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  • Le Maroc dévoile sa haine des migrants africains

    Le Maroc dévoile sa haine des migrants africains

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    Massacre de Melilla : Le Makhzen dévoile sa haine des migrants africains

    Encore une fois, le Makhzen a dévoilé au grand jour son vrai visage, barbare et sauvage qu’il est. Et comment l’être autrement lorsqu’on voit ces scènes dramatiques et criminelles mêmes, dont ont fait preuve, ce vendredi, les forces de sécurité marocaines à l’égard de centaines de migrants africains qui ont tenté de franchir les frontières espagnoles via l’enclave de Melilla. Le bilan est lourd ; environ 50 décès et des dizaines de blessés.

    Même si la version officielle indique que les victimes parmi les 2000 candidats à l’émigration illégale ont trouvé la mort dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer qui sépare l’enclave espagnole du territoire marocain, il n’en demeure pas moins que cette panique a été provoquée et accentuée par l’usage de la force démesurée de l’ordre marocains.

    Ces derniers n’ont pas hésité, en effet, à charger les pauvres subsahariens et à les massacrer, contrairement aux allégations selon lesquelles, ce sont les migrants qui ont utilisé en premiers la violence.

    Un traitement inhumain qui, au demeurant, ne surprend pas quand on sait que le Makhzen est passé, depuis plusieurs années déjà, maitre dans l’art de réprimer, à coups de bastonnades et de méthodes sauvages, violentes et meurtrières, le peuple sahraoui. Et dire que le régime marocain se permet de donner des leçons de démocratie et du respect des Droits de l’homme !

    En tous les cas, cette mascarade de Melilla intervient quelques semaines après le retour à la normale des relations entre le Maroc et l’Espagne, après une brouille qui n’a pas trop duré.

    Car si cette tentative de migrants africains de rallier l’autre côté de la Méditerranée a eu au mois de mars dernier, l’attitude des autorités marocaines aurait été sans doute autre que de massacrer les malheureux africains. Mieux ! Elles ne seraient jamais intervenues pour faire barrage au rêve des migrants de franchir les frontières.

    Souvenons-nous à ce propos les vagues d’immigrants africains qui déferlaient successivement sur la Péninsule ibérique depuis les mêmes lieux, c’est à dire Melilla, sans que les services de sécurité du Maroc et autres gardes-frontières ne bronchent le petit doigt.

    Il était clair que le régime de Mohamed V utilisait cette carte, entre autres, comme moyen de pression, voire de chantage en direction de l’Espagne en raison de sa position sur la question sahraouie. Une sorte de représailles pour amener les espagnols à faire machine arrière et à lâcher le Sahara Occidental, dont le président Brahim Ghali a d’ailleurs été accueilli, à cette époque-là, en Espagne pour des raisons de santé (Covid-19). Une décision que les marocains ont très peu gouté.

    Il n’en fallait pas plus au Makhzen pour déclencher les hostilités et accentuer la pression par des moyens, le moins que l’on puisse dire, est qu’ils étaient, au mieux, peu orthodoxes, au pire, machiavéliques.

    Résultats des courses ; le gouvernement de Pedro Sánchez a fini par craquer et, surtout, se plier aux exigences et au chantage du régime marocain à travers notamment le revirement de la position espagnole dans le dossier du Sahara occidental et son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc.

    À propos de Sanchez, notez, sans surprise du reste, qu’il s’est empressé de saluer cette bastonnade et qualifié la coopération marocaine en matière migratoire de Rabat ‘’d’extraordinaire’’.

    Satisfait et comblé par cette volte-face espagnole, le Makhzen est redevenu naturellement ami de l’Espagne, docile et serviable particulièrement. Pour preuve, il n’a pas hésité à massacrer jusqu’à la mort les migrants africains pour les empêcher de rejoindre l’eldorado européen alors que trois mois auparavant, il a laissé faire leurs frères et fermé les yeux sur les mêmes tentatives d’immigration clandestine. Mais il est vrai que le régime marocain a toujours fonctionné au gré des vents…

    Fil d’Algérie, 25 juin 2022

    #Espagne #Maroc #Melilla #Migration #SaharaOccidental #Sénégal #Guinée #Mali

  • Le Maroc : Une force « injustifiée » contre les migrants

    Le Maroc : Une force « injustifiée » contre les migrants

    Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, Migration,

    Des militants espagnols et marocains ont appelé à une enquête sur l’affrontement qui a fait au moins 23 morts dans l’enclave nord-africaine espagnole de Melilla. Les troubles ont commencé lorsque quelque 2000 migrants ont tenté de franchir la barrière frontalière.

    Un groupe de défense des droits a accusé samedi les forces de sécurité marocaines d’utiliser une violence « injustifiée » contre les migrants qui tentent de se frayer un chemin à travers une barrière frontalière entre le pays d’Afrique du Nord et l’enclave espagnole de Melilla.

    Le Maroc a déclaré que 23 migrants sont morts vendredi de son côté de la clôture.

    Qu’a allégué le groupe de défense des droits ?
    Amin Abidar, porte-parole de l’Association marocaine des droits de l’homme, a déclaré que les migrants avaient été « maltraités » par les forces de sécurité marocaines lors de la ruée vers la frontière.

    Il a décrit comment des migrants avaient été laissés piégés au sol pendant des heures sans assistance médicale.

    Le groupe de défense des droits a partagé des vidéos sur les réseaux sociaux qui auraient montré des dizaines de migrants, certains saignant et allongés immobiles sur le sol, avec les forces de sécurité marocaines debout au-dessus d’eux.

    Le groupe a déclaré que l’inaction des forces de sécurité a probablement entraîné de nombreux autres décès.

    Abidar a déclaré à l’agence de presse dpa que le nombre final de morts était probablement beaucoup plus élevé et a appelé les autorités marocaines à mener une « enquête urgente et équitable » sur l’incident.

    Cinq autres groupes de défense des droits au Maroc et en Espagne ont soutenu l’appel à une enquête.

    La Commission espagnole pour les réfugiés a décrit ce qu’elle a qualifié d’ »utilisation aveugle de la violence pour gérer la migration et contrôler les frontières ».

    Il a déclaré que la violence avait empêché les demandeurs d’asile éligibles d’atteindre le sol espagnol.

    Esteban Beltran, directeur d’Amnesty International Espagne, a déclaré que « bien que les migrants aient pu agir violemment dans leur tentative d’entrer à Melilla, en ce qui concerne le contrôle des frontières, tout ne se passe pas ».

    Que s’est-il passé à la frontière Maroc-Melilla ?

    Tôt vendredi matin, environ 2 000 personnes ont tenté de prendre d’assaut la clôture frontalière mais ont été arrêtées par les forces de sécurité de chaque côté de la barrière, a déclaré un responsable du gouvernement à Melilla.

    Une source policière espagnole a déclaré à l’agence de presse Reuters que les migrants avaient attaqué les gardes-frontières avec des bâtons, des couteaux et de l’acide.

    La source a déclaré que les migrants avaient utilisé une tactique différente pour entrer à Melilla.

    « Avant, ils s’étendaient sur toute la longueur de la clôture. Maintenant, ils se concentrent sur la partie où ils pensent qu’elle est la plus faible », a déclaré la police.

    En plus des 23 personnes qui ont perdu la vie, l’agence de presse officielle marocaine MAP a déclaré que des dizaines de migrants et 140 membres des forces de sécurité ont été blessés de son côté de la frontière.

    Personne n’est mort du côté espagnol, mais 57 migrants et 49 policiers ont été blessés, a déclaré le responsable de Melilla.

    Les responsables de Melilla ont déclaré que plus de 500 migrants avaient traversé la frontière après que la clôture ait été coupée avec des cisailles.

    Des images publiées en ligne montraient un groupe principalement de jeunes hommes courant dans les rues de Melilla en chantant et en dansant, avant de se diriger vers un centre d’accueil d’urgence.

    Quelle a été la réaction du Maroc et de l’Espagne ?

    Le ministère marocain de l’Intérieur a accusé les migrants d’avoir utilisé la violence lors de la prise d’assaut de la clôture frontalière.

    Il a dit que la plupart ont été écrasés à mort dans la « bousculade ».

    Un responsable marocain a déclaré que certains des migrants étaient tombés du haut de la barrière.

    Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a condamné « l’agression violente » des migrants qu’il a qualifiée d’ »atteinte à l’intégrité territoriale » de l’Espagne.

    « S’il y a quelqu’un responsable de tout ce qui semble s’être passé à cette frontière, ce sont les mafias qui font le trafic d’êtres humains », a ajouté Sanchez.

    Vendredi, Sanchez a félicité les officiers des deux côtés de la frontière pour avoir combattu « une agression violente bien organisée ».

    Melilla, avec Ceuta, une autre enclave espagnole à l’ouest , sont les deux seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain.

    Ces dernières années, les deux villes ont régulièrement été le théâtre d’incidents frontaliers dramatiques impliquant des migrants tentant d’atteindre le bloc.

    Des milliers de personnes, principalement originaires d’Afrique subsaharienne, attendent souvent près des frontières avant d’avoir une chance d’entrer dans l’UE.

    DW, 25 juin 2022

    #Maroc #Espagne #Ceuta #Melilla #Migration

  • Migrants subsahariens: Des scènes choquantes à Melilla

    Migrants subsahariens: Des scènes choquantes à Melilla

    Maroc, Melilla, Espagne, migrants africains,

    Des scènes choquantes ont eu lieu ce vendredi à Melilla. De nombreux migrants subsahariens ont trouvé la mort en essayant d’entrer massivement dans cette enclave espagnole située au nord du Maroc. Les relations entre le Maroc et l’Espagne ne sont plus ce qu’elles étaient en mai 2021 et l’attitude des forces de l’ordre marocaines vis-à-vis des migrants

    qui tentent de forcer le passage vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla diffère également. De cette manière inhumaine entassés les uns sur les autres que les autorités marocaines ont arrêté des dizaines de migrants subsahariens devant la barrière. Vendredi 24 juin, une tentative de quelque 2.000 migrants subsahariens de passer à Melilla s’est terminée dans un bain de sang. Selon les autorités marocaines, au moins 18 migrants ont trouvé la mort et des dizaines d’autres blessés. Il y aurait aussi 140 blessés dans les rangs des forces de l’ordre marocaines. Les autorités de Melilla ont aussi fait part de 49 blessés parmi les agents espagnols.

    Les autorités marocaines ont dénoncé « un assaut marqué par l’usage de méthodes très violentes de la part des migrants », indiquant que les victimes ont trouvé la mort dans « des bousculades et en chutant de la clôture de fer ». Le Président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a lui aussi dénoncé un « assaut violent fomenté par des mafias qui font du trafic d’êtres humains ». Mais des images diffusées notamment par l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) montrent une réaction disproportionnée de la police marocaine. Les migrants arrêtés après l’assaut ont été entassés par terre les uns sur les autres. Les images, ainsi que le nombre élevé de victimes ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux.

