En 1912, la France signe avec l’Empire chérifien le traité de Fès qui établit son protectorat au Maroc, régime qui promeut une politique coloniale particulière tout en permettant à ce pays de vivre selon ses traditions. Une conception que le général Lyautey incarne jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale.
PHOTO 1
Moulay Hafid buvant le thé à la menthe avec le général Lyautey
Le 30 mars 1912 est une date clé de l’histoire du Maroc. Pour la première fois, ce vieil empire dont l’État fut fondé au VIIIe siècle après J.C par la dynastie Idrisside, cède les attributs essentiels de sa souveraineté à une puissance étrangère, la France, qui ne partage ni sa religion, ni ses mœurs. Salué comme une victoire à Paris, cet événement est ressenti comme une humiliation par beaucoup de Marocains qui y voient une forme intolérable d’ingérence. Il faudra tout l’intelligence politique et le tact du général Hubert Lyautey, nommé résident général du Maroc en avril 1912, pour restaurer, non sans soubresaut, ni conflits un climat d’amitié entre la France et le Maroc, qui malgré les aléas et les violences de la décolonisation, perdure encore aujourd’hui. Historiquement, il est incontestable que cette relation de confiance a été facilitée par le caractère original d’un protectorat qui, s’il institue une situation coloniale de fait, en évite les aspects les plus brutaux en permettant à la monarchie marocaine de maintenir sa personnalité. Comme le stipule l’article 1re du traité signé entre le gouvernement français et le sultan du Maroc Maoulay Abdel Hafid : Le gouverneur de la République française et sa Majesté le Sultan sont d’accord pour instituer au Maroc un nouveau régime comportant des réformes administratives, judiciaires, scolaires, économiques, financières et militaires que le Gouvernement Français jugera utile d’introduire sur le territoire marocain.
PHOTO 1
Lyautey en inspection au Moyen-Atlas en 1917
Mais l’article précise aussitôt : Ce régime sauvegardera la situation religieuse, le respect et le prestige traditionnel du Sultan, l’exercice de la religion musulmane. L’article II stipule que sa majesté le Sultan admet dès maintenant que le Gouvernement Français procède après avoir prévenu le Maghzen (l’administration marocaine), aux occupations militaires du territoire marocain qu’il jugerait nécessaires au maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions commerciales et ce qu’il exerce toute action de police sur terre et dans les eaux marocaines. En outre, et c’est ici que la notion de protectorat prend son sens, l’article III affirme Le Gouvernement de la République prend l’engagement de prêter un constant appui à sa majesté Chérifienne contre tout danger qui menacerait sa personne ou son trône ou qui compromettrait la tranquillité de ses États. En réalité ce protectorat, qui perdure jusqu’en 1956, est l’aboutissement d’une longue évolution qui va faire de ce pays un enjeu entre des puissances européennes qui considèrent leur expansion en Afrique comme légitime.
L’Angleterre et l’Espagne, tout au long du XIXe siècle, mais aussi la France et l’Allemagne, vont exercer leur influence sur un Maroc tiraillé entre un désir d’ouverture, en particulier à travers les villes côtières ou le commerce avec l’Europe se développe, et à une aspiration à préserver son identité Berbère traditionnelle nourrie d’un islam rigoriste. La signature du protectorat avec la France intervient donc dans la durée. Depuis la conquête de l’Algérie, la France considère que l’Afrique du Nord est sa zone d’influence naturelle. Ainsi, n’hésite-t-elle pas à combattre l’émir Abdel Kader, qui originaire du Maroc, fut le fer de lance de la rébellion contre la colonisation à une époque où les frontières entre les deux pays ne sont pas fixées.
PHOTO 1
Rencontre du général Lyautey avec Moulay Youssef au palais impérial en 1916
C’est dans le cadre de cette pacification qui a aussi pour vocation de protéger l’Algérie des prétentions hégémoniques du Maroc que le général Bugeau écrase les troupes marocaines lors de la fameuse bataille de l’Isly en 1844. Initiée sous la monarchie de Juillet, la politique de la France au Maroc se poursuit et même s’intensifie sous la IIIe République, comme l’illustre la conférence de Madrid qui en 1880, voit l’Espagne, la France et l’Angleterre convenir de leurs prérogatives respectives dans cette région. Alors que l’Angleterre concentre ses ambitions sur l’Égypte, la France et l’Espagne, laquelle exerce sa souveraineté sur une partie du Nord marocain, affirment leur volonté de s’implanter dans un pays de plus en plus indépendant économiquement d’une Europe dont i a besoin pour des produits qui, tel le sucre et le café, sont devenus consommation courante. Au début du siècle dernier, le sultan Abdel Aziz voit son pouvoir se restreindre. Sa légitimité est contestée par les secteurs les plus traditionnels de la société marocaine qui le mettent en garde contre les dangers de la pénétration occidentale.
