Catégorie : sélection articles illustrés

  • Federico Trillo: Le Maroc n’est pas un pays démocratique

    Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, Sahara Occidental, Algérie, Federico Trillo,

    Federico Trillo* : « Le Maroc n’est pas un pays démocratique. Tôt ou tard, le président Sánchez devra rendre compte de sa politique de compromission avec le ce régime à propos du Sahara occidental ».

    L’ancien président du Congrès des députés, troisième plus haute autorité de l’État sous le gouvernement de José María Aznar, analyse pour le journal espagnol catholique en ligne El Debate** la politique étrangère, la défense nationale et les errances du gouvernement actuel en matière territoriale. Il dénonce avec virulence l’abandon par le chef du gouvernement espagnol, minoritaire, des principes fondateurs de la diplomatie de son pays vis-à-vis du Sahara occidental. Cette politique illégale d’abandon, sera, tôt ou tard sanctionnée.

    Propos recueillis par Maria Jamardo

    Le 11 juillet, cela fera 20 ans que l’invasion de l’îlot Perejil a eu lieu. Comment vous rappelez-vous cet incident ?

    Federico Trillo : La crise du gouvernement de José María Aznar venait de se terminer. Je revenais d’une passation de pouvoirs avec le prince Felipe de l’époque et, vers 15 heures de l’après-midi, lorsque je suis arrivé au ministère de la Défense, le nouveau ministre de l’Intérieur, Ángel Acebes, m’a appelé pour me dire que la Guardia Civil avait détecté la présence de soldats marocains sur l’îlot et qu’ils avaient hissé le drapeau marocain et monté une tente. C’est la première nouvelle que j’ai eue. Il nous a fallu un certain temps pour le confirmer parce qu’à l’époque il était difficile de localiser les personnes à Ceuta, mais elles ont confirmé qu’il s’agissait d’une opération, parfaitement calculée et dirigée par le Maroc pour rompre le statu quo international de l’île comme res nullius – qui n’appartient à personne – et se l’approprier.

    Propagande par voie de fait… Quelle était l’intention du Maroc avec cette invasion ?

    Le roi Hassan II a toujours eu un grand mépris pour la région du nord du Maroc. En fait, il ne l’a jamais visitée. Son fils Mohammed VI, quant à lui, a voulu dès le départ marquer sa présence dans le nord, dans le Rif, pour montrer qu’il ne renonçait pas à la totalité de ses revendications territoriales. Il l’a fait en calculant qu’en Espagne, à l’époque, la crise gouvernementale était une crise négative, et non une crise de renforcement, comme elle l’était réellement. Et il a cru voir le bon moment pour diriger cette opération, qu’il a personnellement conçue et commandée.

    Quelles étaient les relations avec le Maroc à l’époque ? Qu’est-ce qui a changé depuis ?

    À l’époque, les relations avec le Maroc étaient bonnes et fluides. J’avais moi-même rendu visite à Mohammed VI au nom du Royaume d’Espagne pour lui présenter mes condoléances après la mort de son père, et il m’avait dit qu’il considérait le roi Juan Carlos Ier comme une référence pour la démocratisation de son pays. Cependant, il est important de réaliser que le Maroc n’est pas un état de droit, ce que le gouvernement socialiste actuel ignore. En surface, il veut se présenter comme démocratique mais, au fond, c’est la volonté du monarque et de son entourage qui est déterminante : ils disent une chose et en font une autre. C’est ce qui s’est passé à l’époque. Il est donc impossible d’avoir des relations avec le Maroc dans lesquelles on oublie la deuxième partie de l’équation, à savoir que, malgré les efforts de démocratisation, il existe une composante autocratique très élevée.

    La démission du gouvernement de Pedro Sánchez au sujet du Sahara a-t-elle signifié un abandon de la souveraineté de notre État au Maroc ?

    L’Espagne ne peut être comparée à un tel régime et, par conséquent, tôt ou tard, le président Sánchez devra rendre compte de ce qui s’est passé, ce qui a été fait derrière les canaux diplomatiques, en renonçant aux principes et aux résolutions des Nations unies et à la responsabilité de l’Espagne en tant que puissance colonisatrice. De plus, le Conseil des ministres a été contourné, le Parlement qui a voté contre cette position a été bafoué, et la présence du chef de l’État dans les relations internationales a été omise, remplacée par celle du président Sánchez. En échange de quoi ? J’ose espérer que la semaine prochaine, Sánchez clarifiera tout cela lors du débat sur l’état de la nation.

    – L’expansionnisme marocain en procès. Comme l’atteste cette carte du « Grand Maroc », revendiqué par l’Istiqlal dès 1956. Non seulement ce parti ultra nationaliste revendiquait le Sahara occidental, mais également la totalité de la Mauritanie, une partie de l’Algérie et du Mali….
    Sánchez a assuré qu’il n’y avait aucun doute sur l’appartenance de Ceuta et Melilla au territoire espagnol. Compte tenu des précédents, le Maroc insistera-t-il sur son intention historique de les annexer ?

    La parole de Pedro Sánchez, dans ce cas, ne vaut rien. Dans les relations internationales, les engagements entre deux États sont formalisés par écrit, avec solennité et ratification. Et ici, nous ne savons pas s’il existe un document écrit, mais ce qu’il n’y a certainement pas eu, c’est la publicité, ni la solennité. Ce que Sánchez peut dire ne vaut rien, mais ce que Sánchez peut montrer, et je ne suis pas convaincu. La nuit même du lancement de l’opération Romeo Sierra, contre la prise de Perejil, dont nous fêtons aujourd’hui les 20 ans, le gouvernement a reçu un appel de Mohamed Benaissa, le ministre marocain des affaires étrangères, pour nous dire qu’ils savaient, par les Américains, que nous préparions quelque chose et que nous devions nous désister parce qu’ils quitteraient Perejil si nous quittions aussi le rocher de Vélez de la Gomera, les Chafarinas et Al Hoceima.

    Ils assimilaient un territoire nullius aux territoires sous souveraineté espagnole et le Maroc révélait déjà sa véritable mentalité de revendication territoriale sur tout, depuis le détroit de Gibraltar jusqu’à Ceuta et Melilla. Nous ne pouvions pas et ne voulons pas abandonner ces territoires de souveraineté espagnole, mais c’est la mentalité du roi du Maroc, et je ne crois pas qu’elle ait changé du tout au tout à la suite de l’abandon du Sahara, ou de tout autre geste de Sánchez. Quiconque croit le contraire, je suis désolé de le dire, est naïf.

    Le Maroc utilise l’immigration clandestine comme moyen de pression. Y aura-t-il désormais un changement de la part du Maroc, comme l’a assuré le gouvernement ?

    Cette histoire sans fin a connu récemment trois chapitres regrettables : celui d’il y a un an à Ceuta, qui a été provoqué et dirigé par le Maroc, celui d’il y a quelques mois, et le récent incident malheureux avec les morts que l’on sait. Dans ce dernier cas, il semble que le Maroc ait voulu montrer ses muscles et l’ait fait avec un crime contre l’humanité contre le droit des nations. Donc, ce n’est pas bon non plus. Il faut rappeler que ces immigrés subsahariens se trouvaient au Maroc parce qu’il ne les avait pas autorisés à traverser son territoire, il les avait sur place et les utilisait donc comme chair à canon. Inacceptable. Absolument inacceptable.

    En ce qui concerne l’Europe et après le sommet de l’OTAN, que nous avons accueilli, il n’y a eu aucun changement concernant Ceuta et Melilla, mais seulement des références au flanc sud ?

    L’OTAN voulait se rétablir à Madrid en tant qu’alliance géopolitique, englobant les démocraties d’Europe occidentale et les deux plus importantes d’Amérique du Nord. Il est vrai qu’elle languissait et que la récente réunion était une relance, j’insiste, de nature politique. Attendons pour voir s’il s’agit également d’une relance du point de vue militaire, car l’engagement de 2 % du PIB est demandé depuis que je suis ministre de la défense et n’a jamais été respecté. Il est vrai que les Américains ont maintenant menacé de partir et que la guerre en Ukraine a montré que, sans eux, l’Europe n’a pas de défense du tout. Mais il me semble que des engagements plus forts n’ont pas été pris, comme, par exemple, le renforcement de la défense européenne avec la programmation d’équipements et d’objectifs qui rendraient crédible une réalité jusqu’ici inexistante et qui ne va guère plus loin que les déclarations – sans doute bien intentionnées, mais toujours rhétoriques – de Josep Borrell.

