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  • Succession et sécurité: Le tutorat sioniste sur le Maroc

    Succession et sécurité: Le tutorat sioniste sur le Maroc

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    En politique, on ne parle jamais de coïncidences, le conflit ukrainien aura son impact géopolitique sur plusieurs régions du monde comme le Sud-est asiatique(Taiwan) l’Antarctique, le Proche-Orient, la région du Sahel et bien entendu la région du Maghreb et la question du Sahara Occidental. Bien entendu, l’Après conflit ukrainien, sera la reconstruction d’un nouveau monde multipolaire, au détriment de la doctrine de l’hégémonie américano-sioniste, bien soutenue par l’Union Européenne, devenue une girouette et une colonie étatsunienne.

    African Lion 2022 et la visite Ayelet Shaked

    Le coup d’envoi des manœuvres militaires appelées African Lion 2022, tenues conjointement par l’armée du Commandeur les FAR, avec l’Africom ( participation de certains pays de l’OTAN, le Sénégal, le Ghana, la Tunisie et l’entité sioniste comme observateur) coïncide avec l’arrivée à Rabat de la ministre sioniste de l’Intérieur Ayelet Shaked.

    Reconnaissance de la » marocanité ‘ » des territoires sahraouis occupés

    Reçu par le chef de la diplomatie du Commandeur, Nasser Bourita, la ministre sioniste de l’Intérieur venue à Rabat pour conclure un contrat de main-d’œuvre, bon marché au Maroc, pour consoler les signataires de la normalisation, annonça la reconnaissance de l’occupation des territoires sahraouis. Une première intervenant dans un timing marqué par une surenchère sioniste et une guerre sans merci pour la succession de Mohamed VI. Cette reconnaissance annoncée par Ayelet Shaked est intervenue dans un contexte confirmant la pression et la surenchère des lobbys sionistes sur une dynastie destinée à la disparition, mais qui se heurte à une résistance représentée par tenants du réel pouvoir à savoir les Abdelatif Hammouchi et André Azoulay, revendiquant un gage d’assurance pour faire face au vent du changement qui menace la monarchie alaouite. L’annonce de la « marocanisation » des territoires sahraouis occupés, par Ayelet Shaked, au lieu du chef de la diplomatie sioniste Yair Lapid, ou le génocidaire et ministre sioniste de Benny Gantz qui avaient séjourné récemment au Maroc, ou même le premier ministre sioniste Naftali Bennett qui avait présidé le Sommet de Néguev en présence de Nasser Bourita illustre bien les nouvelles donnes concernant la situation au Maroc, marquée par une guerre pour la succession de Mohamed VI, la dégradation du pouvoir d’achat des marocains très affecté par les effets néfastes du Covid-19 sur les secteurs-clés de l’économie marocaine, la rupture de l’approvisionnement du Maroc en gaz algérien, la hausse des prix des produits alimentaires et énergétiques., l’imminence d’une faillite financière, soutenue par le taux de la dette extérieure qui vient de dépasser le PIB marocain, et surtout le refus du Peuple Marocain de cette normalisation avec l’entité sioniste, permettant à leur Etat de devenir sous tutorat sioniste.

    Ayelet Shaked avait appelé à l’extermination des tunisiens, algériens et marocains

    Devant les membres du lobby sioniste aux USA, l’ancienne ministre sioniste de la justice sous le gouvernement de Benjamin Netanyahou, l’invitée de marque du Makhzen avait plaidé pour l’extermination des maghrébins.

    « Les Marocains, les Algériens et les Tunisiens, sont des ignorants …et méritent la mort », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’Israël avait un « plan pour détruire ces pays, dans un temps proche où personne ne pourra survivre ».

    Les pièces du puzzle du plan sioniste

    Tous les ingrédients sont là pour confirmer que l’entité sioniste a décidé de faire du Maroc une terre de rechange, au cas où elle sera chassée de la Palestine. Aujourd’hui, le plan sioniste consiste à sauver le régime du Makhzen, en intronisant un « souverain » faible aux ordres du Mossad, tout en évitant l’effondrement d’un régime féodal au profit d’une république qui ne tardera pas à revendiquer les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, procéder au retrait des territoires sahraouis, en vue de permettre au Peuple Sahraoui de s’arroger le droit à l’autodétermination, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’application du droit international, ouvrant la voie à l’édification d’un Maghreb Uni, et complémentaire, débarrassé du tutorat occidental et sioniste.
    Le revirement de la position de l’Espagne dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, en est une pièce du puzzle de ce plan, et revêt un caractère symbolique, dans la mesure où l’ancienne colonisatrice et ancienne puissance administrante des territoires sahraouis ne fera que renforcer le statuquo autour de cette question ce que cherchent les sionistes. Mais, la nouvelle position sioniste exprimée par Ayelet Shaked, revêt un caractère politique, imposé par la nouvelle géopolitique et un gage d’assurance à Abdelatif Hammouchi, l’employé des émiratis et mentor de Moulay Rachid donné comme futur successeur de Mohamed VI, dans les prochains jours avant la célébration de la Fête du Trône.

    Pour ce qui est de la France, son silence révèle son adoption du plan sioniste, dans la mesure où elle vient d’accueillir le « roi mourant » Mohamed VI, sachant que ami Mohamed Yassine Mansouri, patron de la DGED s’est vu signifier un non-recevoir pour avoir formulé une demande d’audience à l’Elysée .

    La France demeure un acteur clé dans le devenir de la royauté au même titre que l’OTAN, et son statut de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, lui permet de bloquer toutes les résolutions allant dans le sens de l’indépendance des territoires sahraouis. Le scandale du logiciel espion, infiltrant les téléphones de hauts responsables français dont le locataire de l’Elysée ne fera que renforcer le tutorat sioniste sur l’entité créée par Lyautey .

    La succession génitale

    Les bébés pleuvent chez la famille royale

    Tout indiquerait que la succession de Mohamed VI a été tranchée en faveur de son frère Moulay Rachid et au détriment du prince héritier Hassan III, dont les apparitions se font rares depuis plusieurs semaines au même titre que sa sœur. Les informations sur la liquidation de la divorcée de Mohamed VI, n’ont jamais été démenties par la Cour royale. Des informations consolidées par le suicide mystère du consul de la France à Tanger Denis François, retrouvé mort le 19 novembre, dans sa résidence au Consulat de France, quelques jours après sa nomination par le président français Emmanuel Macron.

    Moulay Rachid, soutenu par l’agent de la coalition israélo-émiratie, en l’occurrence Abdelatif Hammouchi, qui vient de séjourner aux USA, où il avait rencontré les patrons de la CIA et le FBI, serait bien parti pour succéder à son frère, et devenir un » roi » au service du tutorat sioniste, en vue de maintenir en vie le Makhzen, de plus en plus menacé par une révolution du Peuple Marocain qui se dessine, pour l’instauration d’une république démocratique, répondant aux aspirations d’une société marocaine qui refuse d’abdiquer à la fatalité de la résignation. Pour concrétiser cette intronisation de Moulay Rachid, qui ne va pas tarder à être annoncée, les chaînes marocaines préparent déjà le terrain depuis plusieurs jours en diffusant des émissions et reportages sur le « futur » détenteur de la couronne royale. A la surprise générale, on annonce même la naissance d’un second fils, Moulay Abdeslam, en date du premier juin 2022.

    Déjà parent de Moulay Ahmed, âgé de 5 ans, le frère de Mohammed VI et son épouse Lalla Oum ont donné naissance à une petite fille, Khansa, le 25 janvier 2022. Le futur « roi » devient père en une période de 6 mois, une première dans les annales des naissances destinées à l’intronisation au trône au nom la validation de la succession génétique.

    Par Mehdi Messaoudi

    Algérie54, 22 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #MonarchieMarocaine #MoulayRachid #Succession

  • Le Maroc accusé d’avoir tenté de dissimuler le drame de Melilla

    Le Maroc accusé d’avoir tenté de dissimuler le drame de Melilla

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    Les autorités marocaines accusées d’avoir tenté de dissimuler la mort de Melilla
    Inquiétude face au projet apparent d’enterrer les victimes sans enquêter sur la cause du décès ni essayer de les identifier

    Il y a de plus en plus d’appels pour une enquête sur la mort de jusqu’à 37 personnes qui sont décédés en essayant d’escalader une clôture pour entrer à Melilla, l’enclave espagnole en Afrique du Nord.

