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  • Addi Ou Bihi ou la révolte berbère

    L’armée d’Addi Oubihi
    Quelques mois après l’indépendance, ce berbère du Tafilalet, serviteur agité du protectorat francais, peut-être manipulé par la monarchie, prend les armes contre le gouvernement de l’Istiqlal. Récit.

    Par Souleiman Bencheikh

    A l’automne 1956, le Maroc a déjà fini de fêter son indépendance. La lutte pour le pouvoir a pris le pas sur l’union sacrée des forces vives de la nation. Si Mohammed Ben Youssef, qui prendra officiellement le titre de roi en août 1957, est revenu de son exil à Madagascar auréolé de prestige, c’est l’Istiqlal qui tient encore le Maroc.  Le parti d’Ahmed Balafrej et Allal El Fassi (qui retourne de son exil cairote en mars 1956) quadrille en effet le pays et remplit le vide laissé par le départ de l’administration francaise. Dans les faits, l’Istiqlal partage le pouvoir avec la monarchie. Les autres partis, organisés ou non, comme le PDI et le futur Mouvement populaire ont peur que les partisans de Ben Barka – El Fassi établissent une dictature en marginalisant le Roi ou même en le faisant abdiquer comme cela est arrivé dans d’autres pays arabes. On oublie ainsi souvent que l’Istiqlal et la monarchie ne sont pas les seuls acteurs de l’histoire tourmentée de notre indépendance. Maâti Monjib écrit ainsi dans La monarchie marocaine et la lutte pour le pouvoir (L’Harmattan, 1992),  que « l’affaire Addi Ou Bihi met en lumière l’attitude d’un tiers actif – mais à peine perceptible – sur la scène politique marocaine. Un tiers qui se fixe comme objectif d’empêcher l’Istiqlal de s’établir au pouvoir et donner ainsi la preuve qu’il est capable de faire régner l’ordre et la stabilité. Ce tiers mystérieux n’est autre que la France, ou plutôt une certaine France qui digère mal « l’abandon du Maroc » aux mains des « tueurs de l’Istiqlal » ».

    Le seigneur du Tafilalet
     
    Addi Ou Bihi est l’un de ces « nobles » berbères dont le pouvoir est désormais menacé, sur leurs propres terres, par l’effort centralisateur de l’Istiqlal. Grands propriétaires terriens ou grands éleveurs « régnant » sur l’Atlas depuis des siècles, ils craignent de se voir un jour dépouillés de leurs richesses par l’Istiqlal qui prône justement une vaste réforme agraire. Aux « bourgeois anti-francais » de Fès s’oppose ainsi une élite berbère que le protectorat avait déjà tenté d’apprivoiser. Car il n’y a pas eu que le Dahir berbère de 1930 : les autorités francaises ont également fait le pari d’une politique des grands caids. Dans les années 1940, Addi Ou Bihi est ainsi un caid puissant qui administre une immense région s’étallant sur une partie du Haut Atlas, jusqu’aux confins du désert, en plein « Maroc inutile ». Autant dire que le protectorat lui laisse une complète liberté de manœuvre.

    Mais à la fin des années 1940, les choses commencent à se corser pour l’impétueux Addi Ou Bihi. Ses relations avec les autorités du protectorat ne tardent pas à se détériorer. Il accepte mal la division de son territoire en quatre caidats et encore moins l’octroi à ses trois nouveaux collègues de la Légion d’Honneur que lui seul devait recevoir. Pour Ali Sékou Ouilani, qui a vécu ces événements et rapporte l’anecdote suivante, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : « La veille de la cérémonie de remise des médailles Addi ou Bihi a appelé son berger et lui a demandé de lui ramener pour le lendemain à la première heure le plus poilu de ses chiens. Le jour dit, il a attendu que le commandant francais soit en face de lui pour passer au cou du chien le cordon de la Légion d’Honneur ». Addi Ou Bihi est évidemment démis de ses fonctions de caid, et est même interné quelque temps à l’hôpital psychiatrique de Berrechid.

    Pourtant, à quelque chose malheur est bon : cette brouille avec les autorités francaises et l’internement qui a suivi ont peut-être évité à Addi Ou Bihi de figurer parmi les signataires du document demandant la destitution et la déportation de Mohammed Ben Youssef. Addi Ou Bihi est ainsi l’un des rares caids du protectorat à avoir refusé de soutenir le sultan fantoche Mohammed Ben Arafa. Du coup, l’indépendance acquise, c’est presque en récompense et comme pour réparer une erreur, qu’il est nommé gouverneur du Tafilalet par Mohammed V.

    La révolte d’un féodal
     
    Au départ, les relations d’Addi Ou Bihi avec le pouvoir central du Maroc nouvellement indépendant sont plus que cordiales. Le ministère de l’Intérieur est occupé par l’un de ses proches, Lahcen Lyoussi, lui aussi berbère et originaire du Tafilalet. Mais le limogeage de Lyoussi et son remplacement par l’istiqlalien Driss M’hammedi changent la donne : « Addi n’accepte plus de recevoir aucun ordre de personne ; au Tafilalet, il est chez lui et n’entend pas voir son pouvoir amoindri par les missives d’un ministre de Rabat qui est, péché suprême, membre de l’Istiqlal », écrit Maâti Monjib. Dès lors, Addi Ou Bihi se retranche dans sa province et y instaure un ordre anti-istiqlalien en emprisonnant les membres du parti d’Allal El Fassi présents dans la région.

    La tension monte encore d’un cran à la fin de l’année 1956. Lyoussi, le ministre déchu, organise des rassemblements anti-istiqlaliens dans le Moyen Atlas. Encouragé par ce dernier et rassuré par la présence de dirigeants du Parti pour la démocratie et l’indépendance (PDI, rival de l’Istiqlal), Addi Ou Bihi franchit le rubicon et décide de boycotter Rabat. Il dresse des barrages sur les routes menant à son fief et arrête même le juge et le commissaire de police : pour lui, ces deux personnalités n’ont aucune raison d’être dans le Tafilalet puisqu’il peut se charger tout seul de l’ordre de la province.

    En fait, explique Maâti Monjib, « la rébellion d’Addi, qui éclate au grand jour en janvier 1957, n’est qu’une partie d’un plan d’insurrection anti-Istiqlal mis au point par l’ex-ministre de l’Intérieur Lyoussi et soutenu par le Commandement supérieur des forces militaires francaises stationnées au Maroc ». Car c’est bien l’armée francaise qui fournit aux rebelles armes et munitions. Le général Divary, commandant des troupes francaises stationnées dans la région de Fès, participe même aux rassemblements anti-istiqlaliens organisés par Lyoussi. D’ailleurs, lors de son procès, Addi Ou Bihi reconnaîtra avoir eu plusieurs entretiens avec Divary.

    La fin d’un caid
     
    La révolte régionaliste d’Addi Ou Bihi, qui trouve son origine autant dans le Maroc précolonial divisé en bled siba et bled Makhzen que dans la politique du protectorat, fait long feu. Ignace Dalle, auteur des Trois rois, la monarchie marocaine de l’indépendance à nos jours (Fayard, 2004), écrit : « Lâché par des troupes excédées par ses méthodes brutales, la révolte d’Addi Ou Bihi tourne court. En 48 heures, les Forces armées royales, commandées par Moulay Hassan, mettent fin à la rébellion. Dans les principaux centres du Tafilalet, les Berbères viennent acclamer le prince, qu’accompagnent les ministres de la Défense, Mohammed Zeghari et de l’Intérieur Driss M’hammedi, le ministre de l’Information, Ahmed Reda Guédira, ainsi que Lahcen Lyoussi et le directeur général de la Sûreté, Mohammed Laghzaoui ».

    Le rôle qu’a joué la monarchie dans la révolte d’Addi Ou Bihi est justement plus qu’ambigu. Sans doute ni Mohammed V ni le prince héritier n’ont-ils ouvertement appuyé la sédition d’Addi. Il n’empêche que les événements profitent à la monarchie qui voit là l’occasion de rappeler qu’elle est le seul ciment national et le seul pouvoir légitime, à même de rétablir l’ordre. D’ailleurs, une fois roi, Hassan II semble garder un souvenir plutôt positif d’Addi Ou Bihi. Dans Le défi, il écrit ainsi : « Addi Ou Bihi était un vieux et brave baroudeur, rusé et retors, que les Français avaient arrêté et déporté. Les prétentions et exactions d’une tendance extrémiste de l’Istiqlal l’avaient exaspéré. Il s’était révolté, devait-il m’affirmer, pour que l’autorité royale fût respectée ».

