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  • Américains dans les camps de réfugiés sahraouis : Des témoignages accablants

    Une forte délégation américaine, composée d’acteurs de la société civile solidaire avec le peuple sahraoui, dont le président de Défense Forum Fondation, le président de Institute of Liberty, le président de Young American Broadcasters Humain Rights, et de reporters journalistes, viennent de dénoncer la répression marocaine exercée sur le peuple sahraoui. De retour des camps des réfugiés sahraouis (Tindouf), les membres de la délégation américaine ont été informés, lors de leurs rencontres avec les responsables sahraouis, de la violation des droits de l’homme dans les territoires occupés, du pillage des richesses naturelles et surtout de la «sauvagerie» des forces militaires marocaines lors de la dernière attaque sur le camp de Gdeim Izik, près de Laayoune occupée. 
     
    David Lippiatt, président exécutif et directeur de WC International et l’un des membres de la délégation, a exprimé son «inquiétude sur l’utilisation de la violence par l’armée marocaine contre les civils». «Au cours de notre séjour dans les camps des réfugiés sahraouis, nous avons ressenti les souffrances de la population sahraouie. Depuis 35 ans, le peuple sahraoui vit dans la peur et sous embargo marocain. Il est temps de résoudre ce conflit par la voie pacifique», a déclaré le chef de la délégation américaine. Ainsi, ajoute-t-il, «nous avons constaté de visu la situation catastrophique dans les camps des réfugiés. Pourquoi ce peuple est réprimé ?», s’interroge David Lippiatt qui dément les allégations et les mensonges du Maroc sur la situation dans les territoires occupés. 
     
    Les membres de la délégation américaine ont écouté, au cours de leur séjour, des témoignages accablants de personnes ayant fui les territoires occupés sur les violences des droits de l’homme et l’exploitation par le Maroc des richesses naturelles du Sahara occidental. Après avoir mis en avant les efforts courageux de l’Algérie pour parvenir à une solution réaliste de nature à clore définitivement le conflit du Sahara, il a déploré les positions figées du Maroc qui cherche à entraver le processus de négociation et perdurer le conflit. Le chef de la délégation américaine a mis en relief la pertinence de la résolution de l’ONU qui plaide pour un référendum d’autodétermination. 
     
    La délégation américaine a appelé la communauté internationale à se mobiliser davantage pour libérer la dernière colonie du continent africain, promettant de transmettre les doléances du peuple sahraoui à leurs organisations dans le but de faire pression sur l’administration Obama afin «de prendre des décisions justes». Il est utile de rappeler que cette rencontre intervient quelques jours avant l’entame du énième round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc sur le Sahara occidental. Cette réunion aura lieu du 16 au 18 décembre à Manhasset (New York) sous l’égide des Nations unies. La troisième réunion informelle s’était tenue les 8 et 9 novembre dernier à l’issue de laquelle les parties avaient convenu de se réunir à nouveau au mois de décembre ainsi qu’au début de l’année prochaine.
    Le Carrefour d’Algérie, 15/12/2010
  • L’indépendance et ses revers

    Il y a cinquante ans, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté la fameuse résolution dite 1514 portant sur le droit des peuples coloniaux à l’autodétermination. Près de quatre-vingts pays sont aujourd’hui indépendants en vertu de ce texte historique.

    Un demi-siècle après, les choses ont évolué. Il ne reste à travers la planète que quelques territoires aspirant encore à leur libération ; ils n’ont toujours pas bénéficié de cette loi. Il s’agit, entre autres, du Sahara occidental et de la Palestine.Il est vrai que cette résolution était imposée par le cours de l’Histoire. Les peuples coloniaux, dont les Algériens, avaient déjà entamé le processus de décolonisation. Certains pays, sous protectorat à l’image de la Tunisie et du Maroc, avaient, eux, accès à l’indépendance des années plus tôt. 
    Les données étaient donc réunies pour que les empires, notamment britannique et français, acceptent enfin de redonner leur liberté aux peuples qui en étaient privés. Un demi-siècle après, les aspirations des peuples qui réclamaient leur indépendance ne se sont pas forcément concrétisées. Les indépendances ont souvent été confisquées par ceux-là mêmes qui luttaient pour la libération de leur pays. Il suffit de voir l’état de ces pays pour s’en rendre compte.A des exceptions près, la majeure partie des pays colonisés, qui aspiraient à l’indépendance, vivent dans des situations déplorables sur le double aspect politique et économique. Si ce n’est pas une guerre civile, comme c’est le cas en Somalie ou en République démocratique du Congo, ce sont des coups d’Etat ou des élections truquées, comme le démontre la situation en Côte d’Ivoire.
    Sur le plan économique, il est évident que le désastre est de mise. S’appuyant souvent sur une matière première pour vivre, la majeure partie des anciennes colonies dépendent dangereusement des aléas des marchés internationaux. C’était le cas, dans un passé récent, de la Côte d’Ivoire qui avait sombré dans la guerre civile, alors que les prix du cacao avaient dégringolé sur le marché international. Ces échecs ne signifient pas pour autant que la responsabilité incombe seulement aux pays fraîchement libérés. Ils ont certainement beaucoup de choses à se reprocher. Mais ils n’assument pas toute la responsabilité. 
    Les legs des anciens colons y sont pour beaucoup dans cette situation de déliquescence dans laquelle se trouvent aujourd’hui nombre de ces anciennes colonies. Les politiques adoptées à l’époque, à l’instar de la volonté des anciennes puissances coloniales de diviser les peuples sous domination, sont autant de raisons de penser que ces dernières avaient laissé des cadeaux empoisonnés aux peuples dont elles venaient de se séparer. Pis, le nombre de personnes lettrées dans les anciennes colonies était tellement insignifiant – le cas de l’Algérie est éloquent – qu’il n’existait pratiquement pas d’élite capable de gérer les affaires de leurs pays. Ce qui avait favorisé l’esprit tribal, souvent nocif à toute évolution.Cela n’est que le revers de la médaille. La médaille elle-même est très belle.
    Elle s’appelle l’indépendance.
    Par Ali Boukhlef
    La Tribune d’Algérie, 15/12/2010
  • La volte-face du roi du Maroc

