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  • RDC : il y a 25 ans mourrait Mobutu au Maroc

    RDC : il y a 25 ans mourrait Mobutu au Maroc

    Congo, RDC, Maroc, Mobutu Sese Seko,

    Les Congolais se sont rappelés, ce mercredi 7septembre 2022, de la mort à Rabat, au Maroc, du feu président du Zaïre, Joseph Désiré Mobutu.

    7 septembre 1997-7 septembre 2022, cela fait pratiquement 25 ans depuis que l’ancien président du Zaïre, le feu Joseph Désiré Mobutu est mort à Rabat, au Maroc, où il était accueilli pour des soins.

    Les Congolais attendent de la part du gouvernement une promesse faite par le président Félix Tshisekedi de rapatrier le corps de feu Joseph Mobutu pour organiser les obsèques dignes de son rang. Même promesse faite par l’ancien président Joseph Kabila lors de son mandant à la tête du pays.

    Le feu Joseph Désiré Mobutu a régné à la tête du Zaïre, actuelle RDC pendant 32 ans, il était aussi le fondateur du parti unique, le MPR, un parti-Etat. Il estimait que tous les citoyens, dès la naissance, étaient de fait membres du parti unique et qu’il ne tolérait aucune contestation, aucun parti d’opposition et grâce à la lutte vers les années 90 que le multipartisme s’est imposé.

    Sylvie Meta

    Digital Congo, 07/09/2022

    #Maroc #Congo #RDC #Mobutu

  • Risque de guerre énergétique mondiale

    Risque de guerre énergétique mondiale

    Russie, Ukraine, Etats-Unis, Gaz, Nordstream, Espagne, France, Italie, Algérie, Union Européenne,

    Heureusement, les fanfaronnades inquiétantes sur la possibilité d’utiliser des armes nucléaires tactiques dans la guerre en Ukraine se sont apaisées, du moins pour le moment.

    Heureusement, les fanfaronnades inquiétantes sur la possibilité d’utiliser des armes nucléaires tactiques dans la guerre en Ukraine se sont apaisées, du moins pour le moment. Nous sommes confrontés à un conflit prolongé parce qu’il a déjà plus de six mois et qu’il faut au moins un autre moyen pour que les négociations de paix souhaitables arrivent à maturité. Ce ne sera pas – espérons-le – un conflit armé mondial comme en 1914 et 1940 mais une sorte de guerre mondiale de l’énergie dans laquelle nous entrons déjà. En tant que victimes privilégiées, dans le rude hiver qui s’annonce, les classes les plus défavorisées et les entreprises risquant de fermer en raison des prix insupportables de l’énergie sont esquissées.

    Dans une guerre conventionnelle, les jalons pertinents sont les bombardements massifs ou l’utilisation d’armes dévastatrices. Dans ce type de conflit, l’équivalent du bombardement des grandes villes est la fermeture par la Russie du gazoduc Nord Stream alléguant des fuites auxquelles personne ne croit ; ou une spirale accélérée des prix du pétrole, de l’électricité et du gaz qui déclenche l’inflation dans tous les pays… Les premières détonations se font déjà entendre. Ce n’est que le début.

    D’autres armes sensibles arriveront, selon la stratégie de Vladimir Poutine ; à savoir, des manifestations populaires appelant les gouvernements occidentaux à forcer Zelensky à admettre la perte d’une partie du territoire ukrainien à la table des négociations. Tout pour arrêter la torture au gaz russe.
    Dans cette guerre mondiale de l’énergie, la valeur de pays comme l’Algérie, pratiquement marginalisés jusqu’à il y a quelques mois, explose sur le marché boursier géostratégique. Aujourd’hui, Alger est un lieu de pèlerinage pour des dirigeants comme l’Italien Mario Draghi ou le Français Macron, désireux de s’assurer la manne gazière que l’Espagne monopolisait jusqu’alors. En raison de l’extension à l’Amérique des conséquences de cette guerre menée en Europe, les actions des sociétés d’armement montent, le prix du gaz liquéfié transporté vers l’Europe s’envole et la diplomatie de Washington relâche sa pression sur le régime américain Maduro parce que son pétrole est maintenant plus stratégique qu’avant.

    Au sein de l’Union européenne, les tensions se font sentir. La Commission veut des pouvoirs spéciaux en cas d’aggravation de la situation pour intervenir sur le marché de l’électricité et des produits essentiels. Tous les pays ne sont pas d’accord. La France continue de refuser un nouveau gazoduc pour traverser son pays de l’Espagne à l’Allemagne comme l’ont demandé il y a quelques jours le chancelier allemand Olaf Scholz et le président espagnol Pedro Sánchez. L’invitation inhabituelle de Scholz à Sánchez pour participer à une réunion stratégique de son gouvernement n’a de précédent que dans une invitation d’Ángela Merkel à Enmanuel Macron. Dans ce dossier énergétique, il y a un axe Berlin-Madrid-Lisbonne avec le soutien non dissimulé de Bruxelles, par la présidente Úrsula von der Leyen et avec Josep Borrell à la tête de la politique étrangère.

    La paix intérieure règne toujours dans l’Union européenne et les difficultés post-Brexit dissipent toute tentation de fuite. Mais les élections italiennes de ce mois-ci, qui pourraient porter au pouvoir l’extrême droite Giorgia Meloni, vont faire bouger les choses. En Italie, la sympathie pro-russe est perceptible, et Poutine pourrait trouver des alliés inattendus dans son défi énergétique.

    En Espagne, il faut revoir l’histoire récente et se demander quels ministres, et à qui ils ont servi, ont coupé court au développement phénoménal des énergies renouvelables dont même Obama a fait l’éloge. Nous serions désormais dans des conditions extraordinaires pour faire face à cette guerre énergétique mondiale qui nous menace.

    Manuel Campo Vidal, Journaliste

    La Comarca, 07/09/2022

    #Russie #Ukraine #Etats_Unis #Gaz #Nord_stream #Algérie

  • La Féderation de Russie et le retour d’une grande puissance

    La Féderation de Russie et le retour d’une grande puissance

    Russie, Occident, OTAN, Etats-Unis, Union Européenne, URSS, Union Soviétique, KOSOVO, Géorgie, Ossétie du Sud, Abkhazie, Libye, Syrie,

    Introduction

    Si aujourd’hui, il est convenu que la crise ukrainienne marque une nouvelle étape dans les relations entre la Russie d’un côté et les Etats unis et l’Union européenne de l’autre, il n’en demeure pas moins que Moscou a constamment cherché à retrouver son prestige de grande puissance internationale. Aujourd’hui, les observateurs internationaux sont unanimes sur fait que Moscou n’est plus disposée à se contenter d’un rôle secondaire sur la scène politique internationale.

    D’aucuns aiment à penser qu’il ne s’agit que d’un sursaut d’orgueil national éphémère, car la Russie ne possèderait plus les moyens de ses ambitions. D’autres estiment que, loin d’être un trouble fête, Moscou est en passe de redevenir un véritable poids lourd de la géopolitique avec lequel l’occident devra composer.

    De 1991 à 2000:

    La Russie se recherche

    1. Situation intérieure

    L’effondrement de l’URSS s’est accompagné de l’indépendance des 15 républiques qui constituaient l’union. La Russie a hérité de la majeure partie du territoire, de tout l’arsenal nucléaire, d’une grande partie des secteurs industriel et agricole et du siège de la défunte union au sein des instances internationales, y compris celui de membre permanent au Conseil de Sécurité. Mais Moscou a également hérité des passifs financiers et des dettes de l’ex URSS.

    Sous Boris Eltsine, le pays a connu une première décennie difficile, marquée par la montée des inégalités et du chômage. La corruption et les mafias se sont généralisées et les problèmes sociaux ont explosé.
    Le passage brutal à l’économie de marché, les privatisations massives peu transparentes, les crises politiques à répétition, les guerres médiatiques et une gestion hasardeuse des dépenses ayant conduit au krach boursier de 1998 ont caractérisé cette décennie.

    La quasi-débâcle de l’armée russe durant la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) n’était pas pour rassurer sur l’image du pays.

    2. Relations extérieures

    La Russie a tenté, tant bien que mal, de maintenir une présence sur la scène internationale et de donner l’image d’un unificateur. La Communauté des Etats Indépendants (CEI) a été fondée entre la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie avant de s’élargir à huit autres anciennes républiques de l’ex-URSS.

    Toutefois, cherchant à arrimer la Russie au système économique mondiale, Boris Eltsine lance alors une stratégie de complaisance vis-à-vis des Etats unis et de l’occident (adhésion à la Banque mondiale et au FMI, coopération avec l’Otan, participation à la FORPRONU en ex-Yougoslavie, signature des accords de réduction des armes chimiques, renonciation à la parité stratégique avec les Etats-Unis, retrait militaire de Cuba etc.)

    Le 2ème mandat d’Eltsine commencé en 1996 est marqué par un sentiment de désillusion. Le Ministre des Affaires étrangères de l’époque, Evgueni Primakov était convaincu que la stratégie de complaisance n’apportait pas les résultats escomptés. Commence alors chez les dirigeants russes un repli sur les intérêts nationaux du pays et un rejet de l’unilatéralisme américain.

    La décision de l’OTAN d’intervenir militairement au Kosovo plonge les relations avec Washington dans une période de froid.

    De 2000 à 2008: La reprise économique et le regain de confiance

    L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000 change complètement la donne. La nomination de plusieurs hauts responsables du KGB et de l’Armée à des postes au Kremlin assure au pays la stabilité politique. Le contrôle étatique dans l’économie se renforce, signe du retour d’un État fort. La croissance économique dépasse est située entre 6 et 8%, les ressources premières du pays, très abondantes, sont mieux utilisées et l’envolée des cours d’énergie permet un désendettement général1 de l’Etat russe et lui permet de diversifier son économie.

    En même temps, les motifs de tension entre la Russie et les Etats unis se multiplient. La prolongation de la présence militaire américaine en Asie centrale et le soutien actif aux révolutions en Ukraine et en Géorgie, avec l’arrivée au pouvoir de Tymochenko et Saakachvili, tous deux partisans d’un rapprochement avec l’occident, et de l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN renforcent le sentiment à Moscou que Washington cherche à isoler la Russie.

    Ajouté à cela, les critiques américaines sur les questions de démocratie et droits de l’Homme en Russie, la reconnaissance par les Etats-Unis de l’indépendance du Kosovo, l’abrogation du traité ABM de 1972, l’envahissement unilatéral de l’Irak, l’installation de bases américaines en Roumanie et en Bulgarie, ou encore du projet d’installation d’éléments du système de défense anti-missile américain en Pologne2 et en République tchèque.

    Dans un discours prononcé à Munich, le 10 février 2007, Vladimir Poutine critique fortement l’«unilatéralisme américain », dénonce la volonté des Etats-Unis de construire de nouvelles démarcations en Europe et plaide pour un monde multipolaire.

