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  • Yasmina Khadra: « L’Algérie refuse crânement de couler »

    Je n’avais jamais vu mon père aussi heureux. Il ne le sera jamais autant, après. Ses yeux étincelaient de mille feux d’artifices. Ses jambes avaient du mal à le porter. Je le croyais ivre, et il l’était. Il était ivre d’un bonheur que me le rendait presque inquiétant. « Nous sommes libres », haletait-il en chancelant. Ma mère courut lui apporter un verre d’eau qu’il repoussa. Alors, elle l’en aspergea pour qu’il se reprenne. Mais comment peut-on se reprendre lorsque, d’un coup, l’horizon de toutes les promesses vous ouvre ses bras ? C’était le 5 juillet 1962.

    L’Algérie indépendante venait de naître au forceps, après tant de convulsions tragiques, de larmes et de sang. Je n’étais qu’un enfant, ce jour-là. Je ne comprenais pas grand-chose au tohu bohu qui s’était déclaré dans les rues alentour, mais je savais que l’euphorie en train de s’emparer de la ville me concernait, moi, en premier. J’étais l’enfant d’une nouvelle ère, l’enfant des prières exaucées. Je me souviens, mon père était monté sur la terrasse et s’était mis à tirer en l’air avec sa carabine. Chaque détonation faisait rentrer d’un cran mon cou dans mes épaules. Ensuite, nous avions rejoint la foule en liesse sur le boulevard. Casablanca tonitruait de youyous, de klaxons, de vacarmes assourdissants. Mon père sautillait sur sa jambe endommagée. (Blessé lors d’un accrochage avec une patrouille de l’armée française en 1958, mon père avait été évacué sur un hôpital en Bulgarie avant d’être muté à la base-arrière de l’ALN au Maroc.) Soudain, il jeta sa béquille sur la chaussée, prit ma mère par la taille et se mit à tournoyer avec elle. J’ignore pourquoi j’avais éclaté en sanglots. Peut-être avais-je cru que le monde était devenu fou.

    Ma mère exigea que l’on rentre au pays sans tarder. Sa tribu lui manquait. Elle ne savait pas qui, des siens, avait survécu à la guerre et qui n’était plus. Mon père, officier, renonça à la promotion d’attaché militaire et mit le cap sur Oran. Nous retrouvâmes notre pays comme des orphelins rendus à leurs parents. Oran était belle comme le sourire de nos héros. Il y avait du rêve en vrac dans le regard des badauds. Si les murs gardaient encore les traces des mitrailles, les fenêtres avaient fait « vitre » neuve et se voulaient aussi généreuses que les devantures des magasins. Tout était enchantement, à l’époque. Le fantasme le plus improbable réclamait sa part de légitimité. On était partis pour ne rien se refuser, certains de cueillir mille soleils dans chaque verger.

    Il n’y a pas plus émouvant que la naïveté d’un enfant qui s’éveille aux beautés du monde et la foi d’un peuple qui renaît de ses cendres après quatre mille ans d’enfer. Nous étions, peuple d’Algérie, preneurs de n’importe quel serment, de n’importe quel défi aussi improbable soit-il. Comment ne pas croire au miracle lorsqu’on l’incarne !

    Puis, il y eut le coup d’état du 19 juin 1965. Une question taraudait les esprits : pourquoi ?… Les frères d’armes d’hier ne se reconnaissaient plus. Des chars étaient de nouveau dans les rues. Les arrestations rouvraient les frayeurs comme le couteau dans la plaie que l’on croyait cicatrisée. Etait-ce le cauchemar qui nous rattrapait ? Cependant, notre foi en notre patrie refusait de renoncer à ses idéaux et nous avions pardonné aux putschistes avant de finir par les vénérer. Nous avions besoin d’idoles, de guides car nous ne savions pas quoi faire de cette chose qu’on appelait « liberté » et qui n’avait de cesse de surenchérir en dépit de la pauvreté de nos repères.