    Vaincu, Addi Ou Bihi est jugé et condamné. Il mourra en prison quelques années plus tard. Certains de ses partisans affirment encore qu’il a été empoisonné mais, selon toute vraisemblance, ses conditions de détention auraient été plutôt « agréables ». L’échec de la révolte d’Addi Ou Bihi clôt finalement le chapitre des seigneurs féodaux et annonce l’avènement d’un Maroc centralisé et moderne. Le colonel Belarbi qui prend la relève d’Addi Ou Bihi après son arrestation a d’ailleurs conscience du nouveau chapitre qui s’ouvre. Dans son discours aux chefs de tribus et aux notables de la région présents lors de la cérémonie de prise de fonction, il affirme : « Comprenez messieurs que le temps des fusils que vous connaissez est révolu. Le fusil de notre temps est le stylo ! ». La page des seigneurs féodaux est donc tournée, place désormais aux intellectuels bourgeois de l’Istiqlal !
  • CODAPSO : Rapport sur la situation des prisonniers sahraouis dans les géoles marocaines

    Le Codapso, Comité de Defensa del Derecho de Autodeterminacion del Pueblo del Sahara Occidental,vient de sortir son nouveau rapport sur la situation des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines.
     » La situation des prisonniers politiques sahraouis dans  la prison noire de El Aaiun / Sahara Occidental comme dans la prison locale de Salé / Maroc, est une situation catastrophique, inquiétante, et qui nécessite une réaction internationale urgente. Notamment car ils sont exposés aux mains des gardiens des deux centres pénitenciers». Voici le contenu du rapport :

    El Aaiun : le 18 Janvier 2011,
    La situation des détenues politiques Sahraouis dans la prison noir de El Aaiun / Sahara Occidental comme dans la prison locale de Salé / Maroc, est une situation catastrophique, inquiétante, et qui nécessite une réaction internationale urgente. Notamment en ce qu’ils sont exposés quotidiennement aux mains des gardiens des deux centres pénitenciers.

    La plupart des sahraouis détenus ont déclaré leur vulnérabilité à diverses formes de torture, le viol et les traitements dégradants et atteinte à la dignité de l’homme par la police pendant leurs détention provisoire dans les centres d’interrogation à El Aaiun d’une part, et par la politique raciste et systématique de l’administration général du département des prisons et de réinsertion marocaine d’autre part selon le témoignage de deux avocats de la défense Maitres : Rguibi Lahbib et Bazaid Lehmad après leurs visite au prisonniers dans la prison locale de Salé, et dans lequel ils ont divulgués que sept (7)prisonniers sahraouis ont été soumis à la torture, le viol et les mauvais traitements, et qui sont messieurs :
    1- Hassan Dah : 23 ans, ex détenue politique : Brutalement torturé, violé par matraque introduits dans l’anus par la police marocaine dans la ville d’El Aaiun.

    2- Mohamed bachir boutenguiza : 37 ans, ex prisonnier politique, brutalement torturé, et violer par une barre de fer introduits dans l’anus par la police, et qu’il souffre d’une hémorragie massive dont ses effets jusqu’à présent, selon son avocat et sa famille.
    3- Daich Daf : 32 ans, père d’un enfant et membre du Comité de dialogue du camp Gdeim Izik : Brutalement torturé, violé par matraque introduits dans l’anus par la police marocaine dans la ville d’El Aaiun.
    4- Abdallahi toubali : 30 ans, membre du Comité de dialogue du camp Gdeim Izik : Brutalement torturé, violé par matraque introduits dans l’anus par la police marocaine dans la ville d’El Aaiun.
    5- Houssein Zawi : 36 ans, membre du Comité de dialogue du camp Gdeim Izik : Brutalement torturé, violé par matraque introduits dans l’anus par la police marocaine dans la ville d’El Aaiun.
    6- Mohamed Ayoubi : 55 ans, il souffre des troubles psychiques: Brutalement torturé, violé par matraque introduits dans l’anus par les services sécuritaires marocaine lors du démantèlement du Camp dans la ville d’El Aaiun.
    7- Abdallahi Lekhfawni : 37ans : membre coopérateur du comité du dialogue du Gdeim Izik, Brutalement torturé, violé par matraque introduits dans l’anus par les services sécuritaires marocaine.
    Et c’est le cas pour les autres prisonniers politiques sahraouis dans le même établissement pénitencier qui ont été soumis à la torture physique et psychique et non le viol, dont il y’as encore 13 détenues sahraouis politiques dont les noms :
    8- Asfari Naama : 40 ans activistes sahraoui des droits de l’homme, et ex prisonnier de conscience à plusieurs reprises.
    9- Mohamed Bouryal : 40 ans, membre du comité du dialogue.
    10-Mohamed Bani : 41 ans.
    11-Sidi Abderahman Zayou : 37ans.
    12-Ahmed Sbai : 39 ans, ex détenue politique et activiste sahraoui des droits de l’homme.
    13-Sidi Abdallah Abhah : 35 ans.
    14-Abdel jalil Laaroussi : 32 ans.

    15-Mohamed Tahlil : 29 ans ; ex détenue politique et activiste sahraoui des droits humain.
    16-Mohamed Lamine Hadi : 26 ans, activiste sahraoui des droits humain.
    17-Taki Machdoufi : 25 ans.
    18-Bachir Khada : 24 ans, activiste sahraoui des droits de l’homme.
    19-Cheikh Banga : 21 ans, activiste sahraoui des droits de l’homme.
    20-Lemjayed Sidahmed : Activiste sahraoui des droits de l’homme.
    D’autres prisonniers politiques souffrent du même traitement, le traitement dégradant de la vie humaine, la torture de toute sorte, l’humiliation, ainsi que d’autre formes du traitement inhumain, dont ils souffrent plus de 130 détenues sahraouis dans la prison noir de El Aaiun(tous arrêtés après les évènements du 8 novembre, et après le démantèlement du camp de Gdeim Izik, dont six (6) femmes (deux ont été relâchés le 12 janvier 2011, Mme. Fatimato Sabi 44ans, et Mme. Zahra Lansari 40 ans).
    Selon le témoignage de plusieurs familles pour le Codapso, elles ont tous confirmés que leurs proches sont mal traiter, et que leurs situation est extrêmement désastreuse et très inquiétante dont plusieurs souffrent des maladies chroniques causés par la torture dans les centres d’interrogations et aussi à cause de l’administration pénitencier sous la direction du directeur Mr. Abdel-ilah Zanfouri (fameux tortionnaire et ex directeur du couloir de la mort dans la prison central de Kenitra / Maroc).
    Non seulement les prisonnier qui souffrent mais aussi leurs familles lors des visites à leurs proches, car eux aussi souffrent du mal traitement autant que visiteurs par les gardiens de cette horrible prison.
    Ce traitement inhumain qui est contre les lois et les conventions internationales, et même contre l’ensemble de règles minima pour le traitement des détenus, dont les articles indiquent :
    Article 6. Chapitre 1 : les règles suivantes s’appliquent de manière impartiale et ne peut y avoir aucune discrimination de race, de couleur, de sexe, de religion, d’opinion politique ou toute autre opinion, l’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou autre statut.
    Article 17, chapitre 1 : Tout détenu n’est pas autorisé à porter des vêtements spéciaux doivent être fournis avec des vêtements adaptés au climat et suffisant pour maintenir la santé. Ne doit en aucune façon que ces vêtements sont dégradants ou humiliants.
    Article 35, Chapitre 1 : fournir à chaque détenu, à l’entrée de la prison, des informations écrites concernant la réglementation applicable à sa catégorie de prisonniers, et sur les règles de la discipline dans la prison, et autorisé des méthodes pour obtenir des renseignements et formuler des plaintes, et sur toutes autres questions qui lui sont nécessaires pour lui permettre de connaître ses droits et devoirs des deux, et s’ajuster en fonction de la prison à vie.
    Article 37 : Les détenus doivent être autorisés, sous la supervision nécessaires pour communiquer avec leur famille et les amies confiances, à intervalles réguliers, par correspondance qu’en recevant des visites semblables.
    Article : 39. Doit être mis à la disposition des prisonniers, continuent à voir régulièrement sur le cours des événements d’intérêt dans les journaux quotidiens ou publications périodiques ou spéciaux délivrés par l’administration pénitentiaire ou à écouter des stations de radio ou de conférences, ou tout autre moyen similaire permises par le département, ou être soumis à la surveillance.
    Et même selon la déclaration universelle des droits de l’homme qui explique bien les droits des individus :
    Article 2 : Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
    De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
    Article 3 : Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
    Article 5 : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
    Article 6 : Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
    Article 7 : Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
    Article 8 : Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.
    Article 9 : Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
    Article 10 : Toute personne à droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
    Article 11 : Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d’après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l’acte délictueux a été commis.

