Catégorie : sélection articles illustrés

  • L’Afrique, un continent dépossédé

    Afrique, colonisation, Occident, Europe, spoliation, culture,

    Par Abdelkader Guérine
    La colonisation de l’Afrique par les Européens n’est pas seulement un évincement spatio-temporel, la dépossession dépasse de loin la spoliation des richesses matérielles et le retardement frustrant du développement du continent, par rapport à l’avancée civilisationnelle enregistrée dans les autres parties du monde. En effet, au de-là de l’agression physique, de l’usurpation des biens et de l’asservissement des populations africaines, les colonisateurs ont aussi dépouillé ces dernières de leur culture et de leurs valeurs d’origine.

    L’Afrique a toujours été convoitée par les puissances occidentales modernes à cause de la facilité de l’incursion et de l’aisance de l’occupation des lieux. L’influence militaire et l’efficacité économique des Européens leur ont permis une accession facile au continent dès le début du 19ème siècle. Il faut, toutefois, noter que la pénétration des Européens en Afrique commence d’une manière appliquée à partir de la fin du Moyen Age, à travers l’entreprise de la traite négrière. Mais, l’empiétement du sol n’a pris une envergure coloniale que quelques siècles plus tard.

    Il est aussi à rappeler que le nom «Afrique» dérive du terme Latin «Africa» qui consistait l’ensemble des terres côtières du Maghreb investies par les Romains, avant que cette invasion européenne ne soit interrompue, aussi bien par la résistance des royaumes autochtones que par la conquête musulmane de cette partie du continent.

    L’exploration de l’Afrique commence donc avec l’installation de comptoirs maritimes pour le commerce et le trafic d’esclaves. La pénétration et l’occupation des terres intérieures par le moyen de la force est allée en s’intensifiant à travers les siècles. Ce sont d’abord les Portugais qui ont inauguré cette escalade d’appropriation de l’Afrique par les «Blancs». Les Espagnols, les Anglais et les Français ont tour à tour confirmé leur mainmise sur des régions du littoral sud de la Méditerranée. La formalisation du partage de l’Afrique par les puissances européennes devient un mouvement de colonisation officiel à partir de la Conférence de Berlin en 1884. En plus des colonisateurs pionniers, les Allemands, les Belges, les Hollandais et les Italiens se joignent tardivement à cette rencontre dont le but est de déterminer les grandes lignes de la division territoriale du continent africain.

    Le dépècement de l’Afrique par les Européens a des raisons purement économiques. A une certaine époque, l’Europe vivait une crise sociale aigue et une dépression financière causée par les exigences de l’impulsion industrielle. L’Afrique était alors non seulement un gisement vierge riche en matières premières, une pépinière de ressources naturelles abondantes et une vivier de main-d’œuvre bon marché et bonne qualité, mais elle était également un marché vide à investir avec toutes sortes de produits de fabrication européenne. Les historiens qui se penchent sur la cause africaine remarquent que les empires Européens ont été sauvés par leurs colonies, l’Afrique en particulier.

    En effet, l’Afrique a énormément contribué à l’épanouissement économique de l’Europe moderne, pour ne pas dire à la rénovation et au redressement du Vieux continent. L’Afrique recèle les réserves minérales les plus importantes de la planète. Ses capacités extractives en or, en platine, en chrome, en diamant ou en uranium font d’elle un véritable trésor que les Européens n’ont pas hésité à accaparer. Sa prospérité en bois, en cobalt, en cuivre, en phosphate ou en charbon en fait un gisement intarissable de matières premières dont la demande s’accroît de plus en plus dans les usines européennes. Plus tard, la découverte des énergies des hydrocarbures en Afrique, lesquels vont accélérer la dynamique progrès technologique contemporain, est un fait qui a accentué l’appétence colonialiste. En plus, la position géographique centrale de l’Afrique dans le monde ouvre des portes sur plusieurs mers et océans. Son climat tropical humide facilite l’exploitation des larges espaces fertiles pour l’agriculture. Ses forêts denses, sa faune diversifiée, ses grandes rivières et ses déserts font de l’Afrique un continent hospitalier qui attire les voyageurs en quête d’aventure et les chercheurs et explorateurs de tous bords.

    Pour ces raisons et pour d’autres, les Européens ont planifié le partage de l’Afrique comme s’il s’agissait d’une terre sans propriétaires. Chaque pays colonisateur prit sa part de ce continent sans défense. Toute l’Afrique est devenue une terre colonisée à un moment de l’histoire. Les nouveaux locataires disent tous, pour justifier leur invasion, qu’ils ont découvert un pays sans Etats avec des peuples vivant de manière primitive qu’il fallait instruire et civiliser. Or, ces peuples qui évoluaient dans une organisation sociale traditionnelle étaient gouvernés par des chefs dans des empires vastes et sans limites déterminées, les plus importants étaient le royaume du Ghana, celui de Songhaï et celui du Mali. D’autres petits Etats formaient la composantes tribales et ethnique des populations africaines : les Zoulous en Afrique du sud, le Kongo, le Mossi en Afrique centrale, le Dahomey à l’est, et bien sur l’Afrique du nord qu’on nomme l’Afrique berbère, romaine ou arabe.

    Les campagnes d’expansion militaire européennes étaient toujours accompagnées d’expéditions administratives, religieuses et humanitaires afin de couvrir la colonisation par des actions prenant un aspect humanitaire et civilisateur. Les tentatives de résistance exprimées par les Africains pour répondre à l’envahissement des Européens de leur sol étaient toujours contrées avec violence, ce qui donne progressivement naissance au régime impérialiste moderne. Une nouvelle cartographie de l’Afrique prend forme sous la gouvernance des Européens. De nombreux pays sont nés, des frontières sont dessinées, des structures sociales en fonction depuis des siècles sont disloquées, des peuples sont séparés et des dispositifs administratifs sont mis en place pour régir les affaires des nouveaux occupants d’un côté, et pour contrôler l’évolution des indigènes de l’autre.

    Cependant, pour assurer une domination parfaite du continent, il fallait aux envahisseurs, en plus de l’occupation totale du sol, la conquête de l’esprit des populations. Le programme du modelage de l’entité morale africaine comportait l’activisme spirituel des religieux, l’action éducative des académiciens et la mouvance culturelle des intellectuels. Chaque patelin conquis était d’abord inauguré par une caserne militaire, puis par un bureau d’administration, une église, un hôpital et une classe d’école.