    Aujourd’hui, soixante ans plus tard, nous continuons de chercher nos repères. Nous avons tout subi, la vacherie des slogans creux, la tyrannie par moments, l’exclusion par endroits, le terrorisme, nous avons touché le fond, connu l’humiliation, l’injustice, la spoliation, les gouvernements voyoucratiques, la démagogie assassine, l’une des corruptions les plus ahurissantes, exercée comme une seconde nature à tous les niveaux, du portier au directeur, du guichetier au ministre; chaque jour, nous assistons, impuissants et encombrants à la fois, à la fuite éperdue de nos enfants, de nos cadres, de nos élites qui ont choisi l’exil à la déréliction, de repartir de zéro malgré tant de sacrifices, tant de diplômes et tant de patience, mais, au fond de nous, subsiste encore, semblable à une braise récalcitrante, cette brûlure qui nous interdit d’être insensibles au naufrage de notre patrie et de croire que tout est perdu.

    Nous sommes le peuple-boomerang. Le sort nous catapulterait à travers mille déconvenues que nous finirions par retourner chez nous fleurir nos monuments, renouer avec le serment fait à nos morts et nous reprendre en mains afin que naisse, sur le bassin méditerranéen, un joyau nommé Algérie. Nous sommes le peuple-saumon, les vertiges abyssaux, la féerie des coraux, le clinquant illusoire, l’espace infinie des océans ne sauront guère nous détourner de notre source natale et aucun torrent ne nous empêchera de remonter à contre-courant jusqu’au coeur de notre patrie.

    Certes, beaucoup reste à faire après tant de gâchis. Les mentalités sont polluées, l’école et l’université sont quasiment sinistrées, la médiocrité continue de gangréner les secteurs névralgiques de la nation. Plus personne ne croit en personne ni en un idéal, et c’est tout à fait normal après six décennies de mensonges, de népotisme et de clochardisation idéologique. Aucun peuple ne pourrait rester lui-même s’il venait à subir ce que les Algériens ont subi. Mais il arrive, parfois, aux forêts de survivre aux incendies et à la flore que faire d’un terrain vague un jardin d’éden. Il sera ainsi pour l’Algérie, j’en suis absolument convaincu. Maintenant que nous avons touché le fond, et creusé encore et encore, nous sommes obligés d’admettre que notre salut n’est pas là où nous creusons, mais là où il va nous falloir ériger.

    Nous avions presque atteint ce rêve avec le Hirak, sauf que nos objectifs ne convergeaient pas et ce qui devait nous unir nous a misérablement disloqués. Avons-nous retenu la leçon ? Je l’ignore; ce dont je suis certain est que si nous avons survécu au terrorisme et aux manœuvres scélérates de vingt ans de règne mafieux, ce n’est point un hasard, mais notre destin.

    Aujourd’hui, on parle d’une ère nouvelle, d’une Algérie guérie de ses vieux démons. Je ne demande qu’à le croire, en dépit d’un manque flagrant de projet de société, d’ une gestion catastrophique tous azimuts, des arrestations aussi arbitraires qu’absurdes qui frappent de simples facebookers pleins de rêves pour un pays qui prend l’eau de toute part et qui refuse crânement de couler. J’espère que la raison triomphera bientôt, même si la sagesse est une vertu qui a déserté depuis longtemps cette fantastique terre numide, vivier de tous les espoirs et de tous les paradoxes.

    Yasmina Khadra
    Journal du Dimanche
    03 juillet 2022
  • Maroc : Le déficit commercial en hausse de 37%

    Le déficit commercial du Maroc a augmenté de 36,9% au titre des cinq premiers mois de l’année en cours, par rapport à la même période en 2021, pour s’établir à -116,814 milliards de dirhams marocains (environ -11,5 milliards de dollars), selon l’Office des changes du Maroc.

