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  • L’Espagne dans de beaux draps !

    L’Espagne dans de beaux draps !

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    L’Espagne commence à payer cash les conséquences de son revirement sur la question du Sahara occidental. Les récents SOS et les appels pressants lancés autant par la classe politique que par les opérateurs économiques espagnols à l’endroit de Pedro Sanchez, l’homme par qui le scandale est arrivé, pour qu’il résolve au plus vite la crise avec l’Algérie, en disent long sur ces conséquences qui se chiffrent déjà en plusieurs centaines millions d’euros. En s’alignant sur le « plan de large autonomie pour le Sahara occidental » proposé par le Maroc, Pedro Sanchez, outre d’avoir ouvert la boîte de pandore, a montré qu’il est un mauvais élève en termes d’Histoire.

    S’il était un petit peu vigilant, il aurait su que ce plan ressorti depuis 2007 par le Makhzen marocain, a été déjà proposé par son pays en 1975 au Polisario qui l’a rejeté catégoriquement. Comment Pedro Sanchez peut-il croire qu’un plan échoué il y a 47 ans avec les Espagnols peut-il réussir avec les Marocains ? Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, pour de sombres raisons que la presse espagnole commence peu à peu à dévoiler, a vendu le Sahara occidental et travaille ouvertement pour les intérêts marocains et contre les intérêts de son propre pays.

    Les mois qui viennent vont lui montrer l’inanité de sa lune de miel avec le Makhzen marocain. La crise énergétique née du conflit Ukrainien, dont les effets néfastes commencent à se faire fortement sentir en Europe, va s’accentuer car, au vu des positions inconciliables des belligérants, le conflit risque encore de prendre plusieurs mois. Malgré cette situation pour le moins explosive pour l’Espagne, Pedro Sanchez, pourtant isolé politiquement dans son propre pays sur la question du Sahara Occidental, ne fait aucun geste dans le sens de l’apaisement.

    Hormis des souhaits pieux de vouloir visiter l’Algérie, il ne fait rien de sérieux pour rectifier son erreur ! Il n’a même pas daigné répondre aux clarifications demandées par l’Algérie sur le changement de la position espagnole vis-à-vis de la question sahraouie. Qualifiée de « honteuse » et de « scandaleuse » par l’opposition espagnole, la volte-face de Pedro Sanchez sur le Sahara occidental va causer de graves dégâts en Espagne. L’hiver qui approche, s’annonce froid et noir pour l’Espagne. Le chaos énergétique la guette autant que les autres pays européens. L’Espagne ne peut sortir du bourbier dont laquelle l’a enlisé Pedro Sanchez qu’en faisant son mea culpa par rapport au dossier du Sahara occidental et en prenant langue avec l’Algérie qui est incontestablement un partenaire plus important et dont les positions ne souffrent d’aucune ambiguïté.

    L’Express, 14 sept 2022

    #Espagne #Algérie #Gaz #Sahara_Occidental #Maroc

  • Congo: Il y a 62 ans, coup d’Etat contre Lumumba

    Congo: Il y a 62 ans, coup d’Etat contre Lumumba

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    En ce jour il y a 62 ans, un coup d’État soutenu par les États-Unis a eu lieu pour renverser Patrice Lumumba, le héros congolais de la libération, panafricaniste, et premier dirigeant démocratiquement élu et premier ministre de la République démocratique du Congo indépendante. L’anti-impérialisme de Lumumba et sa vision d’une nation unie ont fait de lui un ennemi à la fois pour la Belgique et les États-Unis. La CIA a ordonné son assassinat, mais lorsqu’ils n’ont pas pu terminer le travail par eux-mêmes, les États-Unis et la Belgique ont secrètement distribué de l’argent et de l’aide aux politiciens rivaux qui ont organisé le coup d’État, emprisonné, torturé.

      Suite à une victoire éclatante aux premières véritables élections auxquelles les Congolais ont participé, Patrice Lumumba est devenu premier ministre du Congo du 24 juin 1960 jusqu’à son renversement et son emprisonnement le 14 septembre de la même année par le militaire Joseph-Désiré Mobutu et ses soutiens. Ce dernier a ensuite dirigé le pays, d’abord en sous-main, puis de manière directe à partir de 1965 jusqu’à son renversement en 1997.

    Le 17 janvier 1961, Lumumba, ce grand combattant pour l’indépendance du Congo, pour la justice sociale et pour l’internationalisme a été torturé puis exécuté, en compagnie de plusieurs de ses camarades, par des dirigeants congolais complices des puissances occidentales ainsi que par des policiers et des militaires belges. Lumumba n’avait que 35 ans et aurait pu continuer à jouer un rôle très important, tant dans son pays, qu’en Afrique et au niveau mondial.

    Comme l’a écrit la journaliste Colette Braeckman :
    « Patrice Lumumba, Premier ministre congolais destitué en septembre, placé en résidence surveillée puis détenu à Thysville, avait été envoyé au Katanga le 17 janvier 1961. Cinq heures après son arrivée sur le sol katangais, il était mis à mort avec ses deux compagnons Maurice M’Polo et Robert Okito »1.

      Parmi les dirigeants congolais qui ont participé directement à la mise à mort de Lumumba, on trouve Moïse Tshombé président proclamé de la province congolaise du Katanga qui a fait sécession le 11 juillet 1960, à peine deux semaines après le début de l’indépendance que le Congo a obtenue le 30 juin 1960. La sécession du Katanga proclamée par Moïse Tshombe fut soutenue par la Belgique et des grandes entreprises privées minières belges très présentes dans cette partie du Congo, voir plus loin, afin de déstabiliser le gouvernement du premier ministre Patrice Lumumba.

      Au moins cinq policiers et militaires belges étaient également présents lors de l’assassinat. Joseph-Désiré Mobutu, un des principaux responsables congolais de l’assassinat de Lumumba, n’était pas présent sur place le jour de l’assassinat qui a eu lieu dans l’Est alors qu’il se trouvait à l’Ouest du pays dans la capitale.
      La responsabilité de la Belgique dans l’assassinat de Lumumba en janvier 1961 a été établie par plusieurs auteurs, notamment par Ludo De Witte dans L’Assassinat de Lumumba, et cela a fait l’objet des travaux d’une commission du parlement belge en 2001-2002. On pourra lire également l’interview donnée par Ludo De Witte au CADTM en 2018. Dans cette interview, Ludo De Witte résume simplement les causes de l’assassinat de Lumumba :

      « Lumumba a été la victime de l’impérialisme. En fait on voulait continuer l’impérialisme au Congo, remplacer un système colonial par un système néocolonial. Un système où il y aurait des noirs, des Congolais, qui seraient des politiciens et des ministres mais, en coulisse, ce serait toujours les pouvoirs occidentaux et leurs grandes sociétés qui domineraient le pays. C’est bien ça le néocolonialisme contre lequel Lumumba voulait lutter et c’est pour cela qu’il a été assassiné. ».

      Il convient de prendre connaissance du discours du premier ministre de la République du Congo, Patrice Lumumba face à Baudouin, roi des Belges. Baudouin avait déclaré dans son allocution :
      « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique ».

    Lumumba de la prison :
    « L’histoire aura un jour son mot à dire, mais ce ne sera pas l’histoire qui est enseignée à Bruxelles, Paris, Washington ou aux Nations Unies. Mais l’histoire qui sera enseignée dans les pays libérés de l’impérialisme et de ses marionnettes. « 

      Lors de la proclamation de l’indépendance du Congo le 30 juin 1960, le Premier ministre du Congo, Patrice Emery Lumumba, prononce un discours mémorable

      Lumumba dans son discours veut que justice soit rendue au peuple congolais, en voici une version intégrale sous forme vidéo et sous forme écrite :
      Discours prononcé au siège du parlement après ceux du Roi Baudouin et du Président Joseph Kasa-vubu, le jour de la proclamation de l’indépendance de la République démocratique du Congo.
      « Congolais et Congolaises,
      Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,
      Je vous salue au nom du gouvernement congolais.
      À vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

      Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

      Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.
      Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ?

      Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.
      Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même.

      Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les Noirs, qu’un Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe.

      Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation ?
      Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréé pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. La République du Congo a été proclamée et notre pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

      Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des droits de l’Homme.
      Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudront sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés.
      Et pour cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit. Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance, est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis.