    Environ 2 000 langues et dialectes sont recensés en Afrique, mais les africains devront apprendre la langue du nouveau maître afin d’établir un champ de communication convenable pour la transmission des nouvelles formes de penser. C’est avec la langue du dominateur que les enfants devront apprendre les sciences humaines, la médecine, les mathématiques ou la philosophie. C’est avec cette même langue qu’ils vont s’abreuver d’histoire, celle de «l’homme blanc», afin de façonner des générations futures à la mesures des ambitions des étrangers avec lesquels ils seront des partenaires et non des ennemis. Ils connaîtront mieux l’Europe, son âme et sa géographie, sa politique et son économie, que les repères de leur propre société. C’est avec la langue de l’occupant qu’ils se définiront une nouvelle identité.

    De leur côté, les expéditions religieuses ont un rôle déterminant dans l’inoculation des principes spirituels à la population africaine pour la majeur partie de conviction païenne, bien que certaines parties du continent soient déjà de croyance musulmane, chrétienne ou juive. L’objectif de cette opération d’évangélisation tardive est de soumettre ces peuples aux règles fondamentales de leurs nouvelles républiques et de les impliquer dans les mêmes idéaux que ceux magnifiés par leurs nouveaux gouverneurs.

    Comme l’école, l’église sert aussi à la formation mentale de l’individu africain. Ce dernier sera obligé de se comporter comme un européen, de s’habiller comme lui, d’imiter ses modes et ses habitudes culinaires, d’adopter l’architecture de son habitat et l’organisation de sa famille, de s’inspirer de ses arts et de réagir comme lui dans les moindres détails de son quotidien. Désormais, la conception de la personne africaine est une création européenne. Ses connaissances et ses œuvres sont le résultat de l’effort fourni par les Européens qui sont des dominateurs et des formateurs à la fois.

    Fascinés par les attraits superflus de la nouvelle civilisation, les sujets africains auront à oublier leur ancien caractère. Ils auront honte de leurs coutumes, ils détesteront leur mode de vie antérieur et renieront leur patrimoine ancestral. Les plus hardis auront à migrer en métropole pour vivre d’une façon authentique leur nouvelle existence d’africains occidentalisés. Ils auront à prouver leur domestication civilisatrice réussie en obéissant bien et en travaillant mieux, tout en oubliant leur originalité réelle et leur principes premiers.

    En conclusion, le colonialisme n’est pas seulement le débarquement des armées européennes en Afrique pour l’exploitation des biens abondants de ce continent, c’est aussi le lavage systématique des cerveaux des africains pour solliciter leur adhésion à ses stratégies expansionnistes.

    En outre, ce formatage identitaire et culturel de cette partie du globe est observé comme une atteinte à la morale humaine et une destruction du patrimoine de l’humanité entière. Le résultat est là : même après la disparition du colonialisme du sol africain, le spectre de la soumission aux Européens est toujours présent dans les mentalités. La cicatrice de la lésion psychique est plus durable que le dommage matériel.

    Le colonialisme perdure en Afrique à travers des stratégies économiques et culturelles qui font que les Etats africains, même autonomes, dépendent toujours de la suprématie des Occidentaux. L’envahissement prend d’autres formes, celles du néo-colonialisme, de la domination à distance garantie par une «self-gouvernance» toujours au service de l’agenda colonial. L’élément africain garde profondément le complexe inférieur du sujet colonisé. Les produits importés de l’Occident sont toujours les meilleurs. Les Africains qui réussissent un projet de vie sont souvent ceux qui s’établissent dans un pays développé. Les autres sont simplement des migrants potentiels qui n’ont pas encore rejoint les terres de l’ancien colonisateur.

    M. G.
    *Ecrivain

    Le Chélif

    #Afrique #Occident #Colonisation

  • Burkina Faso: Compaoré « demande pardon » à la famille de Sankara

    Burkina Faso, Thomas Sankara, Blaise Compaoré,

    L’ancien président burkinabè Blaise Compaoré, condamné par contumace à perpétuité pour l’assassinat en 1987 de son prédécesseur Thomas Sankara, a « demandé pardon », à la famille de ce dernier mardi, dans un message à ses compatriotes.

    « Je demande pardon au peuple burkinabè pour tous les actes que j’ai pu commettre durant mon magistère et plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Sankara », indique ce message lu par le porte-parole du gouvernement burkinabè Lionel Bilgo.

    « J’assume et déplore du fond du cœur, toutes les souffrances et les drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon », poursuit l’ancien chef de l’État.

    Blaise Compaoré, 71 ans, était arrivé au pouvoir en 1987 à la faveur d’un putsch qui avait coûté la vie au président d’alors, Thomas Sankara. En avril, il a été condamné par contumace à la prison à perpétuité pour son rôle dans cet assassinat.

    Renversé par la rue en 2014, Blaise Compaoré vit depuis en Côte d’Ivoire, mais il a pu faire un bref retour de quelques jours dans son pays, début juillet, sans être arrêté. Il était invité par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, actuel président de transition arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État en janvier, dans le but de « sceller la réconciliation nationale » face aux attaques jihadistes qui endeuillent le pays.

    Après avoir rencontré le nouvel homme fort du pays, il était apparu amaigri à ses côtés. Exprimant « sa profonde reconnaissance » aux autorités de transition il a appelé dans son message les Burkinabè « à une union sacrée, à la tolérance, à la retenue, mais surtout au pardon pour que prévale l’intérêt supérieur de la Nation ».

    Sa visite en juillet avait suscité une pluie de critiques au sein de la classe politique et de la société civile qui estimaient que la réconciliation ne devait pas être synonyme d’impunité.

    Euronews, 26/07/2022

    #Burkina_Faso #Thomas_Sankara #Blaise_Compaoré

  • RDC: Manifestation anti-ONU à Goma

    RDC, Congo, Goma, ONU, MINUSCO,

    Au moins cinq morts lors d’une manifestation anti-ONU dans l’est du Congo, selon le gouvernement

    GOMA, 26 juillet (Reuters) – Au moins cinq personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées lors de manifestations anti-ONU mardi à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, a déclaré un porte-parole du gouvernement.

    Plus tôt, un témoin de Reuters a vu des casques bleus de l’ONU abattre deux manifestants.

    La violence a eu lieu le deuxième jour des manifestations contre la mission de maintien de la paix MONUSCO pour ne pas avoir protégé les civils dans une région marquée par des décennies de violence des milices.

