes hexagonaux comme AXA et AUCHAN sont bousculés par les hommes du roi, les autorités françaises se plaignent à Mohammed VI du traitement qui leur est réservé dans le royaume. Mauvais calcul : Mounir Majidi est alors à la manœuvre pour défaire les alliances nouées par certaines filiales de l’ONA avec plusieurs sociétés françaises sous Hassan II. Toutefois en bon adepte du « diviser pour régner », Mohammed VI charge El Himma d’enquêter sur les griefs français. Flairant là une occasion de porter un coup à son rival Majidi, El Himma aurait inflihé, en compagnie du patron de l’espionnage marocain, Yassine Mansouri, un interrogatoire policier en bonne et due forme au secrétaire particulier du roi. Voilà à quoi sont relégués les intérêts français au milieu des années 2000 : à alimenter les jeux de la basse-cour » (page 130 et 131).
Pour les auteurs, « Le roi voulait accroître ses bénéfices, et surtout de ne plus à les partager avec les groupes français. Son intention était de se tourner vers d’autres partenaires, beaucoup moins à cheval sur le respect des protocoles d’accord et l’application des normes internationales. Des partenaires ayant, dans la gestion des affaires, la même approche que lui : les princes des Emirats, pour qui une « caution royale » suffit à sceller une affaire ». Dans un entretien avec l’un des auteurs en novembre 2011 (page 86), Khalid Oudghiri (Les deux auteurs lui consacrent un chapitre sous le titre « Comment on fabrique unn coupable »), « qui fut considéré comme un virtuose de la finance marocaine lorsqu’il créa la banque la plus puissance (elle appartient au roi) Attijariwafabanka , avant d’être victime des intrigues du Palais, résume ainsi la donne : « Mounir Majidi et Hassan Bouhemou dégagent des bénéfices records et se prennent pour des hommes d’affaires. Mais quel est le rapport avec l’économie réelle quand tout cela est guidé par l’arbitraire ? Aussitôt que quelqu’un s’exprime au nom de la volonté royale, personne ne peut s’y opposer ». Quant aux indemnités octroyées par Majidi à Oudghriri au moment de son départ de l’ONA et qui étaient de 2,3 millions d’euros, dont le montant était réparti entre trois banques françaises, elles ont provoqué une violente colère du roi à l’encontre de son secrétaire particulier, selon les auteurs.
« Le roi est un homme assez pingre, et il ne supporte pas que la moindre somme d’argent, fût-elle modeste au regard de ses dépenses et de la fortune royale, soit soustraite au profit d’un homme tombé en disgrâce ». Les deux auteurs évoquent entre autreS la CDG et sa banque d’affaires la FIPAR pour servir l’ONA ou encore l’introduction en bourse du groupe ADDOHA ,, qualifiée du plus grand délit d’initié jamais enregistré au Maroc. Sous le titre « Comment l’Europe et la France financent les projets royaux », les auteurs écrivent que le roi rafle tous les contrats dans le secteur éolien et vend de l’électricité au Marocains. Les auteurs fustigent par ailleurs une France « aveugle, sourde et muette » et ajoutent que « (…) Dans les faits, le soutien mécanique de la France au Maroc traduit la perte d’influence de Paris en Afrique ». Contrairement au Américains qui savent en général tirer la leçon de leurs échecs, les Français, eux, « préfèrent singer le makhzen dans ce qu’il de plus vil : l’attitude du serviteur qui ne bronche jamais et acquise en permanence ».
Hasna Daoudi, 13/02/2012
= = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = « L’héritage d’Hassan II serait partiellement confisqué par Mohammed VI »
Sous le titre « Le roi prédateur », les auteurs Eric Laurent et Catherine Graciet prétendent que les rapports entre le roi, son frère et ses sœurs ne sont pas vraiment sereins et avancent que le prince héritier s’est mué en roi ombrageux, peu disposé à composer s’appuyant en cela sur les déclarations de Moulay Hicham, selon lesquelles Mohammed VI qui a été maltraité et écrasé par son père en en rajoute dans le respect et l’exercice de ses prérogatives.
« Un désir de revanche qui serait à l’origine d’une crise majeure. Dans un système où tout ce qui a trait à la famille régnante est soigneusement occulté, il s’agit du secret le mieux gardé : douze ans après sa mort, l’héritage d’Hassan II serait partiellement confisqué par Mohammed VI. Le frère et les sœurs du souverain n’auraient perçu de cette fortune considérable que la part concernant les propriétés, les terrains et les biens immobiliers. Le roi aurait conservé tout le reste de l’héritage, c’est-à-dire un montant très certainement colossal. Une attitude déconcertante mais révélatrice, qui illustre une nouvelle le rapport stupéfiant que l’homme entretient vis-à-vis de l’argent mais aussi…de son père disparu ».
« Lalla Meryem et la couverture médicale en France » Selon les auteurs, « Mohammed VI demeure un personnage déroutant, à la psychologie difficile à cerner, et qui semble se repaître de la domination sans partage qu’il exerce sur les autres membres de sa famille ». Ils racontent que le roi ayant rencontré son cousin Moulay Hicham sur une plage du nord du Maroc, lui aurait adressé un bras d’honneur. Puisant dans les rumeurs, les auteurs racontent également que le gouverneur de la Banque centrale du Maroc aurait entrepris toutes sortes de démarches pour que la sœur du roi, SAR la princesse Lalla Meryem puisse obtenir en France une couverture médicale. Le responsable de la BC l’aurait justifié par des difficultés, toutes relatives sans doute, que la princesse rencontrerait. Pendant ce temps, poursuivent les auteurs, « le roi assouvit ses caprices ».
FUSION ONA-SNI Les auteurs du livre « Le roi prédateur » se sont longuement penchés sur la fusion, en mars 2010, de l’ONA et la SNI qualifiée de « véritable tour de prestidigitation » avec comme objectif « escamoter aux regards trop curieux la puissance économique du roi et lui permettre d’échapper à tout contrôle ». Ils écrivent que la banque conseil Lazard qui a accompagné cette opération a omis de préciser dans son rapport de 500 pages que les deux entités appartenaient au Roi. Autre motif surprenant, poursuivent-ils, c’est le géant ONA qui est absorbé par son holding SNI, structure plus modeste et endettée.
