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  • Bujari : “Comment demander aux Sahraouis de tendre l’autre joue ?”

    Déplorer la violence. Voilà la formule sur laquelle les 15 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU se sont mis d’accord après trois heures de réunion à portes fermées. Le Maroc s’est montré satisfait, tandis que le Polisario évaluera la possibilité d’interrompre les dialogues de Paix.
    D’après des sources diplomatiques, certaines délégations, dont la France – tenant du droit de veto –, ont refusé que l’ONU envoie une mission d’enquête ou impose une peine au Maroc, mais ont fini par accepter de regretter, de manière générale, l’épisode de violence.

    “Les membres du Conseil déplorent la violence à Laâyoune et dans le camp de Gdeim Izik et présentent leurs condoléances aux familles de morts et blessés qui y sont tombés”, a dit le président de tour du Conseil de Sécurité, l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, dans ses brèves déclarations à la presse, sans ouvrir la voie aux questions.

    Le diplomate britannique a renouvelé le soutien du Conseil de Sécurité à la Mission des Nations Unies dans le Sahara Occidental (MINURSO) et a demandé “une plus grande volonté politique” au Maroc et au Front Polisario, afin de trouver une solution au conflit à travers le processus de négociations que patronne les Nations Unies.

    Lors de la réunion, les délégations ont écouté un rapport du Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Opérations de Paix, Atul Kharé, sur le démantèlement du camp de Gdeim Izik et les protestations à Laâyoune. D’après certaines sources, Kharé a expliqué, dans son intervention, que les autorités marocaines ont restreint la liberté de mouvement de la MINURSO, laquelle n’a pu accéder aux zones de conflit.

    En plus, l’envoyé spécial pour le Sahara, Christopher Ross, a informé sur la réunion informelle tenue entre les parties dans la banlieue new-yorkaise, la semaine dernière, et dans laquelle elles se sont engagées à poursuivre le dialogue.


    INTERRUPTION DES NÉGOCIATIONS

    Le représentant du Polisario auprès de l’ONU, Ahmed Bujari, a dit à GuinGuinBali que la position du Conseil peut être vue comme “un verre à moitié plein ou à moitié vide”.

    Bujari estime positif le fait que plusieurs membres du Conseil, dont le Mexique, “aient œuvré pour que les événements du Sahara occupé ne passent pas inaperçus”.

    Mais cela ne suffit pas. Le Polisario demandait d’appliquer une peine au Maroc et que l’ONU envoie une mission d’enquête ; il avait d’ailleurs menacé d’interrompre les négociations de paix avec le Maroc s’il ne l’obtenait pas.

    “L’ONU a perdu l’occasion de revitaliser un processus de paix stagnant, par la faute de la France, qui s’est opposée à une enquête, par peur que le monde connaisse la vérité”, a déclaré Bujari.

    Autre demande rejetée par le Conseil de Sécurité, celle d’ajouter un composant de droits humains au mandat de la MINURSO.

    Face à cette situation, Bujari admet qu’il y a “un haut risque que « tout s’ébranle»”. Il affirme que, maintenant, ils doivent évaluer “tous les facteurs de l’équation” et tenir compte de la volonté du peuple sahraoui. “Nous devons tenir compte que la plupart des Sahraouis ne voit pas de perspectives sérieuses pour un processus de paix. Le Maroc a miné le drapeau pacifique qu’il portait. Comment demander aux Sahraouis de tendre l’autre joue ?”

    L’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, Mohammed Loulichki, affirmait, en sortant de la réunion, que son pays a en tout moment collaboré avec la mission de paix des Nations Unies et ponctuellement informé des actions de ses forces de sécurité.

    “Nous estimons positif le contenu de la déclaration, ainsi que les condoléances présentées par tous les membres du Conseil de Sécurité aux familles des victimes”, disait le diplomate marocain dans ses déclarations à Efe.
    “Pour lui, il s’agit du “massacre” d’une dizaine d’agents des mains des manifestants sahraouis. “Il est clair que les forces marocaines ont agi avec la majeure contention et que les autorités ont donné des ordres afin d’éviter qu’il y ait des victimes.”

    Le porte-parole de Human Rights Watch (HRW), Philippe Bolopion, a affirmé que la MINURSO est demeurée “aveugle” au moment où ont eu lieu les incidents parce qu’elle manque d’autorité et de ressources pour surveiller le respect des droits humains dans le Sahara Occidental.