C’est dans ce contexte tourmenté qu’intervient la célèbre crise de Tanger. Celle-ci éclate le 30 mars 1905 quand Guillaume II envoie sa flotte devant le port et traverse la ville à cheval pour se poser en défenseur de l’intégrité marocaine. Provoquant ainsi la réaction indignée d’une France désireuse d’instaurer son protectorat au Maroc, comme elle l’a fait en Tunisie, avec le traité de Bardo en 1881. Après une forte tension, ou certains voient poindre la menace de guerre, la crise se conclut par le traité d’Algésiras, signé en août 1906, qui promeut les bases d’un protectorat français au Maroc. Il institue la surveillance, par la France et l’Espagne, de la sécurité urbaine des ports marocains, la création d’une banque d’État, dans laquelle les banques françaises détiennent un tiers des fonds, l’établissement à Tanger d’une commission national chargée notamment de la construction des nouveaux ports de Casablanca et de Safi qui vont être financés par des entreprises françaises. En 1908, écrit Michel Abitbol, orientaliste et auteur d’une Histoire du Maroc, qui fait référence, plus de 50% des échanges extérieurs du Maroc s’effectuaient déjà avec la France qui dépassait ainsi pour la première fois l’Angleterre et les autres puissances européennes commerçant avec le royaume chérifien. Approuvé le 18 juin 1906 par le sultan Abdel Aziz, l’acte d’Algésiras provoque l’émoi d’une population qui considère celui-ci comme indigne de porter le titre de Prince des Croyants!
PHOTO 1
Port de Casablanca en 1913
Il est accusé par les nationalistes de livrer son pays aux étrangers, Ironie de l’histoire, ç la tête de ce courant se trouve son demi-frère Moulay Abdel Hafid ui quelques années plus tard signe le traité de protectorat avec la France! Peu de temps avant sa signature, l’Allemagne provoque un incident en envoyant devant le port d’Agadir, en juillet 1911, une canonnière pour exprimer son refus de se voir évincée des affaires marocaines. Après que la crise se soit résorbée et en compensation de son renoncement à exercer son influence sur le Maroc, l’Allemagne obtient un accroissement de son domaine colonial au Congo. Si la France a la voie libre au Maroc, elle n’a pas la partie facile. Quelques jours après la signature du protectorat entérinant la domination française sur le Maroc, des émeutes éclatent, notamment à l’encontre des communautés juives, accusées d’être favorables à la tutelle française. C’est dans un pays en ébullition que Lyautey va devoir gouverner. S’il n’hésite pas à réprimer les fauteurs de troubles Il se met à l’écoute des autorités traditionnelles à commencer par elle du Sultan Moulay Youssef qui comprend que le catholique fervent qu’est Lyautey n’est pas un ennemi de l’islam. J’ai écarté soigneusement de lui toutes les promiscuités européennes, les automobiles et les dîners en campagne, affirme celui-ci. Je l’ai entouré de vieux marocains rituels. Son tempérament de bon musulman et d’honnête homme a fait le reste, il a restauré la grande prière du vendredi, il a célébré les fêtes de l’Aïd Seghir avec une pompe et un respect des traditions inconnus depuis Moulay Hassan.
PHOTO 1
Remise de décoration dans le Bled
Tout à coup; il prend une figure de vrai sultan. Mais l’action de Lyautey, résident jusqu’en 1925, n’est pas que symbolique. Elle s’accompagne d’une œuvre considérable, aussi bien sur le plan économique et social que sur celui des infrastructures et des communications, notamment ferroviaires. Mais aussi au niveau du développement de villes, comme Rabat ou Casablanca dont Lyautey met en valeur l’architecture originale. Le Résident général marque ainsi de son œuvre un pays qui, aujourd’hui encore, cultive sa mémoire, comme le montrent les statues et effigies qui lui sont consacrées.
http://jpbro.unblog.fr/2018/02/28/protectorat-au-maroc-une-politique-coloniale-2/
Catégorie : Uncategorized
-
PROTECTORAT AU MAROC UNE POLITIQUE COLONIALE
-
Maroc : Les Etats du Golfe sont attirés par le sexe anal au Maroc
Maroc : Les Etats du Golfe sont attirés par le sexe anal au Maroc
-
Le Maroc prouve que la Palestine et le Sahara Occidental partagent le même statut d’occupation illégale (Sarah Lea Whitson)
Bravo Morocco government – for making it clear to the world and the people of Morocco that your occupation of Western Sahara is same as Israel occupation of Palestine and needs same sort of lawless protection from Trump
Moroccan occupation of parts of Western Sahara is well documented. Morocco reminds the world that they need some sort of illegal deal to annex a territory that the ICJ, UN and the international community have once and again stated it has never belonged to Morocco.
