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  • Ignorante ou de mauvaise foi, Rachida Dati?

    Vraiment tiraillée Rachida Dati entre le pays d’origine de son père et celui de sa mère? C’est ce que l’eurodéputée et ex-Garde des Sceaux de la France a voulu faire croire, préférant privilégier une solution onusienne dans le conflit du Sahara Occidental. Pourtant, cette solution existe, fruit de plusieurs années de négociations. Ou l’eurodéputée l’ignore et ce n’est pas digne de son rang politique. Ou alors c’est de la mauvaise et ce n’est pas digne de l’accueil qui lui a été fait à Alger. La solution onusienne au Sahara Occidental s’appelle un référendum d’autodétermination, acceptée par le Maroc avant que le royaume n’ y fasse obstacle convaincu que les Sahraouis opteraient pour l’indépendance.

    Pour rafraîchir la mémoire de la maire du VIIe arrondissement de Paris, on lui rappelle juste que l’organisation internationale a déployé dans la zone en question une mission qui s’appelle MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental). Elle est arrivée dans la foulée du cessez-le-feu formel décrété en septembre 1991. Sur le front, il était observé depuis 1988. La MINURSO avait pour but de superviser le bon déroulement du référendum prévu en janvier 1992. Cela fait près de 20 ans que le Maroc retarde l’échéance, au mépris de la légalité internationale. Aujourd’hui, le royaume est dans une logique de fait accompli colonial puisqu’il ne veut tout simplement la confirmation de l’annexion effectuée en 1975 par un plan d’autonomie.

    Ce plan a obtenu la bénédiction de Paris. Le président Nicolas Sarkozy a bien souligné cette position, auprès de Mohamed VI. Lors de sa visite d’Etat au Maroc, Rachida Dati était l’autre vedette du voyage. On ne se souvient pas qu’elle eut alos évoqué sa confiance en l’ONU.
    VL, 6/12/2010
  • Bouteflika : « Je ne suis pas Jésus Christ et je ne tendrai pas l’autre joue pour être frappé »