    Durant la période janvier-mai 2022, les importations ont atteint 28,88 milliards de dollars en hausse de 39,2% par rapport à la même période de l’année passée, indique cet organe officiel dans sa dernière publication sur les échanges extérieurs du Maroc.

    Les exportations, quant à elles, ont atteint 17,38 milliards de dollars, précise l’office ajoutant que le taux de couverture s’établie à 60,2%.

    La hausse des importations de biens concerne « la quasi-totalité des groupes de produits », relève le même document, précisant que la facture énergétique « a plus que doublé » s’élevant à 5,38 milliards de dollars à fin mai 2022.

    Cette évolution fait suite, essentiellement, à la hausse des approvisionnements en gasoils et fuel-oils (+14,023 milliards de dirhams) due à l’élévation des prix qui ont presque doublé, selon la même source, ajoutant que les quantités importées enregistrent une hausse de 8,6%.

    De leur part, les importations des demi produits enregistrent une hausse de 53,9% ou + 2,42 milliards de dollars, suite à la forte croissance des achats de l’ammoniac, a fait savoir le l’Office de changes.

    S’agissant des importations des produits alimentaires, celles-ci affichent une hausse de 31,8%, relève-t-on dans la même publication, ajoutant que les importations des produits bruts, s’accroissent de 76%.

  • Le sosi de Mohammed VI

    Le leader est une piece de theatre tres connue de Adel imam, et qui a eu un succes eblouissant, dans laquelle ce dernier a critique les leaders des pays arabes et leurs politiques.

    La escena “El Rey de Marruecos realizando la Oración de La Fiesta del Cordero” es méramente un escenario que simula la obra “El Líder”, protagonizada por el egipcio Adel Imam, en 1993, en un género artístico, conocido como: (Comedia Política) .
    Los hechos de la obra giran en torno a cómo una comitiva, beneficiándose de la presencia de un dictador, fallecido repentinamente, recurre a la ayuda de un pobre, desdichado en un barrio popular; porque se le parece en la forma, hasta el punto de confundirse son él, y ponerlo en su lugar; ¡¡Como si todavía estuviera vivo y cumpliendo con sus deberes en el gobierno del país de manera natural!!
    En el caso del pueblo marroquí, que no confía en los (amigos del rey),
    No les resultó difícil descubrir el engaño, ya que se encuentran ante un entretenido juego mental, en el que lo que se requiere es descubrir (los cinco errores), comparando la imagen del rey, almacenada en su mente, con el muñeco (imágen) que tienen en frente
    Los ciudadanos marroquíes se dieron cuenta, con todos sus sentidos, de que la persona que tenían delante, en forma de enfermo mental, no era el Rey que se postraban en su presencia…
    Parece que ellos, los marroquíes, que se burlaron de la imagen del fallecido presidente argelino, Abdelaziz Bouteflika, cuando iba en silla de ruedas; Dios los ha probado con algo más despreciable y humillante…
  • Sommet arabe: Alger ne laisse rien au hasard

    Les deux derniers déplacements du chef de la diplomatie à Baghdad puis en Syrie viennent marquer la fin d’un long périple algérien à travers le monde arabe, un processus intimement lié à la préparation du Sommet arabe d’Alger.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – L’heure est de ce fait presque au bilan de tout ce qui a été entrepris depuis l’annonce de la date à laquelle doit se tenir cette rencontre des leaders et représentants des pays membres de la Ligue arabe. Il y a plusieurs raisons qui font que ce sommet soit particulier, différent de ceux qui se sont tenus ces dernières années. Il y a, bien évidemment, le lieu d’abord, Alger, qui s’est fixé le challenge de parvenir à resserrer les rangs de ce monde arabe et faire en sorte qu’il puisse s’exprimer d’une voix unifiée sur les principales questions qui seront abordées en novembre prochain. Ce qui fait aussi la particularité de ce sommet c’est, en second lieu, le contexte dans lequel il intervient et ce dernier est notamment marqué par une avancée importante d’Israël dans son processus de normalisation avec les États arabes sans concession israélienne en Palestine.

