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  • Fiche succincte sur la République de Djibouti

    Fiche succincte sur la République de Djibouti

    Djibouti, Maroc, Afrique, Union Africaine, Sahara Occidental, RASD,

    Superficie : 23.000 km²
    Population : 906 112 (2013) Agglomérations principales (estimation) : Djibouti 526 000, Ali Sabieh 25 000
    Capitale : Djibouti
    Pays limitrophes  : Ethiopie, Erythrée, Somalie.
    Chef d’Etat : Ismail Omar Guelleh (depuis 1999, réélu en 2005 et en 2011)
    Premier Ministre : Dileita Mohamed Dileita
    Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale: Mahamoud Ali Yousouf
    PIB par habitant  : 1,354 Mds$ (FMI, 2012)
    Principales ressources  : café
    Classement selon l’IDH : 0,445 (rang 164e sur 187 2013)
    Fête nationale  : 27 Juin 1977 (indépendance)
    Ambassade du Maroc couvrant le Djibouti : Ambassadeur du Maroc accrédité à Djibouti avec résidence au Caire : Mohamed Saad Alami

    I- Situation politique :

    Le conflit (1991-1994) entre la rébellion afar (FRUD) et le gouvernement a abouti à un accord de paix (décembre 1994). Ensuite, un nouvel accord de cessez-le-feu (07 février 2000), puis un accord global (12 mai 2001) ont été conclu entre les parties. Ceux-ci prévoient notamment le désarmement des combattants du FRUD et leur réintégration dans la vie civile et militaire, l’introduction du multipartisme intégral et des mesures de décentralisation.

    Le processus de démocratisation a été engagé en 1992. M. Ismail Omar Guelleh a remporté l’élection présidentielle d’avril 1999 et succède ainsi à Hassan Gouled, au pouvoir depuis l’indépendance (1977). La coalition gouvernementale est formée autour de l’Union pour la majorité présidentielle.

    II- Situation économique :.

    En 2010, le PIB est évalué à 1406 USD/hab. Près de 42% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Djibouti occupe le 147ème rang de l’indicateur de développement humain (IDH). Les ressources naturelles de Djibouti sont rares (l’eau tout particulièrement) ou peu exploitées (ressources halieutiques, 1200t/an, et agricoles, 6800t/an).

    Le pays bénéficie d’une aide internationale élevée (environ 110 USD/habitant contre 20 USD en moyenne pour l’Afrique sub-saharienne) en raison notamment du rôle géostratégique de Djibouti dans la lutte contre le terrorisme.

    Relations bilatérales

    La République de Djibouti a toujours apporté son appui au Maroc sur la question nationale et ce malgré les tentatives entreprises par les adversaires de notre intégrité territoriale pour essayer de persuader ce pays à changer de position.

    -Dans le cadre du renforcement des relations de coopération entre les deux pays, la Ministre djiboutienne du développement social et de la femme djiboutienne a effectué une visite de travail au Maroc et ce, du 17 au 24 janvier 2009.
    -La Secrétaire d’Etat chargé de la solidarité a effectué une visite dans notre pays en mai 2012, elle a rencontré son homologue marocain
    -la Secrétaire d’Etat djiboutienne en urbanisme a effectué en mai 2012, une visite dans notre pays elle rencontré le Ministre de l’Habitat et de la ville.

    Cadre juridique : Les relations de coopération entre les deux pays sont régies par le cadre juridique suivant :

    -Mémorandum d’entente entre le Ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle des deux pays
    -Accord de coopération dans le domaine de la santé
    -Protocole d’accord entre le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la —-Recherche Scientifique du Maroc et le Ministère de la Santé de Djibouti,
    -Accord portant création d’une Commission Mixte
    -Protocole d’accord dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation.

    -accord dans le domaine de l’urbanisme a été signé en mai 2012 entre les deux parties
    -La partie marocaine a proposé deux projets d’accords :
    -Projet d’accord relatif à l’établissement d’un mécanisme de consultations politiques entre les deux ministères des Affaires Etrangères
    -Projet d’Accord incluant les secteurs économiques scientifique technique et culturel
    -Pour les autres projets d’accords (Non double imposition, Investissement, Formation des Cadres en langue arabe et affaires religieuses) la Direction DAJT a saisi les départements concernés afin d’obtenir des projets actualisés dans les domaines respectifs qui relèvent de leur compétences.

    Action de l’AMCI :

    -Quota officiel de bource est de 96 au titre de l’année 2011-2012
    -Une dotation globale de 1.770.522 Dhs a été accordée au titre de bienum 2009-2010 pour la construction d’un bloc opératoire
    -Plusieurs cadres Djiboutiens ont effectué des stages, soit dans le cadre bilatéral soit tripartite.
    -L’AMCI développe avec le Djibouti un projet de culture sous serre, qui arrive à sa fin.

    Perspectives

    -La tenue de la première session de la Commission Mixte qui était prévue durant le premier trimestre de l’année 2014, reportée suite à la demande de la partie Djiboutienne.
    -La partie Djiboutienne souhaite développer une coopération en matière agricole, en matière de la santé, et de la formation.
    -Plusieurs visites de responsables djiboutiens sont prévues au Maroc

    Thèmes d’entretiens
    Maroc / Djibouti
    ****

    -Saluer la position du Djibouti qui a toujours soutenu l’intégrité territoriale du Maroc ;
    -Exprimer la disponibilité du Maroc pour la tenue de la première session de la Commission Mixte qui était prévue durant le premier trimestre de l’année 2014 ; reportée suite à la demande de la partie Djiboutienne ;
    -Les deux pays appartiennent à des régions importantes sur le plan géostratégique d’où l’opportunité de maintenir des consultations politiques régulières entre les deux pays (Accord sur les consultations politiques périodiques) ;
    -Le Djibouti abrite le siège de l’IGAD (Autorité Intergouvernementale pour le Développement) ;
    -Le Maroc peut faire de ce pays une fenêtre sur la région de l’Afrique de l’Est, en demandant l’appui des autorités de Djibouti pour l’obtention du statut de membre observateur au sein de ce groupement ;
    -Le Président Djiboutien a émis le souhait d’effectuer une visite officielle dans notre pays ;
    -La partie Djiboutienne souhaite développer une coopération en matière agricole, en matière de la santé de la formation.

    #Djibouti #Maroc #Fiche_succinte

  • Un accord Iran-USA: quels impacts sur la sphère énergétique?

    Un accord Iran-USA: quels impacts sur la sphère énergétique?

    Iran, Etats-Unis, énergie nucléaire, Pétrole,

    Selon un communiqué publié sur le site Internet du ministère iranien le 24 aout 2022, , la réponse américaine a été remise à l’Iran par l’intermédiaire de Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et coordinateur des pourparlers de Vienne Depuis 2021, l’Iran et les grandes puissances négocient à Vienne où selon certaines agences internationales (Reuters et AFP) un compromis «final» est en cours d’étude, où l’Union européenne la plus touchée par la crise ukrainienne dépendant à 40/47% du gaz russe, joue le rôle d’intermédiaire veillant à l’aboutissement des négociations.

    1.-Les négociations entre l’Iran et les grandes puissances lancées en avril 2021 à Vienne visent à ressusciter l’ accord international de 2015, connu sous son sigle anglais JCPOA, qui garantit le caractère civil du programme nucléaire de l’Iran. Le « texte final » proposé par l’UE permet le retour des Etats-Unis dans l’accord, dont ils s’étaient retirés unilatéralement en 2018, et la levée des sanctions américaines imposées à l’Iran, à condition que ce pays respecte ses engagements sur l’enrichissement et les autres activités nucléaires sensibles. Selon le monde.fr les « éléments de langage transmis de part et d’autre laissent augurer d’une réelle possibilité d’accord mais la prudence est de mise» .

    Pour sa part, l’Iran a soumis sa réponse écrite et juge un accord possible si les Etats-Unis réagissent avec réalisme et flexibilité selon l’agence officielle IRNA. La consommation mondiale de pétrole n’a cessé d’augmenter au cours des trois dernières décennies, pour atteindre 4,25 milliards de tonnes métriques en 2021. Sur une production mondiale en 2021 de 95,62 millions de barils de pétrole, la production de l’OPEP 10 a atteint 25,6 mb/j, celle des producteurs non OPEP 16,5 mb/j, et la production de l’OPEP+ devrait être de 42,1 mb/j .

    Rappelons que Iran, Venezuela et Libye ne sont pas soumis aux quotas décidés par l’OPEP, Actuellement trois pays produisent plus de 10 millions de barils jour à savoir les USA, la Russie et l’Arabie Saoudite . La production mondiale et la consommation mondiale ces dernières années du gaz traditionnel a évolué entre 3000 et 4000 milliards de mètres cubes gazeux et selon l’AIE et la demande mondiale de gaz devrait augmenter au total de 140 milliards de mètres cube (bcm) entre 2021 et 2025. Selon le rapport Statistical Review of World Energy 2021 de BP, publié le 8 juillet 2021, les réserves de gaz naturel dites « prouvées » dans le monde se chiffraient à 188,1 milliers de milliards de m3 à la fin de l’année 2020.

    2.-Malgré des sanctions sévères, pour une population de 87 millions d’habitants, étant une puissance régionale , la valeur du PIB en indice de pouvoir d’achat en 2021 s’élevait à 1436 milliards de dollars, l’Iran se classant ainsi au 20e rang mondial à cet égard et pour le produit intérieur brut en prix courants selon les prévisions du FMI pour 2022, le PIB de l’Iran est estimé à 652 milliards de dollars, Un chiffre qui permet au pays de grimper dans le classement des 30 nations qui produisent le plus de richesses. Les réserves prouvées de pétrole en Iran, selon son gouvernement, le classe au quatrième rang dans le monde avec environ 200 milliards de barils en 2020 , représentant environ 13 % des réserves totales de pétrole prouvées mondiales se situant en onshore sur le territoire iranien, ainsi qu’ offshore au sein des eaux territoriales dans le Golfe d’Oman .