    Après avoir ouvert les portes du palais aux négociateurs sahraouis, le souverain chérifien les traite aujourd’hui d’ennemis de l’intégrité territoriale.
    Lorsque le défunt roi Hassan II avait chargé le prince héritier de mener des négociations secrètes au mois de septembre 1996, le ton était à la courtoisie. Si l’histoire ne dit pas si la délégation menée à l’époque par Bachir Mustapha Sayed, membre du secrétariat national du Polisario, chargé des organisations politiques, (frère cadet du chahid El-Ouali Moustapha Sayed, premier secrétaire général du Front Polisario, tombé au champ d’honneur la 9 juin 1976) avait été reçue avec tous les honneurs, il n’en demeure pas moins qu’il ressortait des discussions un respect réciproque évident même si, déjà, l’heure n’était pas aux concessions. «Pour le peuple sahraoui, les acquis, c’est le sentiment national, chaque famille a consenti des sacrifices…Notre organisation politique – quelle que soit sa dimension – il y a aussi des acquis diplomatiques…

    C’est une réalité nationale, régionale et internationale. Soyez confiant, Prince Héritier, de notre volonté de travailler avec vous…Nous offrons une indépendance dans l’interdépendance, construire le Maghreb, à travers lequel les questions de souveraineté seront réglées…pour franchir des étapes ensemble. Si on trouve une garantie de vous et de votre père et si les réalités précitées sont prises en compte et non marginalisées, on peut céder dans tout le reste», avait proposé Bachir Mustapha Sayed au futur souverain marocain. «Je n’ai pas de prérogatives pour prononcer le mot «indépendance «pour être franc. Les discours de S.M. (Hassan II, Ndlr) diffusés dans différentes occasions rapportent que le Maroc est dans une phase de régionalisation. On ne sait pas ce qui arrivera dans cette régionalisation. Et ensuite, je ne peux pas parler d’indépendance», lui avait rétorqué le prince héritier. «Si vous me dites d’abandonner nos acquis, c’est me dire de me rendre et de lever les mains. Mais avec votre grande intelligence, votre sagesse et si nous partons de cette recette: le Plan des Nations unies (indépendance ou intégration), si on les réunit, donne indépendance dans l’interdépendance. C’est l’offre la plus généreuse. Une nouvelle fois, je respecte votre point de vue mais on peut raccourcir la route. S’il n’y a pas de barrière, d’exclusion à l’indépendance, le reste, on peut le donner…relations spécifiques. Si c’est possible, je demande que le côté amitié, franchise et confiance, ne soit pas altéré», a fait remarquer le responsable de la délégation sahraouie. «Je connais vos problèmes et, de votre côté, vous devez prendre en considération les réalités de notre pays. On a discuté hier de la région. Celui qui n’a pas quelque chose ne peut pas le donner. Je ne peux pas parler d’indépendance. Mais on doit continuer», a suggéré le futur Mohammed VI qui a laissé ouvertes les portes du dialogue. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts.

    Le roi du Maroc a fait volte-face. Il a décidé d’annexer et de mettre sous son aile le Sahara occidental. «Nous avons présenté une initiative audacieuse pour régler le conflit régional suscité autour de la marocanité de notre Sahara, en l’occurrence, la proposition d’autonomie de nos provinces du Sud, dans le cadre de la souveraineté du Royaume du Maroc, de son unité nationale et de son intégrité territoriale», a déclaré Mohammed VI dans un message adressé aux participants au Forum économique mondial pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient qui s’est déroulé à Marrakech au mois d’octobre 2010. Les portes du dialogue sont-elles définitivement closes? On le saura à partir de demain. Le Front Polisario et le Maroc entameront un quatrième round de négociations informelles le 16 décembre à Greentree dans la banlieue de New York sous l’oeil attentif de Christopher Ross.

