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  • Arrogance

    Aujourd’hui, la guerre en Irak fait encore des dizaines de morts chaque jour et est certainement avec la guerre en Afghanistan au centre des préoccupations de l’administration de Barack Obama. Ce dernier qui avait promis durant sa campagne une résolution de ce conflit est bien obligé désormais d’essayer de trouver une solution à cette guerre interminable. Pourtant, il semblerait que l’on ait trop vite oublié les déclencheurs même de ce conflit auxquels personne ne demande, à l’heure actuelle, de compte. Que cela soit George W. Bush ou encore Dick Cheney, ou tout autre membre de l’équipe Bush lors de la préparation et du déclenchement de la guerre, aucun n’est inquiété par la justice ou ne serait-ce que par une légitime commission d’enquête internationale. Car cette guerre qui dure depuis près de huit ans a déjà coûté la vie à des centaines de milliers d’Irakiens, à plus de 4 000 soldats américains et aura coûté plus de 700 milliards de dollars et ce n’est pas fini. Donald Rumsfeld, ancien secrétaire d’Etat à la Défense et l’un des principaux fomenteurs de la guerre irakienne revient aujourd’hui sur le devant de la scène en publiant un livre où il pointe du doigt un grand nombre de ses collègues de l’époque et même le président Bush. Selon lui, Condoleezza Rice et Colin Powell, tous deux ex-secrétaires d’Etat aux Affaires étrangères sont en grande partie, du fait de leur inexpérience, responsables de l’énorme chaos dans lequel s’est rapidement enfoncé l’Irak. Pourtant, Colin Powell, vétéran du Viêt-Nam et ex-chef d’état-major, a incontestablement plus d’expérience dans le domaine des conflits armés que le politicien Rumsfeld, qui fut dans sa jeunesse pilote dans l’US Navy. Ce dernier tente d’ailleurs coûte que coûte de s’attribuer le beau rôle en accablant tous ses collègues de l’époque. Pourtant, c’est lui, avec Cheney, qui ont en premier lieu eu l’idée de cette guerre et qui ont poussé, grâce à leur emprise sur le président Bush, les Etats-Unis à entreprendre cette guerre. Mais il semblerait surtout que l’ex-secrétaire d’Etat ne regrette nullement d’avoir contribué au déclenchement de cette guerre, son seul regret est d’avoir eu des écarts de langage et de n’avoir pas démissionné sitôt le scandale de la prison d’Abou Ghraïb dévoilé au grand jour. Pas d’excuses donc, pas de repentance, mais au contraire une arrogance affichée qui dénote avec l’horreur que vit l’Irak aujourd’hui. Toutefois, Rumsfeld n’est pas le seul à pratiquer la politique de l’autruche. Que cela soit, Georges W. Bush ou encore Dick Cheney, aucun des instigateurs de cette guerre n’est aujourd’hui capable d’assumer les conséquences de leurs actes et la vie gâchée de millions d’Irakiens ne semble pas avoir grande importance à leurs yeux. Reste à savoir, si dans les années à venir les autorités internationales prendront des dispositions plus agressives à leur égard et s’ils seront un jour confrontés à leurs crimes.
    F. M.
    Le Jour d’Algérie, 10/02/2011
  • Scandale des vacances payées, Sarkozy en première ligne

    Le président français Nicolas Sarkozy a rappelé à l’ordre ses ministres hier pour tenter de calmer la polémique sur les vacances du Premier ministre aux frais du président égyptien Hosni Moubarak qui provoque les violentes attaques de l’opposition.

    «Simage écornée », «autorité de l’Etat mise à mal»: la gauche se déchaînait après la mise en cause de François Fillon, l’austère Premier ministre présenté par la droite comme l’image de l’intégrité, dans ce qui est en train de devenir un scandale de morale publique. Au point que le chef de l’Etat, à la veille de s’adresser aux Français jeudi à la télévision, a déjà rappelé à l’ordre ses minis-tres réunis en Conseil en leur demandant de «privilégier» la France pour leurs vacances et de faire valider au plus haut niveau leurs séjours à l’étranger. 

     
    La nouvelle, révélée mardi par l’hebdomadaire le «Canard Enchaîné», a fait l’effet d’une bombe: François Fillon a passé ses vacances de fin d’année aux frais de l’autoritaire président égyptien Hosni Moubarak, dont des centaines de milliers de personnes réclament jour après jour le départ. Il a lui-même reconnu avoir été «invité» par le régime égyptien et avoir profité sur place de l’hébergement, d’un avion pour un trajet Assouan-Abou Simbel et d’un bateau pour une sortie sur le Nil. Avant lui, sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait déjà été épinglée pour avoir utilisé à deux reprises pendant ses vacances de Noël, l’avion privé d’un riche ami du non moins autoritaire président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, que la rue tunisienne a depuis poussé au départ. Rien d’illégal dans tout cela. Mais une accumulation qui choque après d’autres scandales de conflit d’intérêt ou d’usage abusif des deniers publics ayant touché ces derniers mois des ministres du président qui avait promis lors de sa campagne en 2007 une «République irréprochable». L’opposition s’insurge que des ministres puissent ne pas payer les dépenses d’activités privées en dénonçant une «confusion des genres». Et critique la «proximité» de gouvernants français avec des dirigeants qualifiés de «dictateurs» par les organisations de défense des droits de l’homme. L’opposition dénonce enfin un fossé entre les dirigeants et les Français appelés à se serrer la ceinture et à travailler plus longtemps en raison de la crise. «Les gouvernants se fréquentent (…) comme les membres d’une confrérie suprême qui finit par mépriser les critères éthiques du commun des mortels et se soucie comme d’une guigne de l’ennuyeuse question des droits de l’homme», écrit le quotidien de gauche «Libération». 
     