    De 2008 à aujourd’hui : Le retour d’une puissance mondiale

    En janvier 2008, et au terme de deux mandats, Vladimir Poutine «confie» provisoirement la présidence à son homme de confiance, Dimitri Medvedev.

    Moins de deux mois plus tard, la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo constitue un tournant dans la politique étrangère de la Russie, dont le nouveau président énonce les 5 principes :

    a. La «primauté» du droit international ;

    b. La «multipolarité» du monde ;

    c. Le désir «d’éviter les conflits et l’isolement» ;

    d. La «défense de la vie et de la dignité des citoyens russes où qu’ils se trouvent ; protection des entrepreneurs à l’étranger» ;

    e. La reconnaissance par la Russie de «zones d’intérêts privilégiés».

    Ces principes consacrent et scellent la divergence avec la conception américaine de la géopolitique mondiale et jettent les fondements d’un retour avéré de la Russie comme grande puissance mondiale.

    1. Indépendance du Kosovo

    L’opposition à l’indépendance du Kosovo a permis à la Russie de renforcer son influence sur la scène des Balkans occidentaux, et notamment auprès de la Serbie.

    Pour Moscou, cette indépendance viole l’intégrité territoriale de la Serbie et constitue une révision dangereuse des frontières issues de la Seconde Guerre mondiale.

    La présence de fortes minorités albanaises en Macédoine et au Monténégro pourraient suivre l’exemple du Kosovo, ce qui risque de déstabiliser toute la région. Plus encore, Moscou évoque l’impact de ce précédent sur les « conflits gelés » notamment, la Transnistrie en Moldavie, ou l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie.

    2. La Géorgie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie

    Soutenue par les Etats unis et l’Union européenne, le Président géorgien, Saakashvili entendait suivre l’exemple des républiques baltes et rejoindre l’UE et l’OTAN. Pour la Moscou, il était hors de question que ces institutions, fondées durant la guerre froide, ne s’installent au Caucase. Par ailleurs, la Géorgie et ses infrastructures étaient trop importantes dans l’équation géopolitique énergétique russe, notamment pour l’acheminement vers l’Europe du pétrole et gaz de la mer caspienne.

    Moscou ne pouvait donc pas trouver meilleure opportunité que la Géorgie pour réaffirmer sa puissance recréée. En effet, la Russie a défié l’OTAN en toute impunité et la Géorgie, qui comptait sur un soutien ferme de l’Occident, s’est retrouvée seule face aux troupes russes. Le message était désormais clair : dans la sphère d’influence de la Russie, s’allier à Washington ne peut garantir la sécurité.

    3. La question du nucléaire iranien

    L’Iran est un partenaire traditionnel et un voisin de la Russie. Les relations commerciales sont étroites et le volume des échanges ne cesse d’augmenter. Concernant le dossier nucléaire iranien, la position de la Russie peut être résumée ainsi :

    L’Iran a le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie atomique

    La Russie continue à coopérer avec l’Iran dans le développement de son secteur de l’énergie nucléaire.

    La Russie est résolument opposée à toute possibilité d’une dimension militaire du programme nucléaire iranien.

    La Russie est convaincue qu’il n’y a pas d’alternative à une solution diplomatique négociée (donnant/donnant) ; soit un compromis.
    Moscou est en faveur de la présence des experts et observateurs de l’AIEA, même si, jusque là, ils n’ont trouvé aucune preuve d’activités nucléaires illégales.

    La Russie souligne l’importance de la reprise des négociations 5+1.
    La Russie soutient l’approche progressive où à chaque étape où Téhéran répond aux attentes de l’AIEA et de l’ONU, les sanctions doivent être atténuées.

    La Russie est contre toute tentative unilatérale hors du Conseil de sécurité des Nations Unies

    Il n’y a pas de solution militaire au problème.

    En 2010, la Russie a difficilement accepté de voter en faveur de la Résolution 1929 imposant plus de sanctions à l’encontre de l’Iran. En effet, Moscou s’est vue obligée d’annuler une importante commande de missiles S-300, ce qui a jeté un coup de froid sur ses relations avec Téhéran.

    Avec la crise ukrainienne en toile de fonds, les avis divergent sur l’avenir de la position russe concernant ce dossier. Pour certains, il y a au moins trois raisons pour que la Russie continue à coopérer avec l’occident sur le dossier nucléaire iranien:

    La Russie, tout comme les Etats unis, s’oppose à ce que l’Iran se dote de l’arme nucléaire.

    Le retrait de Moscou ouvrirait la voie à d’autres alternatives au processus diplomatique.

    Les relations économiques entre la Russie et l’Iran sont trop modestes et ne constituent pas un enjeu majeur pour la Russie.

    4. L’intervention internationale en Libye

    La Russie s’était abstenue lors du vote au Conseil de Sécurité pour imposer une zone d’exclusion aérienne en Libye, ce qui a permis à la résolution de passer. L’intervention militaire aérienne, deux jours plus tard, a créé un profond sentiment d’amertume chez les responsables russes pour qui, la Résolution n’autorise pas les frappes contre la Libye. Une polémique a même éclaté publiquement entre le président Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine.

    Désormais pour Moscou, la confiance n’est plus de mise.

    5. Le dossier syrien

    Depuis son indépendance, la Syrie a entretenu des relations étroites avec Moscou (l’URSS et plus tard, la Russie) qui est son premier fournisseur d’armes. Les exportations russes vers la Syrie dépassent le milliard de dollars et les investissements russes y sont estimés à 19 milliards de dollars.

    L’importance stratégique de la Syrie réside dans le fait qu’elle accueille la seule base navale russe en Méditerranée dans la ville de Tartous. Sur fond de détérioration des ses relations avec l’occident, depuis la guerre d’Ossétie du Sud en 2008, la Russie a décidé de renforcer sa présence en Méditerranée et obtient, contre l’annulation d’une partie de la dette syrienne, l’accord de Damas pour le développement et l’agrandissement de la base navale de Tartous, ce qu’elle entame depuis 2009.

    Par ailleurs, l’expérience libyenne a contribué à un raidissement de la position de la Russie devenue intransigeante sur le dossier syrien.
    En octobre 2011 et en février 2012, la Russie et la Chine opposent leur veto à deux reprises pour s’opposer à deux projets de Résolution du Conseil sécurité sur la Syrie.

    Ce « manque de flexibilité » de la part de Moscou conduit la communauté internationale à un sentiment d’impuissance. En effet, les Etats unis et l’UE sont incapables de déloger le régime Assad.

    6. La crise ukrainienne

    Tout comme dans le cas de la Géorgie, l’Ukraine s’est trop rapprochée de l’UE et de l’Otan. Or de tous les pays de la sphère d’influence de la Russie, l’Ukraine est de loin la plus importante. Elle abrite la base navale de Sébastopol (Crimée). Elle est une voie de transit hautement importante pour le gaz russe vers l’Europe occidentale, un grenier de blé en Europe. Une grande partie de sa population est russophone. L’Est et le Sud de l’Ukraine (partie la plus riche avec l’industrie et l’agriculture) sont largement acquis à la Russie.

    En conséquence, Moscou s’est vue obligée d’agir « par procuration » pour défendre ses intérêts et éviter une occidentalisation de l’Ukraine.
    Comble de cela, Moscou n’a pas eu recours à son armée pour redresser la situation, à l’exception de la Crimée où elle était de toutes les manières stationnée.

    L’Occident est en passe de comprendre qu’il ne peut gagner cette confrontation car la Russie ne peut pas la perdre.

    À ce stade, les options de Washington et de Bruxelles sont plutôt limitées. Ils ne peuvent pas affronter militairement la Russie, tandis que les sanctions économiques ne fonctionnent pas et que l’Europe, dont l’économie est convalescente, a besoin de pétrole et de gaz russes.
    En signant avec la Pékin «le contrat du siècle» d’une valeur de 400 milliards de dollars pour la livraison à la Chine de gaz naturel sur 30 ans, le président Poutine a réalisé ce que les dirigeants de l’Ouest craignaient: un pivot vers l’Extrême-Orient qui rend la Russie beaucoup moins vulnérable à toute éventuelle sanction de la part de Bruxelles.

    7. Autres éléments de puissance

    L’armée russe est une des plus puissantes au monde. Moscou a hérité de la totalité de l’arsenal de l’URSS.

    La Russie est le plus grand producteur de gaz naturel au monde. Elle en est également le plus grand fournisseur de l’Europe. Elle a su développer cet atout et le transformer en véritable levier géopolitique.

    Le Russie est très active dans le cadre de deux alliances militaires régionales destinées, entre autres à garder les États-Unis et l’OTAN loin de la région: l’Organisation de Coopération de Shanghai3 (OCS) et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective4 (OTSC).  

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine

    #Russie #OTAN #Occident #URSS #Libye #Syrie #Kosovo #Serbie #Ukraine

  • Le prix du pétrole monte suite aux menaces de Poutine

    Le prix du pétrole monte suite aux menaces de Poutine

    Pétrole, prix, gaz, Vladimir Poutine, Russie,

    Le pétrole a rebondi après que le président Vladimir Poutine a déclaré mercredi que la Russie cesserait de fournir du gaz et du pétrole si des plafonds de prix étaient imposés sur les ressources énergétiques de la Russie.

    Par Rowena Edwards

    LONDRES (Reuters) – Les prix du pétrole ont énormément fluctué mercredi alors que le marché équilibrait les inquiétudes de la demande liées aux risques de récession imminents avec les craintes que la Russie arrête tous les approvisionnements en pétrole et en gaz.

    Après des creux de session jamais vus depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les contrats à terme sur le Brent ont augmenté de 2 cents, soit 0,02 %, à 92,85 $ le baril à 12 h 02 GMT, tandis que le brut américain West Texas Intermediate a gagné 9 cents, soit 0,1 %, à 86,97 $.

    Le pétrole a réduit ses pertes après que le président russe Vladimir Poutine a menacé d’arrêter tous les approvisionnements en pétrole et en gaz si des plafonds de prix étaient imposés sur les ressources énergétiques de la Russie.

    L’Union européenne a proposé de plafonner le gaz russe quelques heures plus tard, augmentant le risque de rationnement dans certains des pays les plus riches du monde cet hiver.

    Les analystes s’attendent déjà à ce que l’offre de pétrole soit tendue pour le dernier trimestre de l’année.

    « L’arrêt de la libération de la SPR américaine (réserve stratégique de pétrole) couplé à la mise en œuvre d’un embargo de l’UE sur le brut russe a les ingrédients d’une crise mondiale de l’approvisionnement cet hiver », a déclaré l’analyste de PVM Stephen Brennock.

    Les attentes d’un resserrement des stocks de pétrole aux États-Unis ont ajouté un soutien supplémentaire.

    Les stocks de brut américains devraient avoir chuté pour la quatrième semaine consécutive, diminuant d’environ 733 000 barils au cours de la semaine précédant le 2 septembre, selon un sondage préliminaire de Reuters mardi.