    – Le Makhzen ne recule devant rien pour faire chanter l’Europe avec sa politique migratoire. Il n’a pas hésité à perpétuer un crime contre l’humanité devant l’enclave de Ceuta en laissant les immigrés escalader les barrières avant de les massacrer. Dans ce dernier cas, le Maroc a voulu montrer ses muscles en perpétrant un crime contre l’humanité, contre le droit des nations. Il faut rappeler que ces immigrés subsahariens se trouvaient au Maroc parce qu’il ne les avait pas autorisés à traverser son territoire, il les avait sur place et les utilisait donc comme chair à canon.

    Rien n’a changé en ce qui concerne Ceuta et Melilla. J’ai eu l’occasion, en tant que juriste, d’être le rapporteur de l’avis du Conseil d’État sur l’entrée de l’Espagne dans l’OTAN en 1982 et je suis tout à fait clair, et j’étais tout à fait clair à l’époque, que Ceuta et Melilla n’étaient pas couverts par la clause Foederis du traité de Washington parce qu’ils étaient en dehors de la zone. Pour le gouvernement espagnol, qui était pressé, à juste titre, de rejoindre l’Alliance, l’engagement politique du secrétaire général de l’époque, Joseph Luns, selon lequel tant qu’il y aurait des forces espagnoles sur le territoire de Ceuta et Melilla, l’affaire fonctionnerait en cas d’agression. Maintenant, la même chose a été répétée, mais la vérité est l’inverse. Il existe un engagement politique mais pas d’engagement juridique formel.

    L’invasion russe en Ukraine a changé de nombreux paradigmes. Comment voyez-vous l’évolution de ce conflit ? Sommes-nous confrontés à une nouvelle guerre froide entre deux nouveaux blocs ?

    La guerre en Ukraine a démontré le renforcement du régime autoritaire de Vladimir Poutine à Moscou. Les arguments utilisés ont plus de deux ou trois siècles et ils ne sont pas combattus avec la propagande exclusive des pays européens et les bonnes intentions des armes ou de l’aide humanitaire. Poutine ne va pas abandonner facilement la petite Russie et si l’Europe a un rôle à jouer, et l’OTAN aussi, ils devront le faire par d’autres moyens que ceux qu’ils ont utilisés jusqu’à présent.

    Beaucoup de temps a été perdu en rhétorique européenne vide et piétiste qui ne signifie rien pour la guerre en Ukraine.

    Je dirai également que la guerre en Ukraine n’est pas une renaissance de la guerre froide car, avec la chute du mur de Berlin, bien d’autres choses sont tombées : d’un ordre polaire, nous sommes passés à un ordre multipolaire ; d’une stratégie de dissuasion nucléaire, nous sommes passés à une absence de stratégie et à une multiplicité de puissances nucléaires ; et, alors qu’il y avait auparavant deux grandes puissances, nous devons ajouter la première grande puissance de la Chine et d’autres puissances émergentes. Par conséquent, l’ordre mondial tout entier doit être repensé, notamment sur le plan institutionnel, car le Conseil de sécurité des Nations unies s’est révélé absolument inutile.

    J’ai donc compris que vous êtes en faveur d’une augmentation des dépenses de défense ?

    C’est essentiel. Si l’Europe veut être l’Europe, si elle veut être quelque chose, si elle veut être une unité politique, elle doit avoir une politique étrangère commune. Et aucune politique étrangère n’est possible s’il n’y a pas de politique de sécurité et de défense derrière elle. Et il n’y a pas de politique de sécurité et de défense si elle ne prévoit pas des investissements à la mesure des pays qui représentent les principaux risques et menaces.

    Y compris une future armée européenne ?

    Sans aucun doute.

    Sánchez est arrivé à Moncloa en parlant des dépenses de défense comme étant dispensables et en maintenant qu’il aura besoin du Parti Populaire pour sauver l’augmentation parce que ses partenaires ne le soutiennent pas…

    Tant que Sanchez est à Moncloa, il n’y aura pas de changement. Il a été comparé à un magicien qui déplace les pièces de telle manière que vous ne savez jamais ce qui va se passer. Et c’est ce qui va se passer ici aussi. Il est maintenant prévu qu’un crédit soit approuvé pour porter les dépenses de défense à 2 % du PIB. Pour y parvenir, tout d’abord, nous devons être conscients qu’il s’agit de dépenses pluriannuelles, de sorte que nous devons concevoir des programmes qui, d’ailleurs, devraient être conjoints, du moins les plus importants, avec d’autres pays européens, dans lesquels nous avons déjà une certaine expérience de coproduction. Mais il faut ensuite les soutenir en termes de budget. Si on me demande mon avis, je crois que le Parti populaire ne peut pas jouer ce jeu, car s’il veut vraiment contribuer, et il le veut certainement, à la défense de l’Espagne et à la défense européenne, il doit exiger du gouvernement un engagement parlementaire ferme, intouchable, d’augmenter les dépenses qui ont été engagées verbalement à l’OTAN pour les dix prochaines années.

    Vous parlez de procédures parlementaires, d’engagements à moyen et long terme d’un gouvernement qui a fait déclarer deux états d’alarme anticonstitutionnels…

    J’ai soulevé l’inconstitutionnalité des deux décrets annulés par la Cour constitutionnelle auprès du président du Parti populaire de l’époque mais, malheureusement, je n’ai pas été écouté. Il est vrai que j’ai quitté la politique mais pas le droit. La violation de la Constitution était si atroce que deux personnalités, Pedro Cruz Villalón, professeur de droit constitutionnel et ancien président du Tribunal constitutionnel, sur proposition du Parti socialiste, et le meilleur expert espagnol de l’état d’anomalies, c’est-à-dire l’alarme, l’exception et le siège, l’ont dit. Et Manolo Aragón, également ancien vice-président du Tribunal des garanties, professeur de droit et proposé par le Parti socialiste.

    Les juges ont demandé au Congrès et au Sénat d’insister sur le renouvellement du CGPJ, comment voyez-vous la paralysie, quelle est la solution appropriée ?

    Il me semble que la situation actuelle est la preuve de l’échec retentissant du système, comme l’a déjà fait la Cour constitutionnelle dans la phrase dans laquelle elle a validé le système actuel. Il a dit que c’était constitutionnel, mais en quelque sorte, il a dit mais moins. La chose correcte est que le Conseil fait partie du Conseil. Élu parmi et par les juges et les magistrats. Cela a toujours été ma thèse logique. Malheureusement, je ne l’ai jamais vu se réaliser et je pense que le Parti populaire a raison de plaider pour un retour à ce système et de ne pas entrer dans des négociations de trilogue en tout cas.

    Le gouvernement propose maintenant d’annuler la réforme qui empêchait le Conseil de nommer et de contrôler la Cour constitutionnelle, cela invalide-t-il la séparation des pouvoirs ?

    Pas seulement ça. C’est un exemple plus grave de l’utilisation perverse de la loi et du mépris de la loi, dont Sánchez a une vision instrumentale, car cela l’arrange. C’est la vieille thèse marxiste remise au goût du jour, aujourd’hui ravivée par cette dernière manifestation de la coalition gouvernementale, pour discréditer le pouvoir judiciaire et l’État de droit.

    Aussi avec les grâces ?

    Cela devra être décidé par la Cour suprême et c’est à nous de la respecter, mais il me semble que les grâces accordées aux séparatistes, qui sont les partenaires de la coalition de Pedro Sánchez, n’étaient pas appropriées. Le gouvernement s’est laissé aller au discours indépendantiste pour les justifier car il dépend politiquement d’eux pour se maintenir à Moncloa. Ceci étant, il est insupportable, dans la situation dans laquelle se trouve l’Espagne, de prolonger la législature.

    Laissez-moi vous dire à l’avance qu’il s’agit d’une autre manipulation de l’histoire, comme la mémoire démocratique. Et le fait est que le discours politique est aujourd’hui complètement manipulé. La seule histoire, la seule vraie histoire de ce qui s’est passé en 2019 en Catalogne est là et nous l’avons vécue. Il n’y a pas besoin de révision. C’est ce qui s’est passé. Ce sont des criminels purs et durs, condamnés par la Cour suprême. Bien sûr, comme Sánchez n’a pas d’alternative à eux et aux autres criminels du Pays basque, il pourra s’en accommoder. Je crois, et je l’ai déjà dit, que Sánchez est un homme qui réinvente chaque jour un mensonge pour rester au pouvoir, ce qui est son seul objectif et il est prêt à tout.