Cette opération aurait coûté près de 24 MILLARDS de DH au groupe royal, si des partenaires historiques étrangers n’étaient venus spontanément alléger le montant de la facture (Danone, Axa, Lafarge, Banco Stantander), selon les auteurs qui ajoutent que cette coopération continue de faire grincer les dents à Paris. Les auteurs citent un responsable français proche du dossier qui dit que le Maroc « ne sera plus un eldorado pour les entreprises françaises, qui seront désormais soumises aux pressions de l’entourage royal », ajoutant encore que plusieurs proches du dossier confirmeront que les sociétés françaises se sont fait « tordre le bras » pour entrer ou rester dans le capital de la nouvelle entité. « Il est clair également que le nouveau mastodonte en train de naître sera l’interlocuteur incontournable de tous les investisseurs étrangers désirant s’implanter au Maroc. Mais qui a encore envie ? ».
Autre avantage, poursuivent-il, la nouvelle entité en se retirant de la Bourse échappe à toutes les règles et contraintes de transparence et pourra investir librement où elle veut. « Désormais, la pieuvre royale pourra étendre ses tentacules à l’abri des regards. Seul mystère : comment cette opération a-t-elle été financée, côté Palais ? » . « (…) Bref, cette fusion a été conçue comme une véritable cascade d’absorption de plus gros par le plus petit. Le géant ONA est absorbé par la modeste SNI, et le nouvel ensemble est à son tour aspiré par une minuscule entité inconnue de tous, Copropar (une coquille d’un vide impressionnant, détenue à 40% par quatre fonds qui fleurent bon l’offshore (…) Ce flou n’a pas empêché l’autorité de marchés d’accorder son feu vert à une fusion d’une ampleur considérable (22 milliards de DH), menés par des structures en apparence dépourvues des fonds nécessaires et dont les propriétaires sont inconnus».
Autre pont surprenant, écrivent-ils, l’emprunt émis pour financer l’opération a été souscrit par toutes les organisations institutionnelles du pays, compagnies d’assurances, CDG, caisses de retraite et banques. Selon les auteurs, les 32 millions de Marocains ne sont plus seulement des sujets du souverain mais aussi ses clients : électricité, téléphonie, alimentation, etc. « Une forme habile et insidieuse de ce que d’aucuns nomment le +nouvel impôt royal+ Un système économique non pas « étatisé » mais +royalisé+. Le Maroc est bel et bien devenu un cas unique. La plupart des dirigeants pillent leur pays en confisquant à leur peuple les richesses. Au Maroc, c’est le peuple qui, chaque jour que Dieu fait, enrichit le roi en achetant les produits de ses entreprises ».
Hasna Daoudi, 14/02/2012
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Voici un extrait du «résumé de l’éditeur» du livre de Catherine Graciet & Eric Laurent qui paraitra chez Seuil en mars prochain avec le titre «LE ROI PRÉDATEUR» et sous-titre «MAIN BASSE SUR LE MAROC» : « »Mohammed VI est désormais le premier banquier, le premier assureur, le premier entrepreneur de bâtiments de son pays. Il y joue un rôle dominant dans l’agro-alimentaire, l’immobilier, la grande distribution, l’énergie et les télécoms. La fortune personnelle du roi du Maroc a quintuplé en dix ans, et le magazine Forbes le classe désormais parmi les personnalités les plus riches du monde […] »» . Remarquons que Mohamed VI n’est pas le premier prédateur de cette maudite dynastie ; il n’est que le 6ème prédateur des Mohamed !….Les souverains Alaoui ont endetté le pays en dépensant les deniers publiques pour satisfaire des besoins personnels qui n’avaient aucun rapport avec les besoins de la nation au point de mettre tout le Maroc sous protectorats étrangers (français, espagnol et international) pour une durée de plus de 40 ans (30 mars 1912 au 2 mars 1956) .
Le Sultan Youssef (mis sur le Trône par la République Française), arrière grand père du Roi actuel Mohamed 6, a appuyé de tous ses pouvoirs civil, militaire et religieux la guerre menée par la France et l’Espagne contre le patriote Abdel Karim Khattabi et son peuple du Rif, guerre qui a fait plus de 300 000 victimes civiles. Le Sultan Ben Youssef (mis sur le Trône par la France), a vu assassiner des marocains sur les marches de son palais de Rabat par des agents de ses services de sécurité ; parmi ses crimes contre l’humanité, la guerre du Rif dirigée par le Prince Hassan (future H2) et celle du Sahara (connue sous le nom Opération Écouvillon) .
Quant à H2, ses crimes ne peuvent être tous connus 12 ans après sa mort tellement il en a commis ! Guerre contre le Peuple du Rif avec utilisation de bombes au NAPALM ; enlèvements et assassinats d’opposants politiques dont le plus connu est celui de Ben Barka ; crimes et assassinats divers dont TAZMAMART, tristement célèbre parce que l’une des victimes était mariée à une citoyenne américaine !…Emprisonnement des membres de la famille OUFKIR dont des enfants et bébé !…Assassinats maquillés en accidents de voitures ; vente de prisonniers politiques à des chefs d’État criminels !…Des livres de quoi remplir une bibliothèque ont été écrits sur le sujet !…
Le Trône a détruit nos cultures traditionnelles, nos artisanats millénaires, nos systèmes ancestraux de solidarité sociale : LE TRÔNE NOUS A RÉDUIT À VIVRE DES DÉTRITUS des sociétés occidentales à qui il a vendu nos richesses et nos âmes !… Les ALAOUI, qui étaient bien installés au pouvoir depuis 125 ans lorsque les USA sont nés avec une Constitution PAR LE PEUPLE ET POUR LE PEUPLE (We are, the people…) avaient eu TOUT LE TEMPS QU’IL FALLAIT pour doter Leur MAROC de LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE !….237 ans après la promulgation de la constitution américaine, regardez ce que Mohamed VI a OSÉ OFFRIR comme constitution à son « PEUPLE CHÉRI » : UNE HONTE !…Non, le temps des monarchies constitutionnelles et des États islamiques pour les pays arabo-musulmans est bel et bien TERMINÉ ! C’est le temps où JAMAIS d’abattre le régime ! L’environnement national et international est des plus favorables. Si les marocain(e)s ratent cette occasion en or, il(le)s se condamnent à un autre 14 siècles de régressions « Les jeunes Turcs» ont bien détruit « Khilafat AL-MOUMINIYNE» !…Pourquoi les marocain(e)s ne pourraient-il(le)s pas DÉTRUIRE le pouvoir d’un Amir Al Moueminiyne ?(Calif est SUPÉRIEUR à Amir Al Mouminine) . Il est vrai cependant que ce n’est pas la même histoire; mais JAMAIS L’ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL & NATIONAL n’ont été aussi favorables à une telle entreprise : Abolir la monarchie qui gangrène le pays entier et sur tous les plans. C’est le temps ou JAMAIS D’AGIR ! À BAS Mohamed VI, L’ASSASSIN & TORTIONNAIRE DES MUSULMAN(E)S ! GLOIRE AUX MARTYRS DU 30 mars 1912 au 30 mars 2012
Le roi prédateur, un livre qui fera trembler le trône voxmaroc.blog.lemonde.fr En mars sort chez le Seuil un nouvel opus sur Mohammed VI : Le roi prédateur, signé Catherine Graciet (ex journaliste au Journal hebdomadaire et à Bakchich) et Eric Laurent, interviewer de Hassan II et auteur du livre Mémoires d’un roi.