    Des centaines de manifestants ont attaqué et pillé un entrepôt de la MONUSCO à Goma lundi, exigeant que la mission quitte le pays.

    Un témoin de Reuters a déclaré que des soldats de la paix avaient tiré mardi à balles réelles sur une foule en grande partie pacifique, tuant deux personnes et en blessant au moins deux autres.

    Les officiers de l’armée et de la police déployés sur les lieux n’ont pas tiré, a-t-il ajouté.

    Un porte-parole de la MONUSCO n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter.

    Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a déclaré que de plus amples informations seraient fournies plus tard dans la journée sur le bilan humain et logistique des manifestations.

    Les tensions sont vives dans l’est du Congo, où la résurgence des affrontements entre les troupes locales et le groupe rebelle M23 a déplacé des milliers de personnes. Les attaques de militants liés à l’État islamique se poursuivent également malgré un état d’urgence d’un an et des opérations conjointes menées contre eux par les armées congolaise et ougandaise.

    Reuters, 26/07/2022

    #RDC #Congo #ONU #MONUSCO

  • L’UE s’accorde sur les coupures de gaz pour cet hiver

    UE, Union Européenne, Gaz, Russie, hiver,

    L’Europe accepte des restrictions de gaz de compromis alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    -Les ministres de l’UE conviennent de réduire d’urgence la consommation de gaz
    -Les réductions volontaires deviendraient contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement
    -L’accord final exempte de nombreux pays, industries
    -L’UE se précipite pour économiser du gaz alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    BRUXELLES, 26 juillet (Reuters) – Les pays de l’Union européenne ont approuvé mardi un plan d’urgence affaibli pour limiter leur demande de gaz, après avoir conclu des accords de compromis pour réduire les coupes pour certains pays, alors qu’ils se préparent à de nouvelles réductions de l’offre russe.

    L’Europe est confrontée à une pénurie accrue de gaz à partir de mercredi, lorsque le russe Gazprom (GAZP.MM) a annoncé qu’il réduirait les flux via le gazoduc Nord Stream 1 vers l’Allemagne à un cinquième de sa capacité.

    Alors qu’une douzaine de pays de l’UE sont déjà confrontés à une réduction des approvisionnements russes, Bruxelles exhorte les États membres à se préparer en économisant du gaz et en le stockant pour l’hiver, de peur que la Russie ne coupe complètement les flux en représailles aux sanctions occidentales concernant sa guerre avec l’Ukraine.

    Les ministres de l’énergie ont approuvé une proposition demandant à tous les pays de l’UE de réduire volontairement leur consommation de gaz de 15 % d’août à mars. Les réductions pourraient être rendues contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement, mais les pays ont accepté d’exempter de nombreux pays et industries, après que certains gouvernements aient résisté à la proposition initiale de l’UE d’imposer une réduction contraignante de 15 % à chaque pays.

    Le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, a déclaré que l’accord montrerait au président russe Vladimir Poutine que l’Europe restait unie face aux dernières coupures de gaz de Moscou.

    « Vous ne nous diviserez pas », a déclaré Habeck.

    La Hongrie était le seul pays à s’être opposé à l’accord, ont déclaré deux responsables de l’UE.

    Le russe Gazprom a imputé sa dernière réduction à la nécessité d’arrêter le fonctionnement d’une turbine – une raison rejetée par le chef de l’énergie de l’UE, Kadri Simson, qui a qualifié cette décision de « motivée politiquement ».

    Reuters, 26/07/2022

    #UE #Gaz #Hiver #Russie

  • Guerre et instabilité au Sahel : la famine pointe à l’horizon

    Sahel, famine, instabilité, conflits, Afrique de l’Ouest, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad,

    Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, Rotimy Djossaya, le directeur du Plan international pour la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, invite les gouvernements à mettre en œuvre des actions urgentes pour éviter une crise alimentaire de grande ampleur au sahel.

    Le texte note d’emblée que, dans le Sahel central, les prévisions les plus pessimistes sur l’insécurité alimentaire se concrétisent : « À ce jour, les programmes et le financement de la réponse humanitaire n’ont pas permis de relever les défis auxquels sont confrontées les populations vulnérables, en particulier les femmes et les filles ».

    À la suite d’une visite au Burkina Faso et au Niger, Rotimy Djossaya, a appelé tous les acteurs humanitaires à intensifier et coordonner de manière significative leurs efforts en réponse à la détérioration sans précédent de la crise alimentaire dans le Sahel central, les enfants et les filles étant particulièrement touchés. Cette crise alimentaire dramatique fait des ravages dans les zones affectées par les conflits, alors que la situation nutritionnelle déjà précaire des communautés s’aggrave et que l’accès aux moyens de subsistance et aux services sociaux de base est entravé.

    Pendant la période de soudure qui vient de commencer, 9,7 millions de personnes [1] seront en situation d’insécurité alimentaire au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et la situation se détériore rapidement.

    « Au Niger, la consommation alimentaire est déjà très dégradée dans presque toutes les régions, et les seuils d’urgence fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé pour la malnutrition aiguë globale et la malnutrition aiguë sévère ont déjà été dépassés » alerte Mohamed Bah, Représentant Résident au Niger, avant d’ajouter : « Désormais, la réponse à la crise alimentaire est devenue notre plus grande priorité ». Au Burkina Faso et au Mali, la tendance est aussi à l’aggravation, alors que le conflit armé continue de s’étendre. Les prévisions de production agricole font état d’une baisse de 12 % [2] de la production céréalière régionale par rapport à l’année dernière, le Niger (-36 %) enregistrant la plus forte baisse.

    Des facteurs aggravants

    Dans le Sahel central, les conflits prolongés sont le principal moteur d’une crise alimentaire majeure, à laquelle s’ajoutent des déplacements massifs toujours plus fréquents, les pénuries alimentaires mondiales et les chocs climatiques. Yaouba Kaigama, Représentant Résident au Burkina Faso, ajoute : « En plus des attaques contre les civils, les groupes armés non étatiques pillent et détruisent les récoltes, volent le bétail et extorquent de l’argent aux communautés, affamant des centaines de milliers de familles. Les marchés dans les zones touchées ne sont plus fonctionnels ou fonctionnent au ralenti. »

    L’agriculture, le commerce et la transhumance ont été considérablement affectés, compromettant les moyens de subsistance de millions de personnes et augmentant les conflits autour des ressources naturelles, aggravés par le changement climatique. En outre, un tiers de l’approvisionnement mondial en blé provenant d’Ukraine et de Russie, l’insécurité alimentaire dans le Sahel central va considérablement s’aggraver : la région est confrontée à la diminution des réserves mondiales de céréales et à la flambée des prix du carburant. Les prix des intrants agricoles, notamment des engrais, montent en flèche, ce qui a un impact sur la production agricole et les récoltes.