    En participant à une réunion secrète avec le Front Polisario, Mohammed VI lui a reconnu, de fait, le statut incontournable de représentant légitime du peuple sahraoui.
    Mohamed TOUATI
    L’Expression, 15/12/2010 
  • La Déclaration d’Alger est née

    Les travaux de la Conférence internationale d’Alger sur la résolution 1514 ont pris fin hier, en fin de journée, par l’adoption d’une « déclaration d’Alger ».
    Ce texte, fruit de la plénière de lundi et des travaux en ateliers sur le rôle de la jeunesse et de la femme dans l’émancipation des peuples et celui des médias et du cinéma dans l’expression du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, est une véritable « feuille de route ».

    Pour les peuples qui ont retrouvé leur liberté après l’adoption de cette résolution d’abord. Pour les Nations unies desquelles est attendue l’« application intégrale » de ses textes pour parachever la décolonisation, ensuite.

    « Aucun prétexte lié à la superficie du territoire, à la situation géographique ou à l’importance numérique des peuples ne saurait être recevable pour empêcher le libre exercice des peuples encore colonisés au droit à l’autodétermination et à l’indépendance », peut-on lire dans la déclaration qui appelle les ex-pays colonisés à privilégier le partenariat Sud-Sud. « C’est la voie la plus indiquée » pour, un, résoudre les questions liées au développement, préserver les indépendances qui sont sans cesse remises en cause et établir des partenariats, deux, asseoir une indépendance de décision pour aspirer à peser dans un ordre imposé par la mondialisation, estimait lundi Lakhdhar Brahimi en marge de la plénière. Comme il n’est de richesse que l’homme et que celui-ci est la finalité de tous les projets de société, les participants qui ont prouvé la « validité et la pertinence » de la « 1514 » se sont attelés dans l’atelier « médias et cinéma » à signaler une urgence, celle de « décoloniser » les esprits. Comment ? En donnant plus de liberté aux médias pour mener à bien leur devoir d’« informer ».

    Mission quasi impossible dans l’état actuel des choses, estime la plupart des participants à l’atelier. Les cinéastes qui ont mis en avant le danger de la manipulation de l’image évoquent aussi le « détournement » des archives par  les « colonisateurs ».

    Les journalistes ont mis en avant le besoin de jouir de la liberté d’écrire sans interférences politiques pour être crédibles d’abord et  contrecarrer les écrits « tendancieux » des ex-colonisateurs ensuite. Outre ces problèmes, certains ont mis en avant l’impact des chaînes satellitaires et la fracture numérique qui ne cesse de s’agrandir. « Que faire face à cette invasion d’images ? Quelle image on nous demande ?», s’interroge Mme Chouikh, cinéaste algérienne, avant de suggérer aux « hommes politiques de s’occuper de politique » et de « laisser  les cinéastes, les artistes et les médias décoloniser la culture enseignée aux jeunes générations ».

    Notamment en Afrique où les jeunes, gagnés par la culture du zapping, lisent de moins en moins. Comme « nous absorbons de plus en plus d’images » de ceux qui décortiquent notre histoire, que dans certains pays des libertés s’amenuisent, et qu’« il y a une volonté d’innocenter le colonialisme », il y a comme un SOS qui a été lancé hier aux décideurs des ex-pays colonisés à partir du Palais des Nations pour qu’ils mettent en œuvre la feuille de route d’Alger
    Djamel Boukrine
    Horizons, 15/12/2010

    Commentaire de Diaspora Saharaui :
    La Conférence d’Alger est un acquis précieux pour le peuple du Sahara Occidental qui vit sous le joug de la barbarie marocaine depuis plus de 35 ans.
    l’Algérie a fait réssuciter l’élan des années 1960 où les pays du Tiers Monde, organisés au sein de l’Organisation des Pays non alignés se battaient pour une meilleure émancipation et pour la libération des pays colonisés., au moment où l’armée du Maroc courrait avec les forces américaines et françaises pour écraser les rébellions en Afrique ( Katanga, Kolweizi, Côte d’Ivoire, etc.)
    Aujourd’hui, le Maroc continue à adhérer à la politique impérialiste et expansionniste mondiale dans le but de gagner un soutien à son plan d’adhésion et de génocide au Sahara Occidental. L’Histoire se répète et le peuple sahraoui continue à récolter des succès auprès de la communauté internationale. Celle-ci est de plus en plus consciente que la seule solution du conflit passe par le respect de la volonté des sahraouis.

  • Thabo Mbeki : "La conférence internationale d’Alger, un message fort aux peuples encore colonisés"

    Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud :   «La conférence internationale d’Alger qui célèbre le cinquantenaire de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux constitue un message fort aux peuples encore colonisés tels que la Palestine et le Sahara occidental. Par ailleurs, il est important de préserver l’unité africaine, à travers une coopération forte et diversifiée entre les pays du continent. Il faut une coopération à même de préserver leurs intérêts économiques.»
    El Watan, 15/12/2010
  • Appel à une action plus résolue pour le droit à l'autodétermination des peuples palestinien et sahraoui

    ALGER – La Déclaration d’Alger, adoptée mardi soir à la clôture de la Conférence internationale sur la résolution onusienne 1514, a appelé à une action plus résolue de la communauté internationale pour permettre aux peuples de la Palestine et du Sahara occidental -occupé par le Maroc depuis 1975, ndds) d’exercer leur droit à l’autodétermination.
    Les participants ont souligné que les peuples palestinien et sahraoui sont en droit d’attendre de la communauté internationale un « soutien plus ferme » et une « action plus résolue » en vue de l’exercice de leur droit à l’autodétermination, précisant qu’ils ont décidé de faire de cet objectif une « priorité » de leur action.
    Ils ont, également, exprimé leur « solidarité » avec les peuples des territoires non autonomes qui aspirent à exercer leur droit à disposer d’eux-mêmes dans le cadre préconisé par la résolution 1514.