    Cet état de fait freine, bien évidemment, toute chance d’évolution de la question palestinienne et envenime, bien entendu, la situation déjà extrêmement fragile dans les territoires palestiniens. Alger, qui a fait de cette question le sujet central du sommet qu’elle abritera, s’efforce de ce fait depuis des mois de recentrer les intérêts arabes autour de cette question cruciale.

    Tous les échanges qui ont eu lieu entre les principaux leaders ou leurs représentants dans les pays arabes visités et Ramtane Lamamra, délégué par le chef de l’État, ont pourtant abouti à des résultats réellement satisfaisants.

    L’idée de la réunification a été accueillie favorablement et le processus mis en place par l’Algérie s’est ensuite retrouvé renforcé par la poignée de main entre Mahmoud Abbas et Ismail Haniyeh, chef du Hamas. Cet épisode constitue en quelque sorte un signal ou l’élément fort permettant de comprendre que l’Algérie s’achemine vers le succès de l’échéance qui l’attend. Les éléments qui découlent de la visite de Ramtane Lamamra à Damas confortent aussi cette idée aujourd’hui.

    Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe fait partie des objectifs de l’Algérie et son rôle pour faire accepter cette idée semble davantage évident aujourd’hui. Le MAE algérien, qui s’était, jusque-là, abstenu de répondre à toutes les questions, les commentaires, autour de cette épineuse question, est apparu plus à l’aise sur le sujet lorsqu’il s’est exprimé en Syrie.

    «De nombreux responsables arabes se rendent à Damas et rencontrent des responsables syriens dans de nombreux endroits, nous sommes donc optimistes», a déclaré Ramtane Lamamra en pleine conférence de presse lorsque la question du retour de ce pays au sein de la Ligue arabe lui a été posée. «Ce qui est important à présent, c’est la coordination politique et tirer les bonnes conclusions pour servir l’objectif arabe», a-til ajouté sur le même sujet.

    Tout ceci laisse clairement entrevoir que l’étude de la question se trouve à une phase beaucoup plus développée qu’elle ne l’était il y a deux mois encore. À ce moment, même le secrétaire général de la Ligue arabe hésitait à répondre aux questions des journalistes et affirmait même que le sujet ne pouvait être débattu avant que les membres de l’ordre de l’organisation donnent leur accord.

    La Syrie, qui s’est notamment exprimée par la voix de son MAE, a, elle aussi, donné le ton, sur un ton très fier, affirmant qu’elle constitue «un élément essentiel dans l’arène arabe, un membre fondateur de la Ligue arabe et que c’est le monde arabe qui a besoin de la Syrie et non l’inverse». Il y a un mois, Bachar Al Assad avait aussi lancé une phrase lourde de sens en intervenant sur RT Arabic. Selon lui, le «réel intérêt du Sommet arabe» qui se profile vient du fait qu’il soit organisé à Alger «qui ne ménage aucun effort pour (…) garantir une préparation optimale du Sommet arabe».

    Face au chef de la diplomatie algérienne, il a eu cette autre phrase lourde de sens : «la Ligue arabe est le miroir de la situation arabe, et ce qui compte pour la Syrie, c’est la formule, le contenu et le produit de l’action arabe commune.» Un autre signal positif, à trois mois de la tenue du Sommet arabe.

  • Mali : « Bamako n’est pas hors de portée d’attaques de groupes djihadistes »

    Les attaques djihadistes se multiplient au Mali et la nébuleuse d’Al-Qaïda au Sahel s’étend peu à peu vers le sud du pays. La récente attaque de la ville garnison de Kati, à seulement 15 kilomètres de Bamako, montre que les groupes islamistes montent en puissance et en capacité d’organisation. Au point de menacer Bamako ? Éléments de réponse avec Seidik Abba, journaliste et auteur du livre Mali-Sahel, notre Afghanistan à nous ?