    Les filles, les adolescentes et les femmes sont les plus touchées

    Les filles et les femmes sont les premières victimes de la crise alimentaire. Les enfants non accompagnés et séparés peuvent avoir du mal à accéder à l’aide, et les filles et les femmes sont notamment exposées à un risque accru de violence sexuelle et sexiste lors des distributions de nourriture. Lors d’une crise alimentaire, les filles mangent souvent moins et en dernier. Non seulement elles ont moins accès à la nourriture, mais elles sont aussi souvent les plus touchées lorsque les familles ont recours à des stratégies d’adaptation négatives : les filles sont les plus susceptibles d’être retirées de l’école, certaines n’y retournant jamais, et sont les plus exposées au travail des enfants, aux mariages précoces et forcés et à l’exploitation sexuelle.

    Des financements insuffisants et des besoins humanitaires en augmentation

    L’intensification de la réponse pour répondre aux besoins urgents des populations est entravée par une grande insuffisance de financement, et l’ampleur des besoins dépasse les capacités de réponse. «2021 a vu une augmentation drastique des besoins humanitaires dans le Sahel central, atteignant 14,7 millions de personnes ayant besoin d’une assistance vitale début 2022[4]. Dans le même temps, seuls 41% des fonds requis par la communauté humanitaire pour répondre aux besoins urgents dans le Sahel central ont été satisfaits, et même seulement 38% pour le Mali », alerte Rotimy Djossaya. Au 27 juin, les plans de réponse humanitaire des trois pays n’étaient financés qu’à hauteur de 15%, selon OCHA. « La mobilisation de l’opinion publique internationale, des gouvernements et des donateurs est impérative. Au-delà de la crise en Ukraine, la crise du Sahel central requiert plus que jamais notre attention, notamment pour éviter une crise alimentaire dramatique », ajoute Rotimy Djossaya. Quant à Plan International, des efforts supplémentaires sont en cours pour mobiliser des ressources pour la réponse, non seulement dans la région mais aussi au niveau mondial.

    Le communiqué rappelle que « Tous les acteurs humanitaires doivent comprendre les conséquences spécifiques et graves de la crise alimentaire sur les filles et les femmes ».

    [1] Cadre Harmonisé mars 2022

    [2] Aperçu des besoins humanitaires juin 2022

    [3] Selon OCHA

    À propos de Plan International

    Fondée en 1937, Plan International est une organisation humanitaire de développement centrée sur l’enfant, sans affiliation religieuse ni politique, qui fait progresser les droits des enfants et l’égalité des filles. Elle s’efforce de créer un monde juste, en travaillant avec les enfants, les jeunes, les sympathisants et les partenaires. Plan soutient la progression sûre et réussie des enfants de la naissance à l’âge adulte.

    Le Chélif, 25/07/2022

    #Sahel #Mali #Burkina_Faso #Niger #Tchad #Famine #Crise_alimentaire

  • Implications of Europe’s Turn to Mediterranean Gas

    European Union, gas, Russia, Algeria, Western Sahara, Morocco, Israel, Lebanon, Hezbollah, Egypt, Qatar,

    With Strings Attached: Implications of Europe’s Turn to Mediterranean Gas
    Samuel Bruning and Dr Tobias Borck

    In its efforts to wean itself off Russian energy supplies, Europe is increasingly looking to its southern neighbourhood. But this comes with its own set of geopolitical challenges.

    As heatwaves hit Europe, governments across the continent are already worrying about a cold winter and a deepening energy crisis. Since Russia launched its war of aggression against Ukraine five months ago, European countries have been scrambling to reduce their dependence on Russian oil and gas imports, not least to limit one of Moscow’s most important sources of revenue. Yet, they also fear that Russia could beat them to the punch and cut off energy flows to Europe before alternative sources have been secured. Russia has already stopped supplying gas to Poland, Bulgaria and Finland, and reduced deliveries to Germany, Italy and other European states.

    As Europe searches for alternatives to Russian gas, debates about fracking are re-emerging, and discussions about if and when Europe can import more liquified natural gas (LNG) from leading exporters such as the US and Qatar are drawing much attention. Additionally, European states are turning to old and new gas producers in the eastern and western Mediterranean, lured not least by the promise of short supply routes along which pipelines already exist or could feasibly be constructed.

    In the eastern Mediterranean, Israel is emerging as a major gas producer. In June, the EU, Israel and Egypt agreed to work on a partnership that could eventually see Israeli gas be transformed into LNG in already existing Egyptian gas liquification plants before being shipped to Europe. Meanwhile, further west, Algeria, a longstanding gas producer that already sends about a quarter of its gas to Spain, signed a deal with Italy in May to increase its supplies to Europe.

    Neither arrangement represents a quick fix. It will likely take years for the necessary infrastructure in Europe, Israel and Algeria to be built and for the latter two to sufficiently increase their production capacity to even begin to replace the volumes of gas Europe imports from Russia. Just as importantly, both deals tie Europe more closely to complex and potentially explosive geopolitical contexts. If European countries should have learned anything from Russia’s war in Ukraine, it is surely that energy agreements are more than mere commercial transactions; considering their strategic implications for European security is therefore vital.

    Israeli Gas, Hizbullah’s Drones and the Egyptian Economy

    The eastern Mediterranean has long been a highly contested space. Just over the past decade, the overlapping rivalries and shifting alignments among the region’s states – Cyprus, Egypt, Greece, Israel, Lebanon, Syria and Turkey – have shaped (and been shaped) by the conflicts in Libya and Syria, and between Israel and the Palestinians, to name but a few. At various times, these conflicts have repeatedly drawn in extra-regional powers, including European states, Russia, the US and even Iran, Saudi Arabia and the United Arab Emirates (UAE).

    With the gas deal with Israel and Egypt, the EU has increased its own stake in this complex environment beyond the obligations it already had to its member states of Cyprus and Greece. Two aspects are particularly important to consider.

