Catégorie : Sahara Occidental

  • Le rapport de Lilliane Pasquier sur le Sahara Occidental

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Lilliane Pasquier, Parlement européen, corruption, Qatargate, Marocgate, Moroccogate,

    AS/Pol (2014) 08

    30 avril 2014

    Fpdoc08_14

    Commission des questions politiques et de la démocratie

    Contribution parlementaire à la résolution du conflit du Sahara occidental

    Rapporteure : Mme Liliane Maury Pasquier, Suisse, Groupe socialiste

    Projet de rapport

    A. Avant-projet de résolution

    1. L’Assemblée parlementaire se félicite des progrès effectifs réalisés par le Maroc au sujet de diverses questions relatives aux questions des droits de l’Homme et de la démocratie, tel que souligné dans la Résolution 1942 (2013) sur l’évaluation du partenariat pour la démocratie concernant le Parlement du Maroc, y compris de la création, en 2011, du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) marocain et d’autres organisations de protection des droits de l’Homme.
    1. En même temps, l’Assemblée rappelle que selon les termes de sa Résolution 1818 (2011) accordant le statut de partenaire pour la démocratie au Parlement du Maroc le 21 juin 2011, elle attend du Maroc qu’il continue à rechercher des moyens pacifiques de régler les litiges internationaux, conformément à la Charte des Nations Unies. Dans ce contexte, l’Assemblée a spécifiquement appelé le Parlement du Maroc « à contribuer davantage au règlement de la question du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies ».
    1. Aujourd’hui, trois ans plus tard, l’Assemblée reste préoccupée par la lenteur des progrès dans la recherche d’une solution politique juste et durable au conflit du Sahara occidental, qui reste source d’épreuves et de souffrances depuis presque 40 ans.
    1. L’Assemblée note notamment que le Sahara occidental reste un territoire disputé, considéré comme « territoire non autonome » par les Nations Unies et administré de fait par le Maroc, et qu’une partie de la population sahraouie du territoire et des réfugiés des camps de Tindouf en Algérie, liée au Front Polisario, s’oppose à cette situation. À cet égard, l’Assemblée :

    4.1. appuie les Résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et soutient en particulier les efforts du Secrétaire général des Nations Unies et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental pour parvenir à un règlement politique négocié et mutuellement acceptable du conflit ;

    4.2. prend note de la proposition marocaine d’un plan accordant une large autonomie au peuple sahraoui, qui serait doté de ses propres organes législatifs, exécutifs et judiciaires, ainsi que de ressources financières lui permettant de se développer ;

    4.3. prend note de la proposition du Front Polisario, qui considère que la solution au conflit doit passer par l’exercice, par le peuple Sahraoui, de son droit à l’autodétermination à travers un référendum ;

    4.4. prend note des obstacles à l’organisation d’un référendum et, notamment, à l’identification des électeurs, dont est chargée la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), qui, à l’heure actuelle, veille au respect du cessez-le-feu, soutient les mesures de confiance visant à répondre aux besoins des familles sahraouies déplacées, ainsi que les programmes de déminage de la région ;

    4.5. souligne que le statu quo engendre, en particulier chez les jeunes, une frustration croissante qui risque de générer de la violence dans toute la région sahélo-saharienne ;

    4.6. encourage le Maroc et le Front Polisario à maintenir le dialogue et à rester en contact de manière constructive avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, qui a appelé les deux parties à faire preuve de souplesse et de créativité dans la recherche d’une solution au conflit ;

    4.7. rappelle que la question des droits de l’Homme reste un élément primordial de tout règlement global du conflit et souligne que leur respect doit être immédiatement assuré au Sahara occidental ainsi que dans les camps des réfugiés près de Tindouf, sans attendre un règlement politique définitif du conflit ;

    4.8. se félicite du récent projet de loi approuvé par le Conseil des ministres du Maroc le 14 mars 2014 relatif à la réforme de la justice militaire, visant à mettre fin à la pratique de juger des civils devant un tribunal militaire, quels que soient les crimes commis, ainsi que de la création d’un réseau des parlementaires contre la peine de mort au sein du Parlement du Maroc ;

    4.9. s’inquiète néanmoins d’un certain nombre d’allégations d’atteintes aux droits de l’Homme au Sahara occidental, en particulier en matière de libertés d’expression, de réunion et d’association ainsi que des allégations de torture, de traitements inhumains ou dégradants ou de violation du droit à un procès équitable ;

    4.10. s’inquiète également des allégations d’atteintes aux droits de l’Homme dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, notamment en matière de libertés d’expression, de réunion, d’association et de circulation, ainsi que de la situation humanitaire dans les camps, aggravée par la crise économique mondiale, le chômage, l’absence de perspectives et une situation extrêmement préoccupante et instable au Sahel ;

    4.11. constate avec satisfaction que, depuis mars 2004, les visites des familles se déroulent de manière satisfaisante entre les camps de réfugiés et les territoires du Sahara occidental et invite les deux parties à continuer de coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et la MINURSO pour le bon déroulement de ces visites des familles.

    5. Plus particulièrement, l’Assemblée appelle les autorités marocaines à :

    5.1. intensifier les efforts et la coopération avec la MINURSO et le Comité international de la Croix Rouge (CICR) afin de retrouver les personnes qui restent portées disparues dans le cadre du conflit et à procéder à l’exhumation et à la restitution des dépouilles aux familles ;

    5.2. mettre en œuvre les recommandations issues des Procédures spéciales du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, avec lequel le CNDH, l’Institut du médiateur et la délégation interministérielle aux droits de l’Homme du Maroc coopèrent activement ;

    5.3. garantir la liberté d’expression et réviser certains articles du Code de la presse, la loi sur les associations ainsi que les autres lois qui rendent illégaux les discours et les activités politiques et associatives considérés comme portant atteinte à « l’intégrité territoriale » du Maroc, et garantir la liberté de mouvement des journalistes et des visiteurs étrangers qui se rendent au Sahara occidental ;

    5.4. respecter le droit des personnes à se réunir pacifiquement, y compris celui des défenseurs de l’autodétermination du peuple sahraoui, et s’assurer que les restrictions soient temporaires et limitées au strict nécessaire ;

    5.5. assurer le respect de la loi marocaine sur les associations en mettant fin à la pratique qui consiste à refuser les documents de constitution déposés par les associations de la société civile sahraouie non enregistrées pour des raisons formelles ;

    5.6. veiller à ce que l’action de la police reste proportionnelle et renforcer les programmes de formation aux droits de l’Homme à destination des membres des forces de l’ordre ainsi que des juges et des procureurs, en partenariat avec le Conseil de l’Europe ;

    5.7. organiser des enquêtes indépendantes pour déterminer la responsabilité de la police marocaine suite aux plaintes de civils concernant des violations des droits de l’Homme au Sahara occidental, examiner toutes les allégations de torture et s’assurer qu’aucune déclaration obtenue par la force n’ait été admise comme preuve ;

    5.8. accorder aux accusés du procès des événements de Gdeim Izik de décembre 2010 le droit d’être jugés de nouveau par un tribunal civil, en accord avec le projet de loi stipulant que les civils ne devront plus répondre de leurs actes, quels que soient les crimes commis, devant un tribunal militaire ;

    5.9. poursuivre les efforts accomplis au sujet de l’abolition de la peine de mort et déclarer entretemps un moratoire de jure sur les exécutions ;

    5.10. renforcer le rôle des institutions marocaines de protection des droits de l’Homme, en particulier le CNDH, par rapport à la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental ;

    5.11. signer l’Appel de Genève sur l’interdiction des mines antipersonnel et adhérer à la Convention des Nations Unies sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.

    6. L’Assemblée invite également les représentants du Front Polisario et de l’Algérie en tant que pays hôte à :

    6.1. procéder à un recensement pour établir le nombre effectif des réfugiés dans les camps près de Tindouf ;

    6.2. coopérer avec les Nations Unies pour un règlement juste et définitif de ce conflit, faire preuve de réalisme et d’une attitude constructive dans les négociations et intensifier le dialogue sur toute question concernant les droits de l’Homme dans les camps des réfugiés ;

    6.3. garantir le respect des droits d’expression, de réunion et d’association pour tous les résidents des camps, y compris en s’assurant qu’ils sont libres de prôner des options pour le Sahara occidental autres que l’indépendance ;

    6.4. garantir aux résidents des camps le respect de leur liberté de circulation, y compris, si tel est leur souhait, de quitter les camps et s’installer sur le territoire du Sahara occidental.

    7. L’Assemblée encourage toutes les institutions parlementaires de la région à prendre une part plus active et à s’impliquer davantage dans la recherche de solutions qui permettent de faciliter les négociations afin de consolider la confiance mutuelle entre les parties au conflit, y compris en facilitant des échanges directs.

    8. En particulier, l’Assemblée invite le Parlement du Maroc, dans le cadre des engagements pris dans la Résolution 1818 (2011) lui accordant le statut de partenaire pour la démocratie, à :

    8.1. encourager le gouvernement marocain à mettre en œuvre toutes les recommandations formulées dans le cadre des Nations Unies et du CNDH, et à continuer à développer une culture des droits de l’Homme au Sahara occidental ;

    8.2. s’ouvrir au dialogue avec les associations de la société civile sahraouie non enregistrées et les défenseurs des droits de l’Homme, avec les autorités du Front Polisario basées dans les camps de Tindouf, tel que le Conseil National Sahraoui, ainsi qu’avec les parlementaires algériens, afin de développer la confiance mutuelle et faciliter des négociations.

    9. L’Assemblée appelle également tous les pays membres du Conseil de l’Europe à :

    9.1. redoubler et conjuguer leurs efforts dans la recherche d’une solution politique juste et définitive au conflit, qui permette l’instauration de la sécuritéet d’une stabilitédurables dans la région sahélo-saharienne ;

    9.2. fournir des fonds d’urgence au programme visant à renforcer la confiance et au programme d’exécution du mandat du HCR dans les camps de réfugiés proches de Tindouf.

    10. Enfin, l’Assemblée estime que les avancées réalisées par le Maroc en matière de droits de l’Homme au Sahara occidental, ainsi que la mise en œuvre de la présente résolution, devraient désormais être prises en compte dans le prochain rapport d’évaluation du partenariat pour la démocratie concernant le Parlement du Maroc, prévu en 2015. Dans ce contexte, l’Assemblée reste prête à faciliter les échanges directs entre les parties concernées.

    B. Exposé des motifs par Mme Maury Pasquier, rapporteure

    1. Introduction

    1. J’ai été nommée rapporteuse le 21 juin 2011, sur la base d’une proposition de résolution concernant une contribution parlementaire à la résolution du conflit du Sahara occidental que j’avais déposée lors de la partie de session d’avril 2011 avec 19 parlementaires couvrant l’ensemble du spectre politique.
    1. À la suite de la demande déposée en 2011 par le Parlement du Maroc pour obtenir le statut de partenaire pour la démocratie auprès de l’Assemblée parlementaire, plusieurs collègues avaient soulevé la question du territoire contesté du Sahara occidental et celle du respect des droits de l’Homme dans le cadre du conflit en cours dans cette région. M. Luca Volontè, rapporteur sur la demande de statut de partenaire pour la démocratie déposée par le Parlement marocain, avait alors avancé que cette question, en soi, n’entrait pas dans le cadre de son rapport et ne devrait pas constituer un obstacle ni conditionner la décision de l’Assemblée au sujet du statut1. Il avait par ailleurs estimé que mon rapport constituerait un cadre approprié pour traiter de cette question.
    1. Cela étant, dans la Résolution 1818 (2011) accordant le statut de partenaire pour la démocratie au Parlement du Maroc, il est explicitement indiqué que « l’Assemblée attend du Maroc qu’il continue à rechercher des moyens pacifiques de régler les litiges internationaux, conformément à la Charte des Nations Unies ». Dans ce contexte, l’Assemblée a spécifiquement appelé le Parlement marocain à « contribuer davantage au règlement de la question du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies. »
    1. Le conflit du Sahara occidental en tant que tel est traité dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies (ONU), conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Bien qu’il n’ait pas de compétence spécifique en la matière, le Conseil de l’Europe soutient clairement les efforts des Nations Unies, comme l’indique aussi la Résolution 1408 (2004) de l’Assemblée parlementaire sur la situation au Sahara occidental. En même temps, la situation au Sahara occidental soulève des questions importantes sur le plan des droits de l’Homme et de la gouvernance démocratique, qui sont au cœur des préoccupations de notre Assemblée. Le but de mon rapport est de mettre en lumière ces aspects particuliers du conflit et de chercher à renforcer le rôle des institutions parlementaires et de la société civile dans la quête d’une solution politique.
    1. Le statut de partenaire pour la démocratie auprès de l’Assemblée parlementaire, accordé au Parlement marocain, constitue une reconnaissance des avancées réalisées par le Maroc en matière de droits de l’Homme, de démocratie et de l’État de droit et présente une réelle opportunité pour renforcer le dialogue entre les deux parties dans tous les domaines d’intérêt commun et relever ensemble les défis globaux. À travers cette base institutionnelle, notre Assemblée a renforcé sa propre capacité à suivre certains aspects de plus près et à en discuter ouvertement avec ses partenaires marocains. J’ai mis à profit les nouvelles possibilités de dialogue intensifié avec le Parlement marocain pour renforcer la contribution parlementaire à la recherche, dans le cadre des Nations Unies, d’un règlement politique équitable, durable et mutuellement acceptable de ce contentieux sur le Sahara occidental, en souffrance depuis trop longtemps déjà.
    1. Je me suis aussi efforcée d’impliquer le Parlement algérien dans ce processus car l’Algérie me paraît jouer un rôle très important depuis le début du conflit du Sahara occidental et serait, selon la position marocaine, une véritable partie prenante dans le conflit.
    1. Notre Commission a procédé, jusqu’à présent, à cinq auditions :
    • à Paris, le 14 novembre 2012, avec la participation de M. Alexander Ivanko, principal conseiller politique de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO), de Mme Christiane Perregaux, du Bureau international pour le respect des droits de l’Homme au Sahara occidental (BIRDHSO), de M. Eric Sottas, de la Kennedy Foundation, ancien Secrétaire général de l’Organisation mondiale contre la torture, et de deux parlementaires algériens, Mme Saïda Brahim Bounab et M. Mohamed Boukhalfa;
    • à Rabat, le 14 mars 2013, avec la participation de M. Mohamed Cheikh Biadillah, Président de la Chambre des Conseillers du parlement marocain, de M. Rachid Talbi Elalami, Président de la Commission d’enquête sur le camp de Gdeim Izik, de M. Ahmed Abbadi, du Conseil économique et social, de M. Omar Adkhil, membre sahraoui du parlement marocain et président de la Commission de la justice et des droits de l’Homme à la Chambre des Conseillers, et de Mme Khadija Marouazi, Secrétaire générale du Médiateur pour la démocratie et les droits de l’Homme;
    • à Paris, le 5 septembre 2013, avec la participation de M. Driss El Yazami, Président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) du Maroc, de Mme Hasna Abouzaid, membre sahraoui du parlement marocain, de Mme Senia Ahmed Merhba, représentante du Front Polisario et du Conseil national sahraoui de la République arabe sahraouie démocratique autoproclamée2, de M. Omar Mansour, représentant du Front Polisario à Paris, et de M. Djamel Ould Abbes, parlementaire, membre du Conseil de la nation algérien.
    • A Strasbourg, le 29 janvier 2014, avec la participation de représentants de la société civile basés à Laâyoune et Tindouf, à savoir, M. Abadila Essamlali, Président de l’Association ARRAI à Laâyoune, M. Abdellah Elharich, Secrétaire général de l’Association sahraouie pour la démocratie et la justice sociale (MINBAR) à Laâyoune, Mme Fatimetou Moustapha Saleh, membre du Conseil national de l’Association des familles des disparus et prisonniers sahraouis (AFAPREDESA) à Tindouf et Mme El Ghalia Djimi, vice-présidente de l’Association sahraouie pour les victimes de graves violations des droits de l’Homme (ASVDH) à Laâyoune.
    • A Strasbourg, le 7 avril 2014, avec la participation de M. Maouelainin Ben Khalihanna Maoulainin, Secrétaire Général du Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes (CORCAS), et M. Khatri Addouh, Président du Conseil National Sahraoui. Cette dernière audition a permis à la commission d’analyser dans les détails les propositions de solution présentées par les deux parties pour mettre fin au conflit.
    1. Je me suis rendue à Rabat et à Laâyoune du 21 au 24 mai 2013, où j’ai rencontré des autorités marocaines nationales et locales, des parlementaires et des représentants de la communauté internationale, ainsi que des défenseurs des droits de l’Homme. Avant ma visite, organisée avec une grande efficacité par le Parlement marocain, j’avais reçu de nombreuses demandes de représentants d’organisations de la société civile sahraouie basées à Laâyoune, y compris celles qui ne sont pas reconnues par les autorités marocaines. J’ai donc organisé de mon côté des réunions avec un certain nombre d’ONG et d’habitants de Laâyoune.
    1. Je tiens à remercier la délégation de nos partenaires marocains pour la démocratie de leur contribution et de leur disposition à aborder publiquement une question aussi délicate. Suite à un premier examen d’une note introductive le 2 octobre 2013, la délégation marocaine m’a fait parvenir des commentaires que j’ai pris en compte, autant que possible, dans la rédaction de mon rapport qui reflète les conclusions des discussions menées lors des dernières auditions de janvier et avril 2014.
    1. Dernier point, et non le moindre, je me suis également rendue en Algérie du 6 au 9 octobre 2013. A Alger, j’ai été reçue par les Vice-Présidents du Conseil de la nation et de l’Assemblée populaire nationale ; je me suis également rendue dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf. Je saisis l’occasion qui m’est donnée ici de remercier le parlement algérien pour l’excellente organisation de mon séjour à Alger.