    TV5MONDE : en quoi l’attaque de Kati, la plus grande base militaire du Mali marque-t-elle un tournant ?

    Seidik Abba : L’attaque de Kati est différente d’abord en raison du symbole. Kati c’est le cœur du pouvoir, c’est la deuxième place emblématique du pouvoir malien, avec le palais présidentiel de Koulouba, puisque c’est là que réside le président de transition, Assimi Goïta, ainsi que le ministre de la défense, Sadio Camara. C’est déjà totalement inédit que le pouvoir soit frappé en son cœur de cette façon. Cette attaque est inédite aussi en raison de sa complexité. Les terroristes l’ont soigneusement préparé, ils ont utilisé des véhicules bourrés d’explosifs, ils ont tiré une roquette… En termes de complexité et de montage de l’opération, Kati est totalement inédite.

    Le troisième point c’est que Kati est à la périphérie de Bamako. Cela veut dire que la menace se rapproche de la capitale. Ce n’est pas une surprise en soi, puisque Bamako avait déjà été attaquée en 2015 et 2017. Mais depuis le changement de régime, c’est la première fois que la menace approche d’aussi près Bamako, alors même que le discours officiel est de dire qu’avec l’arrivée des Russes et du groupe Wagner les militaires maliens ont repris du terrain et inversé le rapport de force. Si vous mettez tout cela bout à bout, cela confère un caractère exceptionnel à cette attaque.

    C’est aussi une démonstration que les groupes djihadistes peuvent frapper là où ils veulent, y compris dans Bamako. S’ils ont été capables de monter une opération aussi complexe pour s’en prendre à la ville garnison de Kati, c’est qu’ils ont encore les moyens opérationnels d’attaquer Bamako. Ils ont une capacité d’infiltration dans la ville, puisqu’ils ont réussi à infiltrer Kati, et cette capacité peut leur permettre d’attaquer la capitale. Bamako n’est pas hors de portée des groupes djihadiste aujourd’hui.

    TV5MONDE : peut-on dire que les djihadistes cherchent à étendre leur influence vers la capitale ?

    Seidik Abba : Il y a une extension territoriale de la menace. Au début, le GSIM avait concentré une bonne partie de ses activités au nord et l’affiliation avec la Katiba macina lui a permis d’avoir une implantation dans le centre, vers Sévaré et Mopti notamment. Maintenant on observe une progression vers le sud, comme vers Zantiguila Koulikoro, et maintenant Kati qui n’est qu’à une vingtaine de kilomètres de Bamako. Il y a donc une progression de la menace vers le sud, qui prouve que, à la différence de ce qu’on entend, la menace djihadiste n’a pas été contenue mais qu’au contraire, elle gagne du terrain.

    On a aussi pu observer qu’il y a eu une attaque coordonnée, le 21 juillet dernier, dans cinq localités différentes. Le fait qu’on puisse attaquer cinq à six localités différentes prouve la capacité de ce groupe à agir dans tout le pays, et ça c’est vraiment inquiétant.

    TV5MONDE : est-ce que cette coordination, cette organisation inédite doit faire craindre une chute de Bamako et l’instauration d’un régime islamique ?

    Seidik Abba : Non, je ne pense pas que les groupes djihadistes aient atteint ce niveau d’organisation. Ils peuvent attaquer et s’en aller, mais prendre un territoire et l’administrer, comme on a pu le voir avant l’intervention française de janvier 2013, au moment de l’occupation du nord du pays par des groupes djihadistes… On n’est pas dans cette dynamique aujourd’hui.