    If European countries should have learned anything from Russia’s war in Ukraine, it is surely that energy agreements are more than mere commercial transactions

    Firstly, with the agreement, the EU wades into the longstanding maritime border dispute between Israel and Lebanon. The offshore Karish Field, from which the gas destined for Europe is supposed to come, is adjacent to the area that both countries claim to be part of their own exclusive economic zone. The US government has appointed a Special Envoy, Amos Hochstein, to mediate in the dispute, but negotiations have been progressing slowly – if at all – in recent months.

    Buckling under an unprecedented economic crisis and a dysfunctional political system, the Lebanese state’s capacity to effectively engage on these matters is somewhat limited at the moment. But Hizbullah, which suffered a setback in the Lebanese parliamentary elections in May, appears to see the border dispute and the international spotlight on gas exploration in the eastern Mediterranean as a useful opportunity to bolster its anti-Israeli credentials. On 2 July, Israeli authorities said that they had shot down three Hizbullah drones approaching a gas rig at Karish.

    Hizbullah later said the drones had been unarmed and were part of a reconnaissance mission, but the incident certainly illustrated the volatility of the situation in the area. This does not have to deter Europe from seeking to expand energy trade with Israel or other eastern Mediterranean producers, but the obvious political risks must be taken into account in Brussels and should inform thinking about future security arrangements in the region.

    Secondly, the EU–Israel–Egypt gas agreement comes at a time when policymakers across Europe are increasingly concerned about Egypt’s economic stability. Hit hard by the impact of Russia’s invasion of Ukraine, particularly with regard to food security, the Egyptian government is struggling to contain a potentially burgeoning economic crisis. While macro-economic growth figures have remained relatively strong, inflation and soaring food and energy prices are causing increasing strain. Scarred by the experience of the political instability that gripped the Middle East and North Africa in the aftermath of the 2010/11 Arab Uprisings, and in particular the migration crisis triggered and facilitated by the violent conflicts in Syria and Lebanon, renewed instability in Egypt represents a nightmare scenario for many European governments.

    The gas agreement should bring some economic benefits for Egypt, but not necessarily in a way that will help to address poverty and Egypt’s other related socio-economic challenges. The EU will therefore have to ensure that the energy deal is part of a more comprehensive engagement with Cairo that seeks to increase the resilience of the Egyptian economy through reform.

    Algerian Gas, Morocco and the Western Sahara

    In the western Mediterranean, meanwhile, Algeria has long been an important gas supplier for Europe. Spain has imported Algerian gas via the Maghreb-Europe pipeline, which runs through Morocco, since 1996, and via the undersea Medgaz pipeline since 2011. However, relations between Madrid and Algiers, including the energy trade between the two countries, have persistently been affected by the conflict between Algeria and Morocco over the Western Sahara, which Morocco claims as its territory, while Algeria supports the Polisario Front that seeks Sahrawi independence. Over the past two years, tensions have steadily grown.

    New partnerships with Mediterranean energy producers must be recognised for the imperfect and geopolitically complex undertakings that they are

    In 2021, Algeria decided to end exports via the Maghreb-Europe pipeline and therefore cut off supplies to Morocco, planning instead to expand the capacity of the Medgaz pipeline. Subsequently, in March 2021, Algiers was angered by Spain’s reversal of its position on the Western Sahara. Having previously been mostly neutral on the territory’s status, insisting that it was a matter for the UN to resolve, Madrid endorsed Rabat’s plan to retain sovereignty over the Western Sahara while granting it autonomy to run its domestic affairs. The move was to a significant extent motivated by Spain’s need to deepen cooperation with Morocco to contain migration, particularly to the Spanish enclaves of Ceuta and Melita.

    As things stand, Algeria has said that it will continue to supply Spain with gas via the Medgaz pipeline. But its Ambassador to Madrid, whom Algiers withdrew in March, has not returned. Moreover, the Algerian government has repeatedly warned Spain not to re-export gas it receives from Algeria to Morocco, which has struggled to make up for shortages caused by the termination of flows via the Maghreb-Europe pipeline.

    The new deal concluded in May between Italy’s energy giant ENI and Algeria’s national oil company Sonatrach has to be considered within this context. Even if Italy may find it easier to avoid becoming embroiled in the Algeria–Morocco dispute, the tensions in the Algeria–Spain relationship demonstrate that energy trade in the western Mediterranean cannot be divorced from the geopolitical realities in North Africa.

    Searching for a European Position

    In the search for non-Russian energy supplies, Europe is rightly looking to its southern neighbourhood. Algeria, Israel and Egypt – and perhaps, in time, other (re)emerging Mediterranean energy producers and transit countries such as Libya and Turkey – can all play an important role in increasing the continent’s energy security. However, these new energy partnerships must be recognised for the imperfect and geopolitically complex undertakings that they are. More than mere commercial transactions, they tie Europe more closely into local conflict dynamics – be it between Israel, Lebanon and Hizbullah, or between Algeria and Morocco. They should therefore be embedded in a clear-eyed and strategic European approach to the EU’s southern neighbourhood.

    In May, the EU published its new Gulf strategy, which offers at least a conceptual framework for how European governments intend to balance expanding energy relations with the Gulf monarchies with other interests, ranging from economic engagement to human rights concerns. The document is far from perfect, and it remains far from certain if and when many of its ambitious intentions will be implemented. But if the EU wants to become a more serious geopolitical actor and increase its resilience to political shocks such as Russia’s invasion of Ukraine, developing similar strategies for the eastern and/or western Mediterranean is necessary.

    The Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 25 July 2022

    #European_Union #Gas #Russia #Algeria #Morocco #Western_Sahara #Israel #Egypt #Qatar #Lebanon #Hezbollah

  • Les implications de la conversion de l’Europe au gaz méditerranéen

    Europe, Union Européenne, gaz, pétrole, Russie, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Espagne, Italie, Israël, Egypte, Qatar,

    Dans ses efforts pour se sevrer des approvisionnements énergétiques russes, l’Europe se tourne de plus en plus vers son voisinage méridional. Mais cela s’accompagne de son propre lot de défis géopolitiques.