    Les réserves prouvées de gaz naturel de l’Iran sont estimées par BP à 32 000 milliards de m3 fin 2019 (1 130,7 trillions US de pieds cubes), soit 131 années de production au rythme de 2019, ces réserves classant l’Iran au 2e rang mondial avec 16,1 % du total mondial, derrière la Russie (19,1 %) 45.000 milliards de mètres cubes gazeux et avant le Qatar environ 20.000 milliards de mètres cubes gazeux. De par sa position géostratégique l’Iran contrôle le détroit qui tient son nom de la petite île d’Ormuz située sur sa rive iranienne permettant le passage du golfe Persique au golfe d’Oman, puis à la mer d’Arabie et à l’océan Indien où avec Gibraltar, le Bosphore et Malacca (et le canal de Suez), c’est l’un des grands détroits de la planète.

    Environ un tiers des hydrocarbures transportés par tankers dans le monde et un quart du gaz naturel liquéfié (GNL) transporté par méthaniers y ont transité. Arrivé au pouvoir en août 2021, les actions du gouvernement du président Ebrahim Raïssi ont permis de revenir au niveau de capacité de production de 2018, un objectif selon les autorités iraniennes atteint, passant de 2,3 en février 2022 avec une prévision de 3,8 millions de barils par jour fin 2022.

    3.-En conclusion, il faudra être prudent quant à un éventuel accord (voir nos deux interviews à la télévision internationale ALG24 New‘s 04 et 20 août 2022) . Selon le ministre iranien de l’Energie, l’Iran est prêt à augmenter sa production de brut dès la levée des sanctions américaines pouvant selon son ministre de l’Energie tripler sa production la portant à 6,5 à 7,5 millions de barils jour si l’on prend la référence de février 2022 et ce sous réserve d’un retour à la croissance de l’économie mondiale et l’atténuation des tensions géostratégiques ( voir revue Poilitis El Moudjahid du 24 aout 2022 deux contributions du professeur Abderrahmane Mebtoul sur la nouvelle carte géostratégique mondiale 2022/2030) .

    L’on devra, tenir compte également de la résolution du conflit en Libye qui a 42 milliards de barils de pétrole de réserves et environ 1500 milliards de mètres cubes gazeux pour une population ne dépassant pas 7 millions d’habitants et le retour du Venezuela première réserve de pétrole au niveau mondial (pétrole lourd), cet accord aura un impact évident sur l’évolution du cours du pétrole et du gaz au niveau mondial.

    Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL – ademmebtoul@gmail.com

    #Iran #Etats_Unis #Nucléaire #Pétrole

  • Maroc : des rumeurs sur la présence de l’armée à Lagüera

    Maroc : des rumeurs sur la présence de l’armée à Lagüera

    Maroc, Mauritanie, Lagüera, Sahara Occidental, armée marocaine,

    L’ancien ministre mauritanien prévient l’entrée des troupes marocaines au sud du Sahara

    Nouakchott, 24 août. L’ancien ministre mauritanien, Sidi Mohamed uld Maham, a estimé que les informations circulant dans certains médias sur l’entrée des troupes marocaines dans la zone sahraouie de La Güera, à l’extrême sud du Sahara occidental, seraient une raison « suffisante » pour la Mauritanie « abandonnez votre neutralité positive » dans ce conflit.

    « Que ces informations soient vraies ou fausses, l’entrée dans La Güera est une provocation, et une agression contre les forces mauritaniennes présentes dans une terre sujette à un conflit et en attente d’un règlement international sous les auspices des Nations unies », a déclaré Maham (ancien ministre de la Communication et ancien président du parti au pouvoir) via son compte Facebook.

    La Güera se trouve dans la partie ouest d’une presqu’île située sur la côte atlantique, et à l’est elle est rattachée à Nouadhibou, la capitale économique de la Mauritanie et où se trouve son principal port. La ville, pratiquement inhabitée, est sous l’administration du Maroc, mais est contrôlée « de facto » par la Mauritanie, où elle a établi un camp militaire.

    Certains médias marocains ont rapporté ces derniers jours que des véhicules militaires marocains ont effectué une opération de repérage entre La Güera et Guerguerat, à quelque 80 kilomètres au nord et où se trouve un passage frontalier entre le Maroc et la Mauritanie.

    Aucune source officielle mauritanienne ou marocaine n’a confirmé la présence de militaires marocains à La Güera.

    L’ancien ministre mauritanien a demandé à son pays « de fermer le poste frontière terrestre de Guerguerat » si cette information est confirmée, et d’ouvrir le dossier de la délimitation des frontières établies par l’accord tripartite de Madrid de 1975. EFE

    Infobae, 24/08/2022

    #Maroc #Mauritanie #Sahara_Occidental #La_Güera

  • Le PDG de la société éditrice de Pegasus démissionne

    Le PDG de la société éditrice de Pegasus démissionne

    Israël, NSO Group, Pegasus, logiciels espions, malware, espionnage, Maroc, Shalev Hulio,

    Yaron Shohat, directeur général de l’exploitation, prend temporairement ses fonctions

    Le directeur général de la société israélienne de logiciels espions NSO Group a démissionné, ont rapporté dimanche les médias locaux.

    Le journal Times of Israel a déclaré que Shalev Hulio a démissionné avec effet immédiat et que le directeur général Yaron Shohat prendra le poste jusqu’à ce qu’un successeur soit nommé.

    Un responsable anonyme de l’entreprise a déclaré que le groupe NSO s’est engagé dans une réorganisation et, dans ce cadre, 100 employés seront licenciés.

    En juin, la Haute Cour espagnole a appelé Hulio à témoigner dans le cadre d’une enquête sur un scandale de piratage.

    Le logiciel espion Pegasus de NSO, qui permet aux pirates d’exploiter pratiquement toutes les sources de données sur un téléphone mobile, a été déployé avec succès contre le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et d’autres ministres.

    La plupart des piratages ont eu lieu pendant le pic des tensions politiques avec le Maroc qui ont été déclenchées par le traitement secret par l’Espagne de Brahim Ghali, l’homme à la tête du Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, pour COVID-19 en avril 2021.

    Cependant, 63 politiciens catalans ont également été ciblés par le logiciel espion Pegasus, selon un rapport du groupe de recherche Citizen Lab. L’agence de renseignement espagnole a admis avoir piraté certains des téléphones mais n’a pas confirmé l’utilisation du logiciel espion.

    Selon NSO Group, tous les produits de l’entreprise, y compris les logiciels espions Pegasus « sont utilisés exclusivement par les agences gouvernementales de renseignement et d’application de la loi pour lutter contre le crime et le terrorisme ».

    Anadolou, 22/08/2022

    Lire aussi : Macron va-t-il pardonner à Mohamed VI le scandale Pegasus ?

    Lire aussi : Espagne: Le volte face de Sanchez, lié au scandale Pegasus ?

    Lire aussi : 12 pays de l’UE ont acheté le logiciel espion Pegasus

    #Israël #NSO_Group #Pegasus #Espionnage #Logiciels_espions #Malware

  • L’Europe s’attend à de nouvelles coupures de gaz et de prétrole

    L’Europe s’attend à de nouvelles coupures de gaz et de prétrole

    Europe, Russie, gaz, pétrole, coupures,

    -Le CPC dit que deux des trois points d’amarrage (SPM) sont suspendus
    -Un SPM peut gérer moins de 70 % de la capacité du terminal – sources
    -Le gazoduc Nord Stream 1 en maintenance
    Ce contenu a été produit en Russie où la loi limite la couverture des opérations militaires russes en Ukraine

    MOSCOU, 22 août (Reuters) – L’Europe est confrontée à de nouvelles perturbations de l’approvisionnement énergétique en raison des dommages causés à un réseau de pipelines acheminant du pétrole du Kazakhstan via la Russie, signalés lundi par l’opérateur du pipeline, ajoutant aux inquiétudes suscitées par la chute des approvisionnements en gaz.

    CPC, qui gère environ 1% du pétrole mondial et dont le principal actionnaire est la société pipelinière russe Transneft, a déclaré que les exportations de deux de ses trois points d’amarrage à un terminal de la mer Noire avaient été suspendues, confirmant un rapport de Reuters.

    L’Occident accuse la Russie de restreindre l’approvisionnement énergétique pour augmenter les prix en représailles aux sanctions imposées après l’invasion de l’Ukraine par Moscou, ce que le Kremlin appelle une opération militaire spéciale. La Russie nie cela, blâmant les sanctions occidentales elles-mêmes et divers problèmes techniques.

    Les approvisionnements russes en gaz naturel vers l’Europe sont en baisse d’environ 75% sur un an, la société d’exportation Gazprom ayant annoncé la semaine dernière une maintenance imprévue du gazoduc Nord Stream 1, qui passe sous la mer Baltique vers l’Allemagne.

    Les prix du gaz naturel ont bondi lundi, les pannes dans les gisements de gaz norvégiens et britanniques ajoutant aux inquiétudes.

    Le gaz britannique pour livraison immédiate a augmenté de 125 pence à 490 pence par thermie à 17h30 GMT, tandis que le contrat journalier a augmenté de 123 pence à 484 p/thermie.