    En mai 2021, environ 10.000 migrants ont réussi à entrer avec une facilité déconcertante dans l’autre enclave espagnole de Ceuta. Les observateurs avaient pointé du doigt un chantage migratoire exercé par Rabat sur Madrid pour infléchir sa position sur la question du Sahara occidental. Un mois auparavant, la crise entre les deux pays avait atteint son paroxysme suite à l’hospitalisation en Espagne du chef du Polisario Brahim Ghali.

    En mars dernier, quelque 2.000 migrants ont pris d’assaut l’enclave de Melilla. C’était juste avant l’annonce de la réconciliation entre les deux pays, le 18 mars, avec l’appui apporté par le gouvernement espagnol au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental occupé. Entre autres motifs avancés par Pedro Sanchez pour expliquer ce revirement historique dans la position de l’Espagne, la volonté de s’assurer la coopération de Rabat sur la question migratoire. La décision a provoqué une grave crise entre Madrid et Alger, cette dernière ayant notamment procédé le 8 juillet dernier à la suspension du traité d’amitié de bon voisinage et de coopération signé avec l’Espagne en 2002, en sus d’autres restrictions d’ordre économique.

    L’Algérie est un partenaire économique important pour l’Espagne qui lui vendait avant la crise sanitaire de Covid-19 pour 3 milliards de dollars de marchandises, et surtout son principal fournisseur de gaz (45 % de ses besoins). Mais il semble que c’est la question migratoire qui a pesé dans la balance, l’essentiel des migrants qui atteignent les côtes espagnoles ou ses enclaves provenant du Maroc. Avec ce que ses forces de l’ordre ont fait ce vendredi aux migrants à Melilla, le Maroc est en passe de remplir sa part du contrat.

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi libre, 26 juin 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #MigrantsAfricains

  • Marocleaks : 20 000 dollars pour un article sur Mohamed VI

    Maroc, Sahara Occidental, Etats-Unis, Richard Miniter, Lobbying, Al Qaïda, Mohammed VI, Printemps Arabe,

    « Seuls deux hommes peuvent sauver le Maroc maintenant et sauver la promesse du printemps arabe. L’un est le roi du Maroc, l’autre le président des États-Unis. Pendant des années, la principale force libérale a été le roi lui-même. Mohammed VI est un jeune dirigeant raffiné qui est aussi à l’aise en français qu’en arabe, dans les sphères européennes et arabes. Cela lui a donné la capacité unique de défendre les cultures traditionnelles et tribales tout en voyant la sagesse de développer une économie diversifiée et moderne basée sur l’accomplissement individuel ».

    Cette affirmation texte appartient au journaliste américain Richard Miniter, un auteur qui se décrit comme « journaliste d’investigation et auteur à succès ». Il a été publié le 25 avril 2012 sur le magazine Forbes sous le titre de « Le printemps arabe est-il mauvais pour les investisseurs ? ». Miniter n’a ménagé aucun effort en vue de redorer l’image du roi du Maroc à un moment où le vent du « Printemps Arabe » menaçait les régimes dictatoriaux dans le monde arabe. Pour mériter le cadeau qu’Ahmed Charaï lui avait promis : 20.000 dollars.

    Selon un email envoyé le 3 novembre 2010, Richard Miniter avait déjà effectué une visite dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf à l’invitation du Front Polisario. Après son recrutement par la DGED, il sera chargé de la mission d’écrire sur les prétendus liens du mouvement sahraoui avec Al Qaïda.

    Son manque de professionnalisme et son allégeance aveugle à la DGED lui a valu une punition de la part du Groupe de l’Institut Hudson. La raison? Son analyse sur les élections marocaines de 2011 qui ont permis aux islamistes d’accéder au pouvoir. « Malgré les nombreux rappels adressés à l’éditeur qui sont restés sans réponse à ce jour de votre part, concernant l’analyse que vous avez traitée dans la publication des statistiques relatives aux élections législatives au Maroc, engageant les autorités américaines sans preuve convaincante, nous vous notifions par la présente qu’une décision a été prise par le conseil d’administration de suspendre notre collaboration, à titre disciplinaire, pour une durée de trois mois, à compter du 1er janvier 2012 jusqu’au 30 mars 2012 », lui avait écrit Weinstein Kenneth, président du groupe.

    Miniter demande, alors, une indémnisation à son contact marocain dans un email daté du 21 janvier 2012 dont voici le texte:

    De : Richard Miniter rminiter@gmail.com
    À : Ahmed charai ahcharai2005@yahoo.fr
    Envoyé le : Samedi 21 Janvier 2012 20h32
    Objet :

    Ahmed,

    Vous savez combien je vous respecte et combien je vous fais confiance… MAIS l’article que j’ai publié le 26 octobre dans le Hudson Institute m’a créé un sérieux problème (voir ci-dessous le courriel du président du Hudson Institute).

    Une décision disciplinaire du conseil d’administration de l’Institut a été prise pour arrêter ma collaboration en tant que membre et rédacteur en chef de l’Institut Hudson pendant 3 mois. La raison était le fait que j’ai utilisé l’expression suivante dans mon article (et comme vous le savez je n’avais AUCUN document pour justifier cette expression). « Selon une ANALYSE CONFIDENTIELLE D’UNE SOURCE AMÉRICAINE FIABLE…. Le RNI, devrait commander au moins 12% du vote…. Le PJD islamiste, ne devrait pas élargir sa part de la chambre basse du parlement »……
    Le résultat : Le PJD est arrivé en tête, remportant 107 des 395 sièges… C’est une véritable claque pour ma crédibilité Ahmed.

    Nina essaie de rétablir la confiance du conseil d’administration à mon égard. MAIS, je vais définitivement perdre plus de 60 000 dollars sur 3 mois.

    Ahmed, je serai à Paris les 30 et 31 janvier pour une conférence. J’ai besoin de votre aide pour me sortir de cette situation.

    A l’instar des autres journalistes invités au Maroc, la DGED payait ses réservations des chambres dans les hôtels les plus luxueux au Maroc en plus des billets aller-retour dans la classe business:

    #Maroc #Marocleaks #EtatsUnis #RichardMiniter #Lobbying #MohammedVI #Forbes

  • Maroc: Du nucléaire pour la production d’électricité?

    Maroc: Du nucléaire pour la production d’électricité?

    Maroc, électricité, énergie nucléaire, Algérie, Maghreb,

    Est-ce une course à l’atome au Maghreb ? Le Maroc se lancerait dans la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire. Cette annonce faite par le ministre marocain de la Transition énergétique risque de susciter l’intérêt d’Alger, qui pourrait être tentée de suivre les traces de son voisin.

    Ce n’est pas la première fois qu’on le dit, mais cette fois c’est sérieux : le Maroc s’apprête à miser sur l’énergie nucléaire. C’est ce qu’a annoncé au début du mois Leila Benali, la ministre de la Transition énergétique devant la Chambre des conseillers (Sénat marocain). « Le Maroc a investi dans le solaire et l’éolien et envisage maintenant de le faire dans le nucléaire pour répondre à ses besoins futurs en électricité », a déclaré la ministre. « Maintenant, une décision nationale doit être prise pour commencer à produire de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire », a-t-elle ajouté.

    Le ministère dirigé par Benali a déjà publié un rapport sur l’option nucléaire en 2015 qui a été consigné dans les tiroirs. Aujourd’hui, la ministre l’a dépoussiéré et l’a mis à jour. « Le document comprend des recommandations pour opter pour le nucléaire, de l’infrastructure à la législation nécessaire », a-t-elle révélé dans son intervention.

    Depuis 2009, le Maroc dispose d’un petit réacteur nucléaire de deux mégawatts dans la forêt de Maâmora, près de Rabat, dans le cadre d’un projet de recherche convenu avec les États-Unis en 1980. Il y a un mois, le 14 mai, la ministre marocaine avait déjà signé un protocole d’accord sur la coopération en matière d’énergie avec son homologue saoudien, le prince Abdulaziz bin Salman. Le mémorandum d’entente annonce que les deux pays développeront des projets de conception, de construction et d’exploitation de centrales nucléaires, ainsi que de gestion des déchets générés par cette industrie.

    Rafael Grossi, directeur de l’AEIA, s’est rendu à Rabat le 20 juin et a rencontré la ministre Benali. A l’issue de la réunion, il a déclaré : « L’expérience du Maroc en matière de science nucléaire est un atout précieux pour le développement du pays. » « Le débat a porté sur l’économie marocaine, les perspectives de l’énergie nucléaire et les petits réacteurs modulaires » Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi les autorités marocaines sont désormais prêtes à franchir le pas. La fermeture par l’Algérie, en octobre, du gazoduc Maghreb-Europe, qui passait par son territoire avant d’aboutir à Cadix, leur a donné un certain sentiment de vulnérabilité énergétique, malgré le fait que le pourcentage de gaz algérien qu’ils consommaient était très faible.

    Avant que le gazoduc ne soit coupé, le Maroc avait déjà fait un gros pari sur les énergies renouvelables. Le gouvernement du pays prévoit qu’en 2030, 52% de l’électricité qu’il produira devra provenir d’énergies renouvelables.Se lancer dans l’aventure du nucléaire civil nécessite, en revanche, un soutien politique international sans obstacles. A cet égard, le Maroc a approfondi ses liens avec les Etats-Unis, notamment depuis fin 2020, après la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, et depuis, il entretient une relation étroite avec Israël.

    La presse officielle marocaine a réagi positivement à l’annonce de Benali. « Compte tenu de notre dépendance énergétique, du faible prix du kWh et du caractère exceptionnel des incidents survenus, la balance penche nettement en faveur de l’option nucléaire », écrit Adnan Debbarh, chroniqueur pour Le 360 un site d’information considéré comme proche du palais royal. Cette même presse indique que la première centrale nucléaire serait installée au bord de l’Atlantique, près de Sidi Boulbra, à une centaine de kilomètres au nord d’Agadir sans indiquer quelle entreprise pourrait la construire. Il y a plus de dix ans, l’entreprise publique russe Atomstroyexport a publiquement exprimé son intérêt pour la construction d’une centrale nucléaire au Maroc, mais dans la situation actuelle de guerre en Ukraine, il semble exclu que ce soit elle qui soit choisie.