    Alors que les canicules frappent l’Europe, les gouvernements du continent s’inquiètent déjà d’un hiver froid et d’une crise énergétique qui s’aggrave. Depuis que la Russie a déclenché sa guerre d’agression contre l’Ukraine il y a cinq mois, les pays européens se sont efforcés de réduire leur dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz russes, notamment pour limiter l’une des principales sources de revenus de Moscou. Cependant, ils craignent également que la Russie ne les devance et ne coupe les flux d’énergie vers l’Europe avant que des sources alternatives ne soient assurées. La Russie a déjà cessé de fournir du gaz à la Pologne, à la Bulgarie et à la Finlande, et réduit ses livraisons à l’Allemagne, à l’Italie et à d’autres États européens.

    Alors que l’Europe cherche des alternatives au gaz russe, les débats sur la fracturation hydraulique refont surface et les discussions sur la question de savoir si et quand l’Europe peut importer davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) des principaux exportateurs tels que les États-Unis et le Qatar attirent beaucoup d’attention. En outre, les États européens se tournent vers les anciens et les nouveaux producteurs de gaz de la Méditerranée orientale et occidentale, attirés notamment par la promesse de voies d’approvisionnement courtes le long desquelles des gazoducs existent déjà ou pourraient être construits.

    En Méditerranée orientale, Israël est en train de devenir un important producteur de gaz. En juin, l’UE, Israël et l’Égypte ont convenu de travailler sur un partenariat qui pourrait permettre de transformer le gaz israélien en GNL dans des usines égyptiennes de liquéfaction du gaz déjà existantes, avant de l’expédier en Europe. Dans le même temps, plus à l’ouest, l’Algérie, producteur de gaz de longue date qui envoie déjà environ un quart de son gaz à l’Espagne, a signé un accord avec l’Italie en mai afin d’augmenter ses approvisionnements vers l’Europe.

    Aucun de ces accords ne constitue une solution rapide. Il faudra probablement des années pour que les infrastructures nécessaires en Europe, en Israël et en Algérie soient construites et pour que les deux derniers pays augmentent suffisamment leur capacité de production pour commencer à remplacer les volumes de gaz que l’Europe importe de Russie. Tout aussi important, ces deux accords lient plus étroitement l’Europe à des contextes géopolitiques complexes et potentiellement explosifs. Si les pays européens doivent avoir appris quelque chose de la guerre de la Russie en Ukraine, c’est certainement que les accords énergétiques sont plus que de simples transactions commerciales ; il est donc vital de considérer leurs implications stratégiques pour la sécurité européenne.

    Le gaz israélien, les drones du Hezbollah et l’économie égyptienne

    La Méditerranée orientale est depuis longtemps un espace hautement contesté. Au cours de la dernière décennie, les rivalités qui se chevauchent et les alignements changeants entre les États de la région – Chypre, Égypte, Grèce, Israël, Liban, Syrie et Turquie – ont façonné (et ont été façonnés) par les conflits en Libye et en Syrie, et entre Israël et les Palestiniens, pour n’en citer que quelques-uns. À plusieurs reprises, ces conflits ont attiré des puissances extrarégionales, notamment des États européens, la Russie, les États-Unis et même l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU).

    Avec l’accord gazier conclu avec Israël et l’Égypte, l’UE a accru ses propres intérêts dans cet environnement complexe, au-delà des obligations qu’elle avait déjà envers ses États membres, Chypre et la Grèce. Deux aspects sont particulièrement importants à considérer.

    Si les pays européens ont dû apprendre quelque chose de la guerre de la Russie en Ukraine, c’est certainement que les accords énergétiques sont plus que de simples transactions commerciales.

    Premièrement, avec cet accord, l’UE s’immisce dans le conflit frontalier maritime qui oppose depuis longtemps Israël et le Liban. Le champ offshore de Karish, d’où est censé provenir le gaz destiné à l’Europe, est adjacent à la zone que les deux pays prétendent faire partie de leur propre zone économique exclusive. Le gouvernement américain a nommé un envoyé spécial, Amos Hochstein, pour servir de médiateur dans ce conflit, mais les négociations ont progressé lentement – voire pas du tout – ces derniers mois.

    Soumis à une crise économique sans précédent et à un système politique dysfonctionnel, la capacité de l’État libanais à s’engager efficacement sur ces questions est quelque peu limitée pour le moment. Mais le Hezbollah, qui a subi un revers lors des élections législatives libanaises de mai, semble voir dans le conflit frontalier et dans l’attention portée par la communauté internationale à l’exploration gazière en Méditerranée orientale une occasion utile de renforcer son image de marque anti-israélienne. Le 2 juillet, les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles avaient abattu trois drones du Hezbollah qui s’approchaient d’une plate-forme gazière à Karish.

    Le Hezbollah a déclaré par la suite que les drones n’étaient pas armés et faisaient partie d’une mission de reconnaissance, mais l’incident a certainement illustré la volatilité de la situation dans la région. Cela ne doit pas dissuader l’Europe de chercher à développer le commerce de l’énergie avec Israël ou d’autres producteurs de la Méditerranée orientale, mais les risques politiques évidents doivent être pris en compte à Bruxelles et doivent alimenter la réflexion sur les futurs accords de sécurité dans la région.

    Deuxièmement, l’accord gazier UE-Israël-Égypte intervient à un moment où les décideurs politiques européens sont de plus en plus préoccupés par la stabilité économique de l’Égypte. Frappé de plein fouet par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire, le gouvernement égyptien s’efforce de contenir une crise économique qui pourrait s’aggraver. Si les chiffres de la croissance macroéconomique sont restés relativement élevés, l’inflation et la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont à l’origine de tensions croissantes. Marquée par l’expérience de l’instabilité politique qui a frappé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la suite des soulèvements arabes de 2010/11, et en particulier par la crise migratoire déclenchée et facilitée par les violents conflits en Syrie et au Liban, une nouvelle instabilité en Égypte représente un scénario cauchemardesque pour de nombreux gouvernements européens.

    L’accord sur le gaz devrait apporter certains avantages économiques à l’Égypte, mais pas nécessairement d’une manière qui permette de lutter contre la pauvreté et les autres défis socio-économiques connexes de l’Égypte. L’UE devra donc veiller à ce que l’accord énergétique s’inscrive dans le cadre d’un engagement plus global avec Le Caire, visant à accroître la résilience de l’économie égyptienne par le biais de réformes.