    Le gestionnaire du réseau de transport de gaz ukrainien a déclaré que le réseau de gazoducs polonais avait la capacité d’acheminer le gaz russe vers l’Europe et de compenser l’arrêt du Nord Stream. Lire la suite

    Gazprom (GAZP.MM) n’a pas répondu à une demande de commentaire sur l’augmentation des exportations de gaz via d’autres routes.

    CPC (Caspian Pipeline Consortium) a déclaré avoir dû suspendre les chargements de ses points d’amarrage SPM-1 et SPM-2 en raison de dommages aux « points de fixation des manchons sous-marins aux réservoirs de flottabilité ».

    Il a déclaré que les chargements n’étaient traités qu’à partir de SPM-3 et que les demandes de chargement de pétrole devraient donc être réduites.

    Tengizchevroil (TCO), qui représente Chevron (CVX.N) et Exxon (XOM.N) dans le projet géant de Tengiz au Kazakhstan, a déclaré qu’il était au courant de la maintenance temporaire de CPC et que ses exportations de pétrole et sa production sur son champ pétrolifère de Tengiz étaient actuellement ininterrompues.

    TCO a un plan de production plus faible sur son champ pétrolifère de Tengiz en août-septembre en raison d’une maintenance planifiée.

    « Le CPC est une voie d’exportation clé pour la production de pétrole brut du Kazakhstan pour atteindre les marchés internationaux et de nombreux pays dépendent de ce système de transport essentiel pour leur sécurité énergétique », a déclaré Chevron dans un communiqué envoyé à Reuters.

    TotalEnergies (TTEF.PA), qui est également présent au Kazakhstan, n’a pas non plus immédiatement répondu à une demande de commentaire, tandis que Shell (SHEL.L) et Eni (ENI.MI), qui sont actionnaires de CPC, ont refusé de commentaire.

    RÉSERVOIRS ENDOMMAGÉS

    La SCP a indiqué qu’elle prévoyait de remplacer des pièces sur les deux SPM concernés et cherchait une organisation pour effectuer les travaux. Le consortium n’a pas donné de calendrier.

    Deux sources proches du dossier ont déclaré à Reuters qu’un SPM peut gérer moins de 70% de la capacité normale du terminal, laissant le Kazakhstan, qui utilise CPC comme principale voie d’exportation de pétrole, avec la perspective de devoir réduire sa production.

    Le Kazakhstan a dû réduire sa production de pétrole au printemps lorsque CPC a suspendu les chargements de deux SPM en raison de dommages.

    CPC a réduit ses exportations à plusieurs autres occasions au cours des six derniers mois.

    Les exportations de pétrole brut CPC Blend avaient été fixées à 5,026 millions de tonnes pour le mois d’août. Le consortium n’a pas fourni de chiffres actualisés.

    Il a déclaré plus tôt ce mois-ci que les approvisionnements via son système avaient considérablement diminué en raison de la maintenance des projets Kashagan et Tengiz au Kazakhstan. La baisse de la production des champs pétrolifères pourrait limiter les perturbations causées par les pannes de SPM, ont déclaré les deux sources, mais ont ajouté qu’elles pourraient devenir un problème majeur à mesure que la production augmenterait après la maintenance.

    Les perturbations de CPC cette année ont conduit certains producteurs de pétrole à négocier des routes d’approvisionnement alternatives.

    Les principaux actionnaires de CPC sont Transneft (TRNF_p.MM), (24%), KazMunayGas du Kazakhstan (19%), Chevron Caspian Pipeline Consortium Company (15%), LUKARCO B.V (12,5%), Mobil Caspian Pipeline Company (7,5%) , Rosneft-Shell Caspian Ventures Limited (7,5 %) et Eni International (N.A.) N.V. S.ar.l. (2%).

  • Sahel : une géopolitique de l’invisible !

    Sahel : une géopolitique de l’invisible !

    Sahel, Mali, Tchad, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, trafic, contrebande, terrorisme,

    Malgré sa pauvreté manifeste, le Sahel s’érige aujourd’hui en hub énergétique mondial, de plus en plus convoité par les grandes puissances. Zone charnière entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, avec ses 80 millions d’habitants, ce vaste territoire de plus de 9 millions de km², difficilement contrôlable, est devenu un sanctuaire dédié à l’insécurité. Écologiquement et économiquement délabré et laissé pour compte, l’immensité du Sahel constitue un véritable Eldorado pour abriter les nouveaux terrorismes franchisés d’Al-Qaïda et des activités illicites et criminelles de tous bords.

    Au sein des pays du Sahel, la position géopolitique et géostratégique de la Mauritanie est d’autant plus cruciale que périlleuse. Longtemps considérée comme trait d’union entre l’Afrique occidentale et le Maghreb, la Mauritanie reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie. Étant le plus grand portail du Sahel sur l’Atlantique avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes sahariens à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays le plus fragile et le moins contrôlable de la région.

    Pourtant, la Mauritanie officielle, au lendemain d’une longue et tumultueuse période d’exception, ne se résigne pas à faire la politique de ses moyens, quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique. Inévitablement, elle devient de plus en plus confrontée, eu égard à sa fragilité structurelle et conjoncturelle, aux menaces d’insécurités tous azimuts.

    Dans ce contexte particulièrement incertain, l’ampleur des menaces au Sahel, la nécessité de faire une lecture habile de la donne internationale brouillée et le bon sens de voisinage stratégique, appellent les différents acteurs de la région à collaborer autrement. Afin de briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité au Sahel, des actions atypiques, concertées, minutieusement préparées et exécutées sont indispensables. L’instauration de nouveaux termes d’échange en matière de communication, de diplomatie, de coopération, de circulation des informations et des renseignements devient incontournable. Seule une perception partagée des intérêts et des menaces en commun, permettraient de dépasser des stratégies, jusqu’ici, circonscrites, qui se neutralisent ou se disputent, afin de pouvoir coordonner les efforts et ménager les moyens de lutte contre l’insécurité.

    Avec l’émergence de la sécurité humaine au sens élargi du terme, une certaine vision étroite de la notion de sécurité a substantiellement changé. L’exigence de sécurité ne renvoi plus exclusivement à la protection de l’État, de ses symboles, de ses personnages et de sa souveraineté territoriale. Toutefois, l’obligation d’y intégrer convenablement la sécurité humaine passe nécessairement par une profonde reforme du secteur de sécurité. Il s’agit là d’un impératif pour assurer notamment, la protection des personnes et des populations qui ont besoin d’être mises à l’abri de la peur, de la maladie et des autres menaces physiques, morales ou politiques. Autant cette promesse constituerait une planche de secours pour un Sahel inachevé, elle demeure un défi majeur à relever par tous les acteurs de la région.

    Les puzzles de la Seibâ

    La terminologie du Sahel est profusément contrastée. Mot arabe qui signifie littéralement rivage, le Sahel désigne aujourd’hui exactement le contraire de son sens d’origine. A priori, le Sahel serait là où la régularité des conditions de l’écologie et du climat rend à nouveau la vie possible après le franchissement particulièrement pénible de l’immense désert saharien. De nos jours, le Sahel est antinomique de sa propre signification.

    Déjà à l’époque médiévale, les géographes arabes distinguaient, en se référant aux grands empires sahéliens, entre deux notions, celle de « Bilad es Seibâ » ou pays de la dissidence et celle de « Bilad es Silm » ou pays de la paix. Entre ces deux repères géographiques, il y a eu toujours des espaces d’indécision socio-politiques et militaires. Historiquement, la plus grande partie du territoire du Sahel se composait de zones grises qui s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres. Il s’agit d’un espace mouvant où des puzzles de terroirs, pratiquement incernables et indécis, oscillaient selon les dispositions des rapports de forces conjoncturels, entre les différents centres de décision politico-militaires, plus ou moins stables et sédentarisés situés sur les confins de cette région.

    Les modes opératoires de gestion de l’espace sahélien n’avaient pas connu de changements véritables depuis des siècles. Les anciennes revendications territoriales, commerciales ou culturelles, notamment pour l’accès à l’eau, à la terre et aux ressources naturelles, s’imbriquent de nos jours, avec les nouvelles difficultés générées par la mondialisation des flux d’échanges planétaires. Les modes traditionnels d’exercice du pouvoir sur ces espaces charnières, sous-administrés et sous-défendus de tous les temps, se faisaient à travers des droits de passage, de protection et d’usufruits réclamés par les riverains. Affaiblis, voire neutralisés par la nouvelle notion de frontières, introduite par la colonisation, ces modalités s’avèrent aujourd’hui profitables à la pénétration et à la prolifération des groupes criminels avec autant de risques d’insécurité et de conflits dans cette région. En effet , ce fameux territoire du Sahel, vulnérable du fait même de sa géopolitique saharienne propice à la dilution des frontières et à la mobilité des personnes, des montures et des équipements, a été historiquement le théâtre éludé de nombreux flux ambulants : humains, marchands, financiers, culturels, religieux et militaire. Nonobstant, le champ sahélien n’obéit pas à un système de forces homogènes. Il reste incapable de s’autoréguler, de parvenir à une certaine stabilité autour d’un ultime point d’équilibre. Les altercations au Sahel évoquent les dissonances d’un orchestre sans chef. Dans cette vaste région débridée, allant de l’Atlantique à la Somalie et de la Méditerranée au Golfe de Guinée, l’évaluation des enjeux de sécurité à travers le prisme des flux dévoile les parcours transsahariens qui, loin d’être des terroirs hermétiques et compartimentés, se chevauchent et se recoupent pour créer une multitude d’équations géopolitiques intangibles. Il s’agit d’une zone dans laquelle les espaces lacunaires et les angles morts favorisent l’amplitude et l’imbrication des flux criminels de tous bords. Il serait vain alors, d’analyser séparément ces menaces tant elles sont étroitement juxtaposées et solidaires. L’insécurité, la criminalité organisée et le terrorisme ne peuvent être appréhendés sans les envisager comme un tout intégral. Du point de vue stratégique, d’importants changements géopolitiques sont survenus dans la région durant les dernières décennies. Des éléments nouveaux doivent être pris en compte pour mieux apprécier la situation des enjeux de stabilité au Sahel. Cette évolution concerne aussi bien les acteurs de la sécurité, la nature des menaces que la transformation de la notion même de sécurité.

