Catégorie : Sahara Occidental

  • Comment le Maroc soudoie des pétitionnaires à l’ONU

    Comment le Maroc soudoie des pétitionnaires à l’ONU

    Maroc, Sahara Occidental, ONU, pétitionnaires,

    Des documents confidentiels ont révélé comment le Maroc a soudoyé des pétitionnaires étrangers pour plaider sa thèse sur le Sahara occidental aux Nations unies, mettant à nu la machine à corrompre de Rabat. Sept documents officiels du ministère des Affaires étrangères marocains et de la représentation du Maroc auprès des Nations unies dévoilent l’étendue de cette opération de corruption visant à tromper l’opinion de la communauté internationale sur la question Sahraouie.

    Obtenus par le hacker Chris Coleman, qui avait déjà dévoilé beaucoup de secrets liés au conflit du Sahara occidental, les documents livrent les détails de cette vaste opération de corruption : «choix des pétitionnaires et des thèmes d’interventions et les montants versés aux intervenants qui prennent la parole pour défendre la politique coloniale du Maroc devant la commission de décolonisation de l’ONU».

    Les documents révèlent également la stratégie de confrontation mise en place par le Maroc pour saborder toutes les actions du Front Polisario au sein de l’organisation onusienne. Dans une correspondance classée confidentielle datée de l’année 2012, le ministère des Affaires étrangères avait instruit le directeur général de l’agence marocaine de coopération internationale de prendre en charge six pétitionnaires qui devaient, alors, témoigner à l’ONU en faveur du Maroc. La prise en charge comprenait un perdiem de 2 200 dollars américain pour chaque pétitionnaire, un billet d’avion classe affaire et le payement de cinq nuitées d’hôtel du 7 au 12 octobre 2012. Le ministère a chargé cette agence de prendre les dispositions nécessaires pour que cette prise en charge soit assurée par la mission permanente du Maroc à New York.

    Dans un autre document du ministère des Affaires étrangères marocain, il est mentionné les noms des pétitionnaires et les thèmes choisis sur lesquels ils doivent intervenir. Le document en question illustre la grande manipulation exercée par Rabat qui dicte et oriente le contenu des pétitionnaires à la quatrième commission. Plus encore, dans une troisième correspondance, intitulée note de cadrage, consacrée aux enjeux et aux objectifs du Maroc par rapport à la 69e AG de l’ONU tenue en 2014, «le ministère des Affaires étrangères a tracé une ligne de conduite aux diplomates marocains pour contrer le Front Polisario et l’Algérie au Nations unies». Le MAE marocain est allé jusqu’à demander à la délégation marocaine à la quatrième commission chargée de la décolonisation d’observer une démarche de confrontation et de combat, pour ne pas laisser à l’Algérie et au Polisario l’opportunité de défendre» la cause.

    La note révèle, par ailleurs, la procédure de choix des pétitionnaires étrangers intervenant à la quatrième commission. «S’agissant des pétitionnaires proposés cette année par le Maec, ils sont au nombre de neuf. Leur profil a été bien choisi : journalistes, juristes, universitaires, historiens et correspond aux thématiques proposées (réformes politiques au Maroc, initiative marocaine d’autonomie et sa conformité avec l’exercice de l’autodétermination, modèle de développement des provinces du sud», a écrit le ministère marocain dans sa note.

    Texte intégral du document sur les pétitionnaires:

    Procès Verbal de la réunion de sélection des pétitionnaires de la 4ème commission de l’Assemblée Générale des Nations Unies

    Une réunion de coordination de sélection des pétitionnaires de la 4ème commission de la 68ème session l’Assemblée Générale des Nations Unies, s’est tenue le 1er août en présence des représentants des Ministères des Affaires Etrangères et de la coopération, de l’Intérieur et de la Direction Générale d’Etudes et de Documentation.

    La réunion a traité les points suivants :

    • Etablissement d’une première mouture de la liste des pétitionnaires étrangers et nationaux (copie en annexe), tenant compte des critères déjà définis à savoir la diversité des profils, la répartition géographique et la stature des intervenants. Concernant les pétitionnaires nationaux, le Ministère de l’Intérieur procédera, en collaboration avec la DGST, à la finalisation de la liste des candidats ;
    • Une liste indicative des thématiques a été arrêtée, comportant plusieurs axes, notamment  l’Initiative d’autonomie, les réformes démocratiques entreprises par le Maroc, le recensement des populations des camps, les droits de l’Homme dans les camps et la menace sécuritaire dans le Sahel etc ;
    • La nécessité d’assurer la traduction en anglais des interventions des pétitionnaires nationaux pour une meilleure diffusion des messages lors des réunions de la 4ème Commission ;
    • Le Ministère de l’Intérieur se chargera de contacter l’Agence sud et le CES pour préparer une documentation appropriée pour exploitation en marge des travaux de la 4ème Commission, qui sera remise au MAEC pour diffusion sur place avec les argumentaires et aides mémoire sur la question du Sahara marocain et les enjeux sécuritaires dans le Sahel ; 
    • S’agissant des modalités de prise en charge des pétitionnaires, il a été convenu que chaque département, sous réserve de la validation de la hiérarchie, prenne en charge les pétitionnaires qu’il propose :
    1. Les modalités du transport et de l’hébergement concernant le Ministère de l’Intérieur et la DGED, seront confiées à une Agence de voyage à l’instar de l’année dernière ;
    2. Le perdiem octroyé aux pétitionnaires sera égal à celui de l’année dernière (2000 dollars US + 200 dollars Us pour le transport entre l’aéroport et l’Hôtel) ;
    • Il a été convenu de sursoir à la réunion de coordination avec les pétitionnaires à la Mission permanente du Maroc à New York, et de ne pas offrir de dîner pour maintenir la discrétion sur la présence de nos pétitionnaires et leur lien avec les officiels marocains sur place ;
    1. La question d’organiser un événement parallèle aux travaux de la 4ème commission, notamment, la projection du film « Polisario…l’identité d’un front » de Hassan El Bouharrouti, a été discutée longuement. A ce sujet, les participants ont mis en exergue la nécessité de préparer minutieusement cette opération pour lui assurer toute les chances de succès, en tenant compte des conditions suivantes :
    2. La prise en charge financière de l’opération (doublage, hébergement et transport et per diem des réalisateurs, réservation de la salle,) ;
    1. Afin d’assurer une meilleure prestation pour ce genre d’événement, il a été suggéré de faire appel à une boîte com sur place ;
    1. Afin de finaliser ses travaux, le Comité se réunira lundi 05 août 2013 au siège du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, à 12h.

    #Maroc #SaharaOccidental #ONU #Petitionnaires


  • Maroc. Makhzen Wikileaks : Hacker connection

    Maroc. Makhzen Wikileaks : Hacker connection

    Maroc, hacker Chris Coleman, Sahara Occidental, ONU, Algérie, lobbying, Marocleaks, wikileaks marocain,

    Un hacker Marocain vient de dévoiler sur le net plusieurs documents officiels (dont des copies numérisées sont à notre niveau) adressés à différentes personnalités Marocaines et interceptés par ses soins.

    Il s’agit d’un premier document envoyé le 6 Janvier 2014 par l’ambassadeur permanent du royaume Chérifien auprès des nations unis à sa hiérarchie (Affaires étrangères) relatif à la “question nationale” en prévision de l’échéance d’avril 2014. Dans ce document adressé aussi au directeur général d’études et documentation, il dresse un constat et propose des actions . Le document commence par :
    L’examen par le Conseil de Sécurité de la question du Sahara en avril prochain se situe dans un contexte particulièrement difficile marqué par une attente de nos partenaires de mesures concrètes en matière des Droits de l’Homme. Pour la préparation de cette échéance, quelques action sont soumise à l’appréciation de Monsieur le Ministre.