    Le principal risque de l’option nucléaire civile marocaine n’est pas qu’elle finisse par être dénaturée pour en faire une option militaire, comme l’Iran est soupçonné de le faire, car le Maroc n’a pas cette tentation. Le plus grand risque est que son voisin algérien veuille suivre la même voie et que les deux « poids lourds » du Maghreb se mettent au nucléaire. À plusieurs reprises, les ministres algériens de l’énergie ont évoqué la possibilité de construire des centrales, mais ces projets ne se sont jamais concrétisés. En 1991, les États-Unis ont soupçonné l’Algérie de vouloir fabriquer la bombe atomique avec l’aide de la Chine. Un rapport du Cesid (services secrets espagnols), révélé par « El País », confirmait cette hypothèse. Washington demande alors à plusieurs pays amis, dont la France et l’Espagne, gouvernée par Felipe González, de prendre des dispositions avec Alger pour l’en dissuader. « Il ne s’agissait pas d’un atome militaire », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Salah Dembri, lors de la cérémonie d’inauguration en 1993 du petit réacteur nucléaire expérimental d’Es Salam, construit avec l’aide de la Chine à Birine, à environ 250 kilomètres au sud d’Alger.

    Si l’annonce marocaine se réalise et que l’Algérie imite son exemple, l’Espagne verra que tant au nord – la France a prévu de construire 14 petites centrales nucléaires – qu’au sud, cette énergie connaît une résurgence, alors qu’en Espagne un moratoire nucléaire est en vigueur depuis 1983.

    Par Ignacio Cembrero

    El Confidential, 23 juin 2022

    #Maroc #Algérie #Energienucléaire #Electricité

  • Thomas Sankara, l’homme intègre, le « Che » africain

    Thomas Sankara, l’homme intègre, le « Che » africain

    Thomas Sankara, Burkina Faso, Afrique, colonialisme, dette,

    Thomas Sankara était un « Peul-Mossi » issu d’une famille catholique. Son père était un ancien combattant et prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Il a fait ses études secondaires d’abord au Lycée Ouézin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, puis à partir de la seconde et jusqu’au bac à Ouagadougou, au PKM, le Prytanée militaire du Kadiogo. Il a suivi une formation d’officier à l’Académie militaire d’Antsirabé, à Madagascar, et devint en 1976 commandant du CNEC, le Centre national d’entraînement commando, situé à Pô, dans la province du Nahouri, à 150 km au sud de la capitale. La même année, il se lie d’amitié avec Blaise Compaoré lors d’un stage d’aguerrissement au Maroc. Ensemble, ils fondent le Regroupement des officiers communistes (ROC) dont les autres membres les plus connus sont Henri Zongo, Boukary Kabore et Jean-Baptiste Lingani.

    En septembre 1981, il devient secrétaire d’État à l’information dans le gouvernement du colonel Saye Zerb. Il démissionne le 21 avril 1982, déclarant « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! » Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d’État portait au pouvoir le médecin militaire Jean-Baptiste Ouédraogo dont Sankara devint le Premier ministre en janvier 1983, mais il fut limogé et mis aux arrêts le 17 mai, après une visite de Guy Penne, conseiller de François Mitterrand. Le lien entre la visite de Guy Penne et l’arrestation de Sankara reste sujet à controverse, même si les soupçons d’une intervention française restent forts.

    Un nouveau coup d’État, le 4 août 1983 plaça Thomas Sankara à la présidence. Il définit son programme comme anti-impérialiste, en particulier dans son « Discours d’orientation politique », écrit par Valère Somé. Son gouvernement retira aux chefs traditionnels les pouvoirs féodaux qu’ils continuaient d’exercer. Il créa les CDR (Comités de défense de la révolution), qui hélas eurent toutefois tendance à se comporter en milice révolutionnaire faisant parfois régner une terreur peu conforme aux objectifs de lutte contre la corruption.

    Pour définir l’essentiel de ses idées et de ses actions politiques, Thomas Sankara était en premier lieu un des chefs du Mouvement des non-alignés, les pays qui durant la Guerre froide ont refusé de prendre parti pour l’un ou l’autre des deux blocs. Il a beaucoup côtoyé des militants d’extrême gauche dans les années 1970 et s’est lié d’amitié avec certains d’entre eux. Il a mis en place un groupe d’officiers clandestin d’influence marxiste : le Regroupement des officiers communistes (ROC).

    Dans ses discours, il dénonce le colonialisme et le néo-colonialisme, notamment de la France, en Afrique (essentiellement les régimes clients de Côte d’Ivoire et du Mali, lequel Mali lance plusieurs fois, soutenu par la France, des actions militaires contre le Burkina Faso). Devant l’ONU, il défend le droit des peuples à pouvoir manger à leur faim, boire à leur soif, être éduqués.

    Pour redonner le pouvoir au peuple, dans une logique de démocratie participative, il créa les CDR (Comités de défense de la révolution) auxquels tout le monde pouvait participer, et qui assuraient la gestion des questions locales et organisaient les grandes actions. Les CDR étaient coordonnés dans le CNR (Conseil national de la révolution). Les résultats de cette politique sont sans appel : réduction de la malnutrition, de la soif (construction massive par les CDR de puits et retenues d’eau), des maladies (grâce aux politiques de « vaccinations commandos », notamment des enfants, burkinabé ou non) et de l’analphabétisme (l’analphabétisme passe pour les hommes de 95% à 80%, et pour les femmes de 99% à 98%, grâce aux « opérations alpha »).

    Thomas Sankara est aussi connu pour avoir rompu avec la société traditionnelle inégalitaire burkinabé, par l’affaiblissement brutal du pouvoir des chefs de tribus, et par la réintégration des femmes dans la société à l’égal des hommes. Son programme révolutionnaire se heurta à une forte opposition du pouvoir traditionnel qu’il marginalisait ainsi que d’une classe moyenne peu nombreuse mais relativement puissante. Il a aussi institué la coutume de planter un arbre à chaque grande occasion pour lutter contre la désertification.

    Il est le seul président d’Afrique (et sans doute du monde) à avoir vendu les luxueuses voitures de fonctions de l’État pour les remplacer par de basiques Renault 5. Il faisait tous ses voyages en classe touriste et ses collaborateurs étaient tenus de faire de même. Il est célèbre aussi pour son habitude de toujours visiter Harlem (et d’y faire un discours) avant l’ONU. Il est considéré par certains comme le Che Guevara africain.

    Extrait du discours de Thomas Sankara à la vingt-cinquième Conférence au sommet des pays membres de l’OUA ; Addis-Abeba, le 29 juillet 1987 :

    « […] Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont ceux-là qui nous ont colonisés, ce sont les mêmes qui géraient nos États et nos économies, ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer. La dette, c’est encore le néo colonialisme où les colonisateurs se sont transformés en assistants techniques ; en fait, nous devrions dire qu’ils se sont transformés en assassins techniques ; et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement. Des bailleurs de fond, un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le bâillement suffisait à créer le développement chez les autres. Ces bailleurs de fond nous ont été conseillés, recommandés ; On nous a présenté des montages financiers alléchants, des dossiers ; nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans, même plus c’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus. Mais la dette, c’est sa forme actuelle, contrôlée, dominée par l’impérialisme, une reconquête savamment organisée pour que l’Afrique, sa croissance, son développement obéisse à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangères, faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier c’est-à-dire l’esclave tout court de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer les fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette, ce n’est pas une question morale, ce n’est point une question de ce prétendu honneur de rembourser ou de ne pas rembourser.

    Monsieur le président,

    Nous avons écouté et applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu’elle est intervenue ici même : elle a dit, elle qui est Européenne, que toute la dette ne peut pas être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fond ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons en sûrs également. Ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme dans un casino ; quand ils gagnaient, il n’y avait point de débat, maintenant qu’ils ont perdu au jeu, ils nous exigent le remboursement ; et l’on parle de crise. Non ! Monsieur le Président, ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu, la vie continue ! Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer ; nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette ; nous ne pouvons pas payer la dette parce que, au contraire, les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer c’est-à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été versé ; on parle du plan Marshall qui a refait l’ Europe Économique mais ne parle jamais du plan Africain qui a permis à l’Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leur économie était menacée, leur stabilité était menacée. Qui a sauvé l’Europe ? C’est l’Afrique ! On en parle très peu, on en parle si peu que nous ne pouvons pas nous être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas Chanter nos louanges, nous avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l’Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du Nazisme.

    La dette, c’est aussi la conséquence des affrontements et lorsque l’on nous parle aujourd’hui de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n’est pas venue de façon subite, la crise existe de tout temps et elle ira en s’aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leur droit face aux exploiteurs. Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus ; il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l’étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l’ Afrique ; il y a crise parce que face à richesses individuelles que l’on peut nommer, les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos, dans les bas quartiers ; il y a crise parce que les peuples partout refusent d’être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et l’exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s’inquiéter. On nous demande aujourd’hui d’être complices de la recherche d’un équilibre, équilibre en faveur des tenants du pouvoir financier, équilibre au détriment de nos masses populaires. Non, nous ne pouvons pas être complices, non, nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples, nous ne pouvons pas les accompagner dans leur démarche assassine.

    Monsieur le président,

    Nous entendons parler de club, club de Rome, club de Paris, club de partout. Nous entendons parler du groupe des cinq, du groupe des sept, du groupe des dix peut être du groupe des cent et que sais-je encore. Il est normal que nous créions notre club et notre groupe en faisant en sorte que dès aujourd’hui Addis Abeba devienne également le siège, le centre d’où partira le souffle nouveau : le club d’Addis Abeba. Nous avons le devoir aujourd’hui de créer le front uni d’Addis Abeba contre la dette. Ce n’est que de cette façon que nous pouvons dire aux autres qu’en refusant de payer la dette nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse, au contraire, c’est dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste, les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique mais ceux qui veulent exploiter l’Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe ; Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d’Addis Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saurait être payée. Et quand nous disons que la dette ne saurait être payée ce n’est point que nous sommes contre la morale, la dignité, le respect de la parole. Parce que nous estimons que nous n’avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n’y a pas la même morale. La bible, le coran, ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité ; il faudrait alors qu’il y ait deux éditions de la bible et deux éditions du coran.

    Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous parle de dignité, nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle de mérite de ceux qui payent et de perte de confiance vis à vis de ceux qui ne paieraient pas. Nous devons au contraire dire que c’est normal aujourd’hui, nous devons au contraire reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre, quand il vole, il ne commet qu’un larcin ou une peccadille tout jute pour survivre par nécessité. Les riches ce sont eux qui volent le fisc, les douanes et qui exploitent les peuples. Monsieur le président, ma proposition ne vise pas simplement à provoquer ou à faire du spectacle, je voudrais dire ce que chacun de nous pense et souhaite. Qui ici ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée ? Celui qui ne le souhaite pas, il peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à la banque mondiale payer ! Tous nous le souhaitons ! Je ne voudrais pas que l’on prenne la proposition du Burkina Faso comme celle qui viendrait de la part de jeunes sans maturité et sans expérience. Je ne voudrais pas non plus que l’on pense qu’il n’y a que les révolutionnaires à parler de cette façon. Je voudrais que l’on admette que c’est simplement l’objectivité et l’obligation et je peux citer pour exemples ceux qui ont dit de ne pas payer la dette, des révolutionnaires comme des non révolutionnaires, des jeunes comme des vieux. Je citerai par exemple Fidel Castro, il n’a pas mon âge même s’il est révolutionnaire mais je pourrais citer également François Mitterrand qui a dit que les pays africains ne peuvent pas payer, que les pays pauvres ne peuvent pas ; Je pourrais citer Madame le premier ministre de Norvège, je ne connais pas son âge et je m’en voudrais de le lui demander. Je voudrais citer également le président Félix Houphouët-Boigny. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence. » ( «Jeanne Aicha Ba a signé le 13 juillet 2009 un article bien documenté et une analyse fort didactique intitulé » Thomas Sankara, leader charismatique – ou le Che Guevara africain » ; il semble opportun de le publier ad integrum dans ce blog)

    Né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute Volta, actuel Burkina Faso, Thomas Sankara a fréquenté l’école primaire à Gaoua, a commencé ses études secondaires au Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo et est entré par la suite au Prytanée militaire du Kadiogo où il a obtenu son baccalauréat. Il a ensuite entrepris une carrière militaire, notamment au Madagascar où il est revenu de l’Académie Militaire d’Antisirabe (Madagascar) avec le grade de sous-lieutenant. Il a également fait un stage à l’école de parachutisme de Pau en France puis au centre de parachutiste de Rabat au Maroc. Au niveau de sa carrière politique, il a été nommé secrétaire d’état à l’information en 1981 sous le régime de Seye Zerbo, par la suite, il devient premier ministre sous la présidence de Jean-Baptiste Ouédraogo en 1983. Il a été en prison la même année à la suite de la visite de Jean-Christophe Mitterrand, le fils de François Mitterrand, qui était à l’époque le conseiller de son père en matière d’affaires Africaines. À la suite d’un coup d’état avec l’actuel président, Blaise Compaoré, il devient président le 4 août 1983 à l’âge de 33 ans. Lors de son premier anniversaire au pouvoir, il changea le nom du pays, de Haute Volta en Burkina Faso, il a également changé le drapeau et a écrit un nouvel hymne national.

    Thomas Sankara est sans aucun doute le personnage de l’histoire Burkinabé le plus connu et le plus populaire dans le monde. Au delà de son rôle, de ses actions et de son leadership, il est devenu une figure populaire et symbolique de l’histoire au Burkina Faso et est, autant considéré comme tel en Afrique et dans le monde. Il était un leader charismatique. Le fait qu’il était un guitariste et qu’il aimait les motocyclettes, des choses pourtant très simples, ont également contribué à son charisme. Grâce à sa politique, Thomas Sankara constituait un espoir pour le peuple Burkinabé et l’Afrique. La participation de plusieurs femmes à des postes ministériels, environ le quart, ainsi que, sa politique axée sur l’éducation, la santé, l’élimination de la corruption et de la famine, et enfin, le reboisement ont fait de lui quelqu’un d’intègre, un homme juste et droit. L’amélioration du statut des femmes était l’une des priorités de Sankara, ce qui était sans précédent en Afrique occidentale, à l’époque. La circoncision des filles a été interdite par son gouvernement, il condamnait également la polygamie, et faisait la promotion de la contraception. Son gouvernement a été le premier gouvernement africain à reconnaître le SIDA comme un fléau et constituant une menace importante pour l’Afrique.

    Thomas Sankara était un homme du peuple, accessible et simple, il se mêlait à la population sans aucun problème, il a même déjà été arbitre lors d’un match où son gouvernement jouait. De par ses activités, ses actions, ses discours et sa politique, Sankara était quelqu’un de troublant et de gênant. Il était dérangeant pour plusieurs personnes et pays, puisqu’il rejetait ce que la majorité des autres présidents faisait, approuvait ou prônait, comme la corruption ou la non reconnaissance des droits des femmes. En outre, contrairement à plusieurs chefs d’états, Sankara, ne croyait pas au fait que les pays industrialisés vont l’aider à développer son pays. Au contraire, pour lui, le développement du Burkina Faso se fera par la participation et le travail du peuple Burkinabè. Il prônait l’idée que le Burkina ne devait compter que sur lui-même et sa population. Il appartenait, sans aucun doute, au groupe de chefs africains qui ont voulu donner au continent africain en général et à leur pays en particulier une nouvelle dimension socio-économique. On le surnommait « Tom Sank », et il a souvent été comparé à Che Guevara, pour bien des africains, et sur plusieurs autres continents, il était considéré comme un Che Guevara africain.

    Thomas Sankara était un nouveau style de chef d’état. Il fascinait les gens et personne ne restait indifférent face à lui. C’est pourquoi il fut si aimé et si haï en même temps. Plusieurs années après sa disparition, le monde garde de lui l’image d’un leader intègre et modeste, qui a changé les mentalités de la majorité ses concitoyens et donné une certaine dignité à son pays. Une image et un idéal qui résistent encore au temps. On peut, donc dire que sa mort a été vraiment un échec pour ceux qui voulaient l’éteindre et éliminer son nom. Puisqu’elle a permis de donner un signal à la jeunesse africaine, qui se reconnaît en ce héros et leader et dont son courage, ses politiques, ses discours et ses actions guident plusieurs jeunes africains, qui sont l’espoir Africain de demain, et qui continuent de le percevoir comme quelqu’un qui pouvait freiner l’injustice et la misère en Afrique.

    Son entourage le décrit comme quelqu’un de taquin, d’amical, de chaleureux et d’humoristique. Dès fois lyrique et poétique, mais toujours égal à lui-même : un nationaliste jusque dans l’âme, un idéaliste, un organisateur, un rigoureux, un méticuleux, un audacieux, un provocateur, un homme imprévisible et attachant qui aimait les belles choses et la simplicité. Cependant, une des limites de ses actions était de vouloir prendre les biens des riches pour les distribuer aux pauvres. Il n’a pas, non plus, remarqué le scepticisme croissant de son peuple à l’égard de ses politiques. À cet effet, le fait d’obliger un ministre à payer sa facture d’électricité a été dénoncé par plusieurs personnes. Même si la majorité du peuple burkinabé était d’accord avec ses politiques, ils ne trouvaient pas cette attitude correcte et digne d’un chef d’état. Sa totale confiance envers son entourage, sa rapidité dans ses actions, ses discours et ses politiques ont en bout de ligne mené à sa perte. {…].

    La popularité de Thomas Sankara se situait principalement dans ses nombreuses qualités charismatiques, son énergie communicative, son exigence envers lui-même et les autres, son intelligence, sa créativité, sa sincérité, sa loyauté, sa conception de la justice, l’ampleur du travail qu’il était capable d’accomplir, et sa simplicité. Son leadership, quant à lui, résidait au niveau de sa capacité à faire adhérer les gens à ses actions, en restant toujours très proche des populations, tant sur le plan physique qu’au niveau du langage qu’il utilisait, sa capacité à entraîner son entourage et son peuple, mais aussi son intégrité, ses convictions et sa modestie.

    D’après Bruno Jaffré (1997), les seuls véritables reproches qu’on pourrait lui faire, c’est d’avoir accédé au pouvoir trop jeune, d’avoir voulu aller très vite dans une situation pourtant extrêmement difficile en regard des objectifs que la révolution s’était fixés, et des moyens disponibles pour les atteindre. Ce qu’on peut lui reprocher c’est finalement d’avoir été trop humain, trop sensible. C’est son humanité qui l’avait amené à pousser son entourage à s’atteler à une tâche que beaucoup pensaient inhumaine car trop ambitieuse. Thomas Sankara a été assassiné à la suite d’un coup d’état organisé par son ancien compagnon et l’actuel président, Blaise Compaoré, le 15 Octobre 1987. Toute la population Burkinabé défilait dans les rues pour le pleurer et les jours suivants, des milliers de personnes se sont rendus sur sa tombe en condamnant ainsi l’assassinat. »

    Jeanne Aicha Ba

    Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara fut assassiné lors d’un coup d’État organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré. Plusieurs jours plus tard, il fut déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. L’absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabé a été condamnée en 2006 par le Comité des droits de l’homme des Nations unies. Par ailleurs, le gouvernement français de l’époque (cohabitation entre Jacques Chirac qui gouverne et François Mitterrand qui préside) est soupçonné d’avoir joué un rôle dans cet assassinat, ainsi que plusieurs autres gouvernements africains gouvernés par des amis de la France. Kadhafi pourrait être impliqué et avoir utilisé ce meurtre pour redevenir un ami de la France. C’est notamment la famille Sankara, réfugiée en France, qui soutient ces hypothèses. Cette hypothèse est aussi soutenue par la plupart des historiens africains. Si la décision de condamner l’absence d’enquête constitue une première mondiale dans la lutte contre l’impunité, elle est insuffisante, puisqu’elle n’a conduit à aucune condamnation. Thomas Sankara a été proclamé modèle par la jeunesse africaine au forum social africain de Bamako 2006 et au forum social mondial de Nairobi en 2007. L’ancien président Thomas Sankara est enterré à Ouagadougou ; le cimetière est devenu aujourd’hui un lieu de manifestations pour ceux qui partagent encore ses idéaux. Depuis le 28 décembre 2005, une avenue de Ouagadougou porte son nom, dans le cadre plus général d’un processus de réhabilitation décrété en 2000 mais bloqué depuis lors. Diverses initiatives visent à rassembler les sankaristes et leurs sympathisants, notamment par le biais d’un comité national d’organisation du vingtième anniversaire de son décès, de célébrer sa mémoire, notamment par des manifestations culturelles, tant au Burkina Faso qu’en divers pays d’implantation de l’immigration burkinabé. En 2007, pour la première fois depuis 19 ans, la veuve de Thomas Sankara, Mariam Serme Sankara a pu aller se recueillir sur sa tombe présumée lors des 20es commémorations à Ouagadougou. En conclusion,

    Thomas Sankara, l’homme intègre Rarement président africain aura autant incarné la dignité et la volonté d’exister d’un continent meurtri. Assassiné le 15 octobre 1987, le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, est devenu un symbole et une référence politique majeure pour toute l’Afrique. Les points cardinaux de son action, durant ses quatre ans au pouvoir, étaient : lutte contre la corruption, développement autocentré, condamnation du néocolonialisme, éducation et santé pour tous, émancipation des femmes. Dans tous ces domaines, il a adopté des mesures concrètes comme la réduction du train de vie de l’Etat (à commencer par le sien propre), interdiction de certaines importations de produits alimentaires et réforme agraire, campagnes de scolarisation et de vaccinations (pour lesquelles il a reçu les félicitations de l’Organisation mondiale de la santé), dénonciation des ingérences françaises, interdiction de la polygamie et lutte contre l’excision, etc. Les commémorations du vingtième anniversaire du coup d’Etat au cours duquel Sankara a trouvé la mort se sont accompagnées de conférences, de débats et de concerts au Burkina Faso mais aussi en Europe et dans le reste du monde. Ces manifestations se sont déroulées malgré les menaces de mort lancées contre certains de leurs animateurs. En mai 2006, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a fait droit à une demande de la Campagne internationale justice pour Sankara (CIJS), effectuée au nom de la veuve de Thomas Sankara, Mariam. Il a demandé au gouvernement actuel du Burkina Faso, issu du putsch de 1987, de diligenter une enquête indépendante sur les circonstances de la mort de Sankara et de rectifier son certificat de décès (il porte toujours la mention » mort naturelle « ). La procédure se poursuit et une pétition de soutien à la CIJS est lancée. La décision du Comité représente une première dans la lutte contre l’impunité concernant les auteurs de coups d’Etat.