      Ainsi, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo nouveau, notre chère République, que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces. Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.

      Je demande à la minorité parlementaire d’aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays. L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.

      Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays.
      J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
      Hommage aux combattants de la liberté nationale !
      Vive l’indépendance et l’Unité africaine !
      Vive le Congo indépendant et souverain ! »

    Source : Mille babords

    Lumumba, combattant internationaliste

      Avant de devenir premier ministre, Lumumba a établi des liens solides avec une série de mouvements et de personnalités anti impérialistes, panafricanistes et internationalistes. En décembre 1958, il est présent à la Conférence des Peuples africains à Accra. Il y rencontre, entre autres, l’ Antillo-Algérien Frantz Fanon, le Ghanéen Kwame Nkrumah et le Camerounais Félix-Roland Moumié 2. Il y prononce un discours dans lequel il déclare :

      « Notre mouvement a pour but fondamental la libération du peuple congolais du régime colonialiste et son accession à l’indépendance. Nous fondons notre action sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – droits garantis à tous les citoyens de l’humanité par la Charte des Nations Unies – et estimons que le Congo, en tant que société humaine, a le droit d’accéder au rang des peuples libres. ».

      Il le conclut en ses mots :
      « C’est pourquoi nous crions vivement avec tous les délégués : A bas le colonialisme et l’impérialisme. À bas le racisme et le tribalisme. Et vive la nation congolaise, vive l’Afrique indépendante. »
      À l’issue de cette conférence, Lumumba, est nommé membre permanent du comité de coordination, comme le rappelle Saïd Bouamama dans Figures de la révolution africaine 3. Lumumba était également proche de militants belges anticolonialistes et anticapitalistes comme Jean Van Lierde qui était engagé dans le soutien à la révolution algérienne et qui entretenait des liens étroits4 avec l’hebdomadaire La Gauche et avec son animateur principal Ernest Mandel.

      Quelques semaines après la conférence d’Accra, Lumumba et son mouvement organisent dans la capitale du Congo belge à l’époque, une réunion pour rendre compte des résultats de ce sommet anticolonialiste. Il y revendique l’indépendance du Congo devant plus de 10 000 personnes. Il décrit l’objectif du Mouvement National Congolais en évoquant « la liquidation du régime colonialiste et de l’exploitation de l’homme par l’homme » 5.

      Selon Le Monde diplomatique de février 1959, suite à cette conférence, une émeute éclata à Léopoldville à partir du 4 janvier 1959. Voici ce qu’en dit le mensuel français :
      « Le point de départ de l’émeute est en relation directe avec la conférence panafricaine d’Accra. C’est en effet au moment où les leaders du Mouvement national congolais — au premier rang desquels le président du Mouvement, M. Lumumba — s’apprêtaient à tenir une réunion publique sur ce sujet que les premiers troubles ont éclaté. Avec l’autorisation du gouverneur général du Congo belge, M. Cornelis, une délégation de nationalistes congolais, conduite par M. Lumumba, s’était rendue au Ghana en décembre. Et c’est un compte rendu de son voyage et de ses travaux qu’elle s’apprêtait à faire le 4 janvier, quand la police donna l’ordre aux conférenciers et à ceux qui étaient venus les entendre de se disperser » 6.

      Il faut préciser qu’au cours de l’année 1959, la répression organisée par la Belgique colonialiste a fait des dizaines, voire des centaines, de morts. Un exemple de l’ampleur de la répression : en octobre 1959, lors du congrès national du Mouvement national congolais (MNC) à Stanleyville, les gendarmes ont tiré sur la foule en faisant 30 morts et des centaines de blessés. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, il est jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier 1960.

      Mais les protestations sont telles qu’à Bruxelles, le pouvoir prend peur et décide de lâcher du lest en convoquant des élections locales auxquelles les Congolais sont invités à participer. Lumumba est libéré le 26 janvier quelques jours après sa condamnation. Finalement, après les élections locales, des élections générales sont organisées en mai 1960, les premières dans l’histoire du Congo belge. Le Mouvement national congolais (MNC) en sort vainqueur et, en conséquence, Lumumba est nommé premier ministre.


    L’enchaînement des évènements qui mène au coup d’État contre Lumumba et à son assassinat

      Suite au discours de Lumumba le 30 juin, le gouvernement belge, la monarchie et les patrons des grandes entreprises belges présentes au Congo décident d’écarter Lumumba et de provoquer la sécession du Katanga, la province la plus riche en matières premières.

      Tout de suite se présentent des complices congolais en la personne de Moïse Tshombé, proclamé président du Katanga le 11 juillet 1960, puis en la personne du président Joseph Kasa-Vubu qui révoque Lumumba en septembre 1960 sans en avoir le pouvoir constitutionnel, et en Joseph-Désiré Mobutu qui dirige quelques jours plus tard un coup d’État et fait arrêter Lumumba alors que ses ministres lui ont confirmé leur confiance et que son parti est le principal parti au parlement. Mobutu, qui a fait une carrière militaire pendant la colonie et est un ancien journaliste dans la presse congolaise pro-coloniale, a réussi à obtenir un poste de colonel dans la nouvelle armée et s’est retourné très vite contre le gouvernement congolais.

      Entretemps la Belgique avait envoyé au Congo dès juillet 1960, 11 000 soldats, ce qui est énorme, dont 9 000 au Katanga. Ces 11 000 soldats belges sont acheminés au Congo en dix jours, précédés par des troupes spéciales de paras-commandos. Cette intervention militaire constitue une véritable agression contre un État désormais indépendant. Il faut souligner que la Belgique, membre de l’ OTAN, a disposé jusque dans les années 1980, en Allemagne de l’Ouest, d’une zone militaire suréquipée s’étendant de la frontière belge au rideau de fer. L’état-major belge avait à sa disposition un arsenal militaire considérable, en partie d’origine américaine, et l’ OTAN lui a permis de déployer avions, transports de troupes et même des navires de la marine de guerre qui ont bombardé des positions congolaises dans l’estuaire du fleuve Congo.

      Le gouvernement des États-Unis et la CIA sont aussi à la manœuvre aux « côtés » de la Belgique, avec qui ils ont décidé d’assassiner Lumumba. Lumumba[fn] The Assassination Archives and Research Center, Interim Report : Alleged Assassination Plots Involving Foreign Leaders, III, A, Congo.

    . De même que la France. Dans un télégramme en date du 26 août 1960, le directeur de la CIA Allen Dulles indique à ses agents à Léopoldville au sujet de Lumumba :
      « Nous avons décidé que son éloignement est notre objectif le plus important et que, dans les circonstances actuelles, il mérite une grande priorité dans notre action secrète » 7.
      Soulignons que le 12 août 1960, la Belgique avait signé un accord avec Tshombé, reconnaissant de facto l’indépendance du Katanga. Les tentatives du gouvernement de Lumumba pour faire face à cette sécession étaient tout à fait légitimes, mais étaient combattues par les grandes puissances occidentales.
      Malgré son arrestation par Mobutu, Lumumba ne capitule pas et il garde le contact avec les ministres qui restent fidèles à leur engagement et avec ses camarades. Un gouvernement clandestin dirigé par Antoine Gizenga s’établit à Stanleyville. Lumumba réussit à échapper à ses geôliers le 27 novembre 1960 et cherche à rejoindre le gouvernement clandestin à Stanleyville, mais il est arrêté quelques jours plus tard en route.

      En janvier 1961, alors que Lumumba est toujours très populaire, Mobutu et les puissances occidentales craignent qu’une révolte populaire aboutisse à la libération du leader et décide de le faire exécuter. L’opération qui mène à l’exécution de Lumumba est directement accompagnée et dirigée par des Belges aux ordres de Bruxelles. De leurs lieux de détention, le 17 janvier 1961, Lumumba, Mpolo et Okito ont été emmené en avion, piloté par un équipage belge, à Élisabethville, capitale du Katanga, et livrés aux autorités locales. Ils ont ensuite été torturés par des responsables katangais, dont Moïse Tshombé, et par des Belges. Ils sont ensuite fusillés le soir même, par des soldats sous le commandement d’un officier belge.