Bravo Maroc gouvernement – pour avoir fait comprendre au monde et au peuple marocain que votre occupation du Sahara occidental est la même que l’occupation israélienne de la Palestine et a besoin du même type de protection illégale de Trump
L’occupation marocaine de parties du Sahara occidental est bien documentée. Le Maroc rappelle au monde qu’il a besoin d’une sorte d’accord illégal pour annexer un territoire que la CIJ, l’ONU et la communauté internationale ont déclaré une fois de plus qu’il n’a jamais appartenu au Maroc.
Mouvement islamique du Levant
Le 25 juillet 2014, le Harakat Cham al-Islam s’allie avec trois autres groupes djihadistes — Jaych al-Mouhajirine wal-Ansar, le Harakat Fajr al-Cham al-Islamiyya et le Bataillon Vert — pour former le Front Ansar Dine5. Cependant quelques mois plus tard le Bataillon Vert prête allégeance à Jaych al-Mouhajirine wal-Ansar, qui lui-même rallie le Front al-Nosra en 20155.
Le Harakat Cham al-Islam est salafiste djihadiste et proche d’al-Qaïda
En 2014, le nombre de ses combattants est estimé à environ 500 hommes1. Mais après la mort de son chef fondateur, le groupe se désagrège et bon nombre de ses combattants rallient l’État islamique ou des brigades proches d’Al-QaïdaBravo #Morocco government – for making it clear to the world and the people of Morocco that your occupation of #WesternSahara is same as #Israel occupation of #Palestine and needs same sort of lawless protection from Trump https://t.co/QOT7S8qRMn
— Sarah Leah Whitson (@sarahleah1) February 4, 2020
-
Conseil de l’Europe/ Lettre concernant la position du Maroc au sujet de la demande d’Israël pour intégrer l’Accord partiel élargi sur le sport (APES)
Note
A
L’Attention de Monsieur le Ministre
Objet : Conseil de l’Europe/ Lettre concernant la position du Maroc au sujet de la demande d’Israël pour intégrer l’Accord partiel élargi sur le sport (APES)
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance qu’Israël a formulé une demande pour adhérer à l’Accord Partiel Elargi sur le Sport (APES) du Conseil de l’Europe et à cet égard, le Secrétaire Exécutif dudit Accord, M. Stanislas Frossard, a adressée à notre pays une lettre, dont ci-joint copie, concernant la position du Maroc, en tant que membre de l’APES depuis 2010, quant à ladite demande formulée par Israël.
A cet effet, les responsables de l’APES souhaitent connaître l’avis de notre pays concernant cette demande avant le 8 mai 2012, date à laquelle ils considèrent que le Maroc n’a pas d’objection à l’adhésion d’Israël à l’APES, et peuvent ainsi, l’inscrire officiellement à l’ordre du jour de la réunion des Délégués des Ministres.
Il est à souligner qu’Israël participe régulièrement aux travaux du Comité directeur pour la bioéthique (CDBI) et bénéficie du statut d’observateur auprès:
• du Conseil de l’Europe ;
• du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux depuis juin 1994 ;
• de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe depuis le 2 décembre 1957, auprès de laquelle le Parlement marocain a obtenu le statut de « partenaire pour la démocratie » le 21 juin 2011 ;
• du Comité d’experts sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (MONEYVAL) ;
• du Comité des conseillers juridiques sur le droit international public (CAHDI).
Il sied de rappeler l’état des lieux des adhésions d’Israël aux différentes Instances et Accords du Conseil de l’Europe :
• Membre de la Commission de Venise depuis le 1er mai 2008, dont notre pays est membre depuis 2007 ;
• Membre observateur à la Pharmacopée européenne depuis le 29 juin 2005, dont notre pays est aussi membre observateur depuis juin 1997.