    2. Quarante années de conflit sur le Sahara occidental

    1. Le Sahara occidental est un territoire disputé ; il a le statut onusien de « territoire non autonome ». Il fait partie du dernier chapitre d’une histoire commencée à l’effondrement des empires coloniaux, dans le sillage de la Deuxième Guerre mondiale. Avec une population de plus de 500 000 habitants et une superficie de 266 000 km², le Sahara occidental possède de riches gisements de phosphate, de très importantes réserves halieutiques, des gisements pétroliers et d’autres minerais.
    1. Le territoire est actuellement divisé par un mur d’environ 2 000 km de long et contaminé par des mines antipersonnel, qui continuent de mettre en danger la vie des réfugiés et des populations nomades ainsi que celle des observateurs militaires des Nations Unies. Pour le Maroc, ce mur constitue un dispositif de défense. En 2008, un relevé des zones dangereuses a été effectué par le Service de la lutte anti-mines de l’ONU, duquel il ressortait que le Sahara occidental est l’un des territoires les plus gravement touchés au monde.
    1. La zone située à l’ouest du mur est sous contrôle marocain, tandis que la zone située à l’est est contrôlée par le Front Polisario (pour les Marocains, elle est contrôlée par l’Algérie). La population sahraouie est présente dans les deux zones, sans compter les camps de réfugiés près de Tindouf (Algérie) et la diaspora émigrée dans d’autres pays, notamment en Mauritanie et en Espagne. Les forces des Nations Unies surveillent le cessez-le-feu entre le Front Polisario et le Maroc accepté en 1991 dans le cadre du plan de règlement de l’ONU.
    1. Le Sahara occidental est officiellement devenu province espagnole en 1934, mais se trouvait sous souveraineté espagnole depuis 1884. Selon la position officielle du Maroc, en 1912 le territoire marocain se serait trouvé réparti entre plusieurs zones d’occupation. Quarante-quatre ans après, le Royaume du Maroc aurait commencé à recouvrer, graduellement et à travers des accords internationaux négociés avec les différentes puissances coloniales, son intégrité territoriale. C’est ainsi que le Maroc aurait engagé, au lendemain de son indépendance en 1956, des négociations avec l’Espagne, qui auraient abouti à la récupération progressive de certaines parties situées au sud du Royaume, à savoir Tarfaya en 1958, Sidi Ifni en 1969 et la région de Seguia el Hamra et Oued Ed Dahab, plus connue sous le nom de Sahara, à partir de 1975, à la faveur de l’ « Accord de Madrid ».
    1. Le Front Polisario (« Frente popular para la Liberación de Saguiat El Hamra y de Rio de Oro ») a été créé en mai 1973 pour libérer le territoire du Sahara occidental de la colonisation espagnole. Cette organisation politico-militaire se veut l’instrument d’appel au droit à l’autodétermination et à l’indépendance du Sahara.
    1. En octobre 1975, la Cour internationale de justice a rejeté les revendications du Maroc et de la Mauritanie sur le Sahara occidental mais elle a reconnu l’existence, avant l’époque de la colonisation, de liens d’allégeance, variables selon les époques, entre certaines des tribus du Sahara et le Sultan du Maroc ainsi que l’ensemble mauritanien. L’Espagne a accepté d’organiser un référendum, conformément au droit d’autodétermination du peuple sahraoui reconnu par la Cour. Cependant, en novembre 1975, environ 350 000 Marocains pénétraient au Sahara occidental à la faveur de la « Marche verte » ordonnée par le roi Hassan II afin de récupérer, selon la position officielle du Maroc, la région de Saquiat el Hamra et Oued Ed Dahab. L’Espagne a immédiatement négocié un accord avec le Maroc et la Mauritanie (dit « Accord de Madrid », voir ci-dessus, au paragraphe 14) prévoyant la partition du territoire.
    1. En 1976, le Front Polisario a proclamé la République arabe sahraouie démocratique (RASD), État autoproclamé revendiquant la souveraineté sur le territoire contesté du Sahara occidental. Par la suite, la Mauritanie a signé un accord de paix avec le Front Polisario, tandis que plus tard le Maroc prenait le contrôle du territoire attribué à la Mauritanie, s’agissant, selon le Maroc, de récupérer la région de Oued Ed Dahab. 48 pays, principalement africains, ont reconnu la RASD qui est devenue membre de plein droit de l’Union africaine (UA) en 1984. En protestation, le Maroc s’est retiré de l’UA et reste le seul pays d’Afrique à ne pas en être membre.
    1. Le Front Polisario est installé en Algérie, pays qui lui fournit appui et aide militaire et a permis aux réfugiés sahraouis de s’installer près de Tindouf, où le Front Polisario a établi son siège et son gouvernement en exil. Une guerre meurtrière l’a opposé aux forces marocaines.
    1. En 1991, un accord de cessez-le-feu négocié par l’ONU a créé la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), chargée de la mise en œuvre du plan de paix de l’ONU et de l’organisation d’un référendum au Sahara occidental en 1992. Dans les années qui ont suivi, le processus, fondé sur le recensement effectué par l’Espagne en 1973, s’est trouvé face à de nombreux obstacles dont l’installation au Sahara occidental de milliers de Marocains que le Front Polisario ne pouvait accepter comme votants. Le processus a été suspendu en 1996.
    1. En 1997 et 2000, M. James Baker, envoyé spécial des Nations Unies, a assuré une médiation entre le Front Polisario et le Maroc, mais aucun accord n’a pu être trouvé à propos des personnes qui auraient le droit de vote. En 2001, M. Baker a soumis un accord-cadre prévoyant l’autonomie du peuple sahraoui sous souveraineté marocaine, que le Front Polisario a refusé.
    1. En juillet 2003, les Nations Unies ont adopté une solution de compromis selon laquelle le Sahara occidental deviendrait une région semi-autonome du Maroc pendant une période transitoire de cinq ans, à l’issue de laquelle un référendum pour l’indépendance, la semi-autonomie ou l’intégration au Maroc devrait se tenir. Cette fois, c’est le Maroc qui a rejeté le plan pour des raisons de sécurité, ce qui a conduit M. Baker à démissionner en 2004. D’autres représentants ont été nommés par l’ONU en 2004 et 2005 pour étudier et rechercher avec les parties et les États voisins, notamment l’Algérie, les moyens de sortir de l’impasse politique, en pure perte.
    1. Dès 2005, des manifestations, connues sous le nom « d’intifada de l’indépendance » ont eu lieu dans de nombreuses villes du Sahara occidental; elles ont été durement réprimées par la police marocaine, mais se poursuivent encore actuellement.
    1. En 2006, le Maroc a proposé un plan accordant une large autonomie au territoire, qui serait doté de ses propres organes législatifs, exécutifs et judiciaires, ainsi que de ressources financières lui permettant de se développer, le Royaume du Maroc conservant ses prérogatives dans les domaines de la défense, de la sécurité nationale, des affaires étrangères, de la Constitution, de la religion et des « attributs de la souveraineté ». Le Maroc a mené une vaste campagne diplomatique auprès de nombreux pays afin de préciser le contenu du plan et de parvenir à une solution politique définitive. Les échos ont été largement favorables et la France, en particulier, a qualifié la démarche marocaine de « constructive et sérieuse ».
    1. Le Front Polisario a également présenté en 2006 une « proposition de solution politique mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », qui prévoit un référendum à trois options : intégration dans le Royaume du Maroc, autonomie ou indépendance. Cette proposition est toujours d’actualité pour le Front Polisario, comme l’a confirmé son Président lors de ma visite dans les camps.
    1. En 2008, les pourparlers ont repris avec la participation de la Mauritanie et de l’Algérie, mais des divergences subsistaient. Au mois de janvier 2009, M. Christopher Ross, ancien ambassadeur des États-Unis en Algérie, a été nommé envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental.
    1. Les 9 et 10 octobre 2010, quelques heures à peine avant la reprise des pourparlers sous les auspices des Nations Unies, le camp de Gdeim Izik, à la périphérie de Laâyoune, a été le théâtre de la plus grande manifestation non violente de ce conflit de quarante années, en protestation pacifique contre le gouvernement marocain et la marginalisation économique, politique et sociale du peuple sahraoui. Quelque 20 000 personnes ont campé dans le désert pour protester contre leurs conditions de vie et l’insuffisance des perspectives d’éducation et d’emploi. Des ateliers, un groupe de collecte de dons et un comité de dialogue chargé de négocier avec le gouvernement marocain ont été créés dans le camp.
    1. Le 8 novembre 2010, d’après la plupart des sources et des média internationaux que j’ai consultés, les forces de sécurité marocaines ont pénétré dans le camp avec des hélicoptères et des canons à eau, chassant les occupants, brûlant les tentes, battant les manifestants et procédant à des arrestations. D’après les autorités marocaines, les forces de l’ordre n’avaient pas d’armes à feu et des hélicoptères, qui ne faisaient que filmer, ont été présentés comme des outils d’intervention. Il y a eu plusieurs morts de part et d’autre, dont des agents des forces de l’ordre, et des centaines de blessés. Les journalistes étrangers ont été empêchés d’arriver jusqu’au camp ou ont été chassés de la zone ; néanmoins, les ONG internationales ont été autorisées à enquêter et j’ai moi-même pris connaissance de bon nombre de rapports d’enquête commissionnés par le parlement marocain et par plusieurs ONG marocaines.
    1. Le 17 février 2013, un tribunal militaire de Rabat a condamné 25 civils sahraouis à des peines de prison, dont neuf à perpétuité pour meurtre, pillage et violences en relation avec ces événements, à l’issue d’un procès jugé inéquitable par plusieurs organisations des droits de l’Homme et observateurs internationaux, qui néanmoins ont eu la possibilité d’assister au procès. Parmi les prévenus se trouvaient plusieurs personnes que les autorités marocaines avaient déjà visées ou emprisonnées auparavant en raison de leur action en faveur de l’autodétermination au Sahara occidental ou des droits de l’Homme.
    1. Des allégations de traitement non équitable concernent aussi la période qui a précédé le procès et le fait que celui-ci ait eu lieu devant un tribunal militaire, y compris de la part du CNDH marocain, qui a assuré le suivi de la situation des inculpés avant la tenue du procès et produit un rapport critique concernant les tribunaux militaires. Ce dernier a reçu l’approbation du Roi du Maroc.3. Il faut noter qu’il ne s’agit pas d’un jugement définitif, que les condamnés ont introduit un recours en cassation et que le CNDH est intervenu à maintes reprises depuis la fin du procès pour garantir notamment l’accès aux soins et a tenu plusieurs réunions avec les familles des condamnés.
    1. D’autres violences, qui ont fait des morts et dont les parties en présence ont donné des versions contradictoires, se sont malheureusement produites dans la ville de Dakhla, au Sahara occidental, en septembre 2011.
    1. En 2011, le Maroc a adopté une nouvelle Constitution qui, entre autres, réduit les pouvoirs du roi, garantit la liberté de pensée, d’opinion, d’expression et de création artistiques, d’expression, de circulation et d’association. Ces réformes ont été bien accueillies par l’ensemble de la communauté internationale, qui y a vu une étape importante vers la démocratie et un meilleur respect des droits de l’Homme au Maroc ; mais elles n’ont pas encore été intégrées à la législation nationale et à la pratique gouvernementale.
    1. Le 25 novembre 2011, les élections législatives marocaines ont également eu lieu au Sahara occidental, dans le territoire situé à l’ouest du mur ; elles ont été remportées par le Parti de la justice et du développement (PJD). Neuf parlementaires ont été élus pour représenter le Sahara occidental dans les deux chambres du Parlement marocain. L’un d’eux, M. Chagaf, faisait partie de la délégation marocaine auprès de l’Assemblée parlementaire.
    1. En décembre 2011, le Front Polisario a tenu son 13e Congrès populaire général suivi de la formation d’un nouveau gouvernement en exil.
    1. Ces vingt dernières années, la MINURSO a surveillé le cessez-le-feu sans mandat concernant le volet humanitaire et la situation des droits de l’Homme; elle a aussi soutenu des programmes d’aide visant en particulier à répondre aux besoins des familles sahraouies déplacées et éclatées, ainsi qu’un programme de déminage.
    1. Selon les informations des parlementaires marocains, entre 2009 et 2012, quatre cycles de négociations formelles et neuf cycles de pourparlers informels se sont tenus, au cours desquels le Maroc aurait fait preuve de son approche pragmatique dans ce processus et son engagement sincère à faciliter la mission de l’envoyé personnel du Secrétaire Général de l’ONU, tandis que l’Algérie et le Front Polisario seraient restés sur leur positions, en avançant des options et des solutions dont l’inapplicabilité aurait été prouvée.
    1. En 2012 et 2013, M. Ross, a lancé un nouveau cycle de pourparlers et de visites en Afrique du Nord (Rabat, Fez, Laâyoune, Dakhla, les camps de réfugiés près de Tindouf en Algérie, Nouakchott en Mauritanie et Alger). Il a également entamé, à la fin du mois de mai 2013, des discussions bilatérales confidentielles avec les parties au conflit et les États voisins4. Lors de la dernière tournée de M. Ross en octobre 2013, la MINURSO a demandé aux commissions régionales du CNDH d’établir une liste des acteurs de la société civile à rencontrer, ce qui, selon les autorités marocaines, a été fait sans aucune discrimination et sans tenir compte de leurs opinions politiques.
    1. En avril 2013, le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la MINURSO d’une année supplémentaire, sans l’élargir à la surveillance des droits de l’Homme5. La demande d’élargissement du mandat de la MINURSO au suivi des droits de l’Homme au Sahara occidental a été réitérée par une délégation du Front Polisario qui participait à la 25e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, tenue à Genève du 3 au 28 mars 2014. Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait faire connaître sa décision à la fin avril 2014.
    1. Cela fait presque 40 ans que ce contentieux gèle les relations entre le Maroc et l’Algérie, avec des milliers de réfugiés sahraouis qui vivent sur territoire algérien à la frontière entre le Sahara occidental et l’Algérie.

    3. Situation des droits de l’Homme au Sahara occidental

    1. Au cours de la partie de session de juin 2013, j’ai appris avec satisfaction les progrès effectifs réalisés par le Maroc au sujet de diverses questions soulevées par notre Assemblée lorsqu’elle a accordé au Parlement marocain le statut de partenaire pour la démocratie. Le Maroc a en outre récemment intensifié sa coopération avec le Conseil de l’Europe par le biais d’un cadre détaillé de coopération, financé par l’Union européenne, intitulé « Priorités 2012-2014 pour le Maroc dans le cadre de la coopération avec le voisinage » centré sur la réforme de la justice, la corruption, le blanchiment d’argent et la traite des êtres humains. En mars 2013, l’École d’études politiques du Conseil de l’Europe à Rabat a été inaugurée en présence, notamment, de M. Pietro Marcenaro, qui présidait alors notre commission. L’engagement du Maroc dans ce processus a été salué par les organes du Conseil de l’Europe, notamment à l’occasion du dernier comité de pilotage tenu à Paris, en janvier 2013. J’espère que le Maroc tirera bénéfice du programme joint Conseil de l’Europe/UE et continuera d’améliorer son bilan en matière de droits de l’Homme, en particulier dans la perspective du règlement du conflit du Sahara occidental.
    1. Si je me félicite de cette amélioration globale de la situation des droits de l’Homme dans le pays et de la volonté des autorités marocaines de renforcer davantage leur protection, je n’en ai pas moins le devoir de signaler un certain nombre d’allégations d’atteintes aux droits de l’Homme survenues au Sahara occidental, dont j’ai pu m’entretenir directement au cours de mes réunions avec les autorités marocaines, des représentants d’organisations internationales et des défenseurs des droits de l’Homme, à Rabat et à Laâyoune.
    1. Des violations systématiques des droits de l’Homme ont suscité d’énergiques réactions de plusieurs ONG internationales comme Amnesty International, Human Rights Watch et l’ONG Robert F Kennedy Center for Justice and Human Rights. Ces organisations ont dénoncé les disparitions forcées, la torture, les viols, le recours à la détention arbitraire pour réprimer les manifestations, les persécutions et le recours à une force excessive contre les manifestants et ont demandé l’extension du mandat de la MINURSO à la surveillance et à la protection des droits de l’Homme. Dans son rapport intitulé « L’oasis de la mémoire », M. Carlos M. Beristain a décrit la situation en recueillant, en 2011, des témoignages directs de victimes de graves violations des droits de l’Homme commises au Sahara occidental, ainsi que de proches de personnes portées disparues depuis 1975.
    1. Le 4 mars 2013, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a examiné le rapport de la Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, Mme Margaret Sekaggya. Dans son addendum, Mme Sekaggya fait part de ses inquiétudes sur les restrictions à la liberté de réunion au Sahara occidental, le recours excessif à la force lors des manifestations, et les difficultés d’enregistrement dont font part les organisations au Sahara occidental6.
    1. Le respect des droits de l’Homme au Maroc a par ailleurs été évalué dans le cadre de l’examen périodique universel de l’ONU, au mois de mai 2013. Le gouvernement marocain a, par la suite, accepté d’ériger la disparition forcée en infraction dans le Code pénal et de promulguer une loi sur la violence interne, mais il n’a pas appuyé les recommandations de l’ONU demandant un moratoire de droit sur les exécutions et l’amélioration des procédures d’enregistrement des organisations de la société civile. Je rappelle que le moratoire de fait sur la peine capitale est en place depuis 1993 mais que les tribunaux marocains continuent de prononcer des condamnations à la peine capitale. Lors de sa demande de statut de partenaire pour la démocratie, le Parlement du Maroc s’est engagé à abolir la peine de mort en droit et, entretemps, à déclarer un moratoire de droit sur les exécutions. A ce propos, je salue la création, en 2013, d’un réseau de parlementaires contre la peine de mort qui compte plus de 200 parlementaires marocains. Je soutien ce combat pour l’abolition totale de cette peine du système judiciaire marocain. Je salue également l’intention du réseau d’adopter un projet de résolution portant sur l’instauration d’un moratoire universel sur l’application de la peine de mort, qui devrait être soumis à l’attention de l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2014.
    1. Les parlementaires marocains ont souligné que les éventuelles violations des droits de l’Homme ne sont pas systématiques et massives et que les cas soulevés sont des cas isolés, qui sont systématiquement traités par le CNDH. Selon eux, la situation des droits de l’Homme dans la région du Sahara ne constitue pas une exception par rapport au reste du Maroc et cette région a bénéficié de toutes les réformes entreprises par le Maroc aux niveaux politique, économique et social y compris la nouvelle Constitution. Le parlement marocain suit de près la situation des droits de l’Homme, des questions orales sont souvent adressées au gouvernement sur le sujet et des commissions d’enquêtes et d’explorations sont souvent organisées. Les parlementaires marocains ont également fait remarquer que les frontières du Maroc sont ouvertes, ce qui se traduit par un libre accès aux ONG internationales et à la société civile pour mener à bien leurs missions et pour rencontrer différents acteurs.
    1. Malheureusement, en mars 2013, une délégation de députés européens, voyageant à titre privé, s’est vu refuser l’accès à la région. Par la suite, j’ai appris avec satisfaction, qu’après ma visite en mai 2013, qui a été co-organisée avec le parlement marocain, quatre parlementaires espagnols ont pu se rendre au Sahara occidental sans aucune autorisation préalable et se déplacer librement à Laâyoune afin de rencontrer des représentants de la société civile sahraouie. En outre, notre collègue, Mme Josette Durrieu, Sénatrice française, s’est aussi rendue dans la région en 2013 et produit un rapport pour le Sénat français7. À mon avis, les autorités marocaines devraient encourager les visiteurs étrangers à se rendre sur le territoire et y rencontrer qui bon leur semble, comme dans toute démocratie.
    1. L’expression d’opinions dissidentes et de critiques de la position officielle marocaine sur le Sahara occidental reste perçue comme une menace à l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc. Les indépendantistes sahraouis se heurtent ainsi à des restrictions dans leurs activités : des allégations d’harcèlement, de surveillance par les forces de sécurité, de restrictions à la liberté de mouvement et certains cas de poursuites pour menace à la sécurité interne et extérieure du Maroc ont été portés à mon attention. La législation sur la presse prévoit des peines de prison pour la diffusion d’informations ou d’opinions menaçant l’Islam, l’institution monarchique ou l’intégrité territoriale, c’est-à-dire la revendication territoriale du Maroc sur le Sahara occidental.