    Les rapports hebdomadaires sur les stocks américains de l’American Petroleum Institute seront publiés plus tard mercredi, un jour plus tard que d’habitude en raison d’un jour férié lundi.

    Le marché jongle également avec le sentiment baissier de la perspective d’une récession économique mondiale.

    L’agence de notation Fitch a déclaré mardi que l’arrêt du gazoduc Nord Stream 1 avait accru la probabilité d’une récession dans la zone euro.

    On s’attend à ce que la Banque centrale européenne augmente fortement ses taux d’intérêt lors de sa réunion de jeudi. Une réunion de la Réserve fédérale américaine suivra le 21 septembre.

    Les faibles données économiques de la Chine dans le cadre de sa politique stricte de zéro COVID ont également aggravé les problèmes de demande.

    Les importations de pétrole brut du pays en août ont chuté de 9,4% par rapport à l’année précédente, ont révélé mercredi les données douanières.

    Pendant ce temps, le nouveau Premier ministre britannique, Liz Truss, a déclaré mercredi qu’elle souhaitait voir davantage d’extraction de pétrole et de gaz de la mer du Nord.

    Business standard, 07/09/2022

    #Pétrole #Prix #Gaz #Poutine

  • Le gazier russe Gazprom nargue l’Europe

    Le gazier russe Gazprom nargue l’Europe

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    Le géant gazier russe Gazprom diffuse une vidéo montrant les effets des livraisons de gaz en Europe.

    Le message adressé aux Européens par Gazprom, et donc par le Kremlin, n’est pas un avertissement. C’est une promesse que fait la Russie à l’Europe sur les temps difficiles qui s’annoncent. Dans une vidéo de deux minutes, on voit un technicien du gazoduc Nord Stream 1 marcher lentement pour couper le gaz vers l’Europe qui peu à peu connaitra le froid, la faim et l’obscurité.

    Cette vidéo de 2 minutes a pour bande-son un chant russe mélancolique, presque lugubre. On voit s’éteindre les gazinières, les rues de plusieurs capitales européennes se vider, des panneaux solaires et des centrales hydrauliques peinant à produire et le drapeau européen s’agiter sous un vent qu’on devine glacial.

    El Khabar, 07/09/2022

    #Russie #Gazprom #Gaz #Europe

  • Europe: Coupure indéfinie de l’approvisionnement en gaz russe

    Europe: Coupure indéfinie de l’approvisionnement en gaz russe

    Russie, gaz, Europe, UE, Nord Stream, Gazprom, Siemens Energy,

    -La Russie affirme que les sanctions économiques punitives imposées par l’Occident sont responsables de l’arrêt indéfini de l’approvisionnement en gaz via le principal gazoduc européen.
    -Cela représente l’indication la plus claire à ce jour que le Kremlin cherche à forcer l’Europe à lever les mesures économiques afin que Moscou puisse rouvrir les robinets avant l’hiver.
    -“Cette dernière décision a considérablement augmenté le risque que l’Europe n’obtienne plus de flux de gaz via Nord Stream 1 pendant tout l’hiver”, ont déclaré les analystes du cabinet de conseil en énergie Rystad Energy dans une note de recherche.

    L’ Europe a été plongée dans sa plus grande crise énergétique depuis des décennies, les approvisionnements en gaz naturel de la Russie devenant volatils et imprévisibles avant même le début de l’invasion de l’Ukraine . Maintenant, ces approvisionnements sont complètement arrêtés.

    La Russie affirme que les sanctions économiques punitives qui lui sont imposées par l’Occident sont responsables de l’arrêt indéfini de l’approvisionnement en gaz via le principal gazoduc européen.

    “Des problèmes de pompage sont survenus à cause des sanctions imposées contre notre pays et contre un certain nombre d’entreprises par des États occidentaux, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni”, a déclaré lundi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon l’agence de presse russe Interfax.

    Lorsqu’on lui a demandé si le pompage de gaz via Nord Stream 1 dépendait entièrement des sanctions et si l’approvisionnement reprendrait si celles-ci étaient levées ou assouplies, Peskov a répondu : « Bien sûr. Les sanctions mêmes qui empêchent le maintien des unités, qui les empêchent de se déplacer sans garanties légales appropriées, qui empêchent que ces garanties légales soient données, etc.

    “Ce sont précisément ces sanctions que les États occidentaux ont introduites qui ont amené la situation à ce que nous voyons maintenant”, a ajouté Peskov.

    Venant directement du Kremlin, de tels commentaires représentent l’indication la plus claire à ce jour que la Russie cherche à faire pression sur l’Europe pour qu’elle lève les mesures économiques, prises pour punir la Russie pour son invasion non provoquée de l’Ukraine, afin que les robinets soient rouverts avant l’hiver.

    Les législateurs européens ont accusé à plusieurs reprises la Russie, traditionnellement son plus grand fournisseur d’énergie, de militariser les exportations d’énergie dans le but de faire grimper les prix des matières premières et de semer l’incertitude dans le bloc des 27 nations. Moscou nie avoir utilisé l’énergie comme arme.

    Le géant russe de l’énergie, Gazprom, a interrompu toutes les exportations via Nord Stream 1 à partir du 31 août , citant des travaux de maintenance sur son seul compresseur restant.

    Or, alors que les flux devaient reprendre après trois jours, Gazprom a cité vendredi une fuite de pétrole pour l’ arrêt indéfini de l’oléoduc . L’annonce du choc est intervenue dans la foulée d’une déclaration conjointe des puissances économiques du G-7 soutenant une proposition visant à imposer un mécanisme de plafonnement des prix du pétrole russe.

    Dans ce que les analystes de l’énergie considèrent comme une escalade de la tentative de la Russie d’infliger des souffrances économiques à la région, le Kremlin a depuis déclaré que la reprise de l’approvisionnement en gaz de l’Europe dépendait entièrement de la levée par l’Europe de ses sanctions économiques contre Moscou.

    L’arrêt des approvisionnements via le gazoduc Nord Stream 1, qui relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique, a fait bondir les prix du gaz en Europe lundi, beaucoup craignant que certaines parties de l’Europe ne soient contraintes de rationner l’énergie pendant l’hiver. Elle a également exacerbé le risque d’une récession dans la région.

    Gazprom contre Siemens Energy
    Pendant ce temps, le directeur général adjoint de Gazprom, Vitaly Markelov, a déclaré mardi à Reuters que les flux de gaz via le gazoduc Nord Stream 1 ne continueraient pas tant que l’allemand Siemens Energy répare le matériel défectueux.

    Siemens Energy n’était pas immédiatement disponible pour commenter lorsqu’il a été contacté par CNBC mardi.

    Cependant, la société a déclaré à Reuters qu’elle n’était pas actuellement mandatée par Gazprom pour effectuer des travaux de maintenance sur la turbine suspectée de fuite d’huile, mais a déclaré qu’elle restait en attente pour le faire.

    Siemens Energy a ajouté qu’il “ne peut pas comprendre cette nouvelle représentation sur la base des informations qui nous ont été fournies au cours du week-end”.

    Mark Dixon, fondateur de la Moral Rating Agency, une organisation de recherche axée sur les entreprises étrangères en Russie, a déclaré que Gazprom blâmant Siemens Energy pour la coupure de l’approvisionnement en gaz était “un autre exemple de mensonge d’État de la Fédération de Russie”.

    “La Russie a menti dans l’invasion et a menti depuis”, a déclaré Dixon. « Gazprom, c’est la Russie, ne vous y trompez pas. Il n’a d’autre choix que de mentir en chœur avec [le président russe Vladimir] Poutine ».

    La Russie a considérablement réduit l’approvisionnement en gaz de l’Europe ces derniers mois, les flux via le gazoduc fonctionnant à seulement 20 % du volume convenu avant la suspension indéfinie.

    “La décision de la Russie de couper à nouveau l’approvisionnement en gaz de l’UE alors que la région se démène pour remplir ses stocks avant l’hiver est une nouvelle escalade de sa politique des derniers mois pour infliger des difficultés économiques par des coupures répétées de l’approvisionnement en Allemagne, la plus grande économie de l’UE et consommateur de gaz », ont déclaré les analystes du cabinet de conseil en risques politiques Eurasia Group dans une note de recherche.

    “Des sources à Berlin disent qu’ils élaborent désormais tous leurs plans énergétiques hivernaux en supposant un approvisionnement nul de la Russie”, ont-ils ajouté. “Cela signifie que l’accent sera désormais également mis sur l’Europe centrale et méridionale, qui reçoit toujours du gaz russe, notamment par le transit par pipeline de l’Ukraine et de la Turquie.”

    L’hiver arrive
    Les décideurs européens se battent actuellement pour sécuriser l’approvisionnement en gaz dans les installations souterraines afin d’avoir suffisamment de carburant pour garder les maisons au chaud pendant les mois les plus froids.

    Les analystes de l’énergie affirment que la dernière décision de la Russie de suspendre les flux de gaz via la principale route d’approvisionnement de l’Europe pourrait exacerber ce qui était déjà susceptible d’être une période hivernale extrêmement difficile.

    “Le secteur européen de l’énergie continue d’être choqué par la volatilité des prix et l’incertitude sur les bilans énergétiques pour l’hiver à venir”, ont déclaré les analystes du cabinet de conseil Rystad Energy dans une note de recherche, notant que les prix au comptant de l’électricité en Europe occidentale ont atteint des “niveaux sans précédent”.

    “Cette dernière décision a considérablement accru le risque que l’Europe n’obtienne plus de flux de gaz via Nord Stream 1 pendant tout l’hiver”, ont-ils ajouté.

    CNBC, 6 SEPT. 2022

    #Russie #Gaz #Europe #UE #Nord_stream #Gazprom #Siemens_Energy

  • Le Maroc, a-t-il livré à Trump des infos sur Macron?

    Le Maroc, a-t-il livré à Trump des infos sur Macron?

    Maroc, Etats-Unis, Donald Trump, Emmanuel Macron, vie sexuelle de Macron,

    Selon le site Rolling Stone, « Trump s’est vanté d’avoir des « renseignements » sur la vie sexuelle de Macron ». Ce genre d’informations sur la vie privée du président français ne peuvent être obtenu que grâce à des outils comme Pegaus et, fait connu de tous, tous les mouvements du Macron étaient suivis de près par les services secrets marocains. Les détails dans l’article de Rolling Stone.

    Trump s’est vanté d’avoir des « renseignements » sur la vie sexuelle de Macron
    Le FBI a saisi un document contenant des « informations » sur le président français lors de la descente de police à Mar-a-Lago, ce qui a poussé les autorités des deux pays à chercher des réponses.

    PAR ADAM RAWNSLEY, ASAWIN SUEBSAENG

    SUR LA LISTE DU FBI des documents saisis dans la propriété de Donald Trump à Mar-a-Lago, le point 1a est uniquement répertorié comme « info re : Président de la France ». Pour Trump, cela a été un sujet d’intérêt intense – et de pacotille – pendant des années.