Hasna Daoudi, 15/02/2012
= = = = = = = = = = = = = = = = = = = = Bonjour Mourad, Eric Laurent a fait fortune en publiant des livres contre ceux qui apparaissent comme les puissants. Avec son livre « Le roi prédateur », il est sûr qu’avec un tel ramassis d’accusations, il vendra bien. Cela fait une dizaine d’années qu’il sort à intervalle régulier un brûlot. Dans ses pseudo-enquêtes, il accumule tous les soupçons possibles pour crier à un gigantesque complot, que ce soit sur le 11 Septembre, la Guerre en Irak, la réélection truquée de G.W.Bush, le plan de Bush pour bombarder l’Iran à coup de bombes nucléaires, la face cachée du pétrole et plus récemment celle des horribles banques. Resté proche de Driss Basri jusqu’à la mort de ce dernier, il a puisé dans le caniveau des revanchards pour alimenter son livre. Sa proximité avec Driss Basri, alors superpuissant ministre de l’Intérieur, avec tous les « privilèges » diverses et variés dont il a bénéficié à l’époque sont bon à être exhumés… Hasna Daoudi, 15/02/2012
L’annonce de la publication du livre « Le roi prédateur » a provoqué un tollé dans les rangs du Makhzen. Les explications dans cette dépêche rédigée par Dominique Lagarde, une journaliste proche du Makhzen:
Maroc: Le goût des affaires
La monarchie marocaine est malmenée, ces temps-ci, par les maisons d’édition françaises. Après Paris-Marrakech (Calmann-Lévy, voir L’Express du 25 janvier), de Jean-Pierre Tuquoi et Ali Amar, le Seuil s’apprête à publier, le 1er mars, Le Roi prédateur, de Catherine Graciet et Eric Laurent, un ouvrage consacré à la fortune du roi et au rôle des holdings royaux dans l’économie. Avant même sa parution, il met en émoi la cour. Au fil des pages, les auteurs dénoncent une « entreprise prédatrice », largement orchestrée, selon eux, par le secrétaire particulier du roi, Mounir Majidi, au service de l’insatiable appétit d’un souverain qui aurait, plus que tout, le « goût des affaires ». Un réquisitoire sévère mais étayé sur ce qui constitue sans doute le principal talon d’Achille de la monarchie.
Le journal espagnol El Pais est accusé de complot pour avoir reçu en premier une copie du livre
Coup de poignard espagnol dans le dos de la France Ignacio Cembrero et El Pais viennent de prendre la presse française de court en publiant ce dimanche les bonnes feuilles du livre d’Eric Laurent et de Catherine Graciet consacré à la fortune du roi. D’après des sources bien informées à Paris, la publication-surprise des bonnes feuilles d’un livre qui n’est pas encore sorti en France et dont aucune traduction en langue espagnole n’est envisagée pour le moment vise surtout à nuire aux intérêts français au Maroc. Le livre écrit par le duo Eric Laurent et Catherine Graciet n’apporte rien de nouveau concernant la fortune du roi, mais s’attaque plutôt aux intérêts économiques de la France au Maroc. Ces mêmes sources affirment que se sont les « amis » marocains de Catherine Graciet qui sont à l’origine de la fuite dans El Pais tout en faisant remarquer que depuis quelques temps, certains cercles mécontents du réchauffement spectaculaire des relations maroco-espagnoles essaient à la fois de nuire ce rapprochement entre les deux pays. Ils essaient également de faire en sorte à ce que l’Espagne supplante la France comme partenaire stratégique su royaume du Maroc.
Goud
Une dépêche d’Assabah va dans le même sens:
Ignacio Cembrero, journaliste du journal « El PAÍS », s’est approprié du livre écrit par le français Eric Laurent et la journaliste Cathérine Graciet, connue pour sa position hostile au système monarchique, dans une nouvelle tentative d’offenser le Royaume. Cembrero a publié un article sur le contenu du livre qui n’a eu aucun acceptation en France parce qu’il est composé d’articles de vieux articles de presse qui ont été publiés en France y compris une série d’informations fausses et trompeuses. Cembrero cherche à tout moment l’occasion d’écrire sur le Maroc en prétendant qu’il est un expert dans les affaires marocaines.
AS SABAH (Quotidien de Casablanca, le 27 février 20102)
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Texte de l’article incriminé:
El rey depredador : Los periodistas franceses Cathérine Graciet y Éric Laurent ofrecen la cara desconocida de Mohamed VI
Dans le classement 2009 des monarques établi par le magazine Forbes, le roi du Maroc Mohammed VI a fait une apparition surprise en septième position, avec une fortune évaluée à 2,5 milliards de dollars. Il devance des rivaux apparemment plus riches, comme l’émir du Qatar, dont le sous-sol regorge de pétrole et de gaz, et le Koweït, dont la fortune est, selon Forbes, six fois inférieure à celle du dirigeant marocain.
En 2009, la crise financière a durement touché tous les revenus, y compris ceux des plus riches. Pourtant, Mohammed VI, dont la fortune a doublé en cinq ans, semble mystérieusement épargné par ce sort puisque Forbes l’a placé en tête de la liste des personnalités ayant augmenté leur richesse en 2008.
Dans le rapport sur le développement humain 2007-2008 du Programme des Nations unies pour le développement, le Maroc est classé 126e sur 177 pays. Le taux de pauvreté du pays est de 18,1 %. Pire encore, plus de cinq millions de Marocains vivent avec 10 dirhams par jour, soit un peu moins d’un euro, et le salaire minimum légal ne dépasse pas 55 dirhams (5 euros) par jour.
Le classement établi par Forbes ne donnait qu’un pieux aperçu de l’étendue d’une fortune réelle bien plus importante. Surtout, elle a passé sous silence ou ignoré les méthodes utilisées pour accumuler ces richesses. Il a lié la fortune du roi à la hausse du prix du phosphate, dont le Maroc est l’un des principaux exportateurs mondiaux. Il s’est trompé dans son raisonnement.