    Dans le deuxième document , il s’agit d’une lettre envoyée par le directeur US, division Afrique II du département des affaires politiques à l’ambassadeur permanent du royaume aux nations unis en lui joignant la lettre de Christopher Ross. Dans la lettre de l’envoyé spécial du secrétaire général pour la sahara, M. Christopher remercie l’ambassadeur pour “l’accueil chaleureux” qu’on lui a réservé “lors de mes derniers voyages dans la région en janvier et février 2014. Comme vous le savez, ces visites ont inauguré la nouvelle approche du processus de médiation agréée par les parties en Octobre 2013, une approche qui est fondée sur des besoins d’aller et retours entre mes interlocuteurs” .. plus loin, il dit “J’ai présenté des questions confidentielles aux parties en janvier et recueilli leurs réponses”. A la fin de la lettre , M. Christopher demande à être reçu par le “plus haut niveau du gouvernement Marocain à chaque étape” et de “confirmer les dates qui y conviendraient”.

    Dans un troisième document , il s’agit d’un long compte rendu établi par le directeur des affaires Américaines et adressé au ministre des AE Marocain concernant “la réunion avec M. Dwight Bush, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique à Rabat”.

    Dans ce document, on peut lire en préambule: “des principaux points abordés lors de la rencontre tenue entre Monsieur le Ministre et l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, M. Dwight Bush, à la demande de ce dernier, le 31 juillet 2014, au siège du Département :” Plus loin , on cite le point “- Concernant la mission de M. Christopher Ross : L’Ambassadeur américain s’est interrogé sur la « capacité » de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Christopher Ross à effectuer une nouvelle visite au Maroc et faire en sorte qu’il puisse jouer son rôle….. Monsieur le Ministre a ainsi exprimé la surprise du Maroc quant au fait que les déclarations de même que le rapport de M. Ross ne reflètent pas les conclusions telles qu’exposées aux responsables marocains lors de sa visite dans le Royaume, en faisant part du souhait que son action soit conforme à son mandat et à la mission qui lui a été dévolue et en signalant qu’il est de la responsabilité du Maroc d’attirer son attention dans le cas contraire….L’Ambassadeur américain a aussitôt tenu à préciser, sur indication de son Conseiller, M. Lassenhop, qu’il « n’est pas ici en représentation de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies mais des Etats-Unis d’Amérique » en rappelant que le rôle de M. Christopher Ross est d’une importance particulière pour toutes les parties……- S’agissant de la nomination de Mme Kim Bolduc en tant que Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la MINURSO, l’Ambassadeur s’est interrogé sur les préoccupations du Maroc à cet égard.

    Monsieur le Ministre a signalé, à ce propos, que le Maroc avait fait part de sa demande légitime d’être consulté à l’avance sur cette nomination, en précisant que, d’ailleurs, il avait été consulté, en amont, sur les dix nominations précédentes, et qu’il est anormal qu’il n’est pu s’en enquérir qu’à travers la presse et dans les couloirs des Nations Unies, alors que l’Algérie et les soit disant « représentants » de la pseudo « rasd » en avaient été en revanche informés auparavant.

    A la fin de ce compte rendu, il est stipulé de faire bénéficier le C12 avion américain utilisé par l’ambassadeur Américain de statut diplomatique au même titre que ses pilotes.

    Dans le quatrième document, il s’agit d’une étude ou analyse pour l’exercice 2014-2015 qui n’est pas signée mais parle d’”ÉLÉMENTS D’UNE STRATÉGIE POUR LA GESTION DE L’EXERCICE AVRIL 2014-AVRIL 2015 CONCERNANT LA QUESTION DU SAHARA MAROCAIN”. Dans son dernier paragraphe, il est question d’une “Mise en place d’une politique claire concernant les visites des délégations étrangères dans les provinces du sud.” En effet, on cite les points suivants: – Établir une liste d’acteurs hostiles et en informer, au préalable, leurs pays et organisations. Il s’agit de démontrer, ainsi, que le territoire n’est pas fermé aux visites de délégations étrangères, mais que les personnes dont l’hostilité et le parti pris sont connus, ne sont pas les bienvenus au Maroc. – Imposer un passage obligé par les Institutions nationales (Parlement, CNDH).

    Le cinquième document traite d’une correspondance entre le représentant Marocain Abderazak Laasal et son ministre des affaires étrangères dans laquelle, ce dernier dit en début : “J’ai l’honneur de vous faire parvenir, ci-joint, le fax émanant de M. Edmont Mulet, Sous-Secrétaire général pour les opérations de maintien de la Paix, rappelant la disponibilité de Madame Kim Bolduc, nommée récemment Représentant Spécial du Secrétaire général et Chef de la MINURSO à Rencontrer Monsieur l’Ambassadeur Omar Hilale et réitérant la disposition du DPKO à faciliter cette rencontre.” . Une copie de fax est aussi joint.

    Dans un autre document non signé donc non considéré comme officiel ,intitulé le Sahara Occidental: La diplomatie des phosphates, il est fait part d’une transaction de vente de phosphate au Panama et son blanchiment d’argent.

    Dans le document suivant intitulé : “Projet de Dossier Visite au Maroc de la Haut-commissaire aux droits de l’homme, Mme Navy Pillay” daté du Du 26 au 29 mai 2014, Rabat , il s’agit de préparer cette visite avec détails. Elle est articulée en 8 points. Le dernier étant le CV de la Haut-commissaire aux droits de l’homme.

    Le 9ème document intercepté par le soi-disant hacker porte le titre la “Question nationale/consultations du Conseil de Sécurité sur la MINURSO” et débute par “J’ai l’honneur de vous faire parvenir, ci-après, un compte rendu détaillé des briefings du Représentant Spécial W. Wolfgang Weber et de l’Envoyé personnel Christopher Ross ainsi que des interventions des membres du Conseil lors des consultations privées, tenues ce matin, au sujet de la question nationale.” Il est daté du 17 avril 2014 et adressé à plusieurs structures: CAB/1- CAB/2- SG/4- DG/8/1- DG/8/3

    Le 10ème document est un rapport de 2013 de 38 pages établi par le consulat du Maroc à Strasbourg intitulé : “Relations avec les Institutions Européennes”.

    Enfin, les deux derniers documents parlent du problème crucial du sahara occidental, le premier établi par la “Direction des Nations Unies et des Organisations Internationales HD” porte le titre de “l’Evolution de la position de la Russie sur la question du Sahara marocain.” retrace la position de la russie “De 1975 à 1998 : Appui idéologique à l’autodétermination” à sa neutralité “De 2007 à 2014 : Neutralité positive et soutien au processus politique de négociations”.

