Catégorie : sélection articles illustrés

  • Bouleversements géostratégiques à l’horizon de 2030

    Bouleversements géostratégiques à l’horizon de 2030

    Economie, Russie, Ukraine, énergie, Chine, Afrique, Algérie,

    Professeur Abderrahmane MEBTOUL, docteur d ‘Etat 1974- expert international

    Cette brève contribution est une synthèse de l’interview que j’ai donnée à la télévision internationale Alg24News le 02 septembre 2022 sur les tensions géostratégiques actuelles

    1.-Ont été abordés des sujets complexes concernant notamment le conflit en Ukraine, les impacts des sanctions occidentales contre la Russie, les tensions USA/Chine concernant Taïwan ou le monde à l’horizon 2030/2035, avec l’actuelle crise énergétique, alimentaire et le réchauffement climatique devrait connaître un profond bouleversement du pouvoir à l’échelle mondiale. Tout en n’oubliant pas que la Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations alimentaires mondiales, pouvant créer une véritable crise alimentaire. Source de déstabilisation de bon nombre de pays notamment africains, les tensions en Ukraine ont exacerbé les tensions énergétiques avec un taux d’inflation élevé dans la zone euro, aux États-Unis fin 2021, et les huit premiers mois de 2022, l’inflation devant atteindre en 2022, environ 6,6 % dans les pays avancés et 9,5 % dans les pays émergents et les pays en développement, ce qui a provoqué un durcissement des conditions financières mondiales et s’étant étendue à de nombreux pays sous l’effet des tensions sur les prix provoquées par les perturbations des chaînes d’approvisionnement et une pénurie de main d’œuvre historiquement forte.

    Selon la banque mondiale, l’Europe, les USA et la Chine avec la guerre en Ukraine a eu de nouvelles répercussions négatives sur la croissance mondiale qui s’est donc contractée au deuxième trimestre de 2022. Paradoxe, les sanctions contre la Russie à court terme n’ont pas eu d’effets dans la mesure où le pays possède 6,4 % des réserves mondiales de pétrole et surtout 17,3 % des réserves de gaz naturel. L’énergie représente 25 % de la richesse produite sur le sol russe (PIB) et 57 % de ses exportations, dont 30% de pétrole brut, 15% de produits pétroliers et 45% de gaz.

    Selon une étude de l’Institut Montaigne de juin 2022, les ventes de pétrole russe ont atteint 179 milliards de dollars en 2021, contre 62 milliards pour le gaz. Et l’augmentation des cours de l’or noir devrait encore accroître les recettes en 2022 où à 100 dollars le baril en moyenne, celles-ci s’élèveraient à 306 milliards de dollars, soit 18% du PIB russe. Aussi, après un effondrement temporaire au début de la crise ukrainienne, le rouble s’est raffermi dépassant actuellement 55 roubles un dollar en juillet 2022. Aussi à court terme ce sont les économies européennes qui ont été les plus pénalisées tout en évitant de minimiser les impacts négatifs sur l’économie russe (voir notre interview à la télévision Ennahar 04/09/2022)

    2.-Cependant il faut raisonner en dynamique et à moyen terme horizon 2025/2030, expliquant l’aide massive en armement des USA, suivi de l’Europe où cette guerre selon le Pentagone devrait durer longtemps et aura un impact négatif tant pour les économies européennes surtout l’Allemagne locomotive de l’Europe que de la Russie (le PIB étant faible, en 2021, étant voisin de celui de l’Espagne ) qui devrait connaître une contraction de leur PIB respectif en 2022, avec la dominance de deux importantes économies mondiales à savoir les USA et la Chine pour se partager le pouvoir économique mondial. La Chine dont 70% de ses exportations sont destinées à l’Europe et les USA, les échanges sino-russes représentant environ 12%, entend jouer le rôle de leader au niveau des BRICS, qui ne constitue pas un tout homogène, composé de systèmes politiques différents avec des stratégies différentes, dans la pratique des relations internationales n’existant pas de sentiments, représentant 25% des richesses mondiales et près de 45/50% de la population mondiale.

    L’enjeu sera le contrôle de l’Afrique, continent contenant des richesses colossales (les terres rares) avec un quart de la population mondiale horizon 2035, pour la Chine à travers la route de la Soie expliquant récemment l’important montant des USA en destination de l’Afrique suivi de l’Europe et du Japon allié traditionnel des USA qui vient de débloquer lors de la récente réunion à Tunis une enveloppe de 30 milliards de dollars et ce pour contrer l’influence de la Chine et à un degré moindre de la Russie. Quant aux récentes mesures sur le Tourisme via les visas qui ne fait pas consensus au niveau de l’Europe, pénalisant toute une population contraire d’ailleurs aux règles de l’Union européenne de libre circulation des biens et personnes, elles auront un impact limité eu égard au chiffre d’affaire mondial du tourisme en 2021 où la contribution économique du tourisme en (mesurée en produit intérieur brut direct du tourisme) est estimée à 1 900 milliards d’USD. Des résultats au-dessus des 1.600 milliards USD de 2020, mais encore bien loin des chiffres d’avant la pandémie (3 500 milliards d’USD), selon l’OMT.

    En 2019, les dépenses russes en voyages internationaux ont atteint 36 milliards de dollars américains et les dépenses ukrainiennes 8,5 milliards de dollars américains et en 2020, ces valeurs ont été réduites à 9,1 milliards de dollars américains et 4,7 milliards de dollars américains, respectivement. En tant que destinations touristiques, la Russie et l’Ukraine représentent 4 % des arrivées de touristes internationaux en Europe, mais seulement 1 % des recettes du tourisme international en Europe. En 2019, les dépenses russes en voyages internationaux ont atteint 36 milliards de dollar et les dépenses ukrainiennes 8,5 milliards de dollars américains et en 2020, ces valeurs ont été réduites respectivement à 9,1 milliards de dollars et 4,7 milliards de dollars américains.

    3.- Cette crise énergétique combinée aux effets négatifs du réchauffement climatique devrait entraîner entre 2022/2030/2035 une nouvelle structuration modèle de consommation énergétique et donc du bouquet énergétique mondial (Mix énergétique). Les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique Usa/Europe/Chine, Inde devrait dépasser les 4000 milliards de dollars où les grandes compagnies devraient réorienter leurs investissements dans ces segments rentables à terme.