    On savait que l’Algérie et le Maroc divergent fondamentalement sur la question du Sahara occidental, mais on comprend aujourd’hui, à la lumière des câbles diplomatiques  américains révélés par Wilileaks, que la normalisation des relations entre les deux pays ne pourra jamais aboutir tant que le conflit qui oppose depuis 1975 le Maroc au Sahara occidental n’est pas réglé.  Cela transparait clairement et nettement dans les propos tenus par le chef de l’Etat algérien à des diplomates américains lors d’une audience accordée en 2005 à Alger. Compte rendu d’un câble classé confidentiel en date du 19 août 2005.
    L’audience d’une durée de deux heures s’est déroulée le 18 août 2005 au siège de la présidence. Sont présents l’ambassadeur US, Richard Erdman, le commandant suprême des forces alliés, le général James Jones, le sénateur Richard Lugar, ainsi que des membres de la délégation américaine. Coté algérien, autour de Bouteflika, il y a Larbi Belkheir, directeur du cabinet de la présidence, Gaid Salah, chef  d’état major de l’amée, Bensalah, président du Sénat et Abdelkader Messahel, ministre délégué aux affaires Africaines.
    Lugar exprime sa satisfaction pour les efforts de Bouteflika à créer un nouvel élan pour résoudre le conflit du Sahara occidental conflit. Bouteflika rappelle son engagement auprès de Bush en 2001 pour soutenir le plan de James Baker, mais que ce dernier a laissé un vide après son départ. Bouteflika assure que le Sahara occidental ne sera pas un «casus belli » pour l’Algérie, mais déclare  que le Polisario a le droit de reprendre les armes de reprendre les combats « sur son propre territoire ». Le président algérien rappelle que l’Algérie accepterait les résultats du referendum, mais ne serait pas partie prenante des négociations à la place des Sahraouis.
    Bouteflika souligne que le Maroc et le Polisario ont signé, sous l’égide de James Baker,  un accord pour le règlement du conflit à l’époque  ( 1997 ) où lui n’était pas dans les affaires. A l’époque, dit-il, il avait estimé que cet accord était vicié parce que l’on n’avait pas fixé une date limite pour sa mise en œuvre. Il affirme que s’il était à la place des Sahraouis, il l’aurait signé. Toutefois, il insiste sur le droit des Sahraouis de reprendre les armes, six mois, ou une année, si les termes de cet accord n’étaient mis en œuvre.
    Le président algérien révèle à ses hôtes qu’à son arrivée au pouvoir en avril 1999, sa position sur le Sahara occidental divergeait avec celle de l’institution militaire et des services de renseignements. Bouteflika affirme que sa position consiste à dire que le Sahara ne sera jamais un casus belli pour l’Algérie. Cela laisse suppose que l’armée algérienne était prête à engager un coup de force. ? Le memo de l’ambassade dit ceci : « Le Polisario ne peut pas engager l’Algérie dans une guerre (contre le Maroc, NDLR), insiste-t-il. Mais s’il décide de se battre sur leur ‘propre territoire’, ceci ne pourrait qu’être leur décision. Si tel était le cas, il ne peut pas faire la guerre au Sahara occidental et ensuite servir de l’Algérie comme base arrière. »
    Bouteflika affirme à ses interlocuteurs qu’il avait exhorté le Maroc à se conformer à la légalité internationale, c’est-à-dire au Nations Unies, pour le règlement de l’affaire du Sahara.  Quand l’Irak a envahi le Koweït, la communauté internationale s’est mobilisée, mais le Sahara occidental a été considéré comme un ‘simple question tribale’, explique le président.  Il critique ensuite l’Espagne et estime que les socialistes espagnols n’ont pas été honnêtes à l’égard des Sahraouis. Bouteflika révèle a ses interlocuteurs américains que les autorités espagnoles ont approché les Algériens pour entamer des négociations avec la France, le Maroc et l’Espagne pour résoudre le conflit, mais l’ Algérie, explique-t-il, ne réclame pas un quelconque droit sur le Sahara et ne peut pas négocier à la place des Sahraouis.
    Le Maroc, dit Bouteflika, voulait améliorer les relations avec son voisin, mais l’Algérie n’y répondrait pas à ses demandes jusqu’à ce que le Maroc ait accepté de revenir au cadre onusien.  En clair, les relations entre l’Algérie et le Maroc ne pourraient se normaliser que le jour où le conflit serait définitivement réglé.
    Selon Bouteflika, les relations bilatérales avec Le Maroc ont commencé à prendre de l’ampleur au début de l’année 2005. Le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia était prêt à se rendre à Rabat à la tête d’une grande délégation. De nombreux accords bilatéraux avec le Maroc, datant des années 1960, devaient être examinés au cours de cette visite, la première du genre depuis la fermeture des frontières en 1994.  Les Marocains avaient donc informé Bouteflika que le roi MohammedVI  allait recevoir en audience Ouyahia et sa délégation.
    Mais voilà, les Marocains changent d’avis et affirment que ‘les circonstances n’étaient pas favorable pour la visite’ qui avait été préparée pendant des mois.  En effet, en juin 2005, le gouvernement marocain avait brusquement annoncé l’annulation de cette visite jugée « inopportune ».  Commentaire du président : il n’accepte pas « des relations diplomatiques conduites d’une manière aussi irresponsable ».
    Le Maroc et l’Algérie seraient toujours voisins, dit Bouteflika, aucun des deux pays n’irait ailleurs, et ils doivent faire avec.  Toutefois, il est inacceptable de traiter des problèmes graves ‘de manière infantile.’ Bouteflika affirme que, dans ses discussions avec les présidents Bush et Chirac, entre autres, on lui a recommandé de prendre en considération le fait que le roi soit jeune et que lui est un diplomate chevronné. Mais, Bouteflika dit aux Américains : ‘Je ne suis pas Jésus-Christ’ et je ne tendrai pas l’autre joue pour être frappé. Le président fais allusion à la recommandation faite par Jésus à ses disciples : « celui qui te frappe sur la joue gauche, tourne lui aussi la droite » (L’évangile selon Mathieu 3 :38).
    Le président rappelle ensuite d’il est né au Maroc et qu’il connait très bien ce pays. Il affirme que le royaume souhaite et a intérêt à la réouverture des frontières d’autant plus que le Nord-est du Maroc dépend du commerce avec l’Oranie, en Algérie. Bouteflika affirme que même avec une frontière fermée, le commerce de la contrebande rapporte trois milliards d’euros par an au Maroc. Les deux pays ont des intérêts communs dans le cadre d’une relation améliorée, mais si les Marocains, dit Bouteflika, veulent des discussions sur la normalisation des relations entre les deux pays, ils doivent être sérieux dans la manière avec laquelle il traite l’Algérie.
    Bouteflika souligne que la question du Sahara occidentale n’est pas un nouveau dossier entre les mains de l’ONU. Il rappelle que James Baker avait accomplit un bon travail et que les Nations Unis possèdent une liste complète des électeurs. L’Algérie, dit-il, acceptera les résultats d’un référendum mais cela ne veut pas dire qu’elle ‘fermerait les yeux sur les astuces marocaines’.
    La question du Sahara occidental a été inscrite à l’ordre du jour depuis les années 1970, affirme Bouteflika, au même temps queBrunei, Suriname et Belize qui sont tous devenus indépendants. L’Algérie a appuyé le droit international mais ne serait pas un partenaire de négociations sur le Sahara occidental avec la France, l’Espagne, le Maroc ou les Etats-Unis, mais défendrait le droit à l’autodétermination. 
    DNA, 6/12/20101 
  • Lutte contre Aqmi au Sahel : Une cellule de surveillance aérienne de la CIA en Algérie