    Les djihadistes n’ont pas la capacité de prendre des régions et de les administrer eux-mêmes. Iil y a deux grandes enseignes djihadistes dans la région, et il existe des rivalités entre le GSIM et l’État islamique au grand Sahara (EIGS). Tout cela fait qu’ils n’ont pas la capacité d’occuper durablement des territoires et d’organiser leur administration, comme ils ont pu le faire avant janvier 2013. Ce qui est à mon avis inquiétant, c’est le fait que la menace se répand un peu partout, mais dans l’immédiat, il n’y a pas la capacité pour que les groupes islamistes puissent prendre des territoires et les administrer aujourd’hui, même dans la zone des trois frontières.

    TV5MONDE : comment expliquer la progression des djihadistes ? Pourquoi l’armée malienne ne parvient-elle pas à contenir cette poussée vers le sud ?

    Seidik Abba : Cette extension territoriale montre les limites du discours et le besoin de compléter la stratégie de l’armée malienne et de ses nouveaux partenaires. À mon avis, cela souligne aussi l’urgence de la solution régionale. La situation actuelle prouve, de façon indiscutable, que le Mali ne peut pas faire face seul à la menace djihadiste. Il lui faut absolument participer avec d’autres pays de la région, avec le Niger, avec le Burkina, à la construction d’une réponse régionale.

    Aujourd’hui, on est vraiment dans la matérialisation de l’agenda djihadiste, qui est d’exporter la menace du Sahel vers les pays du golfe de Guinée. Le Bénin a été l’objet d’au moins quatre attaques, le Togo aussi. Il est à craindre que ces attaques ne cessent pas. Or, ceux qui attaquent le Bénin viennent du Burkina. Ceux qui attaquent le Togo viennent du Burkina. Donc sans une gestion transfrontalière qui associe Sahel et golfe de Guinée, on ne pourra pas contenir cette menace.

    C’est une des leçons qu’il faut tirer de l’évolution de la situation sécuritaire, cela souligne l’urgence que le Mali reprenne le dialogue avec ses autres partenaires, dans le G5 Sahel ou dans un autre cadre. En tout cas, le pays doit travailler avec ses voisins pour essayer de construire une réponse. On voit que la menace est en train de quitter le Sahel pour s’installer dans le golfe de Guinée. Ça prouve là aussi que le Mali a besoin de discuter avec ses voisins du Sahel et du golfe de Guinée pour trouver une solution, quel que soit le partenaire que le Mali choisira. Que ce soit Barkane, ou les Russes et le groupe Wagner… Ça ne suffira pas si la réponse n’est pas régionale, parce que la menace est devenue transrégionale.

    TV5 Monde, 30.07.2022

  • Mali: UN expert to visit to assess human rights situation

    Mali, ONU, droits de l’homme

    GENEVA (29 July 2022) – The UN Independent Expert on the situation of human rights in Mali, Alioune Tine, will conduct an official visit to the country from 1 to 12 August 2022.

    “This visit will allow me to continue the overall assessment of the human rights situation in the country and to support the Malian transitional authorities in their efforts to promote and protect human rights, as well as ensure their implementation. During this visit, I will meet with public authorities to discuss the progress made in the implementation of the commitments made on my previous recommendations, particularly in the fight against impunity”, Tine said.

    During his visit to Bamako and the rest of the country, Tine will meet with Malian authorities, civil society and victims’ associations, non-governmental organisations, diplomats and United Nations agencies.

    Tine will present his annual report to the Human Rights Council in March 2023.

    Mr. Alioune Tine (Senegal) took office as independent expert on the human rights situation in Mali on 1 May 2018. The mandate of independent expert was renewed by the Human Rights Council on 1 April 2022 for a period of one year to assist the Government of Mali in its actions to promote and protect human rights and in the implementation of the recommendations made in Council resolutions. Mr. Tine was a founding member and President of the African Meeting for the Defense of Human Rights (RADDHO) and Coordinator of the Forum of African NGOs at the World Conference against Racism in 2000. Between 2014 and 2018, Mr. Tine was Amnesty International’s Regional Director for West and Central Africa. He has published many articles and studies on literature and human rights.