    Plus précisément, Trump s’est vanté auprès de certains de ses plus proches collaborateurs – pendant et après son passage à la Maison Blanche – de connaître des détails illicites sur la vie amoureuse du président français Emmanuel Macron, expliquent deux personnes au courant de l’affaire à Rolling Stone. L’ancien président a même affirmé qu’il avait appris certains de ces détails grâce à des « renseignements » qu’il avait vus ou sur lesquels il avait été briefé, disent ces sources.

    Il n’est pas clair si le document relatif à Macron que le FBI a saisi lors de la descente de police avait quelque chose à voir avec la vie privée du président français. On ne sait pas non plus si les informations sur Macron saisies à Mar-a-Lago sont issues de la collecte de renseignements américains ou même classifiées.

    Mais la simple révélation de son existence a déclenché une panique transatlantique, selon deux autres sources familières de la situation. Et le fait que Trump ait déjà parlé des manières prétendument « coquines » de Macron que « peu de gens connaissent » n’a fait qu’intensifier ces inquiétudes. Les responsables français et américains ont cherché à savoir précisément ce que Trump avait sur Macron et le gouvernement français, et si certains de ces éléments étaient de nature sensible, ont indiqué les sources. Les responsables des deux pays voulaient savoir si cette découverte représentait une sorte de violation de la sécurité nationale ou s’il s’agissait d’un souvenir frivole mais volé.

    Un porte-parole de l’ambassade de France a déclaré à Rolling Stone que leur enquête n’incluait pas de demander à l’administration Biden des informations sur les documents retrouvés à Mar-a-Lago.

    Selon les sources, dans ses réflexions sur les indiscrétions présumées de M. Macron, M. Trump a été avare de détails et de précisions. Et en tant que colporteur de ragots notoire depuis des décennies, il est difficile de savoir si ce qu’il dit est fondé sur la réalité. « Il est souvent », dit l’une des sources, « difficile de dire s’il raconte des conneries ou non ».

    Un porte-parole de Trump n’a pas répondu aux questions de Rolling Stone.

    La relation de M. Trump avec M. Macron a souvent été volatile, le président américain ayant un jour qualifié son homologue français de « mon gars » avant que les deux ne se brouillent pendant le mandat de M. Trump à la Maison Blanche.

    Ce dernier a d’abord manifesté son soutien à la rivale de Macron à la présidentielle de 2017, en invitant la nationaliste d’extrême droite Marine LePen à la Trump Tower et en la félicitant dans des interviews. Mais Macron a ignoré le flirt avec son rival et a invité Trump en tant qu’invité d’honneur à un défilé de la Bastille Day en 2017. Trump a été tellement impressionné par l’apparat militaire élaboré qu’il a demandé à avoir son propre défilé militaire.

    En 2019, les tensions entre les deux hommes et leurs visions du monde ont éclaté au grand jour. Après des différends entre les deux dirigeants sur l’Iran, la Syrie et l’OTAN, on a pu entendre Trump fustiger Macron comme un « emmerdeur » lors d’une réunion à la Maison Blanche des ambassadeurs internationaux aux Nations unies. L’ancienne secrétaire de presse de Trump à la Maison Blanche, Stephanie Grisham, a également écrit dans ses mémoires que Trump avait traité en privé Macron de « mauviette » et de « cent vingt livres de fureur ».

    Et le dernier incident n’est pas la première fois que Trump fait une fixation sur des ragots salaces concernant la vie privée de dirigeants étrangers, d’associés et de parasites.

    Alors que les rivaux républicains J.D. Vance et Josh Mandel se disputaient son soutien dans la primaire sénatoriale du parti républicain de l’Ohio, Trump a personnellement diffusé des rumeurs qu’il avait entendues sur la vie sexuelle de Mandel et a qualifié le candidat de « putain de bizarre ». Et la décision de Trump de soutenir Vance a été poussée par une rumeur que Trump a entendue de la part de la star de Fox News Tucker Carlson sur les habitudes sexuelles prétendument « chroniques » d’un éminent partisan de Mandel.

    Au cours de la campagne présidentielle de 2016, M. Trump s’est brièvement réfugié dans la « salle de crise » de sa campagne et a présenté à des membres du personnel de niveau intermédiaire des informations sur une paire d’animateurs de MSNBC qui n’avaient pas encore rendu publique leur idylle. « Vous savez, personne d’autre n’est au courant, mais je suis au courant du petit appartement de Joe et Mika dans l’Upper East Side », a-t-il dit, faisant référence aux animateurs de Morning Joe, Mika Brzezinski et Joe Scarborough, dont la relation de longue date allait bientôt devenir publique. « Un jour, je vous raconterai tout ça. » Trump ne connaissait même pas les noms de ces membres du personnel de campagne, mais il se sentait à l’aise pour leur raconter tout cela.

    Les fixations de Trump s’étendaient également aux familles des dirigeants étrangers. Grisham a écrit dans ses mémoires qu’après avoir vu le Premier ministre canadien Justin Trudeau à la télévision à bord d’Air Force One, Trump l’a un jour prise à part et a fait une affirmation grossière sur la vie sexuelle de la mère du Premier ministre canadien – une affirmation qui a laissé Grishham perplexe.

    Lors de ses conversations avec ses associés, M. Trump n’a pas expliqué comment les espions américains ont obtenu les supposées informations sur Macron qu’il prétend avoir vues. Mais la communauté du renseignement américaine est devenue beaucoup plus prudente en matière d’espionnage des alliés proches au cours de la dernière décennie.

    Les révélations sur les écoutes américaines de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel ont incité l’administration Obama à restreindre sévèrement la collecte de renseignements sur les chefs d’État alliés. En vertu d’une directive de 2014 connue sous le nom de PPD-28, l’administration Obama a interdit les écoutes des dirigeants des « amis et alliés proches » en l’absence d’ »un objectif impérieux de sécurité nationale ». Après avoir réexaminé l’ordonnance en 2017, l’administration Trump a annoncé qu’elle continuerait à respecter les ordonnances de l’ère Obama.

    Néanmoins, les renseignements sur les alliés étrangers peuvent toujours être emportés dans la vaste collecte de secrets de la communauté du renseignement par des voies plus incidentes.

    « Alors que la PPD-28 a certainement limité le degré auquel les États-Unis collecteraient intentionnellement et directement des informations sur certains chefs d’État alliés, il existe des scénarios plausibles par lesquels des informations sur eux pourraient être glanées indirectement par le biais de collectes contre des adversaires et leurs réseaux, humains ou techniques », explique un ancien fonctionnaire de la Maison Blanche de Trump à Rolling Stone.

    #Maroc #Etats_Unis #Donald_Trump #Espionnage #Pegasus #Vie_sexuelle_de_Macron #Macron #documents_classifiés #Mar_a_lago

  • La crise alimentaire internationale et les propositions pour en sortir

    La crise alimentaire internationale et les propositions pour en sortir

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    par Eric Toussaint, Omar Aziki

    Contrairement à une idée qui s’est largement répandue en 2022, la crise alimentaire mondiale a commencé avant l’invasion russe de l’Ukraine et l’augmentation du prix des céréales provoquées par la spéculation. A l’échelle planétaire, entre 2014 et 2021, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire grave a augmenté de plus de 350 millions, passant de 565 millions à 924 millions. L’augmentation a été particulièrement forte entre 2019 et 2021, elle a concerné un peu plus de 200 millions de personnes. En 2021, quelque 2,3 milliards de personnes (29,3 pour cent de la population mondiale) étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave [1]. En 2022, tous les indicateurs sont au rouge et le Conseil de sécurité des Nations unies a même été réuni le 17 mai 2022 pour débattre de comment faire face à la crise alimentaire qui pourrait provoquer des révoltes populaires.

    Comment expliquer qu’on soit toujours confronté à la faim au 21e siècle ?

    C’est le résultat du modèle de l’agrobusiness qui cherche non pas à nourrir les populations mais à réaliser des surprofits. C’est beaucoup plus flagrant dans les pays du Sud global où les programmes d’ajustement structurel du FMI et la Banque mondiale ont encouragé une agriculture intensive d’exportation selon les critères de concurrence et de rentabilité sur le marché mondial et ont marginalisé le secteur de la production vivrière et l’agriculture paysanne qui fournit pourtant 70% de la production de nourriture au niveau mondial [2]. Les aliments sont transformés en marchandises soumises à la spéculation sur le marché mondial où une poignée de grandes multinationales fixent les prix.

    Ces grandes entreprises de l’agrobusiness bénéficient de subventions publiques, accaparent de plus en plus de terres pour l’extension de la production d’agrocarburants et les ressources en eau pour des cultures hyper consommatrices, détruisent les semences paysannes au profit des hybrides et des OGM, généralisent l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides.

    Ce modèle de production augmente considérablement la vulnérabilité des cultures face aux chocs externes et contribue énormément au changement climatique et aux sécheresses qui affectent l’agriculture pluviale et tarissent les nappes phréatiques. Il est directement lié au système capitaliste mondial et à sa crise multiforme dont la crise alimentaire est une des manifestations.

    Quelle est l’ampleur de la crise sur le plan humanitaire ?

    En Afrique, environ 60% de la population sont touchés par l’insécurité alimentaire modérée et 20 % par l’insécurité alimentaire graveUn être humain sur 10 souffre en permanence de la faim. Selon un critère plus large qui est élaboré par la FAO et d’autres organismes onusiens, 30 % de la population mondiale souffrent de manière modérée de l’insécurité alimentaire. Si on se concentre sur le continent africain, toujours selon la FAO, environ 60% de la population est touchée par l’insécurité alimentaire modérée et 20 % par l’insécurité alimentaire grave, ces chiffres risquant d’augmenter fortement avec l’instabilité climatique.

    En 2020, « on estime que 45 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient d’émaciation, la forme la plus mortelle de malnutrition, qui peut multiplier par 12 le risque de décès chez les enfants. En outre, 149 millions d’enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance et de développement en raison d’un manque chronique de nutriments essentiels dans leur alimentation [3] ». 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans sont dus à la malnutrition, cela représente 3,1 millions d’enfants.

    « En 2021, l’écart entre les femmes et les hommes en ce qui concerne l’insécurité alimentaire s’est encore accentué : 31,9 pour cent des femmes dans le monde étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, contre 27,6 pour cent des hommes – un écart de plus de 4 points de pourcentage, contre 3 points de pourcentage en 2020 [4] ».