      Selon le témoignage du Belge Gerard Soete, commissaire de police chargé à l’époque de mettre en place une “police nationale katangaise”, les trois corps ont été transportés à 220 kilomètres du lieu d’exécution, et ont été enfouis dans la terre derrière une termitière, en pleine savane boisée.
      L’Agence France Presse qui a recueilli le témoignage de ce commissaire de police belge rapporte que 3 trois jours plus tard, les corps ont de nouveau été déplacés afin de les faire disparaître définitivement. Gerard Soete a affirmé avoir été accompagné d’”un autre blanc” et de quelques congolais, quand ils ont découpé à la scie les corps des trois martyrs avant de les mettre à dissoudre dans de l’acide [9].

    Le soutien de la Belgique à la dictature de Mobutu
      L’armée belge est intervenue à deux reprises au Congo pour aider Mobutu et son régime dictatorial à mettre fin à des actions de résistance d’organisations lumumbistes, la première fois en novembre 1964 avec l’opération Dragon Rouge et Dragon Noir respectivement à Stanleyville et à Paulis. À cette occasion, l’opération a été menée conjointement par l’armée belge, l’armée de Mobutu, l’État-major de l’armée des États-Unis et des mercenaires parmi lesquels des Cubains anti-castrites.

      Dans un discours prononcé à l’assemblée générale des Nations unies en novembre 1964, Ernesto Che Guevara avait dénoncé cette intervention. Il l’a aussi dénoncée dans un discours prononcé à Santiago de Cuba en disant : « aujourd’hui, le souvenir plus présent, plus poignant que tout autre est certainement celui du Congo et de Lumumba. Aujourd’hui, dans ce Congo si éloigné de nous et pourtant tellement présent, il y a une histoire que nous devons connaître et une expérience qui doit nous être utile. L’autre jour, les parachutistes belges ont pris d’assaut la ville de Stanleyville », extrait du Discours de Che Guevara à Santiago de Cuba, le 30 novembre 1964, à l’occasion du 8e anniversaire du soulèvement de la ville mené par Frank País.

      La deuxième intervention de l’armée belge s’est déroulée à Kolwezi au cœur de la région minière du Shaba (Katanga) en mai 1978 en collaboration avec l’armée française et celle de Mobutu. La justice belge n’a toujours pas rendu de jugement sur l’assassinat de Lumumba. L’affaire n’a pas été classée grâce à l’action de tous ceux et de toutes celles qui veulent que justice soit rendue. La famille de Lumumba continue son action pour exiger la vérité. Un juge d’instruction belge est toujours en charge de l’affaire car l’assassinat a été qualifié de crime de guerre pour lequel il n’y a pas de prescription. Et comme le souligne l’avocat de la famille, Christophe Marchand, cité par la RTBF le 23 juin 2011 « les principaux commanditaires sont morts aujourd’hui (…) mais d’anciens conseillers et attachés de cabinet du ministère des Affaires étrangères sont toujours vivants ».

    Lumumba : une figure devenue emblématique
      La figure de Lumumba a traversé l’histoire et constitue encore aujourd’hui un exemple pour tous ceux et celles pour l’émancipation des peuples. Lumumba n’a jamais capitulé.
      Sa popularité était telle sous le régime du dictateur Mobutu que celui-ci a décrété en 1966 que Patrice Lumumba était un héro national. Non content de l’avoir renversé en septembre 1960 puis d’avoir été un des principaux organisateurs de son assassinat, il a essayé de s’approprier une partie de son aura. Le jour de son exécution, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.

      À Bruxelles, suite à des années d’action des militant·es anti-colonialistes, le conseil municipal de Bruxelles-Ville a voté le 23 avril 2018 la création d’une place Patrice-Lumumba, qui a été officiellement inaugurée le 30 juin de la même année, date du 58e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo.
      Cela est bien peu de chose.
      Au-delà de dire la vérité sur la lutte de Lumumba et d’exiger que justice lui soit rendue, l’important est de prolonger son combat et celui de tous les Congolais et Congolaises qui ont lutté et luttent pour qu’on mette fin à toutes les formes de spoliation, d’oppression et d’exploitation.

      C’est pourquoi, le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) considère que les autorités de la Belgique doivent :

    • Reconnaître publiquement et nommer l’ensemble des méfaits et crimes commis par Léopold II et le royaume de Belgique à l’encontre du peuple congolais, et de lui adresser en conséquence des excuses officielles ;
    • Approfondir un travail de mémoire, en impliquant les acteurs concernés, tant dans l’enseignement que dans les activités d’éducation populaire, en passant par les espaces institutionnels ;
    • Procéder à une restitution de l’ensemble des biens culturels congolais ;
    • Soutenir activement une remise en cause de tous les symboles colonialistes dans l’espace public belge ;
    • Réaliser à un audit historique de la dette afin de procéder à des réparations et rétrocessions financières inconditionnelles pour les montants perçus en conséquence de la colonisation du Congo ;
    • Agir au sein des instances multilatérales, Banque mondiale, FMI, Club de Paris, etc., afin que leurs membres procèdent à une annulation totale et inconditionnelle des dettes odieuses de la République démocratique du Congo ;
    • Soutenir publiquement tout moratoire sur le remboursement de la dette qui serait décrété par le gouvernement congolais afin d’améliorer le système de santé public et de faire face à l’épidémie de Covid-19 et d’autres maladies qui provoquent des décès qui sont tout à fait évitables si les dépenses de santé publique étaient nettement accrues.

      Le CADTM apporte son soutien aux différents collectifs qui en Belgique convoquent des actions dans la foulée de Black Lives Matter et tous ceux qui agissent sur le thème de la mémoire coloniale.
      Le CADTM apporte son soutien au peuple congolais pour faire face aux conséquences sanitaires, économiques et sociales de la crise du Covid-19. Malgré les diktats des créanciers et les graves manquements des gouvernements congolais successifs qui se traduisent par une sévère répression et un déni flagrant des droits humains fondamentaux, les mouvements sociaux congolais résistent. Le CADTM apporte son soutien à ces luttes qui visent à faire triompher la justice sociale.

    Cet article a été publié sur le site du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM).
    Lire hors-ligne :

    Références
    1. Colette Braeckman, « Congo La mort de Lumumba Ultime débat à la Chambre sur la responsabilité de la Belgique dans l’assassinat de Patrice Lumumba Au-delà des regrets, les excuses de la Belgique REPERES La vérité comme seule porte de sortie Van Lierde l’insoumis », publié le 6 février 2002 https://plus.lesoir.be/art/congo-la-mort-de-lumumba-noir-ultime-debat-a-la-chambre_t-20020206-Z0LGFG.html
    2. Félix Roland Moumié (1925-1960), dirigeant de la lutte anti colonialiste et anti impérialiste au Cameroun a été assassiné sur ordre de la France à Genève le 3 novembre 1960.
    3. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, 300 p.
    4. Voir le résumé de l’intervention de Jean Van Lierde lors d’une conférence publique réalisée à Bruxelles en octobre 1995 pour rendre hommage à Ernest Mandel http://www.ernestmandel.org/new/sur-la-vie-et-l-œuvre/article/dernier-hommage-a-ernest-mandel
    5. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, p. 160-177.
    6. Philippe Decraene, « L’Afrique noire tout entière fait écho aux thèmes panafricains exaltés à Accra » in Le Monde diplomatique, février 1959 https://www.monde-diplomatique.fr/1959/02/DECRAENE/22920
    7. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, 2014, p. 160-177.

    Source

  • Nadia Jalfi, un relé de la DGED en España

    Nadia Jalfi, un relé de la DGED en España

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    La mujer de Arístegui ayudó al servicio secreto marroquí
    -Desvelados unos 150 correos de la esposa del ex portavoz de Exteriores del PP
    -Los ‘e-mails’ trataban de temas como la imagen en prensa del conflicto del Sáhara
    -Su contacto era el jefe de Gabinete del responsable de inteligencia exterior
    -Rabat ha bloqueado la difusión de los mensajes en Twitter, pero no los desmiente

    IGNACIO CEMBRERO

    El diplomático y cineasta español «nos propone plasmar en imágenes, de manera pertinente, la soberanía histórica de Marruecos sobre el Sáhara. Asegura poseer documentos inéditos sobre el asunto. No hace falta explicar el provecho que podríamos sacar de un proyecto de esta naturaleza».