    Cet article a été construit à partir de plusieurs références écrites et de plusieurs sites internet, dont le Forum Des Peuples En Lutte, dit encore Forum d’informations sur les peuples sans état, pour le respect des Droits de l’Homme et de la Démocratie.

    Bibliographie : Jaffré Bruno : « Biographie de Thomas Sankara : La patrie ou la mort, nous vaincrons », Paris/Montréal, l’Harmattan, 1997.

    Source : « FRENCH DOCTOR » POUR SIX MOIS, 17 mai, 2010

    #BurkinaFaso #ThomasSankara #Afrique #Dette #Colonialisme

  • Maroc: Un massacre sous le silence complice des pays africains

    Maroc, migration, Sénégal, pays africains, Espagne, Melilla,

    Regardez le traitement inhumain réservé aux victimes de la sauvagerie du Makhzen entre blessés et tués. Ce sont les bourreaux qui évacuent les victimes en les traînant comme du bétail ! Observez le harnachement des policiers pour s’en prendre à des misérables comme au Rif !

    Du côté espagnol, le saut vers la clôture de Melilla a fait 106 blessés légers, 49 agents de la Guardia Civil et 57 migrants, dont trois ont dû être transférés à l’hôpital régional.

    Le nombre de morts lors de la tentative de saut de la barrière de Melilla vendredi dernier est passé à 37, a confirmé aux médias espagnols l’ONG Caminando Fronteras, qui suit l’état de santé des dizaines de migrants blessés, victimes d’une avalanche et de la violence des forces de sécurité marocaines et espagnoles. Selon Helena Maleno, porte-parole de l’organisation, il est très probable que le nombre de morts augmente dans les prochaines heures.

    Les policiers marocains poursuivaient le tabassage des migrants africains bien après que ces derniers se sont rendus et gisent au sol, pour certains morts !

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    Des sources de la délégation gouvernementale à Melilla ont confirmé que ce matin, il n’y a pas eu de tentatives d’entrée irrégulière dans la ville, contrairement aux deux jours précédents, où il y a eu une pression migratoire sur la barrière frontalière.

    Ce vendredi, quelque 2 000 migrants d’origine subsaharienne ont tenté d’entrer à Melilla à partir de 6 h 40, dont environ 500 ont réussi à atteindre le poste frontière de Barrio Chino, où ils ont brisé l’une des portes d’accès et 133 au total sont entrés dans la ville de manière irrégulière.

    Du côté espagnol, le saut vers la clôture de Melilla a fait 106 blessés légers, 49 agents de la Guardia Civil et 57 migrants, dont trois ont dû être emmenés à l’hôpital régional. Un millier de migrants ont été arrêtés lors de l’opération marocaine, selon des sources sécuritaires à Rabat.

    Les événements de Melilla constituent le pire drame migratoire sur une frontière terrestre avec l’Europe. Avec le silence complice des pays d’origine de ces jeunes africains, notamment du Sénégal auquel appartient une majorité des victimes. Le président Macky Sall passe souvent ses vacances au Maroc aux frais du Makhzen. C’est le prix de son silence et de ses conspirations contre l’Algérie et le Sahara Occidental au sein de l’Union Africaine.

    #Maroc #Espagne #Migration #Melilla #UE #Sénégal #Guinée #Mali #Niger

  • Maroc : Les migrants subsahariens massacrés par la police

    Maroc : Les migrants subsahariens massacrés par la police

    Maroc, migration, subsahariens, Afrique, Ceuta, Melilla, Espagne, Union Européenne,

    Le bilan officiel fait état de 18 morts, mais des sources locales, comme la branche Nador de l’Association Marocaines des Droits de l’homme parlent de presque 30 morts, alors que según l’activiste humanitaire espagnole Helena Maleno confirme le chiffre de 27 morts. « Les victimes de la tragédie de Melilla ont agonisé pendant des heures sous le cruel regard de ceux qui devaient les secourir et ne l’ont pas fait », accuse-t-elle.

    « De cette manière violente et inhumaine les migrants ont été traités hier à la barrière de Barrio Chino à Nador. Abandonnés sans secours sur place pendant des heures, ce qui a augmenté le nombre de décès », rapporte l’AMDH-Nador.

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    L’AMDH Nador alerte contre toute tentative d’ordonner l’enterrement rapide des migrants subsahariens et soudanais décédés hier sans l’ouverture d’une enquête globale, rapide et sérieuse pour déterminer les responsabilités et les manquements.

     » Et nous n’avons pas le droit de massacrer des gens qui veulent quitter notre pays. Surtout que, quand les choses tournent mal avec l’Espagne, le régime marocain utilise ces pauvres hères pour intimider Madrid et Bruxelles, et quand elles vont bien, il les réprime », dénonce le journaliste marocain Ali Lmrabet.

    Certes, les responsables de ce massacre sont les autorités marocaines, mais aussi ceux qui font pression pour que le Maroc fasse le sale boulot d’être le gendarme de l’Europe. Les mêmes qui ont créé les conditions pour maintenir l’Afrique sous-développée et affamée. Ceux-là même qui critique la Chine et la Russie et se taisent lorsqu’il s’agit du Maroc.

    #Maroc #Migration #Ceuta #Melilla #UE #Subsahariens

  • Maroc : A propos de la double crise avec l’UE et l’ONU

    Maroc : A propos de la double crise avec l’UE et l’ONU

    Maroc, ONU, UE, Algérie, Sahara Occidental,

    « L’Algérie défend, concernant la question du Sahara occidental, une position de principe de justice, et de légalité internationale, ne cédant ni aux crises, ni aux chantages, ni aux pressions étrangères, ni à l’usure du temps. On a toujours dit que c’est une question de décolonisation et qu’à ce titre, la communauté internationale dans le respect de la doctrine onusienne en matière de décolonisation, doit assumer ses responsabilités »

    De statut de « conflit oublié » qui réapparaît sur les radars de l’Onu à l’occasion du renouvellement du mandat de la MINURSO, on constate un regain d’intérêt pour la question du Sahara occidental. Quels en sont, selon vous, les facteurs explicatifs ?

    Plus qu’un regain d’intérêt, il s’agit à mon avis d’une prise de conscience bien réelle de certaines dimensions inhérentes à ce conflit né, faut-il le rappeler, d’une entreprise de colonisation, voilà plus de 40 ans, d’un territoire non autonome au sens de la résolution 1514 de décembre 1960 de l’Assemblée générale des Nations unies, portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux peuples et pays sous domination coloniale.

    En reprenant chronologiquement le fil des événements qui ont marqué cette question au cours des six derniers mois, on distingue deux développements significatifs.

    Le premier est l’arrêt rendu le 10 décembre 2015 par la Cour de justice de l’Union européenne qui annule partiellement, en ce qu’il s’applique au territoire du Sahara occidental, l’accord agricole UE-Maroc signé en 2012. En conformité avec les résolutions de l’Onu, la Cour a estimé que le Conseil de l’UE aurait dû exclure le Sahara occidental des accords d’échange qui régissent les deux parties.

    Il s’agit d’un fait majeur qui vient consacrer d’âpres batailles juridiques qui ont opposé le Front Polisario au Maroc ces 40 dernières années, visant à remettre en cause la validité, au plan légal, des accords signés par le Maroc sur un territoire sur lequel aucun État au monde ne lui reconnait une quelconque souveraineté.

    Cette décision prononcée par une instance judiciaire indépendante a donné lieu à une réaction prévisible qui, à travers une dramatisation outrée propre la stratégie de la tension que nous connaissons bien, qui vise à influer sur le déroulement normal des procédures internes propres à l’UE. Et ce, dans le but de disqualifier le Front Polisario en tant que sujet de droit international pouvant ester le Conseil de l’Union européenne en justice.

    Le deuxième fait marquant de ces derniers mois est la crise entre le Maroc et le système de Nations unies, consécutive à la visite du Secrétaire général de l’Onu dans les camps de réfugiés sahraouis et en territoire sahraoui libéré, en mars 2016, laquelle visait à relancer les négociations directes entre les deux parties au conflit afin de parvenir à une solution juste et mutuellement acceptable qui permet l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    En fait, Ban Ki-Moon fait les frais d’une constante dans la démarche de la partie marocaine : gagner du temps, perpétuer le statu quo, épuiser la patience des Sahraouis et la mobilisation de la communauté internationale.

    En se rendant pour la toute première fois dans les camps de réfugiés et à Bir-Lahlou (zone libérée), M. Ban Ki-Moon a pris conscience de la souffrance et le déni de justice et de droit dont souffre la population sahraouie qui ne trouve pas d’auditoire pour s’exprimer sur la dure réalité de son quotidien.

    Dans une réaction humainement compréhensible et juridiquement fondée, le Secrétaire général de l’Onu a qualifié la présence du Maroc sur le territoire sahraoui d’ »occupation » pour « relever l’incapacité des réfugiés sahraouis à retourner dans les territoires occupés dans des conditions leur permettant d’exprimer librement leurs revendications ». Cette déclaration lui a valu d’être traité de tous les noms, y compris d’être « instrumentalisé » par les ennemis de l’intégrité territoriale marocaine, comme si le statut définitif du Sahara occidental était « un dossier clos ».

    Je tiens à signaler que le terme « occupation » qui offusque tant est repris dans plusieurs résolutions datant d’avant l’arrivée de M. Ban Ki-Moon. Je citerai par exemple la Résolution 34/37 (1979) et la Résolution 35/19 (1980) où le Maroc est clairement et expressément identifié comme puissance occupante.