Par ailleurs, il est à rappeler qu’Israël a signé et/ou ratifié les dix
Conventions du Conseil de l’Europe suivantes :
1. La convention européenne relative à l’équivalence des diplômes donnant accès aux établissements universitaires ;
2. La Convention européenne relative aux formalités prescrites pour les demandes de brevets ;
3. La Convention européenne sur la classification internationale des brevets d’invention, ;
4. L’Accord sur l’échange des mutilés de guerre entre les pays membres du Conseil de l’Europe aux fins de traitement médical ;
5. La Convention européenne d’extradition ;
6. L’Arrangement européen sur l’échange des programmes au moyen de films et de télévision ;
7. La Convention européenne d’entraide judiciaire en matière pénale ;
8. La Convention sur le transfèrement des personnes condamnées ;
9. la Convention sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur dans la région européenne ;
10. Le Deuxième protocole additionnel à la Convention européenne d’entraide judiciaire en matière pénale.
En vu de la participation d’Israël aux travaux du Conseil de l’Europe, de l’APCE, du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux et des différents Organes du Conseil de l’Europe (Commission de Venise), côte à côte avec nombreux pays de la région MENA (autorité nationale palestinienne, Tunisie, Algérie) et compte tenu de la sensibilité du dossier du conflit israélo-palestinien, cette Direction est d’avis pour que le Maroc ne procède pas par l’envoi d’une notification d’approbation ni d’objection. Car une absence de notification, une fois le délai du 8 mai 2012 dépassé, n’engagera pas le Maroc. Toutefois, le Maroc sans l’envoi d’une notification sera considéré qu’il n’a pas d’objection à l’adhésion d’Israël à l’Accord APES.
Les instructions de Monsieur le Ministre sont sollicitées à cet égard.
Très Haute Considération -
Maroc : Tous contre Lalla Salma
Maroc : Tous contre Lalla Salma
-
Notre Mamlaka
Notre mamlaka s’enfonce dans l’endettement ! Les boîtes les plus riches sont surendettées. Exemple l’OCP qui doit une demie douzaine de milliards de Dollars ! Même les boîtes « microbiennes » formées par les « inutiles », les TPE, attendent des « kardes ». Elles chantent à la gloire du Roi qui a demandé aux loups des banques de jeter quelques miettes. Ces micro entreprises se préparent à profiter de la mise sur table de 600 milliards (de centimes) par les banques au taux d’intérêt de 2 % ! (Les Musulmans qui appellent ce genre d’intérêt « riba » doivent se faire soigner car ils sont au VII ème siècle)…
Il y a 113 ans, l’endettement nous a lancé dans les bras de la France qui avait encore des couilles ! Et ce fut une chance ! Espérons que l’actuel endettement nous lancera dans les bras non pas des esclavagistes saoudiens mais des camarades chinois une fois guéris de leur mortel virus !…
La plus grosses de ces caisses de retraite qui dispose d’un paquet de milliards de Dirhams attire l’appétit malsain des bureaucrates… Pour y prendre un demi milliard d’euros, l’argentier de la mamlaka projette de lui vendre les 4 CHU pour ensuite lui payer un loyer. Une idée idiote à 100%
L’Etat marocain s’enfonce dans la délinquance économique en partageant les richesses communes entre une infime minorité de ses serviteurs et en laissant impunis les voleurs…
Ainsi, après l’inquiétude viscérale des jeunes pour leur avenir, voici les vieux qui se voient mendiants après quarante ans de travail pour une communauté malade !
Alors que les brigades islamistes se partagent le gâteau des universités, le Ministère de l’Education Nationale continue dans sa déconfiture totale: Les monstrueux voleurs n’arrêtent pas de s’enrichir. -
Maroc : Manifester dans les stades pour éviter la répression
Les stades de foot restent pour une très large partie de la jeunesse le seul endroit où leur message peut être diffusé largement et au-delà des frontières. Les violences qu’on voit lors de certaines rencontres sont commises par des groupes d’individus connus et les services de sécurité les connaissaient très bien.
https://m.youtube.com/watch?v=k238oZtbj4I&feature=share&fbclid=IwAR3iRjp7f1AJMxZ6KCZsgXNXd9Qkn05cbzGR9mX02MQiu0f6zcMknO1Ke-s -
Mission quasi impossible du prochain envoyé personnel
L’ONU devrait nommer un nouvel envoyé personnel au Sahara occidental, en remplacement de l’ancien président allemand Horst köhler qui a quitté son poste en mai dernier, évoquant des problèmes de santé. Il semblerait que peu de nouveaux noms de futurs médiateurs soient en discussion.
Bien que la nationalité du prochain envoyé personnel reste un mystère, pour beaucoup, les médiateurs américains seraient les mieux placés pour ce poste. Pour le meilleur ou pour le pire, ils ont tendance à durer longtemps et à donner beaucoup plus de poids aux négociations.
Ce fut le cas de l’ancien secrétaire d’État, James Baker III, qui a présenté peu de propositions et a poussé le Maroc et le Front Polisario à signer l’accord de Huston pour mettre le plan de paix sur la bonne voie. De plus, pendant son mandat, la liste des électeurs éligibles a été annoncée.