Le pays a toutes les apparences d’un système économique normal et, à certains égards, même sophistiqué : banques, entreprises, secteur privé, etc. C’est une réalité dont il faut parler dans le passé. Le secteur économique marocain ressemble à un village Potemkine qui cache la prédation royale.
Depuis quelque temps, le roi est le premier banquier, assureur, exportateur et agriculteur du pays. Il contrôle également le secteur agroalimentaire, la grande distribution commerciale et l’énergie. L’enrichissement effréné du souverain et de certaines personnes à son service peut cependant avoir des conséquences politiques incalculables lorsque la population est touchée de plein fouet par une crise qui l’appauvrit et affaiblit les classes moyennes. (…)
Une rapide comparaison avec d’autres monarchies, à commencer par les monarchies constitutionnelles, montre que nous sommes aux antipodes de toute éthique démocratique : peut-on imaginer la reine d’Angleterre ou le roi d’Espagne à la tête des plus importantes institutions financières, industrielles et agricoles de leur pays, qui fonctionnent en situation de monopole peu ou pas déguisé ?
Attentif à ses propres intérêts, Hassan II a toujours veillé à ce que la famille royale, à commencer par lui-même, bénéficie d’importants revenus financiers. Omniprésent dans la sphère politique, il était fondamentalement désintéressé par les affaires économiques. Son héritier reste une véritable énigme politique : inexistant sur la scène internationale, souvent absent de la scène nationale, il n’a jamais accepté d’être interviewé par un journaliste marocain, n’a jamais donné de conférence de presse et semble se désintéresser de la politique comme il le fait dans son pays. Il est, en revanche, hyperactif lorsqu’il s’agit de contrôler son entreprise. Il semble considérer le Maroc comme un marché captif soumis à sa volonté. (…)
Cette prédation autarcique révèle un aveuglement surprenant lorsque l’histoire s’est mise en marche dans le monde arabe. La dénonciation de la corruption était au cœur des slogans scandés par les personnes qui ont fait tomber les régimes autoritaires en Tunisie, en Égypte et en Libye. Les récentes manifestations au Maroc ont désigné deux proches collaborateurs du roi [Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohamed VI, et Fouad Ali el Himma, un ami d’école] et stratèges de sa prise de contrôle de l’économie et de la politique du royaume.
Dans un monde aussi scrupuleusement codifié et édulcoré que celui du Maroc, ces attaques visent en fait la personne du souverain, car l’attaquer de front serait un sacrilège. (…)
En 2009, le revenu annuel par habitant au Maroc était de 4 950 dollars, soit la moitié de celui des Tunisiens et des Algériens. Ce pays pauvre à l’État faible est pourtant une source inépuisable de satisfaction pour le roi. En s’appropriant la part du lion de l’économie du pays, il augmente sa fortune personnelle déjà immense tandis que le modeste budget de l’État prend en charge toutes ses dépenses. Règle numéro un : le souverain et sa famille ne paient pas d’impôts. Règle numéro deux : l’opacité et le silence sont la règle en la matière, et cette très généreuse » couverture sociale » accordée au monarque et à ses proches n’est pas contestée. (…)
Mohammed VI reçoit un salaire mensuel de 40 000 dollars en tant que roi (…), soit deux fois plus que celui du président américain ou français. Les pensions et salaires royaux, qui s’élèvent à 2,5 millions d’euros par an, comprennent les émoluments versés au frère du roi ainsi qu’à ses sœurs et aux princes apparentés. On ne sait pas un mot de la ventilation de cet objet. Tous les membres de la famille royale reçoivent également des émoluments versés par l’État marocain pour leurs activités officielles, qui sont généralement assez modestes. La générosité du contribuable marocain, dont la coopération est sollicitée, permet à son tour de payer celle du roi. 31 millions d’euros (310 millions de dirhams) sont donnés au souverain pour être redistribués comme il l’entend, sous forme de dons ou de subventions. C’est une somme dont l’utilisation échappe à tout contrôle, même si l’on sait qu’à l’époque d’Hassan II, elle servait, en partie, de fonds reptilien pour s’assurer les faveurs de certaines personnalités politiques, marocaines ou étrangères, et pour récompenser, pour leur fidélité, cette étrange tribu française des « amis du Maroc » composée de journalistes, d’universitaires, de médecins, d’avocats, d’anciens chefs des services secrets… (…)
Les dépenses des 12 palais royaux disséminés dans le pays, en plus d’une trentaine de résidences employant plus de 1 200 personnes, sont également prises en charge par le trésor public, qui dépense un million de dollars par jour. Sur ces 12 palais, seuls trois ou quatre sont utilisés régulièrement par le roi actuel, et beaucoup d’entre eux n’ont jamais été visités par lui. Pourtant, ils sont entretenus avec le même soin vigilant. Les jardiniers, les nettoyeurs et les cuisiniers s’affairent comme si le roi allait apparaître à tout moment, même si l’on sait qu’il est à ce moment précis à l’autre bout du pays ou en voyage à l’étranger.
Les salariés employés par le palais coûtent au budget de l’État quelque 70 millions de dollars par an. Ils forment une structure pyramidale allant des plus humbles serviteurs du roi jusqu’au sommet, qui comprend le cabinet royal (300 employés permanents), le secrétariat privé du roi, le cabinet militaire, la bibliothèque, le Collège royal, plusieurs cliniques et l’équipe d’entretien du mausolée Mohammed V où sont enterrés le premier roi et son successeur, Hassan II.
Le parc automobile, quant à lui, dispose d’un budget de six millions d’euros consacré au renouvellement des véhicules utilitaires, mais aussi à l’entretien des voitures de luxe appartenant au souverain. À l’époque de Hassan II, l’invité du palais avait la surprise de découvrir de nombreuses Rolls Royce, Cadillac, Bentley et autres modèles de luxe soigneusement alignés dans les garages royaux. Son successeur, quant à lui, n’a pas hésité à affréter un avion militaire marocain pour transporter son Aston Martin DB 7 au siège du constructeur en Angleterre afin qu’elle soit réparée au plus vite. Il est également un client privilégié de Ferrari, une marque dont il a acheté de nombreux modèles.
Ses caprices vestimentaires ont également un coût pour le budget de l’État : deux millions d’euros par an. (…) Il s’est fait faire un manteau de laine par un tailleur londonien au coût de 35 000 £. Enfin, un million de dollars est la somme destinée aux soins et à l’alimentation des animaux vivant dans le palais.