    47. Lors de ma visite à Laâyoune au mois de mai, plusieurs autorités marocaines ont tenté de m’empêcher de rencontrer, dans leurs propres locaux, des défenseurs des droits de l’Homme et des dissidents de Laâyoune que j’avais personnellement contactés. Ces organisations ne sont pas reconnues par les autorités marocaines, bien qu’elles aient montré par de nombreuses demandes d’enregistrement qu’elles sont prêtes à fonctionner sous souveraineté marocaine. Je remercie M. Chagaf, qui faisait partie à l’époque de la délégation marocaine à l’Assemblée et qui s’est porté garant pour moi auprès du préfet régional (Wali) me permettant de rencontrer à leur domicile des représentants d’ONG non enregistrées.

    48. En novembre 2012, les autorités marocaines ont fait un geste positif en autorisant la chaîne de télévision Al-Jazeera à rouvrir ses bureaux au Maroc, deux ans après les avoir fermés en critiquant la façon dont elle rendait compte du conflit au Sahara occidental.

    49. Selon plusieurs rapports internationaux, les autorités continuent de viser les défenseurs sahraouis des droits de l’Homme et les défenseurs de l’autodétermination et de recourir à une force excessive pour réprimer ou empêcher les manifestations au Sahara occidental. Des Sahraouis ont été emprisonnés à la suite de manifestations, certains auraient été torturés ou auraient subi des sévices au cours d’interrogatoires par des agents des forces de l’ordre marocaines. Les allégations correspondantes n’auraient pas fait l’objet d’enquêtes convenables, selon plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme.

    50. Tant le gouvernement que des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme m’ont fait visionner, au cours de mes visites, plusieurs vidéos montrant des actes de violence et de vandalisme. Je n’étais pas en mesure de juger de l’authenticité de ces documents, mais toutes les images qui m’ont été présentées attestaient de violences et de provocations. Si toute forme de violence est condamnable, je trouve particulièrement inquiétant, du point de vue de l’Etat de droit, que les forces de sécurités en fassent un usage délibéré et disproportionné.

    51. Comme indiqué précédemment, les autorités marocaines continuent de refuser l’enregistrement formel des organisations sahraouies de la société civile et de défense des droits de l’Homme qui soutiennent le droit à l’autodétermination. J’ai parlé à des représentants de l’Association sahraouie pour les victimes de graves violations des droits de l’Homme (ASVDH), dont l’inscription continue d’être rejetée malgré une décision rendue en 2006 selon laquelle la décision administrative de refus de l’enregistrement était illégale. Aucune des ONG que j’ai rencontrées à Laâyoune n’est autorisée à s’enregistrer et toutes sont considérées comme « illégales » par les autorités locales.

    52. Le gouvernement marocain a rejeté une recommandation émise à l’occasion de l’Examen périodique universel de l’ONU lui demandant d’admettre l’enregistrement légal des ONG défendant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Pour leur part, les parlementaires marocains estiment que la réglementation stricte en vigueur, qui, selon eux, s’inspire largement des standards internationaux, constitue un cadre juridique largement étendu et explicite pour les associations, qui recouvre les différents aspects liés à leur constitution, leur fonctionnement et leur mode de financement, et qui régit les rassemblements publics en faisant la distinction entre réunions publiques et manifestations sur la voie publique. A mon avis, la reconnaissance et l’enregistrement des associations aujourd’hui considérées comme « illégales » est une condition préalable à l’instauration du dialogue et permettrait aux autorités marocaines d’avoir des interlocuteurs dans les moments de tension et de révolte.

    53. Je félicite le Maroc pour sa législation contre la torture et pour sa ratification de la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ainsi que du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Je me félicite également des efforts déployés par le Maroc entre 2003 et 2005 par le mécanisme de justice de transition, l’Instance Equité et Réconciliation, pour enquêter sur les violations flagrantes, généralisées et systématiques des droits de l’Homme commises au Maroc entre 1956 et 1999 (période que les Marocains appellent «les années de plomb»), dont de nombreux cas de torture et de mauvais traitements.

    54. Cependant, des rapports crédibles d’organisations internationales et d’ONG locales indiquent que les forces de sécurité marocaines continuent d’infliger des tortures et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants à des détenus, surtout à des militants indépendantistes sahraouis.

    55. Malgré le fait que, dans sa Résolution 1818 (2011), l’Assemblée a souligné la nécessité de « prévenir la torture et les traitements inhumains ou dégradants à l’encontre des personnes privées de liberté; lutter contre l’impunité des auteurs d’actes de torture et de sévices » (paragraphe 8.13.), de graves allégations d’abus ont été faites à cet égard, comme également souligné par la Commission des questions juridiques et des droits de l’Homme dans son avis sur l’évaluation du partenariat pour la démocratie concernant le Parlement du Maroc de juin 20138.

    56. À la suite de sa visite au Maroc, au mois de septembre 2012, M. Juan E. Méndez, Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a observé l’émergence d’une culture des droits de l’Homme au Maroc, mais a néanmoins constaté que la torture est toujours pratiquée, surtout dans les situations de forte tension perçues par les autorités comme une menace pour la sécurité nationale, comme les manifestations de masse. Il a aussi conclu à un usage excessif de la force, surtout lorsque la police ou d’autres autorités réagissent à des incidents survenant pendant des rassemblements9.

    57. Pour ne citer qu’un exemple, 25 prisonniers, qui attendaient d’être jugés à la suite de violences survenues au camp de protestation de Gdeim Izik, ont été incarcérés à la prison de Sale, près de Rabat, loin de chez eux. Beaucoup d’entre eux disent avoir été torturés ou maltraités d’une façon ou d’une autre pendant leur détention10. Les parlementaires marocains, pour leur part, tiennent à préciser que ni les accusés ni leurs avocats qui les ont accompagnés devant le juge d’instruction n’ont à aucun moment demandé le recours à une expertise médicale pour déterminer le degré de véracité de leurs assertions.

    58. Notons que la Résolution 1942 (2013) sur l’évaluation du partenariat pour la démocratie concernant le Parlement du Maroc, s’est félicitée de l’invitation faite au Maroc d’adhérer à une série d’autres conventions du Conseil de l’Europe ou de les signer et a appelé le Parlement marocain à veiller à ce que les conditions appropriées soient réunies à cette fin. L’Assemblée a encouragé aussi les autorités marocaines à envisager l’adhésion à la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (STE n° 126) ainsi qu’aux Conventions du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (STCE n° 197) et sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (STCE n° 210).

    59. Le procès de 25 civils sahraouis, qui devaient être jugés par un tribunal militaire en raison du rôle qu’ils auraient joué dans les confrontations survenues au camp de Gdeim Izik en 2010, a été ajourné à deux reprises. Leurs familles ont indiqué que les conditions de détention étaient particulièrement dures, avec des droits de visite restreints, des difficultés à se faire soigner et à obtenir une nourriture convenable et des vêtements propres.11 Le 17 février 2013, les 25 prisonniers ont été condamnés à des peines allant de 20 ans d’emprisonnement à la prison à vie.

    60. Selon le Conseil national marocain des droits de l’Homme, le procès se serait déroulé « dans des conditions normales et selon une procédure régulière ». La Délégation interministérielle aux droits de l’Homme du Royaume du Maroc a publié, au mois de février 2013, un livre blanc sur les événements de Gdeim Izik, dans lequel elle indique ne pas avoir constaté d’irrégularités majeures dans la conduite des forces de sécurité ni dans le déroulement du procès. Le Parlement marocain a constitué une commission d’enquête sur les événements de 2010. Cette commission a rendu son rapport en février 2013, concluant à « des dysfonctionnements de la gouvernance locale, qui ont contribué aux événements de Gdeim Izik et de Laâyoune » et critiquant « le laxisme des autorités locales au moment de l’installation du camp, qui était une erreur des points de vue sécuritaire, social et politique ». Elle opère également une distinction entre une « contestation motivée par des revendications sociales légitimes » et son « exploitation politique par un groupuscule séparatiste soutenu par l’Algérie, qui compte dans ses rangs des criminels et des personnes recherchées par la justice, venus s’installer dans le camp ».

    61. Toutefois, de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme estiment que les autorités marocaines devraient rapidement faire rejuger les accusés par un tribunal civil et les remettre en liberté dans l’attente de ce nouveau procès. Ce tribunal devrait également examiner toutes les allégations de torture et s’assurer qu’aucune déclaration obtenue par la violence ou la contrainte n’ait été admise comme preuve. Je salue le fait que le 14 mars 2014 le Maroc a annoncé l’élaboration d’un projet de loi empêchant les tribunaux militaires de juger les civils ; il s’agit là d’une initiative bienvenue qui, espérons-le, aura également des répercussions sur l’affaire de Gdeim Izik.

    4. La position et les efforts du Maroc en ce qui concerne les droits de l’Homme au Sahara occidental

    62. Tous mes entretiens avec les autorités marocaines m’ont montré que la question du Sahara occidental fait l’unanimité parmi elles, à savoir que toute remise en question compromettrait la stabilité de cette région troublée, ouvrirait la porte aux extrémistes et aux djihadistes, et donnerait à l’Algérie l’occasion de s’ingérer dans les « affaires intérieures » du Maroc.

    63. Le Maroc a proposé un plan offrant une large autonomie au peuple sahraoui, considéré par le Maroc comme un peuple marocain d’origine sahraouie. Tous nos interlocuteurs marocains pensent qu’un État indépendant ne serait pas viable pour des raisons de sécurité et craignent de voir se reproduire au Sahara occidental ce qui se passe actuellement au Mali, ce qui aggraverait les risques de déstabilisation de toute la région. Lors de l’audition organisée par la Commission le 7 avril 2014 à Strasbourg, le Dr Maouelainin Ben Khalihenna Maoulainin, Secrétaire Général du CORCAS, a précisé que « l’initiative marocaine d’autonomie est fondée sur la réconciliation et le compromis. La proposition est le fruit d’un large consensus et a été élaborée selon une démarche participative, sincère, démocratique, transparente».

    64. 34 tribus du Sahara occidental ont été impliquées dans la préparation de ce plan, qui prévoit un parlement élu localement qui élirait à son tour une autorité exécutive, ainsi que la mise en place d’un système judiciaire indépendant. Le modèle proposé assurerait une représentation majoritaire au sein de l’assemblée législative pour les habitants sahraouis de la région autonome tout en veillant à la représentation législative des non-Sahraouis qui résident depuis longtemps sur le territoire. Les habitants de la région autonome continueraient également à élire des représentants au parlement marocain. Le gouvernement autonome serait compétent dans les domaines de l’administration locale, de la police locale, de l’éducation, du développement culturel et économique, de la planification régionale, du tourisme, de l’investissement, du commerce, des travaux et des transports publics, du logement, de la santé, des sports et de la protection sociale. Il disposerait des prérogatives habituelles lui permettant d’assurer ces fonctions et continuerait également à recevoir des fonds issus du budget de l’État. Il pourrait établir des bureaux de liaison pour le commerce extérieur régional et serait doté de droits consultatifs sur les autres accords étrangers, touchant les domaines régaliens, qui affectent la région12. Ce plan a été présenté au Conseil de sécurité de l’ONU en avril 2007 et a reçu le soutien des Etats-Unis et de la France. Les négociations menées au sein des Nations Unies n’ont pu aboutir à des résultats concluants. Lors de l’audition à Strasbourg, le Secrétaire Général du CORCAS a également lancé un appel pour abandonner les positions extrêmes et pour permettre aux populations des camps de Tindouf de retrouver leurs familles et proches et vivre dans la dignité et la plénitude de leurs droits.

    65. Parallèlement, nombre d’institutions marocaines, dont des organisations de défense des droits de l’Homme et le parlement, sont de plus en plus conscientes de la nécessité de prendre au sérieux la question des droits de l’Homme et d’agir efficacement pour leur protection au Sahara occidental, y compris par l’intermédiaire des mécanismes de contrôle des Nations Unies et d’un rôle accru de la communauté internationale et, notamment, de notre Assemblée. Cette nécessité a également été soulignée avec insistance par Mme Hasna Abouzaid, députée de l’opposition représentant le Sahara occidental au Parlement marocain, et par M. Driss El Yazami, Président du CNDH, lors de l’audition tenue par la commission à Paris, le 5 septembre 2013. M. El Yazami, en particulier, a mentionné « l’absence de culture des droits de l’Homme » au Sahara occidental et insisté sur l’importance de promouvoir ces droits dans la région. SelonM. Abdellah Elharich, Secrétaire Général de l’Association sahraouie pour la démocratie et la justice sociale (MINBAR) à Laâyoune, la société civile marocaine redouble d’efforts pour assurer le contrôle des élections dans la région du Sahara occidental et établir des structures de la société civile permettant de renforcer les droits de l’Homme, les droits des femmes et les droits culturels.

    66. Comme évoqué plus haut, au cours de la période de « justice transitionnelle », l’Instance Équité et Réconciliation créée en 2004 a enquêté sur les présomptions de graves violations des droits de l’Homme – disparitions forcées, détentions arbitraires, atteintes au droit à la vie, torture, exils forcés, usage disproportionné de la force par la police pour disperser les mouvements de protestation sociale – survenues au Maroc au cours des années dites « de plomb », de 1956 à 1999.

    67. Le CNDH a offert des réparations, avec notamment une assistance financière, une formation professionnelle et une assurance médicale, aux victimes sahraouies reconnues ou aux membres des familles de personnes disparues ou détenues dans les années 1970 et 1980. Le Maroc a également renforcé des mécanismes nationaux de surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental par l’ouverture de deux antennes du CNDH à Laâyoune et à Dakhla. L’antenne du CNDH à Laâyoune a recommandé, ces dernières années, l’indemnisation de centaines de victimes ou familles de personnes portées disparues et a récemment recentré son action en faveur de projets communautaires. Cependant, les groupes sahraouis de défense des droits de l’Homme font valoir que de nombreuses demandes ont été rejetées et qu’un nombre bien plus grand encore de demandeurs n’ont pas reçu leurs indemnisations, dont le versement doit être effectué par les instances gouvernementales.

    68. L’Association des familles de prisonniers et disparus sahraouis estime que le sort de plus de 550 Sahraouis reste inconnu et de nouvelles découvertes montrent que les informations fournies par le Maroc ne sont pas toujours exactes. En septembre 2013, une équipe espagnole d’experts médico-légaux a publié les résultats d’une enquête confirmant le décès de huit sahraouis, dont deux enfants, disparus en 1976. Ces experts ont, pour la première fois, apporté la preuve que ces personnes ont été exécutées sommairement par les forces armées marocaines. Ces révélations remettent en cause l’exactitude des conclusions publiées par le Conseil consultatif pour les droits de l’Homme (l’institution marocaine des droits de l’Homme, à l’époque) au sujet d’autres cas de disparitions forcées et souligne la nécessité de faire la vérité sur des centaines de cas de disparitions forcées remontant à plusieurs dizaines d’années et de rendre justice aux victimes et à leurs familles. A ce propos, je soutiens la création d’une mission MINURSO-CICR (Comité international de la Croix Rouge) afin de procéder à l’exhumation, à l’identification et à la restitution des dépouilles aux familles. Notons également que le 14 mai 2013, le Maroc a ratifié la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

    69. Le CNDH marocain, l’Institut du médiateur et la délégation interministérielle aux droits de l’Homme constituée en 2011 coopèrent activement avec les Procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, à travers l’invitation, au Maroc, de trois rapporteurs onusiens en 2012 et de trois autres en 2013. Ces initiatives ont été appréciées par la communauté internationale tel que le Conseil de sécurité des Nations Unies qui, dans le paragraphe 15 de sa résolution n° 2099, « se félicit[e] à cet égard des mesures que le Maroc a prises pour renforcer les commissions du Conseil national des Droits de l’Homme à Dakhla et Laâyoune et du dialogue qu’il entretient avec les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, y compris celles qui sont prévues pour l’année 2013 ».

    70. La nouvelle Constitution a renforcé le processus de réforme, comme le demandait l’ONU, notamment en définissant plus strictement les conditions d’équité des procès, la participation de la société civile, la non-discrimination et l’égalité des sexes. Cependant, nombre de dispositions constitutionnelles doivent encore être transposées dans la législation interne et dans la pratique de l’État, aussi bien au niveau de l’administration que de la police.

    71. Sur une note plus positive, le 13 mars 2014, quelques semaines avant la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le mandat de la MINURSO, le gouvernement marocain a annoncé la nomination de personnes de contact au niveau ministériel pour donner suite aux recommandations du CNDH, en particulier des bureaux de Laayoune et de Dakhla, afin de traiter les plaintes des citoyens concernant les droits de l’Homme, dans un délai de trois mois.

    72. Fait encore plus marquant, un jour plus tard, le 14 mars 2014, conformément aux recommandations émises par le Conseil national des droits de l’Homme, les avocats et les défenseurs des droits de l’Homme, le Maroc a annoncé l’élaboration d’un projet de loi empêchant les tribunaux militaires de juger les civils.

    73. À Laâyoune, j’ai également assisté à la présentation de plusieurs investissements et autres projets très ambitieux en cours de réalisation dans la région (écoles, équipements sportifs, théâtres et autres équipements). Concrètement, un budget important a été consacré, depuis 1976, au développement de cette région. Selon les parlementaires marocains, cet effort dépasse, de loin, les recettes générées par l’exploitation des ressources naturelles et explique largement le fait que l’indice de développement humain dans cette région soit aujourd’hui supérieur à la moyenne nationale en terme de scolarisation, santé, éducation et accès aux infrastructures. Par ailleurs, le 17 janvier 2014, le Président Obama a promulgué un « projet de loi de crédits pour l’exercice  2014 » lequel dispose expressément que l’aide au développement dont bénéficie le Maroc concerne également « l’aide au territoire du Sahara occidental ».

    74. Le Maroc est également sur le point de lancer de vastes programmes en faveur des énergies renouvelables. À ce jour, la production d’énergie solaire et éolienne au Sahara occidental représente tout au plus 5,5 % de la quantité totale d’énergie produite au Maroc à partir de ces sources. D’ici 2020, cette part pourrait être portée à environ 26 %. En juillet 2013, le Maroc a également conclu un nouvel accord de pêche de quatre ans avec la Commission européenne, en vertu duquel les bateaux européens auront le droit de pêcher dans les eaux du Maroc et du Sahara occidental. Cet accord a néanmoins été sévèrement critiqué par le Parlement européen ainsi que par de nombreuses ONG car il serait contraire aux principes onusiens qui concernent les territoires non-autonomes.

    75. Les Sahraouis que j’ai rencontrés, tout comme des milliers de ceux qui participent régulièrement aux manifestations de rue, affirment de leur côté qu’ils ne tirent aucun bénéfice de l’exploitation de leurs ressources naturelles, en particulier du commerce du phosphate, et que les investissements d’équipement ne leur sont quasiment d’aucun secours. Des aides sont également fournies à la population locale pour atténuer les effets d’un chômage élevé. Elles restent toutefois très limitées et sont interprétées comme une façon « d’acheter la conscience » des gens. De plus, les Sahraouis que j’ai rencontrés considèrent que les efforts déployés par le Maroc pour le développement économique est en fait « un pillage économique des ressources naturelles sahraouies au bénéfice exclusif des élites ». Les Sahraouis se plaignent aussi de discriminations dans l’accès au logement et à l’emploi.