    Le deuxième établi par le représentant permanent aux nations unis Abderazzak Laasal et adressé à son ministre des AE en date du 1er Aout 2014 parle de “la question nationale” notamment de l’entretien téléphonique avec l’Ambassadeur Rosemary Dicarlo”. Il débute par l’introduction : “J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que j’ai reçu, ce matin, un appel téléphonique de l’Ambassadeur Rosemary Dicarlo, Représentant Permanent Adjoint des Etats Unis à New York en charge de la question Nationale, qui a voulu m’informer que ses autorités « ont les inquiétudes » suivantes au sujet de la question du Sahara :

    • La limitation par les autorités marocaines du mouvement du personnel des Nations Unies et de la MINURSO au Sahara,
    • Au sujet du processus politique, Christopher Ross a programmé de visiter le Maroc et souhaite que sa visite ait lieu le plus rapidement possible,
    • Les Etats Unis attendent que le Maroc accorde, rapidement son plein soutien à Madame Kim Bulduc, nouveau Représentant Spécial du Secrétaire Général,
    • Durant la dernière visite de Sa Majesté le Roi à Washington, un accord a été conclu pour :
    – Etablir un programme de visites régulières du Haut-Commissariat pour les Droits de l’Homme au Sahara, L’enregistrement de plus d’ONG originaires du Sahara, Cesser les poursuites judiciaires des civils par le tribunal militaire, mais les progrès sont très lents sur ces trois questions
    • Durant le dernier entretien entre Monsieur l’Ambassadeur Omar Hilale et L’Ambassadeur Samantha Power, RP des Etats Unis, cette dernière a été « surprise » par l’affirmation de l’Ambassadeur Hilale qui l’a informée qu’étant celui qui a conclu les termes de référence de la visite des experts du HCDH au Sahara, il n’a jamais été question de visites régulières ou de programme de visites au Sahara.
    Enfin l’Ambassadeur Di-Carlo m’a informé que ces « inquiétudes » (concerns) seront également communiquées par l’Ambassade des Etats Unis à Rabat aux autorités marocaines.

    Salim A.

    Bel-Abbès Info, 25 octobre 2014

    #Maroc #Marocleaks #HackerChrisColeman #SaharaOccidental #ONU #Algérie

  • Sánchez, Europe and Western Sahara

    Sánchez, Europe and Western Sahara

    Western Sahara, Spain, Morocco, Algeria, France, USA, Europe, NATO, neo-colonialism,


    Jesus L. Garay
    Member of Asociación de Amigos y Amigas de la RASD (Association of Friends of SADR)

    We need all the strength of solidarity and all the democratic political will to stop this neo-colonialist coup, to dismantle the fallacious arguments of political expediency and false humanitarian compassion deployed by the PSOE and to launch an effective social and political mobilisation.

    Three months after Morocco leaked Pedro Sánchez’s letter in which the Spanish government modified its formal position on the Western Sahara issue, the echoes of the reactions provoked by this turnaround, far from abating, continue to be at the forefront of political and media statements, this time in the wake of Algeria’s suspension of the friendship and cooperation treaty with Spain.

    The Spanish government’s decision undoubtedly has many implications that would be impossible to cover briefly, just as it is impossible to deal with the multitude of blunders that have been and are being made in commenting on the various aspects of this issue.

    Above all, the implications of the government’s position on the internal politics of the state have been commented on; but beyond generic statements and motions, if anything has become clear on this issue it is that the parties that make up or support this government are incapable – or perhaps simply have no real will – of reversing the decision to implicitly recognise Moroccan sovereignty over the Spanish colony. Equally, it seems that social organisations have not been able to channel the sympathy and solidarity that the Sahrawi cause arouses in the vast majority of the population into a clear expression of rejection or indignation. However, as Algeria’s decision shows, it is never too late to take the initiative.

    However, Algeria’s latest decisions highlight a dimension that has been almost silenced by the noise caused by the forms and timing of the government’s decision. Indeed, at the international level, the declarations of support for the Moroccan occupation reveal that the decision is not the result of a simple ‘hot flash’ by Mr Sánchez, as some media outlets are trying to describe it – although there is clearly some improvisation – nor, as is being done especially on social networks, a simple surrender to Morocco’s brutal blackmail – which is also the case.

    The Spanish government’s current position is the result of a far-reaching strategic effort to consolidate a balance of power in the Arab Maghreb that is definitely favourable to the neo-colonial interests of the capitalist West. This effort, initially led by the United States, as befits its status as a hegemonic power, found its ultimate expression in the declaration of an outgoing president, Donald Trump, accepting Morocco’s sovereignty over Western Sahara in exchange for the full restoration of relations between the Kingdom of Morocco and the state of Israel.

    In the current international order, however, geopolitical control of this area of North Africa does not lie directly with the US, but with Europe. Not the Europe of rights and democratic values that they want to sell us, but the Europe of migratory necropolitics, a subsidiary of NATO and heir to the most recent colonialism, which in recent years has been sliding towards the ideological far right.

    Many of the reactions of policy-makers to Algeria’s severing of relations with Spain demonstrate that, at bottom, Europe’s view of Africa has hardly changed since the Berlin conference of 1885 and, like the US with Latin America, it continues to treat the African continent as its backyard: a kind of huge estate from which to extract the resources necessary for its economic and social development and where African inhabitants and leaders should confine themselves to doing that job effectively.

    The list of assassinations, coups d’état and military interventions to control independence movements or simply to « moderate » policies deemed potentially dangerous to Europe’s interests is not closed. France, the UK and Germany openly and clandestinely strive to condition the political and economic life of the peoples of Africa, because the direction of the European economy they lead largely depends on it.

    Certainly, European neo-colonial practice is in open contradiction with the legal framework created after the Second World War, the so-called international legality, which is why, to a large extent, the interventions are of a « covert » type or simply silenced from public opinion. And yes, Spain, although it is the only European country that still has a recognised colony in Africa, Western Sahara, plays a marginal role in this endeavour. Like remaining in NATO, this is part of the price it had to pay in exchange for EU membership.

    In this context, the Arab Maghreb has become one of the most obvious theatres of confrontation between neo-colonial interests and the rights of African peoples, with Western Sahara probably the most decisive battleground in this respect. If Morocco finally succeeds in appropriating the strategic territory of Western Sahara and controlling its assets, the West will have largely succeeded in balancing the main power in the region, which is currently Algeria.

    The only problem is the resistance put up by the small Sahrawi people, using international law in their favour. Indeed, the Saharawi people, at least since the creation of the Polisario Front, have based the legitimacy of their struggle on international law. This has been an important asset in confronting colonialism and reaffirming their will to achieve the right to self-determination and independence. Thus, every time the neo-colonial forces have tried to justify or perpetuate their misdeeds, each and every international body and court has ratified the legitimacy of the Saharawi resistance and condemned colonial practices.

    So-called international legality is, curiously enough, a creation of those who support the occupation of the territory, the plundering of its resources, and the attempt to annihilate the original population. That is, the political-economic group of governments and companies that finance and provide the means and weapons for the occupation of Western Sahara. In this lobby of death and plunder, Spanish governments and companies do have, for historical and geographical reasons, a prominent role.

    It has been 50 years of an unstable balance between legitimacy and economic and geopolitical interests. It is a struggle in which neither side can be considered the definitive winner. Neo-colonialism has tried to make the Saharawi people surrender by bombing civilian refugees, mass disappearances, the invasion of settlers, the massive plundering of resources, all kinds of tactics to delay the implementation of UN resolutions, lies and silence, and the blatant support of Spain, France and the USA for the genocidal regime of Mohamed VI, but the Saharawi resistance continues, supported by international law. The sale of arms, the gigantic theft of phosphates and fish, the agricultural business with the King of Morocco, the fossil and green energy from Western Sahara exploited by companies such as Siemens-Gamesa, thus appear as facts that have been fulfilled but are impossible to justify or legalise.

    The key to breaking this cruel stalemate could lie in a series of rulings by the European Court of Justice which, since 2016, have been narrowing the margin for these colonial practices to be carried out, by declaring the economic agreements with Morocco on which they are based to be null and void. Throughout 2023, it is expected that the highest European judicial instance will definitively resolve the dispute in favour of the Polisario Front’s arguments, which should lead the EU to rethink its relations with Morocco as a whole. Not only trade relations, but all issues affecting the territory of Western Sahara, which Morocco considers its own and which constitutes not only the Alawi kingdom’s main source of wealth, but, as we have explained, the only hope, both for Morocco and for Europe, of being able to confront its main rival on the Maghreb chessboard.