    Je rappelle que ce même pays a déjà tenté, en vain, de débarquer l’envoyé personnel du SG/Onu, Christopher Ross en 2012. La stratégie déployée par la diplomatie parallèle pour marginaliser Ross a été révélée par une abondante littérature mise en ligne par le hacker Chris Coleman, parmi laquelle un fax daté du 22 août 2014, dans lequel le représentant du Maroc auprès des Nations unies à New York, évoque une stratégie pour « isoler Ross, l’affaiblir et le pousser dans ses derniers retranchements au sujet de son agenda caché sur le Sahara ».

    Plus directement, la cause de cette situation réside dans la passivité du Conseil de sécurité et son refus, du fait de l’opposition déterminée d’un membre permanent, d’assumer pleinement ses responsabilités. Cette attitude encourage le Maroc dans son intransigeance et dans son refus d’appliquer les résolutions de l’Onu sur le Sahara occidental.

    Elle augmente les risques et le coût pour les parties prenantes, pour la région et pour la communauté internationale.

    Comment décryptez-vous la résolution que vient d’adopter le Conseil de Sécurité après l’expulsion par le Maroc des experts civils de la MINURSO ?

    L’Algérie y a surtout vu un engagement renouvelé de la part du Conseil de Sécurité pour un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies ainsi que des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Nous appelons à la mise en œuvre scrupuleuse de cette résolution qui réaffirme son appui au secrétaire Général de l’ONU, à son envoyé personnel et à sa représentante spéciale et qui souligne de manière, on ne peut plus claire, l’urgence pour la MINURSO d’accomplir pleinement son mandat et d’exercer la plénitude de ses fonctions.

    Qu’est-ce qui explique, selon vous, la réaction timorée du Conseil de sécurité suite à l’expulsion de la composante civile de la MINURSO ?

    Avant de répondre à votre question il me faut d’abord rappeler le contexte de cette décision que le Maroc présente comme « irréversible » et ses motivations sous-jacentes.

    Prenant prétexte des propos du Secrétaire général de l’Onu, le Maroc a expulsé les experts civils de la MINURSO, défiant ainsi l’autorité du Conseil de sécurité, seul habilité à modifier le mandat de cette mission et violant par la même ses obligations …..

    Ce faisant, le Maroc veut préempter tout élargissement du mandat de la MINURSO au monitoring des droits de l’homme et de rendre caduque l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui est la raison d’être de la MINURSO.

    Pour le Maroc, accepter l’élargissement du mandat de la MINURSO ou la mise en place d’un mécanisme indépendant de surveillance des droits de l’homme est synonyme de « timorisation » du dossier et, in fine, est le prélude à une indépendance programmée de cette région en plus de confirmer, s’il le fallait, aux yeux du monde, qu’il n’a aucune espèce de souveraineté sur un territoire occupé.

    Pour répondre à votre question, vous avez constaté que le Conseil était divisé et que 5 membres n’ont pas voté en faveur de la résolution, estimant que le texte n’est pas en adéquation avec la gravité de la crise entourant la MINURSO car ils estiment que l’expulsion de la composante civile et politique compromet sérieusement le mandat de la Mission et que la restauration immédiate de sa pleine fonctionnalité est d’une urgente nécessité.

    Le Maroc évoque constamment un conflit régional dont la responsabilité incombe à l’Algérie…

    C’est de la pure propagande ! Je tiens à souligner que l’Algérie a toujours soutenu le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, une position conforme aux principes de la Charte des Nations unies. La constance et la cohérence de sa position s’inscrivent dans le droit fil de son propre cheminement historique et elle se recoupe avec la position de la communauté internationale qui, dans son ensemble, considère qu’il s’agit d’un territoire non autonome inscrit sur les tablettes de l’Onu depuis 1963, que le statut définitif de ce territoire doit être déterminé à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination libre et sans contraintes administratives ou militaires.

    Dans cet esprit, l’Algérie défend cette position, ne cédant ni aux crises, ni aux chantages, ni aux pressions étrangères, ni à l’usure du temps. On a toujours dit que c’est une question de décolonisation et qu’à ce titre, la communauté internationale dans le respect de la doctrine onusienne en matière de décolonisation, doit assumer ses responsabilités.

    Le parlement européen s’est montré moins sensible à la situation des réfugiés sahraouis, en fournissant au Maroc une tribune pour propager ses thèses sur le détournement de l’aide humanitaire européenne destinés aux sahraouis dans les camps de Tindouf.

    Il ne faut pas confondre l’action de certains eurodéputés zélés, connus pour leur soutien indéfectible au Maroc, avec celle de l’Institution parlementaire.

    En exhumant, en janvier 2015, un rapport de l’Office anti-fraude de l’UE (OLAF) datant de 2007, les intentions du Maroc étaient on ne peut plus claires. Il s’agissait rien de moins que de parasiter le débat au Conseil de sécurité sur l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme, avec pour finalité de remettre sur la table la question du recensement des réfugiés sahraouis.

    Fort heureusement, ces allégations de détournement de l’assistance humanitaire ont été battues en brèche par les responsables européens eux-mêmes ainsi que par les représentants d’organes des Nations unies en charge de superviser l’acheminement et la distribution de l’aide, notamment le Programme Alimentaire Mondial et le Haut Commissariat aux Réfugiés.

    Ces institutions sont naturellement plus intéressées, du fait de la nature de leur mandat, pour les moyens de soulager le quotidien des réfugiés sahraouis et de répondre à leurs besoins essentiels que de faire le jeu des calculs politiciens du Maroc.

    Sur le recensement, les pressions marocaines sur l’UE pour en faire une condition à la fourniture de l’aide n’ont pas porté leurs fruits comme l’atteste la poursuite du programme d’assistance européenne aux réfugiés sahraouis.

    Il est intéressant de relever que les actions insistantes du Maroc à l’endroit de l’UE, qui contribue à hauteur de plus de 40% du total de l’aide internationale, lui ont été inspirée, selon les documents fuités par Chris Coleman, par un haut fonctionnaire onusien, ce qui souligne le niveau de corruption et les pratiques de clientélisme auxquelles ont recours certains représentants de ce pays dans leurs relations avec les représentants des institutions régionales et internationales.

    Justement Omar Hilale, le Représentant Permanent du Maroc auprès des Nations Unies revient sur ce rapport de l’OLAF en évoquant une résolution adoptée en avril 2015 par le parlement européen exigeant des comptes et demandant la traduction des responsables des détournements devant la justice en citant clairement des responsables du croissant rouge algérien et des responsables du Polisario..

    Cet aplomb est le propre du comportement des trolls habillés en costume de diplomate ! il y a tantôt 30 secondes je vous parlais du comportement de certains des représentants marocains et il se trouve que celui dont vous venez d’indiquer le nom est justement celui qui passé maître dans la mystification.

    La résolution en question a été adoptée aux forceps dans le cadre de la décharge du budget de l’UE a l’initiative de la commission budgétaire, dont la présidente a effectué en avril 2015 une visite « d’agrément » dans la ville occupée de Dakhla dans le cadre d’un séjour touristique organisé à l’instigation du président du groupe d’amitié PE-Maroc. C’est vous dire l’acharnement de la présidente de la commission budgétaire à inclure un paragraphe sur les allégations de détournement de l’aide humanitaire destinée aux réfugiés sahraouis. D’ailleurs sous la critique des eurodéputés qui lui demandant avec insistance d’expliquer sa fixation sur cette question et qui l’ont ouvertement accusée d’avoir un agenda concocté par une tierce partie, la présidente de la commission a été contrainte d’accepter un amendement qui évoque désormais les « possible » détournements et qui concernent également d’autres situations géographiques en dehors de l’aide destinée aux réfugiés sahraouis. Ceci pour le contexte. Pour le fonds, nulle part il n’est fait mention d’une quelconque traduction devant la justice ou de demande de reddition de comptes comme le soutient effrontément cette personne et le texte de la résolution est public.

    Le plus important dans cette affaire, remise au gout du jour bien vainement par les marocains, se trouve dans les multiples réponses édifiantes données par les plus hauts responsables de l’UE sur ces allégations de détournement.

    – Le 24 mars 2015, suite à l’adoption du rapport sur la décharge budgétaire, Mme Kristalina Georgieva, vice-présidente de la commission européenne en charge du budget et des ressources humaines a souligné que « Les accusations de détournement de l’aide humanitaire de l’Union européenne aux camps des réfugiés sahraouis à Tindouf sont injustes notamment suite aux efforts et aux mesures pris par la Commission européenne ».

    Elle a informé les eurodéputés membres de la commission du contrôle budgétaire que depuis 2003, la DG ECHO a réalisé 63 missions d’audit dont 8 missions d’audit réalisées sur le terrain, dans les camps sahraouis et qu’il n’y a aucune preuve que cette aide soit détournée.

    – Le 14 juillet 2015, le Directeur Général ECHO à la Commission européenne (en charge de l’aide humanitaire), M. Claus Sørensen, a plaidé en faveur du maintien de l’aide humanitaire aux refugies sahraouis en insistant fermement, qu’après enquête approfondie, les noms suggérés sur la base de rumeurs dans le rapport OLAF (Polisario et croissant rouge algérien), n’ont aucune relation avec l’aide humanitaire de l’UE. Il convient de souligner que lors de ce même hearing devant la commission des finances, M. Sorensen a indiqué que le « recensement est tributaire de l’organisation du référendum d’autodétermination et que le référendumest la seule solution à la crise »

    – Le 27 janvier 2016, la même vice-présidente de la Commission européenne a souligné, dans une réponse écrite, que « Pas moins de 24 missions de suivi et de monitoring ont été effectuées durant l’année 2015 par la Commission européenne dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf. Les représentants de la Commission sont présents sur les lieux deux semaines par mois. Dans ce cadre, la commission européenne n’a planifié aucune mission d’audit » pour mettre fin aux rumeurs colportées par un quarteron d’eurodéputés connus pour leurs accointances avec les commanditaires.

    – Enfin, le 27 avril 2016, le commissaire Stylianides, chargé de l’aide humanitaire a souligné que L’UE soutient sans réserve les efforts déployés par le Secrétaire général des Nations unies et qu’il n’appartient pas à l’Union européenne d’effectuer un recensement des réfugiés. Il a indiqué que l’aide humanitaire de la Commission n’est ni fournie ni contrôlée par une quelconque autorité politique et que la la Commission a renforcé le suivi des projets financés par l’UE dans les camps de Tindouf. Au total, 24 missions de contrôle ont ainsi été effectuées en 2015 et le personnel humanitaire de la Commission a passé jusqu’à deux semaines par mois dans les camps.

    Ces réponses qualifiées et qui ne souffrent aucune contestation sérieuse devraient tempérer les ardeurs de celui qui qui, des rives du fleuve Hudson, se donne le beau rôle en menaçant de polluer le prochain briefing des donateurs au profit des réfugiés sahraouis.