    76. En mars 2013, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) du Maroc a publié une évaluation critique de l’actuel modèle de développement du territoire, portant notamment sur la gouvernance et les questions de transparence et de responsabilité, mais aussi de droits de l’Homme, qui sont source de tensions sociales et qui ont comme effet pervers de créer une logique d’assistance et de dépendance. Comme souligné dans le rapport du Sénat français publié en octobre 2013, la liberté du rapport du CESE montre que les autorités marocaines souhaitent attaquer la question des inégalités qui fait le lit des mouvements sociaux spontanés13.

    77. D’après les parlementaires marocains, depuis que le Maroc a présenté l’initiative d’autonomie en 2007, la question des droits de l’Homme est exploitée pour dévier les négociations et utilisée comme prétexte pour ne pas s’engager dans la recherche d’une solution politique au différend régional du Sahara occidental. Il s’agirait d’une réaction aux réalisations continues du Maroc sur le plan politique depuis la présentation du projet d’autonomie. À leur avis, le rejet systématique de l’initiative marocaine d’autonomie ferait défaut à la crédibilité et à la bonne foi du Front Polisario, quant au règlement de ce différend.

    78. Pour leur part, des observateurs estiment également que le gouvernement marocain doit faire des efforts sérieux et crédibles pour convaincre les jeunes Sahraouis que leurs aspirations à la liberté et au respect de leur dignité auraient plus de chances de se réaliser dans le cadre d’un Maroc véritablement démocratique et pluraliste, ouvert aux divergences d’opinions et respectueux des droits de l’Homme et de la différence culturelle. Concrètement, il faudrait leur permettre de s’exprimer librement et donner la possibilité aux acteurs de la société civile de s’organiser et de participer à la vie publique, jusqu’au niveau parlementaire. Seule la pleine démocratisation des institutions du pays pourrait donner une chance au Maroc de faire reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental14.

    79. J’ai eu la possibilité d’aborder la question à maintes reprises avec nos collègues marocains. Je les ai encouragés à inviter les défenseurs des droits de l’Homme que j’avais rencontrés à Laâyoune à une audition au Parlement, à Rabat, et à voir en eux des interlocuteurs stratégiques plutôt que des opposants, ce qui serait la marque d’une institution authentiquement pluraliste et démocratique, digne du statut de partenaire pour la démocratie de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

    80. Dans cet esprit, je salue l’initiative de l’Union Internationale de la Jeunesse Socialiste d’organiser un programme de visites qui a eu lieu en septembre 2013 d’une délégation de 4 jeunes du Polisario et 4 jeunes Marocains, y compris des députés de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), à Dakhla et Laâyoune et ensuite à Tindouf, afin de juger la réalité des choses sur le terrain et de reconstruire la confiance entre les deux parties. Le chef de la délégation marocaine, M. Ali El Yazghi, député de l’USFP, a remarqué qu’« un avenir est possible pour tous dans un Maroc uni, pluriel et qui accepte toutes les divergences »15. Les jeunes se sont mis d’accord sur le principe d’un rassemblement élargi entre les jeunes des deux côtés et dans un pays neutre.

    81. Je me félicite également de l’initiative du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du développement (PJD) à la Chambre des Représentants du Parlement marocain pour l’activité de communication appelée « Caravane de la lampe », sous le slogan « La Réforme : engagement et responsabilité collectifs », qui a eu lieu du 27 au 30 mars 2014 et qui a permis d’entreprendre un dialogue avec des associations des droits de l’Homme y compris des ONG prônant l’indépendance du Sahara occidental. Au cours de ces réunions, les membres du groupe parlementaire ont pu écouter les doléances de la population et les différents points de vue. Ils se sont également engagés à poursuivre le dialogue avec toutes les composantes politiques, civiles, sociales à travers d’autres réunions à la Chambre des Représentants16.

    5. Situation dans les camps de réfugiés proches de Tindouf

    82. Les 7 et 8 octobre 2013, je me suis rendue à Alger pour rencontrer des représentants du Parlement algérien et, ensuite, à Tindouf, qui abrite quatre camps sahraouis, « Aousserd », « Dakhla », « El Ayoun» et « Smara », dont les noms proviennent des principales villes du Sahara occidental ; je suis également allée dans le camp scolaire du « 27 février », connu sous le nom de « Boujdour », et à « Rabouni », le centre administratif qui abrite les bureaux du gouvernement auto-proclamé de la RASD, les ONG locales et l’hôpital. Créés en 1975 pour les réfugiés fuyant le conflit, les camps de Tindouf figurent parmi les plus anciens au monde et sont totalement dépendants de l’aide internationale.

    83. L’Algérie a reconnu la RASD auto-proclamée et le Polisario en tant que « gouvernement en exil ». Mes entretiens avec les parlementaires algériens ont confirmé l’importance que l’Algérie attache au principe de l’auto-détermination, en raison de sa propre histoire de colonisation et dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que sa détermination à soutenir les mouvements d’indépendance dans le monde. L’Algérie a ainsi, par exemple, soutenu l’indépendance du Timor oriental, essentiellement peuplé de Chrétiens, contre l’Indonésie, un pays musulman. Toutefois, elle estime que les négociations doivent se dérouler entre le Front Polisario et le Maroc et qu’elle n’est pas un interlocuteur.

    84. En l’absence de chiffres officiels, le gouvernement algérien estime le nombre de réfugiés à 165 000. En attendant le lancement d’une campagne d’enregistrement, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) fonde ses programmes d’assistance sur une estimation de 90 000 réfugiés vulnérables dans les camps17. Les autorités marocaines ont demandé à l’Algérie de procéder à un recensement pour établir le nombre effectif et la composition des réfugiés vivant dans ces camps et ont souligné que le recensement constitue une condition préalable à l’exercice du mandat du HCR de protection des réfugiés et la fourniture de l’aide humanitaire. Depuis 1975, l’Algérie a toujours refusé de permettre le déroulement de l’opération et l’a conditionnée à un règlement politique global de la question du Sahara. Cette conditionnalité constitue, selon les parlementaires marocains, une violation des obligations statutaires et légales du HCR et représenterait un défi pour le consensus international sur la nécessité de distinguer la dimension humanitaire du processus politique du conflit. Cette attitude algérienne confirmerait la contradiction entre les déclarations de neutralité de l’Algérie et de ses actes dans la question du Sahara.

    85. Pour les occupants des camps, il est difficile de se rendre en visite dans les parties du Sahara occidental sous contrôle marocain ; des milliers de familles sont donc séparées depuis près de 40 ans. Depuis 2004, le HCR déploie un programme de mesures de confiance visant à instaurer des contacts directs entre les familles séparées du Sahara occidental et à les aider à se retrouver en organisant des vols réguliers. En janvier 2012, il a lancé un plan d’action actualisé sur les mesures de confiance. Le Maroc et le Front Polisario participent activement à ce programme et a récemment pris part à la quatrième réunion d’évaluation des mesures de confiance organisée sous les auspices du HCR, tenue à Genève, les 2 et 3 juillet 2013.

    86. Le Front Polisario est lui aussi accusé par le Maroc de réprimer la liberté d’expression, de pratiquer la torture et le détournement d’aide dans les camps de réfugiés près de Tindouf. S’il a reconnu les accusations de mauvais traitements remontant aux années 1970 et 1980, le Front Polisario dément qu’il en aille encore de même et affirme que les habitants des camps sont libres d’exprimer leurs opinions, de se déplacer et même de quitter les camps.

    87. Dans son rapport de visite de 2006, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme conclut que les conditions de vie dans les camps sont difficiles, mais que la situation des droits de l’Homme est satisfaisante18. En 2010, le gouvernement sahraoui en exil a fait appel aux Nations Unies pour surveiller le respect des droits de l’Homme dans les camps. Plusieurs ONG internationales se rendent régulièrement dans les camps et n’ont pas rapporté de violations majeures des droits de l’Homme. Les organisations internationales présentes dans les camps que j’ai rencontrées m’ont dit qu’elles avaient un accès libre à tout le territoire des camps et que la collaboration avec le gouvernement sahraoui était très bonne.

    88. En octobre 2012, au cours de la visite de M. Ross, dans les camps de réfugiés de Tindouf, le Secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, a exprimé sa profonde exaspération face à l’incapacité des Nations Unies à organiser le référendum sur l’autodétermination. S’agissant de la situation prévalant alors au Mali, il a souligné que le Front Polisario est fermement opposé aux activités des groupes terroristes ou criminels et qu’il a pris des mesures pour empêcher tout recrutement dans les camps. Lors des réunions avec les groupes de jeunes, d’étudiants et de femmes, M. Ross a constaté que les Sahraouis des deuxième et troisième générations étaient déçus non seulement par le manque de progrès dans les négociations mais aussi par l’absence de possibilités d’emploi. Bon nombre se sont déclarés favorables à des actions radicales comme la reprise des hostilités contre le Maroc, exigeant que la MINURSO reconnaisse son impuissance et s’en aille. D’autres ont prévenu que ces exaspérations faisaient des jeunes des cibles potentielles de recrutement pour les réseaux criminels ou terroristes.19

    89. Le 10 juin 2013, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a réitéré « l’engagement de l’ONU à aider le Maroc et le Front Polisario à négocier une solution à leur différend de longue date sur le statut futur du Sahara occidental, conformément aux résolutions de l’ONU », suite à une rencontre avec M. Abdelaziz à New York. Au cours de cette rencontre, M. Ban Ki-moon « a souligné son intérêt soutenu à l’égard des droits de l’Homme au Sahara occidental et pour les camps de réfugiés » et a félicité l’engagement continu du Front Polisario à maintenir le dialogue. Il a également encouragé le Front Polisario à rester en contact de manière constructive avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui a appelé les deux parties à faire preuve de souplesse et de créativité dans la recherche d’une solution au conflit. Des conclusions similaires ont été émises à la suite de la dernière visite de M. Ross en octobre 2013.

    90. Pendant ma visite des camps le 8 octobre 2013, j’ai eu l’occasion de m’entretenir de ces questions avec M. Mohamed Abdelaziz, Secrétaire du Front Polisario et Président de la RASD auto-proclamée, et avec M. Khatri Addouh et d’autres membres du Conseil national sahraoui, l’organe législatif de la RASD auto-proclamée, qui compte 53 membres « élus » dans 11 circonscriptions basées dans les camps de réfugiés en Algérie et d’autres territoires contrôlés par le Front Polisario. Les « élections » les plus récentes ont eu lieu du 17 au 19 février 2008.

    91. La RASD auto-proclamée possède sa propre Constitution, qui prévoit une séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Tous les habitants des camps sont membres du Front Polisario, toutefois les opinions divergentes seraient débattues ouvertement au sein du Conseil.

    92. J’ai également eu l’occasion de visiter un jardin d’enfants, une école primaire et une clinique locale et j’ai pris note des mécanismes de fonctionnement de la gouvernance locale. Cependant, la pauvreté, le manque de services de base, la malnutrition et le manque d’accès à l’eau potable demeurent des motifs très importants d’inquiétude. Le Programme alimentaire mondial fournit aux réfugiés chaque mois environ 125 000 rations alimentaires générales, et les femmes enceintes ou qui allaitent ainsi que les enfants sous-alimentés reçoivent des compléments alimentaires riches en oligoéléments.

    93. Les femmes jouent un rôle important dans la gestion des camps, encouragent l’égalité entre les sexes et ont un rôle essentiel dans la prise de décisions sur divers aspects de la société, notamment le processus de distribution de la nourriture, comme l’a souligné l’Union des femmes sahraouies. L’éducation primaire est obligatoire pour tous les enfants sahraouis, qui doivent cependant quitter le Sahara occidental s’ils veulent poursuivre leurs études (en Algérie, à Cuba, en Libye ou dans d’autres pays).

    94. La société civile est très active dans les camps et j’ai discuté d’un certain nombre de questions urgentes, qui sont reprises tout au long du présent rapport. Selon l’Association des familles de prisonniers et disparus sahraouis, il n’y a aucune volonté de la part du Maroc d’enquêter sur la réalité de ce qui est arrivé aux personnes qui ont disparu. Les récentes révélations de l’équipe espagnole d’experts médico-légaux soulignent la nécessité de révéler la vérité sur des centaines de cas de disparitions forcées remontant à plusieurs dizaines d’années et de rendre justice aux victimes et à leurs familles. Lors d’une audition organisée à Strasbourg en janvier 2014, Mme Fatimetou Moustapha Saleh, membre du Conseil national de l’Association des familles de disparus et de prisonniers sahraouis (AFAPREDESA) à Tindouf, a évoqué son père porté disparu depuis 1976 ainsi que les nombreux disparus sahraouis que le Maroc refuse de reconnaître. Elle a exhorté les autorités marocaines à publier la liste des victimes et à coopérer avec les autorités à Tindouf et la communauté internationale afin de faire la lumière sur les tragédies passées. Notre collègue Tiny Kox, ancien rapporteur sur le partenariat pour la démocratie avec le Conseil national palestinien, a insisté sur la responsabilité qui incombe à la délégation marocaine, en tant que premier partenaire pour la démocratie de notre Assemblée, à aider les familles de disparus à connaître la vérité. Il a attiré l’attention sur le fait que le partenariat devrait être un instrument permettant de résoudre des problèmes concrets, à l’instar de celui-ci. Pour ma part, je souscris pleinement à cette déclaration.

    95. À l’issue d’une réunion avec l’Association des victimes de mines antipersonnel à Tindouf, j’ai appris que le Front Polisario avait signé l’appel de Genève sur l’interdiction des mines antipersonnel en novembre 2005, alors que le Maroc est l’un des pays à ne pas avoir signé le traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines.

    96. D’après le HCR, en 2012 et 2013, les effets de la crise économique mondiale ont encore aggravé la situation dans les camps, car de nombreux donateurs ont retiré ou limité leurs contributions. On s’attend à ce que cette tendance se poursuive en 2014. Les représentants des organisations internationales et des ONG basées dans les camps, ainsi que les dirigeants du Polisario, sont d’avis que le statu quo engendre une frustration croissante, en particulier chez les jeunes. Un autre problème de plus en plus préoccupant est celui de l’instabilité dans la région, qui est un carrefour pour le trafic de drogue, les combattants d’Al-Qaïda et les rebelles touareg du Mali. La frustration, le chômage et l’absence de perspectives, combinés à une hausse des trafics en tous genres, risquent encore d’accroître les activités illégales.

    6. Considérations finales

    97. Les avancées réalisées par le Maroc en matière de droits de l’Homme, de démocratie et de l’Etat de droit ont été reconnues par notre Assemblée à travers l’octroi du statut de partenaire pour la démocratie au parlement du Maroc en 2011. Néanmoins, les allégations de violations des droits de l’Homme au Sahara occidental doivent être prises au sérieux et devraient être envisagées en liaison avec le rapport d’évaluation positif du partenariat pour la démocratie concernant le Parlement du Maroc sur la base duquel l’Assemblée a adopté en juin 2013 la Résolution 1942.

    98. Je suis absolument convaincue que le respect scrupuleux des droits de l’Homme et des principes démocratiques doit l’emporter sur toute autre considération dans un pays dont le parlement est partenaire pour la démocratie auprès de notre Assemblée.

    99. Un certain nombre d’organisations marocaines de défense des droits de l’Homme ont heureusement commencé à exprimer des critiques et je salue leur courage. Il faut espérer que le Parlement marocain se montrera lui aussi plus critique à l’égard de l’action gouvernementale au Sahara occidental pour ce qui est de la protection des droits de l’Homme de toute la population sahraouie. J’encourage le gouvernement marocain à mettre en œuvre toutes les recommandations formulées dans les rapports des Nations Unies et du Conseil national marocain des droits de l’Homme (CNDH), dont l’indépendance doit être renforcée, et à continuer à développer une véritable culture des droits de l’Homme.

    100. Comme je l’ai indiqué plus haut, si les autorités marocaines tiennent à convaincre les jeunes sahraouis que leurs aspirations à la liberté et au respect de leur dignité trouveront mieux à se réaliser dans le cadre d’un Maroc véritablement démocratique et pluraliste, elles doivent leur permettre d’exprimer librement leurs opinions et autoriser les groupes de la société civile à s’organiser par eux-mêmes et à participer à la vie publique, y compris au niveau parlementaire. Une action concrète en ce sens pourrait être d’organiser des auditions à Rabat avec la participation d’ONG non enregistrées et de défenseurs des droits de l’Homme.

    101. À mon premier passage dans la région, j’ai entendu deux histoires, deux langages et on m’a présenté deux visions de l’avenir. Parmi les défenseurs des droits de l’Homme que j’ai rencontrés à Laâyoune, Rabat, Tindouf, Genève, Paris et Strasbourg, j’ai ressenti un sentiment d’exaspération croissante devant le statu quo, la violence et la récurrence des violations des droits de l’Homme, surtout parmi les jeunes Sahraouis. Je partage les craintes d’Aminatou Haidar qui voit là un risque de radicalisation et de reprise de la violence.

    102. Les autorités marocaines craignent que les militants islamiques ne fomentent des violences. Elles comptent en outre sur les pêcheries et les mines de phosphate du territoire et ont entamé une campagne de prospection pétrolière. Les pays occidentaux voient dans le Maroc un allié stable dans une région agitée et le règlement du conflit ne les intéresse pas au point de vouloir se pencher sérieusement sur les violations des droits de l’Homme.

    103. Je partage l’avis de ceux qui voient dans le Sahara occidental le parfait exemple des limites de la capacité de la communauté internationale à aider une population à jouir de son droit à l’autodétermination si elle décide de ne pas recourir à la violence et de se conformer aux règles, par exemple par voie de référendum20. Un accord négocié par les Nations Unies a donné, en 1991, à la population du Sahara occidental le droit de choisir son avenir par les urnes : l’indépendance ou le rattachement au Maroc. Malgré plus de 20 ans de négociations politiques, cette population est toujours laissée pour compte, avec des milliers de familles déchirées par le conflit. La déception est grande face à l’action et aux capacités de l’ONU et l’absence de volonté du Conseil de sécurité d’agir avec détermination a mené la situation dans l’impasse.

    104. Pour leur part, les parlementaires marocains estiment que la pratique onusienne dans la résolution des conflits des territoires non autonomes démontre que le recours au référendum reste une exception, dans la mesure où, depuis 1945, seuls 4 cas ont été résolus par un vote référendaire, la grande majorité ayant été solutionnée grâce aux négociations. Ainsi, l’exercice de l’autodétermination ne passerait pas forcement par l’organisation d’un référendum. D’après le Maroc, il s’agit d’un mécanisme qui a déjà été testé au Sahara occidental et a fait preuve de son inapplicabilité et dont le processus d’identification mené pendant plusieurs années n’a pas été concluant. Les parlementaires marocains soulignent également que le caractère tribal et nomade des populations sahraouies rendrait impossible l’opération d’identification.