De même, l’ancien ambassadeur américain et envoyé personnel de l’ONU au Sahara occidental, Cristopher Ross n’a pas fait exception. En à peine huit ans, il a convoqué huit séries de pourparlers informels en vue de négociations de fond officielles. Pas satisfait de son approche, le Maroc le considérait comme une personne non grata. Mais les États-Unis ont gardé confiance en lui. Il a finalement démissionné.
Avec toute leur capacité, les médiateurs non américains ont tendance à durer moins, et sans l’approbation des États-Unis, il est peu probable qu’ils aillent loin. Par exemple, Horst Kohler, ancien envoyé des Nations Unies au Sahara occidental, qui a supervisé deux cycles de pourparlers de paix à Genève, a démissionné après deux ans.
Si l’ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, n’avait pas créé un élan en raccourcissant le mandat de la MINURSO et en faisant pression sur les parties pour qu’elles s’engagent, le haut calibre de Kohler n’aurait pas aidé à rapprocher les parties.
Alors que les États-Unis ont un grand mot à dire sur l’avenir du conflit du Sahara occidental, l’ONU semble impuissante. Beaucoup soutiennent que ce n’est qu’un outil dans la boîte à outils américaine. Et le médiateur potentiel devrait être un Américain issu de la même boîte à outils. Cependant, cela ne signifie en aucun cas qu’un Américain apporterait une solution rapide au problème, mais très probablement pour faire avancer les choses.
Kohler ne faisait pas partie de cette boîte à outils. Il n’est pas non plus malléable. Sa haute intégrité l’a fait démissionner pour ne pas être instrumentalisé par les États-Unis et la France pour faire avancer un plan douteux pro-marocain contre les décors de ce qui se passe en Algérie.
Depuis le début de la période de transition en Algérie, l’un des principaux acteurs du conflit saharien et considéré par beaucoup comme les principaux soutiens du Polisario, il est devenu clair que la mission de Kohler est devenue complexe. Le Maroc change de ton lors du second tour des pourparlers de paix en se fixant sur le plan d’autonomie en dit long.
Ce facteur est peut-être également à l’origine du recul de John Bolton sur la question. L’accord du siècle très médiatisé des États-Unis, dont le Maroc est un élément crucial, est intervenu.
On pourrait dire que la démission de Kohler élèverait la barre haute pour ses successeurs. En recrutant des personnalités de renom pour servir de médiateurs au Sahara occidental, l’ONU pourrait signaler l’importance du conflit. Pourtant, la démission constante de ces médiateurs risque de la condamner à un processus complexe et peu attrayant.
C’était l’impression après la démission de James Baker en 2004, dont le poids et l’influence auraient pu mettre un terme au conflit.
Le fait que Kohler ait démissionné en mai dernier, suivi de Bolton il y a quelques jours, un référendum sur le défenseur de l’autodétermination, sont tous des indications que le moment n’est pas encore venu pour une résolution.
La prochaine mission de l’envoyé personnel serait difficile. À moins d’une décision ferme des membres du Conseil de sécurité, principalement des États-Unis, d’appliquer une solution, son rôle ne serait qu’une soupape de sécurité, empêchant l’escalade du conflit.
Sahara politics
Tags : Sahara Occidental, -
Cuba, l’île de la santé
par Salim Lamrani
PUBLICITÉ
Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est enseignant chargé de cours à l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, et l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son dernier ouvrage s’intitule État de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba, Paris, Éditions Estrella, 2011 (prologue de Wayne S. Smith et préface de Paul Estrade).
Par Salim Lamrani, 31 Juillet 2012. La Nation.info
Depuis le triomphe de la Révolution en 1959, le développement de la médecine a été la grande priorité du gouvernement cubain, qui a transformé l’île des Caraïbes en une référence mondiale dans ce domaine. En effet, à ce jour, Cuba est le pays du monde qui compte le nombre de médecins le plus élevé par habitant.
En 2012, Cuba a formé plus de 11 000 nouveaux docteurs, lesquels ont accompli leur cursus de six ans, au sein de ses facultés de médecine reconnues pour l’excellence de leurs enseignements. Il s’agit de la plus importante promotion médicale de l’histoire du pays, qui a fait du développement de la médecine et du bien être social les priorités nationales. Parmi ces nouveaux médecins, 5 315 sont cubains et 5 694 sont issus de 59 pays d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et même des Etats-Unis, dont une majorité de Boliviens (2400), Nicaraguayens (429), Péruviens (453), Equatoriens (308), Colombiens (175) et Guatémaltèques (170). Ainsi, en une année, Cuba a formé près de deux fois plus de médecins que le nombre total dont elle disposait en 19591.