    Que pouvez vous nous dire sur la procédure en cours auprès de la Cour européenne de justice ?

    Par arrêt du 10 décembre 2015, le Tribunal de l’Union européenne a annulé la décision approuvant l’accord agricole de 2012, au motif que l’Union européenne applique cet accord sur le territoire du Sahara occidental. Cela a été une magnifique victoire pour le peuple sahraoui sur plusieurs plans :

    D’abord, l’action du Front Polisario a été jugée recevable, le confortant ainsi dans son statut de sujet de droit international pouvant ester en justice le Conseil de l’UE, la Commission européenne, voire même les Etats membres de l’UE.

    Sur le fond, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne ont été amenés, tout au long de la procédure d’examen du recours introduit par le Front Polisario, à reconnaître eux-mêmes que le Maroc n’est pas souverain au Sahara occidental, que le Maroc n’a pas de mandat international sur ce territoire non autonome et que le Front Polisario est le seul représentant du peuple Sahraoui.

    Enfin, cette décision du tribunal se traduit automatiquement par la mise en stand-by des autres instruments signés entre le Maroc et l’UE (Accord de pêche notamment)

    La ligne de défense du Front Polisario est très claire à ce sujet. Le Maroc est une puissance occupante selon la IV° Convention de Genève, auquel le Front Polisario est partie malgré , et à ce titre, le Maroc n’a aucun droit pour exercer une activité économique quelconque au Sahara occidental au détriment des sahraouis représentés par le Polisario et sans leur consentement.

    Quelle devrait être, selon vous, l’attitude de l’Europe à l’égard de ce conflit ?

    L’Union Européenne ne reconnait pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et elle l’a confirmé devant la Cour comme le montre le résumé de son recours. Aussi, l’Europe doit se mettre en cohérence avec cette prise de position. Elle doit renoncer à sa présence au Sahara occidental, annuler les licences qu’elle a octroyées à des sociétés exportatrices basées au Sahara occidental et refuser tous les produits qui viennent du Sahara occidental et sont exportés avec un certificat d’origine marocain. L’UE qui s’est fixée comme objectif stratégique la stabilisation de la région dans le cadre de sa politique de voisinage rénovée, devrait pouvoir jouer un rôle actif en engageant la partie marocaine qui refuse obstinément d’entrer dans des négociations directes de bonne foi et sans précondition.

    Afrique-Asie, 03 mai 2016

    #Maroc #SaharaOccidental #Algérie #ONU #UE

  • 14 pays africains payent à la France une taxe coloniale

    14 pays africains payent à la France une taxe coloniale

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    Saviez-vous que de nombreux pays africains continuent de payer des impôts coloniaux à la France depuis leur indépendance jusqu’à aujourd’hui ?

    Lorsque Sékou Touré de Guinée a décidé en 1958 de sortir de l’empire colonial français, et a opté pour l’indépendance du pays, l’élite coloniale française à Paris est devenue furieuse, et dans un acte de fureur historique, l’administration française en Guinée a détruit tout dans le pays qui représentait ce qu’ils appelaient les bienfaits de la colonisation française.

    Trois mille Français ont parcouru le pays, s’emparant de tous leurs biens et détruisant tout ce qui ne pouvait être déplacé : les écoles, les crèches, les bâtiments de l’administration publique ont été démolis ; les voitures, les livres, les médicaments, les instruments des instituts de recherche, les tracteurs ont été écrasés et sabotés ; les chevaux, les vaches dans les fermes ont été tués, et les aliments dans les entrepôts ont été brûlés ou empoisonnés.

    Le but de cet acte scandaleux était d’envoyer un message clair à toutes les autres colonies : les conséquences d’un rejet de la France seraient très lourdes.

    Lentement, la peur se répand dans l’élite africaine, et aucun des événements de Guinée ne trouve le courage de suivre l’exemple de Sékou Touré, dont le slogan est « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage ».

    Sylvanus Olympio, le first président de la République du Togo, un minuscule pays d’Afrique occidentale, a trouvé une solution intermédiaire avec les Français.

    Il ne voulait pas que son pays continue à être un dominion français, il a donc refusé de signer le pacte de continuation de la colonisation proposé par De Gaule, mais a accepté de payer une dette annuelle à la France pour les soi-disant bénéfices que le Togo a obtenu de la colonisation française.

    C’était la seule condition pour que les Français ne détruisent pas le pays avant de partir. Cependant, le montant estimé par la France était si important que le remboursement de la soi-disant « dette coloniale » représentait près de 40 % du budget du pays en 1963.

    La situation financière du Togo nouvellement indépendant était très instable, et pour s’en sortir, Olympio décida de retirer la monnaie coloniale française FCFA (le franc des colonies africaines françaises), et d’émettre la propre monnaie du pays.

    Le 13 janvier 1963, trois jours après qu’il ait commencé à imprimer sa propre monnaie, un groupe de solitaires analphabètes soutenu par la France a tué le first président élu de l’Afrique nouvellement indépendante. Olympio a été tué par un ancien sergent de la Légion étrangère française appelé Etienne Gnassingbe, qui aurait reçu une prime de 612 dollars de l’ambassade française locale pour ce travail de tueur à gages.

    Le rêve d’Olympio était de construire un pays indépendant, auto-sufficient et autonome. Mais les Français n’aimaient pas cette idée.

    Le 30 juin 1962, Modiba Keita , le first président de la République du Mali, décide de se retirer de la monnaie coloniale française FCFA qui était imposée à 12 pays africains nouvellement indépendants. Pour le président malien, qui penchait plutôt vers une économie socialiste, il était clair que le pacte de continuation de la colonisation avec la France était un piège, un fardeau pour le développement du pays.

    Le 19 novembre 1968, comme Olympio, Keita sera victime d’un coup d’Etat mené par un autre ex légionnaire français, le lieutenant Moussa Traoré.

    En fait, durant cette période agitée de fighting africain pour se libérer de la colonisation européenne, la France utilisera à plusieurs reprises de nombreux ex légionnaires étrangers pour mener des coups d’état contre des présidents élus :

    – Le 1er janvier 1966, Jean-Bédel Bokassa, un ancien légionnaire étranger français, réalise un coup d’État contre David Dacko, le first président de la République centrafricaine.

    – Le 3 janvier 1966, Maurice Yaméogo, le first président de la République de Haute-Volta, aujourd’hui appelée Burkina Faso, est victime d’un coup d’État mené par Aboubacar Sangoulé Lamizana, un ancien légionnaire français qui a combattu avec les troupes françaises en Indonésie et en Algérie contre l’indépendance de ces pays.

    – le 26 octobre 1972, Mathieu Kérékou qui était un agent de sécurité du Président Hubert Maga, le first Président de la République du Bénin, a fait un coup d’état contre le président, aher il a5endu les écoles militaires françaises de 1968 à 1970.

    En fait, au cours des 50 dernières années, un total de 67 coups d’État ont eu lieu dans 26 pays d’Afrique, dont 16 sont des ex-colonies françaises, ce qui signifie que 61 % des coups d’État ont eu lieu en Afrique francophone.

    NOMBRE DE COUPS D’ÉTAT EN AFRIQUE PAR PAYS

    PAYS NOMBRE DE COUP D’ÉTAT

    EX-COLONIES FRANÇAISES

    Togo 1

    Congo 3
    Tchad 3
    Burundi 4
    Centrafrique 4
    Niger 4
    Mauritanie 4
    Burkina Faso 5
    Comores 5
    Guinée Bissau 2
    Côte d’Ivoire 1
    Algérie 2
    Mali 2
    Madagascar 1
    Tunisie 1

    AUTRES PAYS D’AFRIQUE

    Egypte 1
    Libye 1
    Guinée équatoriale 1
    Rwanda 1
    Libéria 2
    Nigeria 3
    Congo – RDC 2
    Éthiopie 3
    Ouganda 4
    Guinée Conakry 2
    Soudan 5

    Comme ces chiffres le démontrent, la France est tout à fait désespérée mais active pour garder une forte emprise sur ses colonies, quel qu’en soit le coût, quoi qu’il arrive.

    En mars 2008, l’ancien président français Jacques Chirac a déclaré :

    « Sans l’Afrique, la France glissera au rang de troisième puissance [mondiale] » Le prédécesseur de Jacques Chirac, François Mi5erand, avait déjà prophétisé en 1957 que : « Sans l’Afrique, la France n’aura pas d’histoire au XXIe siècle ».

    Au moment même où j’écris cet article, 14 pays africains sont obligés par la France, par le biais d’un pacte colonial, de placer 85 % de leurs réserves étrangères dans la banque centrale française sous le contrôle du ministre français des finances. Jusqu’à aujourd’hui, 2014, le Togo et environ 13 autres pays africains doivent encore payer la dette coloniale à la France. Les dirigeants africains qui refusent sont tués ou victimes d’un coup d’état. Ceux qui obéissent sont soutenus et récompensés par la France avec un style de vie somptueux alors que leur peuple endure une pauvreté extrême et le désespoir.

    Ce système est tellement diabolique qu’il a été dénoncé par l’Union européenne, mais la France n’est pas prête à se défaire de ce système colonial qui lui rapporte chaque année environ 500 milliards de dollars en provenance d’Afrique.

    Nous accusons souvent les dirigeants africains de corruption et de servir plutôt les intérêts des nations occidentales, mais il y a une explication claire à ce comportement. Ils se comportent ainsi parce qu’ils ont peur d’être tués ou victimes d’un coup d’État. Ils veulent qu’une nation puissante les soutienne en cas d’agression ou de problème. Mais, contrairement à la protection d’une nation amie, la protection occidentale est souvent offered en échange du renoncement de ces dirigeants à servir les intérêts de leur propre peuple ou nation.

    Les dirigeants africains travailleraient dans l’intérêt de leur peuple s’ils n’étaient pas constamment traqués et brimés par les pays coloniaux.

    En 1958, effrayé par les conséquences du choix de l’indépendance vis-à-vis de la France, Léopold Sédar Senghor dé- clare : « Le choix du peuple sénégalais est l’indépendance ; il ne veut qu’elle se fasse que dans l’amitié avec la France, non dans la contestation. »

    Dès lors, la France n’accepte qu’une « indépendance sur le papier » pour ses colonies, mais signe des « Accords de coopération » contraignants, détaillant la nature de leurs relations avec la France, en particulier les liens avec la monnaie coloniale française (le franc), le système éducatif français, les préférences militaires et commerciales.

    Voici les 11 principaux éléments du pacte de continuation de la colonisation depuis les années 1950 :

    #1. Dette coloniale pour les bénéfits de la colonisation française

    Les nouveaux pays « indépendants » doivent payer pour les infrastructures construites par la France dans le pays pendant la colonisation.