    Environ 2.000 personnes ont pris d’assaut vendredi la frontière fortement fortifiée entre la région marocaine de Nador et l’enclave espagnole. Les autorités marocaines affirment que 23 personnes sont mortes et 140 policiers ont été blessés lors de l’attentat, tandis que plusieurs ONG affirment que le nombre de morts est de 37.

    « Je demande une enquête immédiate sur la question et rappelle à tous les pays leurs obligations en vertu du droit international de traiter tous les migrants avec dignité et de donner la priorité à leur sécurité et à leurs droits humains, tout en s’abstenant de recourir à une force excessive », a déclaré Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine.

    « J’exprime mon profond choc et ma préoccupation face au traitement violent et dégradant des migrants africains qui tentent de franchir une frontière internationale du Maroc vers l’Espagne. »

    On craint que les Marocains aient déjà creusé des tombes pour les morts et envisagent apparemment de les enterrer sans enquêter sur la cause du décès ni essayer d’identifier les victimes. L’association marocaine des droits de l’homme a qualifié de « scandaleux » le projet des autorités d’enterrer les morts « sans enquête, sans autopsie et sans identité afin de dissimuler cette catastrophe ».

    Jude Sunderland, de Human Rights Watch, a déclaré : « Il est choquant que les autorités marocaines se préparent à enterrer à la hâte les hommes qui sont morts. Ils ne doivent épargner aucun effort pour identifier les corps et les conserver de manière digne et appropriée pour permettre les autopsies et la vérification de la cause du décès. Ceci est crucial pour assurer une enquête complète sur ce qui s’est passé. Il incombe également au Maroc d’organiser le transfert des défunts à leurs familles pour des inhumations conformes à leurs volontés.

    Sunderland a ajouté: « Ce sont des morts horribles, les scènes de Melilla sont carrément dystopiques, illustrant tout ce qui est inadmissible à propos de l’ Espagne et de l’approche de l’UE envers les migrants et les réfugiés, en particulier s’ils sont noirs ou bruns. »

    Le président espagnol, Pedro Sánchez, a été critiqué pour ne pas avoir condamné la réponse violente de la police marocaine à la tentative d’incursion, préférant rejeter la faute sur « les mafias internationales qui organisent ces violentes attaques ».

    Diverses vidéos montrent la police battant des personnes allongées sur le sol et jetant des pierres sur d’autres essayant d’escalader la clôture.

    « Je ne cesserai jamais d’exprimer mon soutien à la garde civile et à la police », a déclaré Sánchez. « Je voudrais également remercier la gendarmerie marocaine pour son travail. Le Maroc aussi se bat et souffre de ces violences.

    Íñigo Errejón, le chef du parti Mas País, a déclaré « c’est horrible que le gouvernement félicite la police marocaine ».

    « Les paroles du président me font honte d’être une citoyenne de ce pays », a déclaré Ada Colau, la maire de Barcelone. « Je suis surpris par la froideur, le manque de compassion et d’empathie envers les victimes. »

    The Guardian, 27 juin 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migrants #PedroSanchez

  • Quel est l’impact d’un défaut de paiement de la dette russe ?

    Quel est l’impact d’un défaut de paiement de la dette russe ?

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    La Russie est sur le point de faire défaut sur sa dette extérieure pour la première fois depuis la révolution bolchevique de 1917, aliénant davantage le pays du système financier mondial à la suite des sanctions imposées pour sa guerre en Ukraine.

    Le pays est confronté à une date limite dimanche soir pour respecter un délai de grâce de 30 jours sur les paiements d’intérêts initialement dus le 27 mai. Mais cela pourrait prendre du temps pour confirmer un défaut.

    « Bien qu’il y ait une possibilité qu’une certaine magie puisse se produire » et que la Russie obtienne l’argent par le biais d’institutions financières aux détenteurs d’obligations malgré les sanctions, « personne ne fait ce pari », a déclaré Jay S. Auslander, l’un des meilleurs avocats de la dette souveraine du cabinet Wilk Auslander en New York. « La probabilité écrasante est qu’ils ne pourront pas le faire car aucune banque ne déplacera l’argent. »

    Le mois dernier, le département du Trésor américain a mis fin à la capacité de la Russie à rembourser ses milliards de dettes aux investisseurs internationaux par l’intermédiaire des banques américaines. En réponse, le ministère russe des Finances a déclaré qu’il paierait les dettes libellées en dollars en roubles et offrirait « la possibilité d’une conversion ultérieure dans la monnaie d’origine ».

    La Russie qualifie tout défaut d’artificiel parce qu’elle a l’argent pour payer ses dettes, mais affirme que les sanctions ont gelé ses réserves de devises étrangères détenues à l’étranger.

    Associated Press, 27 juin 2022

    #Russie #Dette #Ukraine

  • Maroc: Le départ massif à l’étranger des médecins inquiète

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    Le départ massif des médecins à l’étranger en fin de formation inquiète les autorités marocaines. C’est le constat fait par le ministre de l’Enseignement supérieur qui vient de dévoiler des chiffres alarmants.

    Environ 700 des 1 400 formés annuellement dans les facultés de médecine quittent le Maroc pour s’installer en Europe et au Canada. Selon Abdellatif Miraoui, qui s’est exprimé devant la chambre des conseillers, la plupart d’entre eux sont issus des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire. « Le médecin marocain est demandé en Europe. Ainsi, pendant la crise du coronavirus, l’Allemagne a suspendu les visas pour les ressortissants de tous les pays du monde sauf pour les étudiants marocains », rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

    Selon le syndicat des médecins du secteur privé, près de 300 médecins quittent le Maroc chaque année. L’Allemagne et la France sont leurs pays d’accueil. D’ailleurs, plus de 8 000 pratiquants marocains s’y sont déjà installés. Pour le ministre, il faut trouver rapidement une solution efficace à cette situation qui fragilise le système de santé. « Pour combler la grande pénurie de docteurs, il ne suffit pas d’augmenter le nombre de places dans les facultés, mais il faut motiver les nouveaux diplômés pour qu’ils restent au Maroc ». Abdellatif Miraoui propose également que la durée de la formation soit réduite, comme c’est le cas dans certains pays comme les Etats-Unis et le Canada.

    Pour les syndicats, « les conditions de travail et les bas salaires poussent un grand nombre de cadres à quitter le Maroc pour s’installer dans les pays européens et au Canada ». Avant de penser à réduire la durée de la formation, ils préconisent d’améliorer les conditions de vie et de travail des médecins. Pour eux, si le traitement était meilleur, la situation ne serait pas si alarmante.

    The Maghreb Times, 25 juin 2022

    #Maroc #sANTÉ #Médecins

  • Plafonnement des prix du pétrole: Une arme contre la Russie

    Plafonnement des prix du pétrole: Une arme contre la Russie

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    GARMISCH-PARTENKIRCHEN, Allemagne (AP) – Les dirigeants des plus grandes économies développées du monde envisagent de plafonner le prix du pétrole russe afin de frapper le principal pilier des finances du Kremlin après son invasion de l’Ukraine – et de limiter les ravages que les prix élevés de l’énergie provoquent dans le monde entier.

    Les détails n’ont pas encore été arrêtés au sommet du Groupe des Sept à Elmau, en Allemagne, mais l’idée de base serait de lier le plafonnement des prix aux services qui rendent le commerce du pétrole possible. Par exemple, il serait interdit aux assureurs de traiter des cargaisons dépassant le plafond, quel que soit le montant de celui-ci.

    Ces prestataires de services étant principalement basés dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, la Russie devrait avoir du mal à trouver des solutions de contournement à grande échelle.