    Article 12 : Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
    Bien que le Codapso lance son appel urgent pour :
    1- Ouvrir une enquête sur la torture, les actes de viole, et les traitements inhumains commis par les autorités marocaines contre les détenus  politiques sahraouis.
    2- Appel aux organisations internationales des droits de l’homme pour dénoncer les mauvais traitements des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines.
    3- Faire pression sur le Maroc afin de respecter les droits de l’homme au Sahara Occidental / Zone sous control du Maroc.
    4- L’application des résolutions de la légitimité internationale, afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.
    5- La condamnation des restrictions systématiques contre les militants, ainsi que les citoyens sahraouis.
    6- La solidarité absolue avec les détenues de conscience Sahraouis.
    7- Notre appel à la communauté internationale pour élargir les pouvoirs du MINURSO dans la surveillance des droits de l’homme.

    Liste des détenus politiques sahraouis dans la prison noir de El Aaiun /Sahara Occidental :
    Avant le 08 Novembre 2010:
    1 – Bachri Ben Taleb.
    2 – Cheikh Amidane.
    3 – Alaoui Sidi Mohamed laghdaf.
    4 – Alaoui Salek.
    5 – Hammadi Hemdaity.
    6 – Ahmed Daoudi .
    7 – ELGARHI Zubair.
    Après le 8 Novembre 2010 :

    des femmes détenues dans cette prison :
    01-Fatimatou Sabi (relâchée le 12/01/2011).
    02 – Ansari zahra (relâchée le 12/01/2011).
    03 – Hayat Rguibi.
    04 – Nguiya Hawassi.
    05- Jouda Oum Al fadli.
    06- Lalla Khaidouma (ghaliya) Joumani.
    Noms complet des autres prisonniers politiques :
    1 – Aberkan
    Mohammed Mahfod.
    2. – Yaya Bachir.
    3. – Mowahad Khatari.
    4. – Mohammed Salem Lemrabet.
    5. – Rguibi Lkadi.
    6. – Salek Bouchana.
    7. – Abid Mohammed.
    8. – Ahmed Daddah .
    9. – Rguibi
    Mohammed Zein.
    10. – Naji Ahmed.
    11. – Salami Ali Baiba.
    12. – Sami Solh Abdeslam.
    13. – Hmaimid Hammadi.
    14. – Jamal boufarra.
    15. – Berkouz Habib.
    16. – Aamar Abderahman.
    17. – Din Mohamed Lamine.
    18. – Hamoud Lili.
    19. – Marzouk Mohamed Lamine.
    20. – Bab Allah Yaakoub.
    21. – Kaihal Mohamed.
    22. – Assri Salama.
    23. – Rachdi Ahmed.
    24. – Tchiti Moulay Ahmed.
    25. – Helmi Issam.
    26. – Dah Mohammed Embarak.
    27. – Tawazon Salem.
    28. – Hamad Hussein.
    29. – Assri Hussein.
    30. – Mohammed Marhome.
    31. – Ahmed Babaite.
    32. – Salama Amidane.
    33. – Lebaihi Mohamed.
    34. – Ali Salem Ddorachad.
    35. – Louchaa Maa.
    36. – Bartaa Abdallah.
    37. – Jafari Ahmad Fal .
    38. – Borhimi Mahmoud.
    39. – Ajwad Kaziza.
    40. – Toumi Ahmed.
    41. – Hanin Mustapha .
    42. – Tolba Saad bouh.
    43. – Laabidi Salek.
    44. – Nourdine Wjaje.
    45. – Abd elhay Nassri.
    46. – Brahim Raha.
    47. – Ahrayem Ahmed.
    48. – Aharayem Mahmoud.
    49. – Ahrarayem Mahamed Fadel.
    50. – Lamaaiti Omar.
    51. – Hussein Al Miri.
    52. -Lehkmaich Houssein.
    53. – Bakai Firassa.
    54. – Sami Solh Ibrahim.
    55. – Tanji Ahmed.
    56. – Rahali Bechraya.
    57. – Lekhlifi Dahman.
    58. – Azergui Mehdi .
    59. – Ahmed Moussaoui .
    60. – Saadi Hamma.
    61. – Saadi Bassiri.
    62. – Lekhlifi sidi Brahim.
    63. – Limam Hadi.
    64. – Sahel Legazel.
    65. -Mohamed Salem Sidamar.
    66. – Lehbib Dah.
    67. – Salek Lamaadal.
    68. – Bashir Braik.
    69. – Sidi Ahmed Belmaki.
    70. – Zein Ibrahim al-Khalil.
    71. – Mustafa Rami.
    72. – Salek Daoudi.
    73. – Tariq Dakhil.
    74. -Aliyen Toubali.
    75. – Sidi Mohamed Haiba.
    76. – Ismail Amouri .
    77. – Said Daali.
    78. – Hussein Hamdan.
    79. – Ramadan Cbik.
    80. – Mohammed Almzarid.
    81. – Mustafa Barbare.
    82. – Moulod Alaoui.
    83. – Lekwara Ahmed.
    84. – Mohamed Ali Lekwara
    85. – Sidi Mbarek Chakoul.
    86. -Bchairna maalainin.
    87. – Dimani Najem.
    88. – Mohammed Boaz.
    89. – M’Hamed Laakik.
    90. – Jamal Bouaida.
    91. – Babait Sidi Brahim.
    92. – Hassan Banha.
    93. – Hamdan Ibrahim.
    94. – Ibrahim al-Ismaili.
    95. – Baiba Khaddad.
    96. – Indore Omar.
    97. – Hussein Dada.
    98. – Mohamed Salem Al Busaidi.
    99. – Hammad Ahl Zayaar.
    100. – Mohamed Embarek Lafkir.
    101 – Imad Nrajah.
    102 – Lkhair Hicham.
    103 – Abd al-Wahhab Maiofe.
    104 – Ali Lmir.
    105 – Ali Krayfa.
    106 – Bechraya Najem.
    107 – Sayf Din Samman.
    108- Boujemaa bougharioun.
    109 – Kadlouli Laroussi.
    110 – Naji Mohammad.
    111 – Mohammad Ali Sid Zein.
    112 – Mrayzigue Khatar.
    113 – Yahdih Lebaihi.
    114 – Hussein Ndour.
    115 – Lbrasse Mustafa.
    116 – Gali Mrabih.
    117 – Ghailani Salem.
    118 – Bouderbala Hanafi.
    119 – Sidati Mohammed Hammadi.
    Comme nous signalons qu’il y’as encore d’autres prisonniers ……………..
    Liste des prisonniers politiques sahraouis incarcérés dans la prison
    locale de Salé au Maroc :
    1 – Asfari Naama.
    2 – Ahmad Sbaai.
    3 – Khfaoni Abdallahy.
    4 – Zayou Sidi Abdel Rahman.
    5 – Toubali Abdullah.
    6 – Hussein Zaoui.
    7 – Mohamed Bouriale.
    8 – Daich Dafe.
    9 – Cheikh Bangua.
    10 – Abdul Jalil Mraimade.
    11 – Bani Mohammed.
    12 – Tahlil Mohammed.
    13 – Hassan Dah.
    14 – Khada Bashir.
    15 – Taki Machdoufi.
    16 – Mohammed Bashir Boutenguiza.
    17 – Sidi Abdellah Abhah.
    18 – Mohamed Lamine Hadi.
    19 – Mohammed Al Ayoubi .
    20- Lemjayed Sidahmed.
    Par le Comité Sahraoui de la défense du droit à l’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental.
    CODAPSO.

  • 11-M : sept ans après, Rabat toujours pointé du doigt

    Sept ans après les attentats de Madrid du 11 mars 2004, appelé le 11-M, qui ont fait 200 morts et plus de 2000 blessés, la société espagnole n’est pas convaincu par la version officielle du gouvernement de la Moncloa et se pose de questions sur le véritable auteur intellectuel de cet acte terroriste commis par une équipe composée entièrement de ressortissants marocains. La soumission du gouvernement socialiste de Rodriguez Zapatero dans la question du Sahara Occidental et face aux provocations dans les frontières de CEuta et Melilla contribuent à faire que l’opinion publique espagnole pense inévitablement au 11-M.