    Le gaz algérien, le Maroc et le Sahara occidental

    En Méditerranée occidentale, l’Algérie est depuis longtemps un important fournisseur de gaz pour l’Europe. L’Espagne importe du gaz algérien via le gazoduc Maghreb-Europe, qui passe par le Maroc, depuis 1996, et via le gazoduc sous-marin Medgaz depuis 2011. Cependant, les relations entre Madrid et Alger, y compris le commerce de l’énergie entre les deux pays, ont toujours été affectées par le conflit entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara occidental, que le Maroc revendique comme son territoire, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario qui cherche à obtenir l’indépendance du Sahara. Au cours des deux dernières années, les tensions n’ont cessé de croître.

    Les nouveaux partenariats avec les producteurs d’énergie méditerranéens doivent être reconnus pour les entreprises imparfaites et géopolitiquement complexes qu’ils représentent.

    En 2021, l’Algérie a décidé de mettre fin aux exportations via le gazoduc Maghreb-Europe et donc de couper l’approvisionnement du Maroc, prévoyant plutôt d’augmenter la capacité du gazoduc Medgaz. Par la suite, en mars 2021, Alger a subi la colère de l’Espagne qui est revenue sur sa position concernant le Sahara occidental. Alors qu’elle était auparavant restée neutre sur le statut du territoire, insistant sur le fait qu’il s’agissait d’une question à résoudre par l’ONU, Madrid a approuvé le plan de Rabat visant à conserver la souveraineté sur le Sahara occidental tout en lui accordant l’autonomie pour gérer ses affaires intérieures. Cette décision était dans une large mesure motivée par la nécessité pour l’Espagne d’approfondir sa coopération avec le Maroc afin de contenir la migration, en particulier vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melita.

    En l’état actuel des choses, l’Algérie a déclaré qu’elle continuerait à approvisionner l’Espagne en gaz via le gazoduc Medgaz. Mais son ambassadeur à Madrid, qu’Alger a retiré en mars, n’est pas revenu. En outre, le gouvernement algérien a mis en garde à plusieurs reprises l’Espagne contre la réexportation du gaz qu’elle reçoit d’Algérie vers le Maroc, qui peine à compenser les pénuries causées par l’arrêt des flux via le gazoduc Maghreb-Europe.

    Le nouvel accord conclu en mai entre le géant italien de l’énergie ENI et la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach doit être considéré dans ce contexte. Même si l’Italie peut éviter plus facilement d’être mêlée au conflit algéro-marocain, les tensions dans la relation Algérie-Espagne montrent que le commerce de l’énergie en Méditerranée occidentale ne peut être dissocié des réalités géopolitiques de l’Afrique du Nord.

    À la recherche d’une position européenne

    Dans sa recherche d’approvisionnements énergétiques non russes, l’Europe se tourne à juste titre vers son voisinage méridional. L’Algérie, Israël et l’Égypte – et peut-être, à terme, d’autres producteurs d’énergie méditerranéens (ré)émergents et des pays de transit comme la Libye et la Turquie – peuvent tous jouer un rôle important dans le renforcement de la sécurité énergétique du continent. Toutefois, ces nouveaux partenariats énergétiques doivent être reconnus pour les entreprises imparfaites et géopolitiquement complexes qu’ils sont. Plus que de simples transactions commerciales, ils lient plus étroitement l’Europe à la dynamique des conflits locaux, que ce soit entre Israël, le Liban et le Hezbollah, ou entre l’Algérie et le Maroc. Ils doivent donc s’inscrire dans une approche européenne stratégique et lucide du voisinage méridional de l’UE.

    En mai, l’UE a publié sa nouvelle stratégie pour le Golfe, qui offre au moins un cadre conceptuel sur la manière dont les gouvernements européens entendent équilibrer l’expansion des relations énergétiques avec les monarchies du Golfe avec d’autres intérêts, allant de l’engagement économique aux préoccupations relatives aux droits de l’homme. Le document est loin d’être parfait, et il est loin d’être certain que nombre de ses intentions ambitieuses seront mises en œuvre. Mais si l’UE veut devenir un acteur géopolitique plus sérieux et accroître sa résilience face à des chocs politiques tels que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il est nécessaire de développer des stratégies similaires pour la Méditerranée orientale et/ou occidentale.

    Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 25/07/2022

    #Union_Européenne #UE #Gaz #Pétrole #Russie #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Israël #Egypte #Qatar

  • Espagne: Une panne arrête l’approvisionnement en gaz algérien

    Espagne, Algérie, gaz, Medgaz,

    L’approvisionnement en gaz de l’Espagne en provenance d’Algérie est suspendu en raison d’une panne

    Une panne sur le côté espagnol du gazoduc Medgaz reliant l’Algérie et l’Espagne a provoqué « une interruption temporaire de l’approvisionnement en gaz de l’Espagne » dimanche, a indiqué la compagnie algérienne d’hydrocarbures Sonatrach dans un communiqué.

    « Les équipes techniques espagnoles travaillent intensivement pour effectuer les réparations nécessaires et rétablir l’approvisionnement en gaz de l’Espagne dès que possible », a déclaré la même source.

    20minutos.es, 24/07/2022

    #Algérie #Espagne #Gaz

  • Qu’est-ce qui rend Biden si pugnace ?

    Etats-Unis, Joe Biden, Arabie Saoudite, Mohamed Bin Salman, Jamal Khashoggi,

    Lorsque Biden est parti pour la journée, Corn Pop l’attendait, avec trois membres de gangs, et tenant un rasoir droit… Quelle que soit la réalité de cet événement d’il y a 60 ans, Biden a publié, au cours de ses 18 mois de mandat, un nombre remarquable d’avertissements et de menaces quant à ce qu’il ferait en tant que commandant en chef s’il était contesté, mettant ainsi sa propre crédibilité et celle de son pays en jeu.

    Ce coup de poing amical avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman n’aurait peut-être pas été un moment aussi déterminant – si Biden ne s’était pas d’abord installé.

    Lors de la campagne de 2020, Biden a déclaré que lorsqu’il rencontrerait le prince, il le traiterait comme le « paria » qu’il était pour avoir autorisé le meurtre et le démembrement du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi.

    Quant à la description par Biden de la façon dont il a affronté MBS à huis clos, les Saoudiens contestent sa restitution, et beaucoup de ses propres compatriotes ne croient pas Biden.

    Pourquoi? Parce que Joe Biden a l’habitude de se peindre comme héroïque dans des rencontres personnelles où peu de contemporains se souviennent de lui de cette façon.

    Le classique est l’histoire que Biden a souvent racontée d’avoir affronté, en tant que gardien de sécurité de la piscine dans un quartier noir, un chef de gang nommé Corn Pop, à qui Biden a ordonné de sortir de la piscine pour avoir enfreint les règles.