    The Spanish government’s decision, therefore, would be part of a plan to impose the reality of the occupation through international political consensus, whatever the decision of the European courts. Building such a consensus in the European case requires the direct involvement of the two main governments, France and Germany, and, in the case of Western Sahara, the colonial power of reference, Spain – as would be Belgium in the case of the Republic of Congo or Portugal in the case of Mozambique. Once this « realpolitik » consensus has been built, it would be easy to bring together the majority of European governments – although perhaps not as easy as it has been in the case of the war in Ukraine – and, together with the United States, impose the law of the strongest in this corner of the world.

    That is why we need all the strength of solidarity and all the democratic political will to stop this neo-colonialist coup, to dismantle the fallacious arguments of political expediency and false humanitarian compassion that the PSOE has deployed, and to launch an effective social and political mobilisation. Because it is not only the freedom and rights of an African people that are at stake, but also whether or not governments and companies can impose their will above the law, which they themselves claim to promote.

    NAIZ, 10 juin 2022

    #WesternSahara #Morocco #Spain #NATO #France #USA #Neocolonialism #Maghreb

  • Sánchez, l’Europe et le Sahara occidental

    Sánchez, l’Europe et le Sahara occidental

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Espagne, Europe, OTAN, Etats-Unis, néocolonialisme, France, Maghreb,


    Jesus L. Garay
    Membre de l’Asociación de Amigos y Amigas de la RASD (Association des amis de la RASD)

    Nous avons besoin de toute la force de la solidarité et de toute la volonté politique démocratique pour arrêter ce coup néocolonialiste, pour démonter les arguments fallacieux d’opportunité politique et de fausse compassion humanitaire que le PSOE a déployés, et pour lancer une mobilisation sociale et politique efficace.

    Trois mois après la divulgation par le Maroc de la lettre de Pedro Sánchez dans laquelle le gouvernement espagnol modifie sa position officielle sur la question du Sahara occidental, les échos des réactions provoquées par ce revirement, loin de s’apaiser, continuent d’occuper le devant de la scène politique et médiatique, cette fois dans le sillage de la suspension par l’Algérie du traité d’amitié et de coopération avec l’Espagne.

    La décision du gouvernement espagnol a sans aucun doute de nombreuses implications qu’il serait impossible d’aborder brièvement, tout comme il est impossible de traiter la multitude d’erreurs qui ont été et sont commises en commentant les différents aspects de cette question.

    Les implications de la position du gouvernement sur la politique interne de l’État ont surtout été discutées ; mais au-delà des déclarations et des motions génériques, si quelque chose est devenu clair sur cette question, c’est que les partis qui composent ou soutiennent ce gouvernement sont incapables – ou peut-être manquent-ils simplement de volonté réelle – de revenir sur la décision de reconnaître implicitement la souveraineté marocaine sur la colonie espagnole. De même, il semble que les organisations sociales n’aient pas été en mesure de canaliser la sympathie et la solidarité que la cause sahraouie suscite dans la grande majorité de la population en une expression claire de rejet ou d’indignation. Toutefois, comme le montre la décision de l’Algérie, il n’est jamais trop tard pour prendre l’initiative.

    Cependant, les dernières décisions de l’Algérie mettent en lumière une dimension qui a été presque étouffée par le bruit causé par les formes et le timing de la décision du gouvernement. En effet, au niveau international, les déclarations de soutien à l’occupation marocaine révèlent que la décision n’est pas le résultat d’un simple  » coup de chaud  » de M. Sánchez, comme certains médias tentent de le décrire – bien qu’il y ait clairement une part d’improvisation – ni, comme cela se fait notamment sur les réseaux sociaux, une simple capitulation devant le chantage brutal du Maroc – ce qui est également le cas.

    La position actuelle du gouvernement espagnol est le résultat d’un effort stratégique de grande envergure visant à consolider un équilibre des forces au Maghreb arabe qui soit définitivement favorable aux intérêts néocoloniaux de l’Occident capitaliste. Cet effort, mené initialement par les États-Unis, comme il sied à leur statut de puissance hégémonique, a trouvé son expression ultime dans la déclaration d’un président sortant, Donald Trump, acceptant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la restauration complète des relations entre le Royaume du Maroc et l’État d’Israël.

    Dans l’ordre international actuel, cependant, le contrôle géopolitique de cette région d’Afrique du Nord ne relève pas directement des États-Unis, mais de l’Europe. Non pas l’Europe des droits et des valeurs démocratiques qu’on veut nous vendre, mais l’Europe de la nécropolitique migratoire, filiale de l’OTAN et héritière du colonialisme le plus récent, qui a glissé ces dernières années vers l’extrême droite idéologique.

    Bon nombre des réactions des décideurs politiques à la rupture des relations entre l’Algérie et l’Espagne démontrent qu’au fond, le point de vue de l’Europe sur l’Afrique n’a guère changé depuis la conférence de Berlin de 1885 et que, comme les États-Unis avec l’Amérique latine, elle continue de traiter le continent africain comme son arrière-cour : une sorte d’immense domaine d’où extraire les ressources nécessaires à son développement économique et social et où les habitants et les dirigeants africains devraient se contenter de faire ce travail efficacement.

    La liste des assassinats, des coups d’État et des interventions militaires pour contrôler les mouvements indépendantistes ou simplement pour « modérer » des politiques jugées potentiellement dangereuses pour les intérêts de l’Europe n’est pas close. La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne s’efforcent ouvertement et clandestinement de conditionner la vie politique et économique des peuples d’Afrique, car l’orientation de l’économie européenne qu’ils dirigent en dépend largement.

    Certes, la pratique néocoloniale européenne est en contradiction ouverte avec le cadre juridique créé après la Seconde Guerre mondiale, la soi-disant légalité internationale, ce qui explique pourquoi, dans une large mesure, les interventions sont de type « secret » ou simplement passées sous silence par l’opinion publique. Et oui, l’Espagne, bien qu’elle soit le seul pays européen qui possède encore une colonie reconnue en Afrique, le Sahara occidental, joue un rôle marginal dans cette entreprise. Comme le maintien dans l’OTAN, cela fait partie du prix qu’elle a dû payer en échange de son adhésion à l’UE.

    Dans ce contexte, le Maghreb arabe est devenu l’un des théâtres les plus évidents de la confrontation entre les intérêts néocoloniaux et les droits des peuples africains, le Sahara occidental étant probablement le champ de bataille le plus décisif à cet égard. Si le Maroc parvient finalement à s’approprier le territoire stratégique du Sahara occidental et à contrôler ses actifs, l’Occident aura largement réussi à équilibrer la principale puissance de la région, qui est actuellement l’Algérie.

    Le seul problème est la résistance opposée par le petit peuple sahraoui, qui utilise le droit international en sa faveur. En effet, le peuple sahraoui, au moins depuis la création du Front Polisario, a fondé la légitimité de sa lutte sur le droit international. Cela a été un atout important pour affronter le colonialisme et réaffirmer leur volonté de réaliser le droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Ainsi, chaque fois que les forces néocoloniales ont tenté de justifier ou de perpétuer leurs méfaits, chaque organisme et tribunal international a ratifié la légitimité de la résistance sahraouie et condamné les pratiques coloniales.