    L’écart «entre la façon de vivre des politiques et la réalité des Français» est «insupportable», s’est ému le patron de la CFDT, un des deux grands syndicats de France, François Chérèque, après un automne marqué par des semaines de manifestations contre la réforme de la retraite. La droite a, elle, serré les rangs autour de son Premier ministre. Le secrétaire général du parti au pouvoir UMP, Jean-François Copé, a fait part de son «indignation». La ministre des Sports, Chantal Jouanno, a déploré une «politique de caniveau». Mais apparemment conscient que cette nouvelle affaire risque encore de le plomber dans les sondages de président, attaqué au début de son mandat pour son goût du luxe, a dû mettre les points sur les i.
    Le Jour d’Algérie, 10/02/2011
  • Visites interfamiliales : Sale temps pour le Maroc

    Depuis hier, des délégations du Front Polisario et du Maroc se trouvent à Genève dans une réunion présidée par le Haut Commissaire aux Réfugiés, l’Envoyé Personnel et le représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental.

    A l’ordre du jour, l’ouverture de brèches au mur de la honte marocain qui empêche les sahraouis de se retrouver. Ouverture qui fait partie des mesures de confiance établies par les Nations Unies depuis des années et qui n’a pas pu se réaliser à cause des obstructions marocaines qui voient dans les retrouvailles des sahraouis un facteur de déblocage du black out que le Maroc impose sur les territoires occupés du Sahara Occidental.

    Lentement, mais sûrement, le processus entamé par Christopher Ross poursuit son chemin. L’entêtement du diplomate américain embarrasse les autorités marocaines. Pour celles-ci, la poursuite des négociations, même si elle n’a rien apporté jusqu’à présent, elle met Rabat devant le fait accompli : les mesures de confiance exigées par le Conseil de Sécurité depuis 2007.

    Aujourd’hui, voilà le Maroc contraint à ouvrir la voie à ceux qu’il a toujours qualifiés de séquestrés et à qui ils font une peur bleue. Le contact entre les familles des deux côtés va s’intensifier. Dans le passé, il a déjà donné ses fruits : les manifestations dans les territoires occupés ne cessent de se multiplier.

    Si les visites inter-familiales ne sont pas encadrées comme c’était le cas jusqu’à maintenant, c’est le début de la fin de l’occupation. Une nouvelle révolte, cette fois-ci dans toutes les villes sahraouies occupées, est inévitable.

  • Drogue, carburant et bêtes de somme dans les filets des GGF

    Plusieurs opérations menées récemment par la Gendarmerie nationale aux frontières de l’Est et de l’Ouest, se sont soldées par d’importantes saisies de drogue, de carburant et de produits alimentaires.

    La lutte contre la contrebande menée par la Gendarmerie nationale fait ressortir un nombre important de saisies de marchandises prohibées ainsi que l’interpellation de nombreuses personnes, dont des ressortissants étrangers. Ainsi, le 7 février courant, les éléments de la brigade de Béni Boussaïd (Tlemcen) ont interpellé un ressortissant marocain en possession d’un sac à dos renfermant 2,5 kg de kif traité. «Les investigations sont en cours», selon le communiqué de la cellule de communication, transmis hier à notre rédaction. Toujours aux frontières avec le Maroc, le 8 février, les gardes-frontières relevant de la Gendarmerie nationale de Tlemcen ont saisi un troupeau comptant 9 bêtes de somme. Ce cheptel allait être passé de l’autre côté de la frontière. 

    Lors de cette opération, il a été également découvert plusieurs types de marchandises destinées à l’exportation frauduleuse vers le Maroc. «Nos éléments ont découvert et saisi15 kg d’arachides, 143 jerrycans et 42 fûts contenant 4 860 litres de carburant ainsi qu’un véhicule de marque Renault 25, ayant à son bord 12 quintaux et 10 kg de déchets de cuivre. Tous ces produits ont été abandonnés par des contrebandiers sur la bande frontalière», souligne le communiqué. Par ailleurs, aux frontières de l’Est, les gendarmes de la brigade d’El-Meridj (Tébessa) ont arrêté, le 7 février dernier, un véhicule transportant 676 bouteilles de bière et 60 autres de vin. Cette marchandise était destinée à la vente clandestine. Dans l’Est, précisément sur la bande frontalière avec la Tunisie, les gardes-frontières de ce corps de sécurité relevant de Tébessa et de Souk Ahras ont saisi, le
    8 février, 3 bêtes de somme. 

    Ces bêtes allaient être livrées à des trafiquants tunisiens qui attendaient de l’autre côté de la frontière. Cette opération s’est soldée aussi par la saisie de 8 quintaux de pois-chiche, de 53 jerrycans contenant 954 litres de carburant, d’une motocyclette et d’un véhicule de marque Renault 25. 