    L’épidémie du coronavirus et les tensions en Ukraine ont montré toute la vulnérabilité de l’économie mondiale face aux chocs externes. Si l’on ne prend pas garde, l’impact du réchauffement climatique sera mille fois plus intense que l’ impact de l’épidémie du coronavirus avec des coûts croissants, que ne pourront plus supporter les Etats. Cela impose un autre comportement des ménages et aux entreprises d’investir dans les créneaux d’avenir à forte valeur ajoutée moins polluants qui, sont les déterminants fondamentaux du développement du XXIème siècle. Le monde de demain sera dominé par les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle qui influe sur la gestion des entreprises, des administrations, des systèmes politiques et nos comportements dont le fondement est la bonne gouvernance, le primat à l’éducation, à la santé et aux nouvelles activités créatrices de valeur dont la culture, les loisirs et aux activités écologiques. Cela implique le renouveau dans les négociations internationales, en repensant l’actuelle mondialisation qui produit des inégalités criardes, nécessitant de nouveaux mécanismes de régulations économiques, sociales et juridiques afin d‘atténuer les tensions géostratégiques et les tensions sociales qui influent sur la sécurité des Nations et le développement durable.

    En résumé, l’Algérie, acteur stratégique au niveau de la région méditerranéenne et africaine sur le plan sécuritaire, possède des atouts considérables pour devenir un important pôle énergétique au niveau de la région sous réserve d’accélérer sa transition énergétique. Elle est actuellement courtisée mais sa position est claire : elle peut doubler ses exportations vers l’Europe horizon 2025 passant de 11% à plus de 22% sous réserve d’un investissement de la part des compagnies étrangères, dans les hydrocarbures traditionnels, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables et l’hydrogène, la nouvelle loi des hydrocarbures étant attractive dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.

    #Ukraine #Russie #Chine #Occident #Afrique #Economie #climat #Energie

  • Ukraine:  Zelensky loue sa villa en Italie à des Russes

    Ukraine: Zelensky loue sa villa en Italie à des Russes

    Ukraine, Volodymyr Zelensky, villa, Italie, Russie,

    Par M.B

    Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est en plein scandale. Il appelle l’Union européenne à refuser les visas aux ressortissants alors qu’il loue sa villa de luxe en Toscane dans le centre-ouest de l’Italie à des Russes pour le mois d’août. C’est ce qu’a révélé le journal italien Il Tirreno.

    Un couple russe avec une adresse à Londres a loué la villa pour le mois d’août, payant la somme princière de 50.000 euros, a rapporté le journal le 31 août 2022. La villa, située dans la ville balnéaire de Forte dei Marmi, a été achetée par Zelensky pour quatre millions d’euros alors que le dirigeant ukrainien était encore acteur, ajoute le rapport.

    Des photos publiées sur les réseaux sociaux par le couple ont confirmé qu’ils séjournaient dans la propriété de Zelensky, a déclaré Il Tirreno. Dans cette villa Zelensky (44 ans) possède également une noble propriété.

    La maison de la Via Matteo Civilati (du nom d’un peintre et sculpteur italien du XVe siècle) est entourée d’une haie et d’une clôture ; deux tours de cyprès à la porte d’entrée. Selon la plateforme d’investigation “ Slidstvo”, Zelensky aurait acheté la propriété en 2017 pour 3,8 millions d’euros par l’intermédiaire d’une société italienne.

    Depuis que les forces russes sont entrées en Ukraine en février, Zelensky a appelé l’UE à refuser les visas aux visiteurs russes. Le peuple russe, a-t-il déclaré au Washington Post plus tôt ce mois-ci, “devrait vivre dans son propre monde jusqu’à ce qu’il change de philosophie”.

    En mars, Zelensky a spécifiquement appelé le gouvernement italien à “bloquer tous les biens immobiliers, comptes et yachts [russes], de Shéhérazade aux plus petits”, faisant référence à un superyacht de 140 mètres (460 pieds) qui appartiendrait à un homme d’affaires russes. Un individu russe qui était ancré dans le port italien de Marina di Carrara.

    Tous les vols entre l’UE et la Russie ont été suspendus depuis les premiers jours de l’opération militaire de Moscou, et le bloc a suspendu mercredi un accord bilatéral de facilitation des visas avec la Russie. La suspension réduit le nombre de nouveaux visas européens disponibles pour les Russes sans éliminer complètement les voyages.

    Sur les réseaux sociaux le président ukrainien est critiqué de toute part suite à la publication de cette enquête du journal italien. Sur Twitter, l’homme politique français François Asselineau a tiré à boulets rouges contre le président ukrainien affirmant qu’il a acheté cette villa grâce à une société écran basée à Chypres.

    “On comprend mieux pourquoi les Italiens soutiennent plus la Russie que l’Ukraine”, dira un internaute sur Twitter tandis qu’un autre plutôt sarcastique écrit que Zelensky “est tellement culotté qu’il est capable de dire : “Oui, mais je l’aurais louée 2 fois moins cher à d’autres étrangers, et 3 fois moins si j’avais trouvé des locataires ukrainiens”. Des internautes français lui réclament cabrement de rendre l’argent qu’il a obtenu du gouvernement puisqu’il possède toute une fortune.

    La presse Occidentale et aux Etats-Unis s’est abstenue de reprendre cette information, préférant couvrir leurs mensonges et ceux de Zelensky a fait observer un abonné à Twitter.

    Le Jeune Indépendant, 03/09/2022

    #Ukraine #Zelensky #Villa #Russie

  • Consulats au Sahara: Un « club balnéaire Bourita » selon Belani

    Consulats au Sahara: Un « club balnéaire Bourita » selon Belani

    Maroc, Sahara Occidental, Algérie, consulats, Dakhla, Nasser Bourita,

    Pour Amar Belani, l’envoyé algérien pour le Sahara Occidental et le Maghre, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, s’empresse d’allumer un contre-feu pour tenter de faire oublier les revers affligés à « diplomatie monothematique » du Maroc. Selon lui, ce contre-feu « consiste alors à puiser dans la cassette royale pour financer un gadget diplomatique, du genre ouverture d’un nouveau consulat fantôme dans le territoire occupé du Sahara Occidental ».

    « Cette lubie de vouloir agrandir le “Club balnéaire Bourita”, qui habite ce collectionneur impénitent de consulats fictifs en villégiature opulente à Dakhla, est désormais fortement aiguillonnée par le dernier discours du Roi qui somme son chef de la diplomatie de consolider une « dynamique » africaine bâtie, en vérité, sur l’autosuggestion et le stimulant pécuniaire », écrit Belani dans un article paru sur Le Soir d’Algérie.

    Selon le responsable algérie, « le vibrionnant ministre nous sert des pourcentages qui glorifient la « marocanité des provinces du sud » sans tenir compte, bien entendu, des consulats qui seront fermés lorsque les rideaux seront tombés sur cette farce, car le statut final du Sahara Occidental sera déterminé exclusivement sous les auspices des Nations Unies et dans le respect de la légalité internationale ».

    « Les jeux de dupes pratiqués par ce bonneteur diplomatique (et bonimenteur), comme la réunion imminente des MAE des pays qui ont ouvert des consulats fantômes, ne remplaceront jamais le quitus incontournable de la légalité internationale que seule l’ONU peut imprimer à une solution authentiquement acceptée par le peuple sahraoui et son unique représentant légitime, le Front Polisario », précise-t-il.