    Selon un communiqué de l’Unicef du 23 juin 2022 : « Dans 15 pays actuellement touchés par une crise, près de 8 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans risquent de décéder des suites d’une émaciation sévère s’ils ne reçoivent pas des aliments thérapeutiques et des soins immédiats (…). Depuis le début de l’année, la crise alimentaire mondiale n’a cessé de s’amplifier, l’émaciation sévère touchant 260 000 enfants supplémentaires (soit un toutes les 60 secondes) dans les 15 principaux pays concernés, notamment dans la Corne de l’Afrique et le centre du Sahel. » Unicef ajoute : « En parallèle, le prix des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi visant à traiter l’émaciation sévère a augmenté de 16 % ces dernières semaines en raison d’une envolée du coût des matières premières, privant jusqu’à 600 000 enfants supplémentaires de ce traitement d’importance vitale et mettant ainsi leur vie en danger. »

    Structurellement, une majorité des personnes victimes de la faim appartient paradoxalement à la population rurale. Ce sont en majorité des familles de producteurs agricoles qui ne possèdent pas de propriétés ou pas assez de terres, ni de moyens pour les mettre en valeur et qui doivent vendre sur le marché le plus de produits agricoles notamment pour rembourser leurs dettes en privant leur famille d’une nourriture suffisante. Il y a bien sûr également les populations urbaines les plus appauvries.

    Quelques définitions fournies par l’Organisation mondiale de la santé et l’Unicef :

    Insécurité alimentaire modérée : niveau de gravité de l’insécurité alimentaire se caractérisant par le fait que les personnes concernées ne sont pas certaines de pouvoir se procurer à manger et ont été contraintes, à un moment ou à un autre durant l’année, de réduire la qualité et/ou la quantité des aliments consommés, en raison d’un manque d’argent ou d’autres ressources. L’insécurité alimentaire modérée renvoie donc à un manque de régularité dans l’accès à la nourriture, qui diminue la qualité de l’alimentation et perturbe les habitudes alimentaires normales. Elle est déterminée à partir de l’échelle de l’insécurité alimentaire vécue.

    Insécurité alimentaire grave : niveau de gravité de l’insécurité alimentaire se caractérisant par le fait que, à un moment dans l’année, les personnes concernées ont épuisé leurs réserves alimentaires, ont connu la faim et, au degré le plus avancé, sont restées un ou plusieurs jours sans manger. Il est déterminé à partir de l’échelle de l’insécurité alimentaire vécue.

    Sous-alimentation : situation dans laquelle la consommation alimentaire habituelle d’un individu est insuffisante pour fournir l’apport énergétique alimentaire nécessaire à une vie normale, active et saine. La prévalence de la sous-alimentation est utilisée pour mesurer la faim.

    Émaciation : L’émaciation constitue une forme mortelle de malnutrition qui amaigrit et affaiblit les enfants et les expose à un risque accru de décès, ainsi que de problèmes de croissance, de développement et d’apprentissage. En 2022, plus de 45 millions d’enfants de moins de 5 ans en souffrent.

    Émaciation sévère : Caractérisée par une maigreur extrême de l’enfant par rapport à sa taille en raison d’un affaiblissement du système immunitaire, l’émaciation sévère est la forme de malnutrition la plus immédiate, la plus visible et la plus mortelle. En 2022, plus de 13 millions d’enfants de moins de 5 ans en sont victimes.

    Cité par le quotidien Le Monde, Émile Frison, membre du panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-food), déclare : « il ne faut pas qu’on se trompe en se disant que c’est uniquement à cause du Covid et de la guerre en Ukraine qu’on assiste à une crise alimentaire, et que, si ces problèmes sont surmontés, les choses vont s’arranger ». Mathilde Gérard, journaliste au Monde ajoute : « Ces deux événements internationaux majeurs ont en réalité exacerbé des difficultés structurelles qui les précèdent » (Source : Mathilde Gérard, « Sous-alimentation : près d’une personne sur dix souffre de la faim dans le monde, un chiffre en forte hausse depuis deux ans », Le Monde, 6 juillet 2022)

    La crise alimentaire mondiale n’est pas provoquée par une réduction de la production de céréales ou d’autres aliments

    La crise alimentaire mondiale n’est pas provoquée par une pénurie mondiale de production d’aliments. En effet, la production alimentaire mondiale augmente plus rapidement que la croissance démographique depuis plus d’un demi-siècle. En 2021, la récolte de céréales a dépassé un record historique.

    Mais il est important de souligner qu’une partie croissante des aliments produits ne sert pas à l’alimentation humaine. Les gouvernements du Nord encouragent la production d’agrocarburants, appelés à tort biocarburants afin de créer une réaction positive de l’opinion publique. Dans un article d’avril 2022, Jean-François Collin, haut fonctionnaire et ex-conseiller au ministère de l’agriculture met en évidence « l’augmentation considérable des usages industriels de la production céréalière mondiale (…), notamment la production d’éthanol : 30 % de l’augmentation de la production mondiale des cinquante dernières années ont été consacrés au développement des usages industriels des céréales. Cela concerne principalement le maïs mais également le blé. (…) Environ 200 millions de tonnes de maïs américains sont transformées chaque année en éthanol incorporé dans le carburant des véhicules automobiles. 10 % des céréales produites dans le monde servent aujourd’hui de carburant. On pourrait ajouter les surfaces consacrées à d’autres plantes qui ne sont pas des céréales, comme le colza, le soja ou l’huile de palme avec lesquels on produit du diester également utilisé comme carburant. Ce sont autant de surfaces qui ne sont pas consacrées à la production de blé ou de riz susceptible d’alimenter directement des humains. »

    Il est également important de souligner que plus d’un tiers de la production mondiale de céréales, 35% selon J-F Collin, est destiné à l’alimentation des animaux d’élevage.

    Une poignée de sociétés transnationales contrôlent largement le marché des céréales, formant un oligopole, et augmentent en permanence leurs profits et leur fortune sur le dos des populations. Au niveau planétaire, quatre sociétés, dont trois sont étasuniennes et une est française, contrôlent 70% du marché international des céréales. Elles jouent un rôle fondamental dans la fixation des prix et de l’approvisionnement. Il s’agit de Archer Daniels Midland, De Bunge, Cargill et Louis Dreyfus, souvent désignés par le sigle ABCD.

    Prenons le cas de Cargill, voici ce qu’en dit Oxfam international dans un rapport récent : « Cargill est un géant mondial de l’agroalimentaire et l’une des plus grandes sociétés privées du monde. En 2017, elle a été répertoriée parmi les quatre entreprises qui contrôlent ensemble plus de 70 % du marché mondial des produits de base agricoles. Elle est détenue à 87 % par la onzième famille la plus riche du monde. La richesse cumulée des membres de cette famille figurant sur la liste des milliardaires de Forbes est de 42,9 milliards de dollars – et leur fortune s’est accrue de 14,4 milliards depuis 2020, augmentant de près de 20 millions de dollars par jour pendant la pandémie. Cette augmentation est due à la hausse des prix des denrées alimentaires, en particulier des céréales. Par ailleurs, quatre autres membres de la grande famille Cargill ont récemment rejoint la liste des 500 personnes les plus riches du monde. En 2021, la société a enregistré des recettes nettes de 5 milliards de dollars et réalisé les plus gros bénéfices de son histoire. L’année précédente, elle a versé des dividendes de 1,13 milliard de dollars, dont la plupart étaient destinés aux membres de la famille. La société devrait à nouveau obtenir des bénéfices record en 2022, venant grossir encore la fortune déjà colossale de la famille. »

    Oxfam ajoute : « Selon Bloomberg, Cargill n’est pas la seule entreprise à réaliser des bénéfices importants en tirant parti des pénuries alimentaires et de la volatilité des marchés. L’un des concurrents de l’entreprise, la société de commerce agricole Louis Dreyfus Co., a déclaré en mars avoir réalisé 82 % de plus de bénéfices l’année dernière, en grande partie grâce aux fluctuations du prix des céréales et aux fortes marges sur les graines oléagineuses » (Source : Oxfam, « Quand la souffrance rapporte gros. Face à l’explosion de la fortune des milliardaires et alors que le coût de la vie grimpe en flèche, il est urgent de taxer les plus riches », publié le 23 mai 2022)

    Ce contrôle sur le commerce des aliments a ainsi permis à ces entreprises de l’agroindustrie, mais aussi aux grandes chaines commerciales telles que Wallmart ou Carrefour, d’imposer des hausses de prix en 2021 de l’ordre de 30% [5].

    Autres causes fondamentales de la crise alimentaire, les politiques néolibérales d’ouverture des marchés que nous analysons plus loin. En effet, celles-ci ont rendu les pays du Sud global de plus en plus dépendants de leurs importations de céréales (voir plus loin la critique des différentes politiques appliquées par les pays du Sud sous pression des institutions comme la BM et le FMI mais aussi de leurs propres classes dominantes). En cas de choc extérieur entrainant une augmentation des prix sur le marché mondial et/ou une difficulté d’approvisionnement, les pays du Sud global, qui ne produisent pas de céréales en suffisance, sont directement touchés.

    Parmi les facteurs récents qui ont aggravé la crise alimentaire, il y a l’énorme spéculation qui a eu lieu sur les marchés des céréales dès le lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les prix du blé et du maïs ont augmenté de près de 50% en une quinzaine de jours alors qu’il n’y avait à ce moment-là aucune destruction de la production et aucun problème d’approvisionnement. Il s’agissait de spéculation pure de la part des grandes sociétés privées qui achètent des stocks de céréales (y compris des récoltes futures) dans les bourses de céréales dont la principale se trouve à Chicago. Le prix du riz a également augmenté, mais plus modérément.

    Immédiatement, les grandes sociétés de commercialisation, les grandes surfaces, ont augmenté le prix des aliments et cela sans justification.
    Au moment où ces lignes sont écrites à la fin août 2022, au cours des trois derniers mois, le prix du blé à la bourse de Chicago a baissé de 32% et le prix du maïs a baissé de 22%, mais cela ne s’est pas répercuté par une baisse des prix au détail.

    Les prix au détail pour les consommateurs/trices des classes populaires ont fortement augmenté et il est peu probable qu’ils baisseront, les gouvernants n’appliquant pas de politique de contrôle ou de fixation des prix. Les grandes entreprises privées sont en effet libres de les fixer selon leur bon vouloir.

    La crise alimentaire n’a pas débuté avec l’invasion de l’Ukraine

    A l’échelle planétaire, en réalité la situation se dégrade depuis 2014.
    Alors qu’on avait connu une crise alimentaire très grave en 2007-2008 (voir notre explication de la crise de 2007-2008) amenant à plus de 800 millions le nombre de personne souffrant de la faim, la situation s’était améliorée entre 2009 et 2013 pour se dégrader à nouveau à partir de 2014 (voir les tableaux 1 et 2).

    Tableau 1 : Évolution du nombre de personnes ayant vécu une situation d’insécurité alimentaire grave (en millions)

    A l’échelle planétaire, entre 2014 et 2021, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire grave a augmenté de plus de 350 millions, passant de 565 millions à 924 millions

    Tableau 2 : Nombre de personnes ayant vécu une situation d’insécurité modérée en 2015, 2019 et 2020 (en millions)

    Est-il possible d’éradiquer la faim ?