    L’Algérie reste l’un des grands alliés des Etats-Unis dans la lutte contre les réseaux terroristes au Sahel. C’est du moins ce que laisse entendre une note de l’ambassadeur US à Alger, reprise dans le cas de l’Algérie dans le cadre des révélations de documents diplomatiques américains par le site Wikileaks. Mieux, pour les Etats-Unis, l’Algérie est devenue ces dernières années le partenaire numéro 1 dans la lutte antiterroriste au Sahel contre Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). ‘Aucun pays n’est plus important que l’Algérie dans la lutte contre Al Qaïda au Sahel et au Maghreb», affirme l’ambassadeur américain à Alger David Pearce dans une note du 6 janvier 2010. Cette note a été envoyée à Washington quelque temps après l’inscription de l’Algérie sur une liste des pays à risque par l’Administration américaine pour la sécurité dans les transports. 
    On se rappelle qu’à l’époque, l’Algérie avait dénoncé ce ‘deux poids, deux mesures» dans la politique de l’administration Obama en matière de lutte contre le terrorisme. Le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, ayant même rencontré son homologue américaine Hillary Clinton à laquelle il avait officiellement souligné les réserves de l’Algérie sur cette mesure, par la suite ‘adoucie». Dans les notes ‘diplomatiques» reprises par Wikileaks, il est également relevé que ‘Les diplomates américains saluent l’intensité grandissante de la coopération politique, sécuritaire et économique avec l’Algérie». Pour autant, ‘ils se disent frustrés de la réticence des autorités algériennes pour partager leurs renseignements sur les groupes terroristes qui activent dans le pays». Et, ils reprochent ‘surtout aux forces de sécurité (algériennes) de ne pas avoir transmis les informations qui auraient pu éviter les attentats de décembre 2007 contre les Nations unies à Alger». Par ailleurs, Wikileaks révèle que ‘la coopération dans le domaine du renseignement (entre Alger et Washington) se fait aussi par l’intermédiaire d’une cellule active de la CIA de surveillance aérienne des groupes terroristes armés sur le territoire algérien via l’Africom».

     Or, la présence d’une antenne de la CIA en Algérie est restée secrète jusqu’en 2009, après l’affaire Warren, le chef d’antenne de la CIA à Alger, qui avait violé deux algériennes après les avoir droguées. Les notes ‘diplomatiques» de Wikileaks révèlent également que la coopération entre Alger et Washington reste solide, notamment dans le domaine des hydrocarbures. Les révélations de Wikileaks sur la coopération entre les services de renseignements américains et les services de sécurité algériens en matière de lutte contre les réseaux terroristes d’Al Qaïda au Sahel ne sont pas pour autant, tellement surprenants. Ce qui l’est, par contre, c’est cette cellule de la CIA, apparemment installée en Algérie, et faisant partie du commandement de l’Africom, pour le moment basé en Allemagne, et qui surveille les mouvements des groupes d’Aqmi au Sahel par voie aérienne. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que les services de renseignements américains balaient avec leurs satellites espions, autant la région du Maghreb que tout le Sahel. C’est, en fait, l’une des grandes raisons qui avaient poussé le commandement de l’Africom à vouloir s’implanter dans le sud algérien ou marocain, sans résultat. Même si les Marocains ont déjà offert une base arrière pour l’armée US près de Tan-Tan, au Sahara Occidental occupé (par le Maroc, ndds)

    Par Yazid Alilat
    Le quotidien d’Oran, 6/12/2010
  • Le Makhzen force la rue à soutenir son projet d’autonomie

    À quelles logiques obéit la marche du dimanche 28 novembre 2010 qui a été initiée au Maroc, plus particulièrement à Casablanca, la capitale économique ?
    La marche de Casablanca a également ciblé l’Algérie et le Front Polisario, entretenant davantage la confusion pour se dérober des questions de fond. 