    « Pour tout le reste, cette histoire de consulats fantômes, c’est en fait l’histoire bien remplie d’un immeuble..bien vide. Et en viager », conclue-t-il.

    #Maroc #Sahara_Occidental #Algérie #Consulats #Nasser_Bourita

  • Sahara: Une femme du Honduras à la tête de la MINURSO à Mahbes

    Sahara: Une femme du Honduras à la tête de la MINURSO à Mahbes

    Sahara Occidental, Maroc, MINURSO, ONU, Mahbes, Dinora Elizabeth Molina,

    Le Honduras prend le commandement de la mission de paix au Sahara occidental

    Pour la première fois dans l’histoire des contingents qui se rendent au Sahara Occidental, une femme prend le commandement de l’équipe de Mahbes.

    Il s’agit du lieutenant-colonel de matériel de guerre, DEM, Dinora Elizabeth Molina, qui a assumé le TS opérationnel et administratif, une responsabilité qui fait la fierté des Forces armées honduriennes dans la mission de maintien de la paix à la demande des Nations Unies au Sahara occidental.

    Le lieutenant-colonel Molina a été sélectionné pour ses capacités, son leadership, son ancienneté et son professionnalisme dans cette mission internationale.

    Molina est la première officier hondurienne à occuper ce poste, elle fait partie de la classe numéro 38 de l’Académie militaire général Francisco Morazán du Honduras (AMHGFM).

    En tant que commandant de site d’équipe, elle sera aux commandes officielles de différents pays, avec lesquels elle devra préparer, planifier, diriger et exécuter des missions pour maintenir la paix, l’harmonie et l’équilibre dans le monde.

    Pour les Forces armées honduriennes, le premier septembre marque une page de l’histoire lorsqu’une femme militaire hondurienne occupe le poste honorable de commandant de cette mission.

    Canal 6, 02/09/2022

    #Sahara_Occidental #Maroc #MINURSO #ONU #Mahbes

  • L’Algérie abriterait 20% des terres rares de la planète

    L’Algérie abriterait 20% des terres rares de la planète

    Algérie, terres rares, métaux rares, MEDEF, France, batteries,

    Les terres rares, sont l’objet de convoitises dans le monde, car elles sont nécessaires et indispensables à plusieurs industries de pointe. L’Algérie, particulièrement son Sud (Sahara), abriterait 20% des terres rares de la planète. C’est ce qu’a rapporté le journal français l’Opinion, citant des chercheurs.

    Dans son édition du 30 août écoulé, le journal français a souligné l’intérêt de la France au métaux rares de l’Algérie. Il a été d’ailleurs évoqué dans la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre l’Algérie la France, signée par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français, Emmanuel Macron, qui a effectué une visite de trois jours (25-26-27 août) en Algérie.

    L’Algérie et la France « entendent favoriser une relance de leurs échanges économiques et encourager le développement des partenariats entre leurs entreprises ainsi que la recherche pour l’innovation. Ces efforts porteront en priorité sur les secteurs d’avenir : le numérique, les énergies renouvelables, les métaux rares, la santé, l’agriculture et le tourisme », lit-on dans le volet relatif à l’économie de la Déclaration.

    Selon l’Opinion, le sujet a été également abordé tout récemment entre le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, qui faisait partie de la délégation d’Emmanuel Macron. Le dossier des terres rares a été également évoqué en juillet dernier par M. Arkab et Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Economie et actuel président de l’association France.

    Un membre de la délégation française ayant accompagné Emmanuel Macron et cité par l’Opinion, a indiqué : « Nos partenaires algériens sont demandeurs de propositions françaises en matière minière ». Chose qu’a confirmée le directeur général du Medef, Philippe Gautier, qui a indiqué : « Les groupes français s’intéressent aux métaux rares en Algérie.

    Le média français a rappelé que le Président Tebboune a demandé d’établir une une cartographie des gisements de terres rares en vue de leur exploitation.

    Lors d’un Conseil des ministres, tenu juillet 2020, le chef de l’Etat avait indiqué avoir donné des instructions au ministère de l’industrie et des mines afin de préparer des cahiers de charges pour l’exploitation de terres rares dans le pays.

    « Nos réserves en terres rares sont importantes et nous sommes classés deuxième ou troisième dans les réserves mondiales », avait-t-il ajouté.

    Fin juillet dernier, il convient de le souligner, il y a eu le lancement des travaux d’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet, dans la wilaya de Tindouf, au Sud Ouest de l’Algérie.

    L’industriel Philippe Varin, cité par l’Opinion, a expliqué que l’industrie des terres rares est actuellement dominée par la Chine. Cette dernier, a-t-il précisé, a pris, par exemple, 40% du contrôle des chaînes de valeurs pour les métaux nécessaires à la fabrication de batteries, en Afrique et ailleurs.

    Selon l’Opinion, la France et l’Europe devront importer à l’horizon 2030 entre 70 et 80% de leurs besoins en « métaux de la transition », c’est-à-dire le nickel, le cobalt, le lithium, l’aluminium, le manganèse, le cuivre et les terres rares, dont ne peuvent se passer les industries de pointe dans l’aéronautique, l’automobile, la défense, les télécommunications et les industries spatiales.

    Algérie Eco, 01/09/2022

    #Algérie #Terres_rares

  • Profits en temps de crise

    Profits en temps de crise

    BP, Shell, TotalEnergies, Exon, Chevron, dette, Moderna, Pfizer, ONU,

    Pablo Laixhay , Thérèse Di Campo

    Aujourd’hui plus que jamais, l’inflation bat des niveaux records, les prix des matières premières explosent sur les marchés internationaux, exacerbant les situations de crises alimentaires, et le gonflement des dettes publiques nous promet un durcissement sévère des mesures d’austérité. Il est dès lors impératif de comprendre que la situation actuelle ne découle pas uniquement de la pandémie de covid ou de la guerre en Ukraine, mais prend racine dans le fonctionnement même de notre système économique et qu’elle permet à différents acteurs de tirer froidement leurs épingles du jeu.

    La crise de la dette présente avant le covid en Europe
    Il est important de comprendre que la crise de la dette était là bien avant le début de la pandémie et qu’il serait réducteur de tout mettre sur le dos de cette dernière. Plusieurs indicateurs nous montrent en effet que la crise de 2007-2008 n’a jamais été tout à fait surmontée et que ses effets ont toujours été présents.