Autre chapitre coûteux de la loi budgétaire : les voyages à l’étranger du roi et de sa cour, qui se sont élevés en 2008 à 380 millions de dirhams (38 millions d’euros). (…) Le Boeing de Sa Majesté est ostensiblement luxueux et a été équipé d’une chambre à coucher, d’un bureau qui fait office de salle de réunion, d’un équipement d’exercice et d’une chaîne stéréo dernier cri. (…) Le Roi est également accompagné de 250 à 300 personnes dans un Boeing 747 et deux Boeing 737-400, plus trois Hercules C-130 pour le mobilier et les bagages. Pour un voyage de trois semaines et 60 heures de vol par semaine, la facture dépasse les trois millions de dollars. (…) Ses voyages officiels à l’étranger sont presque toujours prolongés par un jour férié.
Un ingénieur marocain, Ahmed Bensedik, a effectué une comparaison rapide sur la base de données officielles. En 2009, le produit national brut du Maroc s’élevait à 90 milliards de dollars et celui de la France à 2,75 milliards de dollars. Malgré cette différence de richesse stupéfiante, le budget du palais royal, dont l’État marocain est responsable, est de 228 millions d’euros, tandis que celui de l’Élysée [la présidence française] est de 112,6 millions. Le montant alloué à Mohammed VI est le double de celui du Président de la République française. Cette différence, déjà importante en soi si on la rapporte au PNB de chacun des deux pays, montre que la monarchie marocaine coûte 60 fois plus cher au budget de l’État que la présidence française.
Une autre comparaison révélatrice peut être faite, montrant à quel point l’avenir est incertain dans un pays où, selon les Nations unies, 51 % de la population a moins de 25 ans. Si l’on additionne les budgets de quatre ministères – Transport et développement, Jeunesse et sports, Culture et logement, et Urbanisme – ils s’élèvent à 2,26 milliards de dirhams (226 millions d’euros). Cette somme est inférieure au budget du palais royal (…).
En 2008 (…), 380 millions de dirhams (38 millions d’euros) ont été dépensés pour les déplacements du roi à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Lorsqu’il décide de s’installer pour quelques jours dans la capitale d’une région, la police et la gendarmerie font venir des milliers d’hommes pour surveiller la zone. Si le souverain n’a pas de palais à proximité, les plus belles demeures sont réquisitionnées pour faciliter son séjour et celui de son important entourage de conseillers, ministres et autres courtisans. Des convois en provenance de Rabat ou de Marrakech transportaient les meubles, la vaisselle, les cuisines, mais aussi les cuisiniers et autres personnels de service. (…)
Cette apparente bonté royale a des effets limités : l’entourage du roi et les autorités de la région cherchent avant tout à lui plaire, quitte à tricher. Après l’inauguration d’un tout nouvel hôpital dans le sud, l’établissement a été fermé après la visite du roi. L’équipement médical n’avait pas encore été commandé, et le matériel qu’on lui a montré a été loué pour l’occasion. (…)
Les plus proches d’entre eux sont Mohamed Rochdi Chraibi, originaire de Ouazazate, dans le sud du royaume, et Fouad Ali el Himma, qui vient de la région de Marrakech. Tous deux sont fils de familles modestes et sont bien conscients de la chance qui leur a été donnée. El Himma et Chraibi se comportent comme d’éternels rivaux, dont les disputes verbales se terminent parfois violemment. (…) Plus retors et plus prompt à manipuler le roi en montant de sombres intrigues contre ses rivaux, Fouad Ali el-Himma parvient finalement à s’imposer comme le plus proche compagnon de Mohammed VI [puisqu’ils étaient tous deux étudiants au Collège royal]. Au cours de l’été 2011, il est parvenu à mettre hors-jeu, bien que temporairement, un énième rival, Mohamed Moatassim, conseiller royal estimé et juriste de renom. Il a été imprudent et a commis l’erreur de déverser sa bile sur le parti Authenticité et Modernité (AMP) dans une ligne téléphonique interceptée. Le PAM a été créé de toutes pièces par Mohamed VI et piloté par El Himma pour affronter les islamistes du Parti de la justice et du développement.
Au cours d’une formation de plusieurs années au ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Driss Basri, Fouad Ali El Himma a développé un goût pour les informations secrètes. Il ne semble pas avoir laissé un souvenir extraordinaire à son ancien mentor, qui ne l’appréciait pas particulièrement et disait de lui, alors qu’il était déjà en exil à Paris, qu’ »il n’était pas un travailleur acharné car il préférait faire la fête avec le prince héritier » [le futur roi Mohammed VI]. (…)
Aussi impopulaire que Fouad Ali El Himma, et précédé lui aussi de la mauvaise réputation d’être un homme sans scrupules, Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohammed VI, gère l’immense fortune du monarque. Contrairement à son rival, El Himma, Majidi n’est pas issu du Collège royal mais d’une autre bande tout aussi importante aux yeux du roi : celle de son cousin adoré Naoufel Osman, mort prématurément de maladie en 1992. (…) Mounir Majidi, lui, tremble de peur au moindre changement d’humeur du patron dont les fureurs sont légendaires. Et pas seulement à cause des corrections physiques qu’il inflige de temps en temps. (…).
Fouad Ali el Himma et le groupe du Collège royal, Mounir Majidi et la bande de Naoufel… Depuis le début de la dernière décennie, les amis de Sa Majesté ont monopolisé tous les postes clés du royaume, sauf ceux du domaine exclusivement militaire.
Dans ce mail, le journaliste Ignacio Cembrero dément être derrière cet article
Note de Karim Bouzida au sujet du livre « Le roi prédateur »
Note au sujet de la publication du livre de Graciet et Laurent
ABSTRACT
La publication du livre « le Roi prédateur », développant un discours négatif, pourrait avoir des visées de déstabilisation politique et économique. Le sujet n’étant pas nouveau, il conviendrait de bien doser les aspects de communication de façon à ne pas lui faire une publicité gratuite ou le crédibiliser. Nous pensons que l’adossement du nom d’Eric Laurent à Catherine Graciet procède par ce souci de « crédibilité » de l’ouvrage, c’est pourquoi ce paramètre est central.
Tout en évitant toute sur-réaction nous recommandons toutefois un dispositif dont certains éléments sont a déployer dés fin de cette semaine, étant entendu que l’intensité du dispositif (au Maroc et en France essentiellement) restera a calibrer en fonction de l’évaluation qui sera faites de la sortie de l’ouvrage ou de toute autre action imprévue concomitante.
AXES PRINCIPAUX DE L’EDITEUR
L’ouvrage prétend être une « enquête » sur les intérêts économiques de la Monarchie. Son résumé mis à disposition par l’éditeur souligne :
La fortune personnelle du roi du Maroc a quintuplé en dix ans, et le magazine Forbes le classe désormais parmi les personnalités les plus riches du monde.
Par le biais des holdings que contrôle la famille royale, avec l’aide du secrétaire particulier de Sa Majesté et la complaisance de nombre de dignitaires et de valets du pouvoir, c’est à une véritable mise en coupe réglée de l’économie du Royaume que l’on assiste depuis plus de dix ans.
Voici ce système, et les hommes qui en tirent les ficelles, pour la première fois mis au jour au terme d’une minutieuse enquête de terrain, d’un examen fouillé des dossiers sensibles, de nombreuses rencontres avec les principaux témoins de cette royale prédation, y compris parmi les proches du Palais
Voici comment le souverain d’un des régimes désormais les plus menacés par la vague démocratique dans les pays arabes a transformé ses sujets en clients, l’Etat en machine à subventionner les intérêts de la famille royale, et notre pays en complice d’un désastre politique et moral auquel contribue, à son corps défendant, le contribuable français.
ANALYSE CONTEXTUELLE
Saissisant le contexte regional dit “printemps arabe” et avide de paraléllisme pervers , un nombre de réseaux antagonistes a choisi de nuire a l’image des institutions sur deux bases, le champs économique et le champs polititique.
On constate toutefois que ces réseaux qui s’employent sur le plan national et international ont concentré leurs attaques sur le champs économique .
Cette concentration trouve son explication dans :
Faiblesse des arguments antagonistes sur un pseudo hégémonie de l’institution Royale sur le champs politique, lesquels viennent notament buter sur le train de réformes initié par Sa Majesté trés largement plebiscite au plan international ( discours du 9 mars , referendum constitutionnel, transparence des elections, arrivée de l’opposition parlementaire a la premature, renouveau de la classe partisane, gestion soft des revendications et manifestations…)
Volonté antagoniste de nuire a la proximité du souverain avec les couches les plus défavorisées et ses actions de régne contre l’exclusion ( on sent une forte crispation de ces réseaux contre la symbolique de “Roi des pauvres” )
Ces réseaux croient en la “solidité de leurs arguments” : classement Forbes, chiffres et statistiques, performances des filiales Sni…
Tout pretexte est “bon a prendre” ainsi ces réseaux , appuyés par des relais internationaux et des sites webs Marocains , travestisent et amplifient des actes tels que : le sit in d’ouvriers des domaines agricoles, la cession d’atlas hospitality, la renovation de la residence de Sa Majesté, les protestations d’Imider…
Les “mouvements” dits contestataires ( principalement 20 février) ont trés vite montré leurs limites en terme de mobilisation, les dits réseaux, convergeant ici avec Jaoi, s’évertuent a utiliser ce theme en guise de mobile de mobilisation et d’excitation des protestaires a caractére économique et social
Pour ces réseaux, decliner sur l’espace public de maniére outrageuse voire injurieuse des elements censés se rapporter a la sphere privée de Sa Majesté est une maniére censée écorcher la sacralité du souverain voire de provoquer une reaction repressive qu’ils ne manqueraient pas d’utiliser fallacieusement.
ANALYSE SPECIFIQUE A L’OUVRAGE
L’ouvrage procède d’une volonté manifeste visant à nuire à l’image de la Monarchie dans un contexte de profondes mutations politiques que connait le Royaume couronnant une année réussie de gestion «intelligente et différenciée » des effets du printemps arabe.
Le choix de la date de parution semble également avoir voulu miser sur un pseudo succès de l’anniversaire du 20 février, ce que le week end dernier a démenti !
Cette publication intervient aussi dans un contexte particulier dans la vie du groupe SNI qui s’est engagé dans un processus progressif de désengagement d’un certain nombre d’activités stratégiques en vue de développer une nouvelle vocation de fonds d’investissement. De plus, le contexte est marqué par la multiplication des attaques contre les intérêts économiques de la Monarchie, souvent incarnés et la personne du secrétaire particulier de Sa Majesté.
On peut alors déduire que les auteurs de livre, ou ceux qui les ont inspiré, visent deux objectifs suivants :
Déstabiliser politiquement, en cherchant à ternir l’image de Sa Majesté sur un sujet éminemment populiste.
Déstabiliser économiquement, la SNI qui a pris le parti de se désengager de certaines entreprises stratégiques mais tout en veillant à garantir une dose pertinente de marocanité dans leur capital.
La trame de fonds de l’ouvrage sécrète l’idée mensongère qui voudrait que le Souverain « a bien entamé le règne puis se serait laissé allé a une voie de prédation », laquelle thèse a été édictée par nombre de vecteurs des réseaux ( sarah daniel , benchemsi, boukhari…). Le but de cette thèse étant d’opposer une logique de « déviation » a la logique de réforme, de progressivité et de consolidation du règne de Sa Majesté.
La tonalité, les portraits positifs de quelques acteurs presentés comme “victimes du systéme” ( Hassan bernoussi, Khalid oudghiri, Driss Jettou…) et dans d’autre cas negatifs ( Nekkouche, ali fassi fihri, Sefrioui, Ratib..) semblent etre l’une des techniques sciement utilises depuis prés d’un an pour provoquer “la rebellion des milieu d’affaires marocains” contre “le makhzen”. Cet objectif pervers est d’ailleurs l’un des axes majeurs de la stratégie decline par ces réseaux.
EVALUATION GLOBALE
Le sujet n’étant pas nouveau, des groupes intéressés et lobbys, selon leurs convenances, l’ont souvent porté sur la scène publique soulignant plusieurs « griefs » et mettant en exergue de pseudo « anomalies ».
C’est pourquoi il conviendrait d’évaluer de façon analytique la portée des informations, voire révélations contenues, dans le présent ouvrage. Du réchauffé ? de l’inédit ? de la pertinence ?…
Cette évaluation permettant de calibrer de manière adéquate la posture et l’intensité de la communication (voire le plan médias) qui pourrait être mise en œuvre pour contrer les risques éventuels.
Au vu de l’évaluation faite a la lecture de l’ouvrage il s’avère que la plupart des sujets évoqués relèvent du « réchauffé » agrémenté de témoignages , de citations en off et de chiffres censés donner du relief et de la crédibilité.
Au titre des témoignages « inédits » dont se prévalent les auteurs de l’ouvrage on relève une forte volonté de s’appuyer sur les déclarations de khalid Oudghiri , cette insistance semblait vouloir donner du souffle et de la convergence a l’ouvrage d’Oudghiri qui était annoncé dans les médias .Les auteurs de cet échafaudage n’avaient pas anticipé la grâce Royale.
Ceci est d’autant plus vrai qu’il est fort probable que la présence d’Eric Laurent en tant que co-auteur n’aurait pour autre objectif de co-signature que de crédibiliser les écrits de Catherine Graciet. En effet, cette dernière s’est, depuis toujours, attaquée aux questions économiques traitées dans ce livre1.
De plus le fait que le livre soit signé par un journaliste perçu initialement comme ami du Maroc (ayant publié un livre d’entretiens avec feu Hassan II), cela encouragera la comparaison pernicieuse du type : « Sa Majesté Mohammed VI est beaucoup moins raisonnable que son défunt père en matière de prédation économique ».
AUTRES MENACES A ANTICIPER
Des extraits de ouvrage ne manqueront pas d’être médiatisés et amplifiés par des relais et supports connus pour leur antagonisme, ce qui ne constitue pas une menace en soit, toutefois nous nous permettons d’anticiper les risques paralélles suivants :
Une « contagion de l’espace de coalition autour des thèmes du livre vers des acteurs institutionnels plus crédibles :
Partis politiques ( Psu, membres du pjd tels Hamieddine, et plus gravement une partie de Usfp qui se cherche une place d’opposition , cf positions contre Fc com…) ou élus locaux voire nationaux ( Tarik kabbaj , Khairat ou Daidaa en questions orales…)
Le conseil de la concurrence qui cherche a imposer son positionnement et qui peut être mu par un sens militant de son président
Des leaders d’opinion en France ou au Maroc ( exemples : guy Bedos sur Moumni ou Berrada sur Tgv…)
Des organisations nationales ou internationales types collectif anti tgv, transparency…
Des personnes politiques françaises avides de thémes électoralistes pour la présidentielle et désirant marquer la rupture ( type Arnault de Montebourg,josé bové,marine le Pen…)
Une « contagion de l’espace de coalition autour des thèmes du livre vers des acteurs économiques :
leaders d’opinion économiques nationaux ( type miloud Chaabi, membres de la Cgem, fédération ou chambre professionnelle…)
entreprises nationales ou internationales s’estimant victimes ( exemples : Savola, Copag, concurrents de Nareva…)
Une « contagion de l’espace de coalition autour des thèmes du livre vers des zones géographiques ou populations cibles : région d’Imider ou tout autre bassin minier, zones limitrophes aux domaines agricoles royaux, acteurs de la filière laitière, agriculteurs partenaires Cosumar, région d’exploitation source thermale sidi harazem….
Un montage d’opérations de marketing négatifs type appels a boycotter produits danone , marjane ou addoha…
RECOMMANDATIONS
Une sur-réaction donnerait de la visibilité voire une certaine crédibilité a l’ouvrage mais nous recommandons toutefois de :
Maintenir une veille permanente médiatique et
non médiatique afin de calibrer parfaitement toute réaction
décliner médiatiquement et objectivement des éléments
témoignant de la subjectivité et la non crédibilité des 2 auteurs
( voir pistes plus bas) et de leurs sources ( ahmed Benseddik !!!)
et ce avant la parution
positionner aux yeux de l’opinion publique nationale, quelques jours
avant la parution ,l’ouvrage comme étant une somme de faux scoops et de basse littérature ( a l’exemple de l’article ci-joint de Tourabi qui était paru sur Goud la veille de la sortie du livre d’ali Ammar et en a considérablement réduit la portée)
Utiliser , si besoin est, un axe fort de vulnérabilité de l’ouvrage ;
il prend ouvertement la défense des intérêts économiques Français !!!.
Il serait alors pertinent d’exploiter le dernier livre de Laurent contre les délocalisations ( ie Renault a Tanger )
voire la récente prise de position de Lydec qui refuse de s’acquitter de ses dettes a Casablanca
ELEMENTS A CHARGE CONTRE LES AUTEURS
Eric Laurent
Il était de 1979 à 1980 conseiller de Jean-Jacques Servan-Schreiber frère de Jean-Louis Servan Schreiber (Telquel).
Un article de l’Express daté du 5 octobre 2010 annonce l’association entre Backchich, Eric Laurent et Khadija Mohsen Finan, pour le lancement de la lettre du Sud, un site payant spécialisé dans le monde arabe.
– Avec tout ce que supposeraient ces relations avec des milieux hostiles.
Publications de livres à forte portée sensationnelle, « La guerre des Bush » en janvier 2003, « Le monde secret de Bush » en mai 2003, « La face cachée du 11 septembre » en 2004, « La face cachée du pétrole » en 2006, « Bush, l’Iran et la bombe, Enquête sur une guerre programmée » en 2007, « La Face cachée des Banques. Scandales et révélations sur les milieux financiers » en 2009.
– Cette attitude populiste cache une logique mercantile en adoptant de grotesques raccourcis analytiques et en puisant dans la théorie du complot. Le présent livre s’inscrirait dans cette même logique
Publication d’ouvrages à forte doses de complaisance, « La mémoire d’un Roi » entretiens avec Hassan II en 1993, « Les chemins de ma vie » entretien avec Henri Konan Bédié en 1999.
– Prédisposition à la complaisance dans un objectif mercantile
Publication en 2011 d’un livre intitulé « Le scandale des délocalisations » développant des positions extrémistes sur le nationalisme économique, s’attaquant ainsi à la délocalisation bénéfique, en l’occurrence, aux pays du sud notamment le Maroc.
– Cet élément pourrait être mis en exergue pour étayer les objectifs de déstabilisation économique, particulièrement à l’occasion du contexte médiatique français à l’aune de l’ouverture de la nouvelle usine Renault.
Déclarations en 2009, à l’occasion des dix ans de l’intronisation de Sa Majesté Mohammed VI, sur un projet de livre recensant des propos inédits de Feu Hassan II qu’il lui aurait confié ne demandant leur publication qu’après une décennie.
– Il s’agissait, manifestement, d’une volonté de rattraper la vague des publications et de faiseurs d’opinions qui sont intervenus durant cette période. La véracité de ces propos peuvent être sujette à caution et démontre le côté intéressé et mercantile de leur auteur.
Catherine Graciet
Capitaliser objectivement sur son passé et ses positions systématiquement négatives sur le Royaume et ses institutions.
Quand on mise tout sur sa personnalité, celle-ci peut occuper tellement d’espace qu’elle finit par porter ombrage aux faits. Une trahison qui risque de mettre en danger la stabilité de toute une région.
Dire que le Maroc s’est détourné de la cause palestinienne est un euphémisme. Malheureusement, il n’est pas le seul état arabe à troquer la cause palestinienne contre de pseudo dividendes. Président d’honneur du Comité El Qods, le roi n’a pas hésité, une seconde, à trahir la cause palestinienne et à soutenir l’entité sioniste. Une trahison qui risque de mettre en danger la stabilité de toute une région. Et dire que le Makhzen a toujours clamé que sa position envers le peuple palestinien est fondée «sur une conviction et une foi inébranlables que partagent unanimement les Marocains». Quel crédit donner aux slogans et aux sentiments contredits par es faits. Mercredi, plusieurs villes marocaines ont manifesté contre la normalisation avec l’entité sioniste. Pour les manifestants, le Maroc n’aurait pas dû rétablir ses relations avec Israël tant que les Palestiniens n’ont pas obtenu gain de cause.
En effet, la décision de normalisation actée en décembre 2020 n’avait pas fait l’unanimité au sein de la société civile marocaine. Une normalisation dictée par une ambition démesurée de faire de l’ombre à l’Algérie. Sinon, pourquoi le Makhzen se démènerait-il pour imposer Israël comme Etat observateur à l’Union africaine? En normalisant ses relations avec l’entité sioniste, le Makhzen croit-il réellement gagner en puissance et faire peur à ses voisins? Il avait, d’ailleurs, tenté de le faire en offrant au ministre israélien son territoire comme une «franchise diplomatique» afin de s’attaquer à l’Algérie, oubliant qu’il lui en faut beaucoup plus pour faire cligner des yeux le pays d’un million et demi de martyrs.
La réalité est que le roi n’a rien compris. Il s’accroche à l’illusion que le régime sioniste est à ses côtés et que fort de son soutien aux plans du renseignement, l’armement, l’infiltration ou même la déstabilisation, il va remporter haut la main la bataille du leadership dans la région et asseoir définitivement sa mainmise sur le Sahara occidental. Or, le Makhzen subit l’effet boomerang. Son explosion est une question de temps. Les dernières manifestations de mercredi en sont la meilleure preuve, d’autant que la protestation collective gagne le royaume marocain, révélant la gravité des inégalités sociales engendrées par un régime autoritaire qui accapare les richesses du pays, tout en prétendant oeuvrer pour son développement.
Des manifestations pacifiques contre la pauvreté et la détérioration des conditions de vie, réprimées par la violence.
Depuis plusieurs semaines déjà, les protestataires dénoncent l’imposition du pass vaccinal (lié à la Covid-19) mais aussi la cherté de la vie. L’aggravation de la crise socio-économique au Maroc va certainement attiser la protestation sociale. Des voix font entendre les leurs auprès des décideurs, qui semblent «en déphasage total avec la réalité». Les sit-in s’enchaînent, rappelant aux gouvernants que le mécontentement des populations est devenu insupportable.
Au lieu de calmer les esprits et annoncer des perspectives positives et optimistes, le Makhzen s’enferme pour mieux réprimer. D’ailleurs, le Maroc a prolongé, hier, jusqu’à fin janvier la fermeture de ses frontières aériennes. Le voisin de l’Ouest a même mis fin au dispositif visant à rapatrier ses ressortissants bloqués à l’étranger. Des décisions prises sous prétexte de la propagation rapide du nouveau variant Omicron. Est-ce réellement la vraie raison?
Il a beau accuser l’Algérie d’être derrière le hacker Chris Coleman qui a balancé, au mois d’octobre 2014, sur la toile des centaines de documents confidentiels de la diplomatie marocaine et des services d’espionnage marocains, la DGED. Dans son édition du 10/12/2014, le quotidien arabophone marocain Akhbar Alyoum, le ministre marocain des AE, Salaheddine Mezouar, a estimé, en évoquant l’affaire de la fuite de centaines de documents que c’est une « opération des services algériens ». Le Maroc « n’aura de cesse de présenter les preuves attestant que le voisin de l’Est (l’Algérie, ndlr) nourrit le conflit autour du Sahara », a ajouté Mezouar.En accusant le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) d’être derrière la fuite de « documents confidentiels » mettant à nu les pratiques honteuses de la diplomatie marocaine envers l’Algérie et le dossier du Sahara Occidental le régime marocain use de ses habituels faux-fuyants consistant à accuser l’Algérie de tous ses maux. Mezouar accuse, sans apporter bien évidemment la moindre preuve, les services de renseingement algériens d’avoir révélé ces documents, et ne reproche pas à son gouvernement d’avoir opté pour la corruption pour nuire à l’Algérie.
En accusant l’Algérie, le Makhzen voulait surtout épargner ses maîtres de l’Elysée. Selon le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, grand connaisseur du Maroc et du Maghreb, les français ont activé le hacker Chris Coleman après que le Maroc a décidé, en février 2014, de suspendre la coopération judiciaire avec l’Hexagone pour exprimer son mécontentement suite à l’incident relatif au patron de la DST marocain, Abdellatif El Hammouchi. Les conséquences de cette suspension se sont fait sentir en France, puisque, selon l’ancien ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua, «le Maroc était l’une de (ses) principales sources d’information ».
Le 23 mai 2014, Mezouar convoque l’ambassadeur de la France à Rabat, Charles Fries pour lui signifier sa désapprobation suite à une réunion, tenue le 6 mai, entre des membres de l’ambassade, du juge de liaison français à Rabat et l’ancien magistrat marocain Mohamed Anbar. Le lendemain de cette réunion. Le360, un site proche du palais royal, rapporte les détails de cette réunion tout en dévoilant le nom d’une personne présente à la réunion : Agnès Féline, « deuxième secrétaire à l’ambassade de France et chef d’antenne de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) au Maroc ». Suite à la publication de son nom et fonction, cette dernière, « a été contrainte de quitter rapidement le pays », précise le journaliste espagnol. « Qui a prévenu la presse que derrière cette femme accréditée comme diplomate se cachait un agent secret ? », s’est-il interrogé. « Probablement les mêmes personnes qui l’ont accréditée. Ainsi, dans la capitale marocaine, certains sentent que @chris_coleman24 est la revanche française contre ces coups bas », affirme-t-il.