    Conforté par la dernière position du Conseil de sécurité de l’ONU qui a “déploré” les violences commises, lors du démantèlement du camp de Gdeim-Izik, près d’El-Ayoun occupée, sans décider d’ouvrir une enquête et sans condamner l’attitude de Rabat envers la Minurso, et surtout encouragé par la protection franco-espagnole et le rôle joué par la France, qui s’est opposée à une enquête de l’ONU (version confirmée à demi-mot par une source diplomatique anonyme citée par le journal français Le Monde du 18 novembre 2010), le Maroc ne s’attendait point à ce que cette question soit portée à l’hémicycle européen. Il a donc été ébranlé par la position du PE, lequel a condamné les violences commises, le 8 novembre, au camp sahraoui et demandé “instamment” la mise en place sous l’égide de l’ONU d’une commission d’enquête pour élucider les “violents incidents”, en invitant l’UE “d’exiger du royaume du Maroc qu’il se conforme au droit international”.

    À la veille d’une importante rencontre de l’UE sur le statut avancé concédé à Rabat, le Maroc est au comble de l’agitation. Rien de mieux pour un système vieillissant fonctionnant sur l’arbitraire, les nouveaux bagnes de Tazmamart, la désinformation et le dénigrement, d’exploiter, en tant voulu, la façade démocratique. La marche du 28 novembre effacera-t-elle vraiment le contenu de la résolution du PE et voilera-t-elle les nombreuses atteintes commises par le Maroc, y compris celles de fermer le territoire sahraoui aux élus et parlementaires étrangers, ainsi qu’aux observateurs et journalistes indépendants ?
    Quels messages veut-elle faire passer ? Cette action s’inscrit-elle dans la recherche d’une solution politique juste et durable du conflit relatif au “territoire non autonome” du Sahara occidental ? Cherche-t-elle à voiler les derniers dérapages de Rabat et à minimiser les dégâts enregistrés le 8 novembre dernier, au camp sahraoui de Gdeim-Izik ? S’inspire-t-elle de la “Marche verte” du 6 novembre 1975, pour décrocher cette fois un accord économique avec l’Union européenne ? 
    Ce sont là quelques questions suscitées par la marche dite “historique” de Casablanca qui, d’après les organisateurs et d’autres sources (agences de presse), a rassemblé “plusieurs centaines de milliers” de Marocains, “plus d’un million”, “plus de 2 millions” ou de “3 millions” de Marocains. Si l’on se penche sur les commentaires rapportés par les médias marocains, la marche du 28 novembre portait “plusieurs messages”. Elle se voulait d’abord une réponse aux “ennemis de l’intégrité territoriale du royaume”. Elle exprimait le point de vue “unanime” du peuple marocain, descendu dans la rue pour défendre “la marocanité” du territoire sahraoui. Et, pour faire un clin d’œil à leurs alliés espagnols au pouvoir, pour  “condamner les agissements et le complot du Parti Populaire espagnol”, accusé d’être derrière l’adoption récente d’une résolution, par le Parlement européen, défavorable au Maroc. Une résolution qualifiée de “précipitée, injuste et partiale”. Réagissant aux discours développés, avant et pendant la marche, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a indiqué que le Maroc a trouvé chez le parti populaire espagnol le parfait “bouc émissaire”, pour faire endosser aux autres, “gouvernements, forces politiques, organisations de droits humains et médias indépendants”, la responsabilité de ses propres  “erreurs” et faits accomplis. Il a également observé qu’en agissant de la sorte, Rabat  “méprise l’opinion publique dans ce pays (l’Espagne) et (s’ingère) dans ses affaires intérieures, dans une période politique très sensible.” 
    Hafidha Ameyer
    Liberté, 30/11/2010
  • Conférence de Rachida Dati à Alger : Fausse ingénuité

    Rachida Dati est bel et bien retombée de son piédestal. Celle qui fut présentée en exemple parfait d’une intégration réussie, en France, n’est présentement que modeste maire d’un arrondissement parisien. Dans les gazettes, elle figure davantage dans la rubrique des faits divers et des ragots. Il est loin le temps où elle était dans le premier cercle des décideurs. Aujourd’hui, on se gausse davantage de ses déboires. De passage à Alger, elle ne semble pas avoir retrouvé cette lucidité qui sied aux politiques. Entre le cœur et la raison, elle a hâtivement choisi. Sans vouloir fâcher personne, elle a pris position, sans avoir l’air, pour le Maroc dans l’affaire du Sahara Occidental. Voilà un problème de décolonisation qu’elle s’est évertuée à présenter comme un problème d’incompréhension entre deux Etats de la région. Elle parle de tout le monde sauf des habitants de ce territoire en lutte depuis plus d’une trentaine d’années pour se libérer d’une domination pesante.    