    La que escribe estas líneas en Rabat desde su correo de Yahoo, al regresar de un viaje a Madrid a finales de 2008, es Nadia Jalfi. Se las envía a una de las tres direcciones de correo electrónico abiertas por Mourad el Ghoul. Éste es el jefe de Gabinete del director de la Dirección General de Estudios y Documentación (DGED), el servicio secreto exterior marroquí. La visita a Madrid, recuerda en el mensaje, la ha efectuado tras obtener «el acuerdo de principio» de El Ghoul.

    El perfil anónimo que desde el 2 de octubre ha desvelado, a través de Twitter, cientos de documentos y correos electrónicos confidenciales de la diplomacia marroquí y de la DGED colgó el 16 de enero unos 150 correos enviados o recibidos, entre 2008 y 2011, por Nadia Jalfi y El Ghoul. Ambos se tutean y se escriben en francés. De su lectura se deduce que durante esos tres años Jalfi mantuvo una estrecha relación con la DGED.

    Poco después de esta publicación, Twitter suspendió la cuenta del que usurpaba el nombre del entrenador de la selección de Gales (@chris_coleman24). Las autoridades marroquíes hicieron gestiones para que ese perfil fuese cerrado, pero no han desmentido la autenticidad de los documentos que sacó a la luz. Sólo un empresario de prensa marroquí, Ahmed Charai, que aparece en cientos de correos, ha escrito que habían sido manipulados, pero sin precisar en qué.

    Nadia Jalfi contrajo matrimonio, en octubre de 2010, con Gustavo de Arístegui, de 51 años, entonces portavoz de Asuntos Exteriores del Grupo Popular en el Congreso de los Diputados. Su relación sentimental había empezado dos años antes. De Arístegui es desde 2012 embajador de España en la India.

    ‘Empleo de rango medio’
    «Nadia desempeñaba un empleo de rango medio en una agencia de comunicación, en Rabat, que recibía encargos de administraciones y empresas privadas», asegura una persona allegada a la esposa del embajador y designada por ella para responder a las preguntas de EL MUNDO.

    «Mantenía correspondencia con múltiples clientes, pero no conoce al tal El Ghoul», añade esa misma fuente, que desmiente cualquier relación con la DGED. «Algunos de los correos publicados han sido manipulados», precisa, sin explicar en qué. «Buena parte de sus clientes querían que les ayudara a promocionar, a través de la prensa europea, eventos que se celebraron en Marruecos como, por ejemplo, el Festival de Cine de Marrakech», señala.

    Nadia Jalfi «dejó de trabajar para esa agencia en 2008, aunque hizo aún alguna colaboración esporádica en 2009», prosigue la misma persona. «Si han aparecido correos posteriores es probablemente porque, por rutina, algunos de sus interlocutores seguían dirigiéndose a ella», sospecha. «Nada de lo que ella hizo es extraño o ilegal», recalca.

    Nadia Jalfi trabajó esos años para la agencia Mena Media Consulting, que perteneció al hombre de negocios saudí Othman Al Omeir, con inversiones en prensa en Marruecos. Más tarde, la agencia fue comprada por Fouad Ali el Himma, brazo derecho del rey Mohamed VI, según medios de comunicación marroquíes.

    Una parte de la actividad profesional de Nadia Jalfi estuvo dedicada a tratar de dar a conocer aspectos positivos de Marruecos, ofreciendo, por ejemplo, a emisoras de radio españolas hacer en directo desde Rabat sus programas estrella. Cursaba estas invitaciones coordinándose con El Ghoul, según se desprende de los correos divulgados.

    Otras invitaciones estuvieron dirigidas a directivos de periódicos españoles y consistieron en un viaje relámpago a Rabat para mantener una larga conversación informal con Yassine Mansouri, director de la DGED. En una ocasión, El Ghoul presentó a Nadia Jalfi ante un interlocutor francés como la «agregada de prensa» encargada de preparar la visita y acompañar al periodista.

    El Sáhara, tema recurrente
    El Sáhara Occidental, esa antigua colonia española en manos de Marruecos desde hace casi 40 años, ocupa mucho espacio en la correspondencia de Nadia Jalfi. El 16 de octubre de 2008 envió un correo a El Ghoul para que éste lo aprobase y lo publicase la agencia de prensa oficial (MAP). En él cuenta la visita a Rabat de Pedro Sanz, presidente de La Rioja, que ella ayudó a organizar. El huésped español opina que «la solución más lógica y la única viable para resolver el conflicto del Sáhara es una amplia autonomía», como la propuesta por Marruecos.

    El 17 de diciembre de ese mismo año, Nadia Jalfi recibe un correo de un periodista de la revista italiana Tempi, cuya visita al Sáhara ella también ha dispuesto. Le anuncia que cumplirá su promesa publicando un reportaje «de tres páginas dedicado a los ex del Polisario que se han incorporado a Marruecos tras malas experiencias en los campamentos» de refugiados.

    Dos años después, el 18 de diciembre de 2010, El Ghoul señala a Nadia Jalfi que la televisión estadounidense Fox News ha colgado por fin en su web un artículo «sobre los nexos entre el Polisario y Al Qaeda en el Magreb Islámico». Le insta a que lo «divulgue al máximo con sus contactos». Un mes antes, el coordinador antiterrorista del Departamento de Estado, Daniel Benjamin, había negado, sin embargo, que el Polisario tuviera vínculos con el terrorismo.

    «¿Podrías movilizar a tus contactos mediáticos en Francia para que hablen y cubran el acontecimiento?», pide El Ghoul a Nadia Jalfi el 12 de enero de 2011, en uno de los últimos correos que intercambian. Se trata de que los medios franceses se hagan eco de la conferencia de prensa que el abogado Michel de Guillenchmidt dio el 17 de enero para denunciar «la odiosa manipulación» de la prensa española.

    Tras el desmantelamiento del gran campamento de protesta saharaui de Gdeim Izik en noviembre de 2010, la agencia Efe y varios diarios españoles (EL MUNDO, El País, La Vanguardia, etcétera) publicaron una foto de niños palestinos en un hospital de Gaza haciéndola pasar por críos saharauis en el Hospital de El Aaiún. En el flujo de instantáneas enviadas a la prensa por particulares desde el Sáhara, vetado para la prensa extranjera, se coló esa fotografía. La mayoría de los periódicos reconocieron su error y se disculparon ante sus lectores.

    Las autoridades marroquíes no se conformaron con eso. Encargaron a la DGED que buscase en Gaza a dos padres y un niño palestino que salió con vida y que los trasladase a Rabat, donde manifestaron su indignación por la manipulación. En el Consulado de España obtuvieron visados Schengen con los que viajaron a Madrid, París y Bruselas, donde dieron conferencias de prensa, acompañados de abogados, y pusieron una querella.

    «Si Nadia hubiese sido española o italiana, no habría estado a las órdenes de un espía», opina un ex agente secreto español. «En Europa, si los poderes públicos quieren hacer lobby en el extranjero para mejorar su imagen sobre un determinado asunto no recurren a un servicio secreto», añade. «Pero en Marruecos es diferente; en cuanto se toca el Sáhara los servicios están omnipresentes», concluye.

    El Mundo, 02/02/2015

    #Marruecos #DGED #Nadia_Jalfi #Lobbying #Gustavo_de_Arístegui #Mourad_el_ghoul

  • UA: Les amis du Maroc, tous de la galaxie de la Françafrique

    UA: Les amis du Maroc, tous de la galaxie de la Françafrique

    Union Africaine, Maroc, Sahara Occidental, RASD, Sommet de Kigali,

    Il aura tout préparé, tout ficelé pour faire de son royaume le guest-star du 27e sommet de l’Union africaine (UA) qui se tient à Kigali, au Rwanda. Une formidable opération de lobbying tous azimuts, des prises en charge dans ses palais, ses palaces et ses «riyads» au profit de certains dirigeants africains.

    Et au bout, un long discours en l’honneur de l’organisation panafricaine que lui et son père qualifiaient pourtant de simple «machin», incolore, inodore et insonore. 