    Résumé des arguments de la presse espagnole :

    – L’auteur matériel des attentats inculpé par le tribunal espagnol, Mohamed Belhadj qui avait fui au Maroc a été condamné par la justice marocaine à 8 ans de réclusion pour « constitution de bande criminelle, préparation et exécution d’actes terroristes et atteinte grave contre l’ordre publique ». Une peine très légère alors qu’il devait être extradé vers l’Espagne pour répondre de ses actes. Madrid vient d’extrader Mohamed Aarrass, citoyen belgo-marocain recherché au Maroc.

    – Les contacts de Zapatero avec le roi Mohamed VI qui ont commencé le 18 décembre 2001, lorsqu’il était encore chef de l’opposition. En pleine tourmente entre Madrid et Rabat et faisant fi des advertissements du gouvernement du PP, celui qui était à l’époque Secrétaire Général du PSOE, s’est rendu à Rabat au milieu d’une crise où Rabat avait retiré son ambassadeur.

    – Le 18/11/10, Luis del Pino écrit dans Libertad Digital que lorsque la police espagnole avait encerclé un appartement à Leganés le 03/04/04, où s’étaient réfugiés les responsables supposés de l’attentat du 11-M, l’ambassadeur de l’époque de l’Espagne au Maroc, Fernando Arias-Salgado, a appelé le ministre marocain des Affaires Etrangères, Mohamed Benaissa, et  lui a informé que les responsables présumés de 11-M, étaient encerclés. « Maintenant nous pourrons savoir qui est l’auteur intellectuel du 11-M », a dit l’ambassadeur espagnol, à ce que Benaissa a répondu : « Oui, oui. Et il y aura beaucoup de surprises ». Quand Zapatero a pris possession de son poste comme président de gouvernement, l’une de ses premières décisions, en plus du retrait des troupes espagnoles de l’Irak, a été la destitution de l’ambassadeur d’Espagne au Maroc.

    – Le 14/01/05, le Conseil des Ministres a accordé le Collier de l’Ordre de Carlos III au roi du Maroc, la plus haute distinction civile que le gouvernement espagnol peut octroyer à une personne, par les mérites contractés au bénéfice de l’Espagne ou de la Couronne; quinze Grandes Croix de l’Ordre d’Isabelle la Catholique – paradoxalement, la reine qui a expulsé les morisques – parmi lesquels on a inclus le chef de l’espionnage marocain, Hmidu Laanigri, qui a laissé en liberté un des auteurs présumés du 11-M et n’a pas collaboré dans l’enquête espagnole.

    – Jose Maria Aznar, désigné comme vainqueur des élections de 2004 pour la troisième fois par les sondages, était considéré l’ennemi commun de Zapatero et Mohamed VI. L’épisode de l’îlot de Persil était considéré comme un coup dur pour la couronne alaouite.

    Si après l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh par un jeune rifain, d’origine amazigh, de Midar, certains responsable du Gouvernement hollandais n’ont pas hésité à pointer du doigt directement les autorités marocaines, après les attentats meurtriers de 11 mars a Madrid, beaucoup de journalistes et une grande partie de la société espagnole impliquent les services secrets marocains. En effet, la majorité de ces islamistes violents qui ont exécuté ces actes ignobles, à côté de certains impliqués dans le 11 septembre tels El Moussaoui et El Mossadeq, sont effectivement tous des marocains. Trois ressortissants marocains ont été dernièrement extradés par le Sénégal vers le Maroc. Les autorités marocains prétendent qu’ils voulaient rejoindre al-Qaida en Somalie pour cacher leur véritable destinations : les troupes de Droukdel dans le désert du Mali.

    Le Maroc est une véritable machine de production et d’exportation de terroristes. Il suffit de prendre connaissance du nombre de Marocains impliqués dans les opérations terroristes en Europe, notamment en Espagne, pour se convaincre de la gravité du fléau chez nos voisins du Nord. Plusiers croupissent dans les prisons européennes pour implications dans des attentats ou appartenance aux cellules de collecte d’argent pour la nébuleuse de Ben Laden. Pour les espagnols, les sujets du roi Mohamed VI ont fait en un jour ce que l’ETA n’a pas pu faire en plus de 50 ans : plus de 200 morts et 2000 de blessés.

    Les sujets de Mohamed VI se trouvent aussi derrière l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan et des attentats en Irak.

  • L’Union pour la Méditerranée, entre espoir et désaveu

    Le 2ème sommet de l’Union pour la Méditerranée (UpM), prévue initialement en juin 2010, puis le 21 novembre 2010 dans la capitale catalane, Barcelone, a été une nouvelle fois annulé faute d’un consensus entre les participants sur les thèmes à traiter.

    Ce projet avait pourtant été lancé en grande pompe lors d’un premier sommet qui s’était déroulé à Paris le 13 juin 2008 à l’initiative de la France et de l’Égypte, réunissant les 43 États concernés, c’est-à-dire les 27 États de l’Union européenne ainsi que 16 États ayant pour frontière maritime la mer Méditerranée.

    A l’origine, l’Union pour la Méditerranée est un projet porté le candidat français Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007 et dont l’idée venait de son conseiller spécial Henri Guaino. Dans l’esprit des deux hommes, l’Union pour la Méditerranée se voulait le pendant de l’Union européenne au Sud de l’Europe. Cependant, cette idée a dès le départ essuyé des critiques de la part des pays du Nord de l’Union européenne qui craignaient d’être écartés des relations privilégiées qui se seraient établies entre les pays européens de la rive Nord de la Méditerranée et les pays tiers de la rive Sud de la Méditerranée. L’Allemagne, en particulier, s’est opposé fermement à la création de cet espace de coopération tel que prévu originellement par la France, n’y voyant là qu’une tentative française de concurrencer les échanges commerciaux privilégiés qu’elle entretient elle-même avec les pays de l’Est. Le projet fut donc modifié et intégré aux politiques de l’Union européenne en tant que prolongement du Processus de Barcelone.

    Pour rappel, le Processus de Barcelone ou Partenariat Euromed, est une initiative de l’Union européenne et de dix autres États riverains de la mer Méditerranée (l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Turquie et l’Autorité Palestinienne) datant de 1995. Ce processus visait un dialogue et une coopération entre l’Union européenne et les pays de la rive Sud de la Méditerranée.

    Dès sa naissance, l’Union pour la Méditerranée ne parvenait donc pas à lancer les bases d’une véritable zone de libre-échange, puisqu’elle ne devenait qu’un instrument de plus de la politique de voisinage de l’Union européenne. Pire, au sommet de Paris, les questions de droit de l’Homme furent laissées de côté, pour se concentrer sur des projets consensuels à vocation économique et écologique telle que la dépollution de la mer Méditerranée.

    Pourtant, les ambitions de départ étaient louables. La France comme l’Union européenne visent en effet des objectifs très vastes tant sur le plan économique que politique. En soutenant des réformes démocratiques sur la rive Sud de la Méditerranée, l’Europe souhaitent par exemple encourager le processus de paix au Moyen-Orient. Sur le plan économique, encourager les échanges commerciaux permettraient à l’Europe de réguler l’immigration clandestine. Il faut rappeler qu’à 14 kilomètres de distance via le détroit de Gibraltar, deux pays voisins, l’Espagne et le Maroc, ont des écarts de richesse qui varient de 1 à 10, ce qui expliquent des phénomènes migratoires Sud/Nord très importants. Par ailleurs, tant les pays du Nord que les pays du Sud auraient tout à gagner à encourager les échanges commerciaux lorsqu’on sait que la Méditerranée s’étend sur 2,5 millions de km² et que par le canal de Suez transite 30% du commerce mondial et 20% du trafic pétrolier.

    Il y a lieu alors de se demander pourquoi l’UpM semble avoir disparu des écrans radar, pourquoi l’on est aujourd’hui incapable d’organiser son 2ème sommet… Plus qu’au flou du projet de départ, et à ses ambitions revues à la baisse, l’UpM est en réalité freinée par de nombreux obstacles parmi lesquels le conflit israélo-arabe. En particulier, l’intervention d’Israël à Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 a fortement tendu les relations entre les membres de l’UpM, qui pour une très grande majorité des pays de la rive Sud sont des pays arabes. Pour preuve de l’importance de ce conflit dans l’avancement de l’UpM, c’est Barcelone qui fut retenue par défaut comme siège de l’organisation parce qu’aucun pays arabe ne souhaitait recevoir d’ambassadeur israélien sur son territoire, ce qui aurait signifié la reconnaissance implicite de l’Etat d’Israël. Et l’on pourrait multiplier ainsi les exemples…

    Par ailleurs, la région est soumise à un certain nombre de conflits qui ne favorisent pas le consensus, consensus nécessaire dans une telle organisation. Ces conflits sont aussi bien des tensions Nord/Sud qui n’ont pas été résolues depuis la décolonisation telles que les relations entre l’Algérie et la France, ou le Maroc et l’Espagne. Ce sont aussi des tensions Sud/Sud : la question du Sahara occidental fait par exemple encore aujourd’hui l’objet d’une divergence de vue entre le Maroc et l’Algérie, de même que la question Chypriote et la réunification de l’île ne sont toujours pas réglés du fait d’un désaccord entre la population grecque orthodoxe et la population turque musulmane.