    La soi-disant légalité internationale est, curieusement, une création de ceux qui soutiennent l’occupation du territoire, le pillage de ses ressources et la tentative d’anéantir la population d’origine. C’est-à-dire, le groupe politico-économique de gouvernements et de sociétés qui financent et fournissent les moyens et les armes pour l’occupation du Sahara Occidental. Dans ce lobby de la mort et du pillage, les gouvernements et les entreprises espagnols ont, pour des raisons historiques et géographiques, un rôle de premier plan.

    Cela fait 50 ans que l’équilibre est instable entre la légitimité et les intérêts économiques et géopolitiques. C’est une lutte dans laquelle aucun des deux camps ne peut être considéré comme le vainqueur définitif. Le néocolonialisme a tenté de faire capituler le peuple sahraoui par des bombardements de réfugiés civils, des disparitions massives, l’invasion de colons, le pillage massif des ressources, toutes sortes de tactiques pour retarder l’application des résolutions de l’ONU, les mensonges et le silence, et le soutien flagrant de l’Espagne, de la France et des États-Unis au régime génocidaire de Mohamed VI, mais la résistance sahraouie continue, soutenue par le droit international. La vente d’armes, le vol gigantesque de phosphates et de poissons, le business agricole avec le roi du Maroc, l’énergie fossile et verte du Sahara occidental exploitée par des entreprises comme Siemens-Gamesa, apparaissent ainsi comme des faits accomplis mais impossibles à justifier ou à légaliser.

    La clé pour sortir de cette cruelle impasse pourrait résider dans une série d’arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne qui, depuis 2016, réduisent la marge de manœuvre de ces pratiques coloniales, en déclarant nuls et non avenus les accords économiques avec le Maroc sur lesquels elles reposent. Tout au long de l’année 2023, il est prévu que la plus haute instance judiciaire européenne tranche définitivement le litige en faveur des arguments du Front Polisario, ce qui devrait amener l’UE à repenser ses relations avec le Maroc dans son ensemble. Non seulement les relations commerciales, mais toutes les questions touchant au territoire du Sahara occidental, que le Maroc considère comme sien et qui constitue non seulement la principale source de richesse du royaume alaouite, mais, comme nous l’avons expliqué, le seul espoir, tant pour le Maroc que pour l’Europe, de pouvoir affronter son principal rival sur l’échiquier du Maghreb.

    La décision du gouvernement espagnol s’inscrirait donc dans un plan visant à imposer la réalité de l’occupation par un consensus politique international, quelle que soit la décision des tribunaux européens. La construction d’un tel consensus dans le cas européen nécessite l’implication directe des deux principaux gouvernements, la France et l’Allemagne, et, dans le cas du Sahara occidental, de la puissance coloniale de référence, l’Espagne – comme le serait la Belgique dans le cas de la République du Congo ou le Portugal dans le cas du Mozambique. Une fois ce consensus de « realpolitik » construit, il serait facile de réunir la majorité des gouvernements européens – même si ce n’est peut-être pas aussi facile que dans le cas de la guerre en Ukraine – et, avec les États-Unis, d’imposer la loi du plus fort dans ce coin du monde.

    C’est pourquoi nous avons besoin de toute la force de la solidarité et de toute la volonté politique démocratique pour arrêter ce coup néocolonialiste, pour démonter les arguments fallacieux d’opportunité politique et de fausse compassion humanitaire déployés par le PSOE et pour lancer une mobilisation sociale et politique efficace. Car ce ne sont pas seulement la liberté et les droits d’un peuple africain qui sont en jeu, mais aussi la possibilité pour les gouvernements et les entreprises d’imposer leur volonté au-dessus de la loi, qu’ils prétendent eux-mêmes promouvoir.

    NAIZ, 10 juin 2022

    #SaharaOccidental #Maroc #Algérie #Espagne #Europe #OTAN #EtatsUnis #France #Néocolonialisme #Maghreb

  • Le conflit algéro-marocain s’étend comme une tache d’huile

    Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Maghreb, Etats-Unis, Israël, Grand Maroc, espionnage, Pegasus,

    Le Maghreb reste soumis à la tension entre Alger et Rabat, qui a définitivement compromis l’intégration régionale. Plus grave encore, elle tient en otage de nombreux États de la région.
    KHADIJA MOHSEN-FINAN

    Le conflit entre l’Algérie et le Maroc ne date pas d’hier. Au départ, il s’agissait d’une frontière conçue par la France et beaucoup plus favorable à l’Algérie. Le Maroc s’est senti lésé et, dès 1956, a revendiqué une partie de ce territoire, arguant qu’il faisait partie du « Maroc historique ». Ferhat Abbas, président du gouvernement provisoire de la République algérienne, ne s’y oppose pas, mais rencontre Hassan II en juillet 1961, et les deux signent un accord dans lequel ils s’engagent à renégocier le statut de la partie occidentale de l’Algérie une fois le pays devenu indépendant. Mais au moment de l’indépendance, un an plus tard, et avant même la ratification de l’accord, la coalition dirigée par Ben Bella, soutenue par l’Armée de libération nationale (ALN), expulse Ferhat Abbas du gouvernement et refuse de restituer le territoire qui, selon la formule approuvée, avait été « libéré avec le sang de tant de martyrs ».

    Hassan II s’est senti trahi, et dès lors, une rivalité sourde est née entre deux classes politiques, algérienne et marocaine, qui s’étaient auparavant montrées solidaires dans la lutte pour mettre fin à la colonisation française. Ben Bella veut se présenter comme le garant de tout le territoire hérité de la colonisation française, tandis que le Maroc se sent enfermé dans son territoire, beaucoup plus petit que celui de son voisin. Hassan a ensuite présenté la carte du Grand Maroc, conçue par le parti de l’Istiqlal, qui vise à faire comprendre que les frontières du Maroc sont définies en fonction de la loyauté manifestée au Sultan du Maroc à travers les âges. Entre les terres acquises avec  » le sang des martyrs  » et l’accent mis sur les droits historiques, s’amorce une longue confrontation entre deux conceptions du territoire, du droit et de l’histoire, avec l’opposition entre deux États et deux systèmes politiques radicalement différents dans le contexte international de la guerre froide : l’Algérie, proche de l’Union soviétique, et le Maroc, libéral et ouvertement porté vers les États-Unis et le monde occidental.

    À partir de 1975, le soutien de l’Algérie au Front Polisario, le mouvement indépendantiste né deux ans plus tôt pour récupérer l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, aggrave la tension déjà permanente entre Alger et Rabat. En d’autres termes, deux conflits se sont ajoutés et superposés : entre Alger et Rabat pour le leadership dans la région et celui du Sahara occidental, dernier conflit de décolonisation sur le continent africain. Ce mélange des deux conflits a rendu le conflit du Sahara impossible à résoudre, et en 1991, l’ONU a été chargée de trouver une solution.

    Le référendum d’autodétermination pour décider qui a la souveraineté sur le Sahara occidental, que le Front Polisario et l’Algérie souhaitaient et que le Maroc a accepté en 1981, est désormais impossible à organiser. Le Maroc ne voit aucune raison de risquer de perdre la souveraineté qu’il exerce déjà depuis 1975 sur 80 % du territoire sahraoui en le soumettant à une consultation ; d’abord parce qu’il ne reconnaît pas l’identité sahraouie. Depuis 2007, Rabat propose une autonomie au sein d’un Maroc souverain, mais l’autre partie rejette cette proposition.