    Les temps ont changé, notre ami le roi aussi. Trente-huit ans après, le makhzen se rend compte qu’il a gaffé en claquant la porte de l’ex-OUA, actuelle UA. Et ce réveil en sursaut a donné des ailes et beaucoup de poésie à un monarque si habitué à réduire les dirigeants africains, notamment ceux de l’Ouest, à de simples sujets d’outre… terre. 

    Qu’il est beau, en effet, le discours de M6 à la gloire de l’Afrique… ! On se surprend presque à croire qu’il parlait plutôt de l’Union… européenne tant la nostalgie le disputait au dithyrambe. 

    C’est hélas raté pour cette fois. Son royaume a essuyé un double échec, puisque sa demande d’admission au sein de l’UA ne sera examinée qu’au mois de janvier, à l’occasion du prochain sommet. A Kigali, on a estimé que les candidatures préposées pour remplacer la Sud-Africaine Nkozazana Dlamini-Zuma, à la tête de la Commission de l’union, n’avaient pas suffisamment de poids pour le poste. 

    Le roi du Maroc comptait pourtant s’appuyer sur l’élection de l’un de ses trois «représentants» pour soutenir sa demande d’admission. Il s’agit de la ministre des Affaires étrangères du Botswana, Pelonomi Venson-Moitoi, l’ancienne vice-présidente ougandaise, Speciosa Wandira Kazibwe, ou le ministre des Affaires étrangères de la Guinée équatoriale, Agapito Mba Mokuy.

    Il va lui falloir patienter jusqu’à janvier pour espérer faire «placer» l’un de ces trois concurrents, et bien sûr, obtenir officiellement son billet d’entrée à l’organisation panafricaine. Il va donc y avoir de la déception à Rabat, après tant d’activisme et de lobbysme. Faut-il souligner cette motion signée par 28 Etats, tous acquis à sa majesté, réclamant la suspension de la Rasd de l’Union africaine. 

    Ali Bongo, l’un des sujets africains du roi a été chargé de lire cette motion qui saluait, notamment, le discours du roi et le retour annoncé du Maroc au sein de l’UA. Dans la liste des 28 pays signataires, on retrouve presque au grand complet la galaxie de la «Françafrique», acquise au royaume et à Paris. Du Gabon au Sénégal, en passant par la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Burkina Faso, tous les pays de la sphère francophone ont apposé leur paraphe, mis à part le Cameroun de Paul Biya. Le roi a brassé très large en attirant même certains pays pas acquis à sa cause jusque-là, à l’image de la Libye, de la Somalie, ou encore du Soudan et du Ghana. 

    Mais même au sommet du mois de janvier, il ne sera pas aisé de faire sortir la Rasd de l’Union africaine, dont les statuts fondateurs ne mentionnent nulle part cette possibilité d’expulser un membre. Les représentants du roi seront contraints de droit à cohabiter avec ceux de la Rasd aussi longtemps que l’Acte constitutif de l’UA n’est pas modifié. 

    Celui-ci précise dans son article 32 que les amendements ou révisions sont adoptés par la Conférence de l’union par consensus ou, à défaut, à la majorité des deux tiers, et soumis à la ratification de tous les Etats membres, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives. Mohammed VI et ses alliés devront donc aller chasser loin des terres de la Françafrique pour espérer mettre le Polisario dehors. 

    La bataille s’annonce rude d’ici au prochain sommet de l’Union africaine entre partisans et adversaires de la République sahraouie. Le Maroc ne se fera pas prier pour remuer ciel et terre afin de remettre pied à l’UA et convaincre le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Niger, la Namibie, l’Angola, le Kenya et le Mozambique, entre autres, à désavouer la Rasd. Mais le roi doit savoir qu’on ne peut pas acheter tout le monde. Il y a dans cette Afrique une sagesse légendaire qui ne s’accommode pas de petits arrangements entre amis.

    Le Maaroc ne conditionne pas son retour à l’UA par le retrait de la Rasd: Rabat lâche du lest


    Le royaume marocain veut revenir à l’Union africaine, et ce, 32ans après l’avoir quittée pour protester contre l’admission, en 1982, de la République arabe sahraouie démocratique.

    Le Maroc a fait sa demande de réintégration à l’organisation panafricaine officiellement à l’occasion de la 27e session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, réunis les 17 et 18 juillet à Kigali (Rwanda). C’est à travers une lettre adressée aux participants au Sommet africain que le Roi Mohammed VI a exprimé la volonté de son pays de retrouver sa place au sein de l’union. «Cette décision de retour, réfléchie et longuement mûrie, émane de toutes les forces vives du royaume. Par cet acte historique et responsable, le Maroc compte œuvrer, au sein de l’UA, en vue de transcender les divisions», a expliqué le roi qui évoque la place de son pays dans le continent et les conditions de son retrait, le 12 novembre 1984, de l’Organisation de l’unité africaine, OUA, ancêtre de l’UA.

    Dans sa lettre, le souverain marocain qualifie la République sahraouie de «pseudo Etat», d’«Etat fantôme» et réclame à l’Union africaine d’adopter une position de «neutralité» par rapport à la question. Pour lui, l’adhésion de cet Etat à l’UA est une «erreur historique» qu’il faut corriger et «un legs encombrant» dont il faut se débarrasser. «Sur la question du Sahara, écrit Mohammed VI, l’Afrique institutionnelle ne peut supporter plus longtemps les fardeaux d’une erreur historique et d’un legs encombrant. L’Union africaine n’est-elle pas en contradiction évidente avec la légalité internationale ? Puisque ce prétendu Etat n’est membre ni de l’Organisation des Nations unies, ni de l’Organisation de la coopération islamique, ni de la Ligue des Etats arabes, ni d’aucune autre institution sous-régionale, régionale ou internationale.»

    Il souligne qu’au moins 34 pays membres de l’union ne reconnaissent pas ou plus cette entité, ajoutant que parmi les 26 pays qui s’étaient placés dans le camp de la division en 1984, seule une stricte minorité, d’une dizaine de pays, subsiste. «Cette évolution positive est, d’ailleurs, conforme à la tendance observée au niveau mondial. Depuis l’année 2000, 36 pays ont retiré leur reconnaissance à l’Etat fantôme», poursuit-il, avant d’appeler l’UA à la neutralité. «Par sa neutralité retrouvée, elle pourrait, par contre, contribuer d’une manière constructive à l’émergence de cette solution», a-t-il indiqué, en évoquant le processus onusien de résolution de la question.

    Le président tchadien de l’UA ignore la lettre du Maroc

    La presse marocaine a fait de cette surprenante initiative un fait majeur. En fait, la motion a été superbement ignorée par le président en exercice du sommet de l’UA, le Tchadien Idris Déby, qui s’est refusé à la lire en séance plénière comme le souhaitaient certains chefs d’Etat africains à la solde du Palais royal.

    Le président gabonais Ali Bongo, en proie à des problèmes internes dans son pays, a pris une initiative dangereuse pouvant mettre en péril l’avenir de l’UA, en signant une motion au nom de 28 chefs d’Etat africains sur les 54 membres et adressée à Driss Déby, président de la République du Tchad et président en exercice de l’Union africaine (UA), en vue de la suspension, prochaine, de la fantomatique République arabe sahraouie démocratique » des activités de l’UA, et de tous ses organes, « afin de permettre à l’organisation panafricaine de jouer un rôle constructif et de contribuer positivement aux efforts de l’ONU pour un dénouement définitif du différend régional sur le Sahara ».

    Source : Marocleaks, 18/07/2016

    #Maroc#Union_Africaine #Sahar_Occidental #RASD

  • Espagne: Arrivé de près de 800 immigrés via l’Algérie

    Espagne: Arrivé de près de 800 immigrés via l’Algérie

    Espagne, Algérie, immigration, Iles Baléares, pateras,

    Le week-end a laissé au moins 760 arrivées irrégulières de migrants sur la côte espagnole par la mer , dont 92 pour cent (705 migrants) sont arrivés dans différents bateaux pour atteindre les îles Baléares et les provinces péninsulaires de Levante, des déplacements qui peuvent être attribués principalement à ce que est connue comme la route algérienne.