    La Déclaration d’Alger a, par ailleurs, salué l’apport « significatif » des médias et du cinéma dans la prise de conscience des méfaits du colonialisme et la défense des buts et objectifs définis par la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
    Les participants ont, en outre, souligné leur rôle dans la promotion et le soutien aux droits civils et politiques des peuples opprimés, notamment en Palestine et au Sahara occidental, à travers l’éclairage qu’ils apportent à la lutte et aux souffrances de ces peuples.
    Ils ont souligné que le colonialisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, est contraire aux buts et principes de la Charte des Nations unies et aux normes du Droit international.
    Réaffirmant la validité et la pertinence de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, les participants ont exprimé leur conviction que le parachèvement de la décolonisation est « inéluctable ».
    Dans ce sens, la Déclaration d’Alger a appelé à l’adoption, au sein de l’ONU et dans l’ensemble des systèmes des Nations unies, de mesures efficaces pour l’application intégrale de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
    La Déclaration d’Alger exprime, aussi, la « satisfaction » pour les efforts déployés pour consolider les indépendances nationales, à travers la reconstruction des structures étatiques, sociales et économiques que la colonisation « s’était évertuée à briser ».
    Elle note, à cet égard, que « malgré le lourd héritage colonial qui a généré des contraintes de toutes natures et un système de relations économiques internationales qui ignore largement leurs intérêts, les pays nouvellement indépendants ont enregistré des avancées indéniables dans leur processus de développement politique, économique et social ».
    Les participants, qui ont estimé que la coopération Sud-Sud et l’intégration régionale contribuent à la préservation de l’indépendance et à la facilitation de la participation équitable des pays ex-coloniaux à l’économie mondiale, ont apporté, à cet effet, « leur soutien aux programmes en cours au niveau régional et inter-régional en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, ainsi que dans l’établissement de partenariats stratégiques entre ces régions » .
    Ils se sont réjouis que les pays ex-coloniaux s’efforcent de promouvoir un partenariat mutuellement bénéfique avec les autres pays, tout en veillant à la préservation de leur capacité autonome de décision et de leur souveraineté sur leurs ressources naturelles.
    APS, 15/12/2010
  • Le Sahara occidental indépendant : L’Union maghrébine sera une réalité

    «Le jour du Jugement dernier, aux portes du Royaume des cieux, Dieu garde les vertueux et met de côté les mauvais. Reste un groupe d’hommes auxquels il demande de se présenter. «Nous sommes les Sahraouis, répondent-ils. – Ah! Alors installez-vous là avec vos tentes, le temps que je décide de ce que je vais faire de vous.»

    Cette boutade, écrit Luis de Vega du journal espagnol ABC, qui circule dans le désert, est une façon de railler la passivité de la communauté internationale à propos du règlement du conflit au Sahara occidental.

    Alors que le conflit qui oppose Rabat aux indépendantistes du Front Polisario est toujours dans l’impasse, la tension croît sur le terrain. C’est un rituel bien rodé. Périodiquement, des représentants du gouvernement marocain rencontrent dans la banlieue de New York, sous l’égide des Nations unies, une délégation d’indépendantistes sahraouis du Front Polisario pour des «discussions informelles». Et il n’en sort rien. S’agissant des derniers évènements, de jeunes Sahraouis décident d’ériger un camp de toile, à une vingtaine de kilomètres de Laâyoune, et d’y tenir une sorte de sit-in permanent. Leurs revendications portent sur le droit à l’emploi et au logement, la liberté d’expression, la «reconnaissance de leur dignité»… Durement frappée par le chômage (30%, alors que la moyenne nationale est de 9%), la population du Sahara vit très mal l’afflux de Marocains du Nord, à commencer par les fonctionnaires, chouchoutés par le gouvernement. Au fil des jours, le camp grossit, jusqu’à rassembler quelque 15 000 occupants.(1) Les gens présents dans ce camp, installé dans la banlieue de Laâyoune, n’avaient à l’origine aucun esprit belliqueux, comme le reconnaît le journal marocain Emarrakech.info. Un premier incident grave s’est déroulé le 25 octobre, quand un adolescent de 14 ans a été tué lors d’une échauffourée avec les forces de l’ordre. Le 8 novembre, le Maroc envahit le camp.(2)