    Selon la cellule de communication de la gendarmerie, ces produits ont également été abandonnés précipitamment par des contrebandiers sur la bande frontalière. Quant aux gendarmes de la brigade de Hammam Sokhna, dans un barrage de police de la route, le  7 février, ont interpellé une personne à bord d’un autocar. Celle-ci était en possession de 28 800 pétards en provenance de la contrebande. «La brigade de la Gendarmerie nationale de Hammam Sokhna procède à l’enquête», lit-on dans le communiqué. Enfin, les gendarmes de la compagnie de Chechar (wilaya de Khenchela), effectuant une patrouille, ont découvert et saisi 5 175 litres de carburant. «Cette marchandise contenue dans 23 fûts était dissimulée par des contrebandiers à la commune de Babar», souligne le communiqué. 
    Lynda Louifi
    Le Jeune Indépendant, 10/02/2011
  • Quatrième jour du FSM, le soutien à la cause sahraouie s’intensifie

    Dakar, 09 fév 2011 (SPS) Le Forum social mondial (FSM) s’est poursuivi mercredi à Dakar pour la quatrième journée consécutive, alors que le soutien des milliers de participants à la cause sahraouie s’intensifie.

    Réagissant aux agressions et aux intimidations menées par des extrémistes marocains contre la délégation sahraouie pour l’empêcher de s’exprimer et transmettre le message du combat pour l’autodétermination et l’indépendance, plusieurs ONG, associations et mouvements sociaux se sont élevés contre ces pratiques « racistes et criminelles ».

    Pour Virginie, une militante française au sein de l’ONG internationale « ATTAC », « les Sahraouis ont le droit de s’exprimer au sein du FSM qui est un espace d’échanges et de rencontres ».

    La militante d’ATTAC, qui plaide pour la taxation des transactions financières, a affirmé que « personne ici au FSM ne peut dénier le droit du peuple sahraoui à la parole », ajoutant que des rassemblements et des sit-in ont été organisés pour dénoncer « le grand dérapage des Marocains ».

    De son côté, Aziz, militant marocain des droits de l’homme, a indiqué à l’APS que chaque participant au FSM est tenu de « respecter la charte du FSM et assumer l’obligation de laisser tout le monde parler et exprimer son avis ».

    « La chose qu’on doit accepter dans un tel espace (Forum), c’est le dialogue et la confrontation des idées. Même si on n’est pas partisan des thèses +justes+ du peuple sahraoui, il est temps de l’écouter attentivement et permettre à tous les Marocains de participer au débat sur la question du Sahara occidental ».

    Une autre militante française du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), Henriette, s’est félicité de sa participation au FSM qui lui a permis de « découvrir le combat du peuple sahraoui », exprimant son appui à « une solution définitive » du conflit au Sahara occidental, dernière colonie en Afrique.

    « L’état actuel où se trouve le conflit n’honore nullement le Maroc ni la communauté internationale. Il est temps de prendre cette question avec beaucoup de sérieux en se référant à la légalité internationale », a notamment dit la représentante de CADTM à un groupe de journalistes.

    Rappelant le droit à l’autodétermination de tous les peuples, Henriette a saisi sa présence au FSM pour lancer un appel à « la mobilisation au profit des Sahraouis », qui ont, a-t-elle dit, « besoin de l’aide de tous les peuples attachés à la justice et à la liberté ».

    Pour sa part, M. Vladimir Nieddu du Syndicat solidaire des travailleurs de la santé française, (SSTSF) a affirmé que l’un des événements « les plus importants » du FSM, est incontestablement « l’écho retentissant qu’a eu le combat mené au Sahara occidental contre l’occupation marocaine ».

    « Aujourd’hui, la situation est plus favorable au peuple sahraoui pour avancer dans sa lutte et dans toutes ses actions pour l’indépendance », constatant que la question du Sahara occidental « n’est à aucun moment passée inaperçue durant cet grand événement (forum) », a notamment dit M. Nieddu.

    « Le combat du peuple sahraoui avance. Les peuples de la planète ont compris que quant il est possible de résister face au colonisateur, la victoire sera au bout du combat », a-t-il souligné, ajoutant, par ailleurs, que « la France qui a connu de grands mouvements d’immigration suit maintenant de très près la cause sahraouie ».

    M. Nieddu a également affirmé que le gouvernement et le peuple français « considère que le conflit au Sahara Occidental fait partie des grandes causes du moment ».

    Un autre militant ayant exercé dans le cadre de la coopération espagnole s’est opposé à « toute tentative de réprimer la voix des peuples en combat pour l’émancipation », dénonçant, le démantèlement sanglant du camp de Gdeim Izzik à El-Aaiun dans les territoires occupés.

    « On est en train d’assister à un génocide contre un peuple et sa culture. Un peuple millénaire qui est là. Et si ça continue comme ça, on va le voir disparaître devant nos yeux et ça on ne pourra jamais le permettre », a-t-il conclu.(SPS)

  • Nadia Yassine : "le calme apparent au Maroc est peut-être le silence qui précède la tempête" (El Pais)

    Madrid, 10 Fév. 2011 (SPS) « Le calme apparent au Maroc est peut-être le silence qui précède la tempête », a pronostiqué Mme Nadia Yassine, porte-parole du parti Justice et Spiritualité, estimant que « le basculement démocratique se fera de gré ou de force », dans une interview au quotidien madrilène, El Pais publiée mercredi.

    « Le calme apparent est peut-être le silence qui précède la tempête à l’image de celle qui déferle sur le monde arabe. Ceci dit la tranquillité n’est pas absolue. Les revendications et les révoltes brutalement réprimées sont communes au Maroc depuis des années », a relevé la fille du fondateur de cette formation politique, qui a une grande capacité de mobilisation au Maroc.