    The independent experts are part of what is known as the Special Procedures of the Human Rights Council. Special Procedures, the largest body of independent experts in the UN Human Rights system, is the general name of the Council’s independent fact-finding and monitoring mechanisms that address either specific country situations or thematic issues in all parts of the world. Special Procedures experts work on a voluntary basis; they are not UN staff and do not receive a salary for their work. They are independent from any government or organization and serve in their individual capacity.

    Reliefweb, 29/07/2022

    #Mali #Sahel #ONU #Droits_de_lhomme

  • Poutine: Le groupe Wagner ne sert pas les intérêts russes

    Le président Vladimir Poutine a assuré, jeudi, que la société privée russe de sécurité Wagner, dont la présence a été notamment signalée en Afrique et inquiète la France, ne sert pas les intérêts de l’Etat russe. Ses membres «ne reflètent pas les intérêts de l’Etat russe. Et ils ne sont pas quelque part au nom de l’Etat russe. Il s’agit d’une entreprise privée et d’intérêts privés», a déclaré M. Poutine, interrogé sur la présence de paramilitaires de Wagner au Mali au cours d’un forum à Sotchi (sud-ouest). Selon lui, si les intérêts de sociétés privées de sécurité telles que Wagner «commencent à entrer en conflit avec les intérêts de l’Etat russe», alors Moscou se devra de «réagir».Le groupe Wagner, avec qui les autorités russes démentent tout lien, fournit des services de maintenance d’équipements militaires et de formation mais il est accusé, en particulier par la France, d’agir pour le compte du Kremlin là où il ne veut pas apparaître de manière trop officielle. Il serait dirigé par le richissime homme d’affaires russe Evguéni Prigojine, souvent présenté par les médias et les pays occidentaux comme étant «proche de M. Poutine». Wagner n’a aucune existence légale en Russie, où les sociétés militaires privées sont interdites par la loi. La présence des hommes du groupe Wagner a été signalée dans plusieurs pays d’Afrique, notamment en Centrafrique, mais aussi en Syrie et en Libye. Dans ce dernier pays, ils sont environ un millier et combattent au sein de l’armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar dont l’offensive lancée en avril 2019 contre Tripoli s’est achevée en déroute totale. Ces paramilitaires ont été accusés d’exactions par des témoins, des ONG et des experts des Nations unies.

  • L’Algérie dément les mensonges émanant du Maroc

    L’Algérie dément les allégations émanant du Makhzen sur une prétendue réunion extraordinaire de la Ligue arabe

    Réagissant à des informations circulant sur les réseaux sociaux et relatives à la crise politique qui oppose l’Algérie à l’actuel gouvernement espagnol, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a rendu public un communiqué dont voici le texte intégral :

    « Certains sites sur les réseaux sociaux ont rapporté des informations fabriquées dans les laboratoires de propagande du Makhzen sur une prétendue incapacité de l’Algérie à mobiliser le soutien nécessaire pour organiser une réunion extraordinaire de la Ligue des États arabes en vue de d’en sortir avec une déclaration de solidarité avec l’Algérie ».

    Le ministère qui dément formellement ces allégations, en contradiction totale avec les valeurs de la diplomatie algérienne qui exerce ses fonctions en toute transparence et souveraineté, souligne une nouvelle fois le caractère strictement bilatéral et politique de la crise actuelle avec le gouvernement espagnol actuel en raison du manquement de ce dernier à ses devoirs envers la décolonisation du Sahara Occidental selon le droit international.

    De ce point de vue, l’Algérie, qui est convaincue du bien-fondé de sa position et de la justesse des décisions politiques souveraines qu’elle a prises à cet égard, se passe de l’obtention des positions de soutien, que ce soit des pays frères ou amis ou des organisations internationales », conclut le communiqué.