    Quant aux différents nombres de victimes, HRW confirme la mort de deux civiles et l’arrestation d’une centaine de Sahraouis.

    Par ailleurs, Rabat reconnaît treize morts (onze agents et deux civiles sahraouis), tandis que le Polisario parle de 36 morts et 700 blessés.
    Guinguinbali, 17/11/2010

  • Les écoles de Smara assiégés par des colons marocains et il 21 blessés

    La tension monte et se propage au Sahara Occidental. De fait, le conflit s’est déplacé à Smara, où des ciotyens Marocains protégés par la police marocaine sont entrés dans quelques écoles et il y a 21 enfants blessés à l’hôpital, selon des sources locales.

    Smara est une ville du désert qui se trouve au nord-est du Sahara Occidental. C’est la dernière ville avant d’arriver au mur que sépare le Sahara Occidental du Sahara libre.

    Hier soir a eu lieu une manifestation d’étudiants de soutien à la résolution du Parlement Européen, qui condamnait l’usage de la violence durant l’assaut au campement de ‘Gdeim Izik’ et demandait une enquête indépendante de l’ONU au Sahara.

    Mais à El Aaiún, la capitale de l’ancienne colonie espagnole, le calme ne règne pas non plus. La Police marocaine est aussi entrée dans l’Institut Mohamed VI grâce aux affrontements entre les étudiants marocains, qui voulaient faire une protestation antiespagnole comme à Casablanca, et les sahraouis.

    El Mundo, 29/11/2010
  • Le Front Polisario salue « une victoire » pour les Sahraouis

    La résolution du Parlement européen favorable à une enquête de l’ONU sur les violences survenues le 8 novembre au Sahara occidental, est « une victoire » pour les Sahraouis, a estimé samedi 27 novembre le Front Polisario. La résolution du Parlement européen (PE) « constitue une victoire pour le peuple sahraoui et une attestation internationale battant en brèche les allégations de Rabat », a estimé le Premier ministre sahraoui Taleb Omar, cité par l’agence APS. 
    Selon cette résolution adoptée jeudi à Strasbourg par les eurodéputés, les Nations Unies « constitueraient l’organisation la plus à même de mener une enquête internationale indépendante en vue de clarifier les événements, les décès et les disparitions » survenus le 8 novembre au camp de Gdim Izik, près de Lâayoune, chef lieu du Sahara occidental. Les forces d’occupation marocaines avaient alors procédé à la destruction d’un camp de Sahraouis contestataires.
    Le Front Polisario a accusé la France d’avoir empêché la mise en place d’une telle enquête par le Conseil de sécurité de l’ONU. Selon le responsable du Front Polisario, cette résolution accordera aux sahraouis « une nouvelle immunité juridique de la part de la plus importante institution démocratique qui respecte les droits de l’homme ».
    Le Maroc a « regretté » jeudi la résolution du PE, estimant qu’il s’agissait d’un texte « partial, injuste, non objectif et précipité », selon le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri. Selon Rabat, les incidents de Gdim Izik ont fait 13 morts, dont 11 parmi les forces de l’ordre. Le Front Polisario a fait état pour sa part de « dizaines de morts ».
    Yourdz, 28/11/2010
  • Maroc : Panique au palais royal

    La dernière résolution du Parlement européen en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui, qui appelle l’ONU à envoyer une commission d’enquête sur l’agression contre El Aaiun, semble avoir ébranlé le palais. Hier, Mohammed VI a «répondu», à sa manière, à la mise à nu européenne en ameutant ses sujets à Casablanca.
    Ils étaient près d’un million, même trois millions pour les amateurs de la gymnastique des chiffres, à s’être rassemblés dans la capitale économique du royaume pour crier – au propre et au figuré – leur attachement à la «marocanité» du Sahara.