    Pourtant, l’histoire a montré qu’un espace de coopération était possible en mer Méditerranée. Les Grecs n’avaient-ils pas réussi une certaine unification culturelle en colonisant déjà à l’époque les deux rives ? L’empire romain en avait même fait un espace unifié allant jusqu’à nommer la mer Méditerranée « Mare Nostrum ». Enfin, à la fin de l’empire romain, on observait même une unité religieuse : Saint-Augustin n’était-il pas un Nord-Africain ?

    A défaut de véritables accords politiques et économiques, il faut tout de même souligner des progrès dans les relations entre les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée. L’Union européenne progresse en effet dans ses relations bilatérales avec un certain nombre de pays : le Maroc a ainsi acquis un statut de partenaire particulier, la Turquie a entamé de longues négociations pour entrer dans l’Union européenne. Par ailleurs, l’UpM a permis de lancer malgré tout un certain nombre de projets structurels qui permettent de développer les pays de la rive Sud. Par son biais, l’UE assure un transfert de technologies aux pays du Sud et développe par la même occasion sa R et D en mettant en œuvre des projets liés au développement durable tels que l’énergie solaire.

    Tout en étant inquiet au regard de la situation actuelle, nous pouvons malgré tout dire que l’UpM reste un projet d’avenir à fort potentiel. Il faudra, pour véritablement le mettre sur orbite, relancer le dialogue Nord/Sud en clarifiant notamment la question des frontières de l’Union européenne, et surtout régler les conflits Sud/Sud qui sont latents dans la région.

    Sources :
    Wikipédia, l’encyclopédie libre
    Cours « Le Monde arabe » à Sciences po
    Cours « Questions internationales » à Sciences po
    SEAE UpM : http://www.eeas.europa.eu/euromed/index_fr.html
    Déclaration de Barcelone : http://europa.eu/legislation_summaries/external_relations/relations_with_third_countries/mediterranean_partner_countries/r15001_fr.htm
    Dossier spécial UpM Le Figaro : http://recherche.lefigaro.fr/recherche/recherche.php?ecrivez=union+pour+la+mediterran%E9e&go=RECHERCHER&charset=iso&page=articles

    Par JS 

  • Il y a 50 ans était assassiné Patrice Lumumba, le «héros national» du Congo

    Il y a 50 ans jour pour jour, le 17 janvier 1961, que fut assassiné au Katanga à l’âge de 36 ans, Patrice Emery Lumumba, l’une des principales figures de l’indépendance de la République démocratique du Congo. Considéré au Congo comme le premier «héros national», Lumumba a été tué par des responsables katangais avec l’assentiment de la sûreté de Etat belge, puissance coloniale du Congo. 

    Autodidacte, il a lu plusieurs manuels d’histoire pour étudier plus en profondeur la Révolution française, l’histoire de Haïti, des États-Unis et de la Russie qui l’ont influencé dans sa vie et son parcours de militant au service de son peuple et de son pays.
    Il travaille comme employé de bureau dans une société minière de la province du Sud-Kivu jusqu’en 1945, puis comme journaliste à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) et Stanleyville (Kisangani), période pendant laquelle il a écrit dans divers journaux. En septembre 1954, il reçoit sa carte d’«immatriculé», réservée par l’administration coloniale belge à quelques éléments remarqués du pays (200 immatriculations sur les 13 millions d’habitants de l’époque). 
    Son travail dans la mine lui a fait découvrir que les matières premières de son pays jouent un rôle capital dans l’économie mondiale, et que l’administration coloniale cache aux Congolais ce potentiel présent dans les frontières. Il décide alors de militer pour un Congo uni, se distinguant des autres leaders indépendantistes.

    Son combat pour l’indépendance a connu son summum, en 1958 de retour d’un voyage en Belgique où il découvre le mauvais visage de son pays véhiculé par la force coloniale.
    Il décide alors de créer le Mouvement national congolais (MNC), à Léopoldville le 5 octobre de la même année et participe à ce titre à la conférence panafricaine d’Accra. C’est lors du compte rendu de cette conférence qu’il revendique l’indépendance du Congo devant plus de 10 000 personnes.

    Depuis, le leader politique était toujours confronté à la puissance coloniale belge. Il a été arrêté en octobre 1959, jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier pour être libéré cinq jours plus tard pour participer à une réunion regroupant les indépendantistes et l’administration coloniale qui s’est retrouvée face un front uni des représentants congolais et, à la surprise de ceux-ci, accorde immédiatement au Congo l’indépendance, qui est fixée au 30 juin 1960. Dans un discours prononcé lors de la cérémonie en présence du roi des belges, Lumumba entama son allocution par une salutation «aux Congolais et Congolaises, aux combattants de l’indépendance». 
    Le MNC et ses alliés remportent les élections organisées en mai et, le 23 juin 1960, Patrice Lumumba devient le premier ministre du Congo indépendant. Ses positions politiques contraires à ceux des autorités, ont fait de lui un indésirable au pouvoir. 
    Le 17 janvier 1961, Lumumba et ses compagnons, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont arrêtés et conduits à Elisabethville, au Katanga, et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire où ils seront ligotés et humiliés par les Belges Gat et Vercheure. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge.
    En 2003, le documentaire télévisé CIA guerres secrètes explique que Mobutu a fait dissoudre le corps de son rival dans l’acide, après l’avoir fait assassiner.
    Lumumba fut très regretté après sa mort par toute la communauté des pays non-alignés, y compris par un de ses bourreaux, le général Mobutu qui le consacra héros national en 1966. Le retour d’Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants fut considéré comme un événement national. Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.
    M. Zemmour
    Le Temps d’Algérie, 17/1/2011
  • Le modèle sud-soudanais inspire le Polisario

    Les dirigeants du Front Polisario ont qualifié le succès du référendum au Sud-Soudan de victoire pour les idéaux de la démocratie, de la justice et de «la paix basés sur la clarté et la transparente, et un échec de toutes les solutions contraires à la volonté des peuples et des principes du droit international». 

    C ette déclaration relatée dans un communiqué rendu public émane du bureau du secrétariat national (SN) du Front Polisario a été accompagnée de félicitations pour le gouvernement soudanais et le gouvernement du Sud-Soudan, et ce pour leur «engagement et leur plein respect des accords de Nivasha pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sud-Soudan». Il a également félicité le peuple du Sud-Soudan pour cette réalisation par laquelle ce peuple a exprimé librement et de façon civilisée, son avenir à travers un référendum démocratique et transparent. 

    De son côté, son secrétaire général, Mohamed Abdelaziz, a réitéré son appel pour prendre des «mesures concrètes» afin de faire «toute la lumière» sur le sort de plus de 600 disparus et la «libération immédiate de plus de 200 prisonniers politiques sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines». Cet appel a été adressé au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour lequel M. Abdelaziz rappelle que «les Sahraouis n’ont commis aucun délit à part d’avoir manifesté pacifiquement le droit de leur peuple à l’autodétermination et à l’indépendance». La lettre reprise par l’agence sahraouie SPS souligne également le souhait de Mohamed Abdelaziz de prendre «dans les plus brefs délais» les mesures nécessaires pour élucider le sort de tous les disparus après l’assaut meurtrier contre le camp de Gdaïm Izik et la ville occupée de Laâyoune, en plus de 651 disparus sahraouis entre civils et militaires aux mains du Maroc, ainsi que la libération de plus de 200 prisonniers politiques», a écrit le président Mohamed Abdelaziz.