    Au contraire, selon des sources du ministère de l’Intérieur, le deuxième week-end de septembre n’a enregistré que 55 arrivées de migrants aux îles Canaries par la route marocaine. Ce dernier est statistiquement lele plus utilisé pendant des mois pour tenter d’accéder à l’Espagne de manière irrégulière.

    Les statistiques officielles du ministère de l’Intérieur au 31 août montraient une baisse des arrivées de migrants par la mer de 12,9 % (17 170 au total, 2 542 de moins qu’en 2021) sur 902 bateaux, malgré le signe annonciateur d’une plus grande pression migratoire. pour la crise avec l’Algérie après le soutien espagnol au plan marocain pour le Sahara.

    Jusqu’au 31 août, 34,89 % de migrants en moins parvenaient à accéder à la péninsule et aux îles Baléares . En revanche, 14,9% de migrants supplémentaires sont arrivés aux îles Canaries , poursuivant la tendance qui indique la préférence de cette deuxième route. En ajoutant les routes terrestres, l’immigration irrégulière a diminué de 10,25 % au cours de cette période.

    En mai, deux mois après la lettre du président du gouvernement, Pedro Sánchez, soutenant le plan marocain sur le Sahara , la route migratoire depuis le Maroc canalisait trois fois plus d’arrivées que celle algérienne : 8 268 migrants étaient arrivés aux îles Canaries. dans 181 bateaux, contre 2 824 migrants dans 274 bateaux qui ont atteint les îles Baléares et la péninsule.

    DONNÉES AVEC LES DERNIÈRES ARRIVÉES DE PATERAS

    Des sources du ministère de l’Intérieur soulignent que les centres d’accueil temporaire pour étrangers (CATE) fonctionnent « comme prévu ».

    En outre, ils appellent à la prudence sur les données de ce week-end dernier , car l’ augmentation de la route algérienne peut être circonstancielle, compte tenu de variables telles que la situation météorologique et son impact sur les conditions de la mer.

    Des délégations gouvernementales et des organisations telles que la Croix-Rouge ont fourni des données sur le bilan des sauvetages de migrants ces dernières heures , bien que leurs chiffres incluent dans certains cas de petits bateaux aperçus ce lundi -et non comptabilisés dans les statistiques de l’Intérieur.

    Sur la côte d’Almería , les équipes d’intervention immédiate de la Croix-Rouge ont soigné 308 personnesarrivées de bateaux sur un total de 27 interventions depuis vendredi dernier. La dernière des activations a eu lieu lundi matin pour s’occuper d’une petite embarcation avec 14 personnes , dont cinq mineurs, ainsi que pour secourir trois personnes qui voyageaient en jet ski.

    Depuis le début de l’été et jusqu’à la fin du mois d’août, 1 100 personnes au total ont été transférées au port de pêche d’Almería après que l’un des 121 bateaux à bord desquels elles voyageaient dans les eaux de la mer d’Alboran et au large des côtes ait été intercepté depuis Cabo de Gata.

    Aux îles Baléares , entre vendredi et dimanche, 22 petites embarcations transportant 371 migrants ont été interceptées , selon les données de la délégation gouvernementale sur les îles.

    À Murcie , le sauvetage maritime et la garde civile ont intercepté ce week-end dans les eaux de Carthagène et Águilas un total de 18 bateaux dans lesquels ils voyageaient209 immigrés d’Algérie, selon des sources de la Délégation gouvernementale.

    Les chiffres sont encore loin des dernières crises migratoires vécues avec Rabat, avec deux moments cruciaux : l’été-automne 2020, en pleine pandémie de Covid , où 2 700 migrants ont été soignés au quai d’Arguineguín et à Barranco Seco (Gran Canaria) et, en mai 2021, avec l’entrée à Ceuta de quelque 10 000 personnes en raison de la passivité de la police marocaine.

    Cronica Balear.es, 12/09/2022

    #Espagne #Algérie #Immigration #Iles_Baléares

  • Espagne: Les importations de gaz ont bondi de 27 % en juillet

    Espagne: Les importations de gaz ont bondi de 27 % en juillet

    Espagne, gaz, GNL, Algérie, Maroc, Sahara Occidental,

    8 septembre (Reuters) – Les importations de gaz de l’Espagne en juillet ont bondi de 27% par rapport à l’année précédente en raison de l’augmentation des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL), principalement en provenance des Etats-Unis et de la Russie, selon des données gouvernementales publiées jeudi.

    L’Espagne a importé l’équivalent de 36 606 gigawattheures (GWh) de gaz naturel en juillet, a indiqué Cores, un service du ministère de l’énergie et de l’environnement.

    Les expéditions de GNL ont plus que doublé et ont représenté 72% des importations totales, tandis que les achats par gazoducs, principalement en provenance d’Algérie, ont chuté de 38%, a indiqué Cores dans son communiqué.

    La consommation de gaz de l’Espagne a augmenté pendant l’été, car plusieurs vagues de chaleur ont stimulé la demande de climatisation et la sécheresse a freiné la production d’hydroélectricité.

    Le pays dépend des livraisons de GNL par voie maritime et d’une liaison par gazoduc avec l’Algérie, qui est en conflit diplomatique avec l’Espagne au sujet du Sahara occidental.

    La crise énergétique de l’Europe s’est aggravée depuis que la Russie a interrompu son gazoduc Nord Stream 1 et que le président russe Vladimir Poutine a menacé de couper toutes les livraisons de pétrole et de gaz si l’Europe imposait des prix plafonds.

    Le mois dernier, les compagnies gazières espagnoles ont rempli les réservoirs de stockage à 80 % de leur capacité, selon le gestionnaire de réseau Enagas.

    En juillet, le gaz russe représentait 14,5 % des importations espagnoles, soit deux fois plus qu’un an plus tôt, tandis que le gaz en provenance des États-Unis représentait 23 % des importations, contre 9,2 % auparavant.

    Les entreprises espagnoles ont augmenté leurs importations de GNL en provenance de Russie au cours de l’été, mais les livraisons annuelles resteront aux alentours de 7 % des importations, comme d’habitude, a déclaré cette semaine la ministre de l’Énergie, Teresa Ribera.

    L’Espagne a réexporté l’équivalent de 4 329 gigawattheures de gaz, principalement vers la France.

    Reuters, 08/09/2022

    #Espagne #Algérie #Gas #GNL #Maroc #Sahara_Occidental

  • Pérou: Démission du MAE pour désaccords avec le président

    Pérou: Démission du MAE pour désaccords avec le président

    Pérou, Pedro Castillo, Miguel Rodriguez, Maroc, Sahara Occidental, Accord d’Escazu,

    Le nouveau ministre des Affaires étrangères du Pérou démissionne lors du dernier coup porté au président

    MEXICO CITY (Reuters) – Le ministre péruvien des Affaires étrangères, Miguel Rodriguez, a démissionné après seulement un mois de mandat, a annoncé vendredi le ministère des Affaires étrangères du pays, après des affrontements publics entre le président officiel et de gauche Pedro Castillo.

    « Je vous écris pour présenter ma démission irrévocable au poste de ministre d’État au Bureau des relations extérieures », a écrit Rodriguez dans une lettre publiée par le ministère des Affaires étrangères sur Twitter.

    « L’objectif était de revitaliser la politique étrangère du Pérou, de corriger les erreurs et d’essayer de renforcer le cours de la vie internationale de notre pays », a-t-il ajouté, sans plus de détails.

    Plus tôt cette semaine, Castillo a sapé l’annonce d’août de Rodriguez selon laquelle le Pérou rompait les relations diplomatiques avec la République arabe sahraouie démocratique partiellement reconnue au Sahara occidental.

    Jeudi, Castillo a tweeté que le Pérou avait réaffirmé la défense de « l’autodétermination » de l’Etat du Sahara.

    Les deux politiciens étaient également en désaccord sur l’Accord d’Escazu, un traité régional sur l’environnement, et sur la participation du Pérou à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

    Le départ de Rodriguez s’accompagne de celui du vice-ministre péruvien des Transports, Luis Rivera, qui a également démissionné vendredi après avoir été condamné à six ans de prison pour corruption.