    Éradiquer la faim, c’est tout à fait possible. Les solutions fondamentales pour atteindre cet objectif vital, passent par un projet de souveraineté alimentaire alternatif au modèle de l’agrobusiness intensif. La souveraineté alimentaire est le droit de chaque pays de maintenir et développer sa propre capacité à produire son alimentation de base. Elle suppose la protection des ressources naturelles, notamment la terre, les eaux et les semences. Elle place les producteurs/trices, distributeurs/trices et consommateurs/trices des aliments au cœur des systèmes et politiques alimentaires en lieu et place des exigences des marchés et des transnationales. Elle vise donc à nourrir la population à partir de l’effort des producteurs/trices au niveau local, tout en limitant les importations et les exportations.

    Pour avancer vers la souveraineté alimentaire, il faut mettre l’agroécologie au cœur des décisions politiques des gouvernements. L’agroécologie est une alternative au modèle néolibéral productiviste. Elle garantit les droits collectifs de la paysannerie, protège la biodiversité, renforce les systèmes alimentaires locaux, et valorise le travail des femmes qui est littéralement vital.

    Cela permettra de disposer d’une alimentation de qualité : sans OGM, sans pesticides, sans herbicides, sans engrais chimiques. Mais pour atteindre cet objectif-là, il faut que plus de 3 milliards de paysans puissent accéder à la terre en quantité suffisante et la travailler pour leur compte au lieu d’enrichir les grands propriétaires, les transnationales de l’agrobusiness, les commerçants et les prêteurs. Il faut aussi qu’ils disposent, grâce à l’aide publique, des moyens pour cultiver la terre (sans l’épuiser).

    Pour ce faire, il faut une réforme agraire, réforme qui manque toujours cruellement, que ce soit au Brésil, en Bolivie, au Paraguay, au Pérou, en Asie ou dans certains pays d’Afrique. Une telle réforme agraire doit organiser la redistribution des terres en interdisant les grandes propriétés terriennes privées et en fournissant un soutien public au travail des agriculteurs. Elle doit s’opposer aux politiques agraires mises en œuvre par la Banque mondiale, par des fondations comme la Fondation Bill Gates et des multinationales qui favorisent de grandes opérations d’accaparement de terres.

    Elle doit préserver les forêts existantes et encourager le reboisement, stopper la privatisation et la marchandisation des ressources hydriques, éviter la monoculture à l’origine de dégradations des sols…

    Il est important de souligner que le FMI et surtout la Banque mondiale ont d’énormes responsabilités dans la crise alimentaire car ce sont notamment ces institutions qui ont poussé les États à se connecter de plus en plus aux marchés internationaux en accroissant leur dépendance, à supprimer les aides aux petits producteurs et à offrir une place de choix aux transnationales de l’agrobusiness. Le FMI et la Bm ont recommandé aux gouvernements du Sud de supprimer les silos à grains qui servaient à alimenter le marché intérieur en cas d’insuffisance de l’offre et/ou d’explosion des prix. La Banque mondiale et le FMI ont poussé les gouvernements du Sud à supprimer les organismes de crédit public aux paysans et ont poussé ceux-ci dans les griffes des prêteurs privés (souvent de grands commerçants) ou des banques privées qui pratiquent des taux usuriers. Cela a provoqué l’endettement massif des petits paysans, que ce soit en Inde, au Mexique, en Égypte ou dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Selon les enquêtes officielles, le surendettement des paysans qui touche les paysans indiens est la cause principale du suicide de plus de 400 000 paysans en Inde au cours des 25 dernières années. C’est un pays où précisément la Banque mondiale s’est employée avec succès à convaincre les autorités de supprimer les agences publiques de crédit aux agriculteurs. Et ce n’est pas tout : au cours des 50 dernières années, la Banque mondiale et le FMI ont aussi poussé les pays tropicaux et autres pays du sud global à réduire leur production de blé, de riz ou de maïs pour les remplacer par des cultures d’exportation (cacao, café, thé, bananes, arachide, fleurs, coton…). Enfin, pour parachever leur travail en faveur des grandes sociétés de l’agrobusiness et des grands pays exportateurs de céréales (en commençant par les États-Unis, le Canada et l’Europe), ils ont poussé les gouvernements à ouvrir toutes grandes les frontières aux importations de nourriture qui bénéficient de subventions massives de la part des gouvernements du Nord, ce qui a provoqué la faillite de nombreux producteurs/trices du Sud et une très forte réduction de la production vivrière locale.

    En résumé, il est nécessaire de mettre en œuvre la souveraineté alimentaire, promouvoir l’agroécologie et appliquer la réforme agraire. Il faut abandonner la production des agro-carburants industriels et bannir les subventions publiques à ceux qui les produisent. Il faut également recréer au Sud des stocks publics de réserves d’aliments (en particulier de grains : riz, blé, maïs…), (re)créer des organismes publics de crédit aux agriculteurs/trices et rétablir une régulation des prix des aliments. Il faut garantir que les populations à bas revenu puissent bénéficier de bas prix pour des aliments de qualité. Il faut supprimer la TVA sur les aliments de base. L’État doit garantir aux petits producteurs/trices agricoles des prix de vente suffisamment élevés afin de leur permettre d’améliorer nettement leurs conditions de vie. L’État doit également développer les services publics dans les milieux ruraux (santé, éducation, communications, culture, « banques » de semences…). Les pouvoirs publics sont parfaitement à même de garantir à la fois des prix subventionnés aux consommateurs d’aliments et des prix de vente suffisamment élevés pour les petits producteurs agricoles afin qu’ils disposent de revenus suffisants.

    Ce combat contre la faim n’est-il pas partie prenante d’un combat bien plus vaste ?

    On ne peut prétendre sérieusement lutter contre la faim sans s’attaquer aux causes fondamentales de la situation actuelle. La dette est l’une d’entre elles, et les effets d’annonce sur ce thème, fréquents ces dernières années comme lors des sommets du G7 ou du G20, masquent mal que ce problème demeure entier. La crise globale qui touche le monde aujourd’hui aggrave la situation des pays en développement face au coût de l’endettement et de nouvelles crises de la dette au Sud sont en préparation. Ce qui se passe en 2022 au Sri Lanka ou en Argentine en sont des exemples criants. Or cette dette a conduit les peuples du Sud, souvent pourvus en richesses humaines et naturelles considérables, à un appauvrissement massif. Le système dette est un pillage organisé auquel il est urgent de mettre fin.

    En effet, le mécanisme infernal de la dette publique illégitime est un obstacle essentiel à la satisfaction des besoins humains fondamentaux, parmi lesquels l’accès à une alimentation décente. Sans aucun doute, la satisfaction des besoins humains fondamentaux doit primer sur toute autre considération, géopolitique ou financière. Sur un plan moral, les droits des créanciers, rentiers ou spéculateurs ne font pas le poids par rapport aux droits fondamentaux de huit milliards de citoyens, piétinés par ce mécanisme implacable que représente la dette.
    Il est immoral de demander aux peuples des pays appauvris par une crise globale dont ils ne sont nullement responsables de consacrer une grande partie de leurs ressources au remboursement de créanciers aisés (qu’ils soient du Nord ou du Sud) plutôt qu’à la satisfaction de leurs besoins fondamentaux. L’immoralité de la dette découle également du fait qu’elle a très souvent été contractée par des régimes non démocratiques qui n’ont pas utilisé les sommes reçues dans l’intérêt de leurs populations et ont souvent organisé des détournements massifs d’argent, avec l’accord tacite ou actif des États du Nord, des créanciers privés du Nord, de la Banque mondiale et du FMI. Les créanciers des pays les plus industrialisés ont prêté en connaissance de cause à des régimes souvent corrompus. Ils ne sont pas en droit d’exiger des peuples qu’ils remboursent ces dettes immorales et illégitimes.

    En somme, la dette est un des principaux mécanismes par lesquels une nouvelle forme de colonisation s’opère au détriment des peuples. Elle vient s’ajouter à des atteintes historiques portées également par les pays riches : esclavage, extermination de populations indigènes, joug colonial, pillage des matières premières, de la biodiversité, du savoir-faire des paysans (par le brevetage au profit des transnationales de l’agrobusiness du Nord des produits agricoles du Sud comme le riz basmati indien) et des biens culturels, fuite des cerveaux, etc. Il est plus que temps de remplacer la logique de domination par une logique de redistribution de richesses dans un souci de justice.

    Le G7, le FMI, la Banque mondiale et le Club de Paris imposent leur propre vérité, leur propre justice, dont ils sont à la fois juge et partie. Depuis la crise de 2007-2009, le G20 a pris le relais du G7 et a contribué à remettre le FMI discrédité et délégitimé au centre du jeu politique et économique en particulier à l’égard du Sud Global. Il faut mettre fin à cette injustice qui profite aux oppresseurs, qu’ils soient du Nord ou du Sud.

    Le CADTM soutient avec enthousiasme les propositions et les revendications avancées par le mouvement paysan international La Via Campesina pour faire face à la crise alimentaire actuelle et aller vers la souveraineté alimentaire. Nous les reproduisons intégralement.

    « Face à ce contexte dramatique, La Via Campesina exprime des exigences et des propositions fortes pour faire face à la crise, tant à court qu’à long terme.

    Nous exigeons une action immédiate pour :

    La fin de la spéculation sur les denrées alimentaires et la suspension de la cotation des denrées alimentaires en bourse. Les contrats à terme sur les matières premières agricoles devraient être interdits immédiatement. Le prix des denrées alimentaires faisant l’objet d’un commerce international doit être lié aux coûts de production et respecter les principes du commerce équitable, tant pour les producteurs, productrices que pour les consommateurs, consommatrices ;
    La fin de l’OMC dans le contrôle du commerce alimentaire, ainsi que les accords de libre-échange. En particulier, les règles de l’OMC qui empêchent les pays de développer des réserves alimentaires publiques et la régulation des prix et des marchés doivent être immédiatement suspendues, afin que les pays puissent développer les politiques publiques nécessaires pour soutenir les petits producteurs et les petites productrices dans ce contexte difficile ;
    Une réunion d’urgence du Comité de la sécurité alimentaire et la création d’un nouvel organisme international chargé de mener des négociations transparentes sur les accords de produits de base entre les pays exportateurs et importateurs, afin que les pays devenus dépendants des importations de denrées alimentaires puissent avoir accès à des aliments à des prix abordables ;
    L’interdiction d’utiliser des produits agricoles pour produire des agrocarburants ou de l’énergie. La nourriture doit être une priorité absolue par rapport au carburant.
    Un moratoire mondial sur le remboursement de la dette publique par les pays les plus vulnérables. Dans le contexte actuel, faire pression sur certains pays très vulnérables pour qu’ils remboursent leur dette est tout à fait irresponsable et conduit à une crise alimentaire. Nous demandons la fin des pressions exercées par le FMI pour démanteler les politiques publiques nationales et les services publics. Nous demandons l’annulation de la dette publique extérieure illégitime dans les pays en développement.
    Nous demandons des changements radicaux dans les politiques internationales, régionales et nationales afin de reconstruire la souveraineté alimentaire à travers :