    Brandissant des drapeaux marocains comme lors de la «marche verte» de 1975, ces bons sujets de sa majesté ont longuement brocardé le parti populaire espagnol à l’origine de la résolution du Parlement européen. C’est la première fois depuis 35 ans que la monarchie organise une mobilisation aussi importante, alors que sa propagande se voulait rassurante sur le succès international de son «plan d’autonomie». Mais le ton et les termes de la résolution du Parlement européen constituent une véritable claque au makhzen. C’est aussi un cinglant échec de 19 années d’activisme diplomatique qui a tenté de vendre une image d’un Maroc des droits de l’homme et où les Sahraouis occupés respirent la joie et la quiétude dans le royaume du «commandeur des croyants».
    Mariage de raison
    C’est cette image déformée que les eurodéputés – porte-voix des peuples d’Europe – ont dénoncée dans leur résolution inédite, pendant que les dirigeants politiques de certains Etats, notamment la France et l’Espagne, continuent leur mariage de raison avec la monarchie. Le rassemblement d’hier s’apparente donc à une «marche verte bis» déclinant un Maroc uni en bloc derrière son souverain pour la «cause sacrée». Quasiment tous les partis politiques ont répondu à l’appel de la «patrie» dans une sainte alliance contre… un parti espagnol ! «La marche populaire de Casablanca constitue un nouveau message du peuple marocain à tous ceux qui pensent pouvoir nuire à l’intégrité territoriale du royaume.»
    Le propos est celui du président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Salaheddine Mezouar. Voilà qui montre la voie royale. Mieux encore, ce responsable pense que cette marche «illustre le climat de démocratie, de liberté et de modernité prévalant au Maroc». Comme si ces milliers de personnes étaient spontanément sorties dans la rue. Mais aussi, paradoxe, elle est «un message d’amitié et de fraternité au peuple espagnol pour lui signifier qu’il ne doit pas se laisser entraîner par les mensonges des forces rétrogrades et que les deux peuples se doivent de vivre dans la paix et la fraternité».
    La sainte alliance
    C’est une bien curieuse façon de «draguer» le peuple espagnol majoritairement acquis à la cause sahraouie.

    Les organisateurs de la marche d’hier, qui se recrutent parmi tous les partis politiques représentés au Parlement y compris les islamistes du PJD, les syndicats, ont protesté contre une résolution jugée «partiale et injuste». On y a entendu surtout des slogans hostiles au Parti populaire (PP) espagnol, qualifié de parti «fasciste».
    Cette démonstration de force, qui servira sans doute la monarchie, mais ne pourra pas effacer la teneur de la résolution du Parlement européen, constitue la première action du plan de riposte. Mercredi prochain, le MAE marocain se rendra à Strasbourg pour faire entendre, vainement, la version royale des tragiques événements d’El Aaiun. Mais le coup est déjà parti. Autre manœuvre, Mohammed VI a donné, vendredi, son onction à Ahmadou Ould Souilem, le transfuge sahraoui, qu’il vient de nommer comme ambassadeur de sa majesté au royaume d’Espagne.
    Qui mieux, pense-t-il, qu’un Sahraoui «retourné» pour plaider la cause de l’autonomie chez ce voisin bienveillant, mais parfois encombrant, en effet ! Mais tout compte fait, le roi du Maroc est conscient que ses certitudes sur le Sahara occidental sont désormais bousculées par la mise à nu d’El Aaiun. Le monde entier a découvert en «live» à quoi ressemblait la vie – plutôt la mort – dans un territoire occupé. Les persécutés ne sont pas à Tindouf, mais bel et bien à El Aaiun, Dakhla, Smara et dans toutes les villes sahraouies occupées.
    Yourdz, 29/11/2010
  • Une journaliste espagnole en danger à El Aaiun

    Ana Romero à El Aaiun (photo El Mundo)
    La pression des autorités marocaines pour que l’envoyée spéciale du journal espagnol El MUNDO à  El Aaiún, Ana Romero, quitte le Sahara Occidental va in crescendo. La journaliste se trouve depuis hier soir dans la résidence de Mariano Collado, le dépositaire des Biens Culturels espagnols à El Aaiún (capitale de l’ancien protectorat espagnol).

    Le représentant du Gouvernement espagnol a prévenu Ana Romero que si jamais elle sort à la rue pour poursuivre son travail d’information, il ne pourra pas garantir sa protection. La journaliste a raconté devant les microphones de la chaîne COPE la gravité de la situation dans laquelle elle se trouve : « J’ai peur par mon intégrité physique. Quand je vois des gens en train de me filer, je ne sais pas qui sont-ils. Je suis venu invitée par le Gouvernement espagnol et celui du Maroc et maintenant celui-ci essaie de me renvoyer avec des pratiques staliniennes. Le Maroc veut me chasser d’ici, mais il ne veut pas signer un ordre d’expulsion », a-t-elle a déclaré dans une conversation téléphonique.

    Le directeur de El Mundo, Pierre J. Ramirez, a demandé au Gouvernement espagnol, au vice-président de l’Exécutif, Alfredo Pérez Rubalcaba, et au ministre d’Affaires Etrangères, Trinidad Jiménez, qu’ils fassent les démarches opportunes pour veiller à la sécurité de la journaliste, puisqu’elle a pu voyager au Sahara Occidental grâce à un accord entre l’Exécutif de Zapatero et celui du Maroc.