    Les cotes d’approbation de Castillo, qui est en poste depuis un peu plus d’un an, ont chuté. Il a déjà remanié son cabinet à plusieurs reprises et se bat contre une enquête de corruption menée par le procureur du pays.

    Swissinfo, 10 septembre 2022

    #Pérou #Pedro_Castillo #Miguel_Rodriguez #Maroc #Sahara_Occidental

  • Mali: Une « compensation » pour la libération des soldats ivoiriens

    Mali: Une « compensation » pour la libération des soldats ivoiriens

    Mali, Côte d’Ivoire, militaires ivoiriens, Assimi Goïta

    BAMAKO – Le président par intérim du Mali souhaite une solution mutuellement bénéfique pour mettre fin à une querelle diplomatique concernant 46 soldats ivoiriens détenus au Mali, notant que la Côte d’Ivoire a accordé l’asile à des personnalités politiques recherchées par sa junte, a annoncé samedi la télévision d’Etat.

    Les soldats ivoiriens ont été détenus à l’aéroport international du Mali dans la capitale, Bamako, le 10 juillet. La junte malienne a déclaré qu’ils étaient arrivés par avion sans autorisation et qu’ils étaient considérés comme des mercenaires.

    La Côte d’Ivoire, qui a demandé à plusieurs reprises leur libération, affirme que les soldats avaient été déployés dans le cadre d’un contrat de soutien sécuritaire et logistique signé avec la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali.

    Le président par intérim Assimi Goita « a fait savoir qu’au moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses militaires, elle continue de servir d’asile politique à certaines personnalités politiques maliennes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international », a déclaré l’Etat. a déclaré le radiodiffuseur.

    La junte de Goita est arrivée au pouvoir par un coup d’État il y a deux ans, renversant l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita, dont le fils Karim est en Côte d’Ivoire avec les anciens ministres du gouvernement Tienan Coulibaly et Igor Diarra.

    Selon l’émission, Goita souhaiterait une solution mutuellement bénéfique au bras de fer sur les militaires « par opposition à une solution à sens unique qui consisterait à accéder aux revendications ivoiriennes sans aucune compensation pour le Mali ».

    Depuis leur arrivée au pouvoir, les autorités de transition du Mali se sont disputées à plusieurs reprises avec les pays voisins et les puissances occidentales au sujet des retards électoraux, des abus présumés de l’armée et de la coopération avec des mercenaires russes dans la lutte de la nation ouest-africaine contre les militants islamistes.

    Euronews, 11/09/2022

    #Mali #Cote_divoire #Militaires_ivoiriens

  • Danser sur l’eau au Mali: un rêve de « fous » devenu réalité

    Danser sur l’eau au Mali: un rêve de « fous » devenu réalité

    Mali, Lassine Koné, bateau-résidence d’artistes du Mali,

    Un doux mouvement s’est emparé de la plateforme flottante quand les douze jeunes danseurs y ont débuté leurs mouvements. Lassina Koné, debout sur la rambarde du navire installé au bord du fleuve Niger, à Bamako, les observe en souriant.

    Son rêve de gosse est en train de se réaliser. Le danseur-chorégraphe malien de 37 ans, jamais en reste de raconter la dernière idée qu’il a eue la veille, peaufine les derniers détails avant le lancement officiel du premier bateau-résidence d’artistes du Mali.

    L’ouvrage, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’architecte Cheick Diallo, va accueillir des représentations de théâtre, des expositions photo, des spectacles de danse… Et détonne dans le décor bamakois.

    Il faut imaginer les berges du Niger de la capitale malienne, jonchées de déchets, où vivent plusieurs communautés de pêcheurs artisanaux. Sur l’eau, ils naviguent sur leurs fines pirogues de bois.

    Désormais s’offre à l’œil des conducteurs coincés dans les embouteillages du pont avoisinant un étrange navire d’une vingtaine de mètres sur six fait de fer et de bois.

    Au crépuscule, quand les chauve-souris prennent leur envol, les peaux des tam-tams résonnent au rythme des pas de danse des jeunes femmes et hommes de l’équipe de Lassina.

    Quelques vendeurs d’arachides éberlués se sont arrêtés.

    Courtes dreads sur le crâne, muscles saillants et lunettes de soleil vintage, Lassina Koné, le chorégraphe, court partout: finalisation de la performance mais aussi ultimes coups de peinture et même soudure de dernière minute, à l’arrière du bateau.

    « Chaque seconde est importante, il faut que tout soit parfait demain », dit-il.

    « Tonton, j’ai un rêve »

    Rembobinons l’histoire. « Lassina est venu me voir il y a plusieurs années et m’a dit +Tonton, j’ai un rêve, aide-moi+ », dit l’architecte Diallo.

    Les deux se connaissent bien. Le premier, Lassina, est à la tête de Don Sen Folo Lab, un espace de création artistique installé dans un village, Bancoumana, à 45km de Bamako. Le second est un architecte-designer reconnu de la place, exposé aux biennales de design du monde entier, et actuellement délégué de celle de la photographie à Bamako, évènement culturel majeur du continent qui se tient tous les deux ans.

    « Il s’avérait que j’avais quasiment le même rêve, alors je me suis embarqué avec lui », dit-il.

    L’idée de Lassina: pouvoir circuler sur le fleuve et proposer à ses riverains des performances d’art. Celle du « tonton » Diallo: trouver une manière créative de naviguer sur le fleuve, l’un des plus longs d’Afrique qui va de la Guinée au Nigeria, à la rencontre des peuples qui y habitent.

    Qu’à cela ne tienne — « nous, artistes, on se doit d’être fous, c’est la folie qui permet de dépasser les contraintes du quotidien », clame Cheick Diallo. « C’est la rencontre d’un fou avec un autre ».

    Quatre ans plus tard, après cinq mois de chantier, la Pirogue du Zémé, du Sage en bambara, flotte sur l’eau marron du Niger. Dans ce petit monde de l’art contemporain malien en pleine expansion, le rêve, la folie et l’espoir paraissent des maîtres mots, loin de la crise politico-sécuritaire du Mali.

    « Le Mali, pays où l’on crée »

    La jeune Assetou Aïda Doumbia, danseuse de 24 ans, ne s’y fait toujours pas de danser sur l’eau. « C’est autre chose, mais on est 100% prêts ». Yacouba Coulibaly, 28 ans, abonde: « C’est un travail particulier de s’adapter comme danseur à cet environnement. C’est ma première fois sur un bateau ».

    Mais il faut voir plus loin que la danse, plaide Lassina. « Il y a les marionnettes aussi », un art traditionnel réputé du sud malien, « du théâtre, de la photo »… Il fait le vœu de faire de cette Pirogue du Zémé une résidence pérenne pour jeunes artistes.

    Le soir de l’inauguration, une pluie fine tombe sur Bamako. Les marionnettes géantes déambulent sur la berge, deux jeunes comédiennes déclament une saynète, et la troupe de Lassina prend place sur la plateforme, devant autorités et diplomates.

    « C’est une manière de faire connaître un autre Mali », estime l’ambassadeur de l’UE Bart Ouvry.

    La culture est « un vecteur pour éviter que les jeunes versent dans autre chose », dit-il, dans un pays parmi les moins développés au monde, ravagé par des attaques. Et aussi pour dire « aux investisseurs que le Mali est un pays où il y a de la créativité ».

    TRT Français, 09/09/2022

    #Mali

  • Guerre médiatique entre les EAU et le Qatar : 2ème tour

    Guerre médiatique entre les EAU et le Qatar : 2ème tour

    EAU, Emirats Arabes Unis, Qatar, Frères Musulmans, Mohammed bin Zayed, Irak, Iran, Yémen, Libye,

    Résumé : la fin du blocus du Qatar l’année dernière a, en apparence, apaisé les tensions entre Abu Dhabi et Doha, mais si l’on regarde un peu plus en profondeur, l’animosité demeure.

    Nous remercions Matthew Hedges pour la newsletter d’aujourd’hui. Matthew est un universitaire qui se concentre sur les régimes autoritaires, et plus particulièrement sur les monarchies des États du Golfe. Contributeur régulier d’AD, il est l’auteur de Reinventing the Sheikhdom : Clan, Power and Patronage in Mohammed bin Zayed’s UAE, publié par Hurst en juin. Vous pouvez retrouver la conversation podcast de Matthew sur le livre ici.