    Un changement radical de l’ordre commercial international. L’OMC doit être démantelée. Un nouveau cadre international pour le commerce et l’agriculture, basé sur la souveraineté alimentaire, doit ouvrir la voie au renforcement des agricultures paysannes locales et nationales et garantir une base stable pour la production alimentaire relocalisée et le soutien des marchés locaux et nationaux dirigés par les paysans et paysannes. Le système commercial international doit être équitable et basé sur la coopération et la solidarité plutôt que sur la concurrence et la spéculation ;
    La mise en œuvre d’une réforme agraire populaire et globale, pour mettre fin à l’accaparement de l’eau, des semences et des terres par les sociétés transnationales, et pour garantir aux petits producteurs et petites productrices des droits équitables sur les ressources productives. Nous protestons contre la privatisation et l’accaparement des écosystèmes et des ressources naturelles par des intérêts privés sous le prétexte de protéger la nature, par le biais des marchés du carbone ou d’autres programmes de compensation de la biodiversité, sans considération pour les personnes qui vivent dans les territoires et prennent soin des ressources depuis des générations ;
    Un changement radical vers l’agroécologie, afin de produire une alimentation saine en quantité et en qualité pour l’ensemble de la population. Nous devons garder à l’esprit que la crise climatique et environnementale est notre grand défi dans le contexte actuel et que nous devons relever le défi de produire suffisamment de nourriture de qualité tout en ravivant la biodiversité et en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.
    Une régulation efficace du marché des intrants (crédit, engrais, pesticides, semences, carburant…) pour soutenir la capacité des paysans et paysannes à produire des aliments, mais aussi pour assurer une transition équitable et bien planifiée vers des pratiques agricoles plus agroécologiques ;
    Une gouvernance alimentaire basée sur les intérêts des peuples et non sur des entreprises transnationales. Aux niveaux mondial, régional, national et local, il faut mettre un terme à la mainmise des multinationales sur la gouvernance alimentaire et placer les intérêts des populations au centre. Les petits producteurs et les petites productrices doivent être reconnus comme ayant un rôle clé à jouer dans tous les organes de gouvernance alimentaire ;
    La transformation de la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et paysannes en un instrument juridiquement contraignant pour la défense des populations rurales.
    Le développement des capacités de stockage public dans chaque pays. La stratégie de constitution de réserves alimentaires doit être mise en œuvre à la fois au niveau national et par la création et le soutien public de réserves alimentaires au niveau communautaire avec des aliments produits localement à partir de pratiques agricoles agro-écologiques ;
    Un moratoire mondial sur les technologies dangereuses qui menacent l’humanité, comme la géo-ingénierie, les OGM ou la viande cellulaire. La promotion de techniques peu coûteuses qui augmentent l’autonomie des paysans et paysannes et les semences paysannes.
    Le développement de politiques publiques pour assurer de nouvelles relations entre ceux et celles qui produisent les aliments et ceux et celles qui les consomment, ceux et celles qui vivent dans les zones rurales et ceux et celles qui vivent dans les zones urbaines, en garantissant des prix équitables définis sur la base du coût de production, permettant un revenu décent pour tous ceux et celles qui produisent dans les campagnes et un accès équitable à une alimentation saine pour les consommateurs et consommatrices ;
    La promotion de nouvelles relations de genre basées sur l’égalité et le respect, tant pour les personnes vivant à la campagne que pour la classe ouvrière urbaine. La violence à l’égard des femmes doit cesser maintenant.
    Les auteurs remercient Pablo Laixhay et Brigitte Ponet pour leur relecture.

    Nous vous recommandons la lecture de ce communiqué de presse du CADTM -> 2022 : Mettons fin à la crise alimentaire

    —————–

    Notes
    [1] FAO : L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. Édition 2022. https://www.fao.org/documents/card/en/c/cc0639en

    [2] La FAO déclare elle-même que les « agriculteurs familiaux (…) produisent plus de 70% de la nourriture dans le monde et plus de 80% en valeur dans les pays en développement » Voir la fin de la déclaration suivante https://www.fao.org/news/story/fr/item/1175255/icode/

    [3] Communiqué de presse de l’Organisation mondiale de la Santé, 6 juillet 2022, https://www.who.int/fr/news/item/06-07-2022-un-report–global-hunger-numbers-rose-to-as-many-as-828-million-in-2021

    [4] Communiqué de presse de l’Organisation mondiale de la Santé, 6 juillet 2022.

    [5] Oxfam, « QUAND LA SOUFFRANCE RAPPORTE GROS, Face à l’explosion de la fortune des milliardaires et alors que le coût de la vie grimpe en flèche, il est urgent de taxer les plus riches », publié le 23 mai 2022 https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2022/05/Final-Davos-Media-Brief-12.5.22_FR-final.pdf , p. 6.

    CADTM, 5 septembre 2022

    #FM #BM

  • Acheter la collaboration du Maroc pour contenir la migration ?

    Acheter la collaboration du Maroc pour contenir la migration ?

    Maroc, Union Européenne, UE, Immigration, contrôle des frontières,

    Acheter la collaboration du Maroc pour contenir la migration ? Compliquer l’utilisation de l’aide dans la coopération en matière de contrôle des frontières

    A chaque fois qu’une  » crise  » migratoire se déclare sur les côtes européennes, des propositions visant à utiliser l’aide pour freiner l’immigration irrégulière réapparaissent dans le paysage politique européen. L’hypothèse sous-jacente à cette proposition est que la promesse d’une aide supplémentaire (ou la menace de la réduire) peut effectivement inciter les pays d’ »origine » et de « transit » réticents à coopérer plus étroitement avec l’Union européenne (UE) et ses États membres pour contenir les tentatives de franchissement irrégulier des frontières. Un examen plus approfondi de la mise en œuvre des projets financés par l’aide qui tournent autour de la migration révèle toutefois une histoire beaucoup plus complexe. Dans ce mémoire, je prendrai le cas du Maroc pour montrer que les pays  » d’origine  » et de  » transit  » n’accueillent pas toujours l’aide dans le domaine de la migration à bras ouverts (El Qadim, 2018). Les autorités locales et nationales réagissent différemment aux budgets d’aide en fonction de leur adéquation avec leurs priorités politiques nationales et domestiques, mettant en scène des réponses allant de la collaboration à la franche hostilité.

    Le Sud en tant que sujet dans la coopération en matière de contrôle des frontière

    Les chercheurs ont traditionnellement dépeint les pays non occidentaux comme des « objets » passifs dans les relations internationales, qui n’existent que par rapport ou en réaction à la politique étrangère et à la stratégie d’économie politique avancées par les pays occidentaux. Inspirés par la littérature post-coloniale et dé-coloniale, des travaux plus récents sur les relations internationales ont commencé à analyser la politique étrangère adoptée par les pays non-occidentaux en tant que telle, en considérant ces derniers comme des acteurs géopolitiques autonomes (Sabaratnam, 2011). Le fait de considérer le Sud comme un sujet élargit notre compréhension des acteurs et des stratégies de politique étrangère – le Nord n’étant qu’un des nombreux interlocuteurs avec lesquels les pays du Sud peuvent s’engager (Fiddian-Qasmiyeh et Daley, 2019). Plus important encore, une telle perspective élargit notre compréhension de la politique étrangère au-delà du binaire résistance/domination (Kutz, 2021). Être dans une position de dépendance structurelle conditionne mais n’empêche pas les pays subalternes de développer une stratégie diplomatique autonome (Fernández-Molina, Feliu et de Larramendi, 2019).

    La recherche sur les frontières a suivi un schéma similaire. Les premières analyses considéraient les pays d’ » origine  » et de  » transit  » comme des destinataires passifs des politiques d’externalisation des frontières. La littérature plus récente reconnaît que des pays comme le Maroc, la Turquie ou le Sénégal pourraient résister aux pressions de l’UE si l’adoption de mesures restrictives de contrôle des frontières entraîne des coûts financiers et politiques insoutenables. Un pays peut alterner coopération et non-coopération pour tenter de maintenir des alliances diplomatiques tout en tenant compte des pressions intérieures. Coopérer avec l’UE pour contenir la migration n’est donc pas nécessairement un marqueur de cooptation à l’externalisation des frontières. Il peut s’agir d’une stratégie visant à accroître la légitimité internationale, ou à accumuler d’autres ressources financières ou diplomatiques (Tsourapas, 2019).

    L’aide en tant que contrôle des frontières en Méditerranée occidentale

    La frontière entre l’UE et le Maroc est devenue de plus en plus sécurisée depuis les années 1970, lorsque les pays européens ont progressivement décidé d’imposer des visas aux ressortissants non-européens. La levée des contrôles aux frontières intérieures de l’UE a coïncidé avec une anxiété accrue pour sécuriser les frontières extérieures de l’Europe. De manière informelle, l’Espagne a commencé à rechercher la coopération du Maroc en matière de contrôle des frontières au début des années 1990. Après le Conseil européen de Tampere en 1999, la recherche de la coopération des pays tiers en matière de contrôle des frontières est devenue une politique établie de l’UE. Pour sa part, le Maroc a adopté en 2003 la loi 02-03, qui a criminalisé l’entrée et la sortie irrégulières du pays ainsi que sa facilitation. En septembre 2013, le Maroc a réformé son approche de la gouvernance migratoire en annonçant l’adoption d’une nouvelle politique migratoire « fondée sur les droits de l’homme ». La nouvelle politique migratoire comprenait deux campagnes de régularisation en 2014 et 2017, l’adoption d’une stratégie nationale pour l’immigration et l’asile (NSIA) en 2014 et le lancement de trois projets de loi sur la migration, l’asile et la traite des êtres humains. La nouvelle politique migratoire a recueilli le soutien de l’UE et de ses États membres. Toutefois, la mise en œuvre de cette politique n’a pas été à la hauteur de ses aspirations : la loi 02-03 n’a pas été réformée et la loi sur l’asile n’a pas été approuvée. Même si la violence à l’encontre des migrants s’est d’abord arrêtée dans les principaux centres urbains, elle est toujours restée répandue dans les zones frontalières, avant de reprendre même dans les grandes villes depuis l’été 2018.

    Le financement du développement a toujours été essentiel à la stratégie d’externalisation des frontières de l’UE. Dans les années 1990, l’UE comptait déjà sur une longue histoire de coopération économique et technique avec le Maroc et les pays d’Afrique du Nord en général. Après le Conseil de Tampere en 1999, l’UE a commencé à créer des lignes de financement spécifiques pour financer des projets dans le domaine de la migration et du contrôle des frontières. Il s’agissait notamment de la ligne pilote B7-667 en 2001, remplacée par le programme AENEAS en 2004, puis le programme thématique sur la migration et l’asile en 2007. Entre 2001 et 2018, le Maroc a reçu 215 millions d’euros de l’UE pour mettre en œuvre des projets dans le domaine de la sécurité des frontières, et 61,6 millions d’euros supplémentaires pour la mise en œuvre de sa politique migratoire (Statewatch, 2019).