    « Je fais appel au Gouvernement espagnol, à Rubalcaba, qui a été personellement impliqué dans l’accord et à Trinidad Jiménez, à qui corresponde de veiller sur la sécurité des Espagnols à l’étranger, pour qu’ils exercent son influence et protègent le travail professionnel d’Ana Romero à El Aaiún, qui n’a pas encore conclu »,a déclaré Pedro J. Ramirez dans le programme « Asi son las mañanas » d’Ernesto Sáenz de Buruaga.

    Après avoir interdit l’entrée au Sahara Occidental de plusieurs journalistes espagnols, le Gouvernement a obtenu que le Maroc accepte l’entrée de deux rédacteurs, l’un de « El Pais » et l’autre de « El Mundo », les deux journaux de plus grand tirage national. L’envoyé de El Pais, Tomás Bárbulo, a décidé de quitter le Sahara Occidental il y a quelques jours.

    Le directeur de El Mundo considère que le travail d’Ana Romero n’a pas fini parce que plusieurs faits restent encore à élucider en relation avec l’assaut au campement de protestation des sahraouis et des troubles postérieurs.


    Source : El Mundo, 29/11/2010
  • Rabat dans ses petits souliers

    L’assaut meurtrier mené contre le camp de Gdeim Izik par les forces d’occupation marocaines a été fermement condamné par les élus de Strasbourg.
    Le gouvernement marocain a du mal à avaler la pilule. Il s’agit «d’une résolution précipitée, partiale, injuste et non objective. Nous regrettons énormément que le Parlement européen, dont nous respectons toutes les composantes en tant qu’incarnation de la volonté populaire européenne, ait donné raison au Parti populaire espagnol, qui s’est engagé dans une campagne hostile et effrénée contre le Maroc», a déclaré le ministre marocain de la Communication lors d’un point de presse, à l’issue de la réunion d’un Conseil de gouvernement. Rabat est dans ses petits souliers. «Nous nous attendions à ce que le Parlement européen ne se précipite pas dans le soutien inconsidéré, injustifié et non objectif à un parti dont les soubassements colonialistes obsolètes sont connus», a ajouté, l’air surpris le porte-parole du gouvernement marocain. 
    La résolution votée, jeudi, par les députés du Parlement européen, constitue un revers cinglant pour la diplomatie marocaine. Le pouvoir marocain la trouve saumâtre. «Maintenant, il y a un certain nombre d’apprentis sorciers qui ont fait croire que l’Europe avait tout à gagner en mettant le Maroc à genoux. Le Maroc, peuple fier et confiant en soi, ne se mettra jamais à genoux», a indiqué, quelque peu dépité Khalid Naciri. Le ministre marocain de la Communication a sonné la charge contre le Parti populaire espagnol qu’il accuse de mener une campagne hostile et effrénée contre le Maroc. «Pourquoi le PP, durant la longue nuit franquiste, n’a pas écrit une seule ligne en faveur du peuple sahraoui? 
    Ceux qui croient qu’ils peuvent amputer le Maroc de son Sahara, se trompent», s’est exclamé le porte-parole du gouvernement marocain qui donne l’impression de sonner le début des hostilités. Soufflant le chaud et le froid, l’agressivité du ministre marocain a baissé d’un cran: «Le Royaume du Maroc, qui s’est engagé dans un processus de démocratisation irréversible, est un pays respectueux du voisinage, sûr de lui et est décidé de construire une zone euro-méditerranéenne de paix, de coopération et de stabilité», a surenchéri Khalid Naciri. 
    Ce n’est pas sur des paroles que le Maroc a été condamné mais sur des actes. Après avoir passé au crible les événements dramatiques qui se sont succédé suite à l’offensive, d’une extrême brutalité, du «camp de la liberté» par les forces armées marocaines, le Parlement européen a exprimé «sa profonde préoccupation face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental et condamne fermement les violents incidents qui se sont produits dans le camp de Gdeim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la ville de El Aâyoune». 
    De la résolution 1920 adoptée le 30 avril 2010 qui garantit au peuple sahraoui le droit de s’exprimer sur son avenir dans le cadre de la tenue d’un référendum d’autodétermination, à l’assassinat, le 24 octobre dernier, du jeune adolescent de 14 ans Nayem El-Garhi, abattu par des militaires marocains alors qu’il essayait de rejoindre le camp situé à proximité de la ville d’El Aâyoune en compagnie de cinq de ses camarades qui ont été blessés, jusqu’à l’interdiction d’accès de la capitale occupée du Sahara occidental qui a ciblé des journalistes et des élus européens, tout ou presque a été passé en revue.