    105. Depuis 2004, le Conseil de Sécurité des Nations Unies fait référence à la recherche d’une solution politique, négociée et mutuellement acceptable. La proposition marocaine d’un plan offrant une large autonomie au peuple sahraoui ne serait une option acceptable par les représentants du Polisario qu’à condition qu’elle passe par un choix du peuple Sahraoui, à travers un référendum, comme réitéré par M. Addouh, Président du Conseil National Sahraoui, lors de la dernière audition du 7 avril 2014. D’après M. Addouh, « le territoire n’appartient pas au Maroc et, tant que son statut n’est pas défini, le Maroc ne peut pas lui accorder une autonomie sous sa souveraineté ».

    106. J’estime qu’il n’appartient pas à notre Assemblée de soutenir l’une ou l’autre proposition de solution présentées par les deux parties pour mettre fin au conflit, du moment que des négociations à haut niveau sont en cours. Le rapport, en octobre 2014, du Secrétaire Général des Nations unies au Conseil de Sécurité, sera l’occasion d’avoir une première évaluation des négociations. S’il n’y a aucun progrès avant avril 2015, il faudra inviter les membres du Conseil à examiner en profondeur le cadre fixé en avril 2007 pour le processus de négociation.21 A ce propos, je salue et je soutiens les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ross, et je partage son avis sur le fait que la question des droits de l’Homme reste un élément primordial de tout règlement global du conflit. Le respect des droits de l’Homme doit être assuré au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf sans attendre un règlement politique final entre le Maroc et le Front Polisario. À mon avis, le Parlement marocain, le Conseil National Sahraoui ainsi que le Parlement algérien devraient prendre une part plus active et s’impliquer davantage dans la recherche de solutions qui permettraient de faciliter les négociations et consolider la confiance entre les parties au conflit, en soutenant les efforts des Nations Unies.

    107. Il ne peut y avoir de solution au conflit sans confiance mutuelle et je regrette l’absence de dialogue authentique entre les représentants marocains et les Sahraouis militants pour le droit à l’autodétermination de leur population, en tant qu’élus ou en tant que représentants de la société civile (ONG enregistrées ou non). Les initiatives de l’Union Internationale de la Jeunesse Socialiste et du groupe parlementaire du Parti de la Justice et de développement (PJD) à la Chambre des Représentants du Parlement marocain représentent un bon début et j’encourage tous les parlementaires marocains et les autres acteurs de la société civile à suivre cette piste.

    108. À mon avis, la reconnaissance et l’enregistrement des associations aujourd’hui considérées comme « illégales » est une condition préalable à l’instauration du dialogue et permettrait aux autorités marocaines d’avoir des interlocuteurs dans les moments de tension et de révolte. Les libertés d’expression, d’association et de réunion doivent être pleinement garanties et le Parlement marocain, en tant que partenaire de la démocratie auprès de notre assemblée, devrait intensifier ses efforts pour assurer la protection de ces libertés au Sahara occidental.

    109. Je me félicite des invitations marocaines à plusieurs délégations internationales et aux rapporteurs spéciaux des Nations Unies. Les autorités marocaines devraient également autoriser les missions d’enquête d’autres organisations internationales telles que la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples et le Parlement européen ou toute autre instance qui en ferait la demande.

    110. En ce qui concerne la situation dans les camps de Tindouf, l’Assemblée devrait exhorter les autorités du Front Polisario à faciliter, avec l’assistance de l’Algérie, des recensements réguliers ou des enregistrements officiels afin d’améliorer la gestion de l’assistance humanitaire et les conditions de vie des réfugiés, et d’assumer leurs responsabilités pour garantir la sécurité et le respect des droits de l’Homme dans les camps. Toute allégation de violations des droits de l’Homme dans les camps devrait pouvoir être investiguée par une instance indépendante.

    111. En avril 2013, les États-Unis ont, pour la première fois, proposé que les Nations Unies surveillent la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental. Après un lobbying intense, et avec le soutien de la France, le Maroc a mis en échec cette proposition, ce qui a déclenché de nouvelles protestations.

    112. Pour leur part, les parlementaires marocains estiment que l’inclusion du monitoring des droits de l’Homme au mandat de la MINURSO ne serait pas en mesure d’apporter la solution idoine, du fait que la MINURSO se contenterait uniquement de rapporter des faits. En revanche, ils soulignent que le CNDH, organe marocain indépendant, en sus des rapports qu’il soumet régulièrement aux autorités marocaines, émet des recommandations pour aborder la question des droits de l’Homme dans le cadre d’une approche globale. Cependant, les rapports, avis et propositions du CNDH, de même que son règlement interne et ses priorités, sont soumis à l’approbation du Roi du Maroc, lequel désigne également ses membres22. Parmi les membres du CNDH, beaucoup, notamment son président, ont été des défenseurs actifs des droits de l’Homme. Le manque d’indépendance nuit toutefois à la crédibilité des institutions23.

    113. Le 22 octobre 2013, le Parlement européen a adopté le rapport de l’eurodéputé Charles Tannock sur la situation des droits de l’Homme dans la région du Sahel24, rapport qui inclut une section importante sur le Sahara occidental. Ce texte met l’accent sur la nécessité de régler le conflit du Sahara occidental qui freine actuellement l’intégration régionale et il pointe une situation extrêmement préoccupante au Sahel en matière de sécurité, de droits de l’Homme et de développement humain, social et économique. La résolution adoptée encourage les Nations Unies à créer un nouvel organe permanent et impartial en matière de droits de l’Homme qui serait chargé de surveiller et de rendre compte de la situation globale des droits de l’Homme, ainsi que d’enquêter sur les différentes plaintes et demande que cet organe englobe la zone du Sahara occidental contrôlée par le Maroc, les camps de Tindouf ainsi que les autres territoires sous contrôle du Front Polisario. A mon avis, le Maroc devrait prendre en considération une telle proposition qui serait susceptible par la suite de débloquer le statu quo et faciliter l’acceptation d’une solution politique par toutes les parties au conflit.

    114. Le 29 avril 2014, adoptant à l’unanimité la Résolution 2152 (2014), le Conseil de Sécurité des Nations unies a prorogé le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2015 et a demandé aux parties « de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux principes et buts de la Charte des Nations Unies », tout en prenant note « du rôle et des responsabilités des parties à cet égard ».

    115. Pour leur part, les États membres du Conseil de l’Europe doivent redoubler d’efforts dans la recherche d’un règlement à un conflit qui a engendré tant d’années de détresse. Il n’y aura pas de réconciliation sans droit à la vérité et à la justice ni sans solution à l’exil d’une population marginalisée dans les camps de réfugiés, ce que tous les participants aux auditions organisées par la commission ainsi que mes interlocuteurs dans la région n’ont eu de cesse de souligner clairement. Il me semble également nécessaire de renforcer le plan d’action du HCR sur les mesures de confiance et d’intensifier les rencontres des familles séparées du Sahara occidental.

    116. Enfin, il appartient aux parlements et aux gouvernements du Maroc et de l’Algérie d’intensifier leur dialogue sur toute question concernant les droits de l’Homme et la démocratie dans la région, afin de renforcer des relations de confiance favorisée par les échanges comparables à celui qui s’est récemment produit entre les jeunes de l’Union Internationale de la Jeunesse Socialiste.

    117. À ce propos, la conférence régionale organisée par la Commission des questions politiques et de la démocratie à Lisbonne le 8 novembre 2013 sur Les changements politiques en Méditerranée du sud et au Proche-Orient : le rôle des institutions représentatives,avec la participation de présidents et représentants des parlements d’Algérie, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de l’Assemblée nationale constituante de Tunisie, du Conseil National Palestinien et des représentants des forces politiques d’Égypte est une bonne initiative qui devrait être poursuivie au niveau gouvernemental ainsi qu’au niveau des parlements nationaux.

    118. Enfin, selon moi, la mise en œuvre des recommandations qui seront émises par l’Assemblée devraient être prises en considération dans le prochain rapport, prévu en 2015, sur l’évaluation du Partenariat pour la démocratie concernant le Parlement du Maroc (Rapporteur : M. Bogdan Klich, Pologne, PPE/DC). Dans ce contexte, l’Assemblée devrait continuer à faciliter les échanges directs entre les parties concernées. Comme l’ont souligné plusieurs membres de la Commission, ce Partenariat doit devenir un outil permettant de résoudre les problèmes concrets et d’apporter des solutions novatrices aux conflits au long cours, également au moyen de débats parlementaires.

    Annexe I: Programme de la visite à Rabat et Laâyoune

    Mardi 21 mai 2013 – Rabat
    12h20Arrivée de la délégation à Rabat
    13h15Rencontre avec M. Karim Ghellab, Président de la Chambre des Représentants
    14h00Déjeuner offert par M. Mohammed Yatim, Président de la délégation marocaine de partenariat pour la démocratie auprès de l’APCE
    Mercredi 22 mai 2013 – Laâyoune
    8h30Visite de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental)
    10hRencontre avec M. Le Wali de la région Laâyoune, Boujdour-Sakia El Hamra
    12hRencontre avec des organisations non gouvernementales (ONG) de la région et familles des victimes
    13h – 15hRencontre avec M. le Président du Conseil Municipal de Laâyoune et M. le Président de la région, ainsi qu’avec des élus de la région.
    15h30Rencontres organisées par la Rapporteure avec des représentants de la société civile : Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l’homme commises par l’État (ASVDH) Comité de défense du droit à l’autodétermination du Sahara Occidental (CODAPSO) Comité de Soutien au Plan de Résolution Onusien et pour la Protection des Ressources Naturelles au Sahara Occidental (CSPRON) Forum Avenir de la Femme Sahraouie (FAFESA) Équipe Media Comité des familles des 15 disparus Observateur pour la protection de l’enfant et de la femme Association de la Conservation de la mémoire Sahraouie Association pour la protection de la culture Sahraouie Ligue de protection des prisonniers Sahraouis, avec la participation de
    3 avocats
    Jeudi 23 mai 2013 – Rabat
    8h30Rencontre avec M. Mustapha Khalfi, Ministre de la communication, porte-parole du gouvernement
    9h30Rencontre avec M. El Habib Belkouch, Vice-Président du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH)
    11hRencontre avec des représentants du Ministère de la Justice
    12h30Rencontre avec M. Chakib Benmoussa, Président du Conseil économique, social et environnemental
    13hRencontre avec M. Khalihenna Ould Errachid, Président du Conseil Royal Consultatif des affaires sahariennes (CORCAS)
    13h30Déjeuner
    15h – 18hRencontres organisées par la Rapporteure avec des représentants de la société civile au siège d’Amnesty International Maroc : Ligue Marocaine de défense des droits humains (LMDDH) Association Marocaine des droits humains (AMDH) Organisation marocaine des droits humains (OMDH) Association Justice (ADALA) Médiateur pour la démocratie et les droits de l’homme
    19hRencontre avec des représentants du ministère des affaires étrangères et de la coopération
    20hDîner organisé par l’Ambassade de Suisse avec des représentants d’ONG et des milieux académiques marocains
    Vendredi 24 mai – Rabat
    8h15Rencontre avec un représentant de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH)
    9hRencontre avec des membres de la délégation marocaine de partenariat pour la démocratie auprès de l’APCE
    10h45Rencontre avec M. Mohamed Cheikh Biadillah, Président de la Chambre des Conseillers
    12hFin de la visite

    Annexe II : Programme de la visite à Alger et Tindouf

    Dimanche 6 octobre 2013 – Alger
    17h10Arrivée à Alger
    20h00Dîner organisé par M. Thomas Feller, Ambassadeur de Suisse à Alger avec la participation d’un représentant du Comité international de la croix rouge
    Lundi 7 octobre 2013 – Alger et Tindouf
    9hRencontre avec Mme Leyla Ettayeb, Vice-présidente du Conseil de la Nation
    11hRencontre avec M. Mohamed Djemiai, Vice-président de l’Assemblée Populaire Nationale et M. Boualem Bousmaha, Président de la Commission des affaires étrangères, de la coopération et de l’émigration à l’Assemblée Populaire Nationale
    13hDéjeuner offert par le parlement algérien
    15hDépart pour Tindouf
    19hArrivée à Tindouf et départ pour Rabuni, « VIP Guest House », en compagnie de Mme Noueina Dkhil, membre du Conseil National Sahraoui, et de M. Mahmoud Eidda, fonctionnaire du Département des affaires étrangères de la « République Arabe Sahraouie Démocratique »
    20h45Rencontre avec M. Khatri Addouh, Président du Conseil National Sahraoui
    21hDîner offert par le Président du Conseil National Sahraoui
    Mardi 8 octobre 2013 – Tindouf et Alger
    8hDépart pour la Wilaya de Smara
    9hRencontre avec le Wali de Smara
    9h45Visite d’une « daira » (commune) et rencontres avec le Président de la « daira » et les membres du conseil communal
    10h45Visite de la crèche, de l’école primaire et du dispensaire de la « daira »
    12h15Départ pour la Wilaya du Boujdour et rencontre avec la Secrétaire générale de l’Union des femmes
    14hDéjeuner avec Mmes Khadijetou Kehbib, Ouarda Hammoudi, Meyama Selma et Momma Dah, femmes membres du Conseil National Sahraoui
    16hRencontres avec des représentants de la MINURSO, du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, du Programme Alimentaire Mondial et de l’UNICEF
    17hRencontre avec des représentants de l’Association des familles des prisonniers et des personnes disparues (AFAPREDESA)
    17h45Rencontre avec des représentants de l’Association des victimes des mines anti-personnel
    18h30Rencontre avec M. Mohamed Abdelaziz, Président du Front Polisario et de la « République Arabe Sahraouie Démocratique »
    19h30Départ pour l’aéroport de Tindouf et retour à Alger

    1 Doc. 12625.

    2 United Nations, 2013 World Statistics Pocketbook Country Profile: Western Sahara.

    3 CNDH, Rapport préliminaire sur le déroulement du procès des personnes accusées dans les événements de Gdeim Izik, Février 2013.

    4 Rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation concernant le Sahara occidental, 8 avril 2013.

    5 Résolution 2099 (2013), adoptée par le Conseil de sécurité à sa 6951e séance, le 25 avril 2013.

    6 A/HRC/22/47/Add.4 du 27 février 2013.

    7 Rapport d’information fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat français sur « la rive Sud de la Méditerranée, une zone de prospérité à construire », par Mme Josette Durrieu et M. Christian Cambon, Sénateurs, 30 octobre 2013.

    8 Voir Doc. 13244.

    9 A/HRC/22/53/Add.2, rapport au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.

    10 Amnesty International, rapport annuel 2013. Amnesty International a également lancé, au mois de mai 2013, un appel à la libération d’un adolescent de 17 ans, El Hussein Bah, emprisonné à Laâyoune, le Procureur du Roi ayant annulé une précédente décision de libération sous caution. Cinq autres Sahraouis arrêtés pour avoir manifesté en faveur de l’autodétermination auraient été contraints à faire des « aveux » sous la torture et sont maintenant exposés à un procès inéquitable. Le 6 mars 2014, quelque 40 détenus sahraouis de la prison d’Aït Melloul ont entamé une grève de la faim pour protester contre la détérioration de leurs conditions à l’intérieur de la prison.

    11 Voir aussi Human Rights Watch, World report 2013.

    12 Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara, 2007.

    13 Rapport d’information fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat français sur « la rive Sud de la Méditerranée, une zone de prospérité à construire », par Mme Josette Durrieu et M. Christian Cambon, Sénateurs, 30 octobre 2013.

    14 Aboubakr Jamaï et Ali Anouzla, Sahara : Le coût de l’autoritarisme, Lakome, média marocain indépendant, 30 avril 2013.

    15 Ali Elyazghi. “Vivre à Tindouf est inhumain”, Telquel, 5 Octobre 2013.

    16 Communiqué de presse du Groupe de la Justice et du Développement, 7 avril 2014.

    17 Fiche pays du HCR, Algérie, 2013.

    18 Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH), Rapport de mission au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, 2006.

    19 Rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation concernant le Sahara occidental, 8 avril 2013.

    20 Voir Jenn Abelson, Western Sahara: why Africa’s last colony can’t break free – In Global Politics, Playing by the Rules doesn’t Always Help, The Boston Globe, 16 juin 2013.

    21 Rapport du Secrétaire Général des Nations unies au Conseil de Sécurité sur la situation concernant le Sahara occidental, 10 avril 2014.

    22 Dahir (Décret royal), n°1-11-19 du 1er mars 2011.

    23 Voir également fondation Alkarama, Questionnaire sur les Institutions Nationales des Droits de l’Homme et les défenseurs des droits de l’Homme – Contribution d’Alkarama sur le CNDH marocain, 2012.

    24 Résolution du Parlement européen du 22 octobre 2013 sur la situation des droits de l’Homme dans la région du Sahel (2013/2020(INI)).

    Document source :

    #Sahara_Occidental #Maroc #Lilliane_Pasquier #Parlement_européen #Qatargate #Marocgate #Moroccogate #Corruption

  • Union Africaine : Le nouveau président est pro-marocain

    Tags : Union Africaine, Maroc, Sahara Occidental, Comores, RASD,

    Le 36ème Sommet Ordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine s’est ouvert ce samedi 18 février à Addis Abeba en présence du chef de l’État nigérien, Mohamed Bazoum.

    A l’issue de cette Conférence, le dirigeant des Comores Azali ASSOUMANI prend la Présidence tournante de l’UA pour un an, succédant ainsi au sénégalais Macky SALL.

    Quelle est la position des Iles Comores du conflit du Sahara Occidental qui empoisonne les relations au sein de l’organisation panafricaine?

    En vue de répondre à cette question, nous allons faire recours aux documents de la diplomatie marocaine révélés par le hacker français qui a sévi en 2014 sous le pseudonyme de Chris Coleman.