    La politique n’est pas que du mélodrame. Les Sahraouis ont été victimes, de l’avis d’organisations internationales de défense des droits de l’homme, de violences qui ont suscité de l’émoi jusqu’au parlement européen où siège Mme Dati. Visiblement, l’ex-garde des Sceaux ne veut voir que ce qui arrange ses analyses. Elle ne semble pas lire les journaux de sa majesté ou regarder la télévision pour se rendre compte d’une évidence et pour prendre connaissance des injures et des attaques fielleuses qui sont déversées chaque jour sur notre pays. 
    Tout est fait pour réduire l’affaire du Sahara Occidental à un conflit bilatéral. Où est cette responsabilité, ce sens de la mesure et de la tempérance et dont elle gratifie gratuitement les autorités marocaines ? Celles-ci, lors de l’arrestation de Mustapha Ould Mouloud, avaient  voulu en faire l’équivalent d’un Sakharov. Aujourd’hui que le royaume est pointé du doigt, que son véritable visage se révèle, on cherche à réduire la répression des habitants du camp de Gdim Izik d’El Ayoun aux…crimes des miliciens du Polisario ! On sait depuis longtemps que la politique n’est en rien affaire de sentiments. Encore moins de famille car la paternité qu’assume l’ex-ministre risque dans ce cas  de fausser toutes les données. L’histoire a retenu un jour qu’un illustre écrivain né en Algérie a choisi sa mère mais pas la justice. Au mieux, cela fut retenu comme une défaillance de jugement.
    H. Rachid
    Horizons, 6/12/2010 
  • Sahara occidental : La Gauche européenne appelle à un référendum

    «Les autorités marocaines y installent délibérément des colons pour porter atteinte à l’intégrité culturelle du peuple sahraoui et favoriser le pillage de ses ressources naturelles ». 
    Le 3e congrès de la Gauche européenne a réitéré sa solidarité «agissante» avec le peuple sahraoui pour le parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental et appelé à l’application, dans «les plus brefs délais», des résolutions du Conseil de sécurité pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. 

    Dans une résolution sur le Sahara occidental, adoptée au terme de ses travaux qui ont pris fin dimanche soir à Paris, en présence d’une délégation du Front Polisario conduite par Omar Mansour, membre du secrétariat national du Front et représentant diplomatique en France, le congrès a réitéré son «soutien à la lutte légitime du Front Polisario» pour l’application de ce droit. Le Sahara occidental, a souligné la Gauche européenne, est un territoire «non-autonome», placé sous les auspices de l’ONU, et affirmé que ce territoire est «militairement occupé par le Maroc» et que «les autorités marocaines y installent délibérément des colons pour porter atteinte à l’intégrité culturelle du peuple sahraoui et favoriser le pillage de ses ressources naturelles». 

    Le congrès a appelé également à l’élargissement des prérogatives de la Minurso à la surveillance et au respect des droits de l’homme au Sahara occidental, tout comme il a appelé à la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis et à «déterminer les responsabilités pénales du roi du Maroc et de son gouvernement dans les actes criminels commis dans ce territoire occupé». 

    Les participants ont également dénoncé «le silence du gouvernement espagnol et de l’Union européenne face à la violence exercée par les forces d’occupation marocaines dans le territoire occupé du Sahara occidental» et appelé le Conseil de l’Europe à geler l’accord d’association Maroc-UE «jusqu’à que le royaume du Maroc respecte la clause 2 de l’accord sur les droits de l’homme». L’accord de pêche, ont-ils en outre insisté, «ne doit pas inclure les eaux territoriales sahraouies, en application de la légalité internationale», car, ont-ils rappelé, «ces eaux territoriales n’appartiennent pas au Maroc». 

    A la faveur des «terribles évènements » des campements de Gdeim Izik (El Ayoune), exécutés à huis clos en l’absence de la presse internationale et des observateurs étrangers, la solidarité de la Gauche est pleinement réaffirmée. 

    Elle s’engage à encourager la diffusion dans leurs pays respectifs de «toutes les informations révélant la répression criminelle commise contre le peuple sahraoui». 
    R.I.
    Horizons, 6/12/2010
  • Le Conseil national sahraoui salue la position européenne

    Le Conseil national (Parlement) sahraoui a, à l’occasion de l’ouverture de la session hivernale, salué, samedi, la position des Parlements, européen et espagnol, condamnant les graves violations des droits de l’Homme commises par le Maroc contre les citoyens sahraouis sans défense dans le camp de Gdeim Izik et la ville occupée d’El Ayoun, a-t-on indiqué dans un communiqué rendu public dont une copie a été reprise par Sahara presse service (SPS). Le Conseil a également apprécié les sacrifices du peuple sahraoui, malgré l’embargo imposé par les forces marocaines, ainsi que la solidarité manifestée par la plupart des pays et organisations pour exprimer leur dénonciation de la grave situation des droits de l’Homme qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara Occidental. 
     