    Le constat a été implacable. La résolution votée jeudi par le Parlement strasbourgeois accable le pouvoir marocain. Ce qui a conduit les parlementaires européens à insister «sur la nécessité d’inviter les organes des Nations unies à proposer l’instauration d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental». Une recommandation qui vient d’être confortée par Human Rights Watch, HWR, qui a demandé au Maroc d’ouvrir une enquête pour les violences et mauvais traitements commis par les forces marocaines contre des Sahraouis détenus après l’assaut du camp de Gdeim Izik. «Les forces de l’ordre ont brutalisé et de manière régulière des personnes arrêtées.

    Les autorités (marocaines) doivent immédiatement mettre fin aux violences contre des prisonniers et ouvrir une enquête indépendante», indique le communiqué de l’ONG américaine. Le Makhzen semble être pris entre le marteau et l’enclume.
    Mohamed TOUATI
    L’Expression,  27/11/2010
  • Le Maroc sens dessus dessous

    Marche populaire, manifestations devant les ambassades algériennes, agressions verbales contre le Parti populaire espagnol…le pouvoir marocain tire dans tous les sens.
    Le Maroc est K.-O. debout. Comment organiser la riposte? Comme un boxeur sur le point d’aller au tapis, il lance des coups à la godille. L’espoir d’échapper à la sanction suprême est toutefois bien mince. Il joue malgré tout son va-tout. Lorsque les choses vont mal, le Maroc pointe du doigt l’Algérie, en priorité. Et quoi de plus facile d’aller crier son malaise sous les fenêtres des représentations diplomatiques algériennes. «Une grande manifestation a eu lieu samedi après-midi devant l’ambassade d’Algérie à Bruxelles pour dénoncer les allégations mensongères du Polisario et la campagne haineuse menée par les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume.

    Les manifestants, venus de plusieurs villes de Belgique, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas, ont réitéré haut et fort leur attachement à l’unité territoriale du Royaume et leur mobilisation derrière S.M. le roi Mohammed VI», a rapporté une dépêche de l’agence de presse officielle marocaine MAP datée du 27/11/2010. Les images relayées par la TV franco-marocaine Medi1 n’ont pourtant montré qu’une poignée de personnes brandissant des drapeaux marocains! Le pouvoir marocain qui parle d’allégations mensongères et de manipulation devrait s’observer un peu plus dans la glace et cesser de se regarder le nombril. Le royaume est en ébullition.

    C’est une certitude. Une marche regroupant des organisations satellites et des partis politiques acquis au Makhzen, a été organisée, hier, pour protester contre la résolution votée par le Parlement européen et mener campagne contre le Parti Populaire espagnol, accusé de tous les maux. «La marche de Casablanca sera ainsi une occasion propice pour dénoncer également la résolution partiale du Parlement européen sur les évènements de Lâayoune, notre mission est de défendre la marocanité du Sahara et de soutenir ainsi le projet d’autonomie dans les provinces du Sud, et ce, pour faire face, notamment aux manoeuvres des ennemis (l’Algérie et le Front Polisario, Ndlr) de l’intégrité territoriale du Royaume», ont confié des participants à cette «démonstration», selon MAP. Il y a comme un vent de panique qui souffle sur le Royaume.

    La terre semble avoir tremblé sous les pieds des responsables marocains après l’adoption par le Parlement européen, jeudi dernier, de la résolution condamnant l’assaut lancé par les forces d’occupation marocaines contre le camp de réfugiés sahraouis de Gdeim Izik. «Le Parlement européen exprime sa profonde préoccupation face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental et condamne fermement les violents incidents qui se sont produits dans le camp de Gdeim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la ville d’El Aaiun», indiquait le texte adopté par la majorité des élus européens qui a circulé comme une traînée de poudre.
     