    Une note sur la visite du Ministre Comorien des Affaires Etrangères EL ANRIF Said Hassan le 10 septembre 2014, indique que les Comores « ont toujours apporté un soutien ferme et constant » au Maroc dans la question du Sahara Occidental :

    Visite de travail au Maroc du Ministre Comorien des Affaires Etrangères EL ANRIF Said Hassan
    Rabat, 10 et 13 septembre 2014

    Thèmes d’entretien

    1- Relations bilatérales  :

    ⦁ Se féliciter de l’excellence des relations politiques, empreintes d’amitié et de solidarité, entre le Maroc et les Iles Comores 

    ⦁ Question nationale  : saluer la position des Iles Comores qui ont toujours apporté un soutien ferme et constant à notre cause nationale 

    ⦁ Au niveau de l’Assemblée Générale des Nations Unies  : inciter les Iles Comores a insérer un paragraphe dans leur discours pour louer les efforts consentis par le Maroc ainsi que ses actions entreprises sur la voie de trouver une solution politique au différend régional autour du Sahara 

    ⦁ Les relations politiques devraient être consolidées par un partenariat sectoriel économique et commercial plus étoffé 

    ⦁ Les Iles Comores étant membre de la Commission de l’Océan Indien, qui comprend également Madagascar, Maurice, Seychelles et la Réunion  : examiner la possibilité de conclure un accord commercial entre le Maroc et ce groupement régional

    ⦁ En 2010, un don d’un million de dollars UA a été accordé par le Maroc à l’Union des Comores pour soutenir des projets dans les domaines du tourisme, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche 

    ⦁ En 2012 une aide financière de l’ordre de plus d’un million de dollars US a été octroyée au Comores dans le cadre d’un fond d’urgence 

    ⦁ L’AMCI a conduit un programme quadriennal d’assistance financière pour la période 2009-2012 

    ⦁ Le Maroc exprime sa disponibilité à promouvoir la coopération avec les Iles Comores dans tous les secteurs d’intérêt commun 

    ⦁ Quota actuel des bourses  : 80

    ⦁ Total général des étudiants comoriens actuellement au Maroc est de 441

    ⦁ Effectif des comoriens lauréats du Maroc depuis 1990 est de l’ordre de 577

    2- Situation politique  :

    ⦁ S.E. M. Ikililou Dhoinine est Président des Comores depuis le 26 mai 2011. Les prochaines élections présidentielles aux Comores sont prévues en 2016 (régime  présidentiel et bicaméral)

    ⦁ Le Gouvernement des Comores a rejeté le référendum organisé par les autorités françaises sur la départementalisation de l’Ile de Mayotte, le 29 mars 2009. Moroni a dénoncé la tenue de la consultation référendaire tout en rappelant que l’ONU, la Ligue des Etats Arabes, l’OCI, l’Union Africaine et le Mouvement des Non Alignés reconnaissent l’appartenance de Mayotte aux Comores

    ⦁ Le 31 mars 2011, Mayotte est devenue officiellement le 101ème Département français et le 5ème d’Outre-mer, avec la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane.

    ⦁ En marge du 4ème Sommet de la Commission de l’Océan Indien qui s’est tenu, le 23 août 2014, aux Comores, la question de la souveraineté de Mayotte s’est invitée dans les discussions entre Moroni et Paris. Le Président comorien a directement interpellé le Président français à ce sujet, espérant « un dénouement heureux, conformément aux résolutions des Nations unies ».

    —————————————————-

    Selon ce rapport sur sa mission dans ce pays, le directeur général de l’Agence Marocaine de Coopération Internationale, Abderrahim Kadmiri, le Maroc a financé « entièrement » la construction de deux résidences universitaires à la capitale comorienne :
    Ma mission au Comores .

    Boîte de réception
    Abderrahim Kadmiri a.kadmiri@maec.gov.ma
    00:26 (Il y a 6 heures)

    À SALAHEDDINE, moi
    J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que j’ai co-présidé ce jour, dimanche, à Moroni, en présence des ministres de l’Education Nationale (lauréat du Maroc) et des affaires étrangères comoriens, la cérémonie officielle des remises des clefs des deux résidences universitaires, entièrement financées par l’AMCI.

    Dans leurs allocutions devant une assistance, composée des dignitaires comoriens tant religieux que locaux ainsi que des anciens étudiants au Maroc, les deux ministres ont exprimé, au nom de leur chef de l’État leur gratitude et sincères remerciements a Sa Majesté le Roi, Que Dieu l’Assiste, pour l’égard et l’attention que Son Auguste personne ne cesse d’accorder à l’Union des Comores, depuis son accession au trône de ses glorieux ancêtres.

    A cet effet, le gouvernement comorien a émis le souhait pour que lesdites résidences portent le nom de notre Auguste Souverain. (Une lettre officielle s’y rapportant adressée a notre Ministre m’a été remise )

    Aussi, le MAE comorien s’est-il félicité publiquement de la dotation dont bénéficie son pays de la part du Royaume, à travers l’AMCI, tout en expriment son souhait de pouvoir effectuer une visite officielle à Rabat, si possible avant la fin de l’année en cours.

    À mon tour, j’ai mis en exergue l’excellence des relations exemplaires, unissant nos deux pays et la convergence dans nos positions sur le plan international.

    Il est à signaler, d’autre part, qu’à mon arrivée hier à Moroni, j’ai eu droit à une audience qui m’a été accordée, à sa demande, par le vice-président de la République M. Bourhane. Ce dernier a tenu à m’exprimer, au nom du Président (absent de la capitale), sa reconnaissance à l’égard de notre département, représenté par l’agence et a bien bien voulu, à sa propre initiative me réitérer  » la position inaliénable de son pays quant a notre cause nationale  » .

    Mon interlocuteur estime par conviction « défendre la légalité internationale par son soutien au Maroc ».

    J’ai aussitôt remercié M. Bourhane pour son appui à l’endroit de notre pays, tout en lui renouvelant nos engagements de solidarité et de raffermissement de nos rapports fraternels avec l’Union des Comores.

    Par ailleurs, il ne serait pas vain de signaler que mon court séjours a Moroni (24h) était l’occasion indiquée pour tenir une réunion avec les représentants du groupement des comoriens, lauréats du Maroc, comptant principalement dans ses rangs:

    -le commandant en chef de la gendarmerie nationale
    -le chef d’escadron présidentiel
    -l’instructeur Près L’État major de l’armée nationale,
    -en plus de l’actuel ministre et le sg du ministère de l’éducation nationale
    -le sg du ministère des AE ainsi qu un millier de hauts cadres exerçant dans différents départements ministériels.

    Au terme de cette rencontre, la décision a été prise pour que ledit groupement prenne, vite, forme d’association locale, regroupant l’ensemble des lauréats du Maroc et que ses activités soient désormais menées en coordination avec l’Amci.

    Respectueusement.

    Abderrahim Kadmiri

    ————————————————————-

    L’ambassadeur des Comores fait partie de la liste d’ambassadeurs africains à Addis Abeba visés par un pot-de-vin marocain de 5000 euros :

    Les Comores ont soutenu la dénommée « déclaration sénégalaise » visant à empêcher l’Union Africaine de débattre sur le conflit sahraoui :

    D’autres documents confidentiels citant les Comores :

    #Maroc #Union_Africaine #Sahara_Occidental #Comores

  • Western Sahara : The Troika effects on other crises

    Tags : Western Sahara, African Union, PSC, AUC, Morocco, Algeria, UNO, SADR,

    How the latest AU decision on Western Sahara could affect other crises

    At its 31st summit in Nouakchott, Mauritania the African Union (AU) decided to limit its own peace efforts in the Western Sahara in order to support the process led by the United Nations (UN). This support will be through a troika of heads of state, together with the AU Commission (AUC) chairperson. The move is a big win for Morocco, which believes the AU-led efforts are biased. However, it could set a precedent for other AU member states that disapprove of AU interventions.

    Morocco’s return to the AU and subsequent election to the Peace and Security Council (PSC) in January 2018 has brought a new dimension to the AU’s approach to the crisis in Western Sahara. In the past, the AU usually described this as a ‘decolonisation’ issue and accepted the Sahrawi Arab Democratic Republic (SADR) as a member. This membership is still seen by Morocco as proof that the organisation is not impartial.

    Morocco has often objected to the way the PSC – at the level of ambassadors in Addis Ababa – continues to call for the territory’s independence.

    The AU’s decision in July 2018 to fully support the UN process in order to resolve tensions between member states could therefore be seen as a victory for Morocco. The assembly appealed to the parties in the conflict ‘to urgently resume negotiations without pre-conditions and in good faith under the auspices of the Secretary-General of the UN, whose Security Council is seized of the matter’.

    This decision is also in line with the outcome of the UN meeting in April 2018 that urged member states to support the UN peace process, which involves negotiations between the parties.

    Some view the 31st summit decision on Western Sahara as a compromise to prevent the deterioration of the relationship between Morocco’s allies and staunch supporters of Western Sahara such as Algeria, South Africa and other countries in Southern Africa. Keeping the discussions out of the PSC could be a way to avoid confrontation.

    However, the decision has serious implications for the PSC, owing to the precedent it sets for other member states.

    Reversal of prior AU decisions

    The latest decision to provide decisive support to the UN process is a reversal of the AU’s January 2018 decision, which called for ‘joint AU and UN facilitated talks for a free and fair referendum for the people of Western Sahara’.

    The new decision also states that the AU will engage the issue mainly at the level of the newly established troika, which is made up of the outgoing, current and incoming AU chairpersons and the AUC chairperson. The troika will provide support to the UN process and report directly to the AU Assembly and, if need be, the PSC, but only at the level of heads of state.

    The decision nullifies the ad hoc committee of heads of state on Western Sahara that was established in 1978, during the early years of the violent confrontations. The Nouakchott decision also makes no mention of the AU high representative for Western Sahara, currently the former president of Mozambique, Joaquim Chissano.

    Precedent for other member states

    This latest Western Sahara decision is crucial for the AU and the PSC because, for the first time, the AU has taken a formal decision to limit the PSC’s involvement in a crisis in Africa. Since the re-launch of the continental body as the AU in 2002 and the operationalisation of the PSC in 2004, the PSC has seen itself as a major player in every security issue on the continent.

    In line with the PSC Protocol, conflict situations on the continent are discussed by the 15-member PSC at all levels. Most of the time it is at the level of the Addis Ababa-based permanent representatives, who meet regularly on security issues irrespective of whether the peace processes are led by other intergovernmental organisations.

    For instance, the PSC has engaged on several issues, including the situations in Libya, the Democratic Republic of Congo (DRC) and South Sudan, where the UN and sub-regional actors play dominant roles. While the AU may play a minimal role in a peace process, the PSC’s discussions complement mainstream processes, thereby enabling the AU to fulfil its day-to-day conflict management role.

    While the PSC has shied away from discussing certain emerging security threats such as Cameroon and Zimbabwe owing to political pressure from member states, no formal decision was ever made in this regard. As a result, nothing prevents the PSC from putting it on the agenda of its deliberations at ambassadorial level in future.

    Impact on the PSC working methods

    The assembly’s decision to limit the PSC’s role in Western Sahara to heads of state could negatively impact the council’s working methods. PSC summits at the level of heads of state take place only once or twice a year and are usually scheduled to discuss a burning crisis situation. The past few summits since 2016 have been devoted to the situation in South Sudan.

    This means that the Western Sahara issue may not make it to the PSC summits and, even if it does, there may not be binding decisions, given that the AU is meant to support the UN process.

    The implications for other issues are evident. In future, member states that disagree with the PSC’s involvement could insist on a UN process with the support of heads of state. This not only affects the working methods of the PSC but could also undermine its relevance in addressing certain security threats on the continent.

    Limits of the AU troika

    Experience also shows that committees of heads of state often lack the political will to deal with crises. Besides, the troika of former, current and future AU chairs is a notion that is not inscribed in the AU Constitutive Act and it has no real powers outside the AU Assembly. Similar high-level committees were set up in the past to address conflicts in Libya, Burundi and South Sudan, but failed to record any major milestones in either setting the agenda for peace or effectively resolving the crises in those countries.

    Going forward, the AUC chairperson has a responsibility to include the issue of Western Sahara on the agenda of the AU Assembly and PSC summits of heads of state. This includes developing a roadmap for the AU troika to meet regularly to urge the UN to accelerate efforts to resolve one of Africa’s long-running crises.

    Source

    #Western_Sahara #Morocco #African_Union #AUC #PSC #SADR #Algeria

  • Président Bouteflika : « Je ne suis pas Jésus Christ »

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Abdelaziz Bouteflika,

    Câble dans lequel l’Algérie exclut une confrontation avec le Maroc
    Le président Bouteflika assure, lors d’une réunion en 2005, que la question du Sahara ne conduira pas à un « casus belli ».

    Destination : Cet enregistrement est un extrait partiel du câble original. Le texte complet du câble original n’est pas disponible.

    1. (C) Résumé. Commission des affaires étrangères du Sénat

    Le président Richard Lugar, accompagné de l’ambassadeur, du commandant suprême des forces alliées en Europe, le général James Jones, et des membres de sa délégation ont rencontré le président Abdelaziz Bouteflika le matin du 18 août. Après la réunion, le sénateur Lugar et sa délégation sont partis pour Tindouf afin de superviser la libération des 404 derniers prisonniers de guerre marocains détenus par le Polisario.

    M. Lugar a exprimé son appréciation des efforts de M. Bouteflika pour créer un nouvel élan en vue de résoudre le conflit du Sahara occidental. M. Bouteflika a rappelé l’engagement qu’il avait pris envers le président Bush en 2001 de soutenir James Baker, notant qu’il l’avait fait et avait accepté le plan Baker, mais que lorsque M. Baker a démissionné, il avait laissé un vide qui n’avait pas été comblé.
    Bouteflika a réitéré son assurance que le Sahara occidental ne serait pas un casus belli pour l’Algérie, mais a déclaré que le Polisario avait le droit de reprendre le combat « sur son propre territoire » s’il choisissait de le faire. M. Bouteflika a insisté sur le fait que l’Algérie respecterait le résultat d’un référendum, quel qu’il soit, mais qu’elle ne serait pas partie aux négociations avec le Maroc au nom des Sahraouis. Bouteflika s’est vivement plaint de l’annulation à la dernière minute par le Maroc d’une rencontre prévue avec le roi Mohammed à Rabat en juin par le Premier ministre Ouyahia, déclarant qu’il ne pouvait accepter de « traiter les relations diplomatiques d’une manière aussi irresponsable ». Faisant référence aux conseils des présidents Bush et Chirac qui lui ont demandé de tenir compte de la jeunesse du roi Mohammed, M. Bouteflika a déclaré : « Je ne suis pas Jésus-Christ et je ne tendrai pas l’autre joue. » L’Algérie est prête à discuter des « intérêts objectifs » avec le Maroc, mais seulement si les Marocains sont « sérieux ».

    Le sénateur Lugar a noté que le président Bush lui avait demandé d’entreprendre cette mission humanitaire, ajoutant que les États-Unis souhaitaient que l’Algérie et le Maroc rouvrent la frontière terrestre et renouent le dialogue au plus haut niveau. Bouteflika pense-t-il que les Marocains ont compris sa position sur un référendum ? Bouteflika a déclaré que le Sahara occidental était à l’ordre du jour de l’ONU depuis les années 1970. L’Algérie est favorable au respect du droit international et défend le droit à l’autodétermination, mais n’acceptera pas d’être un partenaire de négociation sur le sort du Sahara occidental avec la France, l’Espagne, le Maroc ou les Etats-Unis.

    MISSION DE LUGAR

    (U) Le sénateur Richard Lugar, président du Sénat chargé des relations extérieures, et sa délégation, qui comprenait le général James Jones, commandant suprême des forces alliées en Europe, se sont rendus en Algérie les 17 et 18 août dans le cadre d’une mission présidentielle visant à superviser la libération des 404 derniers prisonniers de guerre marocains détenus par le Front Polisario à Tindouf. Le sénateur Lugar, l’ambassadeur, le général Jones et les membres de la délégation de Lugar ont rencontré le président Abdelaziz Bouteflika pendant deux heures et demie le matin du 18 août avant de s’envoler pour Tindouf. Le DAS Gray de l’AEN, le général Gration de l’EUCOM J-5, le directeur du NSC Pounds et le DCM ont également assisté à la réunion, au cours de laquelle Bouteflika était entouré du chef d’état-major présidentiel Belkheir, du chef de la défense le général Gait Saleh, du président du Conseil de la nation Bensalah et du ministre délégué aux affaires maghrébines et africaines Messahel. Septel rapporte que Lugar et Bouteflika ont discuté des relations entre les États-Unis et l’Algérie et d’un certain nombre de questions régionales.

    UNE MISSION HUMANITAIRE

    3. (C) Le sénateur Lugar a commencé par transmettre les salutations du président Bush, qui a pleinement soutenu la mission humanitaire visant à obtenir la libération des prisonniers de guerre marocains. L’initiative prise par Bouteflika devrait créer de nouvelles opportunités pour l’Algérie et le Maroc et développer un élan vers la résolution du conflit du Sahara Occidental. Lugar a noté la nomination d’un nouvel envoyé personnel, van Walsum, comme un signe positif du soutien de l’ONU. Bouteflika a chaleureusement accueilli le sénateur Lugar et sa délégation, ajoutant qu’il était conscient de la capacité du sénateur à trouver un consensus. M. Bouteflika a déclaré qu’il était conscient que la rencontre prévue entre M. Lugar et le chef du Polisario à Tindouf suscitait quelques inquiétudes à Washington, mais qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter puisqu’il s’agissait d’une mission strictement humanitaire. Les Sahraouis, a-t-il dit, parleront de leurs préoccupations, mais cela ne devrait « offenser personne du pays de Washington et de Wilson », le leader d’une guerre d’indépendance et le père fondateur de l’idée d’autodétermination.

    4) (C) Bouteflika se souvient de sa première rencontre avec le Président Bush en 2001, lors de laquelle le Président lui avait demandé s’il était prêt à travailler avec James Baker. Bouteflika avait promis au Président qu’il travaillerait en coopération avec Baker et l’avait fait (en acceptant le plan Baker et en le faisant accepter par le Polisario) jusqu’à la démission de Baker. La démission de Baker a laissé un vide dans le processus de règlement qui n’a toujours pas été comblé. Bouteflika a fait l’éloge de Baker pour sa capacité à voir les besoins des deux parties, le Maroc et le Polisario. Baker « représentait les valeurs américaines que nous admirons ».

    LE SAHARA OCCIDENTAL N’EST PAS UN CASUS BELLI, MAIS LE POLISARIO A LE DROIT DE SE BATTRE

    5. (C) Rappelant l’accord de Houston négocié par Baker avec le Maroc et le Polisario, M. Bouteflika a déclaré qu’il n’était pas encore en politique à l’époque. Mais à l’époque, il avait estimé que l’accord était imparfait parce qu’il ne fixait pas de date limite pour sa mise en œuvre. Il a déclaré que s’il avait été le Polisario, il aurait signé l’accord mais aurait insisté sur le droit de prendre les armes après six mois ou un an s’il n’était pas appliqué. Le Polisario paie maintenant le prix pour ne pas avoir insisté sur un délai.

    6. (C) M. Bouteflika a déclaré que lorsqu’il est devenu président en 1999, il a pris une position qui n’était pas complètement acceptée à l’époque par l’armée et les services de renseignement, à savoir que le Sahara occidental ne serait jamais un casus belli pour l’Algérie. Le Polisario ne peut pas entraîner l’Algérie dans une guerre, a-t-il souligné. Mais s’ils décidaient de se battre « sur leur propre territoire », ce serait leur décision. S’ils le faisaient, ils ne seraient pas autorisés à se battre au Sahara occidental et à revenir ensuite en Algérie comme base.