    État post-colonial et facteurs d’instabilité

    La fragilité endogène du Sahel découle d’une profonde vulnérabilité des États post-coloniaux qui en composent le tissu. Espace tampon, mais surtout espace de contacts et d’échanges, le Sahel ne cesse de développer une conflictualité endémique de plus en plus difficilement contrôlable. Dans cette région, les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et variés : la fragilité structurelle et conjoncturelle de ses États, l’extrême pauvreté de ses populations, la sécheresse et la dégradation de son milieu naturel, les luttes internes de pouvoir qui y gangrènent, la militarisation croissante de ses rapports sociopolitiques, la forte pression de sa démographique, les conflits régionaux, l’insécurité généralisée et les velléités étrangères, qui la transforment en espace de confrontation géopolitique permanente.

    Un demi-siècle après leur indépendance, les États post-coloniaux demeurent incapables de parachever leurs autorités sur leurs propres territoires. Cette incapacité des États sahéliens à exercer leur principale fonction régalienne, constitue une problématique fondamentale qui alimente les risques de déstabilisation et de conflits armés dans cette région. Le délitement de tout État fragile le livre potentiellement à ses forces anarchiques intrinsèques et/ou à la domination extérieure. Étant un espace particulièrement sous-administré et mal géré, le Sahel souffre d’une mauvaise gouvernance chronique qui hypothèque dangereusement son avenir.

    Les douze pays qui constituent officiellement la région du Sahel sont pratiquement classés, à un titre ou un autre, comme pays fragiles selon les critères de l’OCDE. Ce classement signifie que les systèmes de sécurité des pays concernés, sont incapables de jouer avec efficience le rôle majeur qui leur est dévolu. Ce rôle qui consiste à assurer la protection de la souveraineté, du territoire, des personnes et des populations des pays en question. Pire encore, dans certains contextes, les crises d’instabilité qui affectent périodiquement et/ou fréquemment ces pays, faisaient apparaître leurs systèmes de sécurité comme étant cause ou partie prenante dans les facteurs d’insécurité et d’instabilité qui menacent la démocratie, l’État de droit et la sécurité humaine dans lesdits pays. Seuls deux pays du Sahel sur douze avaient échappé à un coup d’État militaire en 45 ans ; seuls quatre pays membres de la CEDEAO sur 15 n’ont pas été affectés depuis 30 ans par un conflit violent aux frontières ou à l’intérieur.

    La région du Sahel est souvent soumise à de nombreux soubresauts politiques, à des guerres civiles, des conflits frontaliers (Sénégal, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Somalie) et des coups d’État : (Mauritanie- Août 2005 et Août 2008), (Guinée Bissau- Mars 2009 et Avril 2010) et (Niger- Février 2010). D’autre part, il y a aussi l’hyperstabilité de pouvoir (M. Campaoré au pouvoir depuis Octobre 1987 et M. Déby depuis Février 1991). Paradoxalement, la redistribution du pouvoir est souvent aussi déstabilisatrice et génératrice de frustrations et donc de conflits.

    Au Sahel, l’insécurité revêt plusieurs facettes et s’affiche sous différents visages dans une région devenue un véritable Eldorado pour tous les trafics illicites de contrebande. Les flux de la criminalité organisée y ont trouvés largement leur place, soit en s’adossant aux circuits traditionnels des flux d’échange, soit en occupant les espaces laissés vacants par la relâche des États affaiblis. Allant du trafic des migrants clandestins, estimé entre 65.000 à 120.000 par an, à celui des armes légères avec environ 8 millions de pièces qui circulent en Afrique de l’Ouest, dont plus de 100.000 kalachnikovs au Sahel, en passant par celui des drogues, pour finir avec le terrorisme régional et international.

    La criminalité organisée, y compris le terrorisme transsaharien, a été érigée en créneau porteur à travers une dynamique capitalistique en plein essor dans un environnement d’extrême pauvreté. Sachant qu’il existe principalement deux couloirs de trafic des drogues prohibées en Afrique, à savoir l’héroïne dans l’Est et la cocaïne dans l’Ouest, il est curieux que 0,2% seulement des quantités des drogues transitant par ce continent soient saisies chaque année. La jonction de ces deux circuits, qui se rejoignent dans le Sahara, permettent au gros lot d’emprunter, grâce aux complicités locales, de nouveaux itinéraires vers l’Europe à travers le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie. L’évolution du trafic de la drogue est impressionnante. Ainsi, entre 2004 et 2007, des saisies de 33 tonnes de cocaïne ont été effectuées en Guinée-Bissau, où résideraient quelques dizaines de narcotrafiquants colombiens. En 2006, des saisies importantes ont été enregistrées : 2 tonnes au Ghana, sur une seule opération, alors qu’en en 2007, 630 et 830 kg de cocaïne ont été saisis en Mauritanie, 5,5 tonnes saisies au Sénégal et, en 2008, 750 kg ont été saisis au Mali. L’évolution des flux des trafics illicites, particulièrement profitables en termes de chiffre d’affaires, est autant plus importante qu’elle reste intimement liée au phénomène de prolifération de la corruption à grande échelle dans les différents pays de la région. Symptôme de dysfonctionnement politique et économique des États sahéliens, cette pratique familière et répandue mine la bonne marche de l’ensemble des institutions des États sahéliens. La connivence entre les réseaux sociaux et familiaux avec les agents d’État affectés au contrôle des frontières, en particuliers policiers, douaniers, gendarmes, gardes-côtes et militaires, est souvent la pierre angulaire qui perpétue ces pratiques et fait prospérer les flux de la criminalité organisée sous toutes ses formes.

    L’opacité et l’impunité font de la région du Sahel une zone où la pratique de la corruption pénalise sévèrement la croissance et empêche la redistribution des richesses. Transparency International a publié, en octobre dernier, son rapport 2010 sur la perception de la corruption dans 178 pays dans le monde. Les scores des pays sahéliens dans ce classement sont sans appel. Parmi les plus mauvais élèves de la planète on peut compter : la Mauritanie au 143ème rang, le Tchad 171ème, le Soudan 172ème, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et le Mali occupent respectivement les 98ème, 105ème, 110ème et 116ème rangs.

    Au-delà de la cruauté des faits, des interprétations iconoclastes des actes dénaturés font ressortir que la corruption n’est pas forcément perçue par l’opinion publique dans cette région comme étant un délit, mais plutôt comme une façon de redistribuer autrement des revenus à large échelle. Les trafics illicites ne sont pas alors considérés comme des infractions majeures mais plutôt, elles deviennent une ressource de rente profitable là où il y a connexion avec des acteurs gouvernementaux.

    Ainsi, la subtilité de la corrélation entre sécurité humaine, bonne gouvernance et développement durable n’est plus à démontrer. L’absence de sécurité hypothèque les efforts de développement et, réciproquement la fragilité socio-économique favorise les conflits et l’insécurité. Les crises liées à l’insécurité ont ralenti ou fait échouer les efforts de développement durable dans diverses régions du monde, notamment en Afrique subsaharienne. Au Sahel, où la plupart des pays se trouvent actuellement dans une dynamique de sortie de crise ou dans une situation de stabilisation et de reconstruction post-conflit, la sécurité constitue véritablement un défi majeur et un enjeu pour le développement durable de cette région.

    Enjeux énergétiques et conflits d’intérêt

    Dans un contexte géopolitique mondial marqué par la hausse continue des cours des hydrocarbures et une forte demande en la matière, les enjeux énergétiques sont plus que jamais au centre des conflits internationaux. Paradoxalement, le Sahel synonyme d’extrême pauvreté et de misère, devient de plus en plus un espace de confrontation géopolitique et géostratégique entre les différentes puissances régionales et internationales pour le contrôle des richesses naturelles, qu’il recèle : pétrole, gaz, or, phosphates, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux, eaux douces, poissons, crustacés, diversité biologique, cheptels de bétails, bois précieux, etc. Les revirements des enjeux énergétiques et les conflits d’intérêt dans la région du Sahel, particulièrement riche d’importantes réserves d’énergies fossiles et de gisements de minerais stratégiques attisent les appétits des puissances étrangères à trouver un prétexte pour s’y déployer. La France y est déjà bien avancée avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité. Elle dispose de quatre bases militaires permanentes : au Sénégal (1200 hommes), au Tchad (1250), en Côte d’Ivoire (2000), au Gabon (900) et à Djibouti (2900), en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays de la sous région comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre Afrique.

    Concernant les États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel n’existe pas encore, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une autorisation « réticente » de survol accordée par les autorités algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà, les États-Unis avaient lancé dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent régulièrement les exercices militaires de type Flintlock avec les armées des pays du Sahel. En Décembre 2008, la Force tactique en Europe du Sud (SETAF) a été transformée en U.S Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), qui est une composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel depuis octobre 2009. D’après des officiels US, cette transformation constitue une « nouvelle façon de regarder vers l’Afrique ». Bien que la base de l’U.S Army Africa soit actuellement à Vicence en Italie, ce corps opérera sur le continent africain avec de petits groupes pour conduire des opérations de « réponse aux crises » en se servant de la 173ème Brigade aéroportée. Fruit de la reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de l’Afrique, l’U.S. Army Africa continuera à s’agrandir dans le cadre de commandement des forces navales AfriCom.