    L’incapacité de l’ONU à résoudre ce conflit, faussé par le différend algéro-marocain, a conduit à la paralysie. Les deux parties belligérantes, chacune à sa manière, ont tenté de contourner le processus des Nations unies. Le Front Polisario a lancé une bataille juridique contre l’exploitation et la commercialisation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental. Par deux fois, en 2016 et 2018, la Cour européenne de justice lui a donné raison. Cependant, Rabat, grâce à sa capacité à faire pression sur la Commission européenne, a réussi à renégocier l’accord de pêche qui avait été invalidé après l’arrêt de la Cour européenne.

    Pour sa part, le Maroc utilise une stratégie différente. Son plan pour contourner l’ONU est d’amener le plus grand nombre possible d’Etats à reconnaître le Sahara Occidental comme marocain. Après avoir obtenu la reconnaissance de plusieurs États africains, il a remporté une victoire majeure en décembre 2020, lorsqu’il a signé un accord avec Donald Trump stipulant que Rabat normaliserait ses relations avec Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le soutien inconditionnel de Washington à Rabat sur une question aussi sensible a déséquilibré la relation entre le Maroc et l’Algérie et introduit un nouvel acteur au Maghreb : Israël.

    Ce double parrainage américano-israélien transforme la situation régionale et donne le dessus à Rabat. L’Algérie, face à l’agressivité de ces grands bailleurs de fonds, a adopté une posture défensive en disant : « Nous avons le Mossad à nos portes ». La révélation de l’utilisation par le Maroc du logiciel d’espionnage Pegasus donne raison à l’Algérie : 6 000 numéros de téléphone algériens ont été espionnés, dont ceux de membres de la classe politique.

    Le fait que la stratégie de Rabat ait porté ses fruits a encore irrité Alger. L’Allemagne, les Pays-Bas et l’Espagne ont reconnu que le plan d’autonomie proposé par le Maroc est sérieux et représente la meilleure issue possible à un conflit qui n’a que trop duré.

    Alger a réagi au succès du Maroc en utilisant son arme principale, le gaz. Le contrat entre Sonatrach et l’Organisation nationale de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) du Maroc, qui devait expirer fin octobre, n’a pas été renouvelé, et Madrid a reçu l’ordre de ne pas revendre de gaz algérien au Maroc. Mais l’Algérie va encore plus loin et, pour punir l’Espagne de son soutien au Maroc, a gelé le traité d’amitié et de coopération hispano-algérien signé en 2002.

    Plus de 60 ans se sont écoulés depuis l’indépendance, et le Maghreb est toujours soumis à la tension entre Alger et Rabat, qui a définitivement compromis l’intégration régionale. Plus grave, elle prend en otage de nombreux Etats de la région et laisse le Maghreb en marge des grandes dynamiques des relations internationales.

    La guerre en Ukraine a mis en évidence l’anachronisme de ce différend. Les autorités des deux pays partagent les vues de Vladimir Poutine sur de nombreuses questions. Comme lui, ils pensent que le pouvoir reste sur le territoire. Lorsqu’ils s’arment de manière aussi disproportionnée et se menacent mutuellement, ils démontrent qu’ils pensent que la guerre n’est qu’une affaire de deux États et qu’elle n’affecte pas la société. Et ils croient que les alliances sont durables, alors qu’aujourd’hui elles ne sont que temporaires, autour de problèmes spécifiques.

    Khadija Mohsen-Finan est politologue et spécialiste du Maghreb.

    Traduction de María Luisa Rodríguez Tapia.

    El Pais, 13 JUIN 2022

    #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Maghreb #Israël #EtatsUnis #Pegasus #Espionnage

  • Chronique d’une série d’erreurs du gouvernement espagnol

    Chronique d’une série d’erreurs du gouvernement espagnol

    Espagne, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Ceuta, Pegasus, espionnage,

    Chaque pas que Sánchez a fait dans cet incident international a approfondi un peu plus le conflit territorial entre le Maroc et l’Algérie.

    L’Algérie a déclaré la guerre commerciale à l’Espagne. C’était la réaction logique au changement brusque de position de la Moncloa sur le conflit territorial sahraoui. Les Algériens menacent de fermer le robinet du gaz et, accessoirement, d’annuler toutes les transactions commerciales, une mesure qui pourrait coûter aux Espagnols, en gros, 3 milliards d’euros de contrats dans divers domaines industriels. La presse sanchiste, toujours aussi optimiste et condescendante à l’égard du gouvernement de coalition, s’efforce ces jours-ci de nous convaincre que trois milliards, ce n’est pas grand-chose, une petite fête, une broutille qui, comparée à notre immense PIB, ne représente que quelques miettes. Cependant, malgré ce que peut dire la presse officialiste, la poêle à frire algérienne nous fera mal. Beaucoup de dégâts.

    Pour commencer, certaines compagnies d’électricité tremblent déjà et préparent des augmentations drastiques des factures d’électricité. L’injustice faite aux expulsés sahraouis aura, tôt ou tard, des répercussions dans les poches des Espagnols. Mais le conflit dépasse les questions économiques pour prendre les proportions d’une crise internationale aiguë. Ces dernières heures, la situation a atteint un niveau de tension maximale et le régime d’Alger menace déjà de lancer une flottille de petits bateaux contre les côtes espagnoles avec quelques milliers de clandestins à bord afin de générer une autre crise démographique grave semblable à celle organisée par le roi du Maroc à la frontière de Tarajal en mai 2021. Quel que soit le point de vue, cette fois, Pedro Sánchez a fait une erreur. Chaque mesure prise par le gouvernement espagnol au cours de l’année dernière sur l’épineuse question du Sahara occidental a été erratique et plus dommageable que la précédente. Toute l’affaire s’est révélée désastreuse, et ce qui est encore plus inquiétant : tout a été mal expliqué au public espagnol. Si l’objectif était d’offrir une assistance médicale pour des raisons humanitaires au chef du Front Polisario, Brahim Gali, il aurait été préférable de faire connaître l’opération, et non de le faire entrer en cachette par la porte arrière d’un hôpital de La Rioja, avec une intention malveillante et de nuit. Il n’aurait pas non plus été inutile de téléphoner au roi Mohammed VI pour tenter de le rassurer sur le fait que l’opération Gali ne constituait pas un changement radical de position sur le Sahara ou une démarche hostile à l’égard de nos amis marocains. Le tact et le respect mutuel sont la base d’une bonne diplomatie. Mais cela a été fait de la manière dont cela a été fait et à partir de là, les choses sont allées de mal en pis.

    Après l’avalanche humaine à la frontière de Tarajal, cruelles représailles du satrape de Rabat, vint le scandale de l’espionnage Pegasus, qui laisse à ce jour de nombreuses questions sans réponse. Les Espagnols ne savent toujours pas si le téléphone de M. Sánchez a été mis sur écoute et piraté par des agents secrets marocains, de la CIA ou du CNI, et nous craignons que l’affaire reste encore longtemps entourée de mystère. Pendant ce temps, les États-Unis nous ont fait asseoir de force à une table de négociation pour signer l’accord d’autonomie de Trump pour le Sahara occidental sous souveraineté marocaine, une véritable trahison d’un peuple frère envers lequel l’Espagne continue d’avoir des responsabilités en tant que puissance décolonisatrice. Nous avons ainsi désobéi aux résolutions de l’ONU sur la nécessité d’organiser un référendum d’autodétermination et laissé 267 000 personnes vivant dans cette zone désertique abandonnées à leur sort, si ce n’est aux mains de la dictature alaouite. Beaucoup d’entre eux ont encore leur carte d’identité espagnole, s’ils ne l’ont pas déjà déchirée après la supercherie de Moncloa.