    L’Union européenne ne respecte pas les règles budgétaires imposées avec le traité de Maastricht en 1992

    Le traité de Maastricht impose aux États de l’Union plusieurs règles budgétaires dont celle de maintenir un ratio dette/PIB sous la barre des 60%. Or, une rapide observation nous permet de constater que, depuis de nombreuses années, aucun pays de l’Europe n’a respecté ces règles. En 2019, cinq pays, dont la France, avaient des dettes supérieures à 100 % de leur PIB. C’est notamment le cas du Portugal avec 127,4 %, de l’Italie avec 150,8% ou de la Grèce avec 193,3 %, soit le double, voire le triple de ce qu’exige le traité.

    La dette des pays du Sud explose

    Si on se tourne vers les pays du Sud global, on constate également qu’entre 2010 et 2020 la dette publique du Sud a plus que doublé et qu’elle avait déjà dépassé les 3 000 milliards de dollars avant la pandémie. Les signes d’une crise de la dette sont visibles depuis 2015 et de nombreux pays étaient déjà en grande difficulté à l’aube de la crise covid. C’était notamment le cas de l’Afrique du Sud, du Mozambique, de la République démocratique du Congo ou encore de la Zambie qui est entrée en défaut de paiement de sa dette dès les premières secousses.

    L’austérité mise en place après la crise financière de 2007 n’a jamais cessé

    L’austérité, présentée comme le remède aux surendettements des États suite à la crise financière et aux sauvetages des banques, est toujours d’actualité. Malgré la parenthèse du « quoi qu’il en coûte », les coupes budgétaires et les politiques néolibérales ont continué et pèsent toujours sur les populations de l’U.E. Contrairement aux grandes annonces, il n’y a pas eu non plus de changement en termes de réglementation bancaire ni de spéculation sur les marchés.

    Une bulle spéculative gonfle depuis 2018-2019

    En 2019, nous pouvions déjà parler de crise de la dette car les pays étaient lourdement endettés, ils subissaient toujours les politiques d’austérité et les banques privées participaient grandement au gonflement d’une bulle spéculative menaçant l’économie réelle

    Si l’impression que la crise de 2007 a été enrayée peut être ressentie, c’est notamment parce que les banques centrales ont adopté des politiques de baisse de leurs taux d’intérêt d’une part et d’injection massive de liquidité dans l’économie d’autre part [1]. Selon les plans des banques centrales, ces politiques devaient permettre aux banques, aux grandes entreprises et aux autres détenteurs de grands capitaux d’investir massivement dans l’économie et d’aider au redémarrage.

    Cependant, les banques et entreprises ont préféré racheter leurs propres actions afin de rémunérer leurs actionnaires et faire gonfler artificiellement leurs valeurs en bourse. De la pure spéculation qui, nourrissant une méfiance mutuelle et généralisée, a poussé, dès 2019, les banques à réduire les prêts et a entraîné une baisse des investissements et de la production.

    Ainsi, en 2019, nous pouvions déjà, ou plutôt toujours, parler de crise de la dette puisque :

    1. Les pays ont continué à être de plus en plus lourdement endettés ;
    2. Le « remède de l’austérité » n’a jamais cessé ;
    3. Les banques privées ont continué de spéculer entrainant le gonflement d’une bulle qui menace aujourd’hui l’économie.

    Profits en temps de crises
    C’est dans cette situation qu’apparaît la pandémie de covid qui, en accélérant les mécanismes de crise, entraîne le ralentissement de l’économie mondiale, l’exacerbation de la hausse du prix des matières premières et l’endettement toujours plus grand des États avec des conséquences considérables pour les populations du monde.

    Or, on constate aujourd’hui que les grandes entreprises, les banques privées et autres détenteurs de capitaux, qui jouent souvent un rôle central dans l’apparition ou dans l’exacerbation des crises, justement s’y retrouvent très bien et, au contraire des populations et des États, voient leurs profits exploser.

    Par souci de concision, concentrons-nous sur trois secteurs en particulier : les secteurs agroalimentaires, énergétique et pharmaceutique.

    Secteur de l’agroalimentaire

    Les prix des denrées n’ont pas attendu la guerre en Ukraine ni le covid pour exploser. Déjà élevés en 2019, ils ont explosé (+33,6% selon FAO [2]) sous l’effet de la paralysie mondiale en 2021 et de la spéculation en 2022. Ils ont alors dépassé les cours atteints en 2008. Cette année-là s’étaient déroulées les émeutes de la faim, une série de mobilisations et d’émeutes populaires ayant eu lieu dans une trentaine de pays. Comme aujourd’hui, les cours des denrées alimentaires avaient alors explosé et les États, devenus dépendants de leurs importations après s’être vus imposer une connexion aux marchés internationaux et l’abandon des soutiens aux cultures vivrières, n’ont pas pu assurer l’alimentation pour leurs populations.

    Ainsi, si les conséquences pour les populations sont importantes, la hausse des prix a permis aux entreprises ayant conquis les marchés de céréales et de l’agroalimentaire de réaliser des profits mirobolants. « Pris ensemble, les milliardaires du secteur alimentaire et agroalimentaire ont vu leur richesse augmenter de 382 milliards de dollars (+45 %) ces deux dernières années » [3]. Deux exemples, Cargill [4] et Walmart, illustrent bien cette situation.

    Cargill a réalisé 4,9 milliards de dollars de bénéfices nets en 2021, la meilleure année pour cette entreprise de 156 ans. Et l’année 2022 battra probablement le record.
    Walmart a réalisé 15 milliards de dollars de bénéfices nets en 2020. La fortune de la famille Walton, qui possède la moitié des actions de l’entreprise, a augmenté de 8,8 milliards de dollars entre 2020 et 2021. Et de plus de 15 milliards de dollars de dividendes au cours des cinq dernières années.

    Secteur de l’énergie

    Ces dernières années furent également plus que bénéfiques pour les entreprises du secteur de l’énergie puisque les bénéfices engrangés par les grands groupes pétroliers ont doublé pendant la pandémie. « Avec la flambée du prix du baril de brut, les majors du pétrole ont amassé 82 milliards de dollars de bénéfices cumulés pour BP, Shell, TotalEnergies, Exon et Chevron » [5]. Ces sociétés annoncent toutes des bénéfices records.

    Profits ici aussi réalisés directement au détriment des populations puisque, outre les impacts environnementaux de la consommation des énergies fossiles, la hausse des prix de l’énergie impacte toutes les chaînes d’approvisionnement de denrées et de transport.

    Secteur pharmaceutique

    On estime que, rien qu’auprès des instances de l’Union européenne, les entreprises pharmaceutiques ont déboursé 36 millions d’euros de lobbying pour perpétuer leurs brevets

    Pour nous pencher sur les profits réalisés par les entreprises pharmaceutiques ces deux dernières années, concentrons-nous sur les deux principales entreprises productrices de vaccins, Moderna et Pfizer.