    Le commandement du fameux AfriCom ne trouvant pas encore de place pour s’installer en Afrique du Nord, l’US Army Corps of Engineers, vient de lancer en début de ce mois, un intriguant appel d’offres pour la construction d’un terrain d’aviation militaire dans un pays d’Afrique du Nord. Sans préciser le nom du pays dont il s’agit, l’objectif serait d’installer une base militaire aérienne américaine dans la région qui servira aux missions d’espionnage que le Pentagone envisage de lancer, officiellement, pour traquer les membres d’Al Qaïda au Sahel.

    La Chine a également fait ses entrées économiques colossales dans la région du Sahel depuis quelques années déjà. La concurrence chinoise avec les autres pays est en expansion. La Chine est actuellement le second partenaire commercial de l’Afrique, après les États-Unis. Les investissements chinois sont en forte croissance même dans les pays traditionnellement liés aux USA. En Éthiopie, la China Exim Bank a investi récemment 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe résidentiel de luxe à Addis Ababa, et une autre société chinoise, Setco, a annoncé la construction de la plus grande usine de pvc dans ce pays. Au Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros investissements qui dépassent 2 milliards de dollars par pays, dans les secteurs pétroliers au Nigeria et en Angola, jusque là dominés par les compagnies occidentales. Mais la concurrence chinoise aux États-Unis ne se limite pas au plan économique, Pékin soutient aussi certains gouvernements, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan. En plus, elle fournit aussi des armes un peu partout en Afrique.

    Israël est présente au Sahel elle aussi, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques du Sahel, l’uranium notamment et, cherche à y réaliser des percées substantielles. La Russie, l’Inde et le Brésil seraient aussi déterminés à être de la partie. L’intensification de la présence économique et militaire des acteurs extérieurs et les conflits d’intérêt qui en découlent, contribuent à déstabiliser davantage les États fragiles et affaiblis dans la région de Sahel.

    La richesse controversée du Sahel attise les convoitises des puissances étrangères désirant s’en assurer le contrôle. Une véritable géopolitique des tubes, sur fond de rivalités internationales croissantes, commence à se dessiner au Sahel. Les grands États de la planète s’activent depuis quelques années déjà pour organiser progressivement le désenclavement des richesses du Sahel afin de les acheminer ensuite vers les zones de consommation, en Asie via le Soudan, en Amérique via le Golfe de Guinée et vers l’Europe continentale à travers l’Atlantique, le Sahara et le Maghreb.

    A partir de 2011, l’Afrique sub-saharienne serait susceptible de devenir pour les États-Unis une source d’énergie aussi importante que le Moyen-Orient, disposant de quelques 60 milliards de barils de réserves pétrolières avérées. Les experts s’attendent à ce que 1 sur 5 barils de pétrole entrant dans le circuit de l’économie mondiale proviendrait du golfe de Guinée, et que la part des importations américaines du pétrole africain passera de 20% en 2010 à 25% en 2015. Les investissements des compagnies pétrolières européennes et américaines sont en constante progression depuis 2000. ELF y puise près de 60% de sa production de pétrole. Total et Gazprom s’apprêtent à financer le projet de gazoduc transsaharien de 4000 km pour relier le Nigeria à l’Algérie d’ici à 2015.

    L’attractivité du golfe de Guinée est de plus en plus grandissante depuis la mise en service, en 2003, de l’oléoduc Tchad-Cameroun qui relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad au terminal maritime camerounais de Kribi, sur un parcours de 1.070 km. Ce pipeline qui draine 250.000 barils de pétrole par jour vers l’Atlantique, donnera accès à terme, aux champs pétroliers du Soudan, bien que l’exploitation du pétrole dans ce pays est fortement dominée par la Chine, dont le Soudan ne couvre pourtant que 4,5% de ses besoins en or noir. La China National Petroleum Company (CNPC) est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999, la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50% d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement soudanais. Le schéma des alliances sous régionales se recoupe curieusement avec celui des antagonismes politico-économiques entre la Chine, la France et les États-Unis pour le contrôle des ressources pétrolières dans beaucoup de pays de la région, comme au Soudan, au Tchad, au Niger et au Cameroun notamment. C’est au gré des intérêts croissants des puissances internationales que la tectonique des frontières conflictuelles sera de plus en plus récurrente dans la région du Sahel. La sécession du Sud Soudan apparaît aujourd’hui plus que jamais probable. Très probablement, cette région extrêmement riche en ressources naturelles, pétrole et gaz notamment, accédera à l’indépendance à l’issue du référendum du 9 janvier prochain. Ce résultat ne peut être fortuit, eu égard à l’appui occidental sans précédent qui a été méthodiquement apporté à tous les mouvements séparatistes dans ce pays, durant les quarante de dernières années.

    La demande mondiale en pétrole et en gaz naturel étant appelée à doubler dans les vingt prochaines années, le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie. Sans compter le potentiel d’Algérie en pétrole et en gaz, le Mali est troisième producteur d’or du continent, le Niger avec ses gisements d’uranium, qui le placent au second rang mondial, la récente entrée de la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Tchad et de la Mauritanie dans le groupe des pays producteurs de pétrole, confirme la tendance. La production du champ off-shore ghanéen est estimée à 120.000 barils/jour, celle de Côte-d’Ivoire à 80.000 barils/jour. C’est dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement que se définissent des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la zone sahélienne.

    Paradoxalement, l’abondance des ressources naturelles et l’importance de la position géostratégique de la région du Sahel vont de paire avec la fragilité de la plupart de ses États eu égard à leur instabilité et insécurité caractéristique. Avec une démographie galopante, qui devrait atteindre 100 millions d’habitants en 2020 et 150 millions en 2040, avec un taux d’illettrisme qui dépasse 54%, une pauvreté endémique qui touche au-delà de 50% des populations, une corruption généralisée, une conflictualité constante, le Sahel ne décolle pas. La conjugaison de l’ensemble de ces problèmes génère souvent des crises politiques et militaires ou des catastrophes alimentaires, des pénuries, des famines et des disettes récurrentes qui engendrent des déplacements massifs de populations en désordre sous formes de réfugiés et/ou de migrants clandestins. Le jeune cinéaste et musicien canadien d’origine sénégalaise Musa Dieng Kala, n’est pas le seul à se demander : « Dieu a-t-il quitté l’Afrique ? ».

    En conséquence, une grande partie les populations pauvres du Sahel, dépourvues de leurs droits à la sécurité humaine au sens élargi du terme, incluant la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, l’accès à l’eau potable, etc., se retrouvent souvent contraints de prêter allégeance à des groupes criminels, rebelles et/ou terroristes soit pour bénéficier des retombées des trafics illicites ou pour obtenir une ultime protection. A cela s’ajoutent les effets pervers de la mise en place d’économies parallèles bâties sur la corruption et le racket, et enfin, la sanctuarisation de groupes terroristes délocalisés d’Al Qaida, Aqmi et Cie. Désormais, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes terroristes est devenue réalité à travers leur alliance au Sahel : le fameux GSPC algérien devenu AQMI à partir de 2006, le Groupe islamique combattant marocain ou GICM, le GICL libyen et GICT tunisien, ainsi que d’autres petits groupuscules terroristes issu de divers pays sahéliens comme celui de Ansarou Allah Al Mourabitoune de Mauritanie, ceux du Mali, du Niger et du Nigeria. Ces groupes terroristes et ces réseaux mafieux sont en quête inlassable pour s’assurer une arrière base territoriale afin de perpétuer leurs activités transnationales.

    Terrorismes franchisés et géopolitique des menaces

    Au Sahel toutes les menaces d’insécurité s’entremêlent. L’islamisme combattant va de pair avec le terrorisme international, la piraterie et toutes sortes de trafics illicites. Les anciens réseaux et ceux récemment recréés s’imbriquent pour pérenniser et sécuriser le système de la criminalité internationale organisée en s’affranchissant des distances et des frontières. En pleine mutation, ces différents réseaux transfrontaliers bénéficient grandement des recettes des trafics pour acquérir de nouveau les moyens nécessaires pour pouvoir développer et continuer leurs activités criminelles.

    C’est pourquoi, il ne peut y avoir de lutte anti-terroriste efficace sans lutte globale contre toutes les autres formes de criminalité, leur interdépendance étant désormais attestée. Il est connu que ces activités se nourrissent les unes des autres au sein d’une alliance objective entre crime organisé et terrorisme sahélien. Guidées principalement par leurs soucis de survivre et leurs intérêts convergents : les organisations criminelles profitent des actions violentes des organisations terroristes et des guérillas ou des rébellions, tandis que ces dernières bénéficient des financements que les activités criminelles sont en mesure de leur fournir. Actuellement, la collaboration entre AQMI et les réseaux mafieux du Sahel se développe plutôt vers une forme de spécialisation de l’entreprise criminelle. Cette tendance a été révélée récemment lors du procès controversé d’Oumar Sahraoui en Mauritanie. Ce malien de souche Maure, ancien du Polisario, reconverti dans le trafic de drogue dans la région du Sahel, était le responsable de l’opération de la prise des otages espagnols en Mauritanie en 2009. Il avait affirmé qu’il agissait pour le compte d’AQMI. Par ailleurs, il existe d’autres hypothèses sur une éventuelle dérive narcotrafiquante signalée depuis quelques temps chez le Front Polisario et aussi chez certains leaders du Front Populaire de Libération de l’Azawad. Cette hypothèse rebondit actuellement dans l’actualité sahélienne, à l’occasion d’une série d’arrestations d’importants groupes de narcotrafiquants, opérées ces dernières semaines par les armées mauritanienne et malienne. Selon l’AFP, les six trafiquants de drogue internationaux sont issus des rangs du Polisario. Le chef du groupe, un certain Sultan Ould Bady, serait à la tête de l’un des trois plus gros réseaux qui organisent le trafic de drogues en direction de l’Europe en passant par la région du Sahel. Ould Bady, qui défraye la chronique présentement, serait également impliqué dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’AQMI ces dernières années.