    Rabat a été mis K.-O. Choquée, la capitale politique du Royaume essaie de faire bonne figure et désigne le Parti populaire espagnol, qui semble être devenu sa bête noire, comme responsable de ce cinglant revers diplomatique. Il s’agit «d’une résolution précipitée, partiale, injuste et non objective. Nous regrettons énormément que le Parlement européen, dont nous respectons toutes les composantes en tant qu’incarnation de la volonté populaire européenne, ait donné raison au Parti populaire espagnol, qui s’est engagé dans une campagne hostile et effrénée contre le Maroc», a déclaré Khalid Naciri, le ministre marocain de la Communication, lors d’un point de presse et à l’issue de la réunion d’un conseil de gouvernement. A l’instar des troupes qu’il tente de mobiliser pour le soutenir, le gouvernement marocain veut marcher sur le Parlement européen.

    Le chef de la diplomatie marocaine a indiqué qu’il allait se rendre le 1er décembre à Strasbourg. Taïeb Fassi Fihri veut «démontrer le caractère partial, injuste et déséquilibré de la résolution», a rapporté le quotidien espagnol El Pais qui a recueilli les propos du ministre marocain dans une interview publiée samedi.

    L’histoire semble vouloir se réécrire après la Marche verte en 1975, l’assaut sanglant contre le camp de Gdeim Izik le 8 novembre 2010, le pouvoir marocain part à la «conquête» du Parlement européen. Il serait toutefois étonnant qu’il puisse entrer à Strasbourg comme on entrerait dans une auberge… espagnole.
    Mohamed TOUATI
    L’Expression, 29/11/2010
  • La résolution du Parlement européen

    Le Parlement européen,
    A. Considérant que plusieurs milliers de Sahraouis ont quitté leurs villes et installé des tentes dans la banlieue de Laâyoune, édifiant le camp de Gdim Izik pour protester pacifiquement contre leur situation sociale, politique et économique et contre leurs conditions de vie,
    B. considérant qu’après plusieurs semaines, leur nombre s’est élevé à quelque 15 000 personnes, selon les observateurs des Nations unies ; considérant que le dialogue a été établi avec les autorités,
    C. considérant que, dimanche 24 octobre, Nayem El Garhi, un adolescent sahraoui de 14 ans, a été tué, et cinq autres ont été blessés par les forces militaires marocaines alors qu’ils essayaient de gagner le camp situé dans la banlieue de Lâayoune,
    D. considérant que, le 8 novembre 2010, un nombre encore inconnu de personnes, y compris des officiers de police et des agents de sécurité, ont été tuées au cours d’une intervention menée par les forces de sécurité marocaines en vue de démanteler le camp de protestation de Gdim Izik; considérant qu’il est également fait état d’un nombre important de blessés civils du fait que les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour faire évacuer le camp,
    E. considérant que ces incidents se sont produits le jour de l’ouverture, à New York, du troisième cycle de pourparlers officieux sur le statut du Sahara occidental, auxquels participent le Maroc et le Front Polisario, ainsi que l’Algérie et la Mauritanie, en qualité de pays observateurs,
    F. considérant que les journalistes, les députés des Parlements nationaux et régionaux de l’Union européenne et les députés au Parlement européen se sont vu interdire l’accès à la ville de Laâyoune et au camp de Gdim Izik, et que certains d’entre eux ont même été expulsés de Laâyoune,
    G. considérant que le citoyen espagnol Babi Hamday Buyema est mort de façon violente dans des circonstances qui n’ont pas encore été établies,
    H. considérant qu’après plus de 30 années, le processus de décolonisation du Sahara occidental demeure inachevé,
    I. considérant que l’Union européenne demeure préoccupée par le conflit sévissant au Sahara occidental et par ses conséquences et implications pour la région, y compris la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, et qu’elle soutient pleinement les efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé spécial pour trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, ainsi que le prévoient les résolutions des Nations unies,
    J. considérant que plusieurs rapports ont montré que les ressources naturelles du Sahara occidental étaient exploitées sans qu’il y ait de retombées pour la population locale,
    1. exprime sa profonde préoccupation face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental et condamne fermement les violents incidents qui se sont produits dans le camp de Gdim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la ville de Laâyoune ;
    2. appelle toutes les parties à garder leur calme et à s’abstenir de toute nouvelle violence ;
    3. déplore la perte de vies humaines et manifeste sa solidarité avec les familles des personnes décédées, blessées et disparues ;
    4. prend acte de la mise en place, par le Parlement marocain, d’une commission d’enquête chargée d’étudier les faits qui ont mené à l’intervention des autorités marocaines, mais considère que les Nations unies constitueraient l’organisation la plus à même de mener une enquête internationale indépendante en vue de clarifier les événements, les décès et les disparitions ;
    5. regrette les atteintes à la liberté de la presse et de l’information auxquelles ont été exposés de nombreux journalistes européens, et demande au Royaume du Maroc d’autoriser la presse, les observateurs indépendants et les organisations humanitaires à accéder librement au Sahara occidental et à y circuler en toute liberté ; déplore l’interdiction d’accès au Sahara occidental imposée par les autorités marocaines pour les députés, les journalistes, les médias et les observateurs indépendants ;
    6. insiste sur la nécessité d’inviter les organes des Nations unies à proposer l’instauration d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental ;
    7. se félicite de la reprise des réunions informelles entre le Maroc et le Front Polisario, sous les auspices de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, même dans un contexte aussi tendu, et invite les acteurs régionaux à jouer un rôle constructif ;
    8. Rappelle son soutien à la reprise des pourparlers officieux entre les parties au conflit en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui soit conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies;
    9. invite la Commission à veiller à ce que toute l’aide humanitaire nécessaire, moyennant une augmentation du financement, soit accordée aux réfugiés sahraouis vivant dans la région de Tindouf, dont le nombre oscille, selon les estimations, entre 90 000 et 165 000, afin de les aider à satisfaire leurs besoins essentiels en termes de nourriture, d’eau, de logement et de soins médicaux, et d’améliorer leurs conditions de vie ;
    10. exprime sa préoccupation face à la détention et aux allégations de harcèlement des défenseurs sahraouis des droits de l’homme sur le territoire du Sahara occidental ; demande que les défenseurs des droits de l’homme emprisonnés sur ledit territoire ou au Maroc soient traités dans le respect des normes internationales et qu’ils soient jugés rapidement et de façon juste ;
    11. demande à l’Union européenne d’exiger du royaume du Maroc qu’il se conforme au droit international en ce qui concerne l’exploitation des ressources naturelles au Sahara
    occidental ;
    12. charge son président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et à la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au secrétaire général des Nations unies, au secrétaire général de l’Union africaine, à la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb, au bureau de l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, au gouvernement et au Parlement du Maroc, au Front Polisario, ainsi qu’aux parlements et aux gouvernements de l’Algérie et de la Mauritanie.
    El Watan, 29/11/2010
  • Drogues : L'Algérie compte porter plainte contre le Maroc