    LE MAROC DOIT RETOURNER À L’ONU

    7. (C) M. Bouteflika a déclaré qu’il avait exhorté le Maroc à revenir dans le cadre de l’ONU. Lorsque l’Irak a envahi le Koweït, la communauté internationale s’est mobilisée, mais le Sahara occidental a été considéré comme une « simple question tribale » alors qu’il avait été une colonie espagnole. Bouteflika a critiqué l’Espagne, affirmant que les socialistes espagnols n’avaient pas été honnêtes avec les Sahraouis. De temps à autre, l’Espagne a proposé à l’Algérie d’entamer des négociations avec la France, le Maroc et l’Espagne pour résoudre le conflit. L’Algérie, cependant, n’a aucune revendication sur le Sahara occidental et ne négociera pas au nom des Sahraouis. M. Bouteflika a souligné qu’il ne faisait que prôner l’autodétermination, un principe inscrit dans la Charte des Nations unies. Le Maroc souhaite améliorer ses relations avec l’Algérie, mais cette dernière ne répondra que si le Maroc accepte de revenir dans le cadre des Nations unies. La seule chose que l’Algérie demandait au Maroc était d’accepter les résolutions du CSNU et le droit international. C’est mon espoir le plus sincère, a déclaré M. Bouteflika.

    L’ALGERIE ACCEPTERA LE RESULTAT DU REFERENDUM

    8. (C) M. Bouteflika a déclaré qu’il était prêt à signer un document engageant l’Algérie à accepter le résultat d’un référendum, quel qu’il soit. Il a dit qu’il était conscient qu’un référendum était une « boîte de Pandore », mais que l’Algérie accepterait le résultat. L’Algérie défendra le droit à l’autodétermination, même si elle est le dernier État membre des Nations unies à le faire.

    « JE NE SUIS PAS JESUS CHRIST »

    9. C) Selon M. Bouteflika, les relations bilatérales avec le Maroc ont commencé à prendre de l’ampleur au début de l’année. Le Premier ministre Ouyahia était prêt à se rendre à Rabat avec une importante délégation. Il existe de nombreux accords bilatéraux avec le Maroc datant des années 1960 et ils ont sérieusement besoin d’être révisés. Les Marocains ont informé Bouteflika que le roi Mohammed recevrait Ouyahia et sa délégation. Puis, à peine une heure plus tard, les Marocains ont déclaré que « les circonstances n’étaient pas favorables » à la visite, alors qu’elle avait été préparée des mois à l’avance. Bouteflika a souligné qu’il ne pouvait pas accepter de traiter les relations diplomatiques « d’une manière aussi irresponsable. » Le Maroc sera toujours le voisin de l’Algérie, aucun des deux pays ne bougera et ils doivent s’entendre. Mais il était inacceptable de traiter des questions sérieuses d’une « manière infantile ». M. Bouteflika a déclaré que lors de ses discussions avec les présidents Bush et Chirac, entre autres dirigeants, on lui a dit que le roi était jeune alors qu’il était un diplomate chevronné. Mais, a-t-il dit, « je ne suis pas Jésus-Christ » et je ne tendrai pas l’autre joue.

    10. (C) Bouteflika a rappelé qu’il était né au Maroc et qu’il connaissait très bien ce pays. Le Maroc a beaucoup à gagner de la réouverture de la frontière terrestre, car le nord-est du Maroc dépend du commerce avec la région d’Oran en Algérie. Même avec la frontière fermée, le Maroc gagne trois milliards d’euros par an grâce à la contrebande, a-t-il affirmé. Les deux pays ont objectivement intérêt à ce que leurs relations s’améliorent, mais si les Marocains veulent discuter de la normalisation de leurs relations, ils doivent être sérieux quant à la manière dont ils traitent l’Algérie.

    11. (C) Abordant la question de l’Union du Maghreb arabe, M. Bouteflika a déclaré que si les Libyens organisaient un sommet, il y assisterait afin d’en faire un succès, et non pour mettre quelqu’un dans l’embarras. Dès que le Maroc reviendra dans le cadre de l’ONU pour le Sahara occidental, l’Algérie s’engagera dans les relations bilatérales et l’UMA.

    LES ÉTATS-UNIS ESSAIENT DE FAIRE CE QU’IL FAUT

    12. (C) Le sénateur Lugar a déclaré que les Etats-Unis ont essayé d’agir d’une manière conforme aux valeurs démocratiques des droits de l’homme et du respect du droit à l’autodétermination que Bouteflika avait mentionnées. Les États-Unis ont agi même lorsque leurs propres intérêts nationaux n’étaient pas directement engagés, lorsque c’était la bonne chose à faire. C’est dans ce contexte que le Président Bush a demandé au Sénateur d’entreprendre cette mission. Le Président respectait l’initiative de Bouteflika d’obtenir la libération des prisonniers et cherchait des moyens d’améliorer les relations algéro-marocaines. Les États-Unis estiment que les deux pays devraient rouvrir leur frontière et renouer le dialogue au plus haut niveau. Les États-Unis veulent travailler avec l’Algérie pour voir comment ils peuvent faire la différence.

    13. (C) Le sénateur Lugar a demandé si M. Bouteflika pensait que le gouvernement marocain comprenait sa position selon laquelle l’Algérie soutiendrait les résultats d’un référendum, quels qu’ils soient ? La question de savoir qui aurait le droit de vote est-elle toujours une question importante ? Quelles sont les autres questions principales ? Bouteflika a déclaré que le Sahara occidental n’était pas une question nouvelle pour l’ONU. Baker a fait un très bon travail, et l’UNSYG dispose d’une liste complète des électeurs dans un référendum. L’Algérie acceptera les résultats d’un référendum, mais cela ne signifie pas qu’elle « cautionnera les combines marocaines ». Le Sahara Occidental est à l’ordre du jour de l’ONU depuis les années 1970, en même temps que le Brunei, le Suriname, et le Belize, qui sont tous indépendants depuis longtemps. L’Algérie est favorable au respect du droit international. Elle n’accepterait pas d’être un partenaire de négociation sur le Sahara occidental avec la France, l’Espagne, le Maroc ou les États-Unis, mais l’Algérie défendrait le droit à l’autodétermination.

    Source : Wikileaks

  • Sahara: Madrid reconnaît ne pas avoir mesuré les conséquences de sa décision

    Sahara: Madrid reconnaît ne pas avoir mesuré les conséquences de sa décision

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Espagne, Algérie, Pedro Sanchez,

    Le ministère dirigé par Reyes Maroto a encouragé les entreprises touchées par la fermeture commerciale décrétée par l’Algérie en représailles au tournant copernicien dans le conflit du Sahara occidental à « changer de pays ».

    Un an après la lettre qui a mis en scène le tournant copernicien dans le conflit du Sahara occidental, le gouvernement admet pour la première fois qu’il n’a pas mesuré les conséquences qu’une décision de politique étrangère espagnole annoncée par la Maison royale marocaine pourrait avoir sur les relations commerciales avec l’Algérie, jusqu’alors principal partenaire gazier du pays. Le slogan est désormais de tout miser sur la carte du Maroc.

    Comme l’a appris El Independiente, cette reconnaissance est le message clair que les hauts fonctionnaires du ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme – toujours dirigé par Reyes Maroto, pourtant candidat du PSOE à la mairie de Madrid – ont transmis à certains des hommes d’affaires espagnols touchés par la crise avec Alger. En juillet dernier, le régime d’Abdelmadjid Tebboune a rompu unilatéralement le traité de bon voisinage et imposé un blocus sur les opérations de commerce extérieur avec l’Espagne, en représailles au changement de position historique de Moncloa dans le conflit sur le Sahara occidental, l’ancienne colonie espagnole qui, après 47 ans d’occupation marocaine, est le dernier territoire d’Afrique à être décolonisé.

    « Les conséquences n’auraient pas pu être prévues ».

    Lors de l’une des réunions organisées au ministère, les entreprises espagnoles basées de l’autre côté de la Méditerranée – pour la plupart des petites et moyennes entreprises réparties sur tout le territoire – ont reçu comme réponse, après des mois d’incertitude, que de la part de l’exécutif « elles ne pouvaient pas savoir ou prévoir les conséquences » d’une décision qui reconnaît le plan marocain d’autonomie pour le Sahara comme « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible » pour la résolution du conflit, réactivé par la fin du cessez-le-feu du Front Polisario en novembre 2020.

    Ces déclarations sont considérées par les milieux d’affaires participants comme la confirmation que le changement – une action unilatérale du PSOE, sans le soutien de l’aile violette de la coalition gouvernementale ni le soutien parlementaire – est « une démarche politique pour satisfaire les exigences du Maroc sans tenir compte des dommages que cela pourrait entraîner pour les relations avec l’Algérie ». Selon des sources consultées par ce journal, les pertes accumulées par les entreprises espagnoles ayant des activités en Algérie dépassent aujourd’hui 600 millions d’euros, un gouffre qui – sans aucun signe de résolution rapide – accumule chaque jour de nouveaux chiffres rouges.

    En 2021, les exportations de l’Espagne vers l’Algérie se sont élevées à 2,7 milliards d’euros, contre près de 9,5 milliards d’euros pour les exportations vers le Maroc. Un chiffre que le ministère évoque pour illustrer le déclin progressif des ventes vers Alger, produit des obstacles bureaucratiques et du refroidissement des relations commerciales. Une stratégie qui a été clairement exposée lors de la réunion de haut niveau entre l’Espagne et le Maroc, qui s’est tenue à Rabat. Malgré la rebuffade de Mohamed VI à l’égard de Pedro Sánchez, les deux pays ont signé une vingtaine de protocoles d’accord dans divers secteurs et un protocole financier de 800 millions d’euros pour faciliter les investissements espagnols dans le pays du Maghreb. En échange, un engagement réciproque a été pris de « ne pas s’offenser » en matière de souveraineté.

    Parier sur le Maroc, la stratégie de la Moncloa

    Un plan qui consiste à profiter des investissements lancés à Rabat pour attirer les investissements privés. Parmi les projets en quête d’un partenaire étranger figure l’achat à court terme de quatre-vingts à cent nouveaux trains, pouvant atteindre une vitesse de 200 km/heure, pour un coût d’environ 839 millions d’euros. Talgo et Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) ont manifesté leur intérêt pour l’appel d’offres, dont le résultat devrait être rendu public au cours du premier semestre 2023.

    L’extension de la ligne à grande vitesse vers les villes méridionales de Kenitra et Marrakech, avec un budget de 3,8 milliards d’euros, qui se connecterait à la ligne actuelle reliant Tanger et Casablanca, est également intéressante. Dans les deux cas, l’Espagne devra faire face à une forte concurrence de la France, déjà implantée dans le pays, et de la Chine.

    Un autre secteur où, si l’instabilité historique des relations hispano-marocaines le permet, des opportunités s’ouvrent est celui de la construction d’usines de dessalement, à commencer par celle de Casablanca, qu’Acciona et des entreprises locales aspirent à construire. L’objectif final est de doubler le nombre actuel d’usines de dessalement – à peine neuf – en sept ans.

    Les entreprises concernées contredisent le gouvernement

    Les entreprises concernées par la fermeture du marché algérien, dont le chiffre d’affaires se situe entre 2 et 12 millions d’euros, ne partagent pas l’analyse de la nécessité d’opter pour l’un des deux marchés. « Nous transmettons notre désaccord total avec les raisons invoquées et corrigeons leur conclusion. Nous devons faire une lecture correcte des causes, comme la pandémie de covidés et les graves problèmes politiques internes causés par le changement de président. Tout cela a contribué à un refroidissement significatif de l’économie algérienne, la seule et principale cause directe de la réduction des importations en provenance d’Algérie au niveau général et non spécifique au marché espagnol », souligne l’un des hommes d’affaires présents à la réunion. Ils soulignent également que le montant des exportations vers le Maroc n’inclut pas le pourcentage représenté par la revente de gaz depuis l’Espagne.

    Lors de la réunion, les personnes concernées ont fait part à leurs interlocuteurs de l’extrême faiblesse de certaines des entreprises, qui dépendent entièrement de leurs affaires avec le pays arabe. Ils ont trouvé la réponse du gouvernement déconcertante. « Ils nous ont littéralement dit que nous n’aurions pas dû mettre tous nos œufs dans le même panier, alors que dans de nombreux cas, nous sommes entrés sur le marché algérien avec le soutien de l’administration espagnole », se sont plaintes les entreprises. Lors d’une conversation téléphonique, plusieurs semaines après la réunion susmentionnée, le ministère de Reyes Maroto n’a apporté aucune solution, dénoncent les hommes d’affaires.

    Interrogé par les entreprises, qui ont même suggéré une rectification du ministère des affaires étrangères qui pourrait ouvrir la voie, le ministère s’est limité à admettre que la situation avec l’Algérie, qui affecte tous les domaines d’interlocution, est « compliquée à résoudre ». L’Espagne, soulignent les hommes d’affaires, a décidé de sacrifier sa relation stratégique avec l’Algérie – que l’Italie occupe sans cérémonie. « Nous trouvons ses commentaires frustrants. Il montre un manque d’empathie pour les entreprises qui ont investi des efforts, du dévouement et des ressources depuis 1999 dans l’ouverture et la consolidation d’un marché aussi particulier et exigeant que l’Algérie. S’il n’y est pas remédié, nous serons condamnés à perdre notre position stratégique en Algérie, à devoir repartir de zéro avec la perte d’un marché où nous sommes déjà établis », soulignent-ils.

    Ces lamentations ont trouvé une justification peu enthousiaste dans les bureaux du ministère. Ils insistent sur le fait que « les intérêts commerciaux avec le Maroc sont plus importants que ceux de l’Algérie » et préviennent que le gouvernement n’est pas prêt maintenant à « apporter des corrections qui pourraient, dans ce cas, compromettre les relations commerciales avec le Maroc en toutes circonstances ». Un engagement que les responsables de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme ont accompagné d’une suggestion : « changer de pays ».

    Les milieux d’affaires soulignent également la passivité du département dirigé par M. Maroto, qui n’a pas encore précisé quand il quittera le ministère pour se rendre à la campagne des élections municipales en mai prochain. Ils se méfient même des informations qu’ils ont reçues de Madrid, qui contrastent avec l’ambiance dans les bureaux à Alger et ce que transmet l’ambassade d’Espagne dans la capitale algérienne. « Il n’y a pas la moindre négociation », affirment les entreprises, qui sont confrontées au scénario de la résiliation du contrat.

    Parmi les promesses qui sont tombées dans l’oreille d’un sourd, il y a l’engagement du ministère d’accorder des aides aux personnes touchées pour tenter de surmonter la tempête. La douzaine d’entreprises participant à la réunion de mardi chiffrent à elles seules les pertes à environ 150 millions d’euros, la plupart étant des PME réalisant entre 2 et 12 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Il n’y a rien », se plaignent-elles. L’ »immobilisme » et l’ »abandon » conduiront à la formation d’une association des personnes concernées dans les prochains jours. « Ce que nous leur avons dit, c’est que nous n’acceptons pas que ‘nous ne pouvions pas savoir’ la réaction de l’Algérie. Maintenant, ils le savent déjà », répondent-ils.

    Source

    #Algérie #Espagne #Maroc #Sahara_Occidental #Pedro_Sanchez

  • بطاقة مغربية مختصرة حول القضية الصحراوية في مجلس حقوق الإنسان 

    الدبلوماسية المغربية المغرب    الصحراء الغربية     حقوق الانسان   

    بطاقة مختصرة حول القضية الوطنية في مجلس حقوق الإنسان

    بدل المغرب مجهودا دبلوماسيا استثنائيا منذ تأسيس مجلس حقوق الإنسان سنة 2006 الذي تزامن مع بداية الحملة الشرسة لأعداء الوحدة الترابية للمملكة وتركيزهم على موضوع حقوق الإنسان، وقد بلغ هذا المجهود ذروته في السنوات الأخيرة بعد اتخاذ قرار الترشيح لعضوية المجلس للمرة الثانية والذي كلل بالنجاح رغم كل المناورات والدسائس السياسية التي لجأت إليها الجزائر من أجل إفشال الترشيح المغربي.

    بالموازاة مع مواصلة المغرب تنفيذ التزاماته الإرادية المترتبة على انتخابه كعضو في المجلس، وضعت الدبلوماسية المغربية القضية الوطنية والدفاع على مصالح المغرب في هذا الإطار هدفا وأولوية قصوى وذلك ضمن إستراتجية محكمة ترتكز على عدة نقط أساسية منها:

    أولا: التصدي، وبحزم، لجميع محاولات الجزائر الترويج لادعاءاتها حول انتهاك حقوق الإنسان في الأقاليم الجنوبية. فكما تعلمون فإن الجزائر انتهجت سياسة عدائية ضد المغرب وصلت ذروتها خلال الدورتين الأخيرتين للمجلس حيث أصبحت تتطرق لوحدها بين جميع أعضاء المجلس والأعضاء الملاحظين، لمسألة حقوق الإنسان في أغلب النقط المدرجة على جدول أعمال المجلس وبأسلوب عدواني. وفي كل مرة كان المغرب يرد على ادعاءات الجزائر نقطة بنقطة ولكن بأسلوب مختلف وحضاري مبني على حقائق سواء عن الواقع في الأقاليم الجنوبية أو الوضع في مخيمات تندوف أو حقوق الإنسان في الجزائر نفسها.

    وقد مكن هذا التصدي الحازم بلادنا من تسجيل عدة مكتسبات على رأسها:

    تكريس فكرة ثنائية ملف الصحراء بين المغرب والجزائر؛

    التكذيب المتواصل لأطروحات الجزائر والبوليساريو حول حقوق الإنسان ؛

    جعل الجزائر في موقع الدفاع بعد التطرق إلى الوضعية الحقوقية في البلاد؛

    فضح تناقض الجزائر بخصوص دورها كملاحظ فقط في قضية الصحراء.

    ثانيا: إثارة الانتباه إلى وضعية حقوق الإنسان في مخيمات تندوف مع تحميل الجزائر المسؤولية الكاملة في ذلك، وقد لجأ المغرب تلقائيا إلى التطرق إلى هذا الموضوع كلما سمحت الفرصة بذلك سواء خلال المناقشات العامة والمفاوضات حول القرارات المختلفة أو من خلال تنظيم لقاءات وندوات موازية بمساهمة المجتمع المدني المغربي والجمعيات الحقوقية الدولية.

    ثالثا: التعريف بالمبادرة المغربية للحكم الذاتي التي تحاول الجزائر أيضا بكل الوسائل إقبارها من خلال التركيز على موضوع حقوق الإنسان. و في هذا الإطار نظم المغرب عدة ندوات بمشاركة فاعلين دوليين خصصت لشرح مختلف جوانب هذه المبادرة وإبراز مدى توافقها مع مبادئ حقوق الإنسان وقدرتها على الرقي بهذه الحقوق في أقاليمنا الجنوبية.

    رابعا: التفاعل مع آليات مجلس حقوق الإنسان خاصة الاستعراض الدوري الشامل الذي تقدم المغرب أمامه مرتين وقدم مؤخرا تقريره المرحلي بصفة طوعية، وكذلك الإجراءات الخاصة التي تزور بلادنا خلال السنوات الأخيرة بوثيرة غير مسبوقة في المنطقة وفي كثير من بلدان العالم. ويعتبر تفاعل المغرب مع الآليات الأممية بالإضافة إلى دور المؤسسات الوطنية أدوات مهمة لمتابعة وضعية حقوق الإنسان على جميع التراب الوطني.