    Infiltrés aussi bien par les services de renseignement des pays riverains comme par les intelligences internationales, la dynamique des réseaux terroristes s’imbrique avec les calculs géopolitiques des rivalités régionales extrêmement sensibles et complexes. Cette attitude alimente l’instrumentalisation de la sécurité comme enjeu majeur dans les rapports de force tout comme dans la gestion des conflits d’intérêts politiques, économiques, et stratégiques à l’échelle régionale. Les cas de figures sont nombreux et diversifiés, allant des subtiles controverses des relations bilatérales entre l’Algérie et la France, fortement marquées par le poids du passé colonial, aux instigations des conflits régionaux ajournés, dont la persistance constitue une source d’inquiétude supplémentaire pour la sécurité de toute la région, notamment, dans les cas du Sahara occidental et celui du mouvement indépendantiste touareg dans le Nord du Mali.

    L’implication de la communauté internationale (ONU, G8, UE) dans le renforcement des capacités du système régional de sécurité au Sahel se heurte à plusieurs difficultés. Au delà des problèmes d’encrage juridique, institutionnel et politique, de manque de moyens financiers et logistiques, d’absence de réforme du secteur de sécurité, la coordination des efforts de lutte contre les menaces d’insécurité au Sahel prêtent souvent à une tentation d’internationalisation de la menace Al-Qaïda dans cette région par transposition du modèle afghan. Cette perspective est souvent assimilée à une sordide connivence avec des agendas néo-colonialistes dont les objectifs inavoués visent le contrôle par des puissances occidentales, les Américains et les Européens notamment, de la route de l’ouest des flux énergétiques notamment dans les nouveaux sites et réserves récemment découvert dans cette région, au détriment des autres puissances régionales ou internationales comme les Russes, les Chinois et les Brésiliens, etc. Avec l’émergence de la notion de sécurité humaine, qui a été initiée par la diplomatie canadienne à la fin du siècle dernier et adoptée par les Nations Unies à partir de 2004, la région du Sahel n’a cessé de consigner davantage de contre-performances sur son registre déjà épuisé.

    Dans cette perspective, la problématique d’intégration de la sécurité humaine comme dimension incontournable dans toute approche pour contrer les flux d’insécurité au Sahel, devra contribuer utilement à renouveler les conceptions, les approches et les stratégies relatives globalement à la régulation de la sécurité dans la région. Deux catégories de changements s’avèrent alors indispensables à introduire dans ce schéma de réflexion. La première vise à améliorer les relations souvent brouillées et difficiles entre le gouvernement, la société civile et les institutions de sécurité. La seconde a pour objectif la refonte complète des institutions de sécurité en termes d’organisation, de recyclage, d’introduction et de réhabilitation de culture institutionnelle et de relations avec l’autorité civile sur conçues sur la base des valeurs démocratiques et humanistes fondées sur le profond respect des droits de l’Homme, de l’équité et de la justice. Toutefois, les mesures politico-militaires qui ont été décidées par différents pays du Sahel au cours des six derniers mois n’augurent pas de vision positive pour la régulation des problèmes insolubles d’insécurité dans un avenir proche. Grosso modo, le constat objectif fait que ces mesures sous-estiment gravement le poids réel des facteurs d’insécurité et compliqueraient en définitive toute stratégie de lutte commune contre la menace terroriste comme problème majeur d’insécurité dans cette région. Il s’agissait plutôt de démarches désarticulées et sectaires, souvent déterminées par les instincts de subtile méfiance et de sourde défiance qui divisent encore les gouvernements des pays de l’espace sahélien, alors que les sérieuses menaces d’insécurité dictent plutôt un schéma de réflexion collégial, non exclusif et confiant, afin de pouvoir dégager des actions profondément concertées pour être efficaces. Les mesures incohérentes concernent notamment : (a) L’instauration d’un comité d’état-major conjoint contre le terrorisme initié par quatre pays sahéliens qui sont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et Niger, lors de la réunion de Tamanrasset le 21 avril 2010 en excluant trois autres États nord-africains, (b) L’opération militaire isolée franco-mauritanienne menée le 22 juillet 2010 contre un camp AQMI au Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau et, (c) La réunion de Bamako tenue les 6 et 7 Août 2010 regroupant six États subsahariens à l’exclusion des États du Maghreb.

    Sécurité humaine et perspectives d’avenir

    En termes de réflexion prospective, la concertation et la coopération entre les différents acteurs sahéliens seraient indispensables pour lutter efficacement contre l’insécurité et pour inviter un développement durable dans la région du Sahel. Sachant qu’il n’y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement et, compte tenu de ses potentialités économiques, le développement durable et la stabilité au Sahel pourraient éventuellement trouver un nouvel élan à moyens termes. Tous les espoirs sont permis, toutefois, la condition sine qua non d’une telle évolution reste la volonté et le courage des décideurs politiques pour dépasser avant tout les pesanteurs locales et les schémas réducteurs de la petite histoire au profit des avantages de la grande géographie de leurs pays, pour mieux appréhender la thématique de la sécurité humaine suivant des paramètres d’intérêts économiques équitablement partagés.

    Pour certains optimistes, la perspective d’intégration régionale, notamment le développement d’un marché commun à l’échelle régionale pourrait alors contribuer à atteindre un « Sahel nostrum » (à l’image de la « Mare nostrum » des Romains). La lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel ne saurait se concevoir sans dépasser relativement une certaine vision figée des notions formelles sur l’intangibilité des frontières, le fétichisme de la souveraineté nationale et la non-ingérence, car au-delà des légitimes préoccupations nationales de chaque pays, seules des grandes actions collégialement concertées pourraient éventuellement briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité dans cette ultra fragile région du Sahel. La persistance des conflits de la sous-région au cours des vingt dernières années a empêché les pays de se concentrer sur le développement et détourné les Organisations panafricaines comme l’Union africaine et la CDEAO de leur rôle initial de promotion de l’intégration économique régionale. Ces organisations se trouvent aujourd’hui plongées au cœur des problématiques de sécurité, de la gestion des conflits et du maintien de la paix. Pour mener à bien cette mission délicate, elles avaient développées un certains nombre de Mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dont le schéma a été mis en place depuis la conférence d’Abuja en 1999.

    Théoriquement, ces mécanismes permettent à l’UA et à la CEDEAO d’intervenir en cas de risques importants comme les désastres humanitaires, les menaces à la paix et à la sécurité de la sous-région, la lutte contre la circulation illicite des armes et la recrudescence de la criminalité transfrontalière. Toutefois, leur application, qui s’appuie sur un certain nombre de structures officielles comme la Conférence des chefs d’État, le Secrétariat exécutif et le Conseil de sécurité et de Médiation, se heurte souvent à des difficultés. Pour que l’apport, vivement souhaité au Sahel, de ces organisations soit efficace et durable, il aura toujours besoin d’être appuyé par une volonté politique, des moyens nécessaires et une redynamisation permanente.

    Mauritanie : espoirs et risques d’enlisement

    Dans le cas de la Mauritanie, les menaces d’insécurité au Sahel et leurs incidences directes se conjuguent avec la complexité de la condition géostratégique fragile de ce pays. Le résultat est un véritable engrenage de postures inquiétantes voire dangereuses.

    Au lendemain de la sortie d’une longue série de périodes d’exception en cascades, la Mauritanie, qui reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie, se trouve aujourd’hui inopportunément piégée au milieu d’un duel périlleux au Sahel entre les David et Goliath. Au terme d’un demi-siècle d’indépendance, la Mauritanie est de nouveau attrapée dans les feux croisés d’une bataille que se livrent des stratégies internationales et sous-régionales diamétralement opposées quand bien même elles sont subtilement convergentes. Les arrangements tactiques franco-américains conflueraient actuellement pour faire de la Mauritanie une pierre de lance dans leur lutte contre Al-Qaida dans la région du Sahel, alors que ce pays se trouve pleinement visé par la nouvelle stratégie de survie d’AQMI à travers sa descente dans l’espace saharo-sahélien. AQMI cherche obstinément à développer son action plus au Sud dans le cadre d’une approche qui lui permettrait de contrôler des réseaux de trafics illicites afin d’obtenir encore plus de fonds pour financer ses activités et, du coup, se mettre plus à l’abri de la poursuite qui le guète en milieu urbain. Actuellement, le recoupement des données disponibles permet de situer le tarif de base conventionnel pour la libération d’un otage à 5 millions d’euros. Certains spécialistes estiment que les enlèvements d’Occidentaux au Sahel ont rapporté aux terroristes, durant les dernières années, une recette de plus de 50 millions d’euros auxquels s’ajoute un montant de 100 millions d’euros collectés sous diverses formes.