    Lorsque Biden est parti pour la journée, Corn Pop l’attendait, avec trois membres de gangs, et tenant un rasoir droit. Biden, tenant une chaîne de six pieds, dit-il, lui a fait face, et Corn Pop a reculé.

    Quelle que soit la réalité de cet événement, il y a 60 ans, Biden a émis, au cours de ses 18 mois de mandat, un nombre remarquable d’avertissements et de menaces quant à ce qu’il ferait en tant que commandant en chef s’il était contesté, mettant ainsi sa propre crédibilité et celle de son pays sur la ligne.

    Lorsqu’on lui a demandé, avant son voyage au Moyen-Orient, s’il utiliserait la force pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, Biden a répondu : « Si c’était le dernier recours, oui. »

    Pendant le voyage, les États-Unis et Israël ont signé un engagement conjoint de refuser les armes nucléaires à l’Iran. Nous sommes maintenant engagés.

    Étant donné que les États-Unis ont combattu dans cinq guerres au Moyen-Orient au cours de ce siècle – Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Yémen – on pourrait penser que ce pays hésiterait à s’engager dans une nouvelle guerre avec l’une des plus grandes puissances du monde.

    Lorsque le président russe Vladimir Poutine a constitué des forces en dehors de l’Ukraine et a demandé à plusieurs reprises des assurances que l’Ukraine ne serait pas intégrée à l’OTAN, une alliance visant la Russie, l’administration Biden a refusé.

    L’invasion de février a suivi, et parmi les menaces ultérieures de Biden, son appel à la destitution de Poutine a pratiquement été considéré comme une déclaration de guerre.

    « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir », a tonné Biden en Pologne, une déclaration qui a été rejetée à la hâte par le personnel de la Maison Blanche.

    En plus des armes que nous expédions en Ukraine – artillerie à longue portée et roquettes – Biden a annoncé lors du sommet de l’OTAN à Madrid que les États-Unis renforceraient leur présence militaire en Europe.

    Le quartier général permanent du V Corps de l’armée américaine doit être transféré en Pologne. Deux escadrons supplémentaires d’avions de chasse F-35 doivent être transférés au Royaume-Uni. D’autres capacités de défense aérienne doivent être transférées en Allemagne et en Italie. Les déploiements par rotation des troupes américaines dans la région de la Baltique doivent être augmentés. Les troupes américaines doivent être déplacées en Roumanie.

    Les forces américaines en Europe doivent passer d’environ 60 000 à 100 000, et Biden a juré que l’invasion de Poutine « ne se terminera pas par une défaite russe en Ukraine ».

    Mais comment Biden garantit que l’invasion russe sera annulée, si Poutine enroule le Donbass, est inexpliqué.

    Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, Biden a également donné des garanties de guerre de l’article 5 à la Suède et à la Finlande en promettant de les intégrer à l’OTAN.

    De l’Arctique à la mer Noire et de l’Islande à l’Estonie, il y a maintenant 30 nations européennes que nous sommes obligés de défendre.

    En 2021, Biden a indiqué que le traité de sécurité mutuelle américano-philippin datant des années 1950 signifiait que les États-Unis viendraient à la défense de Manille s’ils tentaient de récupérer des rochers et des récifs dans la mer de Chine méridionale, également revendiqués et désormais occupés par les forces militaires chinoises.

    Les garanties de guerre américaines dans notre traité avec le Japon s’étendent aux îles Senkaku, également revendiquées par la Chine, selon la Maison Blanche de Biden.

    En mai, à Tokyo, Biden a répondu par un « oui » catégorique à la question d’un journaliste lui demandant s’il était prêt à « s’impliquer militairement pour défendre Taïwan ». « C’est l’engagement que nous avons pris », a déclaré le président.

    Pas tant que ça. Les États-Unis ont abandonné leur engagement formel de défendre Taïwan en 1979, remplaçant un traité d’alliance par le Taiwan Relations Act, qui oblige les États-Unis à aider à équiper Taïwan pour se défendre.

    Encore une fois, le personnel de la Maison Blanche a cherché à revenir sur la déclaration de Biden selon laquelle nous nous battrions pour Taïwan, car la politique américaine depuis le voyage de Richard Nixon à Pékin est que Taïwan « fait partie de la Chine ».

    Nous avons écrit des dizaines de chèques en blanc à des nations non seulement en Europe mais aussi au Moyen-Orient et en Asie pour qu’elles viennent se battre pour défendre leurs frontières.

    Pourtant, la frontière la plus critique pour nous, la frontière américano-mexicaine, est envahie par un quart de million de migrants chaque mois, le pire d’entre eux apportant le fentanyl qui a tué 100 000 jeunes américains l’année dernière.

    Et le belliqueux Joe n’a presque rien fait à ce sujet.

    Occidental Observer, 23/07/2022

    #Etats_Unis #Joe_Biden

  • Un célèbre chanteur algérien devient SDF en France

    Cheb Fayçal, France, Algérie,

    Cheb Fayçal, ancien chanteur algérien, qui a autrefois enregistré un succès sans limite. Vous l’avez peut être deviné, on parle de Cheb Fayçal, chanteur de tube « sakina, el bab ytabtab ».

    Cheb Fayçal, originaire d’El Bordj, a connu le succès a l’age de 14 ans, grâce à son titre « Sakina, el bab ytabtab ». en effet, dès son plus jeune âge, cet artiste algérien a su comment taper fort chez toutes les générations les années 91. Avec ce hit de style sétifien et sa danse atypique, Cheb Fayçal a non seulement marqué les esprits des algériens a l’époque, mais aussi ceux d’aujourd’hui.

    Cependant, « Sakina, el bab ytabtab » ne représente pas la seule réalisation de ce talentueux algérien. ce dernier a également fait son apparition a le télévision algérienne grâce à l’émission « alhane wa chabab ».

    En effet, un ressortissant algérien, qui était de passage dans une gare de métro en France, a partagé une vidéo triste de cet ex-chanteur, qui est devenu aujourd’hui un simple sdf dans ce pays étranger. Ce dernier, ayant vu sa vie se bouleverser du jour au lendemain, était en train d’interpréter son seul et unique tube « sakina, el bab ytabtab ».

    Echouroukonline, 22/07/2022

    #France #Algérie #Cheb_Fayçal