    Mme Yacine pense qu’ »au Maroc, comme dans tout autre pays arabe, il y a des équilibres socio-politiques corrodés (…). Le Maroc n’est pas exempt du peloton. Le renversement démocratique aura lieu par n’importe quel moyen ».

    Elle appellera le régime marocain à « jeter à la poubelle la Constitution » et à mener une campagne de « nettoyage des réseaux de népotisme pour restituer au peuple marocain ses biens confisqués et que le makhzen (police politique) ne continue pas à s’imaginer qu’il est au-dessus de l’histoire! »

    Analysant les facteurs objectifs à même de déclencher la révolte au Maroc, Mme Yacine relèvera « le taux de chômage qui atteint les 20% et qui affecte principalement les diplômés qui ont le sentiment d’être «socialement inutiles», l’effondrement du visa d’immigration en raison de la sélection des pays bénéficiaires, de la montée de l’islamophobie, et la rapine des dirigeants du népotisme, qui encouragent la corruption endémique ».

    D’autres « facteurs subjectifs » versent également dans une implosion latente au Maroc que la dirigeante politique relèvera dans « la hogra célèbre » (l’humiliation) subie par les citoyens, et « la frustration causée par la proximité médiatique d’un Occident perçu comme un eldorado de liberté, de dignité, et aussi de bien-être ».

    Interrogée si sa formation politique participera aux rassemblements le 20 Février prochain convoqué par des milliers de Marocains qui se sont inscrits sur Face book, elle affirmera qu’elle soutiendra « n’importe quel rassemblement pacifique, civilisé et organisé ».

    « Nous sommes une force tranquille profondément ancrée dans le peuple et si nous ne faisons aucun choix pour lui, nous serons avec lui dans ses choix tant que la non-violence est respectée, a-t-elle martelé ».

    A la question de savoir quelle attitude pourront avoir les Etats-Unis, Mme Yacine croit savoir que « le pragmatisme et la connaissance du terrain » de l’Administration américaine font qu’elle « s’adapte afin de ne pas perdre complètement les rênes », estimant que Washington pourrait accepter un régime « quand il est un peu corrompu », mais pas quand il est « complètement pourri » au point de compromettre la stabilité à court ou à long terme du système.

    « Le Maroc n’est pas encore touché mais il ne faut pas se leurrer sur ce fait: pratiquement tous les systèmes autoritaires vont être atteints par la vague de contestation et le Maroc ne fera probablement pas exception », avait averti le prince Hicham (46 ans), troisième dans la ligne de succession au trône alaouite.

    Pour Hicham il manque seulement l’étincelle qui amorcera l’implosion et il s’interroge si elle viendra directement du peuple ou des formations politiques marocaines, excitées par l’exemple de leur voisin tunisien. (SPS)

  • Le Polisario condamne la proposition de l'Espagne pour une extension de l’actuel accord de pêche UE-Maroc

    Bruxelles, 10 fév 2011 (SPS) Le ministre délégué auprès du MAE, Mohamed Yeslem Beissat a condamné la proposition de l’Espagne appelant à l’extension de l’actuel accord de pêche signé entre l’UE et le Maroc qui inclut les eaux territoriales du Sahara occidental.

    « Nous sommes choqués et déçus par les déclarations de la ministre espagnole de l’environnement, Rosa Aguilar, selon lesquelles, l’Espagne demande aux 27 Etats membres démocratique de l’UE d’étendre cet accord illégal entre l’UE et le Maroc », a précisé le diplomate sahraoui.

    L’avis du Conseiller juridique de l’ONU et du service juridique du Parlement européen avaient clairement qualifié la pêche des navires de l’UE dans les eaux du Sahara Occidental d’illégale, a rappelé M. Beissat, estimant que « tout nouvel accord ou prolongation de l’accord actuel ne peuvent corriger cette illégalité ».

    « Le gouvernement espagnol et la ministre Aguilar, en particulier, ont opté pour le pillage au dessus des principes et entachés la réputation de l’UE à travers le monde. Nous ne pouvons pas exclure la possibilité d’un défi à l’ONU ou dans les tribunaux internationaux », a regreté M. Beissat.

    Le diplomate sahraoui a également rappelé qu’aucun pays du monde ne reconnait la souveraineté du Maroc ou ses revendications sur le Sahara occidental. (SPS)

  • Mohammed VI passé au détecteur de dictateurs

    Auteur de l’ouvrage «Mohammed VI, le grand malentendu» le journaliste marocain Ali Amar s’interroge: l’Occident est-il trop indulgent avec le roi du Maroc? 

    L’Occident est-il trop indulgent avec un monarque féodal qui cultive une image de roi moderne, au moment où la rue arabe s’embrase?

    Agé de 70 à 80 ans, dont en moyenne 30 ans au pouvoir, une carrière dans l’armée, un rejeton en attente de lui succéder, un régime de parti unique, une opposition laminée, un clan prédateur des richesses de son pays; voici le portrait-robot du dictateur arabe dans l’imaginaire occidental. On y reconnaîtra Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi.

    Depuis que le maître de Carthage a pris la poudre d’escampette et que le raïs vacille sous les coups de boutoir du peuple cairote, les plus fins commentateurs de la rue arabe rivalisent d’analyses pour expliquer que dorénavant, le règne sans partage des potentats arabes ne garantit plus la sacro-sainte «stabilité» des pays qu’ils cadenassent de leur pouvoir jupitérien.