    Concernant Moderna, celle-ci, après avoir reçu 2,5 milliards de subsides US pour le développement de son vaccin (sans compter les précommandes) a réalisé 12 milliards de dollars de profits sur les vaccins en 2021. En l’espace d’un an, son chiffre d’affaires a été multiplié par plus de 20, passant de 803 millions de dollars en 2020 à 18 milliards en 2021. Ses prévisions pour 2022 avoisinent les 21 milliards de profit, uniquement sur les vaccins.

    En ce qui concerne Pfizer, l’entreprise ayant vendu le plus de vaccins au monde, celle-ci a quasiment doublé son chiffre d’affaires qui est passé de 41 milliards de dollars en 2020 à 81 milliards en 2021. Les profits liés à la vente de vaccins y ont participé à hauteur de 37 milliards de dollars. Pour 2022, Pfizer espère engranger 30 milliards de dollars et monter son chiffre d’affaires à plus de 100 milliards de dollars, soit donc une augmentation de 250% en deux ans.

    Sur base des chiffres d’Oxfam, à eux deux, Pfizer et Moderna ont réalisé en 2021 des bénéfices combinés de 93,5 millions de $/jour, soit plus de 1000 dollars/sec [6]. Et il est important de préciser que nous n’avons pas encore abordé la question des profits personnels réalisés par les actionnaires, les directeurs d’entreprises, etc [7].

    Ce qu’il est essentiel de comprendre ici, c’est comment ces entreprises, qui ont notamment été financées par des fonds publics, ont pu faire des profits aussi faramineux.

    La réponse est simple, ils ont exercé une pression considérable afin de conserver les brevets et donc le monopole de la production. Malgré les subsides ayant permis le financement de la recherche et de la production, malgré les mobilisations internationales et les demandes de l’OMS et de nombreux pays, dont les États-Unis et de nombreux pays à faibles revenus, ces groupes ont toujours refusé la transparence et empêché et ralenti la diffusion des savoirs relatifs au développement des vaccins. On estime que, rien qu’auprès des instances de l’Union européenne, les entreprises pharmaceutiques ont déboursé 36 millions d’euros de lobbying pour perpétuer leurs brevets [8].

    En conservant leur monopole, ils ont pu maintenir des prix artificiellement hauts et générer des profits colossaux.

    Le rapport d’Oxfam estime qu’ils ont ainsi facturé « entre 4 et 24 fois plus que ce qu’il en coûterait de produire des vaccins sous forme générique » [9]. Il est également primordial de rappeler que la course entre les États, pour avoir le plus rapidement et en plus grand nombre les vaccins anti-covid, a entrainé une concurrence féroce et que les États les moins riches ont été poussés en dehors de la table de discussions. Pour Pfizer, moins de 1% de leur production a été livrée à des pays à faibles revenus. Pour Moderna, on descend sous les 0,2%. En mai 2022, 87 % de la population des pays à faibles revenus n’était pas complètement vaccinée.

    C’est notamment pour supporter ces coûts que les États ont réalisé des dépenses énormes durant la crise. Crise qui aurait sans doute pu être écourtée avec la coopération des entreprises en question ou être mieux contenue dans les pays n’ayant pas eu accès aux vaccins. Quelques exemples : les États-Unis de Trump ont préfinancé la recherche, les essais cliniques et la production à hauteur de 11 milliards de dollars. Ils ont ensuite financé un plan de relance de 1900 milliards de dollars. Le plan de relance européen proposé par la BCE s’élève à 750 milliards d’euros. Pour relancer l’économie et financer les mesures d’urgence, l’Espagne a dépensé 172 milliards d’euros, 300 milliards pour la France, ou encore 405 milliards pour l’Italie. Cet argent n’est pas tombé du ciel. Ces plans sont financés via l’endettement sur les marchés financiers et les populations devront bientôt subir de nouvelles politiques d’austérité en vue des remboursements.

    Perspectives futures
    Les sommes qui viennent d’être citées amènent à mettre en cause des politiques qui laissent ces entreprises pesant des milliards, profiter ainsi de situations dont souffrent des centaines de millions, voire plusieurs milliards de personnes, que ce soit les transnationales de l’agroalimentaire avec l’explosion des cours des denrées, les multinationales pétrolières avec la hausse des cours de l’énergie ou les entreprises pharmaceutiques durant la crise du covid.

    Début août 2022, Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, exhortait « tous les gouvernements à taxer ces profits excessifs et à utiliser les fonds pour soutenir les personnes les plus vulnérables ». Un appel qui ne semble pas avoir été entendu en France. En effet, alors qu’au cours du premier semestre de cette année les entreprises du CAC40 ont réalisé un bénéfice cumulé de 80 milliards d’euros, dont 10 milliards pour Total, les amendements proposés par la gauche et les centristes, afin de réclamer un effort supplémentaire aux grands groupes dans ces temps de crise, ont tous été rejetés par le gouvernement jugeant cette participation inutile, voire contreproductive [10].

    Merci à Christine Pagnoulle et Yvette Krolikowski pour leurs relectures

    CADTM, 1/09/2022

    #Ukraine #UE #Dette #

  • l’Imam Iquioussen, ou la fuite dans les idées

    l’Imam Iquioussen, ou la fuite dans les idées

    Hassan Iquioussen, France, Maroc, expulsion, Frères Musulmans, Islam, séparatisme,

    Dans une ordonnance du 30 août 2022, le juge des référés du Conseil d’État, pour une fois réuni en formation collégiale, annule la décision du juge des référés du tribunal administratif de Paris, qui avait suspendu l’expulsion de l’imam Iquioussen. L’affaire fait beaucoup de bruit, en raison de la personnalité très controversée d’un imam qui n’hésite pas à tenir des propos violemment discriminatoires et qui est actuellement en fuite. La médiatisation est d’ailleurs accrue par le ministre de l’Intérieur lui-même, enclin à une communication souvent un peu intempestive.

    Sur le plan juridique toutefois, la décision du 30 août 2022 n’est guère surprenante. Il est vrai que le Conseil d’État annule l’ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Paris, mais ce dernier est coutumier des « jurisprudences de combat », celles destinées à témoigner d’affirmer le droit tel qu’il devrait être, en sachant parfaitement que le Conseil d’État va ensuite énoncer le droit tel qu’il est.

    En matière d’expulsion, le droit est d’ailleurs relativement souple, car la situation de l’étranger est appréciée dans sa globalité. La décision d’expulsion est prise au regard à la fois de l’effectivité de la menace pour l’ordre public que représente la présence de l’étranger sur le territoire et des conséquences sur sa vie familiale qu’entraine la mesure d’éloignement. Ces différents critères s’articulent de manière relativement variable, sous le contrôle du juge administratif, qui, lui aussi, adopte une jurisprudence impressionniste.

    Le droit de mener une vie familiale normale

    Le tribunal administratif de Paris, dans son ordonnance suspendant l’expulsion de l’imam, s’est essentiellement appuyé sur l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme qui garantit le droit de mener une vie familiale normale. Il est exact que, dans une jurisprudence ancienne Moustaquim c. Belgique du 18 février 1991, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) considérait déjà que l’expulsion d’une personne dont les attaches familiales et culturelles sont exclusivement dans le pays d’accueil portait une atteinte excessive à sa vie familiale. Le Conseil d’État avait immédiatement appliqué cette jurisprudence dans un arrêt Belgacem du 19 avril 1991, sanctionnant l’expulsion d’un Algérien immigré « de la seconde génération », qui n’avait aucun lien avec son pays d’origine.

    Pour le tribunal administratif de Paris, l’imam Iquioussen était dans une situation identique. Né à Denain en 1964, de nationalité marocaine, il bénéficiait d’une carte de résident depuis 1982, titre de séjour constamment renouvelé jusqu’à sa dernière date d’expiration, en juin 2022. Pour le tribunal administratif, les liens de l’intéressé avec son pays d’origine étaient fort ténus, se limitant finalement au fait qu’il avait toujours refusé de prendre la nationalité française.

    Mais ce n’est pas si simple, car la jurisprudence européenne a beaucoup évolué depuis la jurisprudence Moustaquim. Dans l’affaire Levakovic c. Danemark du 23 octobre 2018, la CEDH ne voit pas d’atteinte à la vie privée dans le cas d’un immigré condamné pour des infractions graves à l’âge adulte, qui n’avait ni enfants ni famille à charge, et qui avait constamment démontré son refus de se soumettre à la loi.

    D’une manière générale, la Cour laisse une large marge d’appréciation aux États, dès lors que les juges internes ont examiné les faits avec soin, en toute indépendance et impartialité. Dans ce cas, la Cour se borne à s’assurer qu’il n’y a pas de « raisons sérieuses » de déroger à ce principe, les juges internes étant parvenus à des conclusions « ni arbitraires, ni déraisonnables », formule employée dans l’arrêt Kemal Hamesevic c. Danemark du 16 mai 2017.

    Le juge des référés du Conseil d’État applique donc cette jurisprudence récente. Il observe que l’intéressé n’a jamais demandé la nationalité française et qu’il n’a plus la charge de ses cinq enfants, tous majeurs. Quant à son épouse, elle est également de nationalité marocaine, ce qui signifie qu’il pourrait mener une vie familiale normale dans le pays dont il est le ressortissant.

    L’ordre public

    La décision d’expulsion de l’imam a pour fondement l’article L 631-3 du code de l’entrée et du séjour des étrangers. Il interdit certes l’expulsion des étrangers résidant en France depuis l’âge de treize ans, ce qui est le cas de l’imam, mais il pose une exception « en cas de comportements de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat, ou liés à des activités à caractère terroriste, ou constituant des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes ».

    Contrairement à ce qu’affirment les défendeurs de l’imam, l’absence de condamnation pénale est sans influence sur une décision d’expulsion fondée sur l’article L 631-3. Le Conseil d’État, dans un arrêt du 4 octobre 2004 ministre de l’Intérieur c. Bouziane, admet ainsi l’expulsion de l’imam de Vénissieux, en l’absence de toute condamnation, en raison de son appartenance à la mouvance salafiste, avérée par des notes des services de renseignement.

    Le juge des référés du tribunal administratif de Paris avait estimé, un peu hâtivement, que l’imam Iquioussen avait certes tenu des propos antisémites, mais c’était en 2004, et d’ailleurs il s’en était excusé. Celui du Conseil d’État pousse un peu plus loin l’étude du dossier. Il constate que l’imam s’est en effet excusé, à la suite d’un scandale provoqué par l’un de ses discours en 2004. Mais il résulte de l’instruction que d’autres propos antisémites ont ensuite été tenus dans des interventions toujours disponibles sur internet. L’imam n’a d’ailleurs jamais fait aucune démarche pour obtenir le retrait de ces vidéos.

    La discrimination à l’égard des femmes

    Le plus intéressant dans la décision est sans doute la référence claire à la discrimination envers les femmes, considérée comme entrant dans le champ de l’article L 631-3 du code de l’entrée et du séjour des étrangers. La provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes peut donc s’appliquer aux femmes.

    Le juge des référés du Conseil d’État fait observer que l’imam a toujours théorisé « la soumission de la femme à l’homme », refusant notamment que les femmes aient les mêmes droits que les hommes. Il y a donc une atteinte délibérée au principe d’égalité, et l’imam a mis en ligne de nombreuses interventions en ce sens, les dernières datant de 2021.

    On ne peut que se réjouir que le juge des référés du Conseil d’État intègre ainsi l’atteinte aux droits des femmes parmi les motifs justifiant une expulsion pour des motifs d’ordre public. De toute évidence, cette intégration des droits des femmes dans l’ordre public est porteuse d’intéressantes potentialités en matière jurisprudentielle. On peut aussi regretter, évidemment, de voir la Ligue des droits de l’homme soutenir le recours de l’imam et admettre donc, au moins implicitement, que la soumission des femmes constitue une idéologie acceptable.

    En tout cas, les soutiens de l’imam vont devoir réviser quelque peu leurs éléments de langage. Ce bon père de famille, jamais condamné et parfaitement respectueux des lois, est aujourd’hui en fuite. Or, aux termes de l’article L 849-9 de ce même code sur l’entrée et le séjour des étrangers : « Est puni de trois ans d’emprisonnement le fait, pour un étranger, de se soustraire ou de tenter de se soustraire à l’exécution d’une (…) décision d’expulsion ». Il faudra attendre qu’on le rattrape pour savoir s’il sera poursuivi sur ce fondement, ou immédiatement expulsé.

    Sur l’expulsion des étrangers : Chapitre 5, section 2, § 2, B du manuel de libertés publiques sur internet

    Source

    #Iquioussen #Maroc #Imam #Islam #Frères_musulmans #Expulsion

  • Pétrole: les inquiétudes sur la demande baissent les prix

    Pétrole: les inquiétudes sur la demande baissent les prix

    Pétrole, prix, chute des stocks aux Etats-Unis, OPEP+,

    -Chute des stocks de brut et d’essence aux États-Unis – EIA
    -Les données des usines chinoises déçoivent
    -L’OPEP+ envisage une réduction de la production

    NEW YORK, 31 août (Reuters) – Les prix du pétrole ont prolongé leur baisse mercredi, entraînés par les craintes que l’économie mondiale ne ralentisse davantage avec de nouvelles restrictions pour freiner le COVID-19 en Chine.

    Les contrats à terme sur le brut Brent pour octobre doivent expirer mercredi, se sont établis à 96,49 $, en baisse de 2,82 $ le baril, ou 2,8 %. Le contrat de novembre plus actif a perdu 2,20 $ à 95,64 $ le baril. Les contrats à terme sur le brut américain West Texas Intermediate (WTI) ont terminé en baisse de 2,09 $, ou 2,3 ​​%, à 89,55 $ le baril.

    « La faiblesse de la Chine a joué un rôle important » dans la baisse des prix, a déclaré Harry Altham, analyste énergétique pour l’EMEA et l’Asie chez StoneX Group à Londres. « Il y a des craintes de destruction de la demande dans tout l’Occident alors que les taux d’intérêt augmentent et que les craintes d’inflation s’emparent des économies occidentales. »

    Le marché a été principalement préoccupé par l’insuffisance de l’offre dans les mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie et alors que l’OPEP luttait pour augmenter sa production. Cela a conduit les contrats à court terme à une forte prime par rapport aux contrats à terme plus tardifs plus tôt cette année, mais cette tendance s’est quelque peu inversée à mesure que la production a augmenté.

    L’OPEP et les États-Unis ont vu la production atteindre ses niveaux les plus élevés depuis les premiers jours de la pandémie de coronavirus, la production de l’OPEP atteignant 29,6 millions de barils par jour (bpj) au cours du mois le plus récent, selon une enquête de Reuters, tandis que la production américaine est passée à 11,82 millions de bpj en juin. Les deux sont à leur plus haut niveau depuis avril 2020.

    « La crainte qu’il y ait un ralentissement ici et aussi le potentiel ici d’augmentations supplémentaires de l’offre à venir exerce une certaine pression sur le marché », a déclaré Mike Sabo, stratège du marché chez RJO Futures à Chicago.

    Le Comité technique conjoint de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés, appelés ensemble OPEP+, a déclaré qu’il prévoyait désormais un excédent de pétrole cette année de 400 000 bpj, en hausse de 100 000 bpj par rapport à ses prévisions du mois précédent.

    Certains membres de l’OPEP+ ont appelé à des réductions. Le groupe doit ensuite se réunir le 5 septembre dans un contexte d’affaiblissement de la demande en Asie qui a incité l’Arabie saoudite à baisser ses prix de vente officiels dans cette région.

    Les stocks de brut américains ont chuté de 3,3 millions de barils, a annoncé mercredi l’Administration américaine de l’information sur l’énergie, tandis que les stocks d’essence ont baissé de 1,2 million de barils.

    L’activité des usines chinoises a prolongé la baisse en août en raison de nouvelles infections au COVID, de la pire vague de chaleur depuis des décennies et d’un secteur immobilier en difficulté qui a pesé sur la production, ce qui suggère que l’économie aura du mal à maintenir son élan.

    Mercredi, certaines parties de la ville de Guangzhou, dans le sud de la Chine, ont imposé des restrictions COVID, rejoignant le centre technologique de Shenzhen pour lutter contre les flambées.

    Reuters, 31/08/2022

    #Pétrole #prix #OPEP

    Pourquoi les stocks de brut et d’essence ont chuté aux États-Unis?

    La faiblesse de la Chine a joué un rôle important. Il y a des craintes de destruction de la demande dans tout l’Occident alors que les taux d’intérêt augmentent et que les craintes d’inflation s’emparent des économies occidentales.

  • Les footballeurs marocains : pionniers dans le monde arabe

    Les footballeurs marocains : pionniers dans le monde arabe

    Maroc, football féminin, Euro 2022, CAN, Coupe d’Afrique féminine,

    L’Euro 2022 a marqué un tournant dans le football féminin. La Coupe d’Afrique des Nations féminine de cette année a également été un succès complet – et n’aurait été que le début pour l’équipe du pays hôte, le Maroc.

    L’intérêt pour le football féminin a augmenté dans le monde ces derniers temps. L’Euro 2022 a été un succès complet : sur le plan sportif, médiatique et aussi en termes de nombre de spectateurs dans les stades anglais. La Coupe d’Afrique féminine, qui s’est déroulée au Maroc en même temps que les Championnats d’Europe en Angleterre, a également enregistré des records d’affluence. Les hôtes marocains ont su convaincre sur le plan sportif, ont atteint la finale et suscité l’enthousiasme.

    Jusqu’à présent, aucune nation arabe n’a réussi à s’implanter durablement dans le football international. Cela pourrait cependant bientôt changer, car la solide performance du Maroc à la Coupe d’Afrique des Nations en a fait la première équipe arabe de l’histoire à se qualifier pour une Coupe du monde, et ils seront au tournoi en juillet 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande.

    Barrières culturelles
    « Ce n’est que le début du football féminin ici », a déclaré l’attaquante vedette marocaine Ghizlane Chebbak peu après qu’elle et son équipe se soient qualifiées pour la Coupe du monde en atteignant les demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations. « Nous avons parcouru un long chemin, mais il reste encore un long chemin à parcourir. »

    Le tournoi à domicile a été une percée pour le Maroc – mais aussi pour toute une culture où les gouvernements et les associations nationales ont été, et sont encore dans de nombreux endroits, très réticents à promouvoir le football féminin. « Cela a à voir avec le contexte socioculturel du monde arabe et les normes acceptées dans lesquelles les femmes sont censées fonctionner », a déclaré à DW Susan Shalabi, vice-présidente de l’Association palestinienne de football.

    Elle est l’une des rares femmes du monde arabe à occuper un poste de direction dans le football. « Le football a toujours été considéré comme un sport masculin difficile jusqu’à récemment. Les filles n’étaient pas encouragées à jouer au football », explique Shalabi.

    Sentier rocheux
    De nombreux internationaux marocains ont vécu la même chose. Contrairement à Ghizlane Chebbak, dont le père Larbi était un international célèbre et qui a trouvé facile de percer dans le football, la route de ses coéquipières était souvent beaucoup plus difficile. Par exemple pour Rania Harrara. Bien qu’il n’y ait pas de programme de football pour filles dans son école, Harrara était déterminée à jouer et s’est frayé un chemin dans l’équipe des garçons avec vengeance.

    « Le fait d’avoir persévéré malgré toutes les insultes misogynes et de me battre pour une place dans l’équipe de football de mon école est l’une de mes réalisations les plus fières et les plus précieuses », déclare le jeune de 18 ans. « J’ai peut-être gagné des matchs et gagné ma place grâce à des performances sportives, mais les insultes n’ont jamais cessé. »

    Harrara s’engage à faciliter la tâche aux filles de leur pays d’origine si elles veulent jouer au football. Il y a six ans, elle a fondé « l’Association de Football Féminin Casablancais », une organisation qui donne aux jeunes femmes marocaines la possibilité de pratiquer le sport qu’elles aiment.

    Investissements manquants
    L’un des plus grands obstacles pour les footballeuses dans les pays arabophones a souvent été le manque d’intérêt de la part des associations et la réticence à investir de l’argent dans le football féminin. Même pour les joueurs talentueux, c’était tellement difficile de commencer une carrière. « Le manque de soutien des fédérations signifie l’inactivité dans les ligues nationales », a déclaré Agnes Amondi, écrivain à Her Football Hub et Africa New Media Group, à DW.

    Même lorsqu’il y avait des signes de succès, il y avait toujours un manque de fondation sur laquelle bâtir, explique Amondi, en donnant un exemple : « En 2016, l’Égypte s’est qualifiée pour la Coupe d’Afrique des Nations pour la première fois depuis 1998, mais après avoir été éliminée en au tour préliminaire, tout s’est arrêté. » Depuis lors, les Égyptiens n’ont pas participé à un tournoi et ont si peu joué qu’ils ne sont actuellement pas inclus dans le classement mondial de la FIFA.

    50 000 au stade et salutations du roi
    Cet été, le Maroc a montré ce qui est possible en accueillant la Coupe d’Afrique des Nations : En préparation du tournoi, l’association marocaine a investi dans ses infrastructures et le championnat national. Le résultat était impressionnant : lors des 13 tournois précédents, aucune équipe du monde arabophone n’avait même atteint la phase à élimination directe, cette fois le Maroc a même pris d’assaut la finale, battant le Nigéria, 11 fois champion en cours de route. Bien que les Marocains aient terminé leur tournoi à domicile par une défaite finale face à l’Afrique du Sud, il était clair que quelque chose de fondamental avait changé.

    Il y avait 45 000 spectateurs dans le stade pour la victoire en demi-finale contre les Nigérians et plus de 50 000 pour la finale. Pour la première fois, le football féminin était plus grand et plus important que celui des hommes. Ghizlane Chebbak et ses coéquipières ont même reçu un message de félicitations du roi Mohamed VI du Maroc. « J’ai vécu quelque chose que je n’avais jamais vécu auparavant : un stade rempli de supporters et d’amateurs de football », a déclaré Chebbak, qui a été élu joueur du tournoi. « Je vis un rêve. »

    Le Maroc comme pionnier
    Le succès du Maroc n’est pas non plus passé inaperçu dans le reste du monde arabophone. « C’était un régal pour les yeux », s’enthousiasme Susan Shalabi. « C’est réconfortant de voir cet enthousiasme et ce soutien pour un jeu féminin. Cela doit simplement se produire dans un pays arabe et les autres voudront suivre et s’améliorer également. Cela contribuera à créer un environnement plus convivial pour que les femmes jouent au football ».

    La journaliste de football Agnès Amondi espère également que d’autres pays suivront l’exemple du Maroc. « Le Maroc est un modèle pour l’Egypte, la Tunisie et l’Algérie », dit-elle. « Si vous voulez que vos équipes féminines réussissent, vous devez investir, vous engager et bien planifier. »

    Il y a des signes que les choses commencent réellement à bouger. Cette année, l’Arabie saoudite, l’un des pays arabes les plus conservateurs, a introduit une ligue nationale. De plus, l’équipe nationale féminine saoudienne a disputé ses premiers matches internationaux. En août, la Fédération saoudienne a également annoncé son intention de postuler pour accueillir la Coupe d’Asie féminine 2026 – impensable il y a quelques années à peine.

    « Nous avons de grandes ambitions pour le développement du football féminin en Arabie saoudite et les récents progrès sont incroyables », a déclaré Lamia bin Bahian, membre du conseil d’administration de l’Association saoudienne de football. « Nous sommes vraiment à l’aube d’une ère nouvelle et passionnante. »

    La Coupe du monde comme la plus grande scène
    Au Maroc, ils ne sont pas seulement un peu plus loin grâce à la qualification réussie pour la Coupe du monde. La Coupe d’Afrique des Nations 2024 aura également lieu à nouveau au Maroc. Avant cela, les footballeurs marocains pourront représenter le monde arabe sur la plus grande scène du football lors de la Coupe du monde l’été prochain et affronter les meilleures équipes d’Europe et d’Amérique du Nord et du Sud.

    « Que demander de plus ? », demande Agnès Amondi. « C’est l’occasion de voir le chemin qu’ils ont parcouru et ce qu’il leur reste à faire pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux. Cela peut-il être un tournant dans le jeu ? A long terme oui, mais il n’y a pas de raccourci. »

    DW, 31/08/2022

    #Maroc #Football #Mondial #Qatar_2022

  • Paris va expulser un imam d’origine française vers le Maroc

    Paris va expulser un imam d’origine française vers le Maroc

    France, Maroc, Hassan Iquioussen, Islam,

    Le ministre de l’Intérieur salue le feu vert du haut tribunal administratif à l’expulsion d’Hassan Iquioussen comme « une grande victoire pour la république ».

    Le plus haut tribunal administratif français a donné son feu vert à l’expulsion vers le Maroc d’un imam accusé de « discours de haine », selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

    Hassan Iquioussen « sera expulsé du territoire national » dans « une grande victoire pour la république », a écrit Darmanin sur Twitter, citant l’arrêt rendu mardi par le Conseil d’Etat.

    L’affaire a atterri devant la plus haute juridiction après que les juges de Paris ont bloqué l’expulsion de l’imam, que le ministère de l’Intérieur a ordonné fin juillet pour « discours antisémite particulièrement virulent » et sermons appelant à la « soumission » des femmes aux hommes.

    Iquioussen, 58 ans, atteint des dizaines de milliers d’abonnés via des comptes YouTube et Facebook depuis son domicile dans le nord de la France.

    Il est né en France mais possède la nationalité marocaine.

    Ses avocats ont demandé avec succès au tribunal de Paris de bloquer l’ordonnance, affirmant qu’elle créerait un « préjudice disproportionné » à sa « vie privée et familiale ».

    « Pas de menace sérieuse à l’ordre public »

    Un avocat du ministère de l’Intérieur a déclaré la semaine dernière au Conseil d’État qu’Iquioussen « propose depuis des années des idées insidieuses qui ne sont rien de moins que de l’incitation à la haine, à la discrimination et à la violence ».

    Mais l’avocat du prédicateur a rétorqué que certains des propos dont des propos antisémites ou misogynes remontaient à plus de 20 ans, soulignant qu’il n’avait jamais été poursuivi pour ses déclarations publiques.

    « Oui, M. Iquioussen est un conservateur. Il a fait des déclarations rétrogrades sur la place des femmes dans la société », a déclaré Lucie Simon. « Mais cela ne constitue pas une menace sérieuse pour l’ordre public. »

    Le représentant du ministère de l’Intérieur a rétorqué que les propos de l’imam « créent un terreau fertile pour le séparatisme et même le terrorisme », insistant sur le fait qu’il « reste un antisémite ».

    Darmanin avait averti qu’il essaierait de changer la loi si les juges trouvaient qu’Iquioussen ne pouvait pas être expulsé.

    Alzajeera, 30/08/2022

    #France #Maroc #Islam #Hassan_Iquioussen