    Entre coopération et obstruction

    Au cours des vingt-cinq dernières années, le Maroc a adopté un certain nombre de stratégies différentes en ce qui concerne le décaissement de l’aide au développement pour les projets liés à la migration. Dans certains cas, le pays s’est montré coopératif dans la mise en œuvre des projets. C’est le cas, par exemple, du programme de retour volontaire, une initiative gérée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Elle soutient économiquement les personnes migrantes qui souhaitent retourner dans leur pays d’origine, essentiellement en achetant des billets d’avion et, si les fonds le permettent, en fournissant une aide à la réintégration. La toute première mission de retour volontaire de l’OIM dans le pays a été organisée à la demande des autorités marocaines et maliennes en 2005. En 2013, les autorités marocaines ont accepté de subventionner le retour de 5 500 personnes entre 2014 et 2016 pour une contribution totale de 3,5 millions d’euros, fournissant à l’OIM une source de financement stable pour un budget de programme par ailleurs très fluctuant (Maâ, 2019). D’un point de vue plus terre à terre, les autorités marocaines facilitent la délivrance des documents administratifs nécessaires pour permettre aux personnes migrantes sans papiers de rentrer chez elles par avion dans le cadre du programme. L’attitude coopérative des autorités marocaines s’explique par la fonction stratégique que joue le retour volontaire dans la politique intérieure et extérieure du Maroc. Premièrement, il permet au pays de réduire le coût du contrôle des frontières en impliquant les donateurs internationaux dans le financement d’un type de retour. Deuxièmement, les retours volontaires permettent aux autorités marocaines de protéger leur image internationale en montrant leur engagement dans des formes de renvois  » humains  » d’étrangers en situation irrégulière. Troisièmement, le programme permet au Maroc de se positionner plus près des donateurs européens en tant que rare cas de  » pays de transit  » qui s’engage financièrement dans la mise en œuvre du programme de retour volontaire (Gazzotti, 2021).

    Dans d’autres cas, cependant, les autorités marocaines se montrent beaucoup moins coopératives, au point d’entraver la mise en œuvre des projets financés par l’aide. C’est le cas, par exemple, d’un projet humanitaire financé par la Suisse en 2013, visant à fournir une aide d’urgence aux migrants bloqués dans le nord-est du pays. Ce projet a remplacé une initiative précédemment gérée par Médecins sans frontières/Medecins Without Borders (MSF), qui avait décidé de fermer sa mission dans le pays en 2012. Dans un rapport publié en 2013, MSF pointait du doigt la violence perpétrée par les autorités marocaines et espagnoles comme une cause essentielle de la vulnérabilité des migrants à la frontière, ce qui rendait la mission de l’ONG inadaptée aux conditions de terrain (Tyszler, 2019). Lorsque MSF est partie, ses activités humanitaires ont été canalisées dans un projet mené par l’OIM, ainsi que par une organisation religieuse à Nador et par Médecins du monde à Oujda. Après 2015, le projet a continué sans la participation de l’OIM. Dès le début, le projet humanitaire financé par la Suisse a connu une série de revers en raison d’une relation complexe entre les partenaires de mise en œuvre et les autorités marocaines. Une première perturbation majeure est survenue lorsque les autorités marocaines ont fermé de force le bureau de Médecins du monde à l’automne 2014 (OIM Maroc, 2014). Une deuxième perturbation majeure a eu lieu un an plus tard, en janvier 2016, lorsque le prêtre jésuite qui coordonnait le projet à Nador s’est vu interdire de rentrer au Maroc après une brève visite dans l’enclave espagnole de Melilla (Público, 2016). Sur le terrain, diverses sources ont expliqué cette série d’obstructions comme une stratégie entreprise par les autorités marocaines pour limiter la publicité autour des violences frontalières. Le rapport publié par MSF en 2013 avait en effet causé des dommages substantiels à sa réputation. Les rapports sur la violence contre les migrants à la frontière entraient en conflit avec l’image d’un pays réformiste et respectueux des droits de l’homme que le Maroc tente de construire depuis le début des années 1990 (Gazzotti, 2019). L’obstruction des projets humanitaires financés par l’aide est donc symptomatique des priorités de la politique intérieure et étrangère du Maroc, où la protection de l’image nationale dans le pays et à l’étranger est plus importante que la mise en œuvre d’initiatives fournissant une aide d’urgence aux migrants bloqués à la frontière.

    Pluraliser notre compréhension de l’aide dans les relations frontalières

    L’attitude des pays  » d’origine  » et de  » transit  » vis-à-vis de l’aide liée à la migration varie en fonction du moment politique général et des contingences locales. Comme nous l’avons vu dans le cas du Maroc, l’aide est un instrument utilisé depuis longtemps par l’UE et ses États membres pour encourager la coopération multilatérale et bilatérale en matière de contrôle des frontières. Cependant, les autorités marocaines adaptent leur attitude en fonction de la manière dont le projet s’inscrit dans leur stratégie plus large de politique intérieure et étrangère. Un même État peut faciliter le versement d’une aide, tout en faisant obstacle à un autre projet, car chaque initiative soulève des préoccupations politiques différentes et ouvre des possibilités variées. Nous devons donc pluraliser notre compréhension de l’aide à la coopération en matière de contrôle des frontières au-delà du binaire incitation/rent. En nous concentrant sur la mise en œuvre des projets, nous pourrons mieux comprendre ce que nous entendons par  » aide « , et ainsi construire un compte rendu plus réaliste et plus nuancé de la coopération en matière de contrôle des frontières entre le Nord et le Sud.

    Références

    EL QADIM, NORA. 2018.  » L’instrument de financement de la négociation de l’UE sur la politique migratoire extérieure. Des incitations à la coopération ? » In EU External Migration Policies in the Era of Global Mobilities : Intersecting Policy Universes, édité par Sergio Carrera, Leonard Den Hertog, Marion Panizzon, et Dora Kostakopoulou, 341-63. Leiden/Boston : Brill.

    FERNÁNDEZ-MOLINA, IRENE, LAURA FELIU ET MIGUEL HERNANDO DE LARRAMENDI. 2019.  » Les politiques étrangères ‘subalternes’ des pays d’Afrique du Nord : Old and New Responses to Economic Dependence, Regional Insecurity and Domestic Political Change ». La revue d’études nord-africaines 24 (3) : 356-75. https://doi.org/10.1080/13629387.2018.1454648

    FIDDIAN-QASMIYEH, ELENA, ET PATRICIA (Patricia O.) Daley, eds. 2019. Routledge Handbook of South-South Relations. Abingdon, Oxon : Routledge.

    GAZZOTTI, LORENA. 2019.  » Les morts, les frontières et l’exception : L’humanitarisme à la frontière hispano-marocaine ». American Behavioral Scientist, novembre, 0002764219882990. https://doi.org/10.1177/0002764219882990.
    —. 2021. Immigration Nation. Aid, Control, and Border Politics in Morocco. Cambridge : Cambridge University Press.

    KUTZ, WILLIAM. 2021.  » Entre dépendance et engagement : Centring Subaltern Geopolitics in Multiperspectival Border Studies. Lessons from the Western Sahara ». Géographie politique 89 (août) : 102431. https://doi.org/10.1016/j.polgeo.2021.102431

    MAÂ, ANISSA. 2019.  » Signer la déportation. Agencéité migrante et retours volontaires depuis le Maroc ». Terrain. Anthropologie et Sciences Humaines. http://journals.openedition.org/terrain/ 18653 ; DOI : 10.4000/terrain.18653

    OIM MAROC. 2014.  » Lettre d’information n. 25. Novembre – Décembre 2014″.

    PÚBLICO. 2016.  » Padre Esteban, el cura de los nadies al que Marruecos ha expulsado « . 26 janvier 2016. http://www.publico.es/internacional/padre-esteban-cura-nadies-al.html

    SABARATNAM, MEERA. 2011.  » La RI en dialogue… mais peut-on changer de sujet ? Une typologie des stratégies de décolonisation pour l’étude de la politique mondiale « . Millénium 39 (3) : 781-803. https://doi.org/10.1177/0305829811404270

    STATEWATCH. 2019.  » Analyse : L’aide, la sécurité des frontières et la coopération entre l’UE et le Maroc en matière de contrôle des migrations « , http://www.statewatch.org/analyses/no-347-eu-morocco-aid-border-security.pdf.

    TSOURAPAS, GERASIMOS. 2019. « La crise des réfugiés syriens et la prise de décision en matière de politique étrangère en Jordanie, au Liban et en Turquie ». Journal of Global Security Studies, mai. https://doi.org/ 10.1093/jogss/ogz016.

    TYSZLER, ELSA. 2019. « Derrière les barrières de Ceuta & Melilla. Rapports sociaux de sexe, de race et colonialité du Contrôle migratoire à la frontière maroco-espagnole ». Thèse de doctorat, Université Paris 8, non publiée.

    Institut Européen de la Méditerranée, 06/09/2022

    #Maroc #Union_Européenne #UE #Immigration #Frontières

  • Espagne-Algérie : Pedro Sanchez mis sous pression

    Espagne-Algérie : Pedro Sanchez mis sous pression

    Espagne, Algérie, Pedro Sanchez, Maroc, Sahara Occidental,

    Le ministre espagnol de l’Économie, Rafael Clement, a averti que les pertes économiques pour les entreprises exportatrices pourraient dépasser 250 millions d’euros à cause de la crise avec l’Algérie.

    En outre, le ministre de l’Economie durable, des Secteurs productifs, du Commerce et du Travail a pressé le gouvernement central espagnol à résoudre le différend diplomatique entre l’Espagne et l’Algérie, qui maintient les échanges commerciaux entre les deux pays.

    Depuis que l’Algérie a décidé de rompre le traité d’amitié avec l’Espagne le 8 juin et de cesser d’expédier des marchandises, le ministère espagnol de l’Économie durable a affiché son souhait d’un rapide retour politique à la normal et s’est positionné aux côtés des secteurs productifs et des entreprises subitement mises sous pression.

    Dès le début de la crise, le ministre Clément a exigé du gouvernement central une réponse diplomatique rapide et sérieuse pour résoudre la crise des relations avec l’Algérie. En plus de convoquer les Communautés autonomes à rendre compte de l’impact économique de cette situation et des mesures pour atténuer la crise face aux incertitudes des entreprises exportatrices.

    En outre, la Direction générale espagnole pour les Exportations a invité le Comité de suivi à défendre les intérêts productifs et de recenser les secteurs exportateurs les plus touchés, invitant à faire des propositions pour les généraliser à tous les niveaux institutionnels, et ce, après avoir reçu ces dernières semaines des nouvelles informations inquiétantes sur les répercussions de cette crise.

    Le marché algérien est un marché stratégique pour divers secteurs d’exportation, tels que les matériaux verriers, les produits céramiques et les machines mécaniques. Parmi les autres secteurs qui ont été touchés par la crise figurent les produits électriques, les composants de chaussures et de vêtements, les plastiques et les produits chimiques.

    L’Express, 06/09/2022

    #Algérie #Espagne #Pedro_Sanchez