    Selon le Maroc, douze personnes ont été tuées lors du démantèlement du camp. Le Front Polisario qui réclame l’indépendance du Sahara occidental et s’est prononcé pour la tenue d’un référendum d’autodétermination, a fait état pour sa part de «dizaines de morts» et de plus de 4500 blessés au cours des violences qui ont suivi le démantèlement. Ces jeunes se sont révoltés d’une façon spontanée, en tout cas sans avoir été manipulés par le Front Polisario qui a vite fait de «récupérer» le mouvement. Même Aminatou Haïdar, la «Gandhi sahraouie». est restée muette Elle avait fondé le Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme (Codesa) qui s’accompagne d’un rejet catégorique de la violence. De nombreuses organisations internationales ont protesté contre ces meurtres, tortures et emprisonnements aussi bien en France qu’en Espagne, Italie. Des marches de protestation sont organisées et qui demandent une enquête internationale qui n’a eu aucune chance d’aboutir, car la résolution du Conseil de sécurité a été bloquée par le veto de la France qui joue vis-à-vis du Maroc le même rôle protecteur que les Etats-Unis vis-à-vis d’Israël. Ainsi, le 17 novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est contenté de «déplorer la violence».

    «Réduire au silence les Sahraouis, hommes, femmes et enfants, veut dire les tuer. Les paroles de M Kouchner le rendent complice des assassinats de femmes et d’enfants sahraouis de ces derniers jours. La démocratie marocaine assassine à huis clos, les journalistes et les observateurs sont interdits d’entrer au Sahara occidental occupé. La cruauté, la violence déchaînée et bestiale des autorités marocaines sur les Sahraouis c’était hier et avant-hier, et ça continue. Des Sahraouis sont morts, morts violentes, coups et balles: 11 morts annoncés par le ministère de l’Information sahraouie, puis 8 corps découverts près de la rivière Saguia el Hamra et dans la ville. 18 corps de femmes. 25 corps découverts dans un trou près des campements détruits… Et 723 sont blessés, 163 arrêtés et 159 portés disparus. (…) La France hypocrite valide les transferts des fonds par millions d’euros de l’Europe au Maroc, pour son bon voisinage, son accord de pêche, son statut avancé. (…) La France fière doit agir en urgence pour assurer la protection du peuple sahraoui et son indépendance sur sa terre .» (3) On peut discuter, lit-on dans le journal El Periodico de Catalunya, du nombre de victimes, mais nul ne met en doute la brutalité avec laquelle ont agi les autorités marocaines quand elles ont fait évacuer à l’aube le campement de khaïmas [tentes de nomades] d’Agdaym Izik, à dix kilomètres de Laâyoune. Depuis que l’Espagne, en 1975, aux dernières heures du franquisme, a abandonné à son sort son ancienne colonie, on n’avait jamais vu une mobilisation sahraouie aussi massive et prolongée dans le temps. (…) A cet égard, rappelons le procès de militants sahraouis qui avaient visité le camp et les agressions contre deux journalistes espagnols qui couvraient l’événement, l’interdiction de voyager faite à plusieurs journalistes espagnols, l’expulsion du Maroc de la chaîne Al Jazeera en raison de ses informations sur le Sahara et l’expulsion de Laâyoune du député européen, Willy Meyer [un député français a lui aussi affirmé avoir été expulsé du Maroc le 8 novembre]. Après 35 ans de conflit, le Maroc ne peut pas continuer à vouloir régler le problème par la répression et la censure.(4) Pour rappel, le Sahara occidental est un territoire de 266 000 kilomètres carrés. Dès 1965, l’ONU pousse l’Espagne à décoloniser ce territoire, Hassan II, rappelons-le, avait au début une position proche de celle de l’Algérie tant que le territoire était sous le joug espagnol. Volte-face avec la complicité de l’Espagne.

    La décolonisation bâclée a amené le roi Hassan II à faire une marche verte sous les yeux des garnisons espagnoles qui quitteront le pays en février 1975. Le Front Polisario créé suite à l’invasion du Maroc mène une «guerre des sables» gelée depuis le cessez-le-feu de 1991 et le déploiement d’une force onusienne. Mais elle reste sans solution. Le Maroc a souvent joué le rôle de gendarme des intérêts de la France en Afrique, ainsi que celui de temporisateur dans le Proche-Orient. Naturellement, ce pays fait l’objet de convoitises. En 1975, un avis consultatif de la Cour internationale de justice confirme l’existence de liens historiques entre les populations du Sahara occidental et le Maroc, ainsi que l’ensemble mauritanien, mais conclut qu’ils ne sont pas de nature à empêcher un référendum d’autodétermination, en y rendant inapplicable la notion de terra nullius. Dans les années 1980, avec l’aide d’Israël et des Etats-Unis, le Maroc érige un mur qui sépare le territoire en deux. Le Sahara occidental figure sur la liste des territoires non autonomes, selon l’ONU depuis 1963. Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu de 1991, le statut final du Sahara occidental reste à déterminer. En 2000, avec le soutien de la France, il renie sa signature et déclare le référendum infaisable. Ce pays se comporte comme Israël. D’ailleurs, c’est ce que pense James Baker, l’ancien envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental. En 2002, un avis de droit de Hans Corell, vice-secrétaire général aux questions de droit, conclut que le Maroc n’est pas la puissance administrante du territoire. En 2006 Kofi Annan avait indiqué qu’aucun État membre de l’ONU ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En avril 2007, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une nouvelle résolution (n°1754) qui engage les parties à négocier «en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».