    Dans ce contexte, les parlementaires sahraouis ont condamné au même titre la campagne acharnée des autorités marocaines envers le peuple sahraoui dans les territoires occupés, avertissant que de telles actions « irresponsables ne mènent qu’à plus de tension et engendrent dans la région un danger dont les conséquences sont inestimables ». Le Conseil a exigé l’envoi d’une commission d’enquête internationale sur les événements du camp de Gdeim Izik et des territoires occupés et la création d’un mécanisme permanent de surveillance des droits humains au Sahara Occidental. «La solution du conflit du Sahara Occidental passe inéluctablement par le respect du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum juste et transparent sous les auspices de l’ONU, a rappelé le Conseil national sahraoui dans ce même communiqué. 
     
    À Paris, un rassemblement a été organisé, samedi, à la Place du Palais Royal, à l’appel des Associations françaises solidaires avec la cause sahraouie, dans le cadre d’une nouvelle mobilisation contre la répression marocaine et pour l’autodétermination du peuple sahraoui. Dans leur appel, ces associations ont exigé du gouvernement français, de l’Union européenne et des Nations unies d’agir pour l’arrêt de la répression, le respect des droits de l’Homme et la libération des prisonniers politiques sahraouis, ainsi que la levée de l’état de siège et le libre accès des journalistes aux territoires occupés du Sahara Occidental. « La liberté de la presse est toujours limitée et de nombreux journalistes, parlementaires et observateurs sont expulsés sans explication », ontelles déploré, relevant que le Maroc veut pouvoir emprisonner et torturer sans témoin. Cette manifestation était aussi une opportunité pour souligner, que le Parlement européen a résisté aux pressions du Maroc et adopté le 25 novembre dernier une résolution condamnant les violents incidents de Gdeim Izik, près d’El Ayoun, en demandant au Maroc le libre accès des journalistes et observateurs internationaux aux territoires occupés, et aux Nations unies de mener une enquête indépendante et instaurer un mécanisme de surveillance des droits de l’Homme. 
     
    Les associations de solidarité ont dénoncé, en outre, le fait que le gouvernement français reste sourd aux souffrances du peuple sahraoui et réaffirme son appui au Maroc, relevant que la seule solution juste et définitive à ce conflit, qui n’a que trop duré, est d’organiser le référendum d’autodétermination afin de laisser le peuple sahraoui décider librement de son avenir. Au cours de ce rassemblement, les manifestants ont brandi des drapeaux sahraouis et des banderoles dénonçant la répression marocaine dans les territoires occupés et clamé le respect du droit international au Sahara Occidental. Cette manifestation, faudrait-il le rappeler, la 4e du genre à Paris était destinée à alerter l’opinion française sur la justesse de la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination et l’amener à faire pression sur son gouvernement pour agir en faveur de la légalité internationale, ont indiqué les organisateurs.

     Farid Houali 
    Le Courrier d’Algérie, 6/12/2010

  • Que veut le Maroc ?