En effet, lors du triomphe de la Révolution, Cuba ne comptait que 6 286 médecins. Parmi ces derniers, 3 000 avaient choisi de quitter le pays pour se rendre aux Etats-Unis, attirés par les opportunités professionnelles que leur offrait Washington. Au nom de la guerre politique et idéologique qui l’opposait au nouveau gouvernement de Fidel Castro, l’administration Eisenhower avait décidé de vider la nation de son capital humain, au point de créer une grave crise sanitaire2.
Face à cela, Cuba s’était engagée à investir massivement dans la médecine, en universalisant l’accès aux études supérieures et instaurant la gratuité dans tous les cursus. Ainsi, il existe aujourd’hui 24 facultés de médicine (contre une seule en 1959) dans treize des quinze provinces cubaines, et le pays dispose de plus de 43 000 professeurs de médecine. Depuis 1959, près de 109 000 médecins ont été formés à Cuba3 . Avec un médecin pour 148 habitants (67,2 médecins pour 10 000 habitants, 78 622 au total) selon l’Organisation mondiale de la Santé, Cuba est la nation au monde la mieux pourvue dans ce secteur. Le pays dispose de161 hôpitaux et 452 polycliniques4 .
Pour le cursus 2011-2012, le nombre total de diplômés en Sciences médicales, comprenant 21 profils professionnels (médecins, stomatologues, infirmiers, psychologues, technologie de santé, etc.…), s’élève à 32 171, aussi bien cubains qu’étrangers5.
L’Ecole latino-américaine de Médecine de La Havane
En plus des cursus dispensés au sein des 24 facultés de médecine du pays, Cuba forme également des étudiants étrangers à l’Ecole latino-américaine de Médecine de la Havane. En 1998, suite à l’Ouragan Mitch qui avait ravagé l’Amérique centrale et la Caraïbe, Fidel Castro a décidé de créer l’Ecole latino-américaine de médicine de La Havane (ELAM) – inaugurée le 15 novembre 1999 – afin de former à Cuba les futurs médecins du monde sous-développé.
« Former des médecins prêts à se rendre là où l’on a le plus besoin d’eux et à y rester aussi longtemps que ce sera nécessaire, telle est la raison d’être de notre école depuis sa fondation », explique le docteur Miladys Castilla, vice-rectrice de l’ELAM6 . Actuellement, 24 000 étudiants en provenance de 116 pays d’Amérique latine, de la Caraïbe, d’Afrique, d’Asie, d’Océanie, mais également des Etats-Unis (500 par promotion) se forment gratuitement à Cuba. Entre la première promotion de 2005 et 2010, 8 594 jeunes docteurs de 54 pays ont été formés à l’ELAM7 . Les promotions de 2011 et 2012 ont été exceptionnelles avec près de 8 000 diplômés. Au total, près de 15 000 médecins ont été formés à l’ELAM dans 25 spécialités différentes8.
L’Organisation mondiale de la santé a rendu hommage au travail de l’ELAM :
« L’Ecole latino-américaine de médecine de La Havane accueille des jeunes gens passionnés venus de pays en développement et les renvoie chez une fois qu’ils sont devenus médecins. Il s’agit de favoriser l’équité en matière de santé […].
Outre sa taille, l’ELAM […] partage cette exigence de “responsabilité sociale”. L’Organisation mondiale de la Santé définit la responsabilité sociale des écoles médicales comme “l’obligation de faire en sorte que leurs activités d’enseignement, de recherche et de services visent à répondre aux préoccupations prioritaires en matière de santé de la collectivité, de la région et/ou du pays qu’elles ont pour mandat de servir”.
Le but de l’ELAM est de former des médecins qui assurent avant tout un service public dans les communautés urbaines et rurales défavorisées, en leur inculquant des compétences élargies en matière de soins de santé primaires, de la promotion de la santé au traitement et à la réadaptation. En échange de l’engagement non contraignant de pratiquer dans des zones mal desservies, les étudiants reçoivent une bourse complète accompagnée d’un petit pécule mensuel et n’ont aucune dette une fois diplômés.
[¨Pour ce qui est du recrutement], la préférence est donnée aux candidats financièrement défavorisés qui, sinon, ne pourraient pas se permettre de faire des études de médecine. “Il en résulte que 75% [des] étudiants viennent de communautés qui ont besoin de médecins et que les minorités ethniques sont bien représentées, de même que les peuples autochtones” […].
Les nouveaux médecins sont au travail dans la plupart des pays des Amériques, y compris aux Etats-Unis, dans divers pays africains et dans de nombreux pays anglophones de la région des Caraïbes.