    La limitation du prix réduirait les revenus pétroliers du Kremlin – au début de la guerre, ils s’élevaient à environ 450 millions de dollars par jour pour la seule Europe. Le plafonnement limiterait également l’impact de la hausse des prix du pétrole sur l’inflation dans les pays consommateurs, le coût de l’essence et du diesel mettant à mal les consommateurs et les entreprises.

    Mais tout dépendra de la volonté de pays asiatiques comme l’Inde d’accepter le plafonnement des prix. L’application de la réglementation est une question clé, et les responsables européens sont également prudents quant aux effets secondaires.

    Associated Press, 27 juin 2022

    #Russie #Ukraine #G7 #Pétrole #Plafonnement #Prix

  • Allemagne: Attaque au couteau dans un centre pour demandeurs d’asile

    Allemagne: Attaque au couteau dans un centre pour demandeurs d’asile

    Allemagne, attaque au couteau, centre de demandeurs d’asile, réfugiés, Kressbronn, Constance,

    BERLIN (AP) – Un assaillant armé d’un couteau a poignardé plusieurs personnes dans un refuge pour demandeurs d’asile dans le sud de l’Allemagne, tuant un homme et blessant au moins cinq personnes, a rapporté lundi l’agence de presse allemande dpa.

    L’agresseur, qui serait un habitant du refuge, aurait frappé aux portes des chambres de l’immeuble de Kressbronn, sur le lac de Constance, dimanche soir. Lorsque les résidents ont ouvert, il les a poignardés, a rapporté dpa.

    Un homme est décédé des suites de ses blessures sur le coup, un homme grièvement blessé a été transporté par avion à l’hôpital et quatre autres blessés ont été transportés à l’hôpital en ambulance. Il n’était pas immédiatement clair si d’autres personnes avaient également été blessées.

    Des policiers ont arrêté un homme de 31 ans, dont le nom n’a pas été donné conformément à la politique de confidentialité allemande, devant le refuge pour demandeurs d’asile. Des médecins légistes enquêtaient sur les lieux lundi matin.

    Associated Press, 27 juin 2022

    #Allemagne #Attaquecouteau #centreréfugiés

  • Zelenskyy: L’armée ukrainienne traverse un moment critique

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    .ELMAU, Allemagne (AP) – Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a souligné lundi l’urgence d’aider l’armée de son pays à améliorer sa position face à la Russie lors d’une réunion vidéo avec les principales puissances économiques, qui se sont engagées à leur tour à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ».

    M. Zelenskyy a évoqué la délicatesse du moment pour l’Ukraine dans sa guerre avec la Russie lors du sommet du Groupe des Sept, alors que les dirigeants des principales économies s’apprêtaient à dévoiler des plans visant à plafonner le prix du pétrole russe, à augmenter les droits de douane sur les produits russes et à imposer d’autres nouvelles sanctions.

    En outre, les États-Unis s’apprêtaient à annoncer l’achat d’un système avancé de missiles sol-air pour Kiev afin d’aider l’Ukraine à se défendre contre l’agression de Vladimir Poutine. L’annonce officielle interviendrait peu de temps après que des missiles russes ont frappé la capitale ukrainienne de Kiev pour la première fois depuis des semaines et alors que l’armée russe a poursuivi son assaut sur la dernière redoute ukrainienne dans la province de Louhansk afin de prendre le contrôle de la région orientale de Donbas.

    Les responsables ukrainiens ont souligné la nécessité de disposer de davantage de systèmes de défense aérienne lundi, après que la Russie a lancé une attaque au missile contre un centre commercial bondé dans la ville centrale de Kremenchuk. Les responsables ont déclaré que 1 000 civils se trouvaient dans le centre commercial et qu’il y avait au moins vingt blessés et deux morts.

    Cette nouvelle aide et les efforts déployés par les dirigeants du G-7 pour punir Moscou interviennent alors que M. Zelenskyy s’inquiète ouvertement de la lassitude de l’Occident face au coût d’une guerre qui contribue à la flambée des coûts énergétiques et à la hausse des prix des biens essentiels dans le monde entier. Le dirigeant ukrainien a évoqué sa stratégie pour le déroulement de la guerre, qui s’est transformée en une sanglante bataille d’artillerie dans l’ouest et l’est du pays.

    Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que la principale demande de M. Zelenskyy concernait l’acquisition de nouveaux systèmes de défense aérienne, suivie d’un soutien économique pour aider son gouvernement à faire face à ses obligations financières. M. Zelenskyy a également informé les dirigeants du G-7 de la manière dont son administration utilise l’aide reçue à ce jour « pour maximiser la capacité de l’Ukraine à résister aux avancées russes et à mener des contre-attaques lorsque cela est possible », a déclaré M. Sullivan.

    M. Sullivan a ajouté que le dirigeant ukrainien était « très concentré sur le fait d’essayer de faire en sorte que l’Ukraine soit dans une position aussi avantageuse que possible sur le champ de bataille » dans les mois à venir, car « il pense qu’un conflit de broyage n’est pas dans l’intérêt du peuple ukrainien. »

    M. Zelenskyy a également déclaré aux dirigeants qu’il avait besoin d’être dans une position plus forte avant d’engager des pourparlers de paix avec la Russie, selon un haut diplomate français, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, conformément aux pratiques habituelles de la présidence française.

    Après avoir entendu M. Zelenskyy, les dirigeants se sont engagés dans une déclaration à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ». Ils ont déclaré que c’était à l’Ukraine de décider d’un futur accord de paix.

    Les dirigeants ont également finalisé l’accord visant à obtenir un plafonnement des prix. Les ministres des finances du G7 régleront les détails de son fonctionnement, selon un haut fonctionnaire de l’administration qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat pour donner un aperçu des annonces du sommet.

    Certains analystes du marché doutent de l’efficacité d’un plafonnement des prix du pétrole russe, car l’application de cette mesure par le G-7 dépendrait probablement de la coopération de l’Inde et de la Chine.

    « On peut se demander si des pays comme l’Inde et la Chine accepteront de cesser d’acheter du pétrole russe, d’autant plus qu’il se négocie à une décote importante par rapport au prix du marché mondial », a déclaré Carsten Fritsch, analyste des matières premières à la Commerzbank.

    Les plus grandes économies démocratiques s’engageront également à augmenter les droits de douane sur les importations russes dans leurs pays, les États-Unis ayant annoncé de nouveaux droits de douane sur 570 catégories de marchandises. Le président Joe Biden a porté mardi la taxe à 35 % sur certains produits fabriqués en Russie.

    M. Biden devrait bientôt annoncer que les États-Unis achètent le NASAMS, un système antiaérien développé en Norvège, pour assurer la défense de l’Ukraine à moyenne et longue portée, selon une personne au fait de la question, qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat. Le NASAMS est le même système que celui utilisé par les États-Unis pour protéger l’espace aérien sensible autour de la Maison Blanche et du Capitole à Washington.

    L’aide supplémentaire comprend davantage de munitions pour l’artillerie ukrainienne, ainsi que des radars de contre-batterie, pour aider à contrer l’assaut russe dans le Donbas, a précisé la personne. M. Biden annonce également un engagement de 7,5 milliards de dollars pour aider le gouvernement ukrainien à faire face à ses dépenses, dans le cadre d’un retrait du programme d’aide militaire et économique de 40 milliards de dollars qu’il a promulgué le mois dernier.

    Le chancelier allemand Olaf Scholz, qui accueille le sommet dans les Alpes allemandes, a déclaré après sa rencontre avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau que « nous prenons des décisions difficiles, que nous sommes également prudents, que nous aiderons …. l’Ukraine autant que possible, mais que nous évitons aussi qu’il y ait un grand conflit entre la Russie et l’OTAN. »

    Le Britannique Boris Johnson a déclaré que, dans ces circonstances, le G-7 doit « continuer à aider les Ukrainiens à reconstruire leur économie, à faire sortir leurs céréales, à les exporter et, bien sûr, nous devons les aider à se protéger. Et c’est ce que nous allons continuer à faire ».