    Qu’en est-il de la situation des Marocains?

    Si les Marocains vivotent au quotidien, ce n’est pas le cas du roi. «Au pouvoir depuis dix ans, le souverain marocain serait, selon le magazine financier Forbes, l’un des hommes les plus riches du monde. Et sa fortune aurait doublé au cours des dernières années (…) Il est à la tête d’un joli pactole s’élevant à 2,5 milliards de dollars. Justement à propos d’inégalité, la ville de Casablanca est déchirée par ses contradictions. Dans cette ville, écrit Chafaa Bouaïche, les autorités ont confié presque tous les services à des entreprises étrangères.

    «On fait appel à des étrangers pour gérer les affaires de la collectivité, comme si nous étions incapables de le faire nous-mêmes». «A Casablanca, même les autobus sont gérés par une société française», poursuit-il. Casablanca n’arrive pas à cacher la misère de sa population».(5) On l’aura compris, les Marocains ne profitent pas des fruits de la croissance que l’on dit de 5%. On apprend que dans la plus pure tradition esclavagiste, les Espagnols recrutent. Hicham Houdaïfa écrit : « (…) Il s’agit de 12 000 ouvrières marocaines qui doivent être recrutées dans des exploitations agricoles espagnoles en 2008. (..) Les «mmimates» (mères de famille, dans le jargon populaire) ont le cœur lourd. Ces femmes doivent être en bonne santé, ni grosses ni maigres, avec une dentition parfaite. Elles doivent non seulement être mariées mais également avoir des enfants âgés de moins de 14 ans ! En acceptant toutes les conditions posées par les Européens en matière d’immigration, le gouvernement participe à une nouvelle forme d’esclavagisme.» (6)

    Cela nous rappelle une contribution parue dans le Monde diplomatique «Mora le négrier». Celui-ci qui arpente le haut Atlas à la recherche de mineurs pour les mines du nord de la France dans les années trente. Lui aussi, il examine la dentition des candidats et met un cachet rouge de refus ou vert synonyme d’acceptation, le candidat sera alors un forçat dans les mines françaises. Rien n’a changé pour les Marocains.

    Les intérêts de la France, de l’Espagne et des Etats-Unis

    Ce qui fait courir l’Europe et les Etats-Unis, outre la position stratégique du Maroc, ce sont les ressources minières, halieutiques et énergétiques du grand Maroc:

    «Côté américain, écrit Denise Sollo, il est important de gagner le marché marocain par l’établissement d’une zone franche entre les deux pays. Cette attitude s’inscrit dans la politique américaine de conquête du marché africain. Pour l’Union européenne, il s’agit surtout de garder les marchés déjà acquis. Le Maghreb, de par sa proximité et ses richesses, représente pour l’Europe un marché à préserver et à développer. Néanmoins, pour les Etats-Unis comme pour les Européens,. (…) les enjeux d’ordre économique relèvent des richesses contenues dans le sous-sol du territoire, ainsi que celles contenues au large des côtes et dans les fonds marins. En effet, des compagnies pétrolières y effectuent actuellement de la prospection, sous l’autorisation de l’Etat marocain. Il s’agit des multinationales française et américaine TotalFinaELf et Keer Mc Geer (…)» (7)

    Dans ces conditions, le ras-le-bol des Sahraouis s’est traduit par une attaque de tous les attributs de l’Etat mais aussi des banques étrangères. Francis Weyl de l’Apso écrit (…) : «La décolonisation non aboutie est la cause primordiale de toutes les exactions commises sur les Sahraouis, peuple en trop sur son territoire. Les entreprises qui commercent avec le Maroc soutiennent directement la violence, le maintien dans le territoire des milliers de policiers, militaires, forces auxiliaires et mouchards, et l’importation massive de colons. (…) Dans les émeutes et les combats qui ont suivi, les Sahraouis ont tenté de repousser les forces répressives et attaqué les symboles du gouvernement, de son pillage des ressources naturelles du territoire et ses complices. D’autres banques à sonorités bien françaises sont installées à El Aâyun, pour une ou plusieurs agences. (…) En s’attaquant aux banques présentes dans ce territoire non autonome, les Sahraouis en attente de la mise en place du légitime référendum qui est leur droit, les accusent directement d’être complices de leurs souffrances, et de la souffrance du peuple sahraoui, qu’il soit exilé ou réfugié.(8)

    Suprême récompense de la part de la France et de l’Espagne: le 7 mars se tenait à Grenade un sommet Union européenne – Maroc, le premier depuis que, en 2008, le Royaume s’est vu attribuer le «statut avancé» de partenaire économique privilégié de l’UE. L’analyse pertinente du journaliste marocain, Ali Lmrabet, décrit à bien des égards la situation du Maghreb à partir de «l’exemple marocain», tant il est vrai que les pays le composant ne sont pas acteurs de leurs destins. Ecoutons-le :