    Le kif était acheminé de Maghnia, frontière Est avec le Maroc, à Oran par camions. Dissimulée sous des cargaisons de fruits et légumes, la drogue atterrissait dans les halles centrales. A partir de ce point de transit, une autre «filiale» de pourvoyeurs d’Oran se chargeait de transporter la marchandise vers un autre lieu où elle sera détaillée. Tel était le mode opératoire du réseau de trafic de drogue qui était hier au box du tribunal criminel d’Oran. En fait, les trois mis en cause qui comparaissaient hier à la barre ne constituaient qu’un des maillons de ce cartel aux multiples ramifications. Ils devaient répondre de «détention et commercialisation de stupéfiant au moyen d’une organisation criminelle».

     Le démantèlement de ce groupe a été le fruit de plusieurs mois d’investigations, filatures et mise sous écoute téléphonique. Le moment opportun venu, à l’occasion d’une opération d’acheminement de 175 kilos, les enquêteurs ont décidé de passer à l’acte. Ce jour du 7 juillet 2009, vers les coups de 3 heures, O.K., qui conduisait un camion chargé de légumes, est intercepté par les gendarmes près de Hammam Boughrara, non loin de Maghnia. «Vous transportez quoi là ?», l’interrogent les gendarmes. «Comme vous voyez bien, des légumes?», répondit-il, la voix légèrement tremblotante. 

    Il est prié de descendre et de rabattre les ridelles. On passe à la fouille du pick-up. Les cageots sont déchargés un par un.      L’«écorce» complètement décortiquée, le «noyau» apparaît enfin : des paquets emplis de haschich d’un poids total d’un quintal et 75 kilogrammes. Le camionneur passe aux aveux ; il donne les noms de ses complices, dont deux seront appréhendés, à savoir ceux qui recevaient la marchandise au marché de gros d’Oran et l’acheminaient vers une maison dans la même ville.        
    D’après les faits consignés dans le dossier d’accusation, le principal fournisseur de ce réseau est un baron marocain nommé Bouazza Mourad. Celui-ci expédiait la marchandise vers l’autre bout de la frontière à dos d’âne. Les bêtes de somme n’avaient guère besoin d’accompagnateur pour accomplir la mission; elles pouvaient faire le chemin même les yeux fermés. «Ces bêtes ne sont pas pour autant accusées dans cette affaire», ironisait un avocat dans le couloir des pas perdus au moment où juges et jurés délibéraient sur le sort des trois présumés trafiquants. Pas moins de cinq opérations réussies sont à l’actif de ce réseau.