    A la pointe septentrionale de ce monde qui ne connaît pas la démocratie, il existe aux yeux de l’Occident un «royaume acceptable» dont on ne parle presque pas depuis l’embrasement de Tunis et du Caire: le Maroc. Les aveux d’aveuglement sur le régime policier de Ben Ali, et sur le cynisme géostratégique qui fait jouer aux funambules diplomatiques les chancelleries occidentales au Proche-Orient ne concernent pas ce pays jugé à part. Pourquoi? Est-ce justifié?
    Pour s’en assurer, il suffit de passer Mohammed VI au «détecteur de dictateurs».

    Est-il un autocrate comme les autres?

    Il a à son avantage sa jeunesse relative (47 ans) et d’être monté sur le trône il y a douze ans, après 38 ans de règne sans partage d’Hassan II, roi autocrate à l’ancienne. L’absolutisme du régime s’est régénéré, passant d’une monarchie ouvertement répressive à une «hypermonarchie». Celle-si s’emploie à assurer une continuité de ses institutions, avec une concentration inégalée des pouvoirs politique et économique tout en peaufinant son image de despote éclairé —et certainement moins caricatural que bien des tyrans arabes. Pourtant, le pouvoir très personnalisé du roi s’appuie presque exclusivement sur les hommes de son sérail.

    Les plus en vue, qui sont deux de ses amis d’enfance, phagocytent des pans entiers du pouvoir: Fouad Ali El Himma en politique et Mohamed Mounir Majidi dans le monde des affaires. Aujourd’hui, le Cabinet royal, centre névralgique du pouvoir de Mohammed VI qui dirige en sous-main l’administration, a plus de suprématie que toutes les institutions représentatives cumulées —mettant ainsi à mal la redistribution des richesses, et ce malgré le lancement de grands chantiers d’infrastructure et d’initiatives dans le social, censées combler l’énorme retard du pays en matière de développement humain. A ce titre, le Maroc continue de végéter dans le bas des classements mondiaux.

    L’effeuillage des prérogatives du gouvernement et la déliquescence des partis politiques expliquent d’ailleurs en grande partie la désaffection des Marocains pour les urnes.

    D’où tire-t-il sa popularité ?

    Mohammed VI a su profiter de l’image révulsive de son père en matière de droits de l’homme —sans renier l’essentiel de son héritage. Si son empathie pour les démunis ne semble pas feinte, elle est en tout cas savamment orchestrée par un culte de la personnalité exacerbé et une propagande d’un autre âge. Les Marocains redoutent aussi presque inconsciemment la fitna, un chaos social et identitaire qui naîtrait de la désagrégation de la Couronne, qui les unit culturellement. Le roi est de ce point de vue très largement plébiscité. Un récent sondage inédit le prouve, mais, comble de l’irrationnel, ce dernier a été interdit. Car au royaume du Maroc, la liberté d’expression s’arrête aux marches du Palais.

    Est-il pour autant démocrate dans l’âme?

    Le régime marocain est —sur le papier— une monarchie constitutionnelle. Mais il suffit de lire sa Constitution pour se rendre compte qu’il n’est assurément pas démocratique. Le principe de séparation des pouvoirs n’est pas reconnu. Le roi définit lui-même son régime comme étant une «monarchie exécutive», amalgamant son statut sacré de Commandeur des croyants avec celui temporel de chef de l’Etat. Le multipartisme existe depuis l’indépendance du pays, mais le Parlement est réduit à un rôle de caisse de résonnance des volontés du Palais, notamment lorsqu’il s’agit d’entériner le budget de la Cour royale ou celui de l’appareil sécuritaire. Les élections sont toujours largement manipulées, et le pouvoir du Premier ministre confine à de la figuration.

    Désavouer la politique du monarque ou celle de son Cabinet, mettre en lumière la prédation économique de la classe dirigeante (et celle du roi lui-même), dénoncer la pratique de la torture par les sécuritaires, fustiger la justice d’abattage, la corruption rampante autant d’actions interprétées comme subversives pour justifier les châtiments infligés aux voix discordantes accusées de nihilisme.

    Dans les faits, personne ne peut remettre en question ce que le Palais et son gouvernement définissent comme les «constantes de la nation», c’est à dire le caractère sacré du trône —y compris ses choix de gouvernance—, l’islam en tant que religion d’Etat, la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental et la sanctuarisation de l’appareil sécuritaire. Quant à la sphère privée du roi, elle demeure inviolable même lorsqu’elle interfère avec la politique de l’Etat.

    Est-il à la tête d’un Etat répressif?

    Après la disparition d’Hassan II, démocrates et réformateurs avaient parié sur une accélération de la dynamique qu’ils croyaient assurée avec un pouvoir rénové. L’opinion internationale a voulu croire aussi que la stabilité du pays s’accompagnerait d’une réelle tempérance du régime et d’une transition démocratique en douceur.

    Ce ne fut pas le cas: la liberté de la presse, marqueur essentiel d’une telle promesse, a été bien souvent malmenée, la censure ayant rapidement repris le dessus. Les rares bastions de la presse d’investigation sont désormais en voie de disparition. A quelques rares exceptions, c’est le règne de la complaisance et du non-dit qui prévaut.

    Si des gages ont été donnés sur le statut de la femme, qui s’apparente davantage au «féminisme d’Etat» tunisien, les libertés individuelles —dont celle du culte— sont loin d’être acquises. D’ailleurs, le processus de réconciliation n’a pas été mené jusqu’à son terme (la vérité sur les exactions commises sous Hassan II n’a été que partiellement dévoilée, sans mise en cause de certains responsables encore au pouvoir) et le Maroc embastille toujours ses opposants politiques qui se comptent parmi les militants des droits de l’homme, ainsi que les indépendantistes sahraouis et les islamistes.