    Depuis plus d’une décennie, le no man’s land mauritanien est devenu un terrain d’accueil privilégié pour le potentiel de nocivité des différents réseaux terroristes et contrebandiers délocalisés dans la région du Sahel. Étant le plus grand portail atlantique du Sahel avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes désertiques à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays sahélien le plus fragile et le moins contrôlable. Désormais, les lisières périphériques du Nord et du Nord-est de la Mauritanie, où les frontières avec ses voisins d’Algérie et du Mali se perdent immuablement dans l’immensité impitoyable du désert, offrent indiscutablement un véritable paradis pour toutes sortes de trafics illicites : armes, cigarettes, carburant, drogues, devises, etc.

    Cependant, la Mauritanie est restée curieusement le maillon le plus faible de la région du Sahel, malgré son potentiel considérable de ressources naturelles, fer, cuivre, pétrole, gaz, or, poissons, crustacés et cheptels de bétail. Les statistiques de GlobalSecurity estiment que le budget annuel de dépenses militaires de la Mauritanie ne dépassait pas le montant de 19 millions de dollars US en 2005, contre 45 millions pour le Niger, 50 millions pour le Mali, 117 millions pour le Sénégal, 2,3 milliards de dollars US pour le Maroc et 3 milliards pour l’Algérie, au titre de la même année.

    Certes la Mauritanie est héritière de l’empire des Almoravides, (en arabe al-Murābitūn), cette dynastie berbère, qui avait constitué le plus grand empire du Sahel, englobant l’Ouest du Sahara, la partie occidentale du Maghreb et une bonne partie de la péninsule Ibérique au XIe et XIIe siècles, après avoir repris Aoudaghost, principal comptoir commercial sahélien de l’empire du Ghana en 1054, fonder Marrakech et conquérir l’Espagne en 1086.

    Durant plusieurs siècles, les anciennes Cités historiques de Mauritanie comme Ouadane, Tinigui, Chinguetti, Azougui, Tichit, Oualata, Combi Saleh etc., avaient brillées par leur inexorable pratique de commerce transsaharien florissant et leurs importantes positions géostratégiques et militaires. Au début du 20éme siècle, la Mauritanie avait attiré la convoitise des Français déjà installés à Saint-Louis, qui y voyaient un haut lieu stratégique pour contrôler les périphéries de leurs colonies en Afrique du Nord et en Afrique occidentale et pour neutraliser les mouvements nationalistes de résistance.

    Toutefois, le statut géopolitique de la Mauritanie actuelle ainsi que son potentiel économique et militaire, ne font plus de la mémoire impériale de ce pays que l’ombre d’elle-même. Confrontée aux menaces d’insécurités tous azimuts, la logique des choses et le bon sens interpellent plutôt la Mauritanie à se résigner inévitablement à faire la politique de ses moyens quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique.

    Nonobstant, l’actuel gouvernement mauritanien semble avoir un autre point de vue sur cette question. Le volontarisme de plus en plus résolu de la Mauritanie pour aller en solo, à la Napoléonienne, dans la lutte contre les réseaux terroristes d’AQMI au Sahel, est autant contesté à l’intérieur comme à l’extérieur. Loin d’être un sujet d’unanimité au niveau national et, moins encore un sujet de concertation avec les pays voisins, l’implication de l’armée mauritanienne dans des opérations militaires en dehors du territoire national, notamment dans des missions conjointes doublées d’un appui de troupes d’élites françaises avec l’assistance de la technologie spatiale de surveillance américaine de l’OTAN, posent énormément de points d’interrogation sur la cohérence d’une telle démarche. Est-il concevable aujourd’hui que les armées africaines acceptent de jouer le rôle des « tirailleurs » comme à l’époque coloniale dans des dispositifs d’intervention rapide en Afrique ? Loin d’être de nature à rassurer sur l’avenir de la stabilité du pays, les récents événements ne font que dresser les axes divergents de ralliement classiques et de positionnement géopolitique dans la région et exacerber davantage les méfiances mutuelles des pays riverains.

    Acteur et victime de l’ambivalence de sa propre politique étrangère, la Mauritanie a été l’un des pays sahéliens qui avaient accueilli des équipes spéciales de la US European Command (EUCOM) en 2004 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. L’objectif de cette mission portait sur la mise en œuvre des formations et entrainements internes du programme d’assistance de sécurité « Initiative Pan-Sahel », fournis par le département d’État américain à la Défense.

    Cette même Mauritanie qui se permet de bousculer les velléités de l’Algérie voisine comme gendarme du Sahel, abrite plutôt discrètement, depuis plus d’un an, un détachement du Commandement des Opérations Spéciales Françaises (COS). La décision de l’Élysée de dépêcher cette formation d’élite en Mauritanie, qui a été prise apparemment dans la plus grande discrétion, rentre dans le cadre de la mise en place d’un plan d’aide militaire aux pays du Sahel. Le détachement d’une centaine d’hommes environ basé à Atar est chargé de la formation des GSI, ou Groupements spéciaux d’intervention de l’armée Mauritanienne impliqués dans les opérations récentes contre AQMI au Mali. Le détachement aurait participé également en juillet dernier à l’opération militaire franco-mauritanienne dans le Nord du Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau. A en croire certaines sources spécialisées, ce même détachement, qui a été récemment déployé à Ouagadougou, pour une éventuelle action contre AQMI au Mali, à la suite de l’enlèvement des Français au Niger, serait actuellement à pied d’œuvre pour intervenir en Côte d’Ivoire. N’empêche, l’idée de la formation des Groupes Spéciaux d’Intervention (GSI) pour la lutte contre le terrorisme au Sahel serait éventuellement élargie au Mali et au Niger.

    D’un point de vue géostratégique, l’analyse des imbrications des données actuellement disponibles et leurs incidences potentielles sur l’aggravation des menaces d’insécurité et d’instabilité en Mauritanie fait ressortir indiscutablement des risques d’enlisement réels. De part et d’autre, les manœuvres en lice au Sahel, bien que initialement antinomiques, elles convergent néanmoins vers les mêmes objectifs. Épuisés, les réseaux d’AQMI et Cie, qui ont drôlement besoin d’acquérir une nouvelle légitimité symbolique au Sahel, rêvent sans doute d’une internationalisation rapide de la guerre contre eux. Cependant, la diabolisation d’AQMI pourrait aussi en faire l’arbre qui cache la forêt pour voiler les véritables enjeux de la confrontation. La menace terroriste au Sahel ne serait-t-elle pas délibérément amplifiée pour servir d’alibis aux interventions visant à prendre le contrôle exclusif des richesses de la région ?

    Au cours de la prochaine décennie, la géopolitique du Sahel serait déterminante pour l’avenir de la stabilité de l’Afrique et celle de ses voisins Européens et Asiatiques notamment. En panne d’espérances, le Sahel, qui demeure à la croisée des chemins de tous les dangers, restera encore longtemps une zone sensible où se jouera une grande partie de l’avenir du monde.

    Mohamed Saleck

    Agoravox, 21 décembre 2010

    #Sahel #Mali #Tchad #Mauritanie #Niger #Burkina_Faso

  • L’Espagne paie la facture de gaz la plus salée de son histoire

    L’Espagne paie la facture de gaz la plus salée de son histoire

    Espagne, gaz, Algérie, Europe, Medgaz, gaz naturel, GNL,

    La facture de gaz de l’Espagne dépassera les 30 millions d’euros en 2022, la plus élevée de son histoire, selon un journal espagnol.

    Les autorités ont, selon “ La Información ”, importé du gaz naturel dans les premiers mois de cette année pour une valeur de 12 milliards et 315 millions d’euros, soit une hausse de 328 % par rapport à la même période en 2021.

    Selon les sources du journal, le montant total pourrait atteindre 40 milliards d’euros cette année.

    Si le gaz est en passe de dépasser les 40 milliards d’euros cette année, les produits dérivés du pétrole, du charbon et du charbon alourdiront la note, selon le journal.

    Le journal a attribué la hausse des prix et l’instabilité de l’offre, alors que la Russie continuait de resserrer l‘étau sur les importations de gaz vers l’Allemagne.

    L’Espagne a importé 43,843 millions d’euros de produits énergétiques de janvier à juin, en hausse de 140 % sur un an, et presque autant que sur l’ensemble de 2021.

    Contrairement à la France et à l’Allemagne, l’Espagne n’a pas d’alternative au gaz et cherche à augmenter ses importations de gaz algérien malgré le désaccord diplomatique entre les deux pays.

    L’Espagne importe une grande partie de son gaz de l’Algérie, notamment par le pipeline Medgaz.

    Le chiffre d’affaires, 22/08/2022

    Lire aussi : L’Allemagne cherche à ranimer le gazoduc Espagne-France

    Lire aussi : Un gazoduc Espagne-Italie pour acheminer du gaz vers l’Europe

    Lire aussi : Espagne: Les importations de gaz russe augmentent de 15%

    #Espagne #Algérie #Gaz

  • Le championnat d’Algérie classé troisième en Afrique

    Le championnat d’Algérie classé troisième en Afrique

    Algérie, sports, championnat, CAF, Afrique,

    La saison 2022-23 des compétitions africaines débutera le mois prochain avec les tours préliminaires de la Ligue des champions de la CAF et de la Coupe de la Confédération prévus la première semaine de septembre. Pour cette édition, le championnat algérien de Ligue 1 Mobilis est classé troisième en Afrique selon le classement de la CAF.

    Le championnat algérien se classe troisième en Afrique avec 115 points, derrière seulement le Maroc (194 points) et l’Egypte (176 points). La Tunisie (113 points) et l’Afrique du Sud (109,5 points) complètent le top 5 africain.