Des écoles comme l’ELAM défient en même temps l’enseignement de la médecine dans le monde d’avoir des préoccupations plus sociales. Comme le souligne Charles Boelen, ancien coordonnateur à l’OMS du programme Ressources humaines pour la santé, ‘Cette notion de responsabilité sociale doit être prise en compte partout dans le monde, même dans les cercles médicaux traditionnels …. Le monde a un urgent besoin de ce genre de bâtisseurs dévoués de nouveaux paradigmes en matière d’enseignement de la médecine…9 ’ ».
La solidarité internationale
De la même manière, dans le cadre de ses programmes de collaboration internationale, Cuba forme également chaque année près de 29 000 étudiants étrangers en sciences médicales dans trois filières : médecine, infirmerie et technologie de santé, au sein de huit pays du monde (Venezuela, Bolivie, Angola, Tanzanie, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Timor Oriental10 ).
Depuis 1963 et l’envoi de la première mission médicale humanitaire en Algérie, Cuba s’est engagée à soigner les populations pauvres à travers la planète, au nom de la solidarité internationaliste et des sept principes de la médecine cubaine (équité, gratuité, solidarité, accessibilité, universalité, coresponsabilité et justice)11 . Les missions humanitaires cubaines s’étendent sur quatre continents et revêtent un caractère unique. En effet, aucune autre nation au monde, y compris les plus développées, n’a tissé un tel réseau de coopération humanitaire à travers à la planète. Ainsi, depuis leur lancement, près de 132 000 médecins cubains et autres personnels de santé ont bénévolement œuvré dans 102 pays12 . Au total, plus de 85 millions de personnes ont été soignées à travers la planète par les médecins cubains qui ont ainsi sauvé 615 000 vies13 . Actuellement 31 000 collaborateurs médicaux offrent leurs services dans 69 nations du Tiers Monde14 .
Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), « l’un des exemples les plus réussis de la coopération cubaine avec le Tiers-monde a été le Programme Intégral de Santé pour l’Amérique centrale, la Caraïbe et l’Afrique15 ».
Dans le cadre de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique (ALBA), Cuba et le Venezuela ont décidé de lancer en juillet 2004 une vaste campagne humanitaire continentale portant le nom d’Opération Miracle. Elle consiste à opérer gratuitement les Latino-américains pauvres atteints de cataractes et autres maladies oculaires, mais qui se trouvent dans l’impossibilité de financer une opération qui coûte entre 5 000 et 10 000 dollars selon les pays. Cette mission humanitaire a été depuis étendue à d’autres latitudes (Afrique, Asie). L’Opération Miracle de 49 centres ophtalmologiques dans 15 pays d’Amérique latine et de la Caraïbe16 . En 2011, plus de deux millions de personnes en provenance de 35 pays ont pu retrouver la vue17 .
La médecine de catastrophe
Concernant la médecine de catastrophe, le Centre pour la politique internationale de Washington, dirigé par Wayne S. Smith, ancien ambassadeur étasunien à Cuba, note dans un rapport que « l’efficacité du système cubain ne fait aucun doute. Seuls quelques Cubains ont perdu la vie dans les 16 ouragans les plus importants qui ont frappé l’île lors de la dernière décennie, et la probabilité de perdre la vie lors d’un ouragan aux Etats-Unis est 15 fois supérieure à celle de Cuba18 ».
Le rapport ajoute que
« contrairement aux Etats-Unis, la médecine de catastrophe à Cuba fait partie intégrante du cursus médical, et l’éducation de la population sur la façon d’agir débute à l’école élémentaire […]. Même les petits enfants prennent part aux exercices, et apprennent les premiers soins ainsi que les techniques de survie, souvent à travers des dessins animés, ainsi que la manière de faire pousser des herbes médicinales et trouver de la nourriture en cas de catastrophe naturelle. Le résultat est l’acquisition d’une forte culture de prévention et d’une préparation sans équivalent19 ».
Un indice de développement humain élevé
Cet investissement dans le domaine de la santé – 10% du budget national – a permis à Cuba d’obtenir des résultats exceptionnels. Ainsi, grâce, entre autres, à sa médecine préventive, l’île des Caraïbes dispose du taux de mortalité infantile – 4,9 pour mille (contre 60 pour mille en 1959) – le plus bas d’Amérique – inférieur à celui du Canada et des Etats-Unis – et du Tiers-monde. De la même manière, l’espérance de vie des Cubains – 78,8 ans (contre 60 ans en 1959) – est similaire à celle des nations les plus développées20 .