     Le représentant du ministère public a requis la réclusion à perpétuité contre les accusés tout en bloc. Ils ont été condamnés tous trois à 20 ans de réclusion, après avoir bénéficié des circonstances atténuantes.

  • SAHARA OCCIDENTAL : Graves dérapages de Rabat

    Mis au banc de la communauté internationale par le Parlement européen, qui a exigé une enquête sous l’égide des Nations unies sur l’attaque militaire contre le camp de la liberté, le Maroc et ses porte-paroles sont au comble de l’agitation, à la veille d’une importante rencontre de l’UE sur le statut avancé concédé à Rabat et sur l’inévitable débat qui tournera, non seulement autour de la répression marocaine et des défis que ne cesse de lancer le Maroc, se croyant prémunie par la grâce et la protection de Madrid et de Paris, mais aussi sur l’exploitation des richesses, du sous-sol sahraoui sur lesquels il n’a aucun droit. 
     
    C’est ainsi que le ministre marocain des Affaires étrangères, qui reflète souvent les points de vue du souverain marocain eut égard à leur grande proximité, n’a pas hésité, dans une interview à un journal espagnol, de parler de la «guerre» à laquelle son pays fait face accusant implicitement l’Algérie de déstabiliser son pays et d’avoir même été jusqu’à organiser la révolte des Sahraouis d’Al Ayoun. Des accusations ridicules et qui montrent, si besoin, l’amateurisme des politiques marocaine qui prennent souvent leurs fantasmes pour des réalités. Mais aussi une naïveté politique qui se nourrit de ce sentiment d’impunité qui prévaut dans les sphères gouvernementales marocaines, en raison du soutien inconditionnel de Madrid et de Paris. 
     
    Mais la nouvelle forme de résistance du peuple sahraoui, qui rappelle les manifestations de décembre 1960 qui ont précipité l’indépendance de l’Algérie, ont désarçonné le pouvoir royal, endormi sur une propagande qu’il pensait bien huilée, faisant croire que les Sahraouis de l’intérieur vivaient dans un Éldorado au contraire de leur frères «séquestrés» dans les camps de refugiés auxquels il miroitait un projet fantasque d’autonomie. Ce sont ces cruelles vérités qui mettent aux abois le Maroc et sa diplomatie et sa recherche désespérée de bouc émissaire, se rabattant tantôt sur l’ennemi algérien tantôt sur le parti populaire espagnol. Sans parler des menaces à peine voilées que le régime marocain profère à l’encontre de l’Union européenne pour l’obliger à s’aligner sur ses thèses. Il semble bien que la ficelle ne prend plus et il faudra bien que le Maroc se réveille aux dures réalités et accepte de remettre courageusement en cause sa politique coloniale. C’est pourquoi il faut souligner l’importance de la dernière résolution du Parlement européen et tout l’intérêt qu’elle représente pour les Sahraouis. Pour le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Ettaleb Omar, cette résolution condamnant la répression marocaine contre la population de Gdeim Izik à El-Ayoun «est la meilleure réponse à l’attaque barbare perpétrée par l’armée marocaine contre ce camp». Il a indiqué qu’ «une telle condamnation claire du massacre d’El-Ayoun se veut la meilleure réponse à l’attaque barbare perpétrée par l’armée marocaine contre 30 000 sahraouis qui revendiquaient le respect de leurs droits internationaux ». 
     
    «La résolutions du Parlement européen a consacré les revendications et positions qu’ont toujours soutenues le Front Polisario et le gouvernement sahraoui qui n’ont eu de cesse d’appeler à la prise en charge des civils sahraouis à travers l’élargissement des compétences de la Minurso au contrôle du respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental», a-t-il ajouté. «L’adoption par le Parlement européen de cette résolution émane de sa conviction quant à l’impératif respect des droits de l’Homme, de la paix et de la Justice». Cette résolution accordera aux Sahraouis «une nouvelle immunité juridique de la part de la plus importante institution démocratique qui respecte les droits de l’Homme», a-t-il encore dit.
    Mokhtar Bendib
    Le Courrier d’Algérie, 29/11/2010