    Classé septième d’Afrique en 2015, le championnat algérien a vu son classement monter en flèche ces dernières années grâce aux performances des clubs algériens sur la scène continentale. L’an dernier, l’Entente de Sétif avait atteint les demi-finales de la Ligue des champions tandis que Chabab Belouizdad avait atteint les quarts de finale. En 2021, la JS Kabylie était également finaliste de la Coupe de la Confédération.

    Le championnat algérien sera représenté en Afrique par quatre clubs cette saison : le CR Belouizdad, tenant du titre, et la JS Kabylie en Ligue des champions ; La JS Saoura et l’USM Alger, quant à elles qualifiées pour la Coupe de la Confédération.

    US Sports, 19/08/2022

  • Le Maroc limoge son entraîneur 3 mois avant la Coupe du monde

    Le Maroc limoge son entraîneur 3 mois avant la Coupe du monde

    Maroc, Vahid Halilhodzic, Coupe du Monde, Hakim Ziyech, Fouzi Lekjaa,

    CASABLANCA : Le Maroc a limogé son entraîneur de football Vahid Halilhodzic à peine trois mois avant que le pays ne dispute la finale de la Coupe du monde au Qatar.

    L’annonce faite jeudi par la fédération marocaine de football met fin à des mois de spéculations sur le sort de l’entraîneur franco-bosniaque, qui vient de subir l’extraordinaire exploit d’être licencié trois fois par des équipes nationales après leur qualification pour les finales de la Coupe du monde.

    « Compte tenu des différences et des visions divergentes entre la Fédération royale marocaine de football et l’entraîneur national Vahid Halilhodzic sur la meilleure façon de préparer l’équipe nationale de football pour la Coupe du monde Qatar 2022, les deux parties ont décidé de se séparer », a déclaré la fédération dans un communiqué.

    Le possible départ d’Halilhodzic avait été la cause de nombreuses spéculations depuis la participation tiède du Maroc à la finale de la Coupe d’Afrique des Nations en janvier et, en particulier, sa brouille avec le milieu de terrain vedette Hakim Ziyech.

    L’année dernière, Halilhodzic, 69 ans, a accusé le joueur de Chelsea d’avoir simulé une blessure pour manquer des matches amicaux en milieu d’année et l’a exclu de la campagne de qualification pour la Coupe du monde et de la finale de la Coupe des Nations.

    Mais le président de la fédération, Fouzi Lekjaa, a fait pression pour le retour du milieu de terrain d’origine néerlandaise au milieu d’un tollé général suscité par son absence, le mettant en désaccord avec son entraîneur, qui a été nommé au poste au Maroc il y a trois ans.

    La manière brusque de Halilhodzic a été citée comme la raison pour laquelle le Japon l’a renvoyé après qu’il les ait qualifiés pour la dernière Coupe du monde en Russie. Il a été licencié deux mois seulement avant la finale de 2018 avec l’Association japonaise de football, invoquant des problèmes de « communication » et affirmant qu’il avait perdu la confiance de ses joueurs.

    Halilhodzic, qui a joué pour la Yougoslavie lors de la Coupe du monde de 1982 et a ensuite été un attaquant à succès en France, a également été licencié par la Côte d’Ivoire avant la finale de 2010 en Afrique du Sud et remplacé par Sven Goran Eriksson. Cela s’est produit après que les Ivoiriens se soient mal comportés lors de la finale de la Coupe des Nations environ six mois avant la Coupe du monde.

    Il a emmené l’Algérie à la Coupe du monde 2014 au Brésil, où elle a failli remporter une victoire surprise contre l’Allemagne en huitièmes de finale.

    Le Maroc devrait nommer son ancien international Walid Regragui comme nouvel entraîneur. Il a mené le Wydad Casablanca à la couronne de la Ligue des champions africaine en mai. -Reuters-

    The Sun daily, 11/08/2022

    Lire aussi : Halilhodzic sur son limogeage par le Maroc

    #Maroc #Halilhodzic #Coupe_du_monde

  • Midcat ou l’égoïsme des puissances européennes

    Midcat ou l’égoïsme des puissances européennes

    Espagne, France, Midcat, gazoduc, Portugal, Allemagne

    Le gazoduc qui permettrait à l’Espagne et au Portugal de devenir le principal hub gazier dans la crise avec la Russie est coincé entre le besoin de l’Allemagne et le refus de la France.

    ALBERTO SANZ

    Il y a une phrase répétée à maintes reprises lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie : l’Europe est plus unie que jamais. Une demi-vérité ou une vérité à moitié qui vise à déconcerter Vladimir Poutine. Mais au Kremlin, on sait que les sacrifices des grandes puissances européennes pour le bien commun ont leurs limites et l’une d’elles concerne les politiques énergétiques nationales. Un exemple clair en est la récente controverse sur MidCat, le gazoduc qui pourrait relier l’Espagne à la France à travers les Pyrénées.

    L’Allemagne entend réactiver ce projet, sur la table depuis 20 ans, pour que l’Espagne et le Portugal soient une option dans leur crise d’approvisionnement en gaz. L’Espagne et le Portugal y voient une opportunité de devenir une référence gazière européenne, malgré le fait que leurs gouvernements ont désavoué l’infrastructure il y a quelques années. L’Union européenne est ouverte à son financement. L’OTAN y voit même une bonne idée.

    La balle serait désormais dans le camp de la France, qui refuse catégoriquement d’aller de l’avant avec le MidCat. Le ministre français de la Transition écologique a précisé la semaine dernière que son pays s’oppose au gazoduc et à la proposition de l’Allemagne de construire un gazoduc le reliant à la péninsule ibérique. Le gouvernement français défend qu’un gazoduc reliant l’Allemagne à la péninsule ibérique prendra des années à construire et ne résout pas le problème.

    « Nous vivons des épisodes dans lesquels l’autonomie dont disposent les pays européens dans le choix de leurs sources d’énergie les plus pratiques se heurte à la politique énergétique de l’Union européenne, qui est conditionnée par la situation de guerre », déclare José María Peredo, professeur de sciences internationales relations à l’Université européenne. « L’énergie en Europe a toujours été une question nationale, elle n’a pas été une question européenne. Il y a eu des politiques européennes comme le virage vert et la réduction de la pollution. Mais la politique énergétique est décidée dans chaque État membre en fonction de ses intérêts, de sa localisation ou de ses relations avec les entreprises », ajoute le professeur.

    L’Agence internationale de l’énergie (AIE) rappelle dans son rapport sur la France qu’elle a envisagé la construction de nouveaux gazoducs en France et entre la France et l’Espagne (projets MidCat et South Transist East Pyrenees), mais qu’elle a abandonné ces plans face aux réductions prévues de la consommation de gaz en France et à la surcapacité du réseau.

    L’Allemagne, pour sa part, cherche à accéder à la grande infrastructure gazière de la péninsule ibérique. L’Espagne a diversifié son approvisionnement en gaz par deux voies d’entrée : les gazoducs internationaux et le gaz liquéfié. Le pays est alimenté par six gazoducs internationaux : deux avec l’Algérie (dont un fermé depuis novembre 2021), deux avec le Portugal et deux avec la France. Il compte également six usines de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL) opérationnelles et une en construction. Le Portugal apporte une autre usine de regazéification à ce réseau.

    « Le conflit autour de Midcat n’est pas quelque chose de nouveau », déclare Carlos Martín, responsable des opérations de la société de services énergétiques Enerjoin. « Entre 2000 et 2006, d’importants investissements ont été réalisés dans des centrales à cycle combiné à gaz et un important réseau d’usines de regazéification, suite à une prévision d’augmentation totalement disproportionnée de la demande. Et l’Espagne a proposé de lancer ce Midcat pour donner du sens à cet investissement et mettre ce réseau au service des pays d’Europe centrale. A cette époque, ni la France ni l’Allemagne n’en voyaient l’intérêt. La première à cause des arguments qu’elle expose aujourd’hui et la seconde parce que sa relation avec la Russie était plus profitable. L’Espagne dispose désormais d’un avantage concurrentiel grâce à cette décision », souligne-t-il.

    La Russie change le besoin de MidCat
    Mais maintenant, le centre de l’Europe a besoin de gaz et la ruée est venue pour réactiver cette infrastructure. Bien que du secteur de l’énergie, il n’y ait aucun optimisme quant aux plans d’Emmanuel Macron. La France ne voulait pas en 2019 et ne voudra pas maintenant. L’investissement que la France devrait faire est énorme. On parle d’une mobilisation pour le Midcat de près de 3 000 millions d’euros et le gouvernement français considère qu’il n’apporte rien à sa politique énergétique.

    « Il ne faut pas oublier que tout ce qui implique de maintenir la tension entre les pays européens profite à la Russie. Et la Russie à ce moment-là s’est manifestée comme un ennemi », se souvient José María Peredo. « Les décisions économiques et énergétiques doivent tenir compte de ce scénario. D’un point de vue économique, l’Espagne a une opportunité d’affirmer ses infrastructures et, d’un point de vue politique, les pays membres devraient considérer ce projet comme une opportunité pour toute l’Union européenne », assure le professeur de relations internationales à l’Université Université européenne.

    L’espoir de tous ceux qui espèrent trancher la position de la France est que l’Allemagne affirme son rôle de « moteur économique » européen. Le problème énergétique allemand est très grave et ils vont affronter cet hiver avec de faibles réserves de gaz. Son intention est d’activer tous les leviers pour avoir toutes les alternatives pour 2023. Dès lors, ce débat promet de se poursuivre dans la durée.

    Voz populi, 21/08/2022