    Devant les difficultés d’affronter ses problèmes internes nés précisément de l’occupation unilatérale du Sahara Occidental, le Maroc désigne les partis politiques et la presse espagnole ainsi que l’Algérie comme sources de ses malheurs. Les évènements d’El-Ayoun qui ont scandalisé le monde, seraient donc le résultat de la manipulation algérienne. Sans preuves ni démonstrations de l’implication de l’Algérie dans cette affaire, le palais royal se lance dans une campagne de dénigrement qui ne s’arrête plus aux médias. Le rassemblement orchestré à Casablanca considéré comme un signe fort de l’union des marocains ainsi que des regroupements un peu partout y compris en Libye, se font sous le signe du soutien à Mohamed VI pour l’occupation d’un territoire égal en surface à son pays. 
    Les chaînes marocaines diffusent des tables rondes glorifiant le peuple marocain et le chauffant au maximum autour d’une question qui relève en fait des Droits de l’Homme. L’Algérie est souvent au menu au point de déclarer qu’elle n’est pas un Etat-nation contrairement à l’Etat marocain plus ancien et mieux structuré autour d’une royauté qui a fait tant de dégâts par la répression particulièrement depuis le règne de Hassan II. Un autre cirque d’images consiste à poursuivre en justice des télévisions espagnoles qui auraient diffusé des mensonges à propos de ce qui s’est passé à EL-Ayoun. 
    Cette approche de la question ne peut qu’envenimer encore plus les relations entre nos deux pays. S’il est vrai que le Maroc tout comme la Tunisie ont aidé l’Algérie durant la guerre de libération, cette dernière à son tour a su rendre la pareille en plusieurs circonstances. Si l’Algérie ferme les yeux sur les frontières et sur la circulation des biens et des personnes il n’est en aucun cas admis que sa position doive être influencée lorsqu’il s’agit de défendre des positions de principe. 
    Et le Sahara Occidental est une question de principe. Le principe du droit d’un peule à se prononcer sur son devenir à n’importe quel prix. Faute de quoi, rien ne dit que l’Algérie ne peut réviser les relations bilatérales qui ont commencé à connaître un certain réchauffement. Faute de quoi rien n’est plus possible dans un cadre maghrébin et l’UMA, cette entité régionale ne sera qu’une coquille vide. Faute de quoi et devant cette véritable guerre diplomatique malgré la position de l’UE, le Maroc n’a qu’à dire clairement ce qu’il veut. Car ce que veut l’Algérie est clair: un référendum d’autodétermination inscrit dans le droit international et validé par les instances onusiennes. Le reste n’est qu’une comédie qui n’amuse plus personne.
    Par Ahmed Meskine
    Le Carrefour d’Algérie, 6/12/2010 
  • Le makhzen, bœuf ou grenouille ?

    Pas fou le commandeur des croyants, lui qui connaît son entourage et qui sait que ses politiques ne sont en réalité que des Essahaf en toc.
    La première chambre du Parlement marocain réclamait vendredi dernier, à l’unanimité, la «récupération» par le Maroc des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Une demande aussi surprenante que l’attaque de Gdeim Izik et qui risque de se solder par un résultat similaire. Appuyée par la majorité des Marocains, Cette «récupération» n’a jamais vraiment enchanté le roi ou son makhzen, les deux enclaves, constituant à la limite un moyen de chantage brandi à certains moments. Et puis, par quels moyens compte-t-on récupérer les deux enclaves qui sont quand même plus intéressantes qu’un bout de rocher. 
    Et même si jamais le trône venait à se piquer au jeu et que la demande l’intéresse, il réfléchira doublement avant de s’aventurer, sachant qu’il ne pourra s’appuyer cette fois sur un autre accord tripartite autorisant une autre marche verte. D’ailleurs, la marche qui était prévue a lamentablement échoué, ses organisateurs n’ayant pas réussi à recruter les marcheurs. Soumettre le dossier à l’ONU ? C’est se mettre à dos toute l’Espagne et pousser Madrid à s’aligner en bloc sur les thèses du Polisario avec des conséquences négatives pour le sultan et sa cour. Sinon, Rabat acceptera-t-elle que la «récupération» passe par les urnes et que contrairement aux populations sahraouies, celles de Ceuta et Melilla puissent user des leur droit à s’autodéterminer lors d’une consultation populaire libre et honnête ? Et là, il faut quand même se rendre à l’évidence : rien ne dit que dans les enclaves, les habitants d’origine marocaine voteront pour la «récupération» et non pas pour le maintien d’un statut qui les met en position avantageuse par rapport aux sujets du roi. Reste la guerre ! Le sultan proclamera-t-il aujourd’hui son djihad contre Aznar et ses compatriotes avec la même fermeté démontrée lors de la triste romance de Leila ? Pas fou le commandeur des croyants, lui qui connaît son entourage et qui sait que ses politiques ne sont en réalité que des Essahaf en toc. Et puis, la CIA dit que son petit doigt lui a révélé que Rabat comptait faire la guerre à l’Algérie. Comme le Maroc ne peut courir deux lièvres à la fois, et qu’il ne fera pas la guerre à l’Espagne, il continuera à préparer d’autres récupérations dans la perspective du Grand Maroc. Donc, il continuera à… rêver. 
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 6/12/2010
  • Bouteflika balaie les mensonges du Maroc

    Les révélations de WikiLeaks, qui ne constituent en rien un «scoop», confortent la position constante du chef de l’Etat vis-à-vis de ces questions et clarifient les relations actuelles de l’Algérie avec le Royaume chérifien.
    Les gesticulations du souverain marocain ressemblent à un chahut de gamins. Il voit partout la main de l’Algérie pour expliquer les déboires de sa diplomatie. Il faut, cependant, souligner que les relations entre Rabat et Alger sont surtout et particulièrement minées par le dossier du Sahara occidental. «L’heure de vérité a sonné pour dévoiler à la communauté internationale les affres de la répression, de l’intimidation, de l’humiliation et des tortures qui sont infligées à nos compatriotes dans les camps de Tindouf, en violation flagrante des principes les plus élémentaires du droit international humanitaire», avait accusé Mohammed VI, le 6 novembre 2010, à l’occasion de la célébration du 35e anniversaire de la Marche verte qui a marqué le début de l’annexion du Sahara occidental. Un discours qui cible directement l’Algérie.