    Je dois encore findir les détails complets sur les montants, l’évaluation des benefits coloniaux et les conditions de paiement imposées aux pays africains, mais nous y travaillons (aidez-nous avec des infos).

    #2. Confiscation automatique des réserves nationales

    Les pays africains devraient déposer leurs réserves monétaires nationales à la Banque centrale de France.

    Depuis 1961, la France détient les réserves nationales de quatorze pays africains : Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale et Gabon.

    « La politique monétaire qui régit un ensemble aussi diversifié de pays n’est pas compliquée car elle est, en fait, conduite par le Trésor français, sans référence aux autorités centrales fiscales de l’UEMOA ou de la CEMAC. Aux termes de l’accord qui a mis en place ces banques et le CFA, la Banque centrale de chaque pays africain est tenue de conserver au moins 65 % de ses réserves de change dans un « compte d’opérations » détenu au Trésor français, ainsi que 20 % supplémentaires pour couvrir les engagements financiers.

    Les banques centrales du CFA imposent également un plafond sur les crédits accordés à chaque pays membre équivalent à 20 % des recettes publiques de ce pays l’année précédente. Même si la BEAC et la BCEAO disposent d’une facilité de caisse auprès du Trésor français, les tirages sur ces facilités de caisse sont soumis à l’accord du Trésor français. Le final dire est celui du Trésor français qui a placé les réserves de change des pays africains en son nom propre à la Bourse de Paris.

    En résumé, plus de 80% des réserves de change de ces pays africains sont déposées sur les « comptes d’opérations » contrôlés par le Trésor français. Les deux banques CFA sont africaines de nom, mais n’ont pas de politique monétaire propre. Les pays eux-mêmes ne savent pas, et on ne leur dit pas, quelle part du pool de réserves étrangères détenues par le Trésor français leur appartient en tant que groupe ou individuellement.

    Les revenus de l’investissement de ces fonds dans le pool du Trésor français sont censés être ajoutés au pool mais aucun compte n’est rendu aux banques ou aux pays sur les détails de ces changements. Le groupe limité de hauts officials du Trésor français qui ont connaissance des montants dans les « comptes d’opérations », où ces fonds sont investis ; s’il y a un profit sur ces investissements ; sont interdits de divulguer aucune de ces informations aux banques CFA ou aux banques centrales des États africains . » Écrit par le Dr. Gary K. Busch

    On estime aujourd’hui que la France détient près de 500 milliards d’argent des pays africains dans son trésor, et ferait tout pour fichir quiconque voudrait faire la lumière sur ce côté obscur du vieil empire.

    Les pays africains n’ont pas accès à cet argent.

    La France ne leur permet d’accéder qu’à 15% de l’argent dans une année donnée. S’ils ont besoin de plus que cela, ils doivent emprunter l’argent supplémentaire sur leurs propres 65 % au Trésor français à des taux commerciaux.

    Pour rendre les choses plus tragiques, la France impose un plafond sur le montant que les pays peuvent emprunter à la réserve. Le plafond est fixé à 20 % de leurs recettes publiques de l’année précédente. Si les pays doivent emprunter plus de 20 % de leur propre argent, la France a un droit de veto.

    L’ancien président français Jacques Chirac a récemment parlé de l’argent des nations africaines dans les banques françaises. Voici une vidéo (www.youtube.com/embed/OzPITL1WLY0) de lui parlant du système d’exploitation français. Il parle en français, mais voici un court extrait de la transcription : « Nous devons être honnêtes, et reconnaître qu’une grande partie de l’argent dans nos banques provient précisément de l’exploitation du continent africain. »

    #3. Droit de first refusal sur toute matière première ou ressource naturelle découverte dans le pays.

    La France a le first droit d’acheter toute ressource naturelle découverte sur les terres de ses ex-colonies. Ce n’est qu’après que la France ait dit : « Je ne suis pas intéressé », que les pays africains sont autorisés à chercher d’autres partenaires.

    #4. Priorité aux intérêts et entreprises françaises dans les marchés publics et les adjudications publiques

    Dans l’attribution des marchés publics, les entreprises françaises doivent être considérées first, et c’est seulement aher que ces pays pourraient chercher ailleurs. Il importe peu que les pays africains puissent obtenir un meilleur rapport qualité-prix ailleurs.

    En conséquence, dans de nombreuses ex-colonies françaises, tous les principaux actifs économiques des pays sont entre les mains d’expatriés français. En Côte d’Ivoire, par exemple, les entreprises françaises possèdent et contrôlent tous les principaux services publics – eau, électricité, téléphone, transports, ports et grandes banques. Il en va de même dans le commerce, la construction et l’agriculture.

    En fin de compte, comme je l’ai écrit dans un article précédent, les Africains vivent désormais sur un continent appartenant aux Européens !

    #5. Droit exclusif de fournir des équipements militaires et de former les officers militaires du pays.

    Grâce à un système sophistiqué de bourses d’études, de subventions et d’ »accords de défense » annexés au Pacte colonial, les Africains devraient envoyer leurs officers militaires de haut rang se former en France ou dans des centres de formation français.

    La situation actuelle sur le continent est que la France a formé des centaines, voire des milliers de traîtres et les nourrit. Ils sont dormants quand on n’a pas besoin d’eux, et activés quand on a besoin d’eux pour un coup d’état ou tout autre but !

    #6. Droit pour la France de pré-déployer des troupes et d’intervenir militairement dans le pays pour défendre ses intérêts

    En vertu de ce que l’on appelle les « accords de défense » annexés au pacte colonial, la France avait le droit légal d’intervenir militairement dans les pays africains, et aussi de stationner des troupes en permanence dans des bases et des installations militaires dans ces pays, gérées entièrement par les Français.

    Les bases militaires françaises en Afrique

    Lorsque le président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a tenté de mettre fin à l’exploitation française du pays, la France a organisé un coup d’État. Au cours du long processus visant à évincer Gbagbo, les chars, les hélicoptères de combat et les forces spéciales de la France sont intervenus directement dans le conflit, ont firé sur les civils et ont fait de nombreux morts.

    Pour ajouter l’insulte à la blessure, la France a estimé que la communauté d’affaires française avait perdu plusieurs millions de dollars lorsque, dans la précipitation à quitter Abidjan en 2006, l’armée française a massacré 65 civils non armés et en a blessé 1 200 autres.

    Après avoir réussi le coup d’État et transféré le pouvoir à Alassane Ou5ara, la France a demandé au gouvernement Oua5ara de verser une compensation aux milieux d’affaires français pour les pertes subies pendant la guerre civile.

    En effet, le gouvernement Oua5ara leur a versé le double de ce qu’ils disaient avoir perdu en partant.

    #7. Obligation de faire du français la langue official du pays et la langue d’enseignement Oui, Monsieur. Vous devez parler français, la langue de Molière !

    Un organisme de diffusion de la langue et de la culture françaises a été créé, appelé  » Francophonie « , avec plusieurs satellites et organismes affiliés supervisés par le ministre français des Affairs étrangers.

    Comme démontré dans cet article, si le français est la seule langue que vous parlez, vous auriez accès à moins de 4 % des connaissances et des idées de l’humanité. C’est très limitatif.

    #8. Obligation d’utiliser la monnaie coloniale française FCFA

    C’est la véritable vache à lait pour la France, mais c’est un système tellement diabolique, même dénoncé par l’Union européenne, mais la France n’est pas prête à se défaire de ce système colonial qui fait entrer environ 500 milliards de dollars d’Afrique dans son trésor.

    Lors de l’introduction de l’euro en Europe, les autres pays européens ont découvert le système d’exploitation français. Beaucoup, en particulier les pays nordiques, ont été consternés et ont suggéré à la France de se débarrasser de ce système, mais sans succès.

    #9. Obligation d’envoyer à la France un rapport annuel sur le solde et les réserves. Sans ce rapport, pas d’argent.

    Quoi qu’il en soit, le secrétariat des banques centrales des ex-colonies et le secrétariat de la réunion semestrielle des ministres des finances des ex-colonies est assuré par la banque centrale française/le Trésor.

    #10. Renonciation à conclure une alliance militaire avec tout autre pays, sauf autorisation de la France.

    Les pays africains en général sont ceux qui ont le moins d’alliances militaires régionales. La plupart des pays n’ont que des alliances militaires avec leurs ex-colonisateurs ! (drôle, mais on ne peut pas faire mieux !).

    Dans le cas de la France ex-colonies, la France leur interdit de chercher d’autres alliances militaires que celle qu’elle leur a offered.

    #11. Obligation de s’allier à la France en cas de guerre ou de crise mondiale

    Plus d’un million de soldats africains ont combattu pour la défaite du nazisme et du fascisme pendant la seconde guerre mondiale.

    Leur contribution est souvent ignorée ou minimisée, mais quand on pense qu’il n’a fallu que 6 semaines à l’Allemagne pour vaincre la France en 1940, la France sait que les Africains pourraient être utiles pour lutter pour la « Grandeur de la France » à l’avenir.

    Il y a quelque chose de presque psychopathique dans la relation de la France avec l’Afrique.

    D’abord, la France est gravement dépendante du pillage et de l’exploitation de l’Afrique depuis l’époque de l’esclavage. Ensuite, il y a ce manque total de créativité et d’imagination de l’élite française pour penser au-delà du passé et de la tradition.

    Tinalement, la France a 2 institutions qui sont complètement figées dans le passé, habitées par des « hauts fonctionnaires » paranoïaques et psychopathes qui répandent la peur de l’apocalypse si la France changeait, et dont la référence idéologique vient toujours du romantisme du 19ème siècle : ce sont le Ministre des Finances et du Budget de la France et le Ministre des Affairs Etrangers de la France.

    Ces 2 institutions ne sont pas seulement une menace pour l’Afrique, mais pour les Français eux-mêmes.

    C’est à nous, Africains, de nous libérer, sans demander la permission, car je n’arrive toujours pas à comprendre, par exemple, comment 450 soldats français en Côte d’Ivoire peuvent contrôler une population de 20 millions de personnes !

    La firmière réaction des gens lorsqu’ils apprennent l’existence de l’impôt colonial français est souvent la question : « Jusqu’à quand ? ».

    Pour une comparaison historique, la France a fait payer à Haïti l’équivalent moderne de 21 milliards de dollars de 1804 à 1947 (presque un siècle et demi) pour les pertes causées aux négriers français par l’abolition de l’esclavage et la libération des esclaves haïtiens.

    Les pays africains ne paient l’impôt colonial que depuis 50 ans, donc je pense qu’il reste un siècle de paiement !

    Silicona Africa, 28 jan 2014

    #Africa #France #Françafrique #Francophonie #Colonialisme #Impotcolonial #FrancCFA #FCFA