    Les ONG locales, les mouvements associatifs et contestataires, la presse, les réseaux sociaux et certains partis politiques canalisent les frustrations, voire servent d’alibi et de soupapes sociales. Les poussées de fièvre récurrentes au Maroc depuis quelques années prouvent que la hogra, ce sentiment d’injustice permanent ressenti dans tout le Maghreb, peut pousser à la révolte.

    Bénéficie-t-il de l’indulgence de l’Occident?

    Au-delà des intérêts stratégiques avec l’Occident et la France en particulier, et à l’instar d’autres régimes arabes, Mohammed VI joue à fond la carte du péril islamiste et d’un certain volontarisme économique et social pour justifier les scories féodales de son régime. Avec Paris, les attaches politiques sont quasi incestueuses. L’Europe a accordé le statut avancé au Maroc, un privilège qu’il ne partage qu’avec Israël au sud de la Méditerranée. Le Trône est aussi l’un des alliés inconditionnels des Etats-Unis dans sa guerre contre la terreur, au point d’avoir accepté comme Moubarak par exemple (et on l’oublie trop souvent) de participer à son programme de torture délocalisée sous Bush Jr.

    Dans ce contexte de realpolitik, l’aspiration de voir enfin un des pays arabes les plus aptes à s’engager vers la démocratie —comme ont pu le faire l’Espagne après Franco, le Portugal après Salazar, la Grèce après les Colonels ou certains pays d’Amérique Latine après les dictatures militaires— a été vaine.
    Ali Amar
    Slate.fr, 10/02/2010

  • Avis aux blogueurs

    Qu’on ne s’y trompe pas!
     
    Comme je suis en Suisse, je me permets de mettre des articles, des vidéos et des images sur mon blog. J’aurais les mêmes droits si je me trouve en Italie, en Suède ou au Royaume-Unis (d’où les hébergements WikiLeaks).
    Avec la nouvelle loi LOPPSI 2 (un dérivé de l’ACTA) sur les blogs, que Sarko veut faire voter pour l’UE, je crois que si j’étais en France, il me serait plus facile de dire ce à quoi j’ai droit de publier, la liste sera moins longue.
    J’aurais le droit de raconter ma vie, même si cette dernière est emmerdante à souhait, mettre mes photos, même si ses dernières sont floues, que je demande à celui ou celle à qui j’ai tiré le portrait si il ou elle est d’accord, (je vais devoir retourner sur les lieux de mes vacances et retrouver les personnages), mettre des pseudos et des descriptions complètement hasardeuses pour autant qu’insidieusement on ne puisse reconnaître la personne, de changer même le nom de la ville ou du quartier et le pompon, de mettre des photos de caractères pédophiles ceci pour ne pas gêner la cyber-police qui démantèle ainsi les réseaux de ceux qui trouvent ça malin!
    Bref, ne pas dire ce que l’on pense sur notre environnement sans quoi nous pouvons nous retrouver au clou pour une durée déterminée ou, dans le meilleur des cas, avec une amende qui peut s’élever à des plafonds qui ne seront pas les mêmes pour les criminels en col blanc.
    Un exemple?
    Si je dis que je trouve comique que Sarko reproche à MAM son voyage en Tunisie et à Fillon d’avoir passé son réveillon avec Moubarak en Egypte, mais qu’il oublie que lui même s’est reposé au Maroc, je prends des sacrés risques!
    Si je dis encore que ce soir, Sarkozy va s’adresser aux Français durant deux heures et demie, ce qui fait, en gros, cinq questions de 30 secondes et cinq réponses d’une demie-heure, j’ai intérêt à changer de cybercafé toutes les demies-heure et me mettre une cagoule pour ne pas me faire reconnaître par des caméras plantées n’importe où.
    C’est oublier que celui ou celle qui veut protéger ses chansons ne les mets pas sur youtube. Que celui ou celle qui veut se faire connaître mettra sa vidéo sur youtube, dailymotion etc…beaucoup de jeunes artistes se sont fait connaître de cette façon avant de tomber dans les maisons de diffusion qui se sucrent bien au passage.
    Pour ce qui est des images, rien n’empêche de mettre la source, c’est faire honneur à celui qui a trouvé l’idée et lui faire de la pub. À partir du moment où ces éléments sont mis sur les blogs, c’est de la publicité, pour autant que le blog soit lu, bien évidemment.
    La Loi LOPPSI 2 a de quoi vous faire dégoûter de faire des blogs et de se demander pourquoi on peut mettre des choses sur facebook sans être inquiété pour autant. C’est que les autres réseaux sociaux ont des modérateurs et il suffit que votre message se trouve dans une altercation entre deux blog-posteurs et votre commentaire de passer aux oubliettes dans les deux heures qui suivent.
    En Azerbaidjan, le jeune Adnan Hajizade en a fait la douloureuse expérience, lui qui a abusé de la liberté d’expression sur son blog pour se retrouver à l’ombre pendant deux ans.
    Ce jeune homme qui vient de retrouver, sans trop y croire encore vraiment, la liberté dans un pays qu’on désigne être une dictature.
    Je suis d’ailleurs atterrée de voir que cette menace sur la liberté d’expression menacée en France ne soulève aucun commentaire ni partage Facebook!
    La Chine adopte un comportement clair, elle censure ce qui se passe en Afrique du Nord pour ne pas donner des idées de Révolution à ses citoyens. Ça, en étant française, j’aurais le droit de l’écrire.
    Mais comment cela se passe-t-il dans nos douces contrées?
    Nous pouvons observer un renversement des rôles. On nous brandit la menace de la minorité des Frères Musulmans de la Tunisie et l’Egypte, pays où la jeunesse ne demande rien d’autre que la liberté alors que nous nous laissons fagociter sans aucune réaction, sans même aucune révolte, prêts à accepter LOPPSI ou ACTA, pactes dénoncés par la Suède, l’Italie et le Royaume-Unis.
    On ne nous supprime pas de libertés, on nous somme d’obéir à des obligations qui deviennent de plus en plus nombreuses.
    C’est à se demander si on marche petit-à-petit vers une auto-dictature emprisonnée dans l’espace Shengen. Moins d’informations, moins d’opinions personnelles, plus d’imbécilités!
    La parade?
    Il nous faudra devenir des cracks en informatique et entrer dans la clandestinité si nous voulons entrer en Résistance. Car tout ce qui n’est pas de Droite ou d’extrême Droite est automatiquement de taxé de mouvance gauchiste en désaccord avec les inepties qui tissent gentiment leur toile WEB autour de nous.
    Il va falloir se faire discret!
  • Ventes d’armes: la corruption comme garantie