    A travers les révélations du site WikiLeaks, le Président de la République lui répond et remet les pendules à l’heure. «Si je pouvais résoudre le problème, je le ferais. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis. Ce qu’il faut, c’est que le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains», aurait déclaré, au mois de mai 2007, Abdelaziz Bouteflika dans le compte-rendu d’une audience d’une durée de 3h30 accordée à la conseillère pour les Affaires de sécurité du président des Etats-Unis, G.W.Bush, Frances Fragos Townsend, glané par WikiLeaks et divulgué par le quotidien français Le Monde.

    Le Makhzen, qui s’est gargarisé à s’en rompre le gosier en tentant vainement de diaboliser l’Algérie, en a aujourd’hui pour son compte. Ce qui n’était qu’un secret de polichinelle vient d’être étalé au grand jour.

    Les médias internationaux et les démocraties occidentales friandes d’informations pour tout ce qui touche le Maghreb, en général, sont édifiés à propos des relations politiques tendues entre Rabat et Alger, exacerbées par les fréquents discours belliqueux de Mohammed VI. La position algérienne à propos de la question du Sahara occidental, qui met dans tous ses états le pouvoir marocain et constitue la principale pomme de discorde entre les deux pays voisins, n’a guère variée. La question du Sahara demeure une question de décolonisation dans le cadre de la légalité internationale et de l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui puisse permettre au peuple sahraoui de s’exprimer librement quant à son avenir.

    «Il ne s’agit pas d’un conflit de frères entre le souverain marocain et le Président Bouteflika, ce n’est pas non plus une confrontation entre le gouvernement algérien et celui du Maroc, et encore moins une divergence entre les deux peuples algérien et marocain frères…Nous soutenons par là un des principes de la Charte des Nations unies et qu’il soit clair dans vos esprits et, à travers vous, dans celui de tous les citoyens algériens, que nous vouons estime et fraternité à nos frères au Maroc, ce sont nos voisins et le demeureront», avait précisé le chef de l’Etat dans un discours prononcé au sein du Palais Zighoud-Youcef en 2004.

    Les révélations de Wiki-Leaks, qui ne constituent donc en rien un «scoop», confortent la position constante du chef de l’Etat et clarifient les relations actuelles de l’Algérie avec le Royaume chérifien encouragé par la France: soutien indéfectible du trône alaouite. Le premier magistrat du pays met à nu le télescopage de vues annexionnistes du Sahara occidental entre Paris et Rabat. Les Français «du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit. La France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne», aurait confié Abdelaziz Bouteflika. Pour le chef de l’Etat, c’est une autre manière pour l’ancienne puissance colonisatrice de régler ses comptes avec l’Algérie «en appuyant le Maroc». Et en ce sens, le gouvernement français a saisi toutes les occasions pour le crier haut et fort. «La frontière entre l’Algérie et le Maroc est l’une des plus hermétiques au monde», avait déclaré Bernard Kouchner à des élus français lors de son audition par la commission des affaires étrangères du Palais Bourbon. L’ex-chef de la diplomatie française plaidait pour une réouverture des frontières terrestres entre les deux pays. Un voeu du Maroc. Qu’en est-il de la position française pour le Sahara occidental? «La France, comme d’ailleurs le Conseil de sécurité, juge intéressante la proposition marocaine qui mérite d’être discutée», avait insinué le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, dans une interview tendancieuse, au magazine Jeune Afrique au mois de mars 2009.

    «Cette proposition d’autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l’impasse. La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine…», avait réaffirmé le Premier ministre français, François Fillon, lors d’une conférence de presse qui a clôturé les travaux de la 10e Réunion de haut niveau franco-marocaine à Paris au mois de juillet 2010. Les révélations de WikiLeaks ont dévoilé les véritables intentions des uns et des autres. Les mensonges du Makhzen et ses attaques gratuites contre l’Algérie ont été mis à nu. Mohammed VI doit désormais «jouer» à visage découvert.
    Mohamed TOUATI
    L’Expression, 5/12/2010