    Si Sánchez a été contraint d’avaler le plan américain (un cadeau emballé sous cellophane de l’administration américaine à son allié traditionnel marocain), le président aurait dû le communiquer au peuple espagnol. S’il y avait des pressions de Washington et de l’OTAN pour que l’Espagne conclue l’accord le plus rapidement possible, donnant ainsi une leçon à l’Algérie pour ses alliances avec Poutine – la Russie aurait l’intention d’ouvrir des bases navales dans le pays d’Afrique du Nord, menaçant l’Occident et mettant gravement en danger la stabilité régionale – le Premier ministre aurait dû en parler au peuple espagnol. Et si, en fin de compte, la seule raison ici était le pragmatisme, c’est-à-dire le besoin du premier ministre socialiste de se débarrasser d’un problème, la patate chaude sahraouie, le président aurait dû le dire au peuple espagnol.

    Quoi qu’il en soit, l’affaire méritait à tout le moins que le locataire de la Moncloa vienne au Parlement et s’explique au grand jour, car un moment historique pour notre pays est en train de se produire. La logique aurait voulu que les partis avalisent l’accord ou, mieux encore, que les Espagnols soient appelés aux urnes pour se prononcer par référendum sur l’avenir de ce qui n’a été pendant si longtemps qu’une province de plus. Mais dans ce pays, consulter les citoyens sur des questions transcendantes relève de la science-fiction. Sánchez a décidé de prendre la décision à ses risques et périls, en tant que caudillo, comme Franco l’aurait fait en 1975, puis de passer à autre chose. Il croyait qu’en se comportant comme un bon garçon, en faisant ce que les Américains, les Marocains, l’UE et l’OTAN lui disaient, il résoudrait le problème. Mais un énorme abus avait été commis contre nos frères sahraouis et rien de ce qui est construit sur le mortier de l’injustice ne peut durer. Et c’est ce qui s’est passé. Au final, la crise a fini par exploser en Algérie, un pays avec lequel nous avions d’importantes relations commerciales et qui nous refile aujourd’hui la facture, une facture que les Espagnols devront inévitablement payer sous forme de tarifs d’électricité.

    Petit à petit, la boule de neige s’est agrandie. Sánchez commence à se rendre compte de l’énorme fiasco et a ordonné à son ministre des affaires étrangères Albares d’annuler son voyage au sommet des Amériques et de se précipiter à Bruxelles, sans perdre une seule minute, pour demander l’aide de l’UE. Jusqu’à présent, l’UE a répondu comme prévu à la demande d’aide et d’assistance de l’Espagne et, bien qu’elle ait catégoriquement rejeté le chantage comme étant inacceptable – avertissant que les membres du club de l’UE réagiront avec force contre le régime d’Alger face à « tout type de mesure coercitive » qu’il adopterait à l’encontre d’un État membre comme l’Espagne – elle exhorte les Espagnols et les Algériens à trouver une solution négociée au conflit. Heureusement, nous sommes en Europe et la pagaille de Sánchez sera en partie amortie par le parapluie souple de Bruxelles. Mais on ne peut s’empêcher de se demander, en jouant à l’histoire-fiction, ce qui se serait passé si notre pays ne faisait pas partie du club sélect européen. Aujourd’hui, nous serions seuls et embarqués dans une guerre aux conséquences imprévisibles entre Marocains et Algériens. Pour une fois, la chance s’est alliée à nous, l’emportant sur la toujours désastreuse diplomatie nationale.

    Diario 16, 11 juin 2022

    #Espagne #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #PedroSanchez

  • ¿Puede resolverse el conflicto del Sahara Occidental?

    ¿Puede resolverse el conflicto del Sahara Occidental?
    Argelia corta los vínculos comerciales y diplomáticos con España después de que Madrid apoye el plan de Marruecos para la región en disputa.

    La disputada región del Sahara Occidental, en el noroeste de África, está tensando los lazos entre Argelia y España.

    El gobierno argelino ha suspendido un acuerdo de amistad y ha detenido todo el comercio, excepto el de gas natural, por ahora.

    El Sahara Occidental fue una colonia española hasta 1975. Marruecos tomó entonces el control en un movimiento que no ha sido reconocido internacionalmente.

    Argelia apoya al Frente Polisario, que lucha por la independencia del Sahara Occidental.

    En marzo, el Presidente del Gobierno español, Pedro Sánchez, enfureció a Argelia cuando se unió a un creciente número de países que apoyan el plan de Marruecos de dar a la región cierta autonomía.

    ¿Podrá resolverse uno de los conflictos más antiguos del mundo?

    Invitados:

    Sidi Omar – Representante del Frente Polisario en las Naciones Unidas

    Yasmine Hasnaoui – Especialista en asuntos del Norte de África

    Riccardo Fabiani – director de proyectos para el Norte de África, International Crisis Group

    https://www.aljazeera.com/program/inside-story/2022/6/10/can-the-western-sahara-conflict-be-resolved

  • Espagne-Algérie: 1ère arrivée de pateras aux Îles Baléares

    Espagne-Algérie: 1ère arrivée de pateras aux Îles Baléares

    Espagne, Algérie, Sahara Occidental, Maroc, migration, pateras, Îles Baléares,

    Les premières petites embarcations arrivent aux Baléares : inquiétude de la police et de la garde civile face au changement en Algérie

    Plus d’une centaine d’Algériens sont arrivés dans de petits bateaux aux îles Baléares dans les dernières heures après la décision de l’Algérie de suspendre le traité d’amitié avec l’Espagne

    Les forces et organes de sécurité de l’Etat attendent les conséquences qui pourraient découler de la décision de l’Algérie de suspendre le traité d’amitié avec l’ Espagne . L’Algérie est, avec le Maroc, l’un des partenaires stratégiques du franc sud. Désormais, l’incertitude règne quant aux répercussions sur les deux principaux dossiers sur lesquels elle collabore avec notre pays : le contrôle des flux migratoires et la lutte contre le terrorisme.

    Les autorités algériennes ont suspendu ce mercredi le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne, signé le 8 octobre 2002, en raison de sa position « injustifiable » sur le Sahara occidental , comme annoncé par la présidence de la République . Une mesure annoncée par Alger qui a un effet « immédiat ».

    Un avenir incertain »

    En principe, cette décision a laissé l’Espagne sans le soutien de l’un de ses principaux alliés les plus fiables. Le Maroc est un partenaire plus instable mais l’Algérie a toujours offert une ligne de continuité dans ses actions. Leur collaboration a été essentielle dans le contrôle des flux migratoires et dans les affaires anti-terroristes.

    Le Maroc et l’Algérie se sont toujours battus pour être le pays le plus dominant en Afrique du Nord, tandis que l’Espagne a agi comme un équilibre pour égaliser les forces des deux par la diplomatie.

    Le contrôle des traversées du Sahel a été l’un des points sur lesquels le plus de travail a été fait. L’abandon des fonctions dans ce domaine peut conduire à une augmentation des bateaux et des immigrants qui tentent d’accéder à l’Espagne , selon des sources policières a déclaré Vozpópuli . « Nous avons un avenir incertain devant nous », disent-ils.

    Pateras à Majorque et Formentera

    Depuis plusieurs semaines, on observe une légère augmentation des bateaux détectés qui ont pu atteindre les côtes espagnoles, mais de manière isolée vers des zones comme Almería ou la côte de Levante. « Maintenant, s’ils changent de politique, ils pourraient venir de manière excessive », préviennent ces sources. Ces mêmes sources regrettent que ce changement puisse conduire à la création de nouvelles routes migratoires profitant de la situation actuelle.