    Jean Guisnel, 59 ans, est journaliste au Point, où il suit les questions de défense et de nouvelles technologies. Il publie aux éditions La Découverte une enquête intitulée Armes de corruption massive, secrets et combines des marchands de canons, cheminement pédagogique dans l’univers opaque de ce “commerce de souveraineté”.
     
    Dressant la chronique des plus gros “deals” d’armes de ces trente dernières années, l’auteur parvient à bien décortiquer le rôle joué par la corruption (parfois énorme) sur des contrats à neuf zéros, pour un marché annuel évalué à 60 milliards de dollars en 2009. En dehors des considérations morales (Guisnel réprouve de telles pratiques), il montre aussi comment cette corruption sert de “garantie” aux bonnes pratiques commerciales, en liant de manière indéfectible l’acheteur et le vendeur.
    L’autre facette des armes se dessine dans les fortunes rapidement accumulées par les intermédiaires de tout ordre. Des intermédiaires baroques et de plus en plus indispensables, au fur et à mesure que les lois internationales tentent de juguler le phénomène de la corruption.
    Dans ce maelström, la place de la France comme quatrième vendeur d’armes de la planète est à la fois logique et chaotique. Souvent en porte-à-faux avec son discours, elle cumule les échecs retentissants ces dernières années, malgré la “war room” mise en place à l’Elysée par son locataire actuel. Entretien.
    Pourquoi la France est-elle le quatrième vendeur mondial d’armes dans le monde ?
    On peut voir le problème de deux façons. Ou bien c’est une petite performance, ou bien c’est pas si mal. Je serais tenté de pencher pour la seconde option. Pour deux raisons : plus de la moitié des armes vendues dans le monde le sont par les Etats-Unis, qui sont hors-catégorie. Le deuxième exportateur, le Royaume-Uni, a une longue tradition d’excellence comme les Français, mais ils sont beaucoup plus agressifs commercialement. Ils chassent en meute entre l’Etat et les industriels, pas comme les français. Et puis, ils n’ont jamais hésité à corrompre massivement leurs clients. Cela leur donne un avantage compétitif. La France corrompt aussi, mais avec moins de savoir-faire que les Britanniques. Le contrat sur les chasseurs Tornado vendus à l’Arabie Saoudite a dégagé des commissions de 33% !
    Le troisième livreur est la Russie : ils vendent des armes peu sophistiquées et peu cher. Ils peuvent donc inonder les pays du Sud. Les Français vendent chers et sophistiqués. Enfin, les Russes ne sont pas adhérents à la convention de l’OCDE qui prohibe la corruption.
    Comment fonctionne la domination américaine ?
    Pour les Etats-Unis, les ventes d’armes sont un élément primordial de la politique extérieure. Par exemple, ils vendent pour 1,3 milliards de dollars d’armement par an à l’Egypte, mais les égyptiens ne les paient pas, c’est une aide. Pareil pour Israël. C’est une vraie force diplomatico-industrielle. Quand les Français ratent la vente du Rafale au Maroc, c’est parce les Américains mettent le paquet du point de vue politique. Sur le Sahara occidental… notamment.
    Le deuxième élément pour les Américains, c’est de pouvoir titrer des prix bien meilleurs : le F16, ils en ont vendu 4000, le Rafale lui a été acheté à quelques dizaines d’exemplaires par l’armée française. L’effet d’échelle ça compte. Lorsqu’ils sont en compétition contre les Français, les Américains disent « Si vous choisissez les Français, oubliez notre appui et notre solidarité ». Plus de liaisons radio, plus d’appuis… ce sont sur des critères comme ça qu’ils gagnent. La qualité est équivalente, mais l’achat d’armes américaines comporte aussi le soutien politique.
    Quelle place occupe les Israéliens, qui figurent parmi les premiers vendeurs dans le monde ?
    Les Israéliens sont très présents sur le premier marché du monde qu’est aujourd’hui l’Inde, ils talonnent les Français. Ils vendent des armes particulières : des systèmes électroniques et de missiles, parmi les meilleurs au monde. Mais ils n’adhéraient pas à la convention de l’OCDE, jusqu’à une date récente. Ils arrivent aussi que les Américains vendent des matériels incluant des armes israéliennes. Enfin, les mauvaises langues prétendent que les Israéliens sont des sous-traitants de la corruption des Américains. Mais il n’y a pas eu d’affaire judiciaire permettant d’étayer cette hypothèse.
    Vous expliquez que la corruption joue un rôle de « garantie » dans ces transactions ?
    C’est un effet étonnant. Quand un vendeur livre ses commandes d’armes, voici comment ça se passe sur le plan financier : l’acheteur règle un acompte à la commande, de 20 à 30%, puis il livre le matériel avec des échéances. Or, les pots de vin sont liés au règlement des factures. Comme cela concerne les décideurs au plus haut niveau, cela rend le paiement des échéances régulier et garanti. Cela ne va pas contre le bon fonctionnement des pratiques commerciales.
    Maintenant, à titre personnel, je trouve que la corruption est un facteur tragique d’aggravation de la pauvreté dans les pays du Sud. Le pays acheteur paie 10 à 20% en plus du prix de façade. Cela ne veut pas dire qu’elle peut être éradiquée. Il faut continuer faire pression par toute sorte de dispositif.
    Qui a vraiment le pouvoir : les acheteurs ou les vendeurs ?
    Le commerce des armes est un marché monopsone : un acheteur se voit proposer de la marchandise par plusieurs vendeurs. Dans ce cas, l’acheteur est le chef de l’Etat. Cela vaut pour les armes, comme pour toutes les technologies de souveraineté : l’énergie nucléaire, l’aéronautique, les hydrocarbures, les télécoms, la télédiffusion… c’est sur ces marchés que l’on voit les cas les plus flagrants de corruption.
    Sur l’affaire de Karachi, vous rappelez que François Léotard, ministre de la Défense au moment de la signature du contrat Agosta, est intervenu sur plusieurs marchés au même moment…
     