    À Bruxelles, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que l’alliance militaire allait multiplier par près de huit la taille de ses forces de réaction rapide pour atteindre 300 000 hommes, dans le cadre de sa réponse à une « ère de concurrence stratégique. » La force de réaction de l’OTAN compte actuellement environ 40 000 soldats, qui peuvent se déployer rapidement en cas de besoin.

    M. Stoltenberg a fait ces commentaires avant d’ouvrir un sommet de l’OTAN mardi à Madrid. Les 30 pays membres de l’organisation devraient également convenir d’un soutien supplémentaire à l’Ukraine.

    Le G7 s’est déjà engagé à aider à financer les besoins immédiats de l’Ukraine et prévoit de soutenir la reconstruction de son économie à long terme. Le mois dernier, les ministres des finances du groupe ont convenu de fournir une aide économique de 19,8 milliards de dollars pour aider Kiev à maintenir le fonctionnement des services de base et à poursuivre sa défense contre les forces russes.

    Un haut fonctionnaire de l’administration américaine, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat afin de discuter des conversations privées entre les dirigeants du G-7, a déclaré que les États-Unis et l’Europe sont alignés dans leurs objectifs d’une fin négociée du conflit, même si la nature de leurs efforts de sensibilisation diffère.

    Scholz et le président français Emmanuel Macron ont eu des conversations actives avec Poutine et Zelenskyy. Les États-Unis ont largement coupé court aux discussions importantes avec la Russie.

    Associated Press, 27 juin 2022

    #Ukraine #Russie #Zelenskyy #G7 #OTAN

  • L’héritage du colonialisme français en Afrique

    L’héritage du colonialisme français en Afrique

    France, Afrique, Françafrique, colonialisme, Franc CFA, FCFA, Sénégal, Guinée, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Algérie,

    Halim Gençoğlu

    Pendant près d’un siècle et demi, la France a maintenu un important empire colonial en Afrique, s’étendant du Maghreb aux régions subsahariennes occidentales et centrales. Bien que le régime direct ait pris fin au début des années 1960, l’influence française sur ses anciennes possessions s’est poursuivie. Par des relations politiques, économiques et culturelles, la France a tenté de maintenir une position hégémonique en Afrique francophone, à la fois pour servir ses intérêts et maintenir un dernier bastion de prestige associé à un héritage de maîtrise passée. Cependant, ces relations conservent-elles un caractère essentiellement colonialiste ? Pour le déterminer, analysons d’abord brièvement les principales raisons de l’expansion impériale de la France ; sa « mission de civiliser ». Nous explorerons ensuite les relations plus récentes et existantes de la France avec ses anciennes possessions et conclurons.

    L’héritage français en Afrique

    Des informations générales sur la domination coloniale française en Afrique peuvent être trouvées dans des ouvrages traitant de l’impérialisme français dans son ensemble, dans des histoires régionales ou nationales spécifiques, ainsi que dans des études générales et comparatives du colonialisme européen en Afrique. (I)

    La présence française en Afrique remonte au XVIIe siècle, mais la principale période d’expansion coloniale se situe au XIXe siècle avec l’invasion de l’Alger ottoman en 1830, les conquêtes en Afrique occidentale et équatoriale lors de la soi-disant ruée vers l’Afrique et la mise en place de protectorats. en Tunisie et au Maroc dans les décennies précédant la Première Guerre mondiale. iiA ceux-ci s’ajoutent des parties du Togo et du Cameroun allemands, attribués à la France en tant que mandats de la Société des Nations après la guerre. En 1930, l’Afrique coloniale française englobait les vastes confédérations de l’Afrique occidentale française et de l’Afrique équatoriale française, le Maghreb occidental, les îles de l’océan Indien de Madagascar, de la Réunion et des Comores, et Djibouti dans la Corne de l’Afrique. Au sein de cet empire africain, les territoires d’Afrique subsaharienne étaient traités principalement comme des colonies à exploiter, tandis qu’un modèle colonial de colons guidait les efforts de colonisation au Maghreb, même si seule l’Algérie attirait des immigrants européens.

    Dans toute l’Afrique, la domination française a été caractérisée par de fortes contradictions entre un engagement rhétorique en faveur de la « civilisation » des peuples autochtones par le biais de réformes culturelles, politiques et économiques, et les dures réalités de la conquête violente, de l’exploitation économique, l’inégalité juridique et la perturbation socioculturelle. Dans le même temps, la domination française n’a jamais été aussi complète que le suggèrent les bandes bleues unies sur les cartes de la « Grande France ».iiiComme dans tous les empires, les peuples colonisés de toute l’Afrique française ont développé des stratégies pour résister ou échapper à l’autorité française ou coopter la mission dite civilisatrice et faire face aux bouleversements de l’occupation. Après la Première Guerre mondiale, de nouvelles formes de contestation plus organisées ont émergé, alors que les réformateurs, les nationalistes et les syndicats formés en Occident faisaient pression par divers moyens pour une répartition plus équitable du pouvoir politique et administratif. Frustrées dans l’entre-deux-guerres, ces demandes de changement ont stimulé le processus de décolonisation après la Seconde Guerre mondiale. Les efforts des autorités françaises et de certains dirigeants africains pour remplacer la domination impériale par une organisation fédérale ont échoué et, à la suite d’un référendum constitutionnel de 1958, presque tous les territoires français d’Afrique subsaharienne ont revendiqué leur indépendance.

    En Afrique du nord, Les nationalistes tunisiens et marocains ont réussi à forcer les Français à négocier l’indépendance dans les années 1950, mais la décolonisation en Algérie, avec son million de colons européens, n’est intervenue qu’après une guerre prolongée et brutale qui a laissé de profondes cicatrices dans les deux États postcoloniaux. Bien que la domination française formelle en Afrique ait pris fin en 1962, les liens qu’elle a forgés continuent de façonner les relations entre la France et ses anciens territoires coloniaux à travers le continent.iv

    Influence française dans la politique africaine au cours des dernières décennies

    La France a raison de chercher à améliorer son image en Afrique. Le ressentiment s’est accumulé en raison de l’ingérence politique et des interventions armées, notamment l’héritage du génocide rwandais de 1994. Les forces françaises ont facilité la formation et l’expansion des Forces armées rwandaises de 1990 à 1993 et ​​ont fourni d’énormes cargaisons d’armes. v Bien que la stabilisation ait été la principale motivation, la France a effectivement, sans le savoir, aidé à militariser le Rwanda avant un massacre pré-planifié. Le choc suscité par ces événements et un chœur croissant de plaidoyers humanitaires dans la société civile française ont conduit les gouvernements récents à réformer les conditions de leur coopération et de leurs engagements militaires africains, comme indiqué ci-dessus. (vi)

    La France a accepté à l’amiable certains retraits, tels que le retrait de 1200 soldats et le transfert de la souveraineté de base au Sénégal en 2010, mais conserve toujours la volonté et la capacité d’intervenir, comme l’a démontré en Côte d’Ivoire lorsque les forces françaises, longtemps sur le théâtre sous la Force Licorne, a aidé à renverser Laurent Gbagbo – bien qu’avec l’approbation de l’ONU. (vii)

    En fin de compte, la France a utilisé avec succès sa présence sécuritaire depuis la décolonisation pour exercer une influence dans les pays où elle a des intérêts, en maintenant à la fois l’hégémonie régionale et sa vision de l’ordre et de la stabilité. Si cette force est encore puissante, les logiques stratégiques de maintien de présences substantielles s’affaiblissent et, outre la méfiance de l’opinion publique française et africaine, les initiatives récentes de l’Union africaine menacent également d’affaiblir davantage le réflexe interventionniste de la France, comme la création en 2004 du Conseil de la paix et le Conseil de sécurité et sa Force africaine en attente pour (soi-disant) permettre aux Africains de gérer leurs propres affaires. viiiLa France a également une présence militaire considérable en Afrique. Il dirige l’opération Barkhane contre les groupes islamistes dans la région du Sahel, dans laquelle environ 5 100 soldats de plusieurs pays sont impliqués. Selon le quotidien américain « New York Times », en 2007, près de la moitié des 12 000 casques bleus français étaient déployés en Afrique. Ces troupes ont à la fois des capacités militaires et consultatives ainsi que le soutien et la stabilisation des régimes des pays respectifs.