    Comme Vozpópuli a pu l’apprendre , au cours des dernières heures, plus d’une centaine d’immigrants sont arrivés dans notre pays dans de petits bateaux. Jusqu’à Majorque, 86 migrants ont débarqué dans cinq bateaux. La plupart des Algériens. Dans le même ordre d’idées, 27 Algériens ont touché terre à Formentera.

    Autre facteur à ne pas négliger dans ces relations diplomatiques, les 15 000 millions de mètres cubes de gaz par an que l’Algérie vend à l’Espagne. Ce chiffre représente près de la moitié du total de ce produit consommé dans notre pays.

    Opérations anti-terroristes

    L’un des points clés de la relation entre l’Algérie et l’Espagne est le contrôle en matière anti-terroriste. Depuis plus d’une décennie, les forces de sécurité des deux pays travaillent ensemble pour relier les informations sur ces questions. Beaucoup de ces opérations sont menées dans notre pays grâce aux enquêtes qui commencent sur le continent africain. Il y a aussi un flux de confiance entre les deux parties.

    La vérité est que ces derniers mois, les démarches du gouvernement de Pedro Sánchez ont provoqué la colère de l’Algérie et du Maroc. La venue en Espagne du secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, pour y recevoir des soins médicaux était un clin d’œil aux exigences algériennes.

    Cette décision a été un revers pour les partenaires marocains qui ont accusé l’Espagne d’avoir « la volonté de créer des problèmes ». Tout cela dans des relations qui ont toujours été marquées par la tension. Dans un tournant historique de la position espagnole, Sánchez a signé une nouvelle « feuille de route » avec le roi Mohamed VI sur le plan d’autonomie du Sahara occidental.

    Juste avant le sommet de l’OTAN

    Cette décision a été la dernière goutte pour la patience de l’Algérie. Le gouvernement de Pedro Sánchez a regretté la décision algérienne mais a réaffirmé son « plein engagement » sur le contenu du pacte, notamment en ce qui concerne le respect des principes de la Charte des Nations unies et du droit international.

    Toutes ces incertitudes interviennent à un moment « clé » du fait du sommet de l’Otan qui se tient à Madrid. Le grand engagement de l’Espagne était de défendre ses intérêts à la frontière du sud de l’Europe, précisément sur les questions liées au terrorisme et aux flux migratoires . Désormais, ils vont trouver cette initiative plus difficile avec le rejet d’un de leurs principaux partenaires en la matière.

    Voz populi, 09/06/2022

    #Espagne #SaharaOccidental #Algérie #PedroSanchez #Maroc #Migration #Pateras

  • L’Algérie punit l’Espagne – Edito d’ABC-

    L’Algérie punit l’Espagne – Edito d’ABC-

    Espagne, Pedro Sanchez, Algérie, Maroc, Sahara Occidental,

    L’Algérie punit l’Espagne pour la trahison du Sahara – Editorial d’ABC

    Jusqu’à présent, l’Algérie était un partenaire essentiel sur le plan diplomatique, mais surtout sur le plan économique, compte tenu de notre dépendance au gaz de ce pays.

    La décision de l’Algérie de considérer comme rompu le traité d’amitié et de coopération avec l’Espagne —signé en 2002— et d’interdire les reprises commerciales entre les deux pays, le jour même où Pedro Sánchez s’est expliqué au Congrès sur le virage du gouvernement avec le Maroc, n’est ni fortuite ni anecdotique, mais grave pour les intérêts espagnols.

    Jusqu’à présent, l’Algérie était un partenaire essentiel sur le plan diplomatique, mais surtout sur le plan économique, compte tenu de notre dépendance au gaz de ce pays. Les relations nulles entre ces pays et la pirouette de Sánchez concernant le Sahara près d’un demi-siècle après le maintien d’un statut raisonnable avec les deux ont provoqué une réaction de colère d’Alger aux effets incertains, qui en tout cas ne sont pas de bon augure.

    Le gouvernement a négocié dans le noir avec Rabat, a commis une erreur en traitant incognito le chef du Front Polisario en Espagne et a fini par hérisser le régime marocain. Pour le résoudre, il s’est soumis au chantage de Rabat et les conséquences pour le moment sont celles-ci : moins de gaz, plus cher et une diplomatie sans profondeur.

    ABC, 09/06/2022

    #Espagne #PedroSanchez #SaharaOccidental #Maroc #Algérie

  • Pedro Sanchez au Congrès : Pum, Pum, Pum

    Pedro Sanchez au Congrès : Pum, Pum, Pum

    Espagne, Pedro Sanchez, Congreso, Sahara Occidental, Maroc, Algérie, espionnage, Pegasus, Ceuta,

    La session plénière du Congrès au cours de laquelle le président du gouvernement a expliqué (?) le changement de position de l’Espagne concernant le conflit dans l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, et au cours de laquelle il a rendu compte du dernier sommet de l’Union européenne sur les sanctions contre la Russie pour la guerre de Poutine, où des questions telles que le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Madrid ont également été abordées, ainsi que la demande de fonds supplémentaires par le ministre de la Défense, sont devenues un nouveau pim, pam, pum, contre Pedro Sánchez, qui une fois de plus a été laissé tranquille parce que ni l’opposition de droite, ni ses partenaires de gouvernement et d’investiture ne lui ont donné de l’arnica, alors que tout le monde considère qu’il a trahi le peuple sahraoui, et d’autres que sa politique favorise le complexe industriel-militaire.

    Sánchez a réitéré les arguments connus depuis que l’accord avec le Maroc était connu, mais n’a pas expliqué les raisons pour lesquelles il a changé sa position politique tenue pendant plus de quarante ans, qui avait le soutien de la majorité des forces parlementaires et du peuple espagnol qui a soutenu la cause sahraouie.

    Trois mois après l’accord entre le gouvernement et le Maroc, qui a été précédé d’actions unilatérales du Maroc, de la pression migratoire, de l’ invasion de Ceuta et de l’espionnage présumé des services secrets marocains via Pegasus, les causes profondes restent inconnues qui ont conduit Sánchez à plaire au pays alaouite, dont certains porte-parole ont exprimé leur méfiance quant au respect des engagements pris, dont aucun résultat n’a encore été constaté, en plus d’avoir empoisonné les relations avec l’Algérie.

    La porte-parole du PP, Cuca Gamarra, a critiqué Sánchez que son changement de position concernant le Sahara n’avait pas le soutien du Congrès. Mais il n’a pas précisé non plus si, lorsqu’ils atteindront le gouvernement, ils reviendront au statu quo précédent. Le président du PP, Alberto Núñez Feijóo, n’a rien dit au Premier ministre marocain, Aziz Ajanuch, lorsqu’il l’a rencontré à Rotterdam, si ce n’est qu’il entretiendra une relation de loyauté avec son pays.

    Les partis d’opposition de droite ont insisté sur la contradiction que la moitié du gouvernement, celle correspondant à Unidas Podemos, maintienne des positions anti-atlantistes face à l’engagement du PSOE auprès de l’OTAN en tant que garant de la sécurité et de la défense européennes, et les conséquences que ces écarts peuvent avoir pour le prestige du pays et le succès du sommet de Madrid.

    Les membres et partenaires de la coalition n’ont ménagé aucun reproche à Pedro Sánchez pour la rupture de la neutralité de l’Espagne vis-à-vis du Sahara, et pour l’augmentation prévue des dépenses militaires qui devraient être soustraites des dépenses sociales. Hormis chez le porte-parole parlementaire socialiste, le Premier ministre n’a pas trouvé un mot d’encouragement ou de soutien à sa politique de sécurité et de défense. Pas économiquement.

    El Correo gallego, 09/06/2022

    #Espagne #PedroSanchez #SaharaOccidental #Maroc #Algérie