    Dès 2002, après l’attentat de Karachi qui a fait 14 morts, j’ai écrit qu’il y avait des rumeurs de pots de vin sur le contrat Agosta. On le disait dans les milieux militaires et de l’armement à propos de responsables politiques français et que cela atteignait des proportions inadmissibles. J’entendais cela sur plusieurs marchés : les sous-marins Agosta au Pakistan, les drones en Israël, le contrat Sawari 2 de vente de Frégates à l’Arabie Saoudite… sans que mes sources ne donnent d’éléments précis.
    Sur cette affaire des sous-marins Agosta, il y a eu un premier versement de pots de vin, de 6%, relativement clair. C’étaient des frais commerciaux extérieurs classiques pour arroser la partie pakistanaise. Ce qui est étonnant, ce sont les 4% suivants avec l’intervention de Ziad Takkiedine, un intermédiaire arrivant par Renaud Donnedieu de Vabres [Ndlr : conseiller au cabinet du ministre de la Défense, François Léotard], soi-disant pour payer des Pakistanais… En réalité, pourquoi ? Selon toute vraisemblance, pour générer des rétro-commissions. A qui ont-elles été destinées ? Elles sont passées par Takkiedine, le réseau K, mais ensuite, dans quelles poches ont-elles finies ? C’est la justice qui permettra de le déterminer. Il y a des destinataires politiques français, c’est certain. Quand le président Chirac fait couper les dernières échéances des versements de commissions après son élection en 1995, on voudrait savoir combien il restait de rétro-commissions à distribuer, ce qu’il était advenu des sommes déjà versées au réseau K, et à qui tous ces juteux paquets d’argent étaient destinés.
    Ce contrat Agosta a généré des pertes équivalentes aux pertes générées par des pots de vin. C’est un vrai problème. En revanche, pour ce que j’en sais, je ne pense pas qu’il y ait une relation entre l’attentat de Karachi et le versement des pots de vin.
    L’Elysée a mis au point une « war room » pour mieux vendre à l’étranger. C’est quoi cette war room ?
    C’est une salle d’état-major. L’idée est bonne : en 2007, constatant que tout foire, après l’échec de la vente du Rafale au Maroc, Nicolas Sarkozy décide de changer de méthode. Tout le monde tire dans des sens différents, entre la DGA, les industriels, le ministère de la Défense… il y a 3 ou 4 voix différentes. Le président dit : « On va fédérer tout ça, pour les faire parler d’une seule voix ». Comme observateur, je trouve que c’est une bonne idée, conforme d’ailleurs à ce qui se fait dans d’autres pays, à la Maison Blanche, en Grande-Bretagne ou en Allemagne. Sauf que… patatras, depuis que cette war room existe, il y a eu beaucoup d’échecs.
    Pourquoi ?
    L’exemple le plus intéressant, c’est l’échec des centrales nucléaires aux Emirats. On a proposé un produit que les Emiratis ne voulaient pas, dès le départ.
    Qui composent cette war room ?
    Le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, le chef de l’état-major particulier, le conseiller diplomatique, Jean-David Levitte, les spécialistes de chaque zone de la cellule diplomatique, les services de l’Etat (les finances, la défense…) et les industriels. Avec une centaine de dossiers en cours à gérer.
    Les conflits actuels ont-ils une incidence sur le marché de l’armement ?
    C’est marginal. L’Irak n’a pas d’argent pour payer des armes. L’Afghanistan non plus. Les armes achetées par la France ou d’autres pays intervenant sur ces terrains sont marginales. Ces conflits sont significatifs sur le plan stratégique, mais pas sur les marchés d’armement.
    OWNI, 10/02/2011