    «Peut-on vivre au Maroc d’aujourd’hui en faisant omission de cette réalité qui veut que tout doit tourner autour du roi? (…) Et il est paradoxal de constater que ceux qui font leur cette analyse, en particulier les Français, les voisins espagnols et les lointains Américains (avant et avec Obama), ceux-là mêmes qui tiennent bec et ongles à leurs institutions et à leurs chères libertés, veulent nous garder en cage et nous pressent, indirectement bien entendu, de rester sages et d’accepter d’être gentiment conduits par le prince. (…) Nous ne serions pas prêts pour la démocratie, se lamentent ces hypocrites. Mais enfin, de quoi ont-ils peur? Que nous commencions à penser par nous-mêmes? A nous émanciper? Que nous trouvions des solutions à nos besoins, matériels et autres? Que veulent-ils, enfin, ces lointains Occidentaux? On a du mal à croire qu’ils veulent que notre région continue à être la grande fabrique d’extrémistes – qui se nourrissent, justement, des dictatures, des injustices faites aux gens et du manque de liberté criant qui sont notre pain quotidien ».(9)

    Les Sahraouis sont-ils les Palestiniens du Maghreb? Ou y a-t-il une autre façon de faire? L’honorable diplomate Lakhdar Brahimi, ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU, avait l’habitude de dire qu’il n’y a pas de conflit sans solution. Imaginons une Union maghrébine réelle, selon Akram Belkaïd, les estimations les plus fréquentes, une Union économique réelle avec libre circulation des personnes et des marchandises générerait au moins un point de croissance supplémentaire. Sans compter le fait que l’agriculture algérienne bénéficierait du savoir-faire des ouvriers agricoles marocains, tandis que l’est du Royaume chérifien, asphyxié économiquement, a un besoin urgent de l’ouverture de la frontière terrestre. (10). Pour qu’un Maghreb de l’intelligence puisse émerger, il est bon que les pays en question soient fascinés par le futur pour aller progressivement, à l’instar de l’Europe, vers une Union maghrébine dans le plein sens du terme. Un territoire de plus de 6 millions de km², un gisement solaire important, des énergies fossiles, une population jeune et bien formée serait la meilleure réponse à cette Europe qui continue à diviser pour régner. Nous devons en être conscients!
    Par Chems Eddine Chitour

    Source/Références

    1. Dominique Lagarde: Vent de colère au Sahara occidental Figaro 16.11.2010

    2. http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse, 2010.11.16 les-tensions-reprennent

    3. APSO: L’oued Saguia el Hamra, Rivière rouge de sang- Site Oulala, le 14 novembre 2010

    4. Quel avenir pour les Sahraouis? El Periódico de Catalunya, 09.11.2010

    5. Chafaâ Bouaïche: Casablanca, le règne du faste et de la misère -La Tribune 08.09.2008

    6. Hicham Houdaïfa: Trente euros pour cueillir des fraises -Courrier international 03.01.2008

    7. Denise Sollo: Origines, enjeux et perspectives de paix du conflit du Sahara occidental

    http://www.irenees.net/fr/fiches/analyse/fiche-analyse-18.html

    8.France Weyl: Des banques françaises au Sahara Occidental APSO, 17 novembre 2010

    9.Ali Lmrabet: Sa Majesté et notre pain quotidien El Khabar 28.07.2009.

    10.Akram Belkaïd: Un différend qui n’a que trop duré Le Quotidien d’Oran 09.04.2009

     
    Les Débats, 15-21/12/2010
  • Le Japon souhaite contribuer au développement économique de l’Algérie

    Le ministre japonais des Affaires étrangères Seiji Maehara a affirmé que son pays souhaitait contribuer au développement économique de l’Algérie, dans un entretien lundi au quotidien Liberté. «Le Japon s’intéresse au fait que l’Algérie possède des ressources énergétiques importantes et un grand marché intérieur (…) et souhaite contribuer au développement économique de l’Algérie», a déclaré M. Maehara, attendu lundi pour une visite de deux jours en Algérie. 
     
    Il s’agit de la première visite d’un ministre japonais des Affaires étrangères en Algérie depuis l’indépendance de ce pays en 1962. «Il y a des entreprises japonaises qui s’intéressent au plan quinquennal» algérien 2009-2014 qui prévoit des investissements publics de 286 milliards de dollars pour notamment moderniser et développer les infrastructures de base, a-t-il précisé. «L’Algérie a aujourd’hui besoin de beaucoup plus de transfert de technologie que de financement», a ajouté M. Maehara.

    Le Japon participe à plusieurs projets en Algérie dont une partie de l’autoroute est-ouest de 1200 km dont la réalisation avait été confiée en 2006 aux groupes chinois Citic-Crcc et japonais Cojaal, ainsi que dans le secteur de l’énergie. Interrogé sur le conflit du Sahara occidental, le ministre japonais s’est dit en faveur d’un règlement «prompt et pacifique à travers des négociations dans le cadre de l’ONU et espère» l’ouverture de négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario qui se disputent cette ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc. Concernant le processus de paix au Proche-Orient, le Japon «soutient la solution à deux Etats selon laquelle Israël et l’Etat palestinien économiquement indépendants, coexistent en paix et en sécurité», a indiqué M. Maehara, précisant que la Japon avait accordé depuis 1993 aux Palestiniens des aides supérieures à 1,1 milliard de dollars.