Ce développement humain et social est salué par les plus importantes institutions internationales. Ainsi, le Fond des Nations unies pour la population note que Cuba « a adopté il y a plus d’un demi-siècle des programmes sociaux très avancés, qui ont permis au pays d’atteindre des indicateurs sociaux et démographiques comparables à ceux des pays développés ». Le Fond ajoute que « Cuba démontre que les limites des économies en développement ne constituent pas nécessairement un obstacle insurmontable pour le progrès de l’état de santé, le changement démographique et le bien-être21 ».
Cuba reste une référence mondiale dans le domaine de la santé, notamment pour les nations du Tiers-monde. Elle démontre qu’il est possible d’atteindre un haut niveau de développement social, malgré des ressources limitées et d’un état de siège économique extrêmement sévère imposé par les Etats-Unis depuis 1960, à condition de placer l’être humain au centre du projet de société.
NOTES
1) José A. de la Osa, « Egresa 11 mil médicos de Universidades cubanas », Granma, 11 juillet 2012.
2) Elizabeth Newhouse, « Disaster Medicine : U.S. Doctors Examine Cuba’s Approach », Center for International Policy, 9 juillet 2012. http://www.ciponline.org/research/html/disaster-medicine-us-doctors-examine-cubas-approach(site consulté le 18 juillet 2012).
3) José A. de la Osa, « Egresa 11 mil médicos de Universidades cubanas », op. cit.; Ministerio de Relaciones Exteriores, « Graduados por la Revolución más de 100 000 médicos », 16 juillet 2009. http://www.cubaminrex.cu/MirarCuba/Articulos/Sociedad/2009/Graduados.html(site consulté le 18 juillet 2012).
4) Organisation mondiale de la santé, « Cuba : Health Profile », 2010. http://www.who.int/gho/countries/cub.pdf (site consulté le 18 juillet 2012) ; Elizabeth Newhouse, « Disaster Medicine : U.S. Doctors Examine Cuba’s Approach », op. cit.
5) José A. de la Osa, « Egresa 11 mil médicos de Universidades cubanas », op.cit.
6) Organisation mondiale de la santé, « Cuba répond à la demande de médecins », 1er mai 2010. http://www.who.int/bulletin/volumes/88/5/10-010510/fr/index.html(site consulté le 18 juillet 2012).
7) Escuela Latinoamericana de Medicina de Cuba, « Historia de la ELAM ». http://www.sld.cu/sitios/elam/verpost.php?blog=http://articulos.sld.cu/elam&post_id=22&c=4426&tipo=2&idblog=156&p=1&n=ddn(site consulté le 18 juillet 2012).
8) Agencia cubana de noticias, « Over 15,000 Foreign Physicians Gratuated in Cuba in Seven Years », 14 juillet 2012.
9) Organisation mondiale de la santé, « Cuba répond à la demande de médecins », op. cit.
10) José A. de la Osa, « Egresa 11 mil médicos de Universidades cubanas »,op. cit.
11) Ladys Marlene León Corrales, « Valor social de la Misión Milagro en el contexto venezolano », Biblioteca Virtual en Salud de Cuba, mars 2009. http://bvs.sld.cu/revistas/spu/vol35_4_09/spu06409.htm(site consulté le 18 juillet 2012).
12) Felipe Pérez Roque, « Discurso del canciller de Cuba en la ONU », Bohemia Digital, 9 novembre 2006.
13) CSC News, « Medical Brigades Have Treated 85 million », 4 avril 2008. http://www.cuba-solidarity.org.uk/news.asp?ItemID=1288(site consulté le 18 juillet 2012).
14) Felipe Pérez Roque, « Discurso del canciller de Cuba en la ONU », op. cit.
15) Programme des Nations unies pour le Développement, Investigación sobre ciencia, tecnología y desarrollo humano en Cuba, 2003, p.117-119. http://www.undp.org.cu/idh%20cuba/cap6.pdf(site consulté le 18 juillet 2012).
16) Ministerio de Relaciones Exteriores, « Celebra Operación Milagro cubana en Guatemala », República de Cuba, 15 novembre 2010. http://www.cubaminrex.cu/Cooperacion/2010/celebra1.html(site consulté le 18 juillet 2012) ; Operación Milagro, « ¿Qué es la Operación Milagro? ». http://www.operacionmilagro.org.ar/ (site consulté le 18 juillet 2012).
17) Operación Milagro, « ¿Qué es la Operación Milagro? », op. cit.
18) Elizabeth Newhouse, « Disaster Medicine : U.S. Doctors Examine Cuba’s Approach », op. cit.
19) Ibid.
20) Ibid.
21) Raquel Marrero Yanes, « Cuba muestra indicadores sociales y demográficos de países desarrollados », Granma, 12 juillet 2012.
Article paru dans Opera Mundi -
Quand le Sénégal déçoit ses journalistes
Quand le Sénégal déçoit ses journalistes