    رغم محاولات الجزائر التشويش على عمل بلادنا في مجلس حقوق الإنسان، فإن الدبلوماسية المغربية تمكنت من جعل المغرب فاعلا أساسيا في هذه المؤسسة التي ساهم المغرب في تأسيسها وإرساء آلياتها، وتمكن المغرب من خلال انخراط الدبلوماسية المغربية الفعلي من تبوأ مكانة الفاعل الجدي الذي يتوفر على مصداقية واحترام داخل المجلس وذلك باعتراف الدول والمؤسسات الدولية المعنية على رأسها المفوضية السامية لحقوق الإنسان التي عبرت عن ذلك صراحة خلال زيارتها الأخيرة للمغرب. وهذه المكانة التي اكتسبها المغرب تزيد من قوة موقف بلادنا حول الجانب الحقوقي لقضية الصحراء المغربية.

    تجدر الإشارة إلى أن عمل الدبلوماسية المغربية يتم في إطار إستراتجية محكمة ضمن أهداف محددة بمنظور تشاركي تساهم فيه جميع الجهات والقطاعات المعنية بما في ذلك المؤسسات الوطنية المختصة (المجلس الوطني لحقوق الإنسان، المجلس الاستشاري الملكي للشؤون الصحراوية) وهيئات المجتمع المدني التي تلعب دورا محوريا في التعريف بالقضية الوطنية، بالإضافة إلى أعضاء البرلمان الذي بدأ البعض منهم يشاركون في الدورات الأخيرة للمجلس للإطلاع عن قرب على مجريات الأمور في هذا الشأن.


    #Maroc #Sahara_Occidental #ONU

  • Le Maroc déploie des drones contre le Polisario au Sahara occidental

    Le Maroc déploie des drones contre le Polisario au Sahara occidental

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, drones armés,

    Le Maroc déploie avec succès des drones contre le mouvement de libération du Polisario depuis 2021. En conséquence, selon le site web espagnol Defensa, environ 80 % du territoire détenu par le Polisario a été reconquis par le Maroc.

    Les drones jouent un rôle crucial dans la reprise du conflit armé entre le Maroc et le Polisario. Le Maroc a déployé plusieurs drones – des drones turcs Bayraktar TB2, des drones chinois Wing Loong II et des drones israéliens Thunder-B, ainsi que des drones HERON 1 et des drones Hermes-900 – qui ont abattu des dizaines de combattants du Polisario. Ils ont été tués alors qu’ils tentaient de s’approcher du mur marocain ou d’introduire clandestinement des armes dans la zone tampon, comme des lance-roquettes ou des mortiers.

    Les drones sont pilotés par un escadron spécial de l’armée de l’air marocaine appelé SCAR. SCAR est l’acronyme de Système Aéroporté de Contrôle et Reconnaissance (Aerial Control and Reconnaissance System).

    Le Polisario dirige maintenant une petite partie du Sahara occidental, où la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a été déclarée. Cet État est reconnu par 45 pays. La RASD revendique l’autorité sur tout le Sahara occidental.

    De 1884 à 1975, le Sahara Occidental était une colonie espagnole. Après la mort du dictateur espagnol Franco, le territoire a été incorporé par le roi marocain Hassan II ; un an plus tard, le Polisario a déclaré son indépendance. De 1975 à 1991, le Sahara occidental a été disputé. Les hostilités ont repris en octobre 2020, après un cessez-le-feu de près de 30 ans.

    Source

    #Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Drones

  • Comment les drones armés du Maroc ont changé les règles du jeu au Sahara

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, drones, Wing Loong 1, Bayraktar TB2,

    Depuis 2021, le Maroc utilise des drones contre le mouvement de libération du Polisario avec un grand succès. En conséquence, rapporte le site Internet espagnol Defensa.

    Les drones jouent un rôle crucial dans la reprise du conflit armé entre le Maroc et le Polisario. Le Maroc a déployé plusieurs drones – des drones turcs Bayraktar TB2, des drones chinois Wing Loong II et des drones israéliens Thunder-B, ainsi que des drones HERON 1 et des drones Hermes-900 – et a éliminé des dizaines de combattants du Polisario. Ils ont été tués en essayant de s’approcher du mur marocain ou en tentant d’introduire clandestinement des armes dans la zone tampon, telles que des lance-roquettes ou des mortiers.

    Les drones sont contrôlés par un escadron spécial au sein de l’armée de l’air marocaine appelé SCAR. SCAR signifie Système Aéroporté de Contrôle et Reconnaissance (Airborne Control and Reconnaissance System).

    D’après la même source, depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu pour mettre fin au conflit armé entre le Front Polisario et le Maroc en septembre 1991, le Polisario contrôle environ 25% de la zone désertique, 6 zones principales avec des murs renforcés par des observatoires de sécurité.

    Périodiquement, depuis plus de 25 ans, le Polisario affiche fièrement ses défilés et même ses manœuvres militaires dans ce qu’il appelle les « zones libérées ». Mais tout a changé en 2020, lorsque le 21 octobre de cette année-là, les partisans du Polisario ont fermé le poste frontière de Guerguerat, le principal corridor économique entre le Maroc et la Mauritanie. L’ONU a appelé les parties concernées à faire preuve de retenue et à désamorcer la tension.

    Mais après plusieurs semaines de fermeture continue du passage terrestre, l’armée marocaine est intervenue par la force et a mis fin à la situation le 13 novembre 2020. Il a publié un communiqué indiquant que les zones tampons sont des territoires marocains et que tout empiètement non autorisé sur ses frontières entraînerait une réaction.

    Un jour plus tard, le 14 novembre, le Polisario a annoncé la fin de l’accord de cessez-le-feu avec le Maroc et, en quelques semaines, a annoncé le lancement de dizaines d’attaques armées contre des postes militaires. Le Polisario a publié 722 rapports militaires sur le bombardement des bases militaires marocaines et des points d’observation de la sécurité le long du mur et sur la mort de centaines de soldats marocains et de milliers de blessés, dont plus de 99% n’ont pas été vérifiés, la seule certitude étant qu’au moins 80% des zones libérées, selon la description du Polisario, ont été perdues au cours des deux dernières années.

    Le média espagnol indique que les drones armés ont joué le rôle le plus important dans le changement des règles de l’ancien conflit entre les deux parties, ce qui a clairement constitué une surprise inattendue et désagréable pour le Polisario. L’armée de l’air marocaine a commencé à utiliser des drones Wing Loong 1, qu’elle a obtenus à la mi-2020 des Émirats arabes unis, qui entretiennent des relations étroites avec Rabat.

    Les premiers mois de l’année 2021 ont vu l’utilisation de drones armés clandestinement, la première utilisation de ces systèmes au combat ayant été enregistrée le 7 avril 2021, lorsque le commandant de la gendarmerie du Polisario a été tué ainsi que plusieurs membres l’accompagnant lors de sa tentative de mener une opération offensive contre le mur marocain dans la région de Tifariti.

    Par la suite, le Maroc a commencé à utiliser des drones armés lors de plusieurs opérations qui se sont soldées par la mort de dizaines de membres du Polisario qui tentaient de s’approcher du mur marocain ou d’introduire des armes dans la zone tampon, comme des lance-roquettes ou des mortiers.

    Cependant, l’utilisation réelle et excessive de ces drones a commencé avec l’arrivée dans le pays du premier lot de Bayraktar TB2 pour des opérations de bombardement et de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR) plus précises et régulières, qui se sont intensifiées dans la région après le bombardement de camions algériens en novembre 2021, entraînant la mort de trois ressortissants algériens à l’intérieur de la zone tampon près de Bir Lahlou.

    Les attaques contre les chercheurs d’or mauritaniens ont soulevé à plusieurs reprises plusieurs questions sur l’utilisation éthique des drones armés par les forces armées marocaines et sur la stratégie de traitement des cibles civiles, qui sont susceptibles de pénétrer dans la zone tampon.

    Le site Defensa précise que le Maroc déploie des drones armés dans plusieurs bases situées dans les régions désertiques, notamment des Wing Loong 1 à la quatrième base aérienne près de la ville de Laayoune, la plus grande du Sahara. Ils l’ont fait au cours des trois derniers mois de 2020, après le début des tensions avec le Polisario au sujet de la fermeture du poste frontière de Guerguerat. Au cours de la même période, les mêmes drones chinois ont également été déployés sur la base militaire près de la ville de Smara, à proximité de la barrière de sécurité dans le désert. Avec l’arrivée des drones Wing Loong 2 à la mi-2022, ils ont été déployés à la base de Laayoune, tandis que les drones Bayraktar TB2 ont déménagé à la base de Smara à la même période au milieu de l’année dernière.

    La base de Laayoune, qui est plus éloignée de la zone de conflit, est devenue une base centrale pour deux Wing Loong, avec une capacité SATCOM, ce qui la rend apte à des missions en dehors de la portée de 300 km, tandis que la base de Samara dispose actuellement de drones Bayraktar TB2 et Wing Loong 1, qui pourraient être retirés cette année après avoir reçu des lots supplémentaires de la version plus avancée Wing Loong 2.

    Les drones sont exploités au Maroc par un escadron spécial au sein de l’armée de l’air marocaine, appelé SACR, un acronyme pour Système Aéroporté de Contrôle et Reconnaissance. L’escadron exploite actuellement 5 types de drones différents : HERON 1, Hermes-900 et Wing Loong1, Bayraktar TB2 et Wing Loong 2.

    La deuxième base aérienne, à Meknès, et la sixième base aérienne, à Ben Geurir, dans le centre du Maroc, accueillent les drones Bayraktar TB2, en plus des principales bases aériennes et bases de soutien tactique et logistique dans le désert : la quatrième base, près de la ville de Laayoune, la base militaire de l’aéroport de Smara et la base militaire de l’aéroport de Dakhla, qui accueille les drones HERON 1.

    Dans le dernier congrès du Front Polisario, le président sahraoui Brahim Ghali a promis au congrésistes que « bientôt » le problème des drones marocains sera résolu. Une info qui qui a été très applaudie par le public présent.

    #Maroc #Sahara_Occidental #Drones #Front_Polisario

  • Addis Abeba: Un sahraoui met l’ambassadeur du Maroc dans tous ses états (vidéo)

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Union Africaine, Mohamed Yeslem Beissat, Mohammed Arrouchi,

    Dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux, plusieurs personnes tentent de calmer l’Ambassadeur du Maroc en Ethiopie et représentant permanent auprès de l’Union Africaine, Mohammed Arrouchi, victime d’un attaque de nerfs causée par l’intervention de l’ambassadeur sahraouis à Addis Abeba, Mohamed Yeslem Beissat.

    Jusqu’à présent, nous ignorons la déclaration du diplomate sahraoui qui a mis son homologue marocain dans tous ses états. « Salopard, fils de p… » parmi les insultes proférés par M. Arrouchi. Il a failli en arriver aux mains. Une réaction qui n’est pas digne d’un diplomate de son âge et son expérience. L’obsession du Sahara Occidental fait des ravages, notamment après le goût amer de l’échec des tentatives du Makhzen de faire expulser la RASD de l’organisation panafricaine.

    #Maroc #Sahara_Occidental #Union_Africaine

  • UE : Lobbying du Maroc pour l’occupation du Sahara occidental

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Qatargate, Parlement européen, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, Eva Kaili, corruption, Moroccogate, DGED, Yassine Mansouri, Mohammed Bellahrach,

    Quelques mètres carrés de bureaux dans les bureaux bruxellois du cabinet de lobbying Hill+Knowlton Strategies abritent une fondation internationale qui défend l’Etat marocain.

    La Fondation EuroMedA, inaugurée au cours de l’été, est le fruit du travail de l’eurodéputé socialiste français Gilles Pargneaux, et a pour objectif de créer un forum de discussion sur la manière de combler le fossé qui se creuse entre l’Afrique et l’Union européenne sur des questions telles que la migration et le changement climatique.

    « Il s’agit d’une proposition personnelle de ma part, qui n’a rien à voir avec le Maroc », a déclaré M. Pargneaux à ce site Web mardi (20 novembre), ajoutant que la fondation n’est pas non plus liée de quelque manière que ce soit à son travail en tant qu’eurodéputé.

    Mais en réalité, cela correspond à un effort plus large pour influencer un vote stratégique à venir du Parlement européen pour prolonger l’accord controversé de libéralisation du commerce entre le Maroc et l’Union européenne.

    La négociatrice principale du Parlement sur l’accord commercial, l’eurodéputée libérale française Patricia Lalonde, fait également partie du conseil d’administration d’EuroMedA avec d’autres anciens ministres marocains et un haut fonctionnaire du ministère de l’agriculture du Maroc.

    Jeudi, Salaheddine Mezouar, ex-ministre marocain de l’industrie et des affaires étrangères, qui dirige aujourd’hui un groupe de pression basé à Casablanca qui défend, représente et promeut les intérêts des entreprises marocaines, a été nommé vice-président d’EuroMedA.

    La fondation ne figure pas dans le registre des lobbyistes de l’UE.

    La semaine dernière, Pargneaux et deux autres députés européens d’EuroMedA ont déposé collectivement un amendement sur le projet d’accord commercial de Lalonde, atténuant une disposition sur le traçage des exportations agricoles du Sahara Occidental vers l’Europe.

    L’accord commercial est controversé parce qu’il s’étend au Sahara Occidental, une zone à peu près de la taille du Royaume-Uni. Il a été envahi en 1975 par le Maroc, déclenchant un conflit brutal avec les Sahraouis locaux qui s’est terminé par un cessez-le-feu fragile en 1991.

    Les Nations unies ne reconnaissent pas le Sahara occidental comme faisant partie du Maroc, mais l’Union européenne a conclu des accords commerciaux avec Rabat pour exploiter les ressources de la région.

    Mais en 2016, la Cour européenne de justice a déclaré que l’accord commercial agricole de l’UE ne pouvait pas couvrir le Sahara occidental. Puis, un an plus tard, elle a déclaré que l’accord de pêche était également illégal.

    Pargneaux concède que le Sahara occidental n’appartient pas au Maroc, le décrivant comme un « no man’s land, qui n’appartient à personne ». En même temps, il loue le Maroc pour avoir versé de l’argent et des investissements pour développer la région.

    La Commission européenne a depuis relancé un nouvel accord commercial agricole, connu sous le nom d’accord d’association UE-Maroc, à condition qu’il obtienne d’abord le consentement des Sahraouis.

    Elle doit maintenant obtenir l’approbation du Parlement européen, qui doit se prononcer sur la question en janvier. Le Maroc veut que l’accord soit signé parce qu’il ouvre la voie à un pacte beaucoup plus important et plus lucratif sur la pêche.

    Les personnes

    Le mélange de personnes dans la Fondation EuroMedA, étant donné les sensibilités politiques sur le Sahara Occidental, indique une tentative plus large du Maroc d’exercer une influence directe sur la prise de décision au niveau européen.

    Le vice-président d’EuroMedA est Salaheddine Mezouar, ex-ministre des affaires étrangères du Maroc. Il a également été ministre des finances du pays ainsi que ministre du commerce et de l’industrie. Jusqu’en 2016, il dirigeait un parti politique fondé par le beau-frère du roi Hassan II.

    Aujourd’hui, il dirige la CGEM, un groupe de pression basé à Casablanca qui représente des milliers d’entreprises marocaines. Sa mission prioritaire « est de défendre à l’étranger, les intérêts économiques des entreprises marocaines. »

    L’un des fondateurs d’EuroMedA est l’ancien ministre marocain de la santé, Mohamed Cheikh Biadillah. Biadillah a été élu secrétaire général du PAM, un parti politique marocain surnommé le « parti du palais » parce que le PAM suit fidèlement la ligne de la monarchie de Rabat sur la région du Sahara occidental.

    Dans sa jeunesse, Biadillah a également fait partie d’un mouvement étudiant marocain qui a contribué à lancer le Front Polisario, le bras politique du peuple sahraoui en exil, dont beaucoup ont fui vers l’Algérie voisine. Son propre frère conserve un rôle influent au sein du Polisario. Mais aujourd’hui, Biadillah souhaite le démantèlement du régime sahraoui évincé, dont le siège de la gouvernance autoproclamée se trouve parmi des camps de réfugiés éparpillés dans le désert algérien.

    Un deuxième membre fondateur d’EuroMedA est le directeur général de Hill+Knowlton Strategies, Alain Berger.

    Il a déclaré à ce site web que la fondation sous-loue un espace de bureau par le biais d’un accord « indépendant » au cabinet de conseil – à quelques pas du Parlement européen.

    En 2016, le Maroc a versé à Hill+Knowlton entre 200 000 et 300 000 euros en frais de lobbying. À l’époque, c’était l’un de leurs plus gros clients à Bruxelles.

    Aujourd’hui, Berger est le secrétaire général d’EuroMedA.

    Dans le passé, Pargneaux a fait équipe avec Berger sur d’autres questions telles que l’environnement, et a déclaré à EUobserver que leurs liens familiaux distincts avec le Maroc sont parmi les raisons qui les ont rapprochés.

    « Nous n’avons pas encore de compte bancaire, donc nous n’avons pas encore de budget [pour la fondation] », déclare M. Pargneaux, ajoutant qu’il espère qu’elle financera un jour des ONG travaillant avec des migrants en Espagne et en Italie, des écoles dans le sud de la Tunisie et des projets d’intégration au Maroc.

    L’entreprise chimique et minière marocaine de 5 milliards d’euros

    EuroMedA collabore également avec un groupe de réflexion créé par le groupe OCP, un monopole d’État marocain de 5 milliards d’euros dans le secteur chimique et minier.

    Cette société minière a elle-même suscité la controverse dans le passé pour ses activités de lobbying à Washington DC – et a maintenant un pied dans le Parlement européen.

    Pargneaux, par le biais de sa fondation, a invité à deux reprises le groupe de réflexion de l’OCP, l’OCP Policy Center, à mener une discussion au Parlement européen, soulignant l’importance stratégique du maintien des relations de l’UE avec le Maroc.

    Ces relations incluent le rôle du Maroc dans l’énergie renouvelable, l’endiguement de la migration et la répression des cellules terroristes et de la radicalisation.

    Non seulement ces questions trouvent un écho favorable auprès des législateurs et des décideurs politiques de l’UE, mais elles semblent également rendre le sort des Sahraouis du Sahara occidental d’autant plus insignifiant.

    M. Lalonde, qui siège au sein de la puissante commission du commerce international du Parlement, a fait preuve d’un grand sens de l’équilibre au début de l’année.

    « Nous avons de forts intérêts communs, notamment en ce qui concerne l’immigration et les questions de sécurité comme la radicalisation et le terrorisme », a-t-elle déclaré, lorsqu’on lui a demandé de décrire l’importance des relations Maroc-UE.

    « Nous devons prouver sur le terrain que le peuple du Sahara occidental bénéficie de l’accord commercial », a-t-elle ajouté.

    EUObserver, 23. NOV 2018

    #Qatargate #Moroccogate #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Eva_Kaili #Parlement_européen #corruption #Maroc #DGED #Yassine_Mansouri #Abderrahim_Atmoun