    Alors que le blocus du CCG s’est officiellement relâché et que l’engagement diplomatique reprend, les Émirats arabes unis ont poursuivi leurs manœuvres. Le deuxième tour a commencé. Malgré l’ignorance sélective de l’Occident à l’égard des relations étrangères des EAU avec la Russie, les EAU ont beaucoup appris de la stratégie de « guerre hybride » de Moscou. Cette nouvelle phase n’a pas été initiée par le piratage de l’agence de presse qatarie (QNA) (utilisée par les Émiratis pour lancer avec les Saoudiens leur blocus du Quartet en 2017,) mais une reprise de l’animosité historique.

    Depuis l’ascension de Mohammed bin Zayed à la présidence des Émirats arabes unis en mai de cette année, il y a eu un processus de consolidation interne pour centraliser davantage le pouvoir au sein de la branche Bani Fatima de la famille et maintenir une approche unitaire de la politique étrangère (voir notre bulletin d’information du 6 juin.) Sous cette direction, l’hostilité à long terme des Émirats arabes unis envers les Frères musulmans reste un élément central de sa stratégie de politique étrangère dans la région MENA. C’est à ce stade que le Qatar est visé pour son soutien historique à l’organisation islamiste.

    Fin août, dans la ville nord-égyptienne d’El-Alamein, MbZ a dirigé une réunion de personnalités politiques de Bahreïn, d’Égypte et de Jordanie afin de discuter des questions de sécurité régionale et d’apporter un soutien financier et économique à l’Égypte et à l’Irak. Ces deux États, qui comptent parmi les acteurs les plus importants de la région sur le plan historique, se trouvent à la croisée des chemins et sont confrontés à d’importants problèmes économiques et politiques. Sous la direction du président Sisi, le Caire a poursuivi son approche de la gouvernance axée sur la sécurité, en limitant l’influence des islamistes, mais il a été durement touché par la hausse de l’inflation mondiale et l’augmentation des coûts alimentaires. Les EAU ont organisé un afflux de réserves de liquidités pour aider à stabiliser l’Égypte et à maintenir le régime de Sisi.

    Pendant ce temps, en Irak, l’instabilité politique récente découlant de la démission du puissant religieux chiite Muqtada al-Sadr a gelé les plans de renforcement d’une coalition irakienne qui cherche à s’affranchir de Téhéran. Alors que les EAU sont occupés à orchestrer leurs plans pour une région MENA réimaginée, ils s’opposent directement à Doha et Téhéran qui cherchent également à maintenir leur réseau d’influence populaire. Si les messages officiels ne ciblent pas directement le Qatar et l’Iran, les médias des EAU ont lancé une campagne visant à s’attaquer à ce qu’ils considèrent comme l’influence déstabilisatrice de leurs concurrents.

    De même, au Yémen, les Émirats arabes unis continuent de soutenir le Conseil de transition du Sud (CTS) et de proposer une option viable pour la fin des hostilités au Yémen, la sécession du Sud et la recréation du Yémen du Sud, ce qui frustre non seulement les acteurs régionaux mais aussi une partie importante de la population yéménite. Les médias des Émirats arabes unis ont directement mis en évidence et sécurisé la menace perçue de la version yéménite des Frères musulmans, al-Islah. Depuis la formation du Conseil présidentiel (PLC) en avril, l’accent a été mis à nouveau sur l’élimination d’Al-Islah, ce qui non seulement porterait atteinte à l’Arabie saoudite, qui possède un réseau d’influence important par le biais de l’organisation, mais réduirait également la capacité de Doha à obtenir un soutien au Yémen. Si les liens entre Al-Islah et Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP) ont été soutenus par le passé, le média émirati Al-Ain s’est récemment concentré sur le soutien tacite et la coopération entre Al-Islah, AQAP et les Houthis.

    Cette démarche vise à maintenir la position des Émirats arabes unis selon laquelle le Qatar coopère avec Téhéran et les extrémistes violents pour compromettre la sécurité dans la péninsule arabique et dans l’ensemble de la région MENA. Al-Ain a directement diffusé ce point de vue et a été contré par Al-Jazeera, basée à Doha, qui a mis en lumière l’opération menée par le STC et les forces des brigades Giants pour cibler et évincer Al-Islah du Yémen du Sud. Non seulement cette opération accroît les tensions entre Abu Dhabi et Doha, mais elle entraîne également Mascate dans la discussion, car Oman représente la principale route de contrebande entre l’Iran et le Yémen et accueille la délégation houthie, considérée comme le principal instigateur de la guerre qui dure depuis plus de sept ans.

    Il est intéressant de noter que si l’Iran est depuis longtemps le croque-mitaine des Émirats arabes unis, Abu Dhabi n’a pas propagé d’attaques contre la politique étrangère de Téhéran en raison de l’élargissement des possibilités de relations commerciales. Au contraire, la majeure partie de sa propagande s’est concentrée sur le Qatar et ses ambitions dans la région.

    Plus loin, en Afrique du Nord, les EAU restent discrètement engagés dans leur soutien au général Haftar. La récente flambée de violence à Tripoli doit être considérée comme un élément de la contestation plus large entre les EAU et le Qatar, les deux États soutenant des camps opposés. Haftar n’a pas réussi à prendre le pouvoir à Tripoli, mais reste une force dominante dans la majeure partie du reste du pays. S’il est peu probable qu’Abou Dhabi réengage des moyens militaires en Libye, il ne faut pas oublier la confluence des intérêts entre Abou Dhabi, Le Caire et Moscou en Afrique du Nord. Les Émirats arabes unis sont également liés à la Tunisie voisine, où les prochaines élections parlementaires feront l’objet d’un examen minutieux de la part de la communauté internationale. Les diplomates émiratis se concentrent sur l’ »ingérence » des Frères musulmans et soutiennent le maintien du président Kais Saied au pouvoir. Il est probable que les opérations d’information d’Abu Dhabi et du Qatar se multiplient, ce qui renforcera encore la tension entre les deux États.

    De même, Abu Dhabi a maintenu son soutien à la gouvernance militaire au Soudan, qui est au bord d’une nouvelle guerre civile. Le vice-président Mohamed Hamdan Dagalo, « Hemeti », reste l’option préférée d’Abu Dhabi, le président Abdel Fattah al-Burhan étant de plus en plus considéré comme un obstacle à la tentative des EAU d’imposer leur influence en Afrique de l’Est. Il est important de noter que la perception négative d’Abou Dhabi à l’égard de Burhan a été finalisée après qu’il ait libéré un groupe de personnalités des Frères musulmans de leur prison à Khartoum. Le Soudan conserve une société civile saine, où les Frères musulmans occupent une place importante dans la société.

    L’organisation est active dans tous les secteurs, mais elle reste déterminée à forcer ses membres à se retirer de la vie politique. Si, par le passé, le Qatar a entretenu des liens étroits avec Khartoum et l’Iran, il n’y a pas eu récemment le même degré d’attention. Néanmoins, si l’influence des Émirats arabes unis venait à diminuer, il est probable qu’Abu Dhabi mettrait en avant les interférences de Doha et de Téhéran. Cela refléterait ses campagnes médiatiques contre ses adversaires au Yémen, en Libye et en Égypte.

    Bien qu’Abu Dhabi n’ait pas été ouvertement critique et hostile envers Doha, la propagation subtile de son message n’est pas passée inaperçue. Son évolution stratégique a tiré les leçons de la Russie, avec une vision à long terme visant à maintenir l’opposition à l’égard du Qatar et de sa politique étrangère, sans pour autant l’élever au rang d’engagement malveillant direct. Cette stratégie va probablement s’intensifier, en mettant l’accent sur les messages locaux. Alors que le monde entier se concentre sur la guerre en Ukraine et les tensions à Taïwan, les tensions entre les Émirats arabes unis et le Qatar vont continuer à s’intensifier dans le cadre d’une guerre de l’information.

    Les membres peuvent laisser des commentaires sur cette lettre d’information sur la page Lettre d’information du jour du site web de l’Arab Digest.

    Source: Arab Digest, 12/09/2022

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