    Le dernier en date des récits de victimisation du séparatisme dont nous parlons est le scandale d’espionnage du gouvernement…

    Un autre mensonge et un autre travail bâclé. Le CNI agit sur les ordres du gouvernement. Je suis légitimement fier d’avoir été celui qui a conçu la structure juridique du Centre national de renseignement – jusqu’au nom, dérivé de l’ancien CESID, dont j’avais combattu les défauts dans l’opposition – la loi de fonctionnement, la loi et l’autorisation de certaines de ses activités au titre des droits fondamentaux sous l’égide de la Cour suprême et de la Commission pour rendre compte des fonds réservés et des secrets officiels. Par conséquent, je peux dire que tout ce qui a été dit est un gros mensonge. Les partisans de l’indépendance ont fait l’objet d’une enquête du CNI parce que c’était leur obligation, avec l’autorisation préalable de la Cour suprême. Et le gouvernement était au courant, car la CNI ne fait rien dont le gouvernement ne soit pas au courant, puisque c’est lui qui fixe ses objectifs annuels et qui reçoit ses rapports. Ce qui se passe, c’est qu’il est très confortable pour Sánchez de s’asseoir pour négocier en sachant quelles astuces l’autre partie a dans sa poche.

    Et la deuxième partie, le truc de Pegasus ? Je n’y crois pas. Que l’Espagne, qui est l’un des pays les plus avancés de l’Europe de l’OTAN, ait vu la présidence du gouvernement et ses ministres écoutés par un pays tiers, ce qui n’aurait pas été détecté par les services de renseignement et par l’intelligence internationale qui se réunit tous les deux ou trois mois à Berne. C’est faux, tout simplement faux. Et la preuve en est que l’on n’a jamais entendu parler d’une telle histoire, inventée un jour par un certain Félix Bolaños.

    El Debate

    *El Debate en ligne est l’héritier du journal du même nom, qui est devenu l’un des grands journaux espagnols du premier tiers du XXe siècle sous la direction d’Ángel Herrera Oria. Le journal se présente comme le défenseur des « valeurs de l’humanisme chrétien, en plaçant au centre la liberté et la dignité de la personne et le droit à la vie. » Il « soutient l’unité de l’Espagne et son ordre constitutionnel démocratique ainsi que la langue et la culture espagnoles. »

    **Federico Trillo-Figueroa y Martínez-Conde (Cartagena, 1952) est titulaire d’une licence en droit de l’université de Salamanque et d’un doctorat en droit de l’université Complutense de Madrid. Il s’est engagé dans la marine en tant que premier de sa classe en 1974, où il a été affecté au bureau du procureur de la zone maritime méditerranéenne et, plus tard, à la direction des constructions navales militaires. En 1979, il intègre l’équipe juridique du Conseil d’État par voie de concours sans restriction. Il a pris sa retraite de commandant en 1989 pour entrer en politique, rejoignant les rangs du Partido Popular. Il devient président du Congrès des députés et ministre de la défense dans la première législature de José María Aznar.

    Source: Afrique-Asie, 16/07/2022

    #Maroc #Espagne #Algérie #Ceuta #Melilla #Sahara_Occidental #Federico_Trillo


  • La solidarité, théorie perpétuelle

    Solidarité, diplomatie, entraide, intérêts,

    par Abdou BENABBOU

    Comme présagé, la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales à Bali en Indonésie s’est terminée en queue de poisson. La mésentente généralisée a été au rendez-vous pour signifier, comme attendu en de pareilles circonstances, que les rencontres au sommet, quel que soit leur ordre du jour, sont indubitablement gavées d’arrière-pensées. Chaque éminent délégué s’assied autour de la table pour, d’abord et avant tout, ménager son clocher. La diplomatie internationale est ainsi tissée et la solidarité et l’entraide entre les Etats en permanence clamée n’est que théorie perpétuelle.

    On ne s’attaque pas malheureusement à la misère du monde par humanisme, mais on se décide de l’affronter pour se prémunir de sa contamination. On perçoit la faim et la décrépitude des peuples comme une épidémie et les aumônes qui leur sont accordées par ceux qui en ont les moyens, ne sont en vérité que des antidotes pour se protéger. Si tenaces, les travers d’une seconde entité des hommes sont gardés. La nature humaine comme celle des Etats est tenue de se conformer à un curieux mercantilisme où quelques signes de misanthropie ne sont pas absents. C’est que l’être humain n’a jamais été prophète. Il est extrêmement rare qu’il se départit de la culture du donnant-donnant sinon la Terre aurait été le Paradis.

    Que faire aujourd’hui dans cette humanité dans des turbulences multiples imposées au partage par tous ? Il est à craindre que les millions d’êtres humains en permanentes errances à la recherche d’une définition pour leur existence ne soient sacrifiés à un tragique sort écrit par l’inconscience des hommes avant d’être agréé par la volonté divine.

    Les guerres continuelles et la cascade des crises ne présagent pas la naissance d’un Eden. Sans doute parce qu’à travers les siècles l’homme s’est toujours considéré comme un dieu. Sa déconfiture continuera et s’élargira tant qu’il persistera à oublier qu’il n’est pas éternel.

    Le Quotidien d’Oran, 17/07/2022

    #Solidrité #Entraide

  • Le président de la CAF Patrice Motsepe arrive en Algérie

    Algérie, CAF, Patrice Motsepe, Confédération africaine de football,

    Le président de la Confédération africaine de football « CAF » Patrice Motsepe est arrivé ce soir, samedi, en Algérie pour une visite de travail.

    Motsebi, son voyageur, a atterri à l’aéroport Houari Boumediene, samedi soir, où il a été reçu par le président des FAF, Djahid Zefizef, et certains membres des FAF.

    La visite de Patrice Motsepe en Algérie, qui durera deux jours, est aussi sa première depuis sa prise de fonction à la présidence de la Confédération africaine de football.

    Le président de la CAF doit visiter certaines installations sportives, accompagné du président de la FAF, Djahid Zefizef, afin de déterminer dans quelle mesure l’Algérie est prête à accueillir la compétition « CHAN ».

    « Je suis furieux parce que l’Algérie n’a pas réussi à se de qualifier pour la Coupe du monde Qatar 2022 ,» a déclaré le patron de l’instance faitière du football africain.

    « Je traite toutes les sélections africaines à pied d’égalité, ceci dit l’Algérie a réussi, par le passé, à bien représenter le continent africain à maintes reprises. » a poursuivi le la patron de la CAF.

    « J’aurais aimé voir les Fennecs prendre part au Mondial.. Je suis furieux parce que cela ne s’est pas réalisé.. » a-t-il ajouté.

    Après avoir félicité le nouveau président de la fédération algérienne de football, Djahid Zefizef, l’homme d’affaires sud-africain a fait quelques déclarations aux journalistes présents. “En tant que président de la CAF je supporte toutes les nations africaines mais je ne suis pas content de ne pas voir l’Algérie au Qatar”, a-t-il expliqué. “Cette équipe nationale d’Algérie va faire son retour, le football algérien va revenir et sera l’un des meilleurs d’Afrique. Je peux vous le dire dès maintenant vous serez à la prochaine coupe du monde”, a-t-il indiqué.

    #Algérie #CAF #Patrice_Motsepe

  • Le Rwanda lance les premiers smartphones 100% « fabriqués en Afrique »

    Rwanda, Afrique, production, téléphones portables, GSM, Mara X, Mara Z,

    By Amine Dziri

    L’Afrique veut se faire une place sur le marché du smartphone. L’entreprise Mara Groupe, basée à Kigali, la capitale du Rwanda, a inauguré le 7 octobre dernier sa toute première usine de production de smartphones 100 % africains, rapporte la radio RFI.

    Une marque « issue du continent » africain

    Chaque jour, environ 1.200 « MaraPhones » sortiront de cette usine, propriété du milliardaire rwandais Ashish Thakkar. Selon son PDG, le « MaraPhone » est « une véritable marque issue du continent ». « Nous stimulons ainsi notre industrie, nous créons des dizaines et des centaines de milliers d’emplois », assure l’entrepreneur.

    « Nous fabriquons les cartes mères, nous fabriquons les sous-cartes pendant tout le processus », a-t-il déclaré lors de l’inauguration de l’usine, en présence du président rwandais Kagame.

    Deux versions du « MaraPhone »

    L’entreprise souhaite fabriquer des smartphones « de haute qualité » à prix abordable. Pour l’heure, deux modèles différents sont en cours de fabrication.

    Le Mara X, doté d’un écran de 5,5 pouces, est commercialisé localement à 120.250 francs rwandais (118 euros). Le second smartphone est le Mara Z, une version plus puissante équipée d’un écran HD de 5,7 pouces. Il est vendu l’équivalent de 173 euros. Les deux modèles fonctionnent sous Android.

    Où va l’Algérie, 16/07/2022

    #Rwanda #Afrique #Production #MaraX #MaraZ

  • Suisses en Algérie: décolonisation dans un pays sans colonies

    Algérie, France, Suisse, décolonisation,

    Il y a soixante ans, l’Algérie a obtenu son indépendance de la France. Pour les résidents suisses de ce pays d’Afrique du Nord, c’était la fin d’une époque. Leur histoire s’inscrit dans le rapport ambigu de la Suisse au colonialisme.

    Andréa Tognina

    « En regardant la plaine fertile du Sahel, j’ai été stupéfait de voir soudain, dans les vastes vignes qui couvrent des hectares et des hectares de terre, un panneau qui disait : Zurich, 10km », écrit début 1942 un reporter pour le quotidien Gazette de Lausanne .

    A l’époque, environ 2000 Suisses vivaient en Algérie. C’était l’une des plus grandes colonies suisses d’outre-mer, mais pas aussi grande que celle du Maroc. Ses liens sentimentaux avec la Suisse étaient encore forts, bien qu’elle soit bien implantée sur le territoire français.

    La première vague d’émigration suisse vers l’Algérie remonte au milieu du XIXe siècle, peu de temps après la prise de pouvoir par la France. La France a encouragé l’immigration en provenance de Suisse et d’Allemagne, pour contrebalancer l’afflux spontané de personnes en provenance d’Italie, d’Espagne et de Malte.

    «On pourrait dire qu’il y a eu deux types d’émigration suisse vers l’Algérie», explique l’historienne Marisa Fois, auteur d’une étude sur la population suisse du pays ». Un groupe était constitué de personnes qui ont quitté leur pays d’origine pour échapper à la pauvreté. Ce fut le cas de nombreux émigrants des cantons du Valais et du Tessin. D’autre part, il y avait des entrepreneurs suisses qui investissaient des capitaux privés en Algérie. Le cas le plus connu en fut la colonie de Sétif. Ici, 20000 hectares de terres avaient été concédés par Napoléon III à une société genevoise. L’un des fondateurs de cette société n’était autre que Henry Dunant, le père de la Croix-Rouge.

    Colons sans empire

    Le gouvernement suisse n’avait aucune ambition coloniale. Pourtant, le cas de l’Algérie montre à quel point la Suisse a pu s’intégrer aux régimes coloniaux mis en place par d’autres pays (en l’occurrence la France) soit par des initiatives commerciales, soit par la présence effective d’émigrés suisses. Fois appelle cela une « approche para-coloniale ».

    Une partie de cette approche était l’importance croissante, au début du 20e siècle, des communautés suisses à l’étranger – leur rôle d’ambassadrices des valeurs suisses et de tremplins pour l’expansion commerciale suisse.

    Ces communautés ont su maintenir leur cohésion interne avec le sentiment d’appartenir à un réseau international de Suisses de l’étranger, connu sous le nom de « Cinquième Suisse ». Ce terme est entré en usage en 1938, suite à la reconnaissance du romanche comme quatrième langue nationale. Le sentiment d’identité a aidé les Suisses de l’étranger à traverser la période difficile de la Seconde Guerre mondiale.

    « Etroitement liés au consulat de Suisse à Alger, les Suisses qui vivent dans les trois grands départements français d’Afrique du Nord montrent leur esprit patriotique », rapporte l’article de la Gazette de Lausanne .

    Des colons aux « bons offices »
    La fin de la Seconde Guerre mondiale a été suivie d’une résurgence du mouvement d’indépendance nationale algérien. La communauté suisse est d’abord restée à l’écart. « Au départ, on pensait que c’était une phase passagère qui n’affecterait pas sérieusement la vie de la colonie », explique Fois.

    Cependant, à mesure que le conflit prenait de l’ampleur, la tension et la peur augmentaient. Il y a eu une augmentation des demandes de récupération de la nationalité suisse et les autorités suisses ont été confrontées à la question du rapatriement des personnes.

    Entre-temps, Berne s’était impliquée dans le conflit en Algérie par d’autres moyens. La diplomatie suisse joue un rôle de premier plan dans les négociations de cessation des hostilités qui aboutissent à la signature des accords d’Evian entre la France et le gouvernement provisoire algérien en mars 1962. C’est une étape sur la voie de l’indépendance algérienne, proclamée quelques mois plus tard, le 3 juillet.

    La Suisse est également devenue un refuge pour les réfugiés algériens. De plus, il semble que la décision de prendre les armes contre la puissance coloniale française ait été prise par les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) algérien en 1954 à Berne alors que la capitale suisse accueillait la Coupe du monde de football. Pendant que se déroulaient les négociations pour un cessez-le-feu, la délégation algérienne vivait en Suisse.

    Espoirs déçus
    L’asile accordé aux réfugiés algériens et les efforts du gouvernement suisse pour établir de bonnes relations avec le gouvernement provisoire algérien visaient à protéger les intérêts des Suisses en Algérie.

    Cependant, les Suisses en Algérie étaient sceptiques quant à la position neutre de Berne dans le conflit. Ils ont constaté que le rôle des diplomates suisses dans les négociations exposait la communauté suisse aux menaces de l’Organisation armée secrète (OAS), la force paramilitaire clandestine qui s’opposait à l’indépendance.

    La communauté suisse a en effet été durement touchée par la guerre d’indépendance. Rien qu’en 1961, elle a subi 14 morts et dix enlèvements.

    «La politique de bons offices a permis d’établir des relations avec le nouvel État indépendant, mais elle n’a pas répondu aux attentes de la communauté suisse en Algérie», explique Fois.

    Exode suisse d’Algérie
    À partir de 1956, les départs d’Algérie dépassent les arrivées et la question du rapatriement des citoyens suisses devient une priorité. En 1958, un fonds de solidarité pour les Suisses de l’étranger est créé avec le soutien de la Confédération.

    La signature des accords d’Evian, les désordres civils généralisés après la proclamation de l’indépendance et la nationalisation des biens appartenant aux citoyens étrangers en 1963 ont tous conduit à l’exode définitif des Européens du pays.

    De son côté, la Suisse a proposé le rapatriement assisté. Pourtant, toute personne quittant l’Algérie devait s’attendre à perdre ses biens. Berne a essayé d’organiser le rapatriement des biens personnels, mais en ce qui concerne l’indemnisation des biens qui étaient nationalisés, les efforts diplomatiques suisses ont eu peu de succès.

    Les tentatives de résoudre ce problème dans le cadre d’un accord commercial avec l’Algérie n’ont abouti à rien. En fait, la question semblait susceptible d’empoisonner les relations entre les deux pays.

    En conséquence, Berne a adopté une approche pragmatique. Avec l’Algérie, il fallait « être patient, tolérant et généreux, comme avec un enfant égaré », écrit l’ambassadeur Olivier Long, qui avait été le principal négociateur suisse des accords d’Evian, dans un mémorandum en 1968.

    Des étrangers dans leur propre pays
    Pour les Suisses de retour d’Algérie, la situation était tout sauf réjouissante. La réintégration dans la société suisse a été plus difficile qu’ils ne le pensaient et beaucoup ont le sentiment d’être des étrangers dans leur propre pays. L’image idéalisée du retour des Suisses de l’étranger s’est brisée sur les rochers de la réalité.

    En 1967, un groupe d’entre eux fonda une « Association des Suisses dépossédés en Algérie et dans d’autres pays d’outre-mer », dans le but d’obtenir des réparations pour ce qu’ils avaient perdu. Conscient que les négociations avec l’Algérie avaient peu de chance d’aboutir, ce groupe de pression a demandé au gouvernement suisse de prendre la responsabilité de l’indemnisation. Berne a refusé, car elle craignait d’affaiblir sa position de négociation et de créer un précédent qui encouragerait d’autres groupes.

    Cette controverse a duré des décennies. Le sort des Suisses d’Algérie a été reconnu par l’Organisation des Suisses de l’étranger et la question a été soulevée à plusieurs reprises lors de leurs réunions annuelles. Le groupe de pression s’est allié à des associations similaires de personnes chassées des anciennes colonies européennes. Cela a rendu la position de Berne d’autant plus délicate.

    Les tentatives répétées de la Suisse pour obtenir une indemnisation de l’Algérie ou de la France n’ont abouti à rien. En 1989, le gouvernement a finalement renoncé à toute demande envers l’Algérie. En 2000, l’Organisation des Suisses de l’étranger a tourné la page de la question algérienne.

    Cette histoire est typique des troubles vécus par les anciens résidents coloniaux face au processus de décolonisation. En cela, les Suisses d’Algérie n’étaient pas différents des autres Européens rapatriés de leurs anciennes colonies. La différence, selon Fois, est que la Suisse a connu une « décolonisation sans colonies ».

    Swissinfo, 16/07/2022

    #Algérie #France #Suisse #Décolonisation

  • Géopolitique, les nouveaux visages de la puissance

    Géopolitique, les nouveaux visages de la puissance

    Géopolitique, puissance,

    Par Jean-François FIORINA, Pierre BULHER*, le 15 avril 2012.

    Diplomate, enseignant les relations internationales à Sciences Po Paris, Pierre Buhler réhabilite le rôle central de la puissance. Ce concept parfois sulfureux mérite d’être dépouillé de ses scories, car il pose en filigrane la question de notre volonté d’exister en ce début de troisième millénaire…

    Lors du 4e Festival de Géopolitique de Grenoble, Pierre Buhler a reçu le prix Anteios de géopolitique pour son livre La puissance au XXIe siècle, les nouvelles définitions du monde (CNRS éditions, préfacé par Hubert Védrine), 2011.

    Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le Diploweb.com est heureux de vous présenter cet entretien recueilli par Jean-François Fiorina, Directeur de l’ESC Grenoble, initialement publié dans le n°12 des entretiens géopolitiques CLES, mars 2012.

    Comme dans tous ses autres écrits, P. Buhler s’exprime ici à titre purement personnel et n’engage en rien le Ministère des Affaires étrangères et européennes.

    En préambule, est-il politiquement correct de parler de puissance au XXIe siècle ?

    Je récuse la notion de politiquement correct appliquée à la puissance. Car la puissance m’apparaît comme le facteur explicatif le plus pertinent de l’ordre interne des sociétés et surtout de l’ordre du monde depuis que le monde est monde. En allemand comme en anglais, puissance et pouvoir sont un seul et même mot. Autrement dit capacité à agir sur le monde qui nous entoure. De fait, pour en avoir une perception adéquate, la puissance doit être dégagée de ses connotations quelque peu sulfureuses, imputables à ses excès, qui la font percevoir comme condamnable. De la même façon, je récuse ceux qui, à l’instar d’une certaine école américaine, succombent à la fascination de la puissance pour la puissance. Au contraire, j’ai souhaité procéder à une approche distanciée et dépassionnée de la notion de puissance, pour traiter le sujet sans parti pris.

    D’où vous est venue cette idée de consacrer un livre au thème de la puissance ?

    Du constat que depuis l’ouvrage majeur de Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations (1962), il n’y avait pas eu de livre sur la puissance stricto sensu. Bien sûr, il existait des travaux sur tel ou tel aspect de la puissance, sur la puissance de tel ou tel Etat, mais pas d’analyse ni de synthèse sur la question. L’ouvrage de Raymond Aron porte l’empreinte de la Guerre froide. Profitant du fait que j’étais, comme diplomate, détaché pour plusieurs années auprès de Sciences Po Paris, j’ai souhaité écrire ce livre qui n’existait pas, organisant mes cours autour de la thématique Puissance et influence.

    L’ouvrage s’ouvre par une réflexion sur la généalogie de la puissance. L’Etat est la colonne vertébrale, l’expression de la puissance, notamment à travers la guerre, la première et sans doute la plus primaire manifestation de la puissance. Comme le remarquait le sociologue américain Charles Tilly, « les Etats ont fait la guerre, la guerre a fait l’Etat ». De fait, si l’on examine l’histoire européenne sur onze siècles, de 900 à 1990, on doit bien reconnaître que l’Etat national s’est révélé, plus que toute autre formation, apte à mobiliser la force militaire pour faire la guerre et donc structurer la société pour aborder la modernité, se montrant plus véloce, plus agile que les empires et les autres entités (cités, féodalités, etc.).

    Un second angle important lie le droit à l’Etat. Le droit n’est pas donné. Le droit lui-même est une fabrication des Etats pour consolider leur puissance, privilégiant le rapport de force qui les avantage. Au même titre que Clausewitz dit que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, on doit bien reconnaître que le droit est la continuation de la politique par d’autres moyens. Nous pouvons tous observer que, quand des Etats se trouvent en position dominante et aptes à le faire, ils écrivent et disent le droit. Ils peuvent habiller cette volonté de puissance sous toutes sortes de prétextes, il n’en demeure pas moins que la capacité à dire le droit constitue l’une des plus claires manifestations de la puissance. Prenons l’exemple de la Charte des Nations-Unies, qui a été rédigée sous l’égide des Etats-Unis. Elle continue de régir les règles fondamentales du droit international, notamment en inscrivant au cœur de l’ordre international le maintien de la paix et de la sécurité.

    On entre là de plain-pied dans la géopolitique…

    Effectivement. Le raisonnement géopolitique conduit naturellement à s’intéresser à la géographie. Qu’est-ce que la géographie apporte à la puissance ? Bien des théories se sont efforcées d’expliquer le monde par la géographie : est-on puissant quand on se situe au centre d’un ensemble ou à sa périphérie ? D’autres théories ont cherché à mettre l’accent sur la démographie. L’Inde et la Chine avaient hier une forte population sans être puissantes ni l’une ni l’autre et néanmoins, elles le sont devenues. Existe-t-il dès lors un rapport de cause à effet ? Inversement, des territoires petits et peu peuplés peuvent avoir un fort rayonnement, comme c’est le cas de Singapour ou encore d’Israël. La démographie n’est donc pas la seule cause de la puissance. Mais quand un Etat atteint un stade de cohésion suffisant pour transformer son potentiel démographique en potentiel économique, il est dès lors en mesure de pouvoir interférer dans les affaires du monde.

    Permettez-moi à cet égard de rappeler ce qu’en disait le politologue américain A.F.K. Organski : « Au fur et à mesure que chaque pays entre dans le processus d’industrialisation (…), il amorce un sprint soudain dans la course à la puissance, laissant loin derrière les pays qui ne se sont pas encore industrialisés et comblant la distance avec les pays qui se sont industrialisés avant lui. S’il s’agit d’un pays originellement de grande taille, son sprint peut bouleverser l’ordre international existant. » L’Inde, le Brésil, l’Indonésie en sont l’illustration parfaite, et bien sûr la Chine.

    Ce serait donc plutôt l’économique que le politique qui, aujourd’hui, conduirait vers la puissance ?

    Dans notre monde, on peut difficilement prétendre jouer un rôle dans l’arène de la puissance si l’on a une économie en lambeaux ou de second ordre. Le PIB (je ne parle pas là du PIB par habitant) est assez représentatif de la puissance d’un pays à l’échelle internationale. Observons d’ailleurs que les modèles de développement sont divers. La Chine, le Brésil ou Singapour constituent des cas de figure différents certes, mais qui ont en commun d’être soutenus par une forte volonté étatique conjuguée à un abandon de l’autarcie. La mondialisation a été pour eux une aubaine. Prenons le cas emblématique de la Chine qui a modifié en profondeur la donne dans la sphère des relations internationales. Dressant le constat de l’échec du maoïsme, Deng Xiaoping, qui était un pragmatique et non un idéologue, a opté en 1979 pour une nouvelle voie. Résultat : entre 1979 et 2001, le PIB chinois a été multiplié par 4,5 et le PIB par habitant par 3,4. Souvenons-nous qu’il a fallu trois quarts de siècle, de 1820 à 1895, à la Grande-Bretagne pour multiplier par 4,5 son PIB et 115 ans, de 1820 à 1935 pour faire progresser le PIB par habitant dans les mêmes proportions que la Chine en 22 ans. Même le Japon, qui a connu une montée en puissance industrielle soutenue, a eu besoin de 43 ans (1897-1940) pour réaliser un saut équivalent à celui de la Chine. La mondialisation constitue l’un des facteurs explicatifs majeurs de cette évolution. Produisez avec une main d’œuvre dix fois moins chère, affrétez un cargo et les marchés du monde entier s’ouvrent à vous.

    La révolution numérique a cependant bouleversé la donne. D’ailleurs, pour élargir le débat, quid de la puissance sous sa forme de soft-power ? En outre, n’assiste-t-on pas à l’émergence de nouvelles puissances qui ne sont pas des Etats, mais des grandes entreprises par exemple, réalisant des chiffres d’affaires supérieurs au PIB de certains pays ? Ou encore des mafias ?

    C’est indéniable, la révolution numérique affecte en profondeur les paramètres et les variables de la puissance. Elle s’est étendue sur un demi-siècle. N’oublions pas qu’elle est née de la Guerre froide, en particulier des travaux menés par le Pentagone qui cherchait à ouvrir des capacités de communication résilientes en cas d’échange nucléaire. Bien des années après, ces tâtonnements allaient donner naissance à internet, le langage numérique (à la différence de l’analogique) permettant à tout le monde de communiquer. Si l’on ajoute à cela que la capacité de traitement d’un micro-processeur double tous les deux ans, que les coûts baissent également au fur et à mesure que se développent les systèmes et les vecteurs, et que tous les réseaux peuvent désormais être interconnectés, on mesure bien l’impact exponentiel de la révolution numérique.

    Les potentiels ainsi ouverts ont eu trois conséquences. Tout d’abord, la mondialisation de la production via des dispositifs éclatés permettant de gérer en temps réel cette complexité, avec une optimisation des coûts et des profits. Souvenons-nous que les mille plus grandes entreprises mondiales assurent les 3/5èmes de la production industrielle mondiale. Elles voient la planète comme un terrain de jeu et contournent les Etats. Seconde conséquence : la financiarisation de l’économie mondiale qui, là aussi, déplace la puissance de la sphère traditionnelle des Etats vers de nouvelles entités. Troisième conséquence : l’émergence de nouvelles menaces, depuis les mafias et le crime organisé jusqu’au terrorisme.

    Une illustration judicieuse nous en est fournie par Gilles Kepel. « La ‘base’ – Al Qaida en arabe – n’est pas tant territoriale que ‘base de données’ rassemblant les jihadistes connectés par internet à travers la planète (…) Ben Laden disparaît dans l’espace sidéral du monde numérique – où il incarne la figure d’un hacker maléfique dont émanent des communiqués en ligne et des enregistrements audio qui revendiquent en arabe des attentats sanglants à travers le monde. » Le numérique peut donc être récupéré et utilisé à des fins de nuisance. Pour autant, Al Qaida n’est parvenue à aucune de ses fins ultimes. Quoi qu’il en soit, la leçon est claire : l’arène de la puissance s’est peuplée d’un grand nombre d’acteurs nouveaux, ayant chacun des méthodes et des mobiles différents, mais ayant aussi en commun de contester aux Etats le monopole de la puissance.

    Le géopoliticien américain Joseph Nye, avec son échiquier à trois dimensions, distingue ainsi trois types de nouvelles organisations de la puissance. Une puissance horizontale militaro-étatique d’ordre institutionnelle, une puissance économico-financière échappant à l’autorité précédente, et enfin une troisième puissance composée de différentes entités, qui trouvent dans le potentiel offert par la mise en réseaux un décuplement de leur capacité d’action. Référons-nous ici à ce que Hannah Arendt disait du pouvoir, à savoir qu’il n’est pas seulement la capacité à agir, mais encore et surtout à « agir de concert », ce qui sous-entend la capacité à s’organiser et donc à fonctionner en réseaux. Ce qui d’ailleurs ne coûte quasiment rien, tellement les outils sont désormais à la portée de tous. Ainsi, on doit désormais interagir avec des acteurs qui, auparavant, ne comptaient pas comme générateurs ou relais de puissance, mais qui le sont devenus de par leur faculté à travailler ensemble, en réseaux, dotés d’empowerment, de capacité de puissance. Un tout récent exemple nous en a été donné avec les révolutions du printemps arabe, où les moyens numériques ont joué un rôle-clé dans la transmission des messages. Cette révolution numérique remplit aujourd’hui le même rôle majeur que l’imprimerie lors de son apparition à la fin du Moyen-âge.

    En guise de conclusion : la France est-elle une puissance ? Et si oui, va-t-elle le rester ?

    Oui, indéniablement, la France est une puissance. D’ailleurs, elle a par tradition la culture de la puissance. Elle comprend les règles et les modalités changeantes de la puissance, et à ce titre, elle entend bien rester dans la course. Mais il lui faudra fournir un effort plus substantiel que celui conduit actuellement. Notamment dans le domaine de l’innovation, comme elle a commencé de le faire par exemple avec le grand emprunt ou l’économie de la connaissance. Mais surtout, comme je l’ai écrit en conclusion de mon livre, le moment est venu de se poser les bonnes questions. La France est-elle prête à réorienter ses priorités vers la restauration d’une compétitivité émoussée sur plusieurs fronts, et ce aux dépens d’autres objectifs, politiquement plus impératifs ? Est-elle préparée à embrasser pleinement la logique des réseaux, du lobbying, des stratégies d’influence qui reflètent les modalités nouvelles de la puissance ? Et puis, plus largement, sommes-nous vraiment prêts à nous insérer dans les flux de la mondialisation ?

    Face à ces nouveaux défis, j’ai rappelé et rappelle encore que la puissance s’inscrit dans la durée et qu’elle appartient à ceux qui en comprennent les règles, qui savent en assembler les ressources et en forger les instruments, en réinventer aussi les formes et les modalités. Somme toute, la puissance revient à ceux qui savent appliquer à leur profit ce que j’appelle sa grammaire subtile et changeante. Pour finir sur une grande figure de notre passé, j’évoquerais Napoléon qui voyait dans ses victoires le sourire de la chance. La puissance ne doit rien pourtant au hasard. En revanche, elle est affaire, certes de génie et d’audace, mais avant tout de méthode et de volonté.

    Copyright Mars 2012-Buhler-Fiorina/Cles n°12

    Notes géopolitiques, mars 2012

    #Géopolitique #puissance

  • Le Sahel a besoin d’une coordination africaine et des partenaires

    Le Sahel a besoin d’une coordination africaine et des partenaires

    Chidi Blyden, Etats-Unis, Sahel, Afrique, Etat Islamique, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso,

    Blyden déclare que les problèmes du Sahel nécessitent une coordination africaine et des partenaires

    L’Afrique est un continent immense et complexe. Ses problèmes sont tels qu’il faudra que les nations africaines travaillent avec d’autres pays partenaires pour résoudre les problèmes complexes qui l’assaillent, a déclaré Chidi Blyden, sous-secrétaire adjoint du ministère de la Défense pour les affaires africaines, à la commission sénatoriale des relations étrangères.

    Blyden a témoigné aux côtés de représentants du Département d’État et de l’Agence américaine pour le développement international. Le trio a souligné la nécessité pour les trois entités de travailler ensemble et de travailler avec des partenaires africains pour accomplir la stratégie américaine.

    L’audience a porté spécifiquement sur la région du Sahel en Afrique – une large bande qui s’étend entre le sud du désert du Sahara et les terres de savane au sud. Il abrite certains des pays les plus pauvres du monde et la sécurité est précaire dans les nations, certains souffrant de coups d’État militaires.

    La stratégie de défense nationale des États-Unis définit trois priorités en matière de sécurité en Afrique : lutter contre les organisations extrémistes violentes ; renforcer les alliés et les partenaires pour soutenir les objectifs de sécurité mutuels ; et répondre aux problèmes de concurrence stratégique ciblés qui présentent un risque militaire pour les États-Unis.

    « Au Sahel, ces trois priorités se recoupent d’une manière qui nécessite non seulement une approche intégrée, mais une approche pangouvernementale », a déclaré Blyden. « Au cours des six derniers mois, nous avons vu que l’intersection de ces trois défis au Sahel a entraîné des coups d’État militaires et des transitions politiques constitutionnelles, un recul démocratique en Afrique de l’Ouest, la propagation inhérente des VEO et une augmentation exponentielle de leurs attaques. « 

    Elle a noté que le groupe russe de mercenaires Wagner est actif dans la région. « Ces défis transcendent les frontières nationales et nécessitent donc une approche régionale coordonnée », a-t-elle déclaré. « A ce titre, il nous incomberait de les aborder avec nos partenaires africains ».

    Les groupes extrémistes exploitent les vides de pouvoir, l’instabilité, les tensions locales et la faiblesse des institutions gouvernementales et des pratiques de gouvernance, a-t-elle déclaré. « Ces groupes compromettent la stabilité, la démocratie et la paix, ce qui offre en outre des opportunités à l’extrémisme de proliférer, créant une boucle de rétroaction vicieuse alimentée par un manque de bonne gouvernance et de responsabilité en matière de droits de l’homme », a déclaré Blyden. « Lorsque les gouvernements luttent pour maintenir la sécurité, fournir des services essentiels, faire respecter les principes humanitaires ou même offrir des opportunités économiques et des environnements de conflit, les conditions sont réunies pour que les VEO exploitent et attirent les populations marginalisées vulnérables et non protégées. »

    Ces groupes terroristes utilisent le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains pour se financer.

    Blyden a déclaré qu’il y avait plus d’une douzaine d’affiliés/cellules actifs de l’État islamique et d’Al-Qaïda en Afrique, qui s’étendaient « du Sahel au bassin du lac Tchad, de la Somalie à [la République démocratique du Congo] ».

    Ces groupes présentent un danger pour les autres nations d’Afrique, y compris celles d’Afrique de l’Ouest. « Le DOD travaille en étroite collaboration avec [le Département d’État et] l’USAID pour développer des programmes pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest dans le cadre de la loi sur la fragilité mondiale, … et de la stratégie américaine de prévention des conflits et de promotion de la stabilité », a-t-elle déclaré.

    Un groupe de personnes descend les marches.

    Mais toute solution dans la région doit être une solution africaine. « Nous devons intégrer l’ensemble de notre approche au Sahel avec nos partenaires africains, sinon nous risquons de saper nos propres efforts et d’offrir des opportunités supplémentaires aux VEO et aux concurrents stratégiques d’accéder et d’influencer », a-t-elle déclaré.

    « Alors que le Tchad reste l’un des partenaires les plus capables de la région et que N’Djamena est le nouvel hôte du siège du G5 Sahel, la fin de la coopération américaine en matière de sécurité a affecté notre engagement bilatéral », a déclaré Blyden. « Alors que le Conseil militaire de transition travaille à un retour à un gouvernement démocratiquement élu et dirigé par des civils, nous restons déterminés à soutenir le peuple tchadien. Le Tchad était l’un des six seuls pays du continent africain à approuver la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Le Tchad est confronté à des menaces terroristes, à des crises humanitaires et à l’influence malveillante de la Russie dans sa propre région. Les États-Unis ont le potentiel de fournir une coopération significative en matière de sécurité pour former les services militaires et civils du Tchad, en particulier compte tenu de son rôle de contributeur de troupes à l’ONU et à la paix régionale. opérations. »

    Les États-Unis ne sont pas le seul pays à pouvoir travailler avec les nations de la région. « Nous encourageons nos alliés européens et nos partenaires africains opérant au Sahel à adopter une approche similaire à… la stratégie du Sahel, une approche qui recherche des solutions intégrées à l’ensemble du gouvernement et dirigées par les Africains », a-t-elle déclaré. « Nous estimons que l’action militaire unilatérale est insuffisante pour faire face à l’ampleur des menaces auxquelles nous sommes confrontés sur le continent. Et bien que le continent regorge de nouvelles initiatives, il bénéficierait vraiment de la gestion de la communauté internationale pour soutenir nos partenaires et leurs efforts soutenus localement. . »

    Le rôle des États-Unis est de permettre aux partenaires africains de réussir à créer et à maintenir leur propre sécurité. Les nations doivent « s’approprier » leur sécurité, a-t-elle déclaré. « La meilleure façon de les aider à s’approprier leur propre sécurité est de leur permettre de diriger l’élaboration de notre soutien à leurs efforts », a-t-elle déclaré.

    L’Afrique est aussi une scène de compétition stratégique. La Russie et la Chine voient le potentiel stratégique du continent. La Chine consacre de l’argent et du temps à cultiver les nations africaines. « Dans le cadre de son engagement, la Russie et la RPC fournissent régulièrement des articles d’entraînement et de défense aux nations africaines », a déclaré Blyden. « Alors que nos partenaires africains ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils préféraient nos articles d’entraînement et de défense, ils se tournent vers nos concurrents lorsque nous ne répondons pas à leurs demandes. Nous devons travailler pour être plus réactifs et plus présents si nous voulons réussir dans ce domaine. « 

    Département de Défense USA, 12/07/2022

    #Sahel #Mali #Russie #Chine #

  • Yuval Dayan refuse de serrer la main tendue par Joe Biden

    Yuval Dayan refuse de serrer la main tendue par Joe Biden

    Yuval Dayan, Joe Biden, Israël, Etats-Unis, Islam, serrer la main, religion,

    Le président Biden est arrivé hier à Tel Aviv pour réaffirmer la position américaine de soutien total au régime d’apartheid et à ses violations constantes du droit international et des droits de l’homme.
    La chanteuse israélienne Yuval Dayan a refusé la main tendue par Joe Biden pour des raisons religieuses. Après, Yuval Dayan a écrit un article dans lequel elle expliquait le dilemme dans lequel elle se trouvait et a ajouté : « Je suis désolée pour ceux qui se sont sentis gênés et je répète que je n’avais aucune intention de blesser. « 

    « Il y a une semaine, ils m’ont demandé : ‘voudriez-vous serrer la main du président ?’ Exposé à tant de gens et j’ai le désir de me maintenir d’une certaine manière par l’habillement et le toucher, je n’ai jamais touché à la drogue, je n’ai jamais été ivre sur scène, vous ne m’avez jamais vu mépriser qui que ce soit. Je n’ai aucun mode de vie pour répéter ses paroles et m’excuser, pas à moi, mais à mes parents. Des feux sur le net, parce qu’on ne vous voit pas, mais il y a toute une maison derrière moi et deux parents qui me sont chers, donc s’il vous plait… »

    « Si je lui serrais la main et allais à l’encontre de mes principes, m’apprécieriez-vous davantage ? pour me soutenir sur scène et tendre la main à ma place. La seule chose que je regrette, c’est que mon nom soit associé à la controverse. J’écris ceci en larmes et je vous demande – si vous voyez plus de feu autour de cette question, ne participez pas. Je a grandi sur de belles et précieuses valeurs et principes. Je suis désolé pour ceux qui se sont sentis gênés et répètent aue j’avais l’intention de nuire. »

    « Je me demande ce que cela aurait donné comme campagne islamophobe si ç’avait été une chanteuse musulmane », a écrit Jacob Cohen dans un twit.

    #Israël #Etats_Unis #Yuval_Dayan #Joe_Biden #Islam




  • Une algérienne à la tête de la diplomatie belge

    Une algérienne à la tête de la diplomatie belge

    Belgique, Algérie, diplomatie, Hadja Lahbib, affaires étrangères,

    Présentatrice vedette pendant longtemps du journal télévisé de la RTBF, la journaliste d’origine algérienne Hadja Lahbib, 52 ans, a été nommée à la tête de la diplomatie Belge. «J’aurai l’honneur d’être le visage de la Belgique à l’étranger», a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse. Elle remplace à ce poste Sophie Wilmès. C’est la première fois qu’une personnalité d’origine algérienne occupe un portefeuille de cette importance dans un pays européen à plus fort raison en Belgique où l’immigration maghrébine est plutôt à dominance marocaine.

    Née en 1970 à Boussu, la nouvelle ministre des AE belge qui vit aujourd’hui dans la commune de Schaerbeek à Bruxelles est connue du club des Francs Borains. «J’imagine que vous êtes surpris. Que vous vous demandez comment cela est arrivé. La proposition est tombée, comme un boomerang», a lâche Hadja Lahbib. «Il y a des coups de fil qui vous font entrer dans une autre dimension, j’étais un peu sous le choc. Il s’en est suivi une longue conversation, sans tabou», a-t-elle ajouté.

    Cette désignation intervient dans un contexte politique européen des plus compliqués par notamment par la guerre en Ukraine l’Histoire européenne est bouleversée. « Quelqu’un a écrit que l’Histoire était de retour, peut-être conviendrait-il de dire que l’Histoire frappe à nos portes, et chacun y répond à sa manière », a-t-elle souligné. La nouvelle ministre n’a pas encore voulu se prononcer sur les dossiers en cours mais a tout de même fait référence à la guerre en Ukraine. Elle devrait d’ailleurs réserver son premier déplacement, si les circonstances le permettent, à Kiev où la Belgique vient de rouvrir son ambassade.

    La nouvelle ministre connaît bien les dossiers internationaux par son métier de journaliste, selon le président libéral. « Elle n’a peut-être pas d’expérience politique mais elle a une meilleure connaissance que certains de ses prédécesseurs quand ils sont arrivés à ce poste ».

    L’Expression, 15/07/2022

    #Belgique #Hadja_Lahbib #Diplomatie

  • Pourquoi l’Algérie ne fait plus confiance à Pedro Sánchez

    Pourquoi l’Algérie ne fait plus confiance à Pedro Sánchez

    Algérie, Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Pedro Sanchez,

    Le Sahara occidental est l’une des priorités de la politique étrangère algérienne et la violation de l’amitié entre les deux pays ne peut être passée sous silence dans un contexte où la guerre se joue en Europe et tend à s’internationaliser.

    Par Oukaci Fayçal , rédacteur en chef du journal algérien l’Express.dz/Black World

    L’Espagne est passée du statut de partenaire privilégié de l’Algérie à celui de pays « hostile ». En quelques jours, tout ce qui avait été construit depuis de nombreuses années semble sur le point de s’effondrer. Pourquoi? L’actuel président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, semble avoir été le principal acteur de ce scénario catastrophique.

    Les relations entre Alger et Madrid étaient amicales et privilégiées jusqu’au changement spectaculaire qu’a opéré le président du gouvernement espagnol concernant le Sahara occidental [en mars dernier, le gouvernement espagnol a soutenu la proposition que le Maroc a présentée à l’ONU en 2007, la qualifiant de « la plus grave base crédible et réaliste pour le règlement de ce différend »]. Alger a ressenti ce changement comme une trahison de l’amitié et une insulte à l’avenir entre les deux pays. Alger considère que des « pressions évidentes » ont été exercées sur le gouvernement espagnol. Madrid a choisi de changer de veste dans un dossier où elle a une responsabilité historique envers le peuple sahraoui et l’ONU, étant donné qu’elle continue d’être la puissance administrante.

    Le Sahara occidental est l’une des priorités de la politique étrangère algérienne et la violation de l’amitié entre les deux pays ne peut être passée sous silence dans un contexte où la guerre se joue en Europe et tend à s’internationaliser. Pedro Sánchez fera perdre beaucoup à l’Espagne dans un contexte où Madrid devrait minimiser le refroidissement des relations avec l’Algérie.

    Dans le même temps, l’Algérie déplore et rejette les déclarations « hâtives et infondées » faites par l’Union européenne le 11 juin, en réaction à la décision souveraine de l’Algérie de suspendre le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qui la liait à l’Espagne. à une déclaration du ministère algérien des Affaires étrangères.

    « La précipitation et le parti pris de ces déclarations mettent en évidence l’insuffisance de leur contenu », a déclaré Alger, ajoutant qu’ »il s’agit d’un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale et sans impact sur l’engagement de l’Algérie envers l’UE », alors que les supposés Européens consultation ne serait pas nécessaire pour obtenir une réaction collective de l’Europe. Alger a ainsi répondu aux déclarations du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, l’Espagnol Josep Borrell, qui accusait l’Algérie de violer l’accord d’association avec l’UE en suspendant le traité avec l’Espagne.

    Il est bon de rappeler, dans ce contexte, que la décision de suspendre ce traité avec l’Espagne répond à une considération légitime de la part de l’Algérie, qui comprend que l’Espagne s’est dissociée d’importantes obligations et valeurs inscrites en elle. Dans cette affaire, Madrid est tenue pour responsable d’avoir vidé cet instrument juridique de son fondement et d’avoir remis en cause la pertinence des relations entre les deux nations. Après avoir vérifié cela, le gouvernement algérien a été contraint d’expliquer publiquement l’ampleur de la mesure visant à préserver les intérêts moraux et stratégiques suprêmes du pays face à des actes qui ont violé l’objet et le but du traité signé par les deux nations.

    Le ministère algérien des Affaires étrangères a déclaré que les organes de la Communauté européenne n’avaient aucune base légale ni compétence en matière de suspension des investissements et des relations commerciales avec l’Espagne, démontant les déclarations officielles faites depuis Bruxelles. Celles-ci, pour l’Algérie, sont hâtives et infondées.

    Cette ingérence malheureuse est due à la personnalité de Pedro Sánchez, qui a privilégié les thèses de la diplomatie nationale au détriment de la préservation des intérêts de l’Union européenne, au sein de laquelle l’Algérie compte de nombreux amis et partenaires fiables et responsables. Cette ingérence est aussi plus incertaine que paradoxale, étant donné qu’elle est devenue une vaine tentative de pression sur un pays du Sud jaloux de son indépendance nationale face à la position circonspecte de la Commission européenne, comme cela a été récemment montré dans ce différend commercial important qui affecte un État clé de l’UE, comme l’Espagne, qui a vu comment deux pays développés non européens, le Maroc et l’Algérie, ont été contraints d’appeler leurs ambassadeurs en réponse à un conflit d’intérêts.

    D’autre part, Alger a également déclaré que « l’Espagne a tourné le dos au peuple sahraoui et à l’ONU en 1975 en se retirant du territoire (sahraoui), et sans avoir organisé le référendum d’autodétermination comme promis, pour lequel elle maintient une responsabilité historique, politique, morale et juridique comme le pouvoir administratif du territoire jusqu’à aujourd’hui.

    Cette dernière « erreur » de Pedro Sánchez s’ajoute à d’autres, selon Alger, qui n’oublie pas les concessions qu’il a faites au Maroc sans recevoir aucune compensation politique, et ce, au détriment de l’amitié avec l’Algérie, et même au détriment des intérêts de l’Espagne.

    Désormais, la question que tout le monde se pose est de savoir ce que va faire l’Algérie et si elle va limiter ses échanges commerciaux ou couper le gaz vers l’Espagne. La réponse est non. Alger a officiellement déclaré qu’il respecterait les contrats commerciaux signés avec l’Espagne, même s’il est en colère contre Madrid, ce qui est légitime. Alger veut donner l’image d’un Etat respectueux du droit international. Cela ne signifie pas que la pression de l’Union européenne a atteint ses objectifs. Non, cela signifie simplement que l’Algérie, même si les autres tournent le dos à leurs engagements internationaux – l’Espagne avant le dossier du Sahara Occidental – sait se montrer plus respectueuse du droit international.

    Cependant, les prix de l’essence continueront-ils d’être révisés à la hausse ? Sans aucun doute, et c’est une mesure commerciale qui n’a rien à voir avec le conflit ou avec le refroidissement des relations entre les deux pays. Le contexte international, marqué par la guerre en Ukraine, une guerre qui tend à s’internationaliser, a fait grimper les prix du pétrole et du gaz. Il sera donc tout à fait légitime qu’Alger revoie à l’avenir les contrats gaziers.

    En ce moment, politiquement et diplomatiquement, les choses sont dans une impasse. La confiance a été remise en cause et le pacte moral entre les deux pays a été rompu. Madrid devrait montrer ses bonnes intentions et penser différemment. Alger saura apprécier et rouvrir ses bras à un pays qui était, il n’y a pas si longtemps, l’un des partenaires stratégiques et privilégiés de l’Algérie.

    Nueva Revolución, 15/07/2022

    #Algérie #Espagne #Maroc #Gaz #Sahara_Occidental #Ukraine #Russie