    Le Front Polisario a par ailleurs appelé à la «levée de l’état de siège imposé sur le territoire depuis plus de trois décennies, l’envoi sans plus tarder d’une mission d’enquête sur les évènements de Gdeïm Izik et l’élargissant des pouvoirs de la MINURSO à la protection et la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental».
    Y. M.
    Le Jeune Indépendant, 18/1/2011
  • Wikileaks et les prédateurs de Mohamed VI

    Dans un article publié par El Pais le 2/12/2010, le journal espagnol résume le degré de corruption dévoilé par les câbles de Wikileaks sous le titre de « Les USA situent le Palais Royal dans le sommet de la corruption au Maroc ». Nous avons traduit cet article pour le plaisir des lecteurs :

    Les USA situent le palais royal dans le sommet de la corruption au Maroc

    Les diplomates américains décrivent des cas concrets où les conseillers de Mohamed VI exigent des commissions pour le développement de projets immobiliers

    « L’influence et les intérêts commerciaux du roi [Mohamed VI] et de certains de ses conseillers » sont palpables « dans chaque grand projet immobilier » au Maroc. Le conseiller commercial des États-Unis, assignés au Consulat nord-américain à Casablanca, est arrivé à cette conclusion, en décembre de l’année passée, après s’être réuni avec un grand entrepreneur et des exécutifs d’entreprises appartenant à la famille royale.

    Dans une note secrète du 11 décembre de l’année passée, le conseiller commercial donne les noms de ses informateurs et raconte avec tout le luxe de détails l’histoire d’un homme d’affaires qui, au compte d’une association américaine, voulait investir 220 millions de dollars (162 millions d’euros) dans un projet immobilier. El Pais s’abstient de reproduire les noms des sources et des entreprises citées pour éviter de les nuire.

    L’homme d’affaires a obtenu la permission de construire du gouverneur de la région où il voulait investir, mais peu de temps après, le Palais Royal « l’a fortement encouragé », à travers une société appartenant à la famille royale, à s’associer avec lui. L’entrepreneur « a repoussé la proposition et il a du supporter des mois de paralysation du projet ».

    L’entreprise liée au Palais Royal a proposé à l’entrepreneur, après quelque temps, de lui organiser une visite à un pays du Golfe Persique, où il avait des nombreux contacts pour essayer de promouvoir l’investissement au Maroc. En échange de ce service, l’entrepreneur serait « le seul propriétaire » de son projet immobilier au Maroc. Il a accepté l’offre.

    La délégation marocaine qui a voyagé à ce pays prospère du Golfe était présidée par un des principaux exécutifs d’une des grandes entreprises appartenant à la famille royale. À sa réunion avec les investisseurs locaux, le cadre de direction marocain leur a expliqué que seulement trois personnes au Maroc prenaient les décisions sur les grands investissements : Fouad Alí El Himma, intime ami du monarque et leader du Parti Authenticité et Modernité; Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohamed VI, et le propre roi. « Parler à n’importe quelle autre personne est une perte de temps », prévena-t-il.

    À son retour au Maroc, l’entreprise liée au Palais Royal a reçu des instructions de ses propriétaires d’accomplir presque complètement son engagement avec l’homme d’affaires qui voulait investir. Il lui a demandé une participation de seulement 5 % dans le projet.

    « Honteuse gourmandise »

    « Les principales institutions et les procédés de l’État marocain sont utilisées par le palais pour contraindre et pour demander des pots-de-vin dans le secteur immobilier », déclare un entrepreneur au conseiller commercial. « Bien que les pratiques corrompues existaient pendant le règne du roi Hassan II, elles ont acquis un caractère plus institutionnel avec le roi Mohamed VI ».

    Le conseiller donne crédit à ces paroles dans son rapport. Elles sont avalées  par le commentaire qu’un ex-ambassadeur des EU lui a fait à cette époque « qu’il est toujours étroitement connecté au palais ». Il signale que certains membres de la famille de Mohamed VI font preuve d’une « gourmandise honteuse ». « Ce phénomène porte une sérieuse atteinte à la bonne gouvernance que les autorités du Maroc s’efforcent de promouvoir »,  ajoute-t-il.

    Même celui qui était ambassadeur de l’Espagne au Maroc pendant six ans (2004-2010), Luis Planas, a reconnu les difficultés d’investir au Maroc dans un déjeuner, en mars 2006, avec Thomas Riley, son homologue des EU.

    Après avoir évoqué la mise en place d’un plan de 200 millions d’euros pour encourager les petites et moyennes entreprises espagnoles à traverser le Détroit, Planas exprime sa confiance dans son utilité, mais il prévient : le Maroc est toujours un endroit qui donne à réfléchir quand on veut faire des affaires à cause de son manque de transparence.

    Dans les trois dernières années (2006-2009) la tendance est à l’essor de l’investissement, reconnaît le consulat dans un rapport au milieu de 2009, mais « une  véritable amélioration du climat de l’investissement au Maroc dépendra surtout de la volonté du Gouvernement de repenser et de restructurer sa façon de travailler ».

    Le Consulat-même des USA à Casablanca a été victime de la corruption en essayant d’acquérir des terrains pour son agrandissement, tel que rapporté par une note de mars 2008. « Plus de 30 lieux ont été identifiés, mais 20 ont immédiatement été barrés de la liste parce que les vendeurs ne voulaient pas souscrire un accord légal ». « Les autres ont refusé de vendre parce qu’ils espéraient que les prix montent ». « De ceux qui était prêts à vendre, beaucoup voulaient de l’argent noir au-dessus du prix fixé ».

    Note de Diaspora Saharaui : Dans les prochaines notes : la corruption et le trafic au sein de l’armée qui encercle le Sahara Occidental et le pouvoir économique du Général Bennani

  • TUNISIE : Un gouvernement de Ben Ali sans Ben Ali

    Image du Blog boukrine.centerblog.net
    Source : boukrine.centerblog.net sur centerblog.
    Trois jours après le départ de  Ben Ali et sa famille  pour l’Arabie Saoudite, avec dans ses valises 1,5 tonne d’or, soit l’équivalent de 45 millions d’euros, la vie reprend timidement son cours normal?. Meme si  desaffrontements opposent encore à Tunis forces de sécurité et fidèles au chef de l’Etat déchu et des manifestations continuent.
    Maintenu à son poste par le président par intérim, Foued Mebazaa, le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, qui a annoncé  la libération de tous les prisonniers politiques,  la levée de l’interdiction d’activité dela Ligue des droits de l’Homme et la liberté totale de l’information, ouvre une nouvelle page de l’Histoire de son pays. Il a formé hier son gouvernement d’union nationale chargé de gérer la transition jusqu’à la tenue d’élections présidentielle et législatives dans six mois. Des représentants des partis politiques dits légaux, y compris du   Rassemblement constitutionnel démocratique de Ben Ali (huit  membres de l’ancien gouvernement perçus comme peu impliqués dans les affaires, comme les titulaires des Affaires étrangères, de  l’Intérieur, dela Défense et  des Finances ont été reconduits) pour, dit-il, éviter le scénario irakien et une déstabilisation de l’appareil de l’état et de la société civile, y siègent.
  • Wikileaks et les prédateurs de Mohamed VI

    Dans un article publié par El Pais le 2/12/2010, le journal espagnol résume le degré de corruption dévoilé par les câbles de Wikileaks sous le titre de « Les USA situent le Palais Royal dans le sommet de la corruption au Maroc ». Nous avons traduit cet article pour le plaisir des lecteurs :

    Les USA situent le palais royal dans le sommet de la corruption au Maroc

    Les diplomates américains décrivent des cas concrets où les conseillers de Mohamed VI exigent des commissions pour le développement de projets immobiliers

    « L’influence et les intérêts commerciaux du roi [Mohamed VI] et de certains de ses conseillers » sont palpables « dans chaque grand projet immobilier » au Maroc. Le conseiller commercial des États-Unis, assignés au Consulat nord-américain à Casablanca, est arrivé à cette conclusion, en décembre de l’année passée, après s’être réuni avec un grand entrepreneur et des exécutifs d’entreprises appartenant à la famille royale.

    Dans une note secrète du 11 décembre de l’année passée, le conseiller commercial donne les noms de ses informateurs et raconte avec tout le luxe de détails l’histoire d’un homme d’affaires qui, au compte d’une association américaine, voulait investir 220 millions de dollars (162 millions d’euros) dans un projet immobilier. El Pais s’abstient de reproduire les noms des sources et des entreprises citées pour éviter de les nuire.

    L’homme d’affaires a obtenu la permission de construire du gouverneur de la région où il voulait investir, mais peu de temps après, le Palais Royal « l’a fortement encouragé », à travers une société appartenant à la famille royale, à s’associer avec lui. L’entrepreneur « a repoussé la proposition et il a du supporter des mois de paralysation du projet ».