    Au cours de sa visite, M. Maehara doit notamment s’entretenir avec son homologue algérien Mourad Medelci. Une audience est également prévue avec le président Abdelaziz Bouteflika ou avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia, selon l’ambassade du Japon à Alger.

  • Jimenez donne le feu vert à Rabat

    L’assaut sanglant du 8 novembre dernier contre les populations sahraouies à Gdeim Izik, les incidents qui ont suivi à El-Ayoun et leurs séquelles qui se poursuivent jusqu’à nos jours sont considérés, au niveau de l’UE, comme une question «close», affirmait lundi dernier Mme Trinidad Jiménez, ministre des Affaires étrangères d’Espagne. Ainsi, nous est annoncée la décision du vieux continent de passer l’éponge sur les incidents qualifiés en leur temps de «graves» par Kouchner. Une décision qui a l’avantage de préserver sagement son plat de sardines à une Europe qui nous révèle une autre facette de la magnanimité européenne lorsque la violence et la mort se déroulent ailleurs, dans les anciennes colonies d’en face. 
    Une décision qui classe publiquement la demande du Parlement européen d’une enquête internationale qui nous dise ce qui s’est réellement passé dans cette zone du Sahara occidental, que les autorités coloniales avaient hermétiquement isolée du monde pour les besoins de la cause. Cependant, il y a pire. Mme Gimenez ne conjugue pas les violences du makhzen au passé, elle le fait de manière inquiétante au futur également. «Aucun incident ne pourra influencer sur les relations entre l’Union européenne et le Maroc», déclarait-elle le même jour à Bruxelles, comme rapporté de source médiatique. Une déclaration qui équivaut ni plus ni moins à un feu vert européen pour d’autres massacres, d’autres dépassements. Comme qui dirait «Elli darha kelbi, dji a’la galbi (ce que fait mon chien agrée à mon cœur)». Une déclaration qui nous laisse comprendre qu’au Maghreb, Rabat, désormais, bénéficiera dans son conflit expansionniste face aux Sahraouis de la même impunité qui, depuis des décennies, profite au Machrek, à Israël et à ses crimes sur les Palestiniens. 
    Et à la rencontre UE-Maroc dans le cadre de la 9e session de leur Conseil d’association, ni Jiménez ni ses pairs n’ont voulu se rappeler les recommandations lancées la veille par l’AG de l’ONU sur «le droit inaliénable à l’autodétermination de tous les peuples des territoires non autonomes». Peut-être qu’à Bruxelles, on a fini par classer aussi les FAR comme l’autre armée «la plus morale du monde». Vivement un «TPI africain», comme préconisé par Me Vergès. 
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 15/12/2010
  • Wikileaks : Le Maroc censure Le Monde, El Pais et Al-Quds Al-Arabi

    Les autorités marocaines ont bloqué la distribution de l’édition du 12 décembre du quotidien français Le Monde qui a reproduit des télégrammes diplomatiques américains diffusés par le site Wikileaks, jugés « diffamatoires » par les autorités marocaines, indique mardi 14 décembre l’AFP citant une source officielle marocaine.
    Début décembre, des éditions du journal espagnol El Pais et du quotidien arabe Al-Quds Al-Arabi avaient déjà été saisies au Maroc pour les mêmes raisons. Le Monde daté du 12 décembre ainsi que des éditions du journal espagnol El  Pais et du quotidien arabe Al-Quds Al-Arabi du début du mois « ont été interdits d’entrée pour avoir publié des informations diffamatoires sur le Maroc données sur le site WikiLeaks », a déclaré mardi à l’AFP un responsable du ministère de   la Communication.
    « Le Maroc n’a fait qu’appliquer un article du code de la presse qui stipule que le ministère de la Communication a le droit d’interdire toute publication dont des articles portent atteinte à la religion, à l’intégrité territoriale et  à la monarchie », a ajouté ce responsable préférant garder l’anonymat. Les documents de WikiLeaks reproduits par ces journaux faisaient état d’un télégramme du consulat américain de Casablanca émis en décembre 2009 dénonçant les pressions « exercées par l’entourage du roi du Maroc Mohammed VI pour solliciter des « pots-de-vin » dans le domaine de l’immobilier.
    Sous le titre : « WikiLeaks : au Maroc, la corruption s’institutionnalise et n’épargne pas le Palais royal », le quotidien français écrit dans son édition du 10 décembre que la corruption est devenue une pratique répandue au Maroc et qui concerne « les civils comme les militaires, ignore les classes sociales et touche jusqu’au palais royal ». La corruption, écrit encore le quotidien du soir, est également institutionnalisée au sein des forces armées royales (FAR).
    Faisant référence à plusieurs câbles de l’ambassade américaine à Rabat, Le Monde souligne que les mécanismes de corruption au royaume passent par trois personnes occupant une place privilégiée au cœur de la monarchie marocaine.
    DNA, 14/12/2010