    En vingt ans, les colonies africaines de la France échappent à son contrôle, même si Charles de Gaulle perçoit encore « que la puissance mondiale française et la puissance française en Afrique sont inextricablement liées et se confirment mutuellement ». ix Bien que la Communauté franco-africaine de De Gaulle ait tenté de maintenir le système intact – notamment en menaçant de rompre le soutien français, comme une Guinée dissidente l’a découvert à ses dépens – les colonies africaines, déjà habituées à la souveraineté de facto sinon de jure grâce à l’accord de Defferre La loi-cadre déclare rapidement l’indépendance. XBien qu’une France étourdie ait largement accepté cela, nous assistons à des premières initiatives visant à maintenir les liens avec les anciennes colonies par le biais d’accords économiques et de sécurité, et on pourrait affirmer que l’éclatement des fédérations coloniales en leurs États constitutifs les a rendues plus dépendantes de la France qu’elles ne le feraient. ont été si unifié.  »La décolonisation n’a pas marqué la fin, mais plutôt une restructuration de la relation impériale » et on le voit en Françafrique ; les relations politiques, sécuritaires, économiques et culturelles qui, bien que quelque peu amoindries, subsistent aujourd’hui. (xii)

    De plus, « 60 ans plus tard, les pays francophones d’Afrique n’ont toujours pas une véritable indépendance et liberté vis-à-vis de la France », déclare Nathalie Yamb, conseillère du Parti de la liberté et de la démocratie de Côte d’Ivoire. « Même le contenu des manuels scolaires est souvent encore déterminé par la France », a-t-elle ajouté. Mais plus important encore, le système politique dans de nombreux pays a été introduit par la France. « Peu avant l’indépendance, la France a décidé d’abolir le système parlementaire dans certains pays comme la Côte d’Ivoire et d’introduire un régime présidentiel dans lequel tous les territoires et pouvoirs sont entre les mains du chef de l’Etat », a déclaré Yamb à DW. La raison étant que de cette manière, « une seule personne avec tout le pouvoir doit être manipulée ».

    La Françafrique, comme on appelle l’influence française dans les anciennes colonies, reste un fait, particulièrement irritant pour les jeunes,xii À partir des années 1980, de nombreux candidats présidentiels français ont annoncé leur intention de mettre fin à la Françafrique. Mais la promesse d’un nouveau départ entre la France et les États francophones est devenue un simple rituel, selon Ian Taylor, professeur de politique africaine à l’Université St. Andrews en Écosse. «Ils sortent des déclarations et ils veulent que cela change. Mais après quelques années, ils se rendent compte que les intérêts commerciaux et le type d’intérêts politiques sont toujours très forts et qu’il n’y a aucune volonté réelle de part et d’autre de rééquilibrer fondamentalement la relation », a déclaré Taylor. (xiii)

    Un coup d’Etat dans un autre pays colonisé par la France : la Guinée

    Restent inchangés, du moins pour le moment, cependant, les engagements africains comme ceux-ci qui remontent à l’indépendance il y a 36 ans. Outre le Gabon, les troupes françaises sont basées en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, en République centrafricaine, au Tchad, à Djibouti et dans les îles de l’océan Indien de la Réunion et de Mayotte. Outre les pays où elle dispose de troupes, la France a des accords de coopération militaire avec la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin, le Togo, la Guinée équatoriale, le Congo, le Zaïre, le Rwanda et le Burundi. xiv Le scepticisme s’est transformé en dérision lorsque le premier gouvernement démocratiquement élu du Niger est tombé face à un coup d’État militaire en février. À l’époque, la France, qui a un traité de défense avec le Niger, a déclaré qu’elle regrettait le développement mais qu’elle n’interviendrait pas. La même menace se produit dans d’autres pays africains comme la Guinée. (xv)

    Le 5 septembre, le président guinéen Alpha Condé a été capturé par les forces armées du pays lors d’un coup d’État après des coups de feu dans la capitale, Conakry. Le commandant des forces spéciales Mamady Doumbouya a diffusé une émission à la télévision d’État annonçant la dissolution de la constitution et du gouvernement. Après plusieurs décennies de régime autoritaire en Guinée, Condé a été le premier dirigeant démocratiquement élu du pays. Pendant son mandat, la Guinée a utilisé ses riches ressources naturelles pour améliorer l’économie, mais la majeure partie de la population du pays n’a pas ressenti ses effets. En 2020, Condé a modifié la constitution par référendum pour se permettre d’obtenir un troisième mandat, un changement controversé qui a suscité les manifestations guinéennes de 2019-2020. Au cours de la dernière année du deuxième mandat et de son troisième mandat, Condé a réprimé les manifestations et les candidats de l’opposition, dont certains sont morts en prison, tandis que le gouvernement s’efforçait de contenir la hausse des prix des produits de base. En août 2021, dans une tentative d’équilibrer le budget, la Guinée a annoncé des hausses d’impôts, réduit les dépenses de la police et de l’armée et augmenté le financement du bureau du président et de l’Assemblée nationale.(xvi)

    Le coup d’État a commencé le matin du 5 septembre, lorsque les forces armées de la République de Guinée ont encerclé le palais présidentiel de Sekhoutoureah et bouclé le district gouvernemental au sens large. Après une fusillade avec les forces pro-gouvernementales, les mutins, qui semblent être dirigés par Doumbouya, ont pris Condé en otage, ont annoncé la dissolution du gouvernement et de ses institutions, annulé la constitution et bouclé les frontières. Bien que les politiciens locaux ne se soient pas explicitement opposés ou soutenus au coup d’État, la prise de contrôle s’est heurtée à la désapprobation presque universelle des pays étrangers, qui ont appelé à l’arrêt du coup d’État, à la libération des prisonniers et au retour de l’ordre constitutionnel. La Guinée possède plus de quatre milliards de tonnes de minerai de fer à haute teneur inexploité, un tiers des réserves mondiales de bauxite qui sont utilisées pour fabriquer de l’aluminium, des quantités indéterminées d’uranium, de manganèse, de nickel, d’importantes réserves d’or et de diamants et des réserves potentielles de pétrole. La Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest, est riche en ressources naturelles, mais des années de troubles et de mauvaise gestion en font l’un des pays les plus pauvres du monde. Il semble que le coup d’État de la Guinée expose la ruée vers les ressources dans la région.(xvii)

    Conclusion

    L’objectif principal de la colonisation de l’Afrique de l’Ouest était de transformer les pays d’Afrique de l’Ouest en un «État français». Cela veut dire changer leur mode de vie, faire du français la langue officielle et les faire se convertir au christianisme. La colonisation française a changé la culture africaine, mais aujourd’hui l’armée française garde son emprise sur les anciennes colonies africaines. Après 150 ans de colonisation française de la RCA (République centrafricaine), il n’y avait qu’une seule personne titulaire d’un doctorat lorsque le pays est devenu indépendant en 1960.

    La plupart des colonies françaises en Afrique sont encore sous la domination française et la culture d’assimilation. Leurs comparses sont les rois de la dictature « démocratique », c’est pourquoi ces gens fuient leurs foyers. De même, 14 pays africains sont toujours contraints par la France de payer une taxe coloniale pour les bénéfices de l’esclavage et de la colonisation : 80% des 10 pays ayant les taux d’alphabétisation les plus bas du monde chez les adultes se trouvent en Afrique francophone. La France continue de percevoir des loyers sur les immeubles coloniaux qu’elle a laissés dans ces pays. On estime que ces pays africains paient chaque année plus de 500 milliards de dollars de taxes coloniales à la France. Bref, jusqu’à ce que la France quitte l’Afrique, l’hégémonie économique et les coups d’État continueront.

    Notes:


    i Gençoğlu, Halim. 2020. Türk arşiv kaynaklarında Türkiye – Afrika, Turquie – Afrique dans les sources d’archives turques. Istanbul, SR Yayınevi.

    ii Cook, Steven A. 2007. Diriger mais ne pas gouverner : le développement militaire et politique en Égypte, en Algérie et en Turquie. Baltimore : presse universitaire Johns Hopkins.

    iii McDougall, James. 2017. Une histoire de l’Algérie. New York : Cambridge University Press,

    iv Ruedy, John. 2005. L’Algérie moderne : les origines et le développement d’une nation. Bloomington : Presse universitaire de l’Indiana.

    v McNulty 2000, p. 109-110.

    vi Allman, Jean Marie, Susan Geiger et Nakanyike Musisi. 2002. Les femmes dans les histoires coloniales africaines. Bloomington : Presse universitaire de l’Indiana.

    viiChafer, Tony. 2002. La fin de l’empire en Afrique occidentale française : la décolonisation réussie de la France ? Oxford : Berg.

    viiiWilliams 2009, p.614.

    ix Charbonneau 2008, p.281.

    x Voie maritime 2008, p.20-21

    xi Chafer cité dans Charbonneau 2008, p.281

    xii Holder Rich, Cynthia. 2011. Christianisme autochtone à Madagascar : le pouvoir de guérir en communauté. New York : Peter Lang.

    xiii Diakité, Penda et Baba Wagué Diakité. 2006. J’ai perdu ma dent en Afrique. New York : Presse scolaire.

    xiv Depuis son intervention de 1964 au Gabon, la France est intervenue militairement sur le continent tous les deux ans en moyenne. Paris a envoyé à plusieurs reprises des troupes au Tchad, envoyé des parachutistes pour sauver des ressortissants français et belges au Zaïre et aider à réprimer une insurrection là-bas, et a utilisé ses forces pour remplacer des dirigeants politiques en République centrafricaine. Voyez, Arnold, Guy. 2008. Dictionnaire historique des guerres civiles en Afrique. Lanham, Maryland : Scarecrow Press.

    xv Luckham, Robin. 1982. « Le militarisme français en Afrique ». Revue de l’économie politique africaine. (24): 55-84.

    xvi Tentative de coup d’État en Guinée : des soldats prétendent s’emparer du pouvoir d’Alpha Condé, https://www.bbc.com/news/world-africa-58453778 , consulté le 4 septembre 2021.

    xvii Gilbert M Khadiagala, Fritz Nganje. (2016) L’évolution de la promotion de la démocratie en Afrique du Sud : de l’idéalisme au pragmatisme. Cambridge Review of International Affairs 29:4, pages 1561-1581.

    L’historien Halim Gençoğlu est l’auteur de quatre livres et de plusieurs articles en études africaines. Il est né en Turquie en 1981. Après son baccalauréat en études historiques, il a obtenu sa deuxième maîtrise en études religieuses et ses études doctorales en langue et littérature hébraïques à l’Université de Cape Town. Le Dr Gençoğlu poursuit ses recherches universitaires en tant que boursier postdoctoral en études afro-asiatiques et personnel contractuel en études africaines à l’Université du Cap.

    United World, 13 sept 2021

    #France #Françafrique #Afrique #Francophonie #Colonialisme #FrancCFA #FCFA

  • OTAN : L’Espagne évoquera des menaces venant « du Sud »

    OTAN : L’Espagne évoquera des menaces venant « du Sud »

    Espagne, OTAN, Maroc, Algérie, Ceuta, Melilla, Migration, Sahara Occidental, Sahel

    Madrid s’apprête à accueillir les 28, 29 et 30 juin un sommet de l’OTAN. Un rendez-vous qui se tient dans une conjoncture internationale délicate, marquée par la poursuite du conflit en Ukraine, l’implication directe des pays de l’Union européenne, des Etats unis et de la Grande Bretagne dans cette guerre et la mise en place d’un arsenal de sanctions économiques contre Moscou.

    Le gouvernement espagnol veut, à travers ce sommet, convaincre les membres de cette alliance atlantiste du sérieux des nouvelles menaces qui ont « surgies » dans le flanc sud de l’OTAN. Madrid ne cache plus depuis un certain temps son intention d’aligner aussi bien l’UE que l’OTAN à ses vues et ses positions diplomatiques sur des questions bilatérales ou régionales. La tension avec l’Algérie est justement une opportunité pour les autorités espagnoles afin d’exiger une « entière solidarité » de l’OTAN, après l’avoir fait avec l’UE il y a quelques semaines, quand l’Algérie a décidé de suspendre le traité d’amitié et de bon voisinage avec l’Espagne.

    Le fervent défenseur de cette approche, c’est le ministre espagnol des Affaires étrangères, José manuel Albares. Après avoir été derrière le surprenant revirement espagnol dans la question sahraouie et le soutien direct à la colonisation du Makhzen du Sahara occidental, le voilà encore qui vient de brandir, avec des messages et des signaux codés, ces fameuses menaces venant du « sud », en parlant de l’usage de la question migratoire, mais aussi de l’énergie comme armes de pression.

    Dans une interview parue hier dans le quotidien El Pais, José Manuel Albares, a longuement évoqué la crise de son pays avec l’Algérie. « Le sommet sera marqué par l’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine », et « les plus grandes menaces à la sécurité de l’OTAN, donc à la sécurité de l’Espagne et des Espagnols, viennent du flanc oriental », affirme d’abord Albares.

    Mais, poursuit-il, « il y a aussi des menaces du flanc sud que le reste des alliés reconnaissent ».

    Selon lui, le dîner des ministres des Affaires étrangères du 29 juin sera centré sur le flanc sud et une des séances des chefs d’État et de gouvernement traitera de la situation dans le voisinage sud. « La structure même du sommet le démontre. Et je suis sûr que le concept stratégique tiendra compte de ces menaces » et « ira encore plus loin », assure le chef de la diplomatie espagnole, soulignant que « de plus en plus, les menaces du sud sont des menaces russes du sud ». Le mot est lâché. Que voulait dire par « menaces russes du sud ? ».

    Les observateurs l’ont rapidement compris qu’il s’agit ici d’une accusation sibylline contre l’Algérie, seul pays qui entretient des relations étroites avec la Russie.

    D’ailleurs, Albares dira, en répondant à la question de l’approvisionnement en gaz et des migrants comme armes: « S’ils veulent en faire une arme politique, ce qui est inacceptable, ils peuvent le faire. On l’a vu à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, avec des émigrants venus du Moyen-Orient. On le voit avec le gaz russe pour faire pression sur les pays qui en dépendent. Aujourd’hui c’est une évidence. Mais il y en a d’autres, les cyberattaques, le terrorisme, la désinformation, le changement climatique. Ce sont des menaces hybrides ».

    À propos de la crise avec l’Algérie, Albares n’a pas changé d’un iota sa position, estimant que l’Espagne « n’a rien fait pour se retrouver dans cette situation » et que « chaque pays a le droit de prendre des décisions souveraines », maintenant son soutien à l’occupation du Maroc des territoires sahraouis.

    Evoquant avec des termes diplomatiques les relations avec Alger, Albares lâche des mots comme le respect mutuel, la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures » et que « la diplomatie, le dialogue, l’amitié entre les deux peuples reprennent ».

    Sur les « blocages » qui touchent les transactions commerciales entre l’Algérie et l’Espagne, Albares a indiqué que « la politique commerciale est entièrement communautarisée, elle appartient à la Commission européenne, et c’est le vice-président exécutif et commissaire à la politique commerciale Dombrovskis qui analyse actuellement cette situation », dit-il.

    « Chaque fois que nous détectons le blocage d’une opération, nous la transférons à la Commission, qui est celle qui vérifie la situation et dispose des instruments pour y répondre », explique-t-il, ajoutant que « l’Espagne n’a rien à demander » à l’UE étant donné que « la politique commerciale est commune, c’est la Commission qui agit ».

    Par Mohamed Kouini

    Le Jeune Indépendant, 26 juin 2022

    #Espagne #OTAN #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Migration #Ceuta #Melilla

  • Comprendre le Maroc, ce voisin encombrant

    Comprendre le Maroc, ce voisin encombrant

    Maroc, Algérie, Maghreb, Sahara Occidental, colonialisme, France, Espagne, Protectorat,

    « L’Express » reçoit un courrier abondant concernant nos prise de position sur le Maroc; des amis cherchent à en connaître plus, des trolls polluent nos boites à courrier par des insanités, des parties hostiles nous écrivent pour nous couvrir de lazzis et de quolibets; cependant, il y a également des connaisseurs avisés de la région maghrébo-sahélienne qui viennent, avec révérence, demander des éclairages, des arguments sur tel ou tel sujet, et exiger plus de rigueur dans la critique ; et – Dieu nous en est témoin, c’est ce que nous nous appliquons à faire avec nos lecteurs: jamais d’insultes, jamais de propagande de bas étage, mais toujours le cap maintenu sur les faits, la relation d’événements historiques, fiables et vérifiables, les informations sur des liens tenus cachés, les compromissions et les scandales divulgués par les médias internationaux ou soigneusement mis sous le boisseau, les actions politiques, médiatiques ou militaires relevant du domaine public, etc. Le dossier donc s’adresse à cette catégorie, principalement, celle qui cherche avant tout à savoir.

    Si l’Algérie fixe aujourd’hui sa longue-vue sur cet encombrant voisin de l’ouest, c’est parce qu’il en a fait trop, et depuis fort longtemps, et pas uniquement à l’Algérie. Les grands titres des médias du monde entier ont à un moment ou un autre publié des articles compromettants sur le Maroc: tentatives de faire pression sur des émissaires onusiens, « achat » de journalistes européens (français et espagnols surtout, mais aussi italiens et britanniques), noyautage des institutions internationales, infiltration, espionnage, écoutes, et on en passe, et des meilleures.

    De toute évidence, ce serait lui donner trop de puissance que d’attribuer au Maroc toute cette panoplie de faits spectaculaires et répréhensibles, mais nous parlons surtout de tentatives, car tout le monde n’est pas corruptible, et beaucoup de responsables marocains, connus ou agents de l’ombre, se sont cassés les dents sur la probité, l’honnêteté et la rectitude.

    Dans ce dossier, dont certaines bribes ont été publiées en partie par notre journal, nous mettrons le zoom sur un voisin turbulent et imprévisible. Nous prendrons la dynastie saadienne comme commencement de notre histoire, parce que cette dynastie a donné naissance à la dynastie alaouite actuelle, comme elle a été la véritable fondatrice de la politique étrangère marocaine, au détail près, comme nous allons le voir, ce qui signifie que les mécanismes de la politique marocaine obéissent à une certaine doctrine, qu’il serait utile de cerner pour mieux en comprendre les modes opératoires, les prétextes et les compromissions actuelles.

    La victimologie rentière a été l’infusion judaïque livrée à boire aux Marocains depuis 1492. A cette date, des milliers de Juifs ont été chassé-en même temps que les musulmans – de la Péninsule ibérique. Prenant appui sur les mythes fondateurs d’Israël, peuple élu de Dieu – ils le furent réellement, avant de mériter le châtiment divin suprême et devenir un peuple honni, banni et misérable pour les sacrilèges commis-, les Juifs ont de tout temps évoqué les oppressions subies pour retrouver une place privilégiée auprès des nations. Fort d’une communauté juive riche et puissante, qui a pris place au sein de la société marocaine et au cœur du système politique marocain, le Makhzen (entendre dans son acception langagière la plus simple) adoptera souvent cette victimologie pour trouver écho auprès des puissances du moment. C’est l’image qui persiste à ce jour avec des structures apparaissant comme intangibles dans ses relations houleuses avec l’Algérie. Tout l’achat d’armement de guerre auprès des Etats Unis et de la Grande-Bretagne a procédé de la sorte: « On est très faible par rapport au voisin algérien, et il faut nous doter d’un armement puissant pour maintenir les fragiles équilibres militaires en Afrique du nord ». Tel a été le supplique de Rabat auprès des capitales occidentales durant les vingt dernières années.

    Des agressions d’Ahmed El Mansour au Maghreb central et au Sahel aux investissements de la BMCE en Afrique, des alliances avec les Espagnols contre les Turcs d’Alger à la normalisation avec Israël, toujours contre Alger, des lobbys juifs au cœur de la cour ouatasside au Mossad prenant place au centre de la décision du gouvernement Aziz Akhannouch, peu de choses semblent avoir changées depuis cinq siècles.

    Laissons de côté l’Algérie, le Sahara occidental, les animosités du moment et l’actualité, et faisons un retour en arrière. La dynastie saadienne nous est particulièrement intéressante, en ce sens qu’elle présentait déjà toute la logistique marocaine de 2022: vœu d’occidentalisation, expansionnisme, agressions envers le voisinage, sous-traitance de la guerre, mercenariat, alliances contre-nature avec des puissances contre la Régence d’Alger. Pour en saisir les lignes directrices, nous allons louer la machine à remonter le temps; alors tenez-vous bien : le voyage risque d’être « bouleversant ».

    Alors qu’Espagnols et Portugais grignotent peu à peu la côte marocaine, notamment le débouché atlantique de la route transsaharienne, Agadir et les ports voisins, les Marocains se tournent vers le sud et l’ouest pour coloniser de nouvelles terres, trouver des sources de financement à la crise chronique et faire diversion pour tromper le peuple en lui proposant de nouveaux débouchés et de nouvelles aventures. La région du Touât, où Tamantit (dans l’actuel Adrar algérien) représentait la capitale et le carrefour des routes caravanières de la poudre de l’or du Melli (Mali), et pont entre le Maroc et le Soudan (actuel Mali), sera la première victime de cette crise commerciale et monétaire marocaine.

    Les relations entre l’Algérie et le Maroc ont toujours connu des tensions diplomatiques plus ou moins intenses, quand on pouvait la guerre ouverte et les alliances contraires. C’est le propre de l’histoire des deux pays depuis au moins les cinq derniers siècles.

    Si on prend la peine de lire le livre du Dr. Amar Benkherouf, intitulé « les Relations politiques entre l’Algérie et le Maroc au XVIe siècle », on reste effaré tant les similitudes avec ce qui se passe aujourd’hui. Le lecteur de l’Express aurait été plus édifié si cet article avait pu s’appuyer sur un entretien avec l’auteur; hélas, l’auteur était souffrant lorsque nous lui avions proposé l’entretien et ne trouvait pas assez de forces chez lui pour répondre à bon nombre de questions qui auraient éclairé notre dossier d’un jour nouveau.

    Makhzen, Palais royal et ses contingences

    Quand on parle du Maroc, on entend l’administration du Makhzen le Palais royal et ses contingences politiques, et non pas, évidemment, le petit peuple, qui est resté souvent en retrait, souvent même hostile aux politiques officielles menées contre les pays du voisinage, notamment le Mali et l’Algérie.

    Cette parenthèse fermée, revenons-en aux faits. Le Maroc, au XVIe siècle, c’est la dynastie naissante (et envahissante) des sultans saadiens. Ils venaient d’hériter d’une brillante civilisation, celle des Mérinides. Ils côtoyaient et concurrençaient les Zianides, maîtres de Tlemcen et du Maghreb central (actuelle Algérie) et les Hafsides, en Tunisie.

    Comme aujourd’hui, les juifs avaient droit de cité dans la politique interne du Maroc. Maîtres de la monnaie, de l’information, de l’économie, de la diplomatie et du commerce international, ils ne laissaient aux souverains saadiens que le soin de passer du bon temps…à la guerre ou au palais.

    Assez puissant dans le milieu du XVIe siècle, sous le règne d’Al Mansour es-Saadi, au point de résister aux tentatives à se mettre sous l’autorité de la Porte-Sublime ottomane, le Maroc fit plusieurs incursion au Maghreb central, pour soumettre Tlemcen, faire des razzias à Ouargla et le Touat, passages caravaniers et villes prospères du Sahara, avant d’aller détruire la brillante civilisation fondée au Mali par les touaregs de Tombouctou et dirigés par les souverains Askia. Belliqueux et agressif, le Maroc a été également un destructeur d’empires.

    A travers l’étude des chroniques maliennes et marocaines, embrassant l’histoire des souverains saâdiens, le commerce de la poudre d’or et des esclaves, l’imprégnation religieuse, les transferts de populations et la fameuse conquête d’Ahmed El Mansour, il est évident que le fait de retracer cette histoire complexe et mouvementée est d’une utilité décisive.

    La conquête du Soudan songhaï par Ahmed El Mansour est l’un des plus hauts faits de l’histoire officielle du Maroc. Pourtant, c’est sans doute à partir de la chute de Gao que les liens entre le Sahel et le Maroc ont commencé à se distendre. L’époque moderne ne pouvait pas plus mal commencer pour l’ouest du continent africain. Depuis 1438, les tribus berbères Masoufa, les Maqchara et les Targa ravagent les décombres de l’empire de Malli. Au Maroc, les tribus arabes font régner la terreur dans les plaines et les déserts, le revenu agricole s’effondre et la confiance de la population envers le pouvoir mérinide s’amenuise d’année en année. Les Portugais grignotent peu à peu la côte marocaine, notamment le débouché atlantique de la route transsaharienne, Agadir et les ports voisins. La région du Touat, pont entre le Maroc et le Soudan, est la première victime de cette crise commerciale et monétaire (puisque l’or se raréfie), qui n’est pas sans conséquence sur l’ordre politique.

    Dans ce contexte de crispation, toutes les tensions de la société vont se cristalliser au niveau religieux. Le peuple manifeste épisodiquement et bruyamment contre l’importante communauté juive locale.

    Kabbalistes et talmudistes au cœur du pouvoir

    Les Juifs étaient les maîtres de l’horloge dans un royaume marocain soumis déjà à la loi de l’argent. Leur savoir-faire leur ouvrait les portes des cours princières et les plaçait déjà au centre de la décision royale. Kabbalistes et talmudistes diffusaient leur poison dans les sociétés maghrébines de l’époque.

    Les savants locaux demandent des avis ou fatwa sur la légalité de la présence de « nouvelles » synagogues et de leur extension. Cette crise, amorcée depuis le début du XVe siècle, touche également Fès, où les chorfas et les Andalous persécutent et excluent les descendants de juifs convertis à l’islam (islami), lesquels commercent abondamment avec leurs ex-coreligionnaires du Touat. Ces islami défendent courageusement leurs droits comme tout musulman.

    En juillet 2021, peu avant sa mort, l’imam marocain Abou Naïm dénonçait la mainmise des juifs sur le pouvoir réel au Maroc. C’est dire combien les similitudes sont frappantes, à près de cinq siècles d’intervalle.

    La révolution anti-mérinide de Fès, menée en 1465 notamment par l’élite chorfa, concorde avec l’éclosion de la dynastie songhaï (le peuple du fleuve) des Chi-Sonni de Gao, à la frontière nigéro-malienne. Cette dynastie naît avec le prince soudanais Sonni Ali, grand guerrier qui a hérité du royaume de Gao et qui va consacrer son règne (1464-1492) à en faire un puissant Etat. En 1468, Sonni Ali occupe Tombouctou et en chasse les Touaregs. A sa mort, c’est l’un de ses généraux, Muhammad Ibn Abou Bakr, qui devient l’Askia (titre royal en songhaï) et prend la tête de l’empire. Comme les Almoravides, il comprend l’intérêt d’asseoir sa légitimité par la religion et se fait accompagner d’un Alfa (religieux), Muhammad Toulé. Il entreprend la conquête de Ouallata, la cité caravanière occupée par les Arabes Banu Hassan, et de Jenné, en amont du fleuve Niger, jusqu’alors cité vassale de Malli. Désormais seul maître des routes de l’or, Askia Muhammad se lance en 1498 dans un grand pèlerinage, à l’instar de celui réalisé par Mansa Mousa de Malli, deux siècles auparavant.

    Dernier exemple d’imprégnation, les califes songhaïs instituent le poste de Cheikh Al Islam (recteur général de la religion), titre d’inspiration ottomane. Le plus connu sera un certain Mahmoud Ibn Omar, vers 1550. Son neveu figure en bonne place dans les dictionnaires biographiques recensant les plus grands savants de Fès, pour les décennies précédant immédiatement la conquête saâdienne.

    Le sel de la discorde

    Cependant, les dynasties saâdienne et songhaï vont rapidement rivaliser sur la question des mines de sel de Taghazza (extrême nord du Mali actuel). Cet établissement dépend du Soudan depuis la défaite des Targa-Maqchara, les proto-Touaregs, en 1468.

    Son contrôle est vital pour toute la région sahélienne, pauvre en sel, et permet d’éviter de l’acheter à prix « d’or » aux marchands maghrébins, donc d’enrichir outre mesure les cités du Maroc. Avoir le monopole des mines permet de maintenir le prix de l’or et d’acquérir à meilleur marché les produits manufacturés de la Méditerranée.

    Le chérif Ahmed Al Aarej aurait exigé, dès 1526, alors qu’il ne contrôle pas encore le « Royaume de Fès », le retrait des troupes songhaïs des mines de sel. L’Askia répond à cette demande par l’injure et lance une expédition de Touaregs contre les oasis du Draâ, alors que les Saâdiens peinent à résister à la coalition de l’Espagne, des Turcs d’Alger et des Wattasides de Fès. Une des raisons de cette crispation tient peut-être à une hausse des taxes douanières à Tombouctou, dont auraient pâti les marchands maghrébins du Soudan.

    Le « Tarikh As Sudan », notre source africaine principale, rédigé vers 1665 par le savant de Tombouctou Abderrahmane As-Saadi, et « Tarikh Al Fettach », de Mahmoud Kaati de Tombouctou, nous apprennent la réaction de Mohammed Ech Cheikh, le successeur saâdien, en 1557. Il utilise le limogeage d’un Filali, Az-Zubayri, du gouvernorat de Taghazza, et profite de sa frustration pour le monter contre ses anciens maîtres. Il le pousse à massacrer les légionnaires touaregs qui gardent la mine pour le compte de Gao. Après une génération de calme relatif, Ahmed El Mansour propose une conciliation : il envoie un cadeau et reçoit en contrepartie un don de musc et d’esclaves qui l’aurait profondément vexé, soit pour avoir été trop important, et donc outrecuidant, soit trop insignifiant, l’histoire ne le dit pas…

    Assuré contre les offensives ibériques, après sa victoire de l’Oued El Makhazine (1578), et lié aux Turcs d’Alger par un traité de paix, Ahmed El Mansour envoie ses armées contre Taghazza et coupe l’approvisionnement en sel du Soudan (ex-Mali). Cette offensive est décrite de manière contradictoire par les trois sources de l’époque. Le chroniqueur soudanais Abderrahmane As Saadi rapporte une tentative infructueuse de conquérir le Soudan, qui aurait échoué à mi-chemin, à Ouaddan, dans la Mauritanie actuelle. Chez Al Ifrani, chroniqueur du début du XVIIIe siècle, on trouve simplement le récit de la conquête violente des oasis du Touat et du Gourara, l’étape essentielle entre Maghreb et Soudan, dans l’ouest algérien actuel.

    La version d’As Saadi concorde assez avec ce que nous dit l’historien anonyme de la dynastie saâdienne, qui ne porte pas les chérifs dans son cœur. Selon lui, une troupe marocaine fut envoyée au Soudan, dans la foulée des attaques contre le Touat. Elle se serait perdue dans le désert, avant d’être dépouillée par des indigènes touaregs, se rétribuant ainsi de l’avoir sauvée ! C’est en tout cas à cette époque, vers 1582-83, que le grand sultan de Fès et de Marrakech s’intéresse de plus en plus à l’empire rival de la rive sud du Sahara.

    L’élément déclencheur est sans aucun doute la grande crise financière qui secoue le monde méditerranéen en cette fin du XVIe siècle. La crise politique au Sahara, doublée de la présence des comptoirs portugais (et de plus en plus hollandais) sur la côte de Guinée, a sans doute limité les arrivages de métal numéraire dans les cités marocaines.

    L’Express, 13 juin 2022

    #Maroc #Algérie #SaharaOccidental