    L’entreprise liée au Palais Royal a proposé à l’entrepreneur, après quelque temps, de lui organiser une visite à un pays du Golfe Persique, où il avait des nombreux contacts pour essayer de promouvoir l’investissement au Maroc. En échange de ce service, l’entrepreneur serait « le seul propriétaire » de son projet immobilier au Maroc. Il a accepté l’offre.

    La délégation marocaine qui a voyagé à ce pays prospère du Golfe était présidée par un des principaux exécutifs d’une des grandes entreprises appartenant à la famille royale. À sa réunion avec les investisseurs locaux, le cadre de direction marocain leur a expliqué que seulement trois personnes au Maroc prenaient les décisions sur les grands investissements : Fouad Alí El Himma, intime ami du monarque et leader du Parti Authenticité et Modernité; Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohamed VI, et le propre roi. « Parler à n’importe quelle autre personne est une perte de temps », prévena-t-il.

    À son retour au Maroc, l’entreprise liée au Palais Royal a reçu des instructions de ses propriétaires d’accomplir presque complètement son engagement avec l’homme d’affaires qui voulait investir. Il lui a demandé une participation de seulement 5 % dans le projet.

    « Honteuse gourmandise »

    « Les principales institutions et les procédés de l’État marocain sont utilisées par le palais pour contraindre et pour demander des pots-de-vin dans le secteur immobilier », déclare un entrepreneur au conseiller commercial. « Bien que les pratiques corrompues existaient pendant le règne du roi Hassan II, elles ont acquis un caractère plus institutionnel avec le roi Mohamed VI ».

    Le conseiller donne crédit à ces paroles dans son rapport. Elles sont avalées  par le commentaire qu’un ex-ambassadeur des EU lui a fait à cette époque « qu’il est toujours étroitement connecté au palais ». Il signale que certains membres de la famille de Mohamed VI font preuve d’une « gourmandise honteuse ». « Ce phénomène porte une sérieuse atteinte à la bonne gouvernance que les autorités du Maroc s’efforcent de promouvoir »,  ajoute-t-il.

    Même celui qui était ambassadeur de l’Espagne au Maroc pendant six ans (2004-2010), Luis Planas, a reconnu les difficultés d’investir au Maroc dans un déjeuner, en mars 2006, avec Thomas Riley, son homologue des EU.

    Après avoir évoqué la mise en place d’un plan de 200 millions d’euros pour encourager les petites et moyennes entreprises espagnoles à traverser le Détroit, Planas exprime sa confiance dans son utilité, mais il prévient : le Maroc est toujours un endroit qui donne à réfléchir quand on veut faire des affaires à cause de son manque de transparence.

    Dans les trois dernières années (2006-2009) la tendance est à l’essor de l’investissement, reconnaît le consulat dans un rapport au milieu de 2009, mais « une  véritable amélioration du climat de l’investissement au Maroc dépendra surtout de la volonté du Gouvernement de repenser et de restructurer sa façon de travailler ».

    Le Consulat-même des USA à Casablanca a été victime de la corruption en essayant d’acquérir des terrains pour son agrandissement, tel que rapporté par une note de mars 2008. « Plus de 30 lieux ont été identifiés, mais 20 ont immédiatement été barrés de la liste parce que les vendeurs ne voulaient pas souscrire un accord légal ». « Les autres ont refusé de vendre parce qu’ils espéraient que les prix montent ». « De ceux qui était prêts à vendre, beaucoup voulaient de l’argent noir au-dessus du prix fixé ».

    Note de Diaspora Saharaui : Dans les prochaines notes : la corruption et le trafic au sein de l’armée qui encercle le Sahara Occidental et le pouvoir économique du Général Bennani

  • Tunisie : Une fois Ben Ali parti, le bon vieil épouvantail est de retour – Déconstruction d’un morceau d’anthologie de la vulgate israélo-européenne sur “l’islamisme”

    Eugenio García Gascón est un journaliste espagnol, correspondant à Jérusalem du quotidien progressiste Público. Il vient de publier le16 janvier un article intitulé  “L’empereur était nu” (El emperador estaba desnudo) qui est un vrai modèle du genre. En effet, il a réalisé la performance de concentrer en 457 mots les principaux stéréotypes de la pensée unique régnant dans l’Europe laïque et démocratique sur les pays arabo-musulmans et les mouvements populaires de révolte contre les dictatures qui s’y déroulent. En quelque sorte, une application à la Tunisie de ce qu’on pourrait appeler la “pensée-vargas-llosa”.

     

    Face à de tels articles, trois réactions sont possibles :
    1 – Avaler leur contenu sans broncher
    2 – Envoyer un commentaire virulent sur la électronique page du journal
    3 – Déconstruire dans un but pédagogique.

    J’ai opté pour la troisième possibilité. Je m’attelle donc à cette tâche quelque peu ingrate mais à mon avis salutaire.

    Je crois en effet que, face aux pays arabo-musulmans comme la Tunisie, on peut caractériser les trois étages des sociétés européennes comme suit :

     
    1 – Le rez-de-chaussée (la masse des citoyens) est dans une ignorance quasi-totale de la réalité vécue par les peuples de ces pays, et totale pour ce qui est de leur histoire et culture, malgré les séjours touristiques effectués par des millions d’Européens, malgré la présence de millions d’originaires de ces pays en Europe ;
     
    2 – Le premier étage (les faiseurs d’opinion) est presque tout aussi ignorant, et prêt en toute bonne foi à reproduire les pires clichés et stéréotypes diffusés par les “spécialistes” autoproclamés et médiatisés ;
     
    3 – Le deuxième étage (les cercles de pouvoir) est beaucoup plus informé, d’autant plus qu’il est mêlé de près à la mise en place et au maintien des dictatures qui écrasent les peuples de l’Orient arabo-musulman et de l’Occident arabo-berbéro-musulman. Il pratique donc en toute mauvaise foi le mensonge, la désinformation et la langue fourchue, caractéristique fondamentale des Visages-Pâles bien connue de tous les spectateurs de westerns.
     
    Ce deuxième étage s’appuie sur le premier étage pour garder le contrôle du rez-de-chaussée. Il faut donc concentrer le tir sur le premier étage pour ouvrir les yeux des gens du rez-de-chaussée.
     
    Je vous propose donc une déconstruction paragraphe par paragraphe de l’article de Don Eugenio, traduit par moi.
     
     
    A la gente que conoce Túnez no le ha sorprendido lo ocurrido, aunque otra cosa distinta es pensar que la situación que se ha creado en este país del Magreb sea exportable al resto de Oriente Próximo. Hablar de la primavera tunecina es hermoso, aunque se debe precisar que a día de hoy no existen garantías de que el proceso que ahora se inicia vaya a terminar como acabó en Europa del Este tras la caída del muro de Berlín; es decir, con un contagio democrático.

    Les gens qui connaissent la Tunisie n’ont pas été surpris par ce qui s’y est passé, bien que ce soit autre chose de penser que la situation qui s’est créée dans ce pays du Maghreb soit exportable au reste du Proche-Orient. Parler de printemps tunisien est bien beau, bien qu’il faille préciser qu’au jour d ‘aujourd’hui, il n’existe pas de garanties que le processus qui commence maintenant va s’achever comme cela s’est passé en Europe de l’Est après la chute du Mur de Berlin : à savoir, par une contagion démocratique.
     
     Déconstruction

    Passons sur la vision géographique de l’auteur, qui place le Maghreb au Proche-Orient. C’est sans doute le double effet du fait que, résidant à Jérusalem depuis 20 ans, il a adopté la carte mentale israélienne, qui fait de Tunis, Hammamet et Djerba des banlieues résidentielles de Tel Aviv et que, d’autre part, il fait sienne la division du monde opérée par l’administration US, CIA en tête, qui place le Maghreb dans la zone “Middle East”. C’est d’autant plus cocasse que Maghreb signifie…Occident !

    Qui sont les gens qui connaissent la Tunisie ? Sans doute les Israéliens d’origine tunisienne et les spécialistes qui viennent de réaliser une opération militaire, avec l’aide européenne, pour « sauver » 21 touristes israéliens coincés en Tunisie, étant bien entendu que, dès le départ de “notre ami” Ben Ali, la Tunisie a basculé automatiquement dans le “territoire ennemi”. Et c’est bien contre cela que notre auteur nous met en garde : attention à ne pas mélanger un vrai et bon printemps démocratique européen (Berlin, novembre 1989) avec un faux printemps tunisien. Nous voilà avertis d’emblée.
     
