Catégorie : sélection articles illustrés

  • Covid-19: Don européen à l’Algérie de kits de tests antigéniques et de PCR

    L’Union européenne (UE) a fait hier don à l’Algérie de kits de tests antigéniques et de PCR en sus d’un matériel médical devant permettre au pays d’élargir le dépistage des cas de Coronavirus (Covid-19), dans le cadre du partenariat entre l’Algérie et l’UE, impliquant également le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Ce don a été fait lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), en présence notamment du directeur général de l’IPA, Fawzi Derrar, de l’Ambassadeur et chef de la délégation européenne en Algérie, John O’Rourke, de la représentante du PNUD à Alger, Blerta Aliko, et de la directrice du programme du Projet « Réponse solidaire européenne à la Covid-19 en Algérie », El Hadia Mansouri.

    Financé à 43 millions d’euros par l’UE et mis en œuvre par le Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière en partenariat avec le PNUD Algérie, ce projet de partenariat consiste en l’acquisition d’un matériel médical et de dépistage du Coronavirus et de protection des corps soignants. Pour l’ambassadeur-chef de la délégation européenne en Algérie, il s’agit d’un second arrivage après celui déjà réceptionné par l’Algérie, il y a quelques mois, et consistant en des moyens de protection contre la pandémie.

    « Aujourd’hui, il est question de la réception d’un matériel de dépistage (Kits antigéniques et PCR), en attendant, l’arrivage, dans les mois à venir, d’autres équipements dont des lits d’hôpitaux », a-t-il détaillé. Selon la représentant du PNUD à Alger, cet accord représente un « contrat de confiance » entre les différentes parties. « L’Algérie nous a accordé s confiance pour pouvoir matérialiser cet entendement multilatéral », a-t-elle dit, soutenant que pour venir à bout de la pandémie, il est recommandable d’agir « ensemble » .

    La directrice du Projet a, pour sa part, expliqué que ce dernier s’articule autour de trois axes. Il s’agit, tout d’abord, d’un premier arrivage de matériel de radiologie, de réanimation et de moyens de protection pour les professionnels de la santé, puis le renforcement des capacités de formation des professionnels de la santé et, enfin, la communication pour améliorer la sensibilisation du grand public sur les gestes barrières pour réduire la circulation du virus.

    Le directeur général de l’IPA a, quant à lui, salué cette initiative, rappelant que le PNUD a « accompagné » l’Algérie depuis le début de la pandémie en offrant des kits de dépistage du virus (PCR), notamment dans les régions enclavées, à travers des dons de matériels légers et sophistiqués, et de tests antigéniques. « Ce don a permis à l’Algérie de renforcer ses moyens de dépistage de la pandémie », a-t-il reconnu, annonçant d’autres arrivages et programmes « intéressants » que les parties concernées œuvrent, de concert, à concrétiser.

    Tags : Algérie, Covid 19, coronavirus, UE,

  • Algérie : Abderazak Makri dézingue « Nida El Watan »

    Il le soupçonne de majorité alternative

    Le MSP, qui a réuni avant-hier son bureau national, a rendu public un communiqué dans lequel il dézingue, sans jamais le citer « Nida El Watan », ce consortium d’organisation de la société civile à partir duquel le pouvoir entend bâtir une majorité alternative pour servir d’appui, au président de la République.

    Ainsi, le MSP, tout en dénonçant « les expériences du passé », dans une allusion aux conditions de création du RND en 1997, met en garde contre toute tentative de « fabrication d’un paysage politique et social vertical ainsi que la politique du fait accompli » « La pratique politique qui consiste à mobiliser les moyens de l’Etat en faveur de certaines organisations dites de +la société civile+, à l’approche des élections législatives afin de promouvoir des forces et des initiatives politiques au niveau national et local est une manœuvre flagrante que nous rappellent des pratiques du passé dont on mesure les conséquences aujourd’hui », dénonce Abderazk Makri , signataire du communiqué. Et de prédire que ces « nouvelles forces », seront issues « des poches du clientélisme, de l’opportunisme et autres parasites « et ne manqueraient pas de « pervertir l’exercice politique, d’accentuer la crise et d’éloigner la perspective de son règlement définitif »

    Le parti islamiste, critiquant encore ce qui semble être le choix du pouvoir, rappelle que « la société n’a pas vocation à faire de la politique qui est l’apanage d’acteurs politiques, son rôle est, dans son milieu social, de servir d’intermédiaire entre le peuple et ses représentants tout en bénéficiant des aides de l’Etat dans le cadre de la loi » Au-delà de la création attendue de ce nouvel acteur politique, le MSP dénonce aussi certaines dispositions de la nouvelle loi électorale, ce qu’il croit être une autre forme d’imposer les quotas, à travers l’imposition de la parité hommes/femmes et 35% des jeunes sur les listes électorales.

    « Le MSP a ouvert ses structures nationales locales et nationales aux jeunes et aux femmes en leur permettant d’accéder aux responsabilités, nous croyons à la complémentarité des générations et non au conflit des générations », écrit le MSP en parlant encore de « surenchère démagogique » s’agissant du dosage des futures listes électorales en proportion des jeunes et des femmes. « Les jeunes ont besoin de développement, de création d’emplois, du besoin d’élever leur niveau d’étude, d’améliorer leurs conditions d’existence et intellectuelle », ajoute-t-il craignant de voir la future assemblée constituée de personnes sans expérience » En lieu et place de ces « manœuvres flagrantes », le MSP réclame « une loi électorale qui ferme toutes les brèches de la fraude pour rendre impossible les manipulations des voix du peuple » pour « trouver une solution aux problèmes du peuple et non du système, des personnes et des centres de décisions » Avec cette sortie médiatique, qui est tout à son honneur dans le principe, le parti d’ Abderazk Makri risque de provoquer les foudres du pouvoir qui, au nom de l’urgence de constituer « un front intérieur » voudrait avoir tous les partis de son côté.

    H. Khellifi

    L’Est Républicain, 11 mars 2021

    Tags : Algérie, Abdelmajid tebboune, Nidaa Al Watan, partis politiques,

  • SONKO ET LA QUESTION D’UN 3e MANDAT AU SENEGAL

    Sall doit clarifier sa position

    Macky Sall serait-il sur les traces de Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara ? La question se pose désormais avec acuité au Sénégal où à la faveur de son inculpation dans une affaire de viol présumé et les violences par endroits meurtrières qui s’en sont suivies, l’opposant Ousmane Sonko a mis les pieds dans le plat en mettant son interpellation sur le compte d’une cabale politique visant à ouvrir un boulevard au chef de l’Etat à qui il prête ouvertement des intentions cachées de chercher à briguer un troisième mandat. Une affaire de mœurs qui vire au débat politique au point de mettre le pays sens dessus dessous depuis près d’une semaine, avec à la clé près d’une demi-douzaine de morts. C’est dire si l’heure est suffisamment grave et le sujet suffisamment brûlant pour appeler une réponse de la part du chef de l’Etat sénégalais.

    Macky Sall doit donc clarifier sa position. Il doit d’autant plus le faire que son silence prolongé sur cette question qui n’est pas à sa première fois d’être portée dans le débat politique, commence quelque peu à interroger.

    Ce n’est pas l’omerta du camp présidentiel qui rassurera les Sénégalais

    Au delà, l’on peut être même porté à croire que si le Sénégal est quelque part aujourd’hui pris dans l’engrenage des violences politiques et leur corollaire de destructions de biens et de pertes en vies humaines hautement dommageables à l’image du pays, c’est parce que Ousmane Sonko a su, entre autres, surfer sur cette question hautement sensible qui est sur le point de ravir la vedette à la question fondamentale de sa traduction devant les tribunaux. Si fait que du bourreau violeur présumé, appelé à répondre de ses actes devant la Justice de son pays, l’opposant n’est pas loin de se glisser dans la peau de la victime persécutée.

    Dans ces circonstances, ce n’est pas l’omerta du camp présidentiel tendant à éviter toute polémique autour de la question d’un éventuel troisième mandat du successeur d’Abdoulaye Wade, qui rassurera les Sénégalais. Au contraire, une clarification rapide de la situation dans le sens d’un renoncement au Satan du troisième mandat, pourrait non seulement faire davantage baisser la tension, mais aussi valoir son pesant de calme et de fin de mandat apaisé au pays de la Téranga et à son président. Car, tout porte à croire que les frustrations des manifestants vont largement au-delà du feuilleton judiciaire sur fond d’atteinte aux mœurs de l’affaire Ousmane Sonko.

    Quoi qu’il en soit, Macky Sall ne peut pas avoir poussé le Vieux Gorgui à la sortie du pouvoir, pour s’amuser à vouloir ruser avec les textes et ses compatriotes afin de prolonger son bail à la tête de l’Etat. C’est pourquoi l’on ne peut pas dire qu’il est prématuré, pour Ousmane Sonko, de prêter des intentions malveillantes de troisième mandat à Macky Sall. Car, de Conakry à Abidjan en passant par Brazzaville et N’Djamena, les exemples sont là et légion où à trop attendre, le peuple finit très souvent par devenir le dindon de la farce, quand il ne se laisse pas purement et simplement entuber par des prédateurs de l’alternance qui ne tombent généralement le masque qu’au dernier moment, sur un continent africain particulièrement malade de sa démocratie. Sans oublier qu’une fois que la machine de la forfaiture est lancée, il est souvent difficile de l’arrêter.

    Si Macky Sall n’avait pas pris la mesure de l’explosivité de la situation, il est à présent édifié

    Et dans le cas du Sénégal, des indices sont là, qui ne permettent pas de donner le Bon Dieu sans confession à Macky Sall. En effet, non seulement le natif de Fatick a minutieusement travaillé à affaiblir l’opposition dont certaines fortes têtes ont été amenées bon gré mal gré à rejoindre les rangs de la majorité, mais aussi les exemples de Karim Wade et de Khalifa Sall écartés de la course à la présidentielle dans les conditions que l’on sait, peuvent avoir édifié beaucoup de Sénégalais. Ce, au moment où il ne se dégage pas un dauphin attitré au chef de l’Etat qui a portant fait bien plus qu’entamer son second et dernier mandat constitutionnel. C’est pourquoi l’on ne peut pas reprocher à Ousmane Sonko de profiter de la situation pour remettre la question d’un éventuel troisième mandat au goût du jour au moment où il semble avoir de l’aura et surtout le vent en poupe, avec des compatriotes convaincus pour la plupart de la justesse de son combat, et fortement mobilisés dans la rue dans les circonstances que l’on sait. Et l’on attend de voir à quoi fera écho son appel à la « mobilisation générale » pour « la révolution » du changement qu’il dit désormais en marche dans son pays. En tout état de cause, si en se prêtant à ce jeu de clair-obscur sur l’éventualité d’une candidature à un troisième mandat, Macky Sall n’avait pas pris la mesure de l’explosivité de la situation, on peut dire qu’il est à présent édifié. Et l’on espère qu’au sortir de ces événements malheureux qui secouent le Sénégal, il saura s’inscrire dans l’histoire, à l’image du président nigérien, Mahamadou Issoufou, qui a su résister à la tentation du troisième mandat qui fait mode au sein de ses pairs africains; ce qui lui vaut, entre autres, aujourd’hui d’entrer dans le cercle très restreint des élus au prestigieux Prix Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance. Et cela n’est pas rien.

    Le Pays, 10 mars 2021

    Tags : Sénégal, Macky Sall, Ousmane Sonko,

  • France-Algérie : Macron multiplie les gestes de bonne volonté

    Les gestes de bonne volonté de la part de la France, s’agissant de son très lourd passif colonial en Algérie, se multiplient. A l’initiative essentiellement du Président français, Emmanuel Macron, la France ne cesse de faire des pas en avant en vue d’apurer le dossier relatif à la mémoire entre les deux pays.

    Par Kamel Hamed

    Ainsi quelques jours seulement après la reconnaissance par l’État français de la torture et l’assassinat du militant nationaliste, Ali Boumendjel, le Président français vient d’annoncer sa décision de faciliter l’accès aux archives classifiées de plus de 50 ans couvertes par le « secret défense », notamment celles relatives à la Guerre d’indépendance de l’Algérie.

    Selon un communiqué de l’Elysée, cité par l’AFP, Emmanuel Macron « a pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder aux déclassifications des documents couverts par le secret de la défense nationale (…) jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse », a précisé l’Élysée dans le même communiqué.

    « Cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d’attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la Guerre d’Algérie », a ajouté le communiqué. Autant dire qu’il s’agit de la levée d’un grand écueil qui jusque-là entravait les recherches des historiens sur la période coloniale et, notamment, durant la Guerre de libération nationale où l’armée française s’était singulièrement distinguée par des actes criminels abominables à l’encontre des populations en général et des moudjahidine en particulier. Dans leur sale besogne, et à l’effet de mettre fin à la révolution, les troupes coloniales se sont adonnées à de graves atteintes aux droits de l’Homme. En levant l’interdiction d’accès aux archives, il est indéniable que le Président français poursuit l’application de sa feuille de route consistant en le règlement des dossiers en suspens entre les deux pays à même d’aplanir leurs divergences sur la question mémorielle. Preuve en est, il y a juste quelques jours, soit au début du mois de mars en cours, le Président français a reçu la famille du martyr Ali Boumendjel, en reconnaissant que l’État français a torturé et assassiné le militant algérien lors de la Guerre de libération nationale, en 1957 plus précisément. Jusque-là, pour rappel, la version officielle française consistait à dire que ce militant s’est suicidé lors de sa détention. Un mensonge qui vient de tomber au profit de la vérité et qui confirme les exactions de l’armée coloniale. Cette cascade de gestes intervient, estiment les observateurs, dans le cadre de la mise en application des recommandations de l’historien Benjamin Stora.

    Ce dernier a, dans un rapport demandé par le Président Français, émis plusieurs recommandations.

    En effet ce rapport de presque 150 pages, qui contient un peu plus de 22 propositions dont, notamment, la reconnaissance par l’État français de l’assassinat de l’avocat et militant nationaliste Ali Boumendjel, la restitution du canon BabaMerzoug ou la réalisation d’une stèle à l’effigie de l’émir Abdelkader. Mais ce rapport reste loin de répondre aux attentes des Algériens qui exigent la repentance de la France pour l’ensemble de ses crimes et la présentation des excuses au peuple algérien. Ce que refuse catégoriquement la France pour le moment. Il n’en reste pas moins qu’à travers ces gestes, certes assez symboliques, le Président français confirme sa disponibilité à aller de l’avant dans la relation entre les deux pays. Une relation par trop compliquée du fait, notamment, du lourd dossier de l’histoire. Emmanuel Macron jouit cependant de préjugés favorables comme l’attestent les propos du Président Abdelmadjid Tebboune. Le président Tebboune a estimé, à plusieurs reprises, que le Président français, Emmanuel Macron, est quelqu’un de très « honnête et de propre historiquement ». Mais le Président algérien sait, comme il l’a dit publiquement, que Macron fait face aussi à la résistance des lobbies, assez puissants du reste, qui n’admettent pas encore que l’Algérie est indépendante et souveraine.

    Le Midi Libre, 11 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Guerre d’Algérie, Archives, Colonisation, crimes coloniaux,

  • France-Algérie : Nombre de Français et d’Algériens pour une excuse globale et définitive de la France (Jean-Paul Lecoq)

    Nombre de Français et d’Algériens sont en «attente» d’une «excuse globale et définitive» de la part de la France, soutient, mercredi, le député français et membre du Parti communiste français (PCF), Jean-Paul Lecoq, déplorant la politique «des petits pas» menée par le président français, Emmanuel Macron, sur la question mémorielle en Algérie.

    «Les relations entre la France et l’Algérie sont très complexes, mais doivent être remises à plat une bonne fois pour toutes. L’idée portée par le Gouvernement français ne va pas assez loin. Si le rapport de Benjamin Stora est très intéressant, il ne constitue pas en tant que tel, une réponse à la complexité de nos relations. Beaucoup de Français, et, je pense, d’Algériens attendent une excuse globale et définitive de la part de la France», a déclaré J-P Lecoq dans un entretien exclusif à «La Patrie News».

    Ce pas, a-t-il ajouté, «permettrait d’avancer enfin ensemble, de se réconcilier et de construire une relation saine, tournée vers le futur, mais qui n’ignorerait plus les blessures et les séquelles du passé», assurant que «la réconciliation franche ne pourra être faite qu’à cette condition».

    Interpellé sur la reconnaissance de la «responsabilité» de la France dans l’assassinat, en 1957, de l’avocat Ali Boumendjel, le militant communiste qualifie la stratégie du président Macron sur la question mémorielle en Algérie de «politique des petits pas», arguant de «l’absence» de remise en question globale et d’excuse quant à la colonisation française en Algérie.

    Des gestes localisés et précis….

    Tout en faisant état de «gestes localisés et précis sur telle ou telle affaire» de la partie française, J-P Lecoq explicite encore : «Certes, ces gestes sont importants pour l’apaisement des relations algéro-françaises, mais au fond, ce que je redoute, c’est que tant que l’on ne remet pas en cause la colonisation et ses effets de manière globale, on sous-entend qu’il y a eu du positif dans la colonisation, ce que les communistes ont toujours refusé de croire».

    Et de rappeler que M. Macron avait fait la «promesse» d’une reconnaissance qui ne serait pas «un acte isolé», tout en adoptant une «stratégie de reconnaissance sujet par sujet, geste après geste, qui lui permet d’avancer doucement sans remettre en cause, de manière totale, la colonisation et son système d’oppression raciste ainsi que l’exploitation d’une main-d’œuvre considérée comme inférieure».

    «En tant qu’anti-impérialistes, les communistes ont toujours refusé la colonisation d’un pays par un autre, et c’est aussi l’une des racines de mon engagement pour l’autodétermination et la liberté du peuple sahraoui», relève-t-il, avant de commenter la récente décision du président français de «déclassifier» les archives de plus de 50 ans :

    «Comme je l’indiquais, Emmanuel Macron mène une politique de petits pas, mais loin de moi l’idée de considérer que ces derniers sont inutiles. Je milite pour la transparence de tous les Etats, et j’accueille toute déclassification de documents comme un événement positif qui va permettre aux chercheurs et aux personnes concernées de mieux comprendre certaines zones d’ombres du passé».

    Un sujet de plus en plus « historique »

    A la question de savoir pourquoi ce n’est que sous la présidence d’Emmanuel Macron que la «restitution de l’histoire de l’Algérie commence à avoir gain de cause», M. Lecoq est d’avis que « la question de la colonisation commence à devenir un sujet de plus en plus +historique+ et donc de moins en moins +vécu directement +

    «. Cela, explique-t-il, «au sens où la génération qui a vécu la Guerre d’Algérie s’éteint progressivement, laissant la place à une génération qui n’a pas vécu cela directement».

    Il considère, en outre, que « pour les décideurs politiques, il est plus simple d’agir maintenant plutôt qu’il y a 10 ou 20 ans», avant de soutenir que «les déclassifications sont, par exemple, moins dangereuses pour du personnel fonctionnaire, potentiellement coupable d’exactions, encore en activité. Les découvertes qui y seront faites étant moins explosives pour l’opinion publique».

    Et de faire observer, tristement, «un manque de courage politique douloureux», l’Etat français ayant attendu presque 60 ans après les accords d’Evian pour «avancer sereinement», avant de relativiser en «reconnaissant qu’au moins, les choses bougent enfin».

    Le député français soutiendra enfin que «tant que l’Etat français ne remet pas en cause la colonisation en Algérie et ailleurs, de manière globale, cela sera toujours insuffisant».

    Y.O

    Algérie Breve News, 11 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Mémoire, Colonisation, Guerre d’Algérie, Crimes coloniaux, archives,

  • Libye: Al-Sarraj prêt à céder le pouvoir au nouveau gouvernement

    Mercredi, le parlement libyen a accordé la confiance au nouveau gouvernement d’unité de Dbeibeh

    Tripoli, Libye

    Le chef du Conseil présidentiel libyen, Fayez al-Sarraj, a déclaré mercredi qu’il était prêt à démissionner et à transférer ses tâches et responsabilités au nouveau gouvernement pour consolider le principe de la transition pacifique du pouvoir.

    Les remarques d’Al-Sarraj font suite au vote de confiance de la Chambre des représentants du pays au nouveau gouvernement dirigé par Abdul Hamid Dbeibeh.

    « Je félicite le gouvernement d’unité nationale pour le vote de confiance et je souhaite au nouveau gouvernement du succès dans l’accomplissement de ses tâches », a déclaré al-Sarraj.

    « Ce qui s’est passé aujourd’hui est une étape importante pour mettre fin au conflit et à la division », a-t-il noté, appelant toutes les parties à intensifier « la coopération, l’unité et la tolérance au nom de la renaissance de la Libye ».

    Pendant ce temps, le gouvernement fidèle au chef de guerre libyen Khalifa Haftar a exprimé sur Facebook sa « pleine disponibilité à remettre les tâches, les ministères, les directions et les institutions au gouvernement d’unité nationale ».

    Plus tôt mercredi, lors d’un vote majoritaire, le parlement libyen a accordé la confiance au nouveau gouvernement d’unité de Dbeibeh.

    Dbeibeh a qualifié le vote de confiance du parlement à son gouvernement intérimaire de « moment historique » et s’est engagé à mettre fin à la guerre dans son pays.

    Il a proposé samedi un gouvernement d’unité de 27 membres, promettant que le gouvernement accordera la priorité à «l’amélioration des services, l’unification des institutions de l’État et la fin de la période de transition en organisant des élections».

    Le 5 février, les groupes politiques rivaux de la Libye ont convenu dans des pourparlers sous la médiation de l’ONU de former un gouvernement d’unité intérimaire pour conduire le pays aux élections de décembre, où Dbeibeh a été désigné comme Premier ministre et chargé de former un nouveau gouvernement.

    Les Libyens espèrent que cela mettra fin aux années de guerre civile qui ont ravagé le pays depuis l’éviction et le meurtre de l’homme fort Mouammar al-Kadhafi en 2011.

    La guerre a été exacerbée lorsque Haftar, soutenu par les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Russie et la France, entre autres, a mené une attaque militaire pour renverser le gouvernement internationalement reconnu basé à Tripoli pour le contrôle du pays d’Afrique du Nord.

    Anadolou Agency, 10 mars 2021

    Tags : Libye, Fayez Al Sarraj, gouvernement d’union nationale,

  • Entretien avec le professeur Farida Fassi à l’Université Mohammed V, Maroc

    ASREN et AC3 ont interviewé Farida Fassi, professeur de physique à l’Université Mohammed V de Rabat, au Maroc. Farida a reçu le doctorat européen en physique expérimentale des particules en reconnaissance de sa contribution à l’expérience ATLAS à l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) en Suisse. Elle est membre de la collaboration ATLAS depuis 1998 et de la collaboration CMS depuis 2002, où elle était responsable de la direction de plusieurs équipes de recherche internationales.

    La professeure Fassi est véritablement enthousiasmée par ses sujets de recherche, qui sont axés sur la mise en relation de la physique théorique des particules et des résultats expérimentaux. Cela inclut la recherche de nouveaux phénomènes de physique qui peuvent être produits dans les collisions proton-proton du LHC, motivée par la présence de matière noire dans notre univers. Elle est convaincue que les physiciens des particules partagent l’excitation de la découverte, inspirant les jeunes esprits.

    Qu’est-ce qui a d’abord suscité votre intérêt pour la physique et vous a finalement conduit au parcours professionnel que vous avez choisi ?

    Quand j’étais petite, mes parents ont nourri ma curiosité et mes capacités de résolution de problèmes en m’entraînant à des tâches domestiques telles que la cuisine, les tâches ménagères, la planification d’un voyage, etc. Ils ont favorisé mon esprit critique en jouant un rôle crucial en encourageant et en soutenant mes capacités naturelles à apprendre les sciences à la maison. Grâce à mes parents, et en particulier à ma tante Mariam, j’ai appris à apprécier la science qui nous fournit un moyen de mieux penser et de mieux connaître le monde. J’ai toujours été fascinée par la connaissance, car elle peut donner le pouvoir aux êtres humains de savoir comment explorer la nature et exploiter l’énergie, comprendre notre environnement et l’utiliser à notre avantage.

    Ma passion pour les mathématiques a commencé à l’école. J’avais l’habitude de terminer rapidement mes tâches ménagères connexes et de me cacher dans ma chambre pour le reste de la journée en résolvant des problèmes mathématiques. J’ai un esprit naturellement curieux et le plaisir de la recherche numérique m’a donné la motivation nécessaire pour en apprendre davantage. Je me suis rendu compte de l’importance des mathématiques dans la vie de tous les jours, qui sont à la base de nombreuses disciplines telles que la physique et l’ingénierie.

    Mon intérêt pour la physique a commencé pendant mon adolescence, en tant que personne curieuse qui essayait de comprendre le monde qui nous entoure. Combiner la curiosité avec des faits concrets et une bonne connaissance des mathématiques est le meilleur moyen d’acquérir des connaissances scientifiques. Je pense que les mathématiques sont la seule approche légitime pour étudier la physique de l’infinitésimal. Et ensuite, la validation expérimentale des modèles mathématiques de la physique pour interpréter les données afin de confirmer ou de rejeter une hypothèse via les prédictions des modèles.

    Vous avez une liste impressionnante de réalisations en tant que professeur et chercheur. Pourriez-vous décrire brièvement vos principaux intérêts de recherche et vos projets actuels ?

    J’ai une véritable passion pour la science et un réel besoin de comprendre les éléments constitutifs de l’univers, depuis ses premiers stades jusqu’à son état actuel et son évolution future. J’explore les propriétés des particules fondamentales lors des collisions proton-proton de la plus haute énergie au Grand collisionneur de hadrons (LHC) du CERN à Genève, en Suisse, en utilisant les nouveaux instruments de l’expérience ATLAS, l’électronique haute vitesse dédiée et le traitement des données en temps réel, ainsi que des algorithmes d’analyse des données de pointe. Mes recherches couvrent de nombreux domaines d’intérêt qui nécessitent de relever les défis liés à l’instrumentation (par exemple, les faisceaux et les détecteurs), à l’acquisition, à la sélection et à l’analyse des données, et à la mise à disposition des données et des résultats aux communautés scientifiques au sens large. Mes principaux domaines d’intérêt sont les quark top, le boson de Higgs et la matière noire, avec un accent particulier sur l’exploration et le déploiement de nouvelles techniques expérimentales telles que les algorithmes d’apprentissage automatique pour aider à résoudre les aspects les plus difficiles de l’analyse des données.

    Je suis également impliqué dans les technologies de grille pour les réseaux étendus dans l’informatique distribuée, comme la génération, la simulation, le traitement, le transfert et l’analyse de données distribuées dans le monde entier.

    Après avoir obtenu votre doctorat, quelle a été votre expérience dans la recherche de votre premier poste professionnel ? Avez-vous trouvé que le fait d’être une femme avait un impact positif ou négatif sur votre recherche dans un domaine historiquement dominé par les hommes ?

    Après avoir obtenu le doctorat européen en physique, j’ai effectué des études postdoctorales et occupé des postes de recherche au Conseil espagnol de la recherche, au Centre national français de la recherche scientifique et au Centre national de physique des particules, des astroparticules et nucléaire. J’ai toujours été fasciné par les personnes qui ont accompli des exploits extraordinaires et de très grande valeur dans le domaine scientifique, principalement en physique des particules. Je suis entrée dans le domaine de la physique des particules sans me soucier du faible nombre de femmes qui y travaillent. Je n’ai pas eu de préjugés et le fait qu’il y ait si peu de femmes m’a en fait inspirée, car je voulais souligner l’importance de la diversité en général – non seulement en termes de sexe, mais aussi d’ethnicité, de culture et de traditions.

    Vous êtes très attachée à l’égalité des sexes dans les disciplines scientifiques et technologiques. Comment expliquez-vous que les femmes soient sous-représentées dans ces domaines ? Et que pensez-vous que l’on puisse faire pour changer cela ?

    Nous devons atténuer la pénurie de femmes dans les sciences en promouvant et en encourageant les carrières scientifiques. Les avantages de l’équilibre entre les sexes ne concernent pas seulement les femmes et les filles, mais aussi la cohérence des êtres humains en tant que pierre angulaire de la société. L’approche prometteuse pour parvenir à un équilibre entre les sexes dans les sciences consiste à montrer aux jeunes tout l’éventail des professions scientifiques pendant qu’ils sont encore à l’école. Encourager et soutenir les filles à envisager des carrières scientifiques peut les aider à choisir d’étudier des disciplines scientifiques.

    Il est essentiel de veiller à ce que chacun ait les mêmes chances, indépendamment de son sexe, de son origine ethnique ou de sa culture. C’est la véritable signification de l’égalité, et il est essentiel d’avoir un environnement ouvert et accueillant pour soutenir la diversité. Les modèles de rôle contribuent à la motivation et il est utile de les renforcer tant dans le monde islamique qu’en Afrique. La présence de femmes à des postes à responsabilité dans les institutions scientifiques est utile pour montrer à la jeune génération qu’une brillante carrière scientifique est possible pour les femmes. Dans le monde islamique et en Afrique, nous devons encourager la diversité sous tous ses aspects – sexe, ethnicité et culture. Des initiatives spéciales visant à encourager les filles à entreprendre des études scientifiques doivent être mises en place.

    Arab States Research and Education Network, 10 mars 2021

    Tags : Maroc, Farida Fassi, ASREN, AC3,

  • Algérie : «L’espion» infiltré dans le comité de Benflis n’en était pas un !

    IL A ÉTÉ ACQUITTÉ PAR LA COUR D’ALGER

    par Mohamed Kebci

    Après 16 mois de détention dont près d’une année en détention provisoire, condamné qu’il était, en première instance, le 4 novembre dernier à trois ans de prison ferme pour intelligence avec agent étranger avec pour objectif d’attenter à la diplomatie du pays, Salah Bekka, membre de la campagne électorale du candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, a retrouvé, avant-hier mardi, tard dans la soirée, sa liberté.

    M. Kebci – Alger (Le Soir) – Ceci à la faveur d’un acquittement prononcé par la cour d’Alger suite à un pourvoi en cassation introduit aussi bien par sa défense que par le parquet. Le jury n’a pas suivi le procureur de la République qui avait requis dix ans de prison ferme.

    Le procès en appel a démarré vers 18h, le passage à la barre de l’accusé qui, aidé d’un traducteur, lui qui ne maîtrise pas la langue, ni à l’oral ni à l’écrit, a répondu, plus d’une heure durant, sereinement, aux questions de la présidente de la séance. Des questions focalisées autour de la fameuse conversation que l’accusé a eue avec un cadre du ministère français des Affaires étrangères, au soir du 29 novembre 2019, soit à une dizaine de jours de la fin de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 12 décembre 2019. Une conversation qui avait pour objectif premier, selon ce gérant d’une autoécole à Paris et qui faisait partie du comité de la campagne électorale du candidat Ali Benflis, de s’enquérir du sort du service qu’il avait sollicité de celui qu’un cousin à lui, vice-président du Medef (patronat français), lui avait présenté. Le service en question consistait à régler un problème bancaire pour l’ex-Premier ministre, lui qui était en séjour médical de trois semaines, en septembre 2019, dans la capitale française et dont un compte bancaire ouvert en son nom et au nom de son épouse était bloqué. Sauf que cette maudite conversation, à l’origine de l’interpellation du concerné et de sa mise sous mandat de dépôt, juste après, a vite tourné autour du déroulement de cette campagne électorale inédite en tous points de vue. Ce qu’il fera avec presque «enthousiasme» comme l’avouera l’enfant de Barbacha, lui qui découvrait à l’occasion de ses nombreux déplacements dans diverses wilayas du pays, une tout autre réalité que celle en vogue au sein de la large diaspora algérienne, notamment celle établie en France, qui était quasi-majoritairement contre ces élections, et l’on prédisait même leur annulation, mais également au sein de nombre de chancelleries étrangères.

    Et puis, comme il le soulignera lui-même et le feront avec brio le quintuplé d’avocats (maîtres Mohamed Bentoumi, Benbara Allaoua, Arezki Belouadah, Nadjib Bénidja et Aldjia Grib) ayant assuré sa défense durant leurs plaidoiries de près de deux heures, ce que le supposé espion a divulgué à son interlocuteur n’avait rien de «secret» ou de «confidentiel», puisque rapporté largement par bien de médias, notamment ceux de la presse écrite. Notamment en ce qui concerne le meeting fortement perturbé du 27 novembre 2019 à Bouira, ou encore celui, le tout premier, animé par le candidat Benflis à Tlemcen. Il y avait également ces informations sur les chances des divers candidats qui vacillaient au gré de l’égrènement des journées de la campagne électorale. Autre détail de taille, Bekka affirme n’avoir «jamais» su le rang de ce cadre du ministère français des Affaires étrangères dont la «curiosité» sur la situation en Algérie à cette époque-là est, selon lui, «similaire» à celle de nombreux compatriotes établis à l’étranger qui le harcelaient de questions.

    Autant de réponses qui ne souffraient point de contradictions puisque similaires à celles émises par le concerné devant le juge d’instruction et qui respiraient la sincérité qui ont convaincu le jury. Ce dernier, au bout d’un retrait pour délibération, a tout simplement proclamé l’innocence de Bekka, alors que le procureur de la République avait requis, quelque temps auparavant, dix ans de prison.

    On n’était pas loin de minuit et les quelques amis de l’accusé et ses avocats qui étaient dans la salle étaient comblés de joie et heureux de cette «juste réparation d’une injustice caractérisée», comme le soutient plus d’un d’entre eux. Il faut rappeler qu’à trois jours du scrutin présidentiel du 12 décembre 2019, un communiqué du parquet avait annoncé que «le nommé S. B., faisant partie de la direction de campagne de Ali Benflis, a été placé en détention provisoire par le juge d’instruction près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs ».

    Ledit communiqué ajoute que « Salah Bekka a reconnu connaître Ali Benflis depuis 2003 et soutenu également lui avoir rendu service et à sa famille notamment pour le règlement d’un souci lié à un compte bancaire ouvert à l’étranger, appartenant au candidat et à son épouse ».

    Selon le parquet, l’individu est soupçonné d’avoir mené un plan d’infiltration au sein même de la campagne du candidat, et est accusé «d’intelligence avec l’étranger». Suite à quoi Ali Benflis avait réagi en tenant à préciser que S. B. n’occupe aucune fonction au sein de sa direction de campagne, et que sa présence dans les meetings du candidat Ali Benflis est en relation exclusive avec son activité professionnelle au sein de l’équipe technique chargée du son. Et à l’ex-secrétaire général du parti FLN et ancien chef de gouvernement de parler de «confusion voulue et préméditée», de par, selon lui, son «timing».
    M. K.

    Le Soir d’Algérie, 11 mars 2021

    Tags : Algérie, Salah Bekka, espionnage,

  • Algérie : Fake news, la désinformation ou l’art de ne pas dire vrai

    La désinformation et les fake news sur l’actualité nationale sont devenues une véritable industrie du mensonge et de l’affabulation, n’épargnant personne et aucun sujet, et les réseaux sociaux en sont devenus les plus actifs vecteurs de cette « infodémie » dévastatrice.

    Comme on a pu le constater durant ces deux dernières années, l’Algérie avait fait face à un flux ininterrompu de fakes news visant à semer la panique, le doute, la division et le chaos. Même le drame de la propagation de la pandémie du coronavirus et ses nombreuses victimes n’a pas dissuadé les auteurs des fakenews à renoncer à leurs manipulations et à leurs mensonges.

    Comme à l’accoutumée, selon des sources fiables, les pages de propagande anti-Algeriennes du Régime chérifien et l’état israélien ont jubilé afin de distiller toutes sortes d’informations.

    Pour cause, le journal israélien Yediot Aharonot avait rapporté dimanche dernier qu’un avion militaire brésilien aurait atterri à l’aéroport international d’Alger Houari-Boumediene en provenance d’Israël. Depuis, cette fake nwes circule sur les réseaux sociaux où diverses sources la relaient en hébreu, en arabe, en français et en anglais. «Atterrissage d’un avion de l’armée de l’air brésilienne à l’aéroport international d’Alger Houari-Boumediene, depuis quelques minutes, après un vol direct, pour la première fois dans l’histoire, entre Israël et l’Algérie», lit-on dans ces nombreuses publications, sur Twitter notamment, étayées par une infographie montrant le matricule et la trajectoire supposés de l’aéronef sur une carte.

    Les colporteurs de désinformation le savent et jouent avec nos émotions profondes, ce qui nous rend bien plus enclins à les partager sur les réseaux sociaux et elles se diffusent ainsi six fois plus vite (selon des études) que les faits avérés !

    Cette sordide cabale intervient après les récentes déclarations du président de la République Abdelmadjid Tebboune sur le principe que la cause palestinienne est une cause sacrée, essentielle, “la mère de toutes les causes”, et que cette cause “ne connaîtra de solution qu’avec un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec El Qods (Jérusalem) comme capitale”.

    D’ailleurs, le chef d’état-major de l’ANP Said Chengriha dans sa récente allocution à l’Ecole supérieure de guerre de Tamentfoust avait rappellé que cela fait partie de la guerre de quatrième génération.

    En effet, la désinformation relayée par les ennemis internes et externes de l’Algerie est utilisée comme une arme contre nous. Les dirigeants autoritaires et les aventuriers populistes se servent de la désinformation comme d’une arme : c’est le dernier arsenal au service de la stratégie classique qui vise à diviser pour mieux accéder au pouvoir et entraîner le chaos.

    À’de la désinformation, les réseaux sociaux sont devenus une menace pour la stabilité, la paix sociale et la démocratie. Des personnalités politiques ou du monde culturel social culturel ou sportif sont micro ciblés dans le cadre d’une stratégie visant à polariser et éroder les sociétés. Nous pensons ne jamais nous laisser berner, mais les études montrent que même les plus lucides et avisés d’entre nous ont tendance à croire les fausses informations et même à les propager sans prendre en compte le risque.

    La désinformation a incité des individus dans certains pays à se faire justice eux-mêmes et alimenté de violentes épurations ethniques. La désinformation empoisonne aussi notre vie sociale et politique, elle détruit notre confiance en nos principaux médias, nos institutions, nos dirigeants.

    La désinformation véhicule la méfiance, la peur et le mensonge. Mais plus nous serons au courant, plus nous pourrons l’empêcher, partagez avec vos amis et vos familles pour les informer de cette menace. Ne croyez pas tout ce que vous lisez sur Internet. Vous voyez une publication sur un réseau social contenant des informations choquantes ? N’y croyez pas! Vérifiez les faits grâce à des sources d’information fiables. La plupart des médias traditionnels sont normalement régis par des règles et une éthique qui les rendent bien plus dignes de confiance que d’illustres inconnus en ligne, même si il faut se méfier et user de tamis de pondération y compris pour ces médias.

    La désinformation s’attaque à nos peurs les plus profondes, se nourrissant de notre tendance naturelle au négatif tout en faisant ressortir nos penchants irascibles et cyniques. Mais si nous arrivons à dialoguer avec ceux qui ne pensent pas comme nous, avec empathie, sagesse et une oreille attentive, nous pourrons échanger malgré nos différences. Nous avons plus en commun que ce que nos peurs nous laissent penser. Si nous y croyons, des choses extraordinaires peuvent se produire.

    De notre correspondante de paris : Yasmina Houmad

    La Patrie News, 12 mars 2021

    Tags : Algérie, Hirak, fake news, Maroc, Israël, désinformation, intox, propagande,


  • Rapport du thikn tank International Crisis Group sur le Sahara Occidental

    Réengager des efforts internationaux au Sahara occidental
    Après un cessez-le-feu de 30 ans entre le Maroc et le Front Polisario indépendantiste, des affrontements ont éclaté au Sahara occidental. Sans une aide internationale, les combats pourraient s’intensifier. L’ONU devrait nommer un envoyé spécial, et les Etats-Unis devraient prendre la tête des efforts internationaux de diplomatie.

    Que se passe-t-il ? Le conflit latent entre le Maroc et le Front Polisario concernant le territoire disputé du Sahara occidental semble se raviver. Un blocage du Polisario sur une artère principale de la zone tampon sous contrôle onusien a déclenché une réponse militaire du Maroc, le Polisario a lancé de nouvelles attaques, rompant le cessez-le-feu.

    En quoi est-ce significatif ? Les affrontements récents laissent présager une nouvelle escalade, d’autant que les efforts internationaux en faveur de l’apaisement et des négociations font défaut. La reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, sur laquelle le nouveau président des Etats-Unis Joe Biden pourrait ne pas revenir, complique encore la situation.

    Comment agir ? Les puissances étrangères devraient prendre deux mesures d’apaisement. Premièrement, l’ONU devrait nommer un nouvel envoyé spécial au Sahara occidental, un poste laissé vacant depuis près de deux ans. Deuxièmement, Washington devrait s’efforcer d’encourager une désescalade et de relancer les pourparlers politiques.

    I. Synthèse
    Après avoir respecté le cessez-le-feu de 1991 pendant près de 30 ans, le Maroc et le Front Polisario ont rouvert les hostilités au Sahara occidental, un territoire disputé dont le Polisario demande l’indépendance. Le 13 novembre, le Maroc a envoyé des troupes dans la zone tampon sous contrôle de l’ONU pour mettre un terme au blocage de la route stratégique de Guerguerat, entamé trois semaines plus tôt. En réponse, le Polisario s’est retiré du cessez-le-feu et a renouvelé ses attaques contre les unités militaires marocaines. Les réactions internationales à cette escalade des tensions ont été, pour la plupart, favorables au Maroc. Le Conseil de sécurité de l’ONU ne s’est pas exprimé. Le 10 décembre, Rabat a remporté une grande victoire diplomatique, lorsque le président des Etats-Unis, Donald Trump, a reconnu sa souveraineté sur le Sahara occidental. Pour éviter que les tensions ne s’exacerbent, les soutiens internationaux de Rabat devraient l’encourager à accepter la nomination d’un nouvel envoyé spécial de l’ONU – un poste resté vacant depuis mai 2019 – sans condition préalable. L’administration Biden, en étroite collaboration avec la France, la Russie et l’Algérie, les principaux acteurs extérieurs du conflit, devraient inciter les deux parties à accepter une trêve et à reprendre les négociations.

    Il y a deux ans à peine, la situation était très différente. La diplomatie semblait faire son chemin, grâce à la nomination en août 2017 de l’ancien président allemand Horst Köhler au poste d’envoyé spécial de l’ONU. En avril 2018, le Conseil de sécurité de l’ONU a réduit le délai de renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) d’un an à six mois ; l’envoyé informait donc plus régulièrement le Conseil de sécurité de la situation, ce qui a renforcé la pression sur les deux parties. Le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie ont participé à deux réunions au cours desquelles des progrès ont pu être observés. Mais la démission soudaine de Köhler en mai 2019 et le rétablissement par le Conseil de sécurité du renouvellement annuel du mandat de la Minurso ont coupé cet élan. Depuis lors, le Maroc et le Polisario ont tous deux imposé leurs conditions pour la nomination d’un nouvel envoyé chargé de remplacer Köhler et les exigences strictes de Rabat semblent avoir conduit à une impasse.

    Les tensions sont apparues dans la zone de Guerguerat, où une route qui relie le Maroc à la Mauritanie traverse la zone tampon sous contrôle de l’ONU qui sépare les troupes marocaines des combattants du Polisario. Tirant parti du vide diplomatique laissé par le départ de Köhler, le Maroc a invité plusieurs gouvernements d’Afrique et du Moyen-Orient à ouvrir des consulats au Sahara occidental. En réponse, les responsables et les militants du Polisario ont rapidement considéré qu’il s’agissait d’un acte hostile. Les partisans civils du Polisario (rejoints par des hommes armés) ont bloqué la route principale de la zone de Guerguerat, y établissant un camp à la fin octobre 2020, ce qui a marqué la reprise des hostilités. Le 13 novembre, le Maroc a envoyé des troupes dans la zone tampon pour mettre un terme au blocage. En réponse, le Polisario a entamé un conflit de faible intensité avec le Maroc, bien que Rabat ait réaffirmé sa volonté d’observer le cessez-le-feu.

    La plupart des acteurs internationaux ont prôné un retour au cessez-le-feu ou se sont rangés derrière le Maroc. Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est abstenu de commenter cette flambée de violence, empêchant ainsi le Polisario d’obtenir l’attention internationale qu’il recherchait. Pour Rabat, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, le 10 décembre, vient appuyer sa stratégie. Cet acte de l’administration Trump n’a fait que durcir la position des Sahraouis indépendantistes, et en particulier de la jeunesse sahraouie, qui a déjà perdu depuis longtemps l’espoir d’une résolution diplomatique du conflit.

    « La faible intensité du conflit ne peut pas justifier l’inaction ».

    La faible intensité du conflit ne peut pas justifier l’inaction. Le risque d’une escalade militaire progressive, limité mais tangible, déstabiliserait encore davantage l’Afrique du Nord et le Sahel. Les combats pourraient s’intensifier au moindre incident militaire, tel qu’une ingérence algérienne – par exemple, des transferts d’armes plus importants entre Alger et le Polisario – ou un changement de tactique militaire au sein du mouvement indépendantiste. Pour limiter les risques, les partenaires internationaux du Maroc – les Etats-Unis et la France – devraient pousser Rabat à accepter, sans condition préalable, un nouvel envoyé chargé de négocier une désescalade qui pourrait amener les deux parties à négocier une trêve.

    Ces mesures n’auraient d’effet que si les Etats-Unis et le Conseil de sécurité adoptaient une approche plus directe. L’administration Biden risque d’être réticente à l’idée de revenir sur la reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Malgré cela, elle pourrait envisager d’autres façons de rassurer le Polisario, par exemple en réaffirmant le soutien de Washington au renouvellement semestriel du mandat de la Minurso. Pour éviter de contrarier le Maroc, les résolutions du Conseil de sécurité devraient faire explicitement référence à la nécessité de sécuriser la route de Guerguerat. Ces arbitrages pourraient permettre d’entamer une nouvelle phase diplomatique. L’administration Biden devrait coordonner sa position plus étroitement et de façon plus transparente avec les autres pays pour qui l’issue du conflit représente un enjeu, à savoir la France, la Russie et l’Algérie. Une meilleure coopération à ce niveau pourrait mettre fin aux affrontements et relancer les efforts de paix, actuellement entravés.

    II. Un statuquo de plus en plus instable
    Le conflit a commencé en 1975, lors du retrait de l’Espagne du Sahara occidental, à l’époque la plus importante des colonies qui lui restaient en Afrique. Le Maroc et la Mauritanie ont aussitôt proclamé leur souveraineté sur ce territoire. Le Front Polisario, créé pour obtenir l’indépendance du territoire, a entamé une lutte armée contre l’Espagne en 1973. Le 7 novembre 1975, le roi Hassan II du Maroc a réuni 350 000 citoyens non armés pour entrer dans les zones sous contrôle espagnol et revendiquer ses droits sur ce territoire. La Marche verte, ainsi nommée par le roi, a forcé la main de l’Espagne – et plutôt que d’ordonner à ses soldats de tirer sur les manifestants, Madrid s’est résolue à quitter le territoire.

    Les accords de Madrid de novembre 1975 ont officiellement mis un terme à la souveraineté de l’Espagne sur le Sahara occidental et ont partagé le territoire – les deux tiers revenant au Maroc et le dernier tiers à la Mauritanie. Le Front Polisario indépendantiste et l’Algérie ont rejeté cet accord. La guerre qui s’est ensuivie a permis au Polisario de remporter de rapides victoires militaires, forçant la Mauritanie à se retirer en 1979, même si des milliers de Sahraouis se sont réfugiés près de Tindouf, en Algérie. Au cours des années qui ont suivi, néanmoins, le Maroc a renforcé son contrôle sur le Sahara occidental, notamment grâce à la construction de murs de protection, le « mur de sable ».

    En 1991, alors que l’on pensait être dans une impasse militaire, les deux parties ont accepté un plan de règlement sous l’égide de l’ONU. Cette initiative a introduit un cessez-le-feu qui a divisé le territoire le long du mur de sable et a créé une zone tampon et une zone restreinte pour séparer les deux parties. Ce plan visait également une résolution du conflit qui passerait par un référendum d’autodétermination, qui serait organisé par la Minurso. Néanmoins, à la suite de manœuvres politiques du Maroc et des interprétations divergentes du plan par les deux parties, le référendum n’a jamais eu lieu. De nombreux envoyés de l’ONU ont tenté en vain de ressusciter le référendum, après quoi le Maroc a fait, en 2006, une proposition de compromis sous la forme d’un plan d’autonomie. Selon le Polisario, ce plan d’autonomie bafoue le droit à l’autodétermination de la population sahraouie. Aucun des nombreux cycles de négociation entre Rabat et le Polisario n’a permis de débloquer la situation.


    A. En perte de vitesse
    La nomination en août 2017 de l’ancien président allemand Horst Köhler en tant qu’envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental avait donné un nouvel élan aux efforts diplomatiques. Köhler a mené une série de réunions préliminaires entre fin 2017 et début 2018. Il a ensuite bénéficié de la décision du Conseil de sécurité d’avril 2018 de renouveler le mandat de la Minurso tous les six mois au lieu de tous les ans, comme c’est généralement le cas. Les Etats-Unis, et en particulier John Bolton, alors conseiller national à la sécurité des Etats-Unis et personnellement investi dans la résolution du conflit, ont joué un rôle clé au sein du Conseil. La décision de réduire le délai de renouvellement du mandat visait à renforcer la pression sur les parties, en demandant à l’envoyé spécial de dresser un état des lieux plus régulier auprès du Conseil.

    L’empressement des Etats-Unis s’expliquerait par le fait qu’ils s’agaçaient de la lenteur des progrès et du mandat à durée indéterminée de la Minurso, et souhaitaient, plus globalement, opérer des coupes dans le budget de maintien de la paix de l’ONU. Selon un diplomate américain : « Il est temps d’avancer vers une résolution politique et, après 27 ans, d’arrêter de prolonger le statuquo ». Malgré la résistance d’autres membres du Groupe des amis pour le Sahara occidental, à savoir la France et la Russie, le renouvellement semestriel du mandat s’est poursuivi jusqu’en octobre 2019, en vue de soutenir les efforts de médiation.

    Si le Polisario a salué cette nouvelle approche comme une occasion de rouvrir des négociations, le Maroc s’est montré plus réticent à modifier le statuquo diplomatique. Pour rassurer Rabat, les Etats-Unis et la France ont introduit des formulations reflétant ces réticences dans la résolution du Conseil de sécurité d’avril 2018 ainsi que dans les suivantes. Le texte affirme « qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental », ce que le Polisario, à l’instar d’autres observateurs, ont interprété comme une approbation implicite du plan d’autonomie du Maroc de 2006. Cette même résolution comprenait deux paragraphes distincts visant la violation, par le Polisario, de l’accord de cessez-le-feu dans la zone de Guerguerat et sa volonté de déplacer des fonctions administratives de la République arabe sahraouie démocratique à Bir Lahlou, au sein du Sahara occidental.

    Néanmoins, les négociations semblaient s’accélérer. Köhler en a organisé un premier cycle à Genève en décembre 2018. Un ancien conseiller de Köhler a décrit une atmosphère positive, et des discussions « agréables et amicales ». Le Maroc et le Polisario n’avaient pas mené de pourparlers sous l’égide de l’ONU depuis six ans. Le Maroc a obtenu une concession majeure : le format de la réunion était une table ronde, à laquelle participaient l’Algérie et la Mauritanie. Rabat considère que le Sahara occidental est une question régionale et que le Polisario est un intermédiaire de l’Algérie ; le Maroc voulait réunir l’Algérie et la Mauritanie puisqu’ils avaient précédemment refusé de participer aux négociations, affirmant qu’il s’agissait d’un conflit bilatéral entre le Maroc et le Polisario portant sur des questions de décolonisation. Une deuxième réunion s’est tenue en mars 2019, également à Genève, mais l’atmosphère était nettement moins cordiale. Aucune de ces deux réunions n’a abouti à une sortie de crise, mais elles ont permis de maintenir la communication, comme l’a souligné le communiqué conjoint publié au terme de la deuxième réunion. Cette dynamique encourageante a brutalement pris fin lorsque Köhler a démissionné, le 22 mai 2019, invoquant des raisons de santé.

    Après le départ de Köhler, le Maroc et le Polisario se sont empressés de fixer leurs conditions pour la nomination d’un nouvel envoyé de l’ONU. Selon un diplomate du Polisario, le mouvement n’exigeait qu’une personne « hautement qualifiée, déterminée et neutre ». Officiellement, le Maroc exigeait juste que ce poste revienne à une personnalité reconnue. Selon de nombreuses sources pro-Polisario ou non partisanes, néanmoins, Rabat aurait posé des conditions plus spécifiques, et plus strictes. Le Maroc aurait refusé qu’il s’agisse d’un ou une diplomate issue d’un pays scandinave (du fait d’une prétendue sympathie qu’ils auraient pour la cause sahraouie), d’Allemagne (car Rabat a découvert avec Köhler qu’il était difficile de contrer Berlin) ou d’un Etat membre permanent du Conseil de sécurité (pour éviter que des pressions politiques illégitimes puissent être exercées sur les négociations).

    Ces conditions ont rendu difficile la tâche du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, chargé de remplacer Köhler. Les exigences du Maroc ont réduit le vivier de candidats potentiels de façon significative. En outre, la réputation du conflit au Sahara occidental, perçu comme obscur et inextricable, a contribué à dissuader les diplomates internationaux d’accepter le poste. Comme l’a dit un ancien ministre des Affaires étrangères qui avait été approché pour le poste : « Personne ne veut être associé à un échec diplomatique ».

    Parallèlement, le scepticisme croissant concernant la possibilité de résoudre ce conflit a poussé le Conseil de sécurité à revenir à un renouvellement annuel du mandat de la Minurso. Bolton a quitté l’administration Trump en septembre 2019 et, le mois suivant, Washington, désabusé par cette situation, a abandonné l’idée d’un renouvellement semestriel et accepté les demandes répétées de la France de ne renouveler le mandat que tous les ans. Malgré les doléances du Polisario, de la Russie et de l’Afrique du Sud, la formulation évoquant une « solution politique réaliste, pragmatique et durable », rédigée pour rassurer le Maroc par rapport aux mandats plus courts de la Minurso, a été maintenue dans les résolutions d’octobre 2019 et d’octobre 2020 visant à renouveler le mandat de la mission.

    B. Évolutions de la situation sur le terrain
    En parallèle de la démission de Köhler et du retour de l’approche diplomatique habituelle du Conseil de sécurité des Nations unies, le Maroc a accéléré sa politique du fait accompli. La stratégie principale de Rabat était d’inviter des Etats amis d’Afrique et du Moyen-Orient à ouvrir des consulats au Sahara occidental. Le premier pays à le faire fut la Côte d’Ivoire ; elle a inauguré son consulat honoraire à Laâyoune en juin 2019, après quoi les Comores y ont ouvert, en décembre 2019, le premier consulat général étranger. Dans les mois qui ont suivi, une ribambelle de gouvernements africains ont marché dans leurs traces. Le 4 novembre 2020, les Emirats arabes unis sont devenus le premier pays arabe à ouvrir un consulat au Sahara occidental. Pour Rabat, ces représentations diplomatiques sont autant d’éléments qui appuient sa revendication de souveraineté sur le territoire. Le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, s’est indigné contre l’ouverture des consulats, les qualifiant de « violation du droit international et […] [d’] atteinte au statut juridique du Sahara occidental en tant que territoire non autonome ».

    L’ouverture des consulats résulte d’une stratégie marocaine ambitieuse visant à renforcer les liens politiques et économiques avec l’Afrique subsaharienne. Ces dernières années, Rabat a fortement intensifié ses investissements et ses relations commerciales avec le reste du continent, surtout avec l’Afrique de l’Ouest. En 2017, le Maroc a rejoint l’Union africaine (UA). En 1984, le pays avait claqué la porte de l’Organisation de l’unité africaine, prédécesseur de l’UA, après l’admission en son sein de la République arabe sahraouie démocratique, nom que donne le Polisario à son Etat de facto, situé à l’est du mur de sable. Lors de son admission à l’UA, le Maroc a juré d’œuvrer à l’expulsion du proto-Etat du Polisario de l’organisation. Rabat a profité de ses nouvelles relations pour plaider auprès de certains gouvernements africains afin qu’ils reviennent sur leur reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique de facto.

    Parallèlement à son offensive diplomatique, le Maroc a adopté, en janvier 2020, deux lois délimitant ses eaux territoriales et une zone économique exclusive au large du littoral du Sahara occidental. Le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a indiqué que ces lois avaient notamment pour objectif de réaffirmer la souveraineté du Maroc sur « ses frontières effectives, territoriales et maritimes ». Le Polisario a rejeté cette manœuvre.

    Le Front Polisario, confronté à une impasse à l’ONU et en réponse aux actions prises par le Maroc dans le cadre de sa politique du fait accompli, a dès lors réévalué ses options. Mohamed Wali Akeik, Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique à l’époque et critique notoire de l’impasse diplomatique, a dénoncé à plusieurs reprises le manque d’intérêt de la communauté internationale à l’égard du conflit et a appelé le mouvement à reprendre les hostilités avec le Maroc. Il a également fustigé le cessez-le-feu, suggérant que des négociations devraient se tenir en parallèle des combats.

    De nombreux Sahraouis, en particulier les femmes (administratrices de camps et enseignantes) et les jeunes qui habitent les camps, sont frustrés de l’impasse diplomatique ; ils ne croient plus aux négociations et estiment que la direction du mouvement ne se renouvelle pas assez. Le manque de perspectives professionnelles auquel sont confrontés des jeunes souvent très qualifiés a encore accentué leur déception. La direction du Polisario, qui prend de l’âge, s’est donc sentie contrainte de reprendre les combats.

    Le quinzième congrès du Front Polisario, qui s’est déroulé en décembre 2019 à Tifariti, au cœur du Sahara occidental, a été un moment clé. Pendant plusieurs jours, les débats sur la manière de réagir à la détérioration de la situation politique ont opposé les partisans de l’action militaire aux tenants de la diplomatie. Les premiers insistaient pour arrêter immédiatement une date pour la reprise des hostilités, alors que les seconds affirmaient que le front n’avait pas les moyens de mener une offensive militaire. Le secrétaire général Ghali, réélu lors du congrès, s’est montré habile ; il a réaffirmé l’engagement du mouvement en faveur de la diplomatie, tout en menaçant de « revoir son engagement dans le processus de paix ».

    III. Le retour de la guerre
    A. Fin du cessez-le-feu à Guerguerat
    Les tensions opposant le Front Polisario à Rabat et celles qui secouent le mouvement lui-même ont finalement trouvé un exutoire dans les escarmouches concernant la route de Guerguerat, qui relie le Maroc à la Mauritanie en traversant une zone tampon sous contrôle des Nations unies. Rabat a construit cette route dans le désert en 2016 (et déployé des gendarmes au sein de la zone tampon, ce qui constitue une violation du cessez-le-feu), et depuis lors, celle-ci semble être le point le plus sensible de la guerre d’usure entre les deux camps, car des incidents y sont désormais déplorés chaque année. Suite au renforcement des liens commerciaux qui unissent le Maroc à la Mauritanie et à d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, cette route a gagné en importance et est donc devenue cruciale pour Rabat. De son côté, le Polisario condamne ce qu’il considère être un amendement unilatéral au cessez-le-feu, puisque la route ouvre une brèche dans la zone tampon, qui ne faisait pas partie de l’accord de 1991. D’après la Minurso, entre octobre 2019 et mai 2020, le nombre de manifestations rassemblant des civils pro-Polisario et le nombre d’incursions militaires dans cette zone ont augmenté, ce dont le Maroc s’est régulièrement plaint auprès des Nations unies.

    Le 21 octobre 2021, la situation a atteint un point de non-retour lorsqu’un groupe de civils pro-Polisario a établi un campement sur la route de Guerguerat, bloquant ainsi la circulation. Quelques combattants du Polisario, dont la présence constituait une violation du cessez-le-feu, les ont rejoints. Contrairement aux incidents précédents, les manifestants ont refusé les tentatives de conciliation de la Minurso, arguant que l’ONU se désintéressait du conflit. Pendant deux semaines, le Maroc a déposé des plaintes auprès du secrétaire général de l’ONU et de la Minurso concernant ce blocage. Ensuite, après le discours du roi Mohamed VI prononcé à l’occasion du 45e anniversaire de la Marche verte, le Maroc a commencé à mobiliser des soldats au sein de la zone réglementée de 30 kilomètres de large, violant donc également le cessez-le-feu. Le 13 novembre, après l’échec d’une tentative de médiation de dernière minute émanant du secrétaire général de l’ONU, les troupes sont entrées dans la zone tampon pour rouvrir la route. Bien que les deux camps aient recouru à de l’artillerie lourde, aucune victime n’a été déplorée, les civils et les combattants du Polisario ayant battu en retraite quasi immédiatement. Le 14 novembre, le Polisario a déclaré la fin du cessez-le-feu et annoncé la reprise des hostilités avec le Maroc.

    Au cours des semaines qui ont suivi, le bras armé du Polisario, l’Armée de libération du peuple sahraoui, a attaqué à plusieurs reprises les postes défensifs du Maroc situés le long du mur de sable, généralement depuis une certaine distance et avec des effets limités. La réponse de l’armée marocaine est restée mesurée ; elle n’a pas, jusqu’à présent, cherché à pourchasser les unités ennemies ou à mener une grande opération. Si le Maroc nie avoir essuyé des pertes, des sources onusiennes indiquent que deux soldats, au moins, ont perdu la vie au cours de la première semaine de combats.

    La retenue relative dont fait preuve le Maroc dénote par rapport à la forte mobilisation sahraouie, tant dans les camps de réfugiés qu’à l’étranger. La stratégie de Rabat a été d’exprimer son soutien continu au cessez-le-feu de 1991 et de minimiser l’importance des affrontements militaires, ce qui correspond à une approche du « circulez, il n’y a rien à voir ». Le retour de la guerre a toutefois galvanisé la jeunesse sahraouie dans les camps comme à l’étranger, et le Polisario a réactivé ses réseaux de solidarité internationale pour attirer l’attention sur ce conflit. Un militant sahraoui a déclaré que les jeunes vivant dans le Sahara occidental contrôlé par le Maroc avaient essayé de descendre dans les rues pour afficher leur solidarité avec le Polisario, mais que les forces de sécurité marocaines avaient rapidement réprimé ces tentatives.

    B. Silence sur le front international
    Malgré la mobilisation du Polisario, pour la plupart, les réactions internationales aux évènements survenus dans le Sahara occidental étaient favorables au retour rapide du cessez-le-feu, ou s’alignaient sur la position du Maroc. Le ministre français des Affaires étrangères a exprimé sa préoccupation concernant la situation, tout en saluant « l’attachement du Maroc au cessez-le-feu ». L’Espagne et la Russie ont appelé les deux parties à respecter le cessez-le-feu, alors que les Etats-Unis sont restés muets jusqu’à ce que le secrétaire d’Etat américain de l’époque, Mike Pompeo, déclare le 8 décembre que « le conflit ne devrait pas être résolu par des moyens militaires, mais bien par une série de conversations ».

    Les réactions des pays voisins étaient, elles aussi, empreintes de prudence afin d’éviter d’alimenter les tensions. L’Algérie qui, par le soutien qu’elle apporte au Polisario, joue un rôle déterminant dans le conflit, a sagement appelé les deux camps à faire preuve de retenue. Des diplomates algériens indiquent que cette approche s’inscrit dans une volonté d’éviter une escalade militaire qui pourrait déstabiliser encore plus la région. De même, la Mauritanie a appelé les deux parties à la retenue et au respect du cessez-le-feu.

    Pour sa part, le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pris aucune mesure concernant la situation militaire au Sahara occidental. Il n’a convoqué qu’une réunion consultative à huis clos le 21 décembre, soit plus d’un mois après la reprise des hostilités. Si cette inaction a arrangé le Maroc, elle a fâché les responsables du Polisario, car elle n’a pas permis de braquer les projecteurs sur leur cause. Un responsable français a déclaré que l’inertie du Conseil de sécurité s’expliquait par la faible intensité des affrontements, puisque jusqu’à présent les combats n’ont compromis ni la paix ni la sécurité régionales. Même l’Afrique du Sud, soutien du Polisario et présidente du Conseil de sécurité depuis décembre, a indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de porter l’affaire devant le Conseil, car ses diplomates estiment que l’issue serait probablement favorable au Maroc.

    C. La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les Etats-Unis
    Alors que l’environnement international lui est déjà favorable, Rabat a remporté une importante victoire diplomatique le 10 décembre, lorsque le président Donald Trump a annoncé sur Twitter que les Etats-Unis reconnaissaient officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En contrepartie de cette reconnaissance, le Maroc a accepté de renouer des relations diplomatiques avec Israël, en commençant par rouvrir leurs bureaux de liaison respectifs, et peut-être, à terme, une représentation diplomatique à part entière. Les Etats-Unis ont, en outre, proposé de vendre pour un milliard de dollars de drones et d’armes guidées avec précision au Maroc. La reconnaissance américaine étant liée à la normalisation diplomatique avec Israël, et bien que des représentants des deux partis appellent à renoncer à cette mesure, l’administration Biden aura probablement du mal à revenir sur la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sans mettre en péril la relation entre Rabat et Israël.

    Plusieurs gouvernements ont réprouvé la déclaration de Trump. La Russie l’a condamnée, estimant qu’elle violait le droit international. L’Espagne a réitéré son soutien aux « principes et résolutions de l’ONU » concernant ce différend. Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, a condamné la normalisation des relations avec Israël et rejeté la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, appelant à l’application du droit international et défendant les actions militaires du Polisario, les qualifiant de « légitime défense ».

    La France a quant à elle adopté une position plus nuancée. Un responsable français et un ancien diplomate ont déclaré que l’annonce de Trump était un problème pour Paris, car la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental contrevient en effet au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité. Ils craignent par ailleurs que cette reconnaissance pousse le Maroc à faire pression sur la France afin qu’elle prononce une déclaration similaire. Cependant, selon eux, Paris pourrait profiter de cette annonce pour relancer le Plan d’autonomie marocain, lequel servirait de base à une résolution permanente du conflit.

    Les responsables du Polisario ont rejeté l’annonce de Trump, estimant qu’elle constituait une violation inacceptable du droit international. Un militant d’une ONG sahraouie située au Sahara occidental contrôlé par le Maroc a déclaré que la population locale avait perdu toute confiance en la communauté internationale et évoqué les risques croissants de troubles violents. Toutefois, si l’annonce américaine s’apparentait à un revers pour le mouvement, il a saisi cette occasion pour attirer une nouvelle fois l’attention des médias internationaux sur ce conflit oublié. En outre, avec l’arrivée de l’administration Biden aux Etats-Unis, les diplomates du Polisario ont manifesté un optimisme prudent quant à la possibilité que la décision soit revue et que l’ONU joue un rôle de médiateur afin de mettre un terme au conflit.

    Peu après l’annonce américaine, le Maroc a décidé de conserver des troupes à Guerguerat, indéfiniment, balayant toute possibilité de négocier un retrait ultérieur. Rabat a communiqué cette nouvelle position à toutes les parties concernées, y compris dans une lettre officielle adressée au secrétaire général des Nations unies. La présence militaire marocaine vise à protéger les biens qui transitent par la frontière avec la Mauritanie, mais elle constitue une violation de l’accord de cessez-le-feu, qui interdit aux forces armées des deux parties d’entrer dans la zone réglementée. Ceci va donc à l’encontre de la position officielle de Rabat, selon laquelle le Maroc respecte l’accord. Dès lors, le Polisario a clairement indiqué que, dans ces conditions, il refuserait de participer à tout nouvel effort de négociation d’un cessez-le-feu. En effet, le 24 janvier 2021, pour la première fois depuis la fin du cessez-le-feu, des forces pro-Polisario ont bombardé la zone de Guerguerat et menacé d’intensifier le conflit en élargissant leurs opérations.

    IV. Le moment de se réengager
    La faible intensité du conflit au Sahara occidental ne devrait pas justifier l’inaction. Le risque d’une forte escalade militaire entre le Maroc et le Front Polisario reste limité, mais il n’est pas négligeable pour autant. La stratégie adoptée par le Polisario – bombarder à distance – pourrait donner lieu à une frappe non maîtrisée qui ferait plus de victimes marocaines qu’escompté et déclencherait alors une offensive vengeresse visant les bases arrière du Polisario. Il serait erroné de penser que l’Algérie restera neutre. L’Algérie soutient la stratégie militaire d’usure du Polisario. Bien qu’aucun nouveau transfert d’armes en provenance d’Algérie pouvant améliorer les capacités de l’Armée de libération du peuple sahraoui n’ait été constaté, Alger pourrait envisager ce type de transferts si une flambée de violence tuait un grand nombre de combattants du Polisario, par exemple. Ceci aurait des implications pour toute la région.

    Le désintérêt de la communauté internationale pour ce conflit pourrait également avoir des conséquences à long terme pour la stabilité régionale. Sans solution diplomatique, les Sahraouis désabusés, surtout les jeunes, pourraient contraindre le Front Polisario à changer de tactique. Celui-ci pourrait procéder à des frappes visant les installations militaires dans le Sahara occidental contrôlé par le Maroc ou au Maroc même, au lieu de se limiter à des cibles situées le long du mur du sable, comme il l’a presque exclusivement fait jusqu’à présent. Une telle escalade déstabiliserait l’Afrique du Nord et le Sahel, et pourrait avoir des conséquences imprévisibles pour les intérêts américains et européens.

    Nommer un envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental est un premier pas nécessaire. Si le Maroc a imposé des préconditions à cette nomination, les Etats-Unis et la France doivent pousser Rabat à y renoncer. Le nouvel envoyé spécial ne pourra pas mettre fin aux combats seul. Les responsables du Polisario ont clairement indiqué qu’ils voulaient réinitialiser les conditions du processus de paix avant d’envisager un nouveau cessez-le-feu. Bien qu’une réinitialisation complète soit peu probable, si l’ONU se réengage, un envoyé pourrait parvenir à négocier une désescalade temporaire qui pourrait permettre la négociation d’une trêve. Cette trêve pourrait alors favoriser la reprise des pourparlers entre le Maroc et le Polisario (avec la participation de l’Algérie et de la Mauritanie) quant au statut de l’intégralité du territoire disputé.

    Cette approche ne pourra se concrétiser que si les Etats-Unis et le Conseil de sécurité de l’ONU intensifient réellement leurs efforts en vue d’une résolution du conflit. Bien que des voix s’élèvent au sein des deux partis pour que cette décision soit annulée, il est possible que l’administration Biden estime trop complexe, d’un point de vue politique, de revenir sur la reconnaissance annoncée par Trump. Elle pourrait néanmoins chercher à rassurer le Polisario sur la possibilité d’une résolution et à convaincre les responsables qui refusent la trêve et veulent négocier en continuant les combats en parallèle. Les Etats-Unis pourraient, par exemple, renouveler leur soutien d’antan à des mandats de six mois reconductibles pour la Minurso et modifier, dans les prochaines résolutions du Conseil de sécurité, la formulation portant sur « une solution politique réaliste, pragmatique et durable », qui, pour le Polisario, s’assimile à l’approbation du Plan d’autonomie marocain de 2006, et ce en vue de gagner l’adhésion du Polisario. Pour éviter de braquer le Maroc, ces changements pourraient s’accompagner de références explicites à la nécessité d’assurer la sécurité sur la route de Guerguerat.

    Une trêve, appuyée par une nouvelle approche du conflit au niveau du Conseil de sécurité, pourrait inaugurer une nouvelle ère. Le mandat de Köhler, l’envoyé de l’ONU, bien qu’abrégé, rappelle qu’exercer une pression internationale constante sur les deux camps peut faire bouger les choses. Pour que cela puisse se renouveler, l’administration Biden devra se coordonner de manière plus étroite et plus transparente avec les autres membres du Groupe des amis pour le Sahara occidental, à savoir la France, la Russie et l’Algérie. Seule une pression internationale conjointe peut pousser le Maroc et le Front Polisario à revenir à la table des négociations.

    V. Conclusion
    Le désintérêt de la communauté internationale pour le Sahara occidental, exacerbé par le manque d’intérêt des médias étrangers, risque d’aviver des tensions militaires restées jusqu’à présent contenues. Le manque de considération des puissances mondiales pour ce conflit, gelé depuis longtemps, les a menées à sous-estimer la possibilité d’une escalade et a créé les conditions parfaites pour que ce face-à-face instable dégénère en une guerre de faible intensité. Le Conseil de sécurité doit agir maintenant. Il est difficile de déterminer ce qu’il coûterait d’attendre avant d’agir, mais la situation est explosive et pourrait rapidement se dégrader.

    International Crisis Group, 11 mars 2021

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