Catégorie : Monde

  • Policière tuée à Rambouillet: ce que l’on sait de l’assaillant abattu

    Originaire de la région de Sousse en Tunisie, Jamel G., 36 ans, était arrivé en France en 2009.

    RAMBOUILLET – Trois personnes ont été placées en garde à vue et deux perquisitions étaient en cours vendredi soir dans l’enquête sur l’assassinat d’une fonctionnaire de police, poignardée par un Tunisien qui a ensuite été abattu, dans le commissariat de Rambouillet près de Paris.

    Selon les papiers d’identité retrouvés sur lui, Jamel G. était un ressortissant tunisien de 36 ans.

    Originaire de la région de Sousse, dans l’est de la Tunisie, il était arrivé en France en 2009 et avait bénéficié en 2019 d’une autorisation exceptionnelle de séjour salarié, puis d’une carte de séjour en décembre 2020, valable jusqu’en décembre 2021, selon le Parquet national antiterroriste.

    Il était inconnu des services de police et de renseignements, ont confirmé plusieurs sources policières à l’AFP.

    Selon une source proche de l’enquête, il vivait depuis quelques années dans une maison excentrée de Rambouillet. Il avait résidé auparavant dans le Val-de-Marne.

    Un homme “musulman” mais “pas pratiquant”

    L’un de ses anciens voisins, interrogé par l’AFP, qui l’a connu à cette adresse deux mois en 2017, se souvient d’un homme “musulman” mais “pas pratiquant”, vivant seul et travaillant dans le bâtiment.

    Sur les réseaux sociaux se dessine le profil d’un trentenaire, qui aime les activités de plein air. Pendant plusieurs années, ses posts publics sont consacrés en nombre à la dénonciation de l’islamophobie ou des propos de polémistes comme Éric Zemmour.

    Mais à partir d’avril 2020, au moment du confinement, il ne publie plus que de pieuses prières et des versets coraniques.

    Le 24 octobre, huit jours après l’assassinat du professeur de collège Samuel Paty par un islamiste, il avait changé sa photo de profil et rejoint une campagne intitulée “Respectez Mohamed prophète de Dieu”.

    Huffpost, 23 avr 2021

    Etiquettes : Rambouillet, radicalisme, attentat, commissariat, policière,

  • Attentat à Rambouillet : l’assaillant Jamel G., un Tunisien radicalisé pendant le confinement

    Ce ressortissant tunisien de 36 ans arrivé en France en 2009 avait bénéficié en 2019 d’une autorisation exceptionnelle de séjour salarié, puis d’une carte de séjour en décembre 2020.

    Qui est l’auteur de l’attaque perpétrée dans un commissariat de Rambouillet ce vendredi? Peu après 14 heures, un homme s’en est pris à une fonctionnaire administrative de l’hôtel de police de la commune des Yvelines, lui assénant deux coups de couteau mortels à la gorge avant d’être abattu par un brigadier présent sur la scène du crime.

    Jamel G., selon les papiers d’identité retrouvés sur lui, était un ressortissant tunisien de 36 ans. Originaire de la région de Sousse, dans l’est de la Tunisie, il était arrivé en France en 2009 et avait bénéficié en 2019 d’une autorisation exceptionnelle de séjour salarié, puis d’une carte de séjour en décembre 2020, valable jusqu’en décembre 2021, selon le Parquet national antiterroriste (Pnat).

    Selon une source proche de l’enquête, ce chauffeur-livreur de profession vivait depuis quelques années dans une maison excentrée de Rambouillet. D’après un proche de sa famille en Tunisie interrogé par l’AFP, il habitait chez sa tante et avait au moins deux frères, dont un jumeau. Une source policière a toutefois confié au Figaro que le trentenaire résidait chez son père, qui se trouve d’ailleurs actuellement en garde à vue.

    L’homme avait résidé auparavant à Thiais, dans le Val-de-Marne. L’un de ses anciens voisins, interrogé par l’AFP, qui l’a connu à cette adresse deux mois en 2017, se souvient d’un homme «musulman» mais «pas pratiquant», vivant seul et travaillant dans le bâtiment. Il était inconnu des services de police et de renseignements, comme l’a confirmé une source policière au Figaro.

    «C’était quelqu’un de calme, pas particulièrement pieux», a indiqué à l’AFP un cousin, Noureddine, qui reconnaît ne pas avoir pas vu Jamel G. depuis longtemps. L’un de ses beaux-frères a indiqué à un correspondant de l’AFP qu’il était revenu deux semaines en Tunisie récemment. Une cousine trentenaire, Sameh, le décrit comme un homme dépressif, elle indique qu’il était suivi par un psychiatre en France.

    Un changement à partir d’avril 2020
    Sur sa page Facebook, le trentenaire, aux cheveux plutôt courts comme sa barbe, écrit être originaire de M’saken, ville de 60.000 habitants sur la côte est de la Tunisie. Pendant plusieurs années, ses posts publics sont consacrés en nombre à la dénonciation de l’islamophobie ou des propos de différents polémistes.

    Mais à partir d’avril 2020, au moment du confinement, il ne publie plus que de pieuses prières et des versets coraniques. Le 24 octobre, huit jours après l’assassinat du professeur de collège Samuel Paty par un islamiste, il avait changé sa photo de profil et rejoint une campagne intitulée: «Respectez Mohamed prophète de Dieu». Les enquêteurs sont en train d’analyser tous ses supports numériques (téléphones, ordinateurs…). Ils cherchent également à déterminer si Jamel G. a bénéficié d’un soutien, matériel ou idéologique.

    Au moment de l’attaque, l’assaillant aurait crié «Allah Akbar» avant de poignarder mortellement la fonctionnaire de police. Cet élément ainsi que «des éléments de repérages», la qualité de la victime – une fonctionnaire de police, conformément aux mots d’ordre récurrents du groupe djihadiste État islamique (EI), ont conduit le parquet antiterroriste à se saisir de l’enquête après «une évaluation (…) par la Sous-direction antiterroriste (Sdat)», a justifié le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard.

    Le mode opératoire, une attaque à l’arme blanche, a également motivé cette saisine. L’enquête a été confiée conjointement à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

    Le Figaro, 23 avr 2021

    Etiquettes : Tunisie, France, terrorisme, attentat, commissariat, police, Rambouillet,

  • La Russie reprend ses vols vers le Maroc : ce qui attend les touristes russes

    Tout le monde ne pourra pas se permettre un tel voyage.

    Après la fermeture de la Turquie, qui a entraîné beaucoup de déceptions et de problèmes pour les Russes, les gens se sont précipités pour explorer les destinations actuellement disponibles dans le sud. Il y a quelques jours, il a été signalé que depuis le 30 avril, nos citoyens pourront se rendre au Maroc sans visa avec les avions de la compagnie aérienne russe. Nous avons découvert les conditions d’entrée dans ce pays pour les Russes.

    Les vols ont repris de Moscou vers la ville de Casablanca et, pour le moment, ils sont programmés une fois par semaine. Mais ce n’est un plaisir que pour les personnes aisées, car le coût approximatif d’un billet aller-retour commence désormais à 80 000 roubles. Il y a également des plages à proximité de Casablanca, mais, par exemple, pour se rendre à la célèbre station balnéaire marocaine d’Agadir depuis Casablanca, il faut tout de même compter plus de trois heures de vol intérieur.

    – Tous les passagers, y compris les ressortissants marocains, doivent présenter un certificat papier attestant d’un résultat négatif au test PCR pour le coronavirus en anglais, arabe ou français à un employé de la compagnie aérienne avant d’embarquer sur le vol à l’aéroport de départ. Le test doit être effectué au plus tôt 72 heures avant le départ (le délai est calculé à partir du prélèvement). Le certificat n’est pas requis pour les enfants de moins de 11 ans. Les passagers qui ne disposent pas d’un certificat attestant d’un résultat négatif au test PCR ne seront pas acceptés sur le vol, – nous a indiqué la compagnie aérienne. – Vous devrez également remplir un « formulaire de santé publique » sur le site web marocain et l’imprimer avant le départ.

    Les touristes russes n’ont pas besoin de visa pour entrer dans ce pays pour une seule entrée et pour une durée maximale de 90 jours.

    Cependant, dans ce pays aussi, des restrictions anticovidales vous attendent :

    – Les résidents et les touristes doivent porter des masques dans les lieux publics, sous peine d’une amende de 80 dollars. Vous devez vous rappeler qu’il y a un couvre-feu de 21 heures à 6 heures du matin. Pendant cette période, vous ne pouvez pas entrer dans les cafés, les magasins et les supermarchés ; il est également interdit de pratiquer des activités de divertissement dans les hôtels – a précisé l’une des agences de voyage.

    Les experts en tourisme affirment également que les plages du Maroc « ne sont pas très belles ». Le reste du séjour dans ce pays est plus intéressant du point de vue des visites touristiques et de la saveur africaine locale.

    Actuellement, les Russes, qui ont raté la mer, peuvent, mais avec beaucoup de difficultés et « par la force des choses », se rendre au Monténégro, en Croatie et à Chypre. Il y a des chances que la Bulgarie ouvre ses portes à partir du 1er mai. En ce qui concerne la Grèce, ATOR a indiqué aujourd’hui que le 3 mai, les autorités grecques commenceront à lever les restrictions par étapes. Les futurs touristes, en particulier, pourront se réjouir du fait qu’à partir de cette date, les restaurants, bars et cafés grecs seront ouverts aux visiteurs, mais uniquement en plein air. On s’attend à ce qu’une vague de Russes déferle sur la Grèce le 14 mai, date à laquelle les restrictions à l’entrée dans le pays de nos citoyens seront levées. Rappelons que le 1er avril, Chypre est prête à accueillir les Russes, mais la reprise officielle des liaisons aériennes n’a pas encore été faite.

    Très bientôt, comme le promettent les autorités russes, des vols directs de Moscou et d’autres grandes villes russes vers les stations balnéaires égyptiennes de Sharm el-Sheikh et Hurghada seront ouverts. Les experts du secteur du voyage expliquent que ce n’est que dans ce cas que « l’Égypte deviendra une alternative à part entière à la Turquie ». Aujourd’hui, les vols passent par le Caire, mais les touristes devront ensuite effectuer un transfert de six heures ou prendre un vol intérieur pour rejoindre les stations.

    Aussi pour les touristes ouvert station portugaise Madeira, mais pour y arriver est également un problème.

    Comme l’a déclaré à « MK » la directrice exécutive d’ATOR, Maya Lomidze, « les touristes russes peuvent entrer à Madère avec un visa Schengen préalablement ouvert et un test PCR négatif. Pour entrer à Madère, tous les passagers doivent remplir personnellement le formulaire de demande 12 à 48 heures avant l’embarquement, recevoir une notification par courriel avec un code d’accès et le code QR correspondant, qui doit être présenté à l’arrivée à l’aéroport de Madère. La Russie n’a pas encore officiellement rétabli les vols directs avec le Portugal. Il est également possible de rejoindre Madère via les aéroports suisses.

    MKRU, 23 avr 2021

    Etiquettes : Russie, Maroc, tourisme, voyages, vacances, vols, visa,

  • L’Afrique compte 22 milliardaires et 125 000 millionnaires. Ces cinq pays africains abritent les plus riches.

    -Au cours des dix dernières années, des milliers de super-riches ont quitté l’Afrique. Pourtant, le continent compte encore 125 000 millionnaires et 22 milliardaires.
    -La plupart d’entre eux vivent en Afrique du Sud, en Égypte, au Nigeria, au Maroc et au Kenya.
    -L’AfrAsia Bank prévoit que la richesse privée totale en Afrique augmentera de 30 % au cours de la prochaine décennie.

    À la fin de l’année dernière, l’Afrique comptait 125 000 millionnaires et 22 milliardaires. La crise coronaire a entraîné une baisse de 9 % de la richesse privée totale du continent, qui s’élève désormais à 2 000 milliards de dollars. C’est ce que révèle l’Africa Wealth Report de la Banque AfrAsia.

    L’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Maroc et le Kenya représentent plus de la moitié de la richesse privée africaine. Mais l’île de Maurice est le pays le plus riche du continent, avec une richesse moyenne de plus de 30 000 dollars par habitant.

    L’Afrique du Sud compte plus de deux fois plus de millionnaires (personnes dites très fortunées) que tout autre pays d’Afrique : 36 500. Johannesburg et Le Cap sont également les villes les plus riches d’Afrique. L’Égypte et le Nigeria suivent en deuxième et troisième position.

    La plupart des milliardaires vivent en Égypte. Selon l’Africa Wealth Report, ce pays à l’histoire riche compte six milliardaires. L’Afrique du Sud en compte cinq, le Nigeria quatre et le Maroc trois milliardaires.

    Nombre de super-riches en Afrique

    La richesse privée totale de l’Afrique n’a pas seulement diminué pendant la crise coronaire, mais tout au long de la dernière décennie. Cela s’explique principalement par le fait que l’Afrique du Sud (-25 %), l’Égypte (-30 %) et le Nigeria (-33 %) ont enregistré de mauvais résultats entre 2010 et 2020, notamment parce que de nombreux millionnaires et milliardaires ont quitté ces pays pour s’installer en Europe, aux États-Unis ou en Australie.

    Quelque 4 200 millionnaires ont quitté l’Afrique du Sud au cours de la dernière décennie. En Égypte, en particulier, on a assisté à une migration des super-riches immédiatement après le printemps arabe au début de la dernière décennie.

    Le nombre total de millionnaires en Afrique a diminué, passant de 150 000 en 2010 à 125 000 en 2020.

    Pourtant, AfrAsia Bank prévoit que la richesse privée totale en Afrique augmentera de 30 % pour atteindre 2 600 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

    Actuellement, la richesse privée totale en Afrique est de 2 000 milliards de dollars. Une forte croissance est notamment attendue en Éthiopie, à Maurice, au Rwanda, au Kenya et en Ouganda.

    Business Insider, 22 avr 2021

    Etiquettes : Afrique, milliardaires, millionnaires, riches, AfrAsia Bank, Afrique du Sud, Égypte, Nigéria, Maroc, Kenya, 

  • « La police espagnole a demandé une peine de prison à vie pour la solidarité ».

    La militante des droits de l’homme Helena Maleno accuse le gouvernement de Madrid d’être à l’origine de son expulsion du Maroc.

    Vous avez récemment été accusé d’avoir été « expulsé de force » du Maroc vers l’Espagne. Que s’est-il passé ?

    Je suis retournée au Maroc, où je vis depuis 20 ans et où mes enfants sont nés, après un voyage d’affaires en Espagne. Lorsque je suis arrivé à Tanger en provenance de Madrid, j’ai été entouré de personnes sans masque, on m’a retiré mon passeport, on m’a refusé des médicaments et de l’eau, puis on m’a poussé dans le prochain avion pour Barcelone. Je me suis sentie très étourdie. C’est ce qui arrive quand je ne prends pas mes médicaments. Je n’avais pas le droit de parler, pas le droit de me lever. Je n’ai récupéré mon passeport et mes affaires que par la police espagnole à Barcelone.

    HELENA MALENO
    est un journaliste primé à plusieurs reprises. Elle s’est fait connaître en tant que fondatrice de l’organisation non gouvernementale Caminando Fronteras/Walking Border, qui est devenue une sorte de centre d’appel d’urgence pour les migrants en détresse en mer. Ralf Streck s’est entretenu avec elle.

    Les autorités espagnoles étaient donc impliquées ?

    Bien sûr qu’ils l’étaient. Le ministère des Affaires étrangères affirme n’avoir rien su, car il est passé par le ministère de l’Intérieur.

    On ne vous a pas donné d’explication ou présenté une ordonnance du tribunal ?

    Non. J’ai été dépouillé de tous mes droits sans aucune explication.

    Pourquoi avez-vous attendu presque deux mois pour rendre cela public ?

    Ma fille de 14 ans était encore au Maroc. Je paniquais parce qu’elle était aussi suivie par la police. Il nous a fallu 32 jours pour la faire sortir par les agences espagnoles. Notre maison a été cambriolée trois fois, mais rien n’a jamais été volé. Cependant, un papier sur lequel figuraient les activités de ma fille a disparu. C’était une menace pour nous terroriser. Des organisations internationales, telles que l’Organisation mondiale contre la torture ou le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme, se sont montrées très préoccupées. Nous avons finalement décidé de rendre l’affaire publique, car l’Europe doit savoir que les défenseurs des droits de l’homme sont persécutés, que leur vie est en danger.

    Comment expliquez-vous ces événements ? Les enquêtes menées contre vous pour votre implication présumée dans la traite des êtres humains ont également été abandonnées au Maroc il y a deux ans.

    Mais la persécution n’a jamais cessé. Ces accusations étaient fondées sur de fausses informations fournies par la police espagnole et l’agence européenne des frontières Frontex. Ils ont fait de faux rapports sur moi et d’autres personnes. La police espagnole a même demandé au Maroc de me condamner à la prison à vie. Emprisonnement à vie pour solidarité et travail pour les droits de l’homme, parce que nous informons le sauvetage en mer quand il y a un bateau avec des personnes en mer et que nous le découvrons. Même les rapports disent que je ne reçois pas d’argent. Je suis donc censé être un contrebandier qui n’a pas l’intention de recevoir de l’argent. C’est complètement fou !

    Le ministère de l’Intérieur espagnol est-il derrière tout ça ?

    Oui. Tout a commencé lorsque le Parti populaire était au gouvernement, sous la houlette du ministre de l’intérieur Jorge Fernández Díaz, du Parti populaire de droite PP, mais l’actuel ministre socialiste de l’intérieur Fernando Grande-Marlaska n’a pas mis fin aux persécutions. Les policiers qui me persécutent sont toujours en poste. Des chanteurs, des hommes politiques, des militants des droits de l’homme sont persécutés. Bien qu’un procureur espagnol ait dit un jour à la police que mon travail ne constituait pas un délit, celle-ci continue de me persécuter. Comme je vivais au Maroc, la coopération policière était utilisée à cette fin. Les rapports de police sont de pures saletés. La première chose qu’un juge marocain a pu voir était une liste de mes contacts sexuels présumés. On me dépeint comme une sorte de pute et de lesbienne. J’avais toujours été prévenu que d’autres voies seraient empruntées si l’emprisonnement ne réussissait pas. En 2020, j’ai enregistré 37 incidents : Effractions à mon domicile, harcèlement policier aux frontières où je suis traité comme un terroriste, surveillance, agressions, menaces de mort.

    Pourquoi avez-vous maintenant écrit directement au chef du gouvernement social-démocrate, Pedro Sánchez ?

    Nous avions cru qu’avec le changement de gouvernement, les persécutions à mon encontre et à l’encontre d’autres personnes cesseraient. Nous avons approché Sánchez avec des organisations de défense des droits de l’homme pour demander une protection pour moi et ma famille. La lettre a déjà été signée par 700 organisations et plus de 11 000 personnes. Nous exigeons qu’il mette son pied à terre et qu’il ordonne au ministre de l’Intérieur de mettre fin à la persécution.

    Ils craignent toujours pour leur vie ?

    Oui. Nous continuons à recevoir des menaces. J’ai déposé une plainte de 34 pages avec menaces, mais personne n’a enquêté. Le racisme est en hausse, l’extrême droite se renforce et s’en prend aussi aux gens.

    Comment vivez-vous leur situation ?

    Je vis dans une sorte d’exil – sans tous mes biens. C’est souvent l’objectif d’une telle approche. C’est ainsi que la vie des gens est censée être détruite. Mais la vague de solidarité est écrasante. Nous ne nous laisserons pas intimider et nous continuerons. La direction prise par l’Europe pour persécuter les personnes qui défendent les droits de l’homme devient de plus en plus totalitaire. Aussi parce que les gouvernements de gauche agissent comme des extrémistes de droite dans certains domaines, par exemple aux frontières extérieures. C’est pourquoi nous devons nous soutenir mutuellement et mener une action commune contre ce phénomène.

    Neues deutschland, 22 avr 2021

    Etiquettes : Helena Maleno, migration, Espagne, Maroc, déportation, expulsion,

  • Production d’énergie selon les règles de l’UE

    En 2019, la Commission européenne a présenté le contrat vert européen : D’ici à 2050, l’UE doit devenir neutre sur le plan climatique grâce à cette technologie. Mais l’accord concerne également les pays extérieurs à l’UE. Les chercheurs parlent de colonialisme vert. Qu’est-ce que c’est ?

    En avant toute vers le vert

    En 2019, la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé la création du Green Deal européen (EGD). Un projet gigantesque qui devrait permettre à l’Union européenne de devenir neutre sur le plan climatique d’ici à 2050.

    Le catalogue complet de mesures, qui comprend même une nouvelle loi européenne sur le climat, intervient profondément dans les politiques énergétiques et environnementales des États. Des incitations financières doivent être créées pour rendre les industries respectueuses du climat plus attrayantes, et des prix plus élevés pour les combustibles fossiles doivent être introduits. Jusqu’à 150 milliards d’euros seront distribués aux régions touchées d’ici 2027.

    C’est merveilleux si des pays comme le Maroc sont en mesure de produire de l’hydrogène propre qui peut ensuite être transporté en Europe. Mais il n’est absolument pas certain que l’on puisse produire suffisamment d’énergie pour la population et l’économie marocaines. (Dr. Simone Claar)

    Mais bien sûr, le Green Deal ne concerne pas seulement les pays de l’UE. Les partenaires commerciaux de l’Union européenne sont également touchés. Par exemple, la production d’hydrogène au Maroc ou la politique en matière de biodiversité dans le cadre du programme Nature Africa sont concernées par le CDE.

    Le colonialisme vert

    Les acteurs des régions sont à peine impliqués. Le transfert de connaissances est également largement absent. Ainsi, sous le slogan de la durabilité, les relations de pouvoir inégales entre l’UE et les États africains sont reproduites. Ciani-Sophia Hoeder de RosaMag parle ici de colonialisme vert.

    Le Dr Simone Claar et son groupe de recherche « Glocalpower » à l’université de Kassel étudient également le fonctionnement de cette pratique colonialiste. Dans l’épisode actuel, elle s’entretient avec Jonas Junack, rédacteur en chef de detektor.fm, de son travail de recherche, des effets concrets du colonialisme vert et des moyens de le surmonter.

    Detektor.fm, 22 avr 2021

    Etiquettes : Energie, Green Deal, énergie verte, Green Deal européen, EGD, loi européenne sur le climat, Maroc, Union européenne, production d’hydrogène, Colonialisme vert,

  • Phosphore épuisé en 300 ans : Des idées de solutions pour l’avenir

    Consommation trop élevée
    Les stocks mondiaux de phosphore s’amenuisent et les prix sont susceptibles d’augmenter. Il existe toutefois des moyens de récupérer ce nutriment à partir des boues d’épuration, du lisier ou du digestat.
    Une partie du phosphore nécessaire à la fertilisation est appliquée sur les terres par le biais du fumier agricole, tandis que le reste est acheté par les agriculteurs qui utilisent du phosphore produit synthétiquement ou des engrais complexes.
    L’Institut fédéral de l’agriculture (BLE) nous informe que la majeure partie du phosphate brut provient de gisements situés hors d’Europe, qui sont exploités dans des mines à ciel ouvert. Dans le monde, seuls cinq pays possèdent 85 % des réserves de phosphate connues : il s’agit du Maroc, y compris le Sahara occidental, de la Chine, de l’Algérie, de la Syrie, du Brésil et de l’Afrique du Sud.
    Le Maroc possède de loin les stocks les plus importants, avec près des trois quarts des réserves mondiales. Cependant, les réserves de phosphate dans ces gisements sont limitées. Selon diverses estimations, les réserves mondiales dureront encore environ 300 ans, si nous continuons à consommer autant de phosphate qu’aujourd’hui.
    Les prix sont susceptibles d’augmenter
    Selon le BLE, la raréfaction des réserves de phosphate aura pour conséquence que le phosphate restant deviendra de plus en plus cher à moyen et long terme. Le phosphore figure depuis plusieurs années sur la liste des matières premières critiques.
    Il est donc urgent de conserver les réserves de phosphate existantes, c’est-à-dire d’utiliser le phosphore avec plus de parcimonie, indique le rapport. En outre, il est important de fermer les cycles des nutriments et de récupérer le phosphore inutilisé des déchets et des sous-produits. Il existe aujourd’hui de nombreuses approches intéressantes à cet égard. Certains en sont encore à leurs débuts, d’autres ont déjà atteint la maturité du marché.
    Selon l’Agence fédérale pour l’environnement, les concentrations de phosphore sont trop élevées dans près de deux tiers des eaux libres en Allemagne. Un excès de phosphore déséquilibre les écosystèmes aquatiques et entraîne une eutrophisation. Les conséquences sont une croissance néfaste des algues et des plantes aquatiques, une diminution de la biodiversité, un manque d’oxygène, voire la mortalité des poissons.
    Récupération du phosphore à partir des boues d’épuration
    Depuis de nombreuses années, l’utilisation des boues d’épuration est une approche permettant de restituer aux terres agricoles les nutriments inutilisés provenant des eaux usées municipales. Toutefois, on n’a pas suffisamment tenu compte du fait que les boues d’épuration contiennent des quantités considérables de polluants tels que des métaux lourds, des résidus pharmaceutiques et des résidus de plastique, qui se retrouvent ainsi dans le sol, explique encore le BLE.
    C’est pourquoi, il y a quelques années, l’utilisation des boues d’épuration comme engrais en Allemagne a été fortement réduite. En 2019, environ un quart des boues d’épuration produites étaient encore utilisées comme matériau, 17% comme engrais dans l’agriculture. Dans les grandes stations d’épuration (> 50 000 habitants), cela doit prendre fin au plus tard en 2032. Le recyclage des boues d’épuration ne sera alors autorisé que dans les petites installations (< 50 000 habitants), c’est-à-dire principalement dans les régions rurales.
    Pour que les précieux éléments nutritifs contenus dans les boues d’épuration soient néanmoins conservés dans le cycle, les boues d’épuration contenant plus de 20 grammes de phosphore par kilogramme de matière sèche et les cendres d’incinération des boues d’épuration devront à l’avenir être soumises à une récupération du phosphore. C’est ce que stipule l’ordonnance sur les boues d’épuration, qui a été modifiée en 2017.
    Depuis de nombreuses années, de nombreux essais sont en cours pour tester des techniques adaptées à la récupération du phosphore dans les eaux usées municipales. Un procédé prometteur, qui est maintenant également utilisé dans la pratique à l’échelle industrielle, consiste à récupérer le phosphore des eaux de boues ou des boues digérées sous la forme de struvite (phosphate d’ammonium et de magnésium). Il peut être utilisé comme engrais.
    Une autre possibilité de récupération du phosphore, qui peut également être mise en œuvre à grande échelle, est l’incinération des boues d’épuration en cendres. Comme les cendres pures ne peuvent pas être utilisées directement comme engrais en raison de leur faible disponibilité en nutriments et de leur forte teneur en polluants, elles sont traitées ultérieurement par divers procédés.
    Le phosphore recyclé est-il déjà disponible sur le marché ?
    Selon la plate-forme allemande sur le phosphore, les engrais phosphorés recyclés sont déjà disponibles, mais pas encore en grandes quantités. Toutefois, à mesure que la mise en œuvre de la récupération du phosphore progresse, on peut s’attendre à ce que l’offre de phosphore recyclé augmente dans un avenir prévisible.
    Récupération du phosphore par le traitement du lisier et des résidus de fermentation
    Le traitement des boues, tel que le procédé BioEcoSIM mis au point par l’Institut Fraunhofer d’ingénierie interfaciale et de biotechnologie (IGB), serait également intéressant. Dans ce procédé, le lisier et les résidus de fermentation sont traités de manière à obtenir des produits facilement utilisables tels que des sels de phosphore, des engrais azotés (solution de sulfate d’ammonium) et des matières organiques pauvres en nutriments. Ce dernier peut être utilisé comme un additif de sol neutre pour l’accumulation d’humus, explique l’Institut fédéral.
    Dans les installations d’essai de l’Institut Fraunhofer, il a été possible d’obtenir 7 kg de sels de phosphate, 21 kg de sulfate d’ammonium et 83 kg de solides organiques à partir de 1,2 t de fumier liquide. Cela signifie que 90 % du phosphore et de l’azote contenus dans le lisier sont recyclés.
    Le potentiel d’économie des engrais de synthèse est important : selon l’Institut Fraunhofer, 14 000 t de sels de phosphate pourraient être récupérées à partir du traitement de 2 millions de t de lisier. Cela représenterait 9 % du phosphore minéral importé en Allemagne chaque année.
    La licence du procédé BioEcoSIM a été acquise par une entreprise allemande d’élimination des déchets, qui construit actuellement des installations à grande échelle dans des régions où le bétail est nombreux.
    Augmenter l’efficacité du phosphore
    Le vrai dilemme du phosphore dans les sols est qu’il est chimiquement très fortement lié et n’est donc pas disponible pour les plantes. C’est pourquoi les cultures arables doivent être fertilisées avec de si grandes quantités de phosphore.
    Afin de mieux utiliser le phosphore qui est fertilisé et celui qui est présent dans le sol sous forme liée, il existe différentes mesures de culture et de fertilisation des plantes qui sont déjà appliquées aujourd’hui. Il s’agit par exemple d’un chaulage régulier pour atteindre une valeur de pH optimale du sol, d’un meilleur apport d’humus ou de la culture de plantes cultivées et de cultures dérobées avec un système racinaire intensif et profond.
    La fertilisation placée des engrais minéraux phosphorés est également une méthode possible pour augmenter l’efficacité. C’est déjà une pratique courante pour le maïs – sous forme de fertilisation sous le pied – mais elle est encore peu utilisée pour les autres cultures.
    Comme pour le recyclage du phosphore, de nombreuses recherches sont actuellement menées dans le domaine de l’amélioration de l’efficacité du phosphore. Il existe également un potentiel dans la sélection de variétés qui présentent une meilleure acquisition, absorption et utilisation du phosphore.
    Fertilisation au silicium et économie d’engrais phosphorés
    Une équipe interdisciplinaire de chercheurs de l’université de Bayreuth et de l’université de Copenhague a découvert que le phosphore qui est solidement fixé dans le sol peut être rendu à nouveau disponible par une fertilisation ciblée en silicium. Le silicium mobilise le phosphore lié au fer afin qu’il puisse être absorbé par les racines des plantes.
    Selon les scientifiques, si les agriculteurs ajoutent des quantités précisément dosées de silicium à leurs sols, ils pourraient se passer d’engrais contenant du phosphore pendant un certain temps – peut-être même pendant plusieurs années – sans aucune perte de récolte.
    Les composés de silicium peuvent également stocker d’énormes quantités d’eau dans le sol.
    Important : le silicium doit être dosé très précisément, car une trop grande quantité de silicium peut libérer de grandes quantités de nutriments en peu de temps. Dans le pire des cas, les nutriments sont alors emportés par les eaux et se retrouvent dans les eaux de surface.
    TopAgrar, 22 avr 2021
    Etiquettes : phosphore, phosphates, fertilisants, Maroc, Sahara Occidental, Chine, Algérie, Syrie, Brésil, Afrique du Sud, stock, engrais, 

  • Le Maroc désservi cet été par Brussels Airlines

    Brussels Airlines ajoute quatre destinations supplémentaires cet été

    Outre les destinations que Brussels Airlines rouvrira dans les mois à venir, le transporteur ajoute maintenant quatre nouvelles destinations. Trois destinations au Maroc et une en France.

    Cet été, Brussels Airlines desservira 79 destinations, dont Francfort et Valence. Aujourd’hui, le transporteur ajoute quatre destinations supplémentaires à son réseau d’été : Bordeaux en France et Tanger, Nador et Al Hoceima au Maroc.

    Pour les destinations au Maroc, la compagnie aérienne coopérera avec ML Tours. Les vols vers Al Hoceima ne peuvent être réservés qu’auprès de ML Tours. Les autres destinations peuvent également être réservées sur le site web de Brussels Airlines.

    Le premier vol vers Bordeaux partira le 20 juin, avec deux vols par semaine, le vendredi et le dimanche. Nador et Tanger rejoindront le réseau à partir du 26 et du 27 juin respectivement. Nador sera relié à Bruxelles deux fois par semaine, les mardis et samedis, tandis que des vols vers Tanger seront effectués tous les mercredis et dimanches.

    Vous trouverez ci-dessous la liste complète des destinations qui seront relancées l’été prochain :

    Destinations à partir de mai 2021 :
    Autriche : Vienne
    Grèce : Heraklion, Kos, Rhodes
    Israël : Tel Aviv
    Italie : Bologne, Naples, Rome
    Écosse : Édimbourg
    Espagne : Bilbao, Ibiza, Palma de Majorque, Valence

    À partir de juin :
    Angola : Luanda
    Arménie : Erevan
    République tchèque : Prague
    Croatie : Dubrovnik, Split
    Angleterre : Birmingham
    France : Bordeaux
    Grèce : Corfou, Zakynthos
    Hongrie : Budapest
    Italie : Bari, Catane, Florence, Milan Linate, Palerme
    Lituanie : Vilnius
    Maroc : Nador, Tanger
    Norvège : Oslo
    Pologne : Cracovie, Varsovie
    Russie : Moscou Sheremetyevo, Saint-Pétersbourg
    Slovénie : Ljubljana
    La Suède : Göteborg
    Les États-Unis : New York, Washington D.C.

    A partir de juillet
    Italie : Olbia (Sardaigne)

    Début août
    Allemagne : Francfort (nouvelle destination)

    Décollage en septembre
    Suisse : Bâle

    Les vols vers New York JFK et Washington redémarreront le 14 juin, la nouvelle destination Montréal le 15 juin, bien que cela puisse être modifié en raison des restrictions de voyage imposées par le Canada.

    En ce qui concerne le réseau africain, Brussels Airlines augmente progressivement ses fréquences vers toutes les destinations africaines à partir de la mi-juin. Dès lors, les destinations ouest-africaines Abidjan (Côte d’Ivoire), Accra (Ghana), Banjul (Gambie) et Dakar (Sénégal) seront desservies quotidiennement. En Afrique centrale et orientale, Douala et Yaoundé (tous deux au Cameroun), Kinshasa (République démocratique du Congo) et Entebbe (Ouganda) seront également desservis quotidiennement. Luanda réintègre le réseau après plus d’un an. A partir du 15 juin, la ville angolaise sera desservie trois fois par semaine.

    Une vue d’ensemble complète avec carte et destinations se trouve sur cette page.

    Flightlevel.be, 22 avr 2021

    Etiquettes : Brussels Airlines, Belgique, vols, voyages, Maroc, destination, vacances d’été,

  • Retour sur « La Familia grande »

    La famille, disais-je en analysant un film de Woody Allen (Cassandra’s Dream) est le lieu tragique par excellence, celui où s’enchevêtrent inextricablement l’affection et le ressentiment, la fierté et la honte, l’amour et la haine… Comme le remarque Corneille reprenant Aristote, un conflit entre des personnes simplement extérieures peut être dramatique mais ne s’élève pas au tragique, ce qui advient en revanche quand le frère est amené à tuer le frère, où un père sa propre fille. Réflexive, la tragédie attaque ou ensanglante les liens de sang. Et au plus resserré de ce noeud, c’est soi-même qu’on heurte et prend pour cible, comme Œdipe, héros tragique par excellence, à la fois criminel, victime et son propre bourreau. Une familia grande élargit donc le risque d’une plus grande tragédie.

    Celle rassemblée autour du couple d’Oliver Duhamel et d’Evelyne Pisier-Kouchner était très accueillante, dans leur grande maison de Sanary. Et le récit que donne Camille Kouchner dans son livre que je viens tardivement de lire (Seuil, janvier 2021), a lui-même l’étrange vertu de nous associer intimement aux tribulations de cette tribu, nous sommes avec elle embarqués, complices ou témoins de leur histoire, nous faisons au fil de la lecture un peu partie de cette grande, et malheureuse, famille. De quelle façon ?

    Camille ne fait pas vraiment de littérature au sens classique, elle va à l’expression ou à l’émotion la plus directe, avec peu de recul. Les phrases sont courtes, le style oral, les mots comme lâchés, ou criés. Une pression longtemps contenue trouve une issue, s’échappe par bouffées saccadées. Cette langue ne cherche pas à expliquer, mais à rapporter des faits, bruts, à peine racontables. Parvenir à dire, c’est déjà beaucoup. Les fioritures viendront plus tard, l’urgence ne s’attarde pas aux pourquoi, aux comment ; les trois suicides, des grand-parents Georges et Paula puis de la tante Marie-France, ponctuent tragiquement l’histoire de cette famille mais sans appeller d’explications particulières. Des raisons et des circonstances de ces trois morts, nous n’apprendrons rien. Et le couvercle qui pèse sur la péripétie centrale, le baillon du silence sont tellement lourds à soulever que c’est assez de tout ce livre pour frayer cette parole, pour ne pas mourir d’étouffement. Ecrire se résume ici à trouver quelques mots, parvenir à les proférer.

    La Familia grande laisse ainsi son lecteur quelque peu étourdi, ou sonné ; le livre nous refile son trouble, qui y fait quoi exactement, comment s’y retrouver ?

    Le beau-père Olivier Duhamel a donc abusé sexuellement Victor, le fils de sa femme âgé de quatorze ans, qui s’est confié à sa sœur jumelle en exigeant d’elle le secret absolu vis-à-vis de leur mère Evelyne, de leur père Bernard Kouchner ou de tout autre membre de la familia grande, identifiée du même coup à une zone d’omerta, de parole interdite. À quoi sert de savoir, quel profit en tire Camille ? Comment, en particulier, va-t-elle regarder désormais son beau-père Olivier, qu’elle adorait et qu’elle ne peut dénoncer ? Et lui, saura-t-il qu’elle sait, et comment croisera-t-il sans honte le regard de Camille ? Le récit montre admirablement la propagation et la gravité du poison distillé par l’inceste : ses victimes en sont écrasées, réduites à une incapacité de penser qui se propage et confond tout. En mélangeant ce qui devrait rester séparé, la confusion majeure de l’inceste fait vaciller le sujet sur ses bases.

    Comment penser que ce beau-père d’abord adoré, qui prodigue aux enfants l’affection, l’éducation, la culture autant que de trépidantes vacances dans le Var, puisse se changer vis-à-vis d’eux en séducteur, en abuseur ? Comment, dans la même personne, un tel mélange est-il possible ? J’ai dit, dans un précédent billet sur cette affaire, « Le viol du silence », que j’avais rencontré au cours d’un colloque le professeur Olivier Duhamel, je le revois passant lors du dîner de table en table, parlant à chacun, nous chuchotant à l’oreille tout en nous prenant aux épaules… Ce papy papouilleur montrait la personnalité, rare dans ce milieu, d’un homme chaleureux, souriant, ouvert à tous. Il aimait assurément le contact, la conversation rapprochée, mais de là à… Inimaginable !

    Cet homme évidemment fêlé porte en lui une confusion qu’on s’explique mal : comment celui qui faisait le bien de ces enfants, qu’il avait adoptés comme les siens, put-il leur causer autant de mal ? Quel scénario, quelle justification avait-il échafaudés pour s’introduire ainsi nuitamment dans la chambre de Victor ? Et puisqu’il aimait, autant que Bernard Kouchner, chanter Aragon, est-ce ainsi que les hommes vivent ?

    Mais l’autre père justement, s’est-il montré vraiment meilleur ? Généralement absent, ou quand il était de passage toujours pressé et multipliant contre ses enfants les colères, oubliant le prénom de sa petite fille, administrant pour les endormir (le soir du suicide de Paula) un somnifère mais aucune parole ? Que gagna Camille à avoir pour géniteur « la personnalité la plus aimée des Français » ? Où est dans cette familia grande la place du père quand l’un, inabordable, demeure trop lointain et l’autre s’approche trop près ?

    Tout ceci intéresserait moins un lecteur de mon âge si l’affaire ne se déroulait sur fond de mai 68, de MLAC ou de MLF. Evelyne (qui passa par les bras de Fidel Castro) était la militante d’une liberté inconditionnelle, et cette liberté était aussi sexuelle, au diable les pudeurs, les distances et les retenues d’un autre âge, à bas la décence des petits bourgeois coincés ! Autour de la piscine on vivait à poil, le soir dans les dortoirs on s’essayait aux gestes de l’amour et la mère, le beau-père encourageaient ces premières approches, ils en plaisantaient à table, prenaient les jeunes corps en photos, qu’est-ce qu’on rigolait ! Pourtant, cette grisante liberté va vite révéler ses ravages, et Camille au détour d’une page nous rappelle à propos une maxime du prêtre dominicain Lacordaire, « entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui libère » (p. 42).

    Entre le fort et le faible, entre l’adulte et l’adolescent, entre le père et le beau-fils… Avec une bizarre insouciance, retranché loin des lois dans son royaume de Sanary, le professeur de droit constitutionnel pratiquait la confusion des sentiments ; il mélangeait l’amour parental avec le désir sexuel, ou du moins semblait voir entre eux une possible convergence, il passait avec la même bonne conscience par-dessus les différences d’âge au nom d’une confondante, d’une massacrante égalité.

    C’est de la mère surtout qu’il faudrait parler, Evelyne adorée de Camille mais elle-même trop dépendante de sa mère Paula dont le suicide la terrassa, l’anéantit, et qui à partir de là se mit à boire, avec la complicité d’Olivier qui remplissait ses verres. À cause de la mort de sa mère, ou des agissements de ce mari qui tourne autour de ses enfants ? Que savait exactement Evelyne, ou plutôt que s’interdisait-elle de savoir ou de soupçonner, jusqu’où fermait-elle les yeux ? Camille ne pouvait rien lui confier car cela l’aurait tuée – mais le silence ainsi conservé, exigé par son jumeau Victor, tuait en retour sa fille. Qui ne semble pas avoir envisagé de mettre au courant son père, trop occupé ailleurs.

    Qu’est-ce qui, en matière d’inceste, entraîne les pires conséquences, parler, ou se taire ? Dans une grande solitude et au long de combien d’années, Camille rumina durement ce dilemme. Evelyne, femme par ailleurs si forte, afficha une dénégation intraitable des agissements de son mari au point de rompre avec Marie-France l’actrice, quand cette sœur elle-même bien-aimée se mit à dénoncer clairement Olivier, sans mâcher les mots de son indignation . Marie-France étrangement retrouvée morte (suicidée sans laisser un mot ?) au fond de sa propre piscine, le corps encastré dans une chaise de jardin, comment, pourquoi ?

    Enfin clairement informée, Evelyne réagit en se séparant de ses enfants, « Salauds, vous avez tout balancé. Je hais votre perversité. Tout le monde maintenant va être au courant »… De son côté, face aux menaces de révélations de Camille, son beau-père lui aurait laissé sur son répondeur le message qu’il allait se donner la mort – ajoutant ainsi ce suicide aux trois précédents. Il paraît qu’au lieu de commettre ce geste, lui aussi écrit en ce moment un livre sur cette affaire, entreprise hautement risquée, comment présentera-t-il sa défense ? Beaucoup de mots manquent encore pour dire cette histoire, mais tout le témoignage de Camille montre avec force ce combat pour arracher au silence et mettre bout à bout des phrases, faire reculer l’indicible, l’immontrable, l’inarticulable.

    Car, comme psalmodie chez Sophocle le chœur d’Œdipe-roi, l’inceste apporte ou propage décidément le pire des chaos.

    Blog de Daniel Bougnoux, 23 avril 2021

    Etiquettes : Pédophilie, pédocriminalité, inceste, #metoo, Olivier Duhamel, Camille Kouchner, La Familia grande,


  • Inceste : La fin de la banalisation

    Édouard Durand, juge pour enfants, a été nommé copilote de la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, dont les travaux doivent durer deux ans. Avec Ernestine Ronai, il a dirigé l’ouvrage Violences sexuelles – En finir avec l’impunité (Dunod, 2021).


    Une enquête Ipsos de fin 2020 indique qu’un Français sur dix déclare avoir été victime d’inceste. Comment appréhender ce chiffre ?

    L’inceste est un fait social massif, par le nombre et par la gravité de l’impact traumatique sur les victimes. Le nombre n’est pas complètement inattendu. Les faits étaient certainement sous-­estimés. Nous savions que les victimes parlaient peu. Ce qui est nouveau, c’est l’attention sociale apportée à cette réalité. Aujourd’hui, la société prend conscience de la gravité de ces faits, de la souffrance des victimes et se sent collectivement responsable de l’aide qui doit être apportée.

    Pourquoi la société change-t-elle ?

    D’abord, grâce à la libération de la parole des victimes, due à un mouvement associatif puissant, à des livres au fort écho social, comme ceux de Camille Kouchner et Vanessa Springora, et à des affaires judiciaires. Tout cela a créé une chaîne de solidarité entre les victimes. Ensuite, grâce à l’accumulation de connaissances, notamment sur le psychotrauma [les conséquences psychologiques d’un traumatisme] et la mémoire traumatique. Le coût personnel pour chaque victime et le coût social pour la société est extrêmement élevé. Cela nous interdit de sous-estimer la gravité des conséquences de violences sexuelles sur le plan individuel et collectif. La société ne peut plus banaliser, minimiser.

    Dans votre livre, vous dites que l’on va plus croire une victime de vol qu’une victime de viol. Beaucoup craignent encore les faux témoignages ?

    Oui. Il y a des mécanismes puissants en faveur du silence. On dit : « Ça n’existe pas ; les personnes qui disent qu’elles ont été victimes mentent ; c’est trop risqué de les croire. » Autrement dit : ne changeons rien. Parmi les hypothèses pour expliquer ces mécanismes de déni : la sidération collective. C’est tellement violent, tellement insupportable à penser qu’il est moins coûteux de dénier. La violence fait peur, y compris aux tiers.

    Quel est le rôle de la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, que vous copilotez avec Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru ?

    C’est une réponse politique qui doit incarner la considération de la société à l’égard de la parole des victimes, la connexion entre la parole des victimes et la conscience collective. Il faut organiser le recueil de la parole, qui ne doit pas tomber dans les réseaux sociaux sans être prise en compte, avec une plate-forme, sur le modèle de ce qu’a fait la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Il faut également accroître les connaissances par des enquêtes épidémiologiques et renforcer la culture de la protection. Si les personnes adultes éprouvent le besoin de dire les violences sexuelles et l’inceste, c’est aussi pour qu’aujourd’hui et demain les enfants soient mieux protégés.

    Qu’est-ce que la culture de la protection ?

    La loi doit déjà être mise en œuvre par les juges, les policiers, les assistantes sociales, les journalistes, autrement dit par tout le monde, d’une manière qui soit protectrice des enfants. Puis, il y a la formation et l’expérimentation, comme le protocole d’audition des victimes. On ne parle pas à un enfant comme on parle à un adulte. Les policiers et gendarmes augmentent leurs compétences, pour bien poser les questions, poser les bonnes questions, dans un contexte adapté au développement d’un enfant. À l’hôpital, il faut pouvoir donner des soins en psychotrauma et ne pas soigner autre chose.

    Les lois vont-elles dans le bon sens ?

    Les textes débattus actuellement proposent d’élever le seuil de l’âge en dessous duquel il ne peut être question d’un éventuel consentement à 15 ans pour les violences sexuelles, et à 18 ans en cas d’inceste. Ce sont des avancées réelles, positives, qui traduisent la capacité de voir l’asymétrie entre un adulte et un enfant, de comprendre que l’acte sexuel ne pourrait avoir eu lieu sans être imposé par l’adulte à l’enfant. Autre point intéressant en discussion : la prescription glissante. Lorsqu’un agresseur est jugé et qu’il a commis des violences sexuelles contre plusieurs victimes, si les délais de prescription sont atteints pour certains de ces actes mais pas pour d’autres, les premiers seront automatiquement déclarés non prescrits. Ce qui est important, c’est de ne pas figer le débat mais de voir en quoi cela peut répondre à une aspiration sociale légitime et à une manière plus adaptée de rendre la justice. Il ne faut pas avoir peur d’organiser un procès. Ce qui garantit la paix sociale, c’est d’abord le fait de rendre justice.

    Propos recueillis par Sarah Boucault.

    Témoignage chrétien, 22 avr 2021

    Etiquettes : Pédophilie, inceste, banalisation, Commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, libération de la parole des victimes,  mouvement associatif, victimes, Camille Kouchner, Vanessa Springora, Olivier Duhamel, Camille Kouchner, #Metoo,