    La dictadura de Ben Alí es similar en muchos aspectos a la que se da en otros países de la región. No se permitía la disidencia y una gran parte de la oposición se encontraba exiliada en Francia. La represión de los islamistas era completa. El régimen policial los mantenía apartados de los lugares estratégicos. Había una dictadura que era tolerada por todo el mundo (la Unión Europea tiene con Túnez un acuerdo de asociación, como con Israel), y casi se podría decir que se sustentaba firme en el apoyo expreso o tácito de la mayoría de la población.
    La dictature de Bel Ali est semblable sous beaucoup d’aspects à ce qui existe dans d’autres pays de la région. La dissidence n’y était pas permise et une grande partie de l’opposition était exilée en France. La répression des islamistes était totale. Le régime policier les maintenait à l’écart des endroits stratégiques. Il y avait une dictature tolérée par tout le monde (l’Union européenne a un accord d’association avec la Tunisie, comme avec Israël), et on peut presque dire qu’elle s’appuyait fermement sur le soutien exprès ou tacite de la majorité de la population.


    Ici un bel oxymore : une dictature totale appuyée par la majorité de la population. Le mystère reste donc entier : comment une population « appuyant majoritairement » une dictature peut-elle soudain se révolter contre celle-ci ? Patience, vous allez bientôt comprendre.

     

    Al fin y al cabo, la corrupción beneficiaba a una gran parte de la sociedad tunecina. Esto es algo que se sabía, pero nadie ponía el grito en el cielo. Nadie decía que el emperador estaba desnudo, ni dentro ni fuera. La irrupción de la gente en las calles durante el último mes ha sido algo inesperado, como lo fue la caída del muro de Berlín, que no anticiparon ni los grandes expertos en el bloque soviético que había en EEUU. Pero también es verdad que lo de Berlín luego no le extrañó a nadie, como ocurre ahora con Túnez.
     
    Au bout du compte, une grande partie de la société tunisienne bénéficiait de la corruption. C’est quelque chose que l’on savait mais que l’on ne criait pas sur les toits. Personne ne disait que l’empereur était nu, ni à l’intérieur ni au dehors. L’irruption des gens dans la rue durant le mois écoulé a été quelque chose d’inattendu, comme le fut la chute du Mur de Berlin, qui n’avait pas été anticipée par les grands experts du bloc soviétique qu’il avait aux USA. Mais il est aussi vrai que ce qu’il y avait à Berlin n’a ensuite manqué à personne, comme cela arrive maintenant avec la Tunisie.

    Ici, l’auteur fait un étalage complaisant de son ignorance : il n’a apparemment jamais entendu parler ni de la révolte dans le Sud tunisien, dans le bassin minier de Gafsa, au printemps et durant l’été 2008, ni des câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks, dans lesquels l’ambassadeur US Robert F. Godec ne mâche pas ses mots sur la dictature mafieuse de Ben Ali, “que l’on ne peut pas considérer comme notre allié”, écrivait-il. La révolte n’était donc inattendue que pour ceux qui, comme l’auteur, ne suivaient pas la blogosphère tunisienne et planétaire.

     

    El experimento democrático en Túnez no entraña los grandes riesgos que podría implicar en otros países árabes, principalmente en Egipto, donde la enorme fuerza del fundamentalismo es visible a pesar de la represión. Túnez es un país pequeño, con un alto nivel educativo, prácticamente bilingüe y sin grandes conflictos internacionales. Además, la fuerza real del fundamentalismo es desconocida, aunque si hay elecciones pronto la conoceremos. En Egipto, por el contrario, si zozobra el régimen, el panorama sería mucho más negro, tanto a nivel interno como internacional.
    L’expérience démocratique en Tunisie n’implique pas les grands risques qu’elle pourrait impliquer dans d’autres pays arabes, principalement en Égypte, où l’énorme force du fondamentalisme est visible, malgré la répression. La Tunisie est un petit pays, avec un haut niveau d’éducation, pratiquement bilingue et sans grands conflits internationaux. En outre, la force réelle du fondamentalisme est inconnue, bien que nous pourrons la connaître s’il y a des élections bientôt. En Égypte, en revanche, si le régime s’effondre, le panorama serait beaucoup plus noir, tant sur le plan interne qu’international.

    On commence à comprendre où Don Eugenio veut en venir : si vous laissez les peuples arabes exercer la démocratie, ils vont choisir le fondamentalisme, et c’est un véritable danger. Même si dans le cas de la Tunisie, ce danger n’est pas sûr. Le fondamentalisme est associé à l’ignorance et au monolinguisme. Les petits peuples éduqués et “pratiquement bilingues” sont (peut-être) vaccinés contre cette maladie. L’auteur, qui vit à Jérusalem, ne semble avoir jamais entendu parler d’un petit peuple “hautement éduqué” et “pratiquement trilingue” appelé le peuple palestinien qui a fait une expérience démocratique en 2006 et a voté pour les “fondamentalistes” du Hamas. Il a été sévèrement puni pour ce choix par ceux auquel l’auteur semble s’identifier totalement : l’Occident démocratique et son fer de lance, Israël. Quant à l’inquiétude qu’il essaye de nous communiquer à propos de l’Égypte, elle nous laisse sans voix : c’est celle qui règne à Tel Aviv et à Washington, où l’on a peur de perdre le principal allié dans le monde arabe, la dictature du vieux Moubarak. Si cette dictature s’écroulait, nous prévient l’auteur, ce serait une catastrophe.

     

    Peligro del fundamentalismo
    En Túnez, el contador ahora se pone en marcha desde cero. De lo que se trata es de construir una sociedad democrática en una región que carece de precedentes. Es prematuro juzgar si el futuro dará la razón a quienes apuestan por el establecimiento de instituciones plurales, pero el intento, aunque fracase, habrá merecido la pena.
    Y Europa debe enviar mensajes claros, pero al mismo tiempo debe andar con cuidado para no colaborar con los fundamentalistas y no facilitarles el acceso al poder.
     
    Danger du fondamentalisme
    En Tunisie, le compteur se remet en marche à partir de zéro. Il s’agit de construire une société démocratique dans une région qui manque de précédents. Il est prématuré de juger si l’avenir donnera raison à ceux qui misent sur l’établissement d’institutions plurielles, mais la tentative, même si elle échoue, aura valu la peine.

    Et l’Europe doit envoyer des messages clairs, mais en même temps elle doit avancer avec prudence pour ne pas collaborer avec les fondamentalistes et ne pas faciliter leur accession au pouvoir.



    Je me mets à la place du lecteur lambda de Público : mais qui sont donc ces fondamentalistes tunisiens contre lesquels Don Eugenio nous met en garde ? Sans doute les mêmes contre lesquels le bras droit de Netanyahu, Sylvan Shalom, vient de mettre en garde. Ou Mezri Haddad, l’ambassadeur tunisien auprès de l’Unesco, qui a démissionné de son poste quelques heures avant la fuite de Ben Ali.

    Interviewé par la chaîne Al Jazeera, ce personnage grotesque a accusé Hamma Hammami, leader du petit Parti communiste des ouvriers de Tunisie, un des rares opposants qui n’a choisi ni l’exil ni la collaboration (à la différence de Mezri Haddad) pendant les 23 ans de dictature, d’être un agent des islamistes.

    Pour tranquilliser tout ce beau monde, Rachid Ghannouchi, le leader historique du mouvement islamiste Ennahdha, de son exil londonien, a prévenu : il ne se présentera pas à l’élection présidentielle et (les restes de) son parti (pulvérisé par la répression de Ben Ali, avec la bénédiction de tous les démocrates) ne se présentera pas aux élections législatives. L’Occident démocratique et son fer de lance israélien peuvent donc être rassurés : le spectre qui les hante restera hors jeu. Mais ils doivent rester vigilants : l’hydre islamiste a de nombreuses têtes et ils doivent rester vigilants pour identifier les déguisements “démocratiques” qu’elle va essayer de prendre.

    Madame Souheyr Belhassen, présidente tunisienne de la Fédération internationale des droits de l’homme, nous a déjà fait part de son inquiétude : la jeunesse révoltée tunisienne est “travaillée” par les mauvaises idées islamistes. La preuve irréfutable : un chanteur de rap a commis une chanson contre la minijupe.

    Ma conclusion : c’est avec de tels articles qu’on alimente les fantasmes des citoyens européens et qu’on prépare l’opinion à tous les mauvais coups venant du “deuxième étage”. Une chose est claire : les peuples arabes et musulmans n’ont droit à la démocratie que si NOUS fixons les règles. Sinon, ils devront continuer à supporter les dictateurs que nous leur imposons.

    Don Eugenio, honte sur toi